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lundi, 29 septembre 2025

L'intelligence est-elle soluble dans la modernité vagissante?

 

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L'intelligence est-elle soluble dans la modernité vagissante?
 
Claude Bourrinet
 
Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100002364487528
 
Plus personne ne lit. Je veux parler, évidemment, de livres véritables. Car l’industrie du livre, en tant que produit commercial, ne s'est jamais si bien porté. Il va de Marc Lévy aux coqueluches de la Rive gauche estampillées à l'Université.
 
La littérature, prise dans son sens le plus général, c'est-à-dire comme recherche intérieure par les Lettres, par la langue – la facture de celle-ci étant prise aussi dans le remous du sens -, n'a jamais été autant méprisée, pour autant qu'on sache qu'elle existe, ce qui est de moins en moins fréquent. Inconsciemment, l'époque vomit – au sens concret – l'idée d'otium cum litteris. Vomit le loisir, d'abord, parce qu'il contredit le culte américanisé, protestantisé, du Travail, de l'aliénation consentie à la débauche musculaire et neuronale (on « travaille » même à devenir spirituelle, afin d'être « bien dans sa peau », on « travaille » à bien faire l'amour), et les Lettres, comme on l'a vu, parce qu'elles donnent, par une étude des émotions, des situations humaines, des angoisses et des joies du monde, et au-delà, une vision de notre condition (ce dont on se contrefout, car l'essentiel, ici-bas, est de « réussir »), et qu'elles offrent, par la recherche historique, à condition qu'elle soit sérieuse, des « exempla » de ce que l'humanité réalise depuis l'émergence de l'humain (et c'est pourquoi j'ai toujours eu un penchant sentimental pour l'étude de la préhistoire).
 
Les idiots les plus accomplis sont sans doute ceux qui fanfaronnent en brandissant leurs diplômes. Que d'imbéciles, parmi les Normaliens ! Les turpitudes des cent dernières années de vie politique de notre pauvre pays pullulent, dans ce milieu des premiers de la classe. Et maintenant, depuis la révolution numérique, c'est parmi les techniciens de toutes obédiences qu'on trouve le plus de lobotomisés. La technique ne pense pas. La maîtrise d'une science, pour autant qu'elle octroie une méthode dans le domaine particulier où elle s'exerce, ne garantit pas l'extension de la rigueur et de la lucidité au-delà de ses frontières. Si les savants – ou, comme disait Pascal, les habiles, ou demi-habiles – possédaient une ombre-même de vérité des choses et de l'homme, on le saurait depuis longtemps. Et on a affaire sans aucun doute à une usurpation d'autorité quand un « déblatéreur » (je crée le néologisme) de concepts, comme Onfray, s'avise de prendre de l'ascendant sur le pecus vulgus. C'est aussi vrai des « ingénieurs » de toutes espèces », qui peuvent manipuler l'homme (car l'homme-machine appartient aussi à notre être), mais ne nous sauveront ni de la bêtise, ni de l'enfer, ni du néant.

11:57 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, lecture | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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