Le gouvernement du Québec envisage de doter les citoyens d’une identité numérique.
C’est une énorme nouvelle pour le Québec et pourtant, peu de médias l’ont abordée, et moins encore ont analysé ce qu’elle impliquait pour le peuple, pour ses libertés.
Dès 2021, soit dans environ un an, les Québécois seront munis d’une « identité numérique » remplaçant le permis de conduire, la carte d’assurance maladie, le certificat de naissance, etc. Pour l’instant les modalités exactes ne sont pas encore connues, mais la biométrie, comme la reconnaissance des empreintes digitales, pourrait être employée pour l’identification des citoyens qui devront se munir de l’application gouvernementale sur leur téléphone intelligent. Et ceux qui n’en ont pas ? Difficile de savoir ce qui va se passer avec eux.
Toujours est-il que le gouvernement aura dès lors les outils pour tout savoir sur un citoyen, de son emploi à son relevé de conduite, en passant par ses problèmes de santé et ce de façon centralisée. Un esprit mal tourné pourrait même s’imaginer que dans le futur, une autre administration pourrait décider d’ajouter d’autres types d’informations sur le citoyen, comme ses activités en ligne ou autre.
Pour justifier une telle mesure, le gouvernement met paradoxalement en avant la protection de la vie privée et la lutte contre les fraudeurs et les voleurs d’identité, véritable fléau moderne. Mais comme on le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le dispositif totalitaire qui se met en place sous le couvert de nous protéger risque d’avoir des effets dramatiques. « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux », écrivait prophétiquement Benjamin Franklin un des pères fondateurs des États-Unis.
Il est d’ailleurs fort probable que le peuple n’ait pas d’avantage de sécurité en échange de cette entrave à sa liberté. La multiplication des caméras de surveillance dans l’espace public n’a pas ralenti la progression du crime dans les métropoles, comme vous le confirmeront les Torontois et les Montréalais. Les criminels ont toujours une longueur d’avance sur les nouvelles technologies et ce n’est que le pauvre peuple qui paie ses impôts et tente de s’en sortir en suivant la loi qui se retrouve suivi et traqué. C’est la mise en place de l’État tyranno-anarchique envisagé par le penseur américain Sam Francis.
D’autant plus que si l’on y pense bien, le numérique est le règne des pirates et des fraudeurs. Capital One et Desjardins, deux banques fort réputées qui avaient un système de sécurité considéré infaillible, ont vu leurs données numériques transmises frauduleusement à des criminels. Comment pourra-t-on s’assurer que les données numériques sont réellement protégées, alors qu’on sait que rien de numérique n’est véritablement à l’abri des cracks de l’informatique qui trouvent toujours une porte d’entrée pour accéder à ce qu’ils désirent. On peut donc craindre que ces données ne soient un jour accessibles aux bandits, à cause d’une faille informatique ou simplement d’une fuite interne, comme dans le cas de Desjardins. Peut-être que via cette banque d’identités certains parviendront même à changer des données biométriques directement à la source et à voler une identité de façon irrémédiable.
Enfin, beaucoup de questions sont en suspens par rapport à cette nouvelle identité, mais a priori cette nouvelle identité numérique n’augure rien de bon !
Rémi Tremblay
• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 29 décembre 2019.
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