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vendredi, 22 juillet 2011

Le Tribunal de l'histoire ne reconnaît que les vainqueurs finaux

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Le Tribunal de l’histoire ne reconnaît que les vainqueurs finaux

par Marc ROUSSET

Julien Freund, dans L’essence du politique, remarquait que la morale, domaine du privé, ne peut interférer avec le politique, domaine de l’espace public, de l’histoire et de la survie politique. L’histoire est le domaine  de la loi du plus fort  et de la « Realpolitik » quel que soit le camouflage dont on l’habille. L’« Irrealpolitik » du politiquement correct et des droits de l’hommistes se refuse de penser la conflictualité, ce qui est un déni des réalités. Et selon l’ancien chancelier Bismarck, cité par Vladimir Poutine, « l’important n’est pas l’intention, mais le potentiel ». Quant à Joseph S. Nye, ancien vice-Secrétaire à la Défense, « la puissance militaire est à la sécurité ce que l’oxygène est à la respiration : on n’y prête guère attention, sauf lorsqu’on vient à  manquer », comme en Libye, où les forces  aérienne françaises et anglaises manquent de munitions et  ne peuvent se passer des A.W.A.C.S. et de l’aide américaine pour mettre en place la zone d’exclusion aérienne. À quand la sortie de l’O.T.A.N., une véritable défense européenne avec un noyau dur franco-allemand et un budget de défense double pour ces deux pays, soit 3 % minimum du P.I.B., permettant de mettre en place les bases d’une véritable défense européenne ? Le général de Gaulle avait porté l’effort de défense  militaire de la France jusqu’à 5,1 % du P.I.B. !

Guillaume Faye, dans La nouvelle question juive, remarque combien il est rigoureusement impossible qu’Israël, qu’il se fasse faucon ou colombe, puisse un jour vivre en paix avec les Arabes dans une zone de co-prospérité comme le souhaite l’O.N.U. Le droit sur une terre invoqué par les Juifs comme par les Arabes, ne vaut rien face aux faits car seuls comptent la force, la fécondité et la capacité de se maintenir. Personne n’a jamais raison face au Tribunal de l’histoire qui ne reconnaît que les vainqueurs finaux.

Quant au royaume franc de Jérusalem, né de la première Croisade  et de la prise de Jérusalem, le 15 juillet 1099 par Godefroy de Bouillon, il ne dura que deux siècles. Après de nombreuses péripéties et malgré une troisième Croisade conduite par Philippe II Auguste et Richard Cœur de Lion, tout comme une croisade de Saint Louis qui gouverna le royaume de 1250 à 1254, le sultan mamelouk Baybars reprit petit à petit les différentes places fortes du royaume. La dernière place forte franque fut Saint-Jean d’Acre qui tomba le 28 mai 1291.

À Montréal, dans les années 1970, il était complètement illusoire d’espérer pouvoir garder Montréal bilingue. Soit Montréal devenait anglophone, soit Montréal devenait francophone. Dans le pseudo-équilibre bilingue de l’époque, les anglophones grignotaient en fait les francophones car les immigrants, au nom de la liberté du père de famille, envoyaient leurs enfants  dans les écoles anglophones. Seule la Loi 101, suite à l’action terroriste  du Front de libération du Québec (F.L.Q.) et politique du Parti Québécois, a fait triompher dans l’immédiat les francophones qui se sont inspirés de la maxime de Lacordaire  comme quoi « c’est la liberté qui opprime et l’intervention qui libère ».

De même pendant la Guerre de Cent Ans des Français d’Amérique, les « coureurs des bois » gagnèrent de magnifiques batailles (Fort-Duquesne en 1754, Fort-Carillon en 1758); ils occupèrent les terres vides en se mariant parfois avec les Indiens, menacèrent d’encerclement complet les colonies anglaises, mais perdirent la guerre car les Anglais s’étaient établis plus au Sud, beaucoup plus attractif pour le peuplement et l’activité économique grâce à des apports britanniques, hollandais, suédois et allemands. Par la suite, les colonies anglaises, plus fortement peuplées, n’eurent de cesse d’éliminer par la force les possesseurs français. En 1763, suite au traité de Paris, l’Amérique du Nord était définitivement perdue pour la France.

Imaginons également un instant ce que seraient aujourd’hui nos sociétés, notre droit, nos valeurs si l’Allemagne avait gagné la Seconde Guerre mondiale, ce dont il s’en est fallu de peu. Toutes les valeurs qui paraissent aujourd’hui évidentes et indiscutable dans nos démocraties seraient inversées et la majeure partie des populations y adhérerait, tout comme la quasi-totalité des Allemands jusqu’au 8 mai 1945. On a pu dire que la France jusqu’à la Libération comptait quarante millions de pétainistes ! Malheur aux vaincus… (Vae victis !). Nos sociétés seraient aujourd’hui officiellement racistes, pratiqueraient la préférence communautaire, ne connaîtraient pas le libre-échange mondialiste, l’immigration extra-européenne, vivraient le culte des héros, d’un pouvoir central  fort, du dépassement de soi, de l’abnégation totale pour son pays, d’un holisme sacré proche des valeurs traditionnelles de l’Antiquité et de celle nos pères à Verdun… en lieu et place…  du droit de l’hommisme, de l’individualisme hédoniste matérialiste, du métissage, du culte de l’argent, de l’antiracisme, de la démocratie… avec des lois qui seraient exactement le contraire des lois liberticides Pleven et Gayssot.

Le  tribunal de Nuremberg, s’il fut effectivement le lieu de justice des droits de l’homme, fut avant tout le lieu de justice unilatéral des vainqueurs finaux envers les vaincus. Les prétentions à une justice universelle comme on le voit de nos jours avec le « Deux poids, deux mesures » pour la Syrie et la Libye ou les Serbes et les Albanais du Kosovo, relèvent de l’utopie. Staline, le « mangeur d’hommes », le tyran rouge, le responsable du massacre de plus de quatre mille officiers polonais « nationalistes et contre-révolutionnaires » en 1940 dans la forêt de Katyn, l’un des plus grands criminels de l’Histoire avec sept millions de morts suite à la famine planifiée en Ukraine en 1932 -1933 et onze millions d’ennemis de classe emprisonnés, fusillés, torturés ou envoyés au Goulag, avait aussi sa place devant le tribunal de Nuremberg, alors qu’il en était  juge .

 

Au lendemain du jugement de Nuremberg, le général américain Curtis Lemay, commandant des forces alliées en Europe, responsable de l’opération « Pointblank », l’un des stratèges des bombardements qui rasèrent les villes allemandes a pu dire : « Si Hitler avait gagné, c’est moi qui aurais été jugé pour crimes de guerre ». De leur côté, les Britanniques, en particulier le chef du « Bomber Command » Arthur Harris que les Allemands considèrent comme un criminel de guerre, prétendaient dresser la population  par ce « moral bombing » contre Hitler, mais la Gestapo et la guillotine travaillaient sans relâche en Allemagne. Les bombardements de terreur sur la population civile allemande furent un échec, mais constituaient de crimes de guerre car ils visaient expressément des populations civiles pour faire capituler des militaires. De nombreux prisonniers et travailleurs étrangers remplaçaient dans les ateliers les Allemands mobilisés et les villes étaient peuplées surtout de femmes, d’enfants et de vieillards; le but recherché était donc bien de tuer les familles des soldats pour les démoraliser. Les 135 millions de tonnes de bombes anglo-américaines lâchées sur l’Allemagne (à comparer avec  les seulement 0,58 millions de tonnes sur la France et  20 000 morts français) ont fait plus de 600 000 victimes en Allemagne. En février 1945, une attaque sur la petite ville d’horlogers de Pforzheim tua 20 000 des 60 000 habitants. On avait testé les bombes incendiaires sur Lübeck en mars 1942. L’opération Gomorrhe sur Hambourg en août 1943 se solda par 40 000 tués, asphyxiés ou brûlés vifs dans un incendie de 20 km2 (44 % des immeubles détruits). Cologne, Brême, Würzbourg, Fribourg et bien d’autres cités furent rasées. En août 1944, ce fut l’opération Tonnerre contre Berlin : 20 000 bombardiers tuèrent ou blessèrent 220 000 habitants. En février 1945, ce fut le tour de la ville de Dresde qui était bourrée de réfugiés en provenance de l’Est, avec des bombes au phosphore pour transformer les êtres humains en torches vivantes et les égouts en feu ! Dans les nuits du 13 au 15 février 1945, les bombes lâchées par 800 bombardiers alliés sur Dresde font 135 000 morts et détruisent 80 % de la ville. Le chef du « Bomber Command » Arthur Harris avait donc aussi sa place devant le Tribunal de Nuremberg. Et que dire du crime de guerre, relancé par le roman du Prix Nobel Günter Grass, sur le torpillage du Wilhelm-Gustloff plein à craquer de civils dans la Baltique par un sous-marin soviétique, tout comme la vitrification d’Hiroshima et de Nagasaki ou des bombardements au Viêtnam ou en Irak qui resteront à jamais impunis par cette  soi-disant  justice universelle à sens unique.

Et il en sera de même pour le sort que connaîtra le colonel  Mouammar Kadhafi, suite à l’agression d’un pays souverain par l’O.T.A.N. au nom d’une pseudo-morale occidentale ainsi que celui des différentes parties prenantes, après le retrait programmé de l’Occident et la nouvelle stratégie en Afghanistan. In fine, tout dépend du verdict des armes. Rien n’a changé depuis l’ordre de destruction du premier temple par Nabuchodonosor en 587 av. J.-C., du second Temple par Titus en 70 et les fables de la Fontaine : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Georges  Gusdorf, lui, nous rappelait que « tout n’est que force et rapport de force ».

Marc Rousset


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