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mardi, 04 mai 2010

"Agora" d'Alejandro Amenàbar

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Terre & Peuple
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COMMUNIQUE
Terre & Peuple, en tant que communauté engagée dans le combat des idées,  ne peut qu'être touchée par la qualité de la critique qu'a réalisée l'écrivain et publiciste Christopher Gérard sur Agora, le dernier film de Alejandro Amenábar.
 
Ce film est actuellement dans les salles et Il faut l'avoir vu pour être décidé à le revoir.
 
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Agora
 
Dans Agora, son dernier film, le cinéaste espagnol Alejandro Amenábar évoque le tragique destin d'une figure attachante de l'Antiquité tardive: Hypatie d'Alexandrie, mathématicienne et philosophe, assassinée dans des conditions abominables au mois de mars 415 après Jésus-Christ. Demeurée fidèle à la tradition hellénique, cette universitaire de haut niveau est lynchée par une bande de Chrétiens fanatiques, les sinistres parabalani (les "croque-morts"), troupe de choc manipulée par l'évêque d'Alexandrie, l'arrogant Cyrille, qui voyait d'un mauvais œil l'influence de cette "païenne" sur son rival, le préfet (chrétien) de la ville. Hypatie est ainsi la victime d'une féroce lutte d'influence entre Chrétiens modérés et extrémistes ; entre le pouvoir civil, celui de l'empereur, et le pouvoir religieux, celui de l'évêque.
 
A partir de ces éléments attestés par l'Histoire,  Amenábar a réalisé un péplum à grand spectacle (et manquant donc d’intimisme), grâce à d'excellents acteurs bien dirigés, et surtout grâce à l'habile reconstitution d'une grouillante cité  en proie aux émeutes entre Juifs et Chrétiens (saisissantes scènes de guerre civile). Passons sur les inévitables distorsions que le scénario fait subir à l’Histoire, comme l'improbable romance entre une patricienne et son esclave ou le choix d'une actrice, la belle Rachel Weisz, nettement plus jeune qu' Hypatie, âgée d’une soixantaine d’années en 415!
 
Laissons-là ces scories et penchons-nous plutôt sur la vision du monde d'un cinéaste singulier. Deux de ses précédents films m'avaient déjà frappé par leur profonde originalité: The Others (Les Autres, avec N. Kidman), troublante méditation  sur les contacts avec l'Autre Monde, celui des défunts; et Abre los ojos (Ouvre les yeux), sur d'étranges sauts temporels. Amenábar y illustrait de très anciennes conceptions remontant probablement à ses origines celtibères.
 
Dans Agora se précise une critique de la violence monothéiste, de l'intolérance des religions du Livre. Le choix du titre n’a rien de fortuit en effet: l'agora symbolise le lieu par excellence du débat public dans la plus pure tradition grecque, l’endroit où les hommes libres défendent leur conception du divin et de l'humain, où les idées s'échangent parfois avec véhémence. Le film illustre quant à lui le déclin de l'agora, remplacé par l'ekklésia, l'assemblée des fidèles marmonnant docilement un message prétendu révélé sous la férule d'un évêque assoiffé de pouvoir temporel. Amenábar a voulu mettre en scène ce basculement historique, de l’agora à l’ekklésia, en opposant deux figures archétypales quoique bien réelles: d'une part la savante Hypatie, disciple de Platon et d'Aristote, qui, vouant son existence à la connaissance, passe ses nuits à scruter les étoiles pour tenter de comprendre le mouvement des planètes et s'interroge sur le cercle et l'ellipse. De l'autre, Cyrille, l'homme de pouvoir, berger mégalomane qui instrumentalise des Ecritures pour dompter son troupeau. Hypatie incarne la libre recherche tâtonnante (souvent insatisfaisante) et le doute, inconfortable mais créateur; bref la philo-sophia: l'amour de la sagesse comme cheminement solitaire. En face d'elle, Cyrille ou la foi bornée en un Livre unique censé apporter les réponses à toutes les questions, en une réconfortante (?) révélation - chaleureuse imposture partagée par une foule de dévots plus ou moins sincères. La scène où les hommes en noir, que j'ai bien envie d'appeler des talibans, saccagent la bibliothèque d'Alexandrie et brûlent livres et instruments, symbolise bien ce conflit toujours recommencé.
 
Avec Agora Amenábar illustre le mot farouche de Tertullien, un Père de l'Eglise: "quoi de commun entre Athènes et Jérusalem?" Oui, quoi de commun entre la chaste Hypatie, adonnée à l'observation des astres et à la discussion entre pairs, et ces clercs sûrs d'eux et dominateurs, au regard tourné bien bas? Agora est tout sauf un divertissement gratuit: en dépeignant l'Alexandrie du Vème siècle,  Amenábar a voulu nous mettre en garde contre les "croque-morts" de demain, friands de lapidations et d'autodafés, hantés par la pudeur des femmes, fermés à toute pitié comme à cette raison que les Grecs, nos Pères, nomment Logos.
 
Christopher Gérard sur http://archaion.hautetfort.com/
Le 25 avril MMX
 
 
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00:20 Publié dans Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, espagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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