dimanche, 22 janvier 2012
EuroBRICS. Un basculement dans l'équilibre du monde
EuroBRICS. Un basculement dans l'équilibre du monde
Ex: http://www.europesolidaire.eu/
Un certain nombre d'experts, dont le politologue franco-européen Franck Biancheri 1), prévoient pour les prochaines décennies d'importants changements dans l'ordre du monde. Il ne s'agit pas d'annoncer des évènements encore inattendus, mais de mettre en perspective un certain nombre de changements en profondeurs (dits aussi systémiques) que la plupart des observateurs constatent mais dont ils ne tirent pas encore de conclusions significatives.
Ces changements vont du plus attendu au plus inattendu. Parmi les premiers se situe la montée en puissance d'un bloc asiatique comprenant évidemment la Chine mais aussi les autres puissances régionales, Corée du Sud et Japon en premier lieu. Même si un accord politique parfait ne règne pas encore entre elles, inévitablement, leurs compétitions et échanges croisées feront de l'Asie un des principal pôle de restructuration du monde de demain. Il y a tout lieu de penser que l'Inde en fera partie. Le phénomène ne surprendra personne, puisque désormais le concept de BRICS pour désigner ces pays fraichement émergés ou réémergés mais en pleine croissance s'est imposé dans le langage diplomatique. Le Brésil et la Russie en constituent des cas particuliers sur lesquels nous reviendrons. Mais leur spécificité ne justifie pas de leur attribuer un rôle à part. L'avenir n'est pas uniformément rose pour les Etats constituants le BRICS. Ils sont directement confrontés à une détérioration rapide de leur environnement, comme à une croissance encore excessive de leur population. Ceci limitera nécessairement leurs ambitions géopolitiques
Un changement peu attendu encore par les observateurs, malgré des signaux concordants, sera le déclin sinon l'effondrement de la puissance américaine. Il vaudrait mieux parler de la puissance atlantique pour y inclure la Grande Bretagne. Celle-ci ne semble pas en voie de se désolidariser de la puissance américaine et risquera donc de la suivre dans sa chute. Cet effondrement sera militaire, politique (avec sans doute l'éclatement de l'Union sous la pression des Etats fédérés), culturel (avec un retour en force des intégrismes religieux évangéliques, et la fin corrélative du « rêve américain » proposé au reste du monde). Les Etats Unis conserveront longtemps une avance scientifique, technologique et industrielle considérable, mais celle-ci se fragilisera de l'intérieur par son incapacité à maitriser un développement anthropotechnique suicidaire 2) et le fait, contradictoire et rarement évoqué, que cette avance repose en partie sur des chercheurs d'origine asiatique qui pourront changer de camp d'une année à l'autre si l'opportunité leur en était offerte.
Mais selon les experts cités en introduction, le changement le plus inattendu et qui de ce fait sera le plus significatif sera l'apparition d'un véritable puissance européenne. Sous la pression de la crise et des contraintes globales, les Européens abandonneront leurs conflits internes, dépasseront leurs rivalités et s'uniront pour valoriser des atouts humains, géopolitiques et de connaissances dont ils sont les seuls à disposer. Le probable rassemblement dans les prochaines années autour d'un pôle franco-allemand social démocrate de toutes les forces de progrès européennes jouera un rôle essentiel dans l'émergence d'une véritable puissance géopolitique et civilisationnelle européenne.
Cette puissance sera attractive, reprenant à cet égard le rôle de la puissance américaine déchue. Elle sera dans un premier temps attractive pour la Russie et le Brésil, membres du BRICS auxquels nous venons de faire allusion. De par leurs liens divers avec l'Europe, ces pays se tourneront tout naturellement vers l'Europe rénovée tout autant que vers les pays asiatiques, afin de conclure des alliances stratégiques conjuguant leurs atouts divers.
Par ailleurs, du fait de leurs accointances avec les puissances asiatiques du BRICS, la Russie et le Brésil pourront avantageusement favoriser les rapprochements des stratégies asiatiques et européennes. Certes, les Européens ne pourront pas se permettre d'être naïfs, notamment à l'égard de la Chine. Mais ils ne devront pas faire de celle-ci comme tend à le faire l' Amérique un substitut de l'URSS dans une relance de la guerre froide qui serait bien utile à Washington mais désastreuse pour l'Europe.
Que conclure de cette présentation rapide? Si les changement évoqués ici se concrétisent, on verrait effectivement se préciser un nouvel ordre du monde autour d'un axe euroasiatique (euroBRICS) qui se substituerait à l'axe euroatlantique actuel. Il pourrait bénéficier des atouts respectifs et possiblement convergents dont disposent les vieilles civilisations de l'euroBRICS, notamment pour mieux contrôler qu'actuellement les différentes menaces économiques et environnementales qui mettent en danger la planète toute entière.
1)Voir notamment son ouvrage "Crise mondiale: En route vers le Monde d'après", Franck Biancheri, Editions Anticipolis . Nous présenterons prochainement ce livre.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Franck_Biancheri
* http://www.franck-biancheri.info/fr/accueil.htm
* Franck Biancheri anime le think-tank LEAB E2020 qui publie régulièrement la lettre d'information confidentielle (sur souscription GEAB Global European Anticipation Bulletin http://www.leap2020.eu/GEAB-N-61-is-available-Global-Systemic-Crisis-2012-The-year-of-the-world-s-great-geopolitical-swing_a8770.html
2)Nous faisons par exemple allusion à la prolifération de l'usage des drones aux mains de mercenaires privés qui prive dorénavant l'US Air Force et le Département d'Etat de leurs capacités décisionnelles.
19/01/2012
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, euro, économie, crise financière, crise de l'euro, futurologie, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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