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dimanche, 21 juin 2015

Législatives danoises : à droite toute!

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Législatives danoises : à droite toute!
 
Personne ne s’y attendait, pas même les instituts de sondage: le Parti populaire danois Dansk Folkeparti (DF) réalise son meilleur score aux législatives avec 21,1 % des suffrages, soit une progression de neuf points et de quinze sièges par rapport à 2011.
 
Journaliste
Ex: http://www.bvoltaire.fr 

Personne ne s’y attendait, pas même les instituts de sondage : le Parti populaire danois Dansk Folkeparti (DF) réalise son meilleur score aux législatives avec 21,1 % des suffrages, soit une progression de neuf points et de quinze sièges par rapport à 2011. « Nous sommes un parti que ce pays doit prendre au sérieux », s’est réjoui son chef de file, Kristian Thulesen Dahl. Devançant son allié libéral Venstre, qui plafonne à 19,5 %, il devient du même coup, pour la première fois, le plus important parti du bloc de droite. Réunissant aussi Alliance libérale et les conservateurs, celui-ci totalise 52 % des voix et 90 sièges. S’il se maintient en tête avec 26,3 %, le camp des sociaux-démocrates de l’actuel Premier ministre, Helle Thorning-Schmidt, ne pourra prétendre rester au pouvoir, le bloc de gauche ne comptant plus que 85 sièges.

Présenté par la plupart des médias français comme « populiste » et « xénophobe », bien que classé au centre au Danemark, le DF ne cesse de progresser depuis sa création en 1995. Son but : préserver « l’héritage culturel danois ». Lentement mais sûrement, il a réussi à imposer sa ligne, voire à peser sur celle de ses adversaires, au point que l’immigration a été, avec l’économie, le thème phare de la campagne… y compris à gauche. Car pour ne pas se retrouver à la traîne, les sociaux-démocrates n’ont eu d’autre choix que de faire miroiter une politique plus stricte. Helle Thorning-Schmidt est allée jusqu’à poser sur des affiches arborant le slogan « Si vous venez au Danemark, vous devez travailler » – un procédé également utilisé par le gouvernement hongrois de Viktor Orbán ; on imagine la levée de boucliers des associations si François Hollande s’aventurait sur ce terrain miné. « Ils jouent maintenant la carte dure, pour qu’on ne vienne pas les accuser de mollesse », s’agace Andreas Kamm, secrétaire général du Conseil danois pour les réfugiés. L’entreprise de séduction n’aura toutefois pas suffi, les électeurs préférant le discours plus crédible de ses opposants.

Entre 2013 et 2014, le nombre de demandeurs d’asile a doublé au Danemark, pour s’établir à 14.680. Parmi les propositions du bloc de droite durant la campagne : la baisse des allocations pour les nouveaux arrivants et l’attribution d’un permis de séjour permanent uniquement pour ceux ayant un emploi et parlant la langue. Le programme du DF préconise aussi un contrôle des frontières, davantage d’indépendance face à l’Union européenne (via un éventuel recours au référendum, dans le sillage de David Cameron), le refus d’une « transformation multiethnique du pays » et le renforcement de l’État-providence pour les plus précaires et les retraités (à l’inverse des sociaux-démocrates et du Venstre, qui ont privilégié une approche libérale pour stimuler la reprise).

Reste à savoir si le DF acceptera d’entrer dans un nouveau gouvernement mené par le leader de Venstre, Lars Løkke Rasmussen. Jusqu’alors, il s’était contenté de lui apporter son soutien en échange de mesures fermes pour freiner l’immigration, au grand dam du patronat qui réclame de la main-d’œuvre étrangère pour pallier le vieillissement de la population. « Nous n’avons pas peur d’entrer au gouvernement, si c’est par là que nous obtenons la plus grande influence politique », assure Kristian Thulesen Dahl. Il ne leur sera sans doute pas aisé d’accorder leurs violons, mais preuve est faite que des alliances constructives peuvent être scellées entre les courants qui, au-delà de leur petite cuisine interne, défendent une certaine idée de leur pays et de ses racines. À bon entendeur…