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mardi, 31 décembre 2013

République centre-africaine: l’enjeu, ce sont les matières premières!

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Bernhard TOMASCHITZ:

République centre-africaine: l’enjeu, ce sont les matières premières!

 

L’intervention française en République Centre-Africaine vise à s’assurer les réserves d’uranium et à contrer les manoeuvres américaines

 

Le Président français François Hollande vient de s’engager une nouvelle fois dans une aventure militaire pour distraire l’opinion publique hexagonale, insatisfaite de sa politique intérieure. Après l’engagement français au Mali, au début de 2013, le président socialiste envoie cette fois ses troupes en RCA. Il y avait déjà 400 soldats français déployés dans ce pays en crise. 1600 autres viendront les rejoindre pour éviter que la RCA ne sombre dans la guerre civile. Hollande agit ainsi suite à un mandat du Conseil de Sécurité de l’ONU. En effet, depuis mars, l’alliance rebelle “Seleka” (= “Alliance”) est au pouvoir après avoir renversé le chef d’Etat François Bozizé. Depuis lors, les volences se sont multipliées dans le pays.

 

L’intervention française n’est pas seulement humanitaire. La RCA, ancienne colonie française d’une superficie de 620.000 km2, ne compte qu’à peine cinq millions d’habitants et sa densité est très faible. Elle recèle toutefois de grandes quantités de matières premières: de l’or, des diamants, du cuivre et de l’uranium. C’est évidemment cet uranium qui attise les convoitises de Paris. Finian Cunningham, qui travaille pour le “think tank” russe “Strategic Culture Foundation”, écrit à ce propos: “Les réserves (d’uranium) en RCA sont largement inexploitées. La France, qui dépend fortement du nucléaire pour la production de son électricité, avait commencé à construire des infrastructures minières pour transformer le minerais d’uranium, selon certaines sources”.

 

Les réserves connues d’uranium en RCA s’élèveraient à quelque 15.000 tonnes de minerais. En se basant sur ces chiffres, Cunningham écrit que la valeur stratégique de cet uranium ne saurait être surestimée pour les intérêts fondamentaux de la France. De fait, on trouve de l’uranium dans d’autres anciennes colonies françaises d’Afrique, dont le Mali et le Niger, “où la France, ces derniers temps, a déployé une politique interventionniste de plus vaste ampleur encore”.

 

Malgré ses énormes réserves de matières premières, la RCA est l’un des pays les plus pauvres du monde. C’est la politique de “Françafrique” qui serait la responsable de cette misère d’après Cunningham car elle n’a visé que les seuls intérêts de l’ancienne métropole. Cunningham: “La RCA est considérée comme un Etat failli plongée dans une crise permanente”. Le pays n’a jamais connu de gouvernement stable, suite à la succession ininterrompue de putsches et de contre-putsches qu’il a connue. Des éléments français ont orchestré quelques-uns de ces coups d’Etat, comme d’ailleurs dans d’autres anciennes colonies françaises.

 

Le dernier putsch perpétré dans la capitale Bangui en mars 2013 aurait, selon certains bruits, été possible seulement avec le soutien ou la tolérance de l’Occident. Pourtant, la réticence et la sobriété des médias occidentaux était frappante, alors que l’on prétend par ailleurs que les rebelles du mouvement “Seleka” ont des liens avec les islamistes. Le journaliste américain Patrick O’Connor donne une explication plausible: “Comparativement, la présence américaine en RCA est minime, ce qui pourrait rapidement conduire à une intervention de plus vaste ampleur. Les prétextes ne manquent pas: la crise humanitaire empire dans le pays; les éléments islamo-fondamentalistes prêtés au mouvement “Seleka” par certaines sources, etc.”.

 

Washington renforce son engagement militaire en Afrique centrale. Le 10 décembre 2013, l’agence de presse “Associated Press” annonce que le gouvernement d’Obama a demandé au ministère des affaires étrangères de dégager une somme de 60 millions de dollars pour fournir des armes et des équipements à la mission internationale patronnée par l’Union Africaine en RCA. Ensuite, le ministre de la défense Chuck Hagel a donné l’ordre à l’armée américaine d’aider le Burundi à transporter des troupes.

 

Le Président renversé Bozizé était considéré comme un allié important de la France. Mais il s’est peut-être lourdement trompé sur la fiabilité de Paris et de Washington. Après sa chute, Bozizé a accusé des “étrangers” (sans précision!) d’avoir soutenu les rebelles et pense que les troubles se sont déclenchés suite à l’octroi de contrats d’exploitation pétrolière à des sociétés chinoises et sud-africaines. Bozizé précise sa pensée: “Avant que je n’ait donné le pétrole aux Chinois, j’avais rencontré les gens de Total à Paris. Rien ne s’est passé. J’ai alors donné le pétrole aux Chinois et j’ai eu des problèmes”.

 

Conclusion: pour un Etat ou un pouvoir personnel africain, coopérer étroitement avec l’Empire du Milieu peut avoir de lourdes conséquences. En effet, depuis une bonne année, Washington et Pékin sont entrés dans une phase d’âpre concurrence pour s’emparer des énormes richesses minières de l’Afrique et Paris aussi cherche à s’octroyer une part de ce pactole. Abayomi Azikiwe, éditeur du “Pan-African News Wire”, estime que la France est désormais, elle aussi et au nom de son passé de puissance colonisatrice, une concurrente des Etats-Unis sur le continent africain. Les Etats-Unis sont effectivement intervenus de manière lourde dans les affaires de plusieurs pays africains au cours de ces dernières années. Azikiwe donne l’exemple patent de la constitution de l’Africom, “qui engage désormais des milliers de soldats dans des opérations sur l’ensemble du continent africain et face à ses côtes, tant à l’Ouest qu’à l’Est”.

 

La politique africaine de Washington consiste surtout à former et à équiper les forces armées de leurs “partenaires”, que ce soit au nom de la guerre planétaire contre le terrorisme ou au nom de la lutte contre le trafic international de drogues. L’Ouganda, dans ce jeu, est le principal allié des Américains en Afrique orientale. Un rapport de l’USAID, l’instance officielle qui chapeaute l’aide au développement, a été récemment adressé au Sénat des Etats-Unis; on peut y lire ces lignes: “Les UPDF (les forces de défense populaires ougandaises) sont les meilleures partenaires des Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme en Afrique orientale. Les UPDF déploient en ce moment 5000 soldats appartenant à des unités de combat en Somalie (...). Il faut aussi ajouter que les UPDF prévoient de mettre à disposition 2000 soldats supplémentaires pour les théâtres d’opération sud-soudanais et centre-africain, où, de concert avec leurs conseillers militaires américains, ils combatteront les forces de la LRA”. La LRA ou “Lord Resistance Army” (“L’Armée de Résistance du Seigneur”) est un groupe armé de fondamentalistes chrétiens, pourtant affaibli depuis quelques mois.

 

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, http://www.zurzeit.at, n°51-52/2013).

vendredi, 27 décembre 2013

Les Tchadiens, chiens de guerre de la France et terreurs de la Centrafrique

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Les Tchadiens, chiens de guerre de la France et terreurs de la Centrafrique

Un écusson perturbe plus les médias que les massacres

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

Les tchadiens de guerres en guerres  sont devenus les prussiens de l’Afrique noire. Les alliés préférés de Paris ont fait merveille au Mali. Ils pratiquent une guerre sans complexe mais non sans cruauté. Au Mali, ils n’ont pas hésité à affronter des musulmans comme eux, menaçant leur vision de l’islam et l’unité de leur pays indirectement.

En Centrafrique, c’est très différent et Paris a commis une très grave erreur. Se servir de soldats musulmans pour désarmer des milices musulmanes, c’est les mettre à la merci de la vengeance des populations chrétiennes ultra majoritaires.  Idriss Déby, le président tchadien est plus important dans la région que François Hollande. Le Tchad, menacé sur toutes ses frontières (Libye, Soudan, Nigeria et Cameroun) avec Boko Haram , redoute la poursuite de l'instabilité chez son voisin méridional, un glacis sur lequel il estime avoir un droit de regard. À la tête d'un pays qui s'affirme comme la puissance régionale émergente, le président du Tchad tire depuis longtemps les ficelles centrafricaines.

Le Tchad est présent, avec des conseillers, dans les hautes sphères du pouvoir mais aussi avec 7000 à 15 000 ressortissants à Bangui. De nombreux centrafricains originaires du nord du pays sont également désignés comme «Tchadiens». Ces «arabes» sont souvent des commerçants qui tiennent un large pan de l'économie centrafricaine, ou ce qu'il en reste. Un tiers des membres des ex-Séléka seraient des Tchadiens. Idriss Déby affirme en détenir la liste, par groupes et par régions. Parallèlement, les soldats tchadiens constituent le premier contingent de la Fomac, avec 650 hommes. «Seul contingent musulman de la force africaine, le rôle des Tchadiens est important pour garantir la protection des populations musulmanes», assure une source officielle française. Accusés de protéger les ex-Séléka, les soldats tchadiens sont haïs par nombre de centrafricains, majoritairement chrétiens. Notre stratégie est donc suicidaire et devrait rapidement retourner la population contre la France.

« Il faut que tous les Tchadiens partent ! On ne veut plus d’eux dans le pays ! Dehors les Tchadiens, traîtres, lâches, chiens ». Dans les rues de Bangui, la capitale centrafricaine, les habitants ne cachent pas leur hostilité au passage des soldats tchadiens de la force africaine. Ces soldats sont pourtant membres de la Misca, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique, qui, appuyée par l’armée française déployée depuis le 7 décembre, a pour but de ramener l’ordre dans le pays, où les tensions inter religieuses s’accroissent. Mais les Tchadiens, qui viennent d'un pays majoritairement musulman, ne sont pas les bienvenus en République centrafricaine. On les accuse d’exactions et de massacres de chrétiens. On les accuse d'être proches des Seleka. La France aurait donc mis un loup dans le poulailler pour désarmer le renard. Pas de quoi rassurer les poules même avec la présence d’un coq français.

Enfin tout ça n’inquiète pas trop nos médias tétanisés hier par la découverte sur facebook d’une devise SS sur un insigne.  « Notre honneur s’appelle fidélité »  est une bien belle devise sauf qu’elle a été utilisée par l’armée d’élite des nazis. En conséquence, on assiste à la mobilisation de la sphère de la délation, répercutée par les journalistes presque aussi indignés par cet insigne que par les derniers propos volés de Dieudonné. La démocratie de la délation des déviants n’a pas la vie facile et les dénonciateurs bien pensants ne manquent pas de chair impure à livrer aux inquisiteurs de presse pour allumer les autodafés et les buchers audiovisuels.

L'état-major des armées a retiré immédiatement de son site la photo d'un soldat français déployé en Centrafrique qui arborait cet insigne qualifiant cette attitude d'"inadmissible" et ne reflétant "en rien la réalité dans les armées". Le militaire sera "immédiatement suspendu", dès qu'il aura été identifié, a déclaré à l'AFP le colonel Gilles Jaron, porte-parole de l'état-major.
  
On respire en Centrafrique la situation reste sous contrôle…. En tout cas pour l’essentiel.