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dimanche, 25 mai 2014

Dominique Venner - Le choc de l’histoire

Le choc de l’histoire
 

venner choc.jpgLe choc de l’histoire est un ouvrage qui se singularise dans la bibliographie de Dominique Venner pour la simple et bonne raison qu’il se présente comme  un recueil d’entretiens où ce dernier aborde plusieurs de ses thèmes phares.  Partant de l’axiome que connaître et réfléchir sur le passé permet de comprendre le présent, Venner se propose ici d’explorer l’histoire et d’en retenir ce qui, pour nous Européens d’aujourd’hui, peut nous servir de jalons dans la refondation de notre avenir.
Car, oui, selon la belle expression de Venner, « l’Europe est en dormition ». Elle est faible car elle a été brisée par les deux guerres mondiales et n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sa mémoire est endormie, sa tradition et son identité sont attaquées de toutes parts, les Européens sont culpabilisés pour ce qu’ils sont, bref : c’est la décadence. Notre époque est celle d’un véritable choc historique avec des défis (hégémonie américaine, mondialisme économique et financier, immigration-invasion, problèmes identitaires) qui appellent à des réponses neuves. L’histoire peut nous aider à les trouver. Son principal enseignement est qu’elle « nous montre que rien n’est jamais inéluctable ». En effet, Dominique Venner n’est pas fataliste ; pour lui, l’Europe se réveillera. Des symptômes encourageants sont bien visibles : l’universalisme et la religion de l’humanité sont un échec flagrant, les Etats-Unis sont fragilisés, la modernisation de nombre de pays a entraîné un refus de l’occidentalisation (Inde, Chine, aire islamique), on assiste à des résistances imprévues à la mondialisation et à l’immigration de masse etc.
Cette fragilisation du monde moderne et de ses fondements redonne à l’histoire toutes ses chances mais est-ce suffisant pour nous autres Européens ? Non, nous devons être des acteurs de notre destin. La première manière pour ce faire est évidemment de retrouver et de cultiver notre identité. Chaque peuple possède sa propre identité et donc sa propre voie. En effet : « Nous n’existons que par ce qui nous distingue, ce que nous avons de singulier, clan, lignée, histoire, culture, tradition. Et nous en avons besoin pour vivre autant que d’oxygène ». Si aujourd’hui une menace existe quant à notre survie et à celle de notre identité, il convient d’être optimiste car nous avons une riche mémoire identitaire. Celle-ci est très ancienne, bien antérieure au christianisme, ce qui avait amené l’auteur à donner comme titre à l’un de ses meilleurs livres :Histoire et traditions des Européens, 30 000 ans d’identité. La tradition européenne vient certes de loin mais est toujours actuelle car elle est, selon l’auteur, comme « une rivière souterraine » exprimant des permanences secrètes. Ces permanences sont nombreuses et Venner en développe certaines au fur et à mesure des entretiens passionnants qui constituent l’ouvrage.
C’est la « souveraineté de soi » avant tout qui se révèle par exemple dans l’attitude que l’on a face à la mort (Achille préfère une vie courte et glorieuse à la vieillesse et à la médiocrité ; est également traité le suicide et sa dimension aristocratique comme chez Caton d’Utique ou Drieu la Rochelle…). 
C’est la conscience que la « paix universelle » est une utopie car « le conflit est père de toute chose » pour reprendre Héraclite et qu’il est présent absolument partout. D’ailleurs, « haïr, autant qu’aimer, fait partie de l’humanité des choses ».
C’est retrouver tout ce qui est nôtre chez Homère dont les poèmes l’Iliade etl’Odyssée sont la « source même de la tradition européenne ». Pour Dominique Venner, ces œuvres nous enseignent énormément sur nous et notre âme mais encore faut-il les décrypter, ce qu’il fait dans un chapitre passionnant. L’Iliade, première épopée tragique, est une ode à la gloire, à la volonté d’héroïsme qui transfigure la condition mortelle des hommes. L’Odyssée, premier roman, illustre quant à lui la lutte d’Ulysse tentant d’échapper au chaos et à un destin cruel pour retrouver un monde ordonné. Ces deux poèmes nous apportent l’essentiel sur notre vision du monde (ou celle que nous devons retrouver) car un nombre incalculable de thèmes y sont traités : la juste vengeance, le respect des ancêtres, de la nature et de la féminité, l’emploi de la ruse face à la force brute, le mépris de la bassesse et de la laideur etc. Chez Homère, point important, les hommes ne sont pas coupables de leur malheur, les dieux (qui ne sont pas des figures morales mais des allégories des forces de la nature et de la vie/du destin) le sont. En définitif, on y retrouvera tout ce que la Grèce nous a légué : la nature comme modèle, la recherche constante de la beauté, l’excellence comme idéal de vie et la force créatrice qui pousse à se surpasser.
Dominique Venner estime justement que l’identité et la liberté devraient, comme c’était le cas dans les cités grecques, être les fondements d’un renouveau politique qui serait évidemment une révolution par rapport à ce que nous connaissons aujourd’hui. L’homogénéité ethnique serait également nécessaire à ce renouveau qui aurait pour manifestation première de mettre à la tête de l’Etat une classe dirigeante de qualité, une authentique aristocratie fondée sur le mérite et le souci d’excellence. Cependant, aboutir à cela est certainement impossible sans avoir, au préalable, obtenu une révolution des mentalités et des hommes. Avant d’intervenir en politique, il faut améliorer l’homme, ce qui permettra par la suite de revitaliser la société (et non le contraire), ce qu’ont fait les hindouistes par exemple.
Bien d’autres aspects de ces questions sont présents dans cet ouvrage très agréable à lire et d’une incroyable richesse. Il ne fait, pourtant, qu’à peine 200 pages. Dominique Venner confirme être un « historien méditatif » inégalable sur son terrain, celui de la Tradition européenne. Il est loin de simplement relater, il décrypte, comprend et transmet. La lecture de ce Choc de l’histoire, est fortement, voire très fortement recommandée car vous apprendrez et réfléchirez à ce qui, pour nous, est l’essentiel.
Rüdiger

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