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Tyrannie à la canadienne
par Georges FELTIN-TRACOL
Au moment où le monde entier se focalise avec raison sur le sort de l’Europe orientale, des politiciens occidentaux plus ou moins gâteux traitent leurs homologues de «dictateurs» alors qu’une authentique tyrannie s’établit en silence au Canada.
Le 28 janvier 2022 débutait sur les autoroutes du royaume américain le célèbre et imposant « Convoi de la Liberté » qui allait bientôt déferler sur Ottawa dans l’ordre, la bonne humeur et la propreté. Propriétaires de leur outil de production, leurs camions, les chauffeurs routiers s’élevaient contre l’obligation vaccinale imposée pour franchir la frontière avec les États-Unis. À cette revendication initiale s’en ajoutèrent d’autres comme l’exaspération des contraintes sanitaires liberticides et une franche hostilité envers le gouvernement fédéral du libéral Justin Trudeau.
Sous prétexte d’être atteint par le covid-19, surtout désorienté par cette fronde massive inouïe inédite, Trudeau quitta piteusement la résidence officielle du Premier ministre et se réfugia dans une maison de campagne. Pendant quelques jours, les autorités municipales d’Ottawa, provinciale de l’Ontario et fédérales du Canada se trouvèrent désemparées. Incapables de comprendre cette vigoureuse protestation populaire et professionnelle, elles pratiquèrent la désinformation de masse et le détournement de l’actualité. Réfugié dans sa tour d’ivoire, en bon libéral progressiste, Justin Trudeau ne commença aucune discussion avec les camionneurs, les méprisant ouvertement.
Puis, le 14 février, aidé au Parlement par l’extrême gauche du Nouveau Parti démocratique, il activa la loi sur les mesures d'urgence. Adopté en 1988 pour remplacer la loi sur les mesures de guerre de sinistre mémoire, ce texte instaure l’état d’urgence sécuritaire. Outre l’arrestation de tout opposant et l’interdiction de manifester, ces dispositions exceptionnelles prévoient l’illégalité des occupations sur la voie publique et des blocages routiers. Pis, elles facilitent le gel immédiat du compte en banque des manifestants ainsi que leur éventuel licenciement, prémices d’une mort sociale certaine. Sans oublier un matraquage médiatique considérable en faveur du régime en place. Depuis cette date, le Canada détient des prisonniers politiques. Qui s’en soucie ?
Justin Trudeau est bien le digne rejeton de son père, l’ignoble Pierre-Eliott Trudeau. Ce dernier usa en 1970 de la loi martiale contre le réveil national québécois. L’attitude hautaine de son gamin se comprend facilement. La révolte des camionneurs férocement réprimée entrave son projet ultime déjà mûri par le paternel de lugubre mémoire : transformer le Canada en premier État multiculturaliste, cosmopolite et post-national de l’histoire. Cette volonté délirante s’inscrit dans la diffusion et l’encensement des théories multiculturalistes les plus démentes afin de noyer, d’étouffer et de fondre la spécificité ethno-culturelle et linguistique canadienne-française (Québécois, Acadiens, communautés francophones de l’Ouest) dans un magma contractuel consumériste égalitaire civico-moral…
Le multiculturalisme officiel se prolonge aujourd’hui en idéologie wokiste. En 2019, le gouvernement fédéral a versé une subvention de 163 000 dollars au nom de la décolonisation des sciences physiques. Il importe de les libérer de leur matrice européenne ! Wokiste acharné, Justin Trudeau s’agenouille huit minutes en mémoire du délinquant multirécidiviste George Floyd. Il attend en revanche onze jours avant de condamner du bout des lèvres l’assassinat de Samuel Paty peut-être coupable à ses yeux d’être Européen… Dommage que Justin Trudeau n’ait pas de jumeau; ils auraient été les Dupont et Dupond de la politique - spectacle internationale. Trudeau a l’habitude de s’habiller à la mode locale quand il se rend en voyage officiel dans un État exotique au risque de susciter des remous diplomatiques inattendus.
Sur le plan intérieur, le Premier ministre canadien accumule autant les scandales politico-financiers que les gaffes. En pleine séance de la Chambre des Communes, il tance la députée conservatrice Melissa Lantsman coupable de soutenir les convoyeurs de la Liberté dont certains brandiraient des croix gammées. Or, cette élue accusée de néo-nazisme implicite est de confession juive…
Le tournant despotique du gouvernement canadien se caractérise enfin par une série de projets de loi destinés à combattre la haine et les discriminations. Par exemple, un texte encore en discussion considérerait comme discriminatoire et donc passible de poursuites judiciaires le non-respect de l’identité et de l’expression de genre. Un autre entend renforcer la répression des « discours de haine ». Il prévoit qu’un certain Tribunal canadien des droits de la personne prononcerait de lourdes amendes à tous ceux qui useraient d’un « langage haineux ». Toujours dans le cadre de ce projet de loi, les individus pourraient aussi porter plainte à titre préventif, donc avant qu’ils entendent l’éventuelle infraction, envers des individus susceptibles de tenir des « propos haineux ». Il va de soi que ce tribunal considère déjà comme un « langage de haine » tout ce qui va à l’encontre du discours officiel, de la doxa médiatique dominante et de la rhétorique gouvernementale.
Devant cette chape de plomb intellectuelle qui avance inexorablement, rares sont les associations supposées défendre les libertés d’expression et d’opinion qui s’en offusquent ! Ailleurs dans le monde non occidental, les condamnations morales tomberaient aussitôt… À l’instar de son complice néo-zélandais, le Premier ministre féminin Jacinda Ardern très en pointe dans la gestion orwellienne des foules, Justin Trudeau agit en potentat ploutocrate. Avant de se faire violemment expulsés, les participants du Convoi de la Liberté n’avaient pas hésité à décrypter Trudeau en Tyrant, Ruthless, Unrealistic, Damaging, Egotistical, Arrogant et Uncivil, soit, si on traduit rapidement, « tyran », « impitoyable », « irréaliste », « déglingué », « égoïste », « arrogant » et « impoli ». Tous ces qualificatifs finement trouvés conviennent parfaitement à ce triste sire.
GF-T
08:29 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : justin trudeau, canada, tyrannie, actualité, politique internationale | |
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Les vulnérabilités de la politique intérieure et extérieure des États-Unis
Leonid Savin
Ex: https://www.geopolitica.ru/article/uyazvimosti-ssha-vo-vnutrenney-i-vneshney-politike
Le nouveau cycle de confrontation entre la Russie et l'Occident [i] nous oblige, nous Russes, à réfléchir à la manière d'infliger des dommages à nos adversaires sans recourir à un conflit armé. Le principal instigateur de la campagne anti-russe étant les États-Unis, il est logique de prendre en compte les faiblesses de cet État afin de les exploiter au niveau géopolitique mondial.
Certains problèmes aux États-Unis n'ont rien à voir avec un programme international et reflètent des luttes politiques internes et une dégradation générale de la culture politique. Par exemple, la tendance à la LGBTQisation de la société américaine a atteint un tel sommet que les autorités publiques de ce pays qualifient déjà les mots "Maman" et "Papa" d'offensants, ce qui est bien sûr perçu comme des actions inacceptables par la partie conservatrice de la société [ii].
La bataille entre les partisans des valeurs traditionnelles et les pervers de tous poils se poursuit dans les branches législatives et judiciaires des différents États. Les républicains exploitent cette question pour prendre leur revanche lors des élections de mi-mandat au Congrès américain. La polarisation pourrait en outre conduire à la radicalisation d'un certain nombre de mouvements sociaux, dont beaucoup représentent des organisations militarisées. Cela a le potentiel d'ouvrir un conflit armé au sein du pays selon des lignes idéologiques.
L'économie américaine n'est pas non plus en très bonne santé. En décembre dernier encore, l'inflation des prix à la consommation s'élevait à 6,8 %, le taux le plus rapide depuis quatre décennies. L'inflation a déjà atteint un niveau record sur plusieurs années et le pays connaît également une bulle boursière et immobilière causée par les achats excessifs d'obligations par la Réserve fédérale.
L'économiste de renom Desmond Lachman, qui a précédemment travaillé au FMI, a souligné que "la dernière chose dont M. Biden a besoin avant les élections de mi-mandat de cette année, c'est que les bulles boursières et immobilières américaines éclatent. Néanmoins, c'est exactement ce qui pourrait se produire si la Fed est effectivement obligée de relever les taux d'intérêt pour tuer le dragon inflationniste auquel les prix élevés du pétrole donnent maintenant un nouvel élan.
Cela semble particulièrement pertinent étant donné que les bulles du marché boursier et du marché immobilier ont été fondées sur l'hypothèse que les taux d'intérêt resteraient éternellement à leurs niveaux actuels ultra-bas" [iii].
Étant donné qu'il est peu probable que la situation entre la Russie et l'Ukraine soit résolue de sitôt, il y a de fortes chances que les prix du pétrole restent élevés dans un avenir prévisible, surtout si des sanctions sont imposées au secteur pétrolier russe. Cela ne laisserait guère d'autre choix à la Réserve fédérale que de freiner sa politique monétaire pour éviter que les attentes d'inflation nationales ne s'atténuent [iv].
Le gouvernement Biden a également été sévèrement critiqué pour le fait que les nouvelles lois relatives à l'allocation budgétaire pour contenir la Chine et soutenir le Pentagone détourneront des dizaines de milliards de dollars de l'éducation, des soins de santé et d'autres objectifs sociaux [v].
Les différends territoriaux des États-Unis avec leurs voisins peuvent également constituer un moyen efficace de détourner l'attention et de semer la confusion dans les partenariats au sein des membres de l'OTAN.
Si l'adage bien connu veut que les États-Unis n'aient que le Mexique et le poisson parmi leurs voisins, le Canada représente précisément le genre de cas où il existe des précédents en matière de conflits territoriaux. Et la dégradation économique pourrait exacerber ces tensions, car les zones revendiquées par les deux États présentent un intérêt pour les poissons et les fruits de mer et contiennent également d'importantes ressources énergétiques.
En tout, il y a cinq zones maritimes où le Canada et les États-Unis sont en désaccord sur leur propriété. La détérioration des relations entre les pays pourrait être précisément due à ceux-ci.
La première zone contestée est le détroit de Juan de Fuca, qui sépare l'île de Vancouver en Colombie-Britannique, au Canada, de la péninsule abritant l'Olympic National Park dans l'État de Washington, aux États-Unis. La frontière entre les deux pays passe en plein milieu du détroit. Les deux pays conviennent que la frontière doit être équidistante. Mais chaque côté utilise des points de base légèrement différents, ce qui entraîne de légères différences dans la ligne frontalière.
De plus, le gouvernement de la Colombie-Britannique a rejeté les frontières canadiennes et américaines, ainsi que tout le principe d'équidistance. Il affirme le principe de la continuation naturelle, en déclarant que la limite appropriée est le canyon sous-marin (également appelé Juan de Fuca). Cette approche est favorable à la Colombie-Britannique, mais le gouvernement canadien n'est pas disposé à abandonner le principe d'équidistance, ce qui pourrait lui coûter cher dans d'autres domaines.
Le contraire est vrai à l'entrée de Dixon. Au nord de celle-ci se trouve l'île du Prince de Galles. Malgré son nom royal, l'île fait partie des États-Unis. Au sud de Dixon Inlet se trouve l'archipel canadien de Haida Gwaii, connu jusqu'en 2010 sous le nom d'îles de la Reine-Charlotte.
Les eaux qui les séparent sont riches en poissons, attirant les prédateurs, les albatros et, bien sûr, les humains. Il est intéressant de noter que le conflit actuel trouve ses racines dans une confrontation entre l'Empire russe et la Grande-Bretagne. La frontière actuelle entre l'Alaska et le Canada correspond au traité de Saint-Pétersbourg de 1825. Cet accord entre la Russie et la Grande-Bretagne a tracé une ligne entre les intérêts des deux pays dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord. Elle établit 54°40' de latitude nord comme limite sud de l'Amérique russe.
Le différend a ensuite été réglé par arbitrage international en 1903. La frontière terrestre actuelle se situe à 35 miles (56 km) à l'est de l'endroit où l'océan rencontre la côte, à mi-chemin entre les lignes revendiquées par les deux parties.
Les Canadiens, cependant, étaient mécontents. Si la frontière avait été légèrement plus en leur faveur, ils auraient eu un accès maritime direct aux champs aurifères du Yukon. Le tribunal arbitral a également défini la frontière maritime de l'Alaska avec le Canada. La ligne dite A-B partait du cap Muzon, le point le plus au sud de l'île Dalles, la plus méridionale de l'Alaska, vers l'est jusqu'au continent. Cela a laissé la majeure partie de l'entrée de Dixon du côté canadien de la ligne.
Mais les Américains ont vu les choses différemment. Ils pensaient que la ligne A-B concernait la frontière terrestre ; la frontière maritime passait bien au sud de cette ligne. Cela a coupé l'entrée de Dixon en deux : la partie nord menant aux États-Unis, la partie sud au Canada.
Ces opinions sont toujours défendues par les deux gouvernements à ce jour. L'une des raisons pour lesquelles cette question est si difficile à résoudre est le saumon du Pacifique présent dans la région, qui va y frayer chaque année.
Relativement récemment, dans les années 1990, la concurrence entre les pêcheurs canadiens et américains dans la région a dégénéré en une "guerre du saumon", les deux parties arrêtant occasionnellement les équipages de l'autre. La situation a atteint son paroxysme en 1997, lorsque des pêcheurs canadiens ont bloqué un ferry de l'Alaska, retenant effectivement ses passagers en otage pendant trois jours. Aujourd'hui, la situation est moins tendue. Mais le problème sous-jacent n'a toujours pas été résolu.
Dans la mer de Beaufort, il existe également une zone cunéiforme contestée au nord de l'endroit où la frontière entre l'Alaska et le territoire du Yukon atteint la mer. Cette frontière terrestre suit le 141e méridien ouest, comme convenu dans le traité de Saint-Pétersbourg de 1825 entre la Russie et la Grande-Bretagne.
Le Canada soutient que cette ligne doit être suivie à 200 milles nautiques (370 km) au nord dans la mer, et qu'il s'agit là de la frontière maritime. Mais les États-Unis soutiennent que la frontière maritime devrait être perpendiculaire à la ligne de côte lorsqu'elle entre dans la mer. La différence est une superficie d'environ 8100 miles carrés (21.000 kilomètres carrés).
La dispute porte sur d'importantes réserves de pétrole et de gaz cachées sous la glace et l'eau. Selon l'Office national de l'énergie du Canada, le biseau pourrait contenir jusqu'à 1,7 milliard de mètres cubes de gaz et 1 milliard de mètres cubes de pétrole, soit suffisamment pour répondre aux besoins énergétiques du pays pendant de nombreuses années. Et ces réserves pourraient devenir plus accessibles dans quelques années, lorsque la glace reculera en raison du changement climatique.
Ensuite, il y a le passage du Nord-Ouest, représentant une route à travers divers canaux dans le vaste archipel du Nord, qui est bloqué par la glace depuis de nombreux mois. Au cours des dernières décennies, le changement climatique et la réduction de la glace de mer qui en résulte ont rendu les canaux du nord du Canada plus navigables. En 2007, un navire commercial a accompli le voyage sans l'aide d'un brise-glace, ce qui est une première.
Si la route du nord pouvait laisser passer les superpétroliers et autres navires trop grands pour le canal de Panama, cela réduirait considérablement leur seule option actuelle : un voyage autour du Cap Horn, à la pointe sud de l'Amérique du Sud. Comme la température globale de la Terre continue à augmenter, le passage du Nord-Ouest deviendra de plus en plus navigable, ne serait-ce qu'en été. Cela signifie que le différend territorial sur le passage du Nord-Ouest risque d'éclater à nouveau.
Pour le Canada, le problème est assez clair : toute voie navigable potentielle s'ouvrant à la navigation internationale passerait par les eaux canadiennes sur lesquelles le pays exerce une souveraineté totale, ce qui signifie que le Canada peut accorder l'accès ou facturer des frais de passage comme il l'entend.
Cependant, les États-Unis et plusieurs autres pays soutiennent qu'un passage du Nord-Ouest viable et de jure serait un détroit international ouvert au passage en transit sans restriction ni compensation.
En 1969, le pétrolier américain SS Manhattan a effectué le passage sans demander l'autorisation préalable des Canadiens. Pour donner suite, le brise-glace Polar Sea de la Garde côtière américaine a fait de même en 1985. Bien que ce dernier ait été autorisé à être inspecté par la Garde côtière canadienne, l'opinion publique canadienne est devenue furieuse et un scandale diplomatique a éclaté.
En 1986, le Canada a réaffirmé sa souveraineté sur le passage du Nord-Ouest, une revendication que les États-Unis ont refusé de reconnaître. Pour désamorcer la situation, les deux pays ont signé en 1988 un accord de coopération dans l'Arctique qui n'abordait pas la question de la souveraineté en tant que telle mais clarifiait certaines questions pratiques.
Selon le droit de la mer, les navires en transit n'ont pas besoin d'un permis de passage, mais ils ne peuvent pas se livrer à des recherches. L'accord partait du principe que les navires de l'US Coast Guard et de l'US Navy seraient toujours considérés comme effectuant des recherches, et qu'un permis de transit devrait donc toujours être demandé.
Le traité est resté en vigueur pendant environ dix ans. Fin 2005, des photos de l'USS Charlotte au pôle Nord ont été publiées. Bien sûr, personne n'a demandé au Canada la permission de passer. La réponse du Canada a été qu'il a décidé de ne plus utiliser le terme "passage du Nord-Ouest" et a désigné la zone comme "eaux intérieures du Canada".
Les États-Unis, en revanche, s'en tiennent à leur interprétation du droit international et se réservent le droit de considérer les eaux intérieures du Canada comme des eaux internationales. Incidemment, c'est aussi la position qu'ils défendent sur la mer de Chine méridionale et d'autres zones revendiquées par d'autres pays, en l'appelant "le droit à la libre navigation".
Un autre point de conflit est l'île aux phoques de Machias (photo), au large des côtes du Maine. Elle se trouve à moins de 10 miles des côtes du Maine. Les Canadiens y ont établi leur présence sous couvert de travailler comme gardiens de phare. Les États-Unis, en revanche, la considèrent comme leur propriété. En 2002, le Canada a autorisé ses pêcheurs à y pêcher en été, ce qui a entraîné un conflit direct avec les pêcheurs du Maine.
Les droits des Indiens, y compris les demandes d'indemnisation, la possibilité de sécession du Texas et la montée du sentiment séparatiste dans les États riches (cela s'est déjà produit en Californie pendant la Grande Dépression, lorsque le gouvernement de l'État a imposé une interdiction d'entrée et l'a même entourée d'une clôture en fil de fer barbelé) sont également des cas intéressants qui ne peuvent être écartés. Enfin, l'énorme population hispanique, qui augmente rapidement, surtout dans le sud. Un rappel de l'annexion de certaines parties du Mexique par les États-Unis serait le bienvenu au sein de la communauté latino-américaine.
Notes:
[i] https://russtrat.ru/analytics/26-fevralya-2022-0010-8991
[ii] https://c-fam.org/friday_fax/biden-admin-says-mother-and-father-are-offensive/
[iii] https://www.19fortyfive.com/2021/12/americas-growing-inflation-problem-who-is-to-blame/
[iv] https://www.19fortyfive.com/2022/02/joe-bidens-next-economic-nightmare-an-oil-price-shock/
[v] https://fpif.org/the-u-s-competes-with-china-at-what-cost/
19:34 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, canada, états-unis, vancouver, maine, passage du nord-ouest, géopolitique, politique internationale, amérique du nord, océan arctique, océan pacifique, pêche, richesses halieutiques | |
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La gauche et les ouvriers: la vie des autres
Fabian Schmidt-Ahmad
Source: https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2022/die-linke-und-der-arbeiter/
C'est une impressionnante démonstration de force. La capitale du Canada, Ottawa, a déclaré l'état d'urgence, le Premier ministre Justin Trudeau se cache depuis des jours, le gouvernement titube. Les camionneurs, qui doivent maintenir l'approvisionnement dans ce pays rude et peu peuplé, ont rejoint la capitale en convois gigantesques. Comme leur bras puissant le veut, des milliers de roues sont à l'arrêt depuis des jours ; en même temps, une vague de solidarité submerge la nation.
Ce qui a commencé par une obligation de vaccination pour les transports transfrontaliers s'est transformé depuis longtemps en une protestation contre la restriction des libertés, dont les justifications sont de moins en moins compréhensibles pour les citoyens. Une période troublée qui, pourrait-on penser, devrait être un moment fort pour la gauche politique. Ici, l'ouvrier, le camionneur, qui traînait jusqu'ici sur sa selle la superstructure culturelle d'une classe chic improductive et qui lui fait désormais sentir la réalité.
Mais à quelques exceptions près, le regard des politiques de gauche sur les énormes "road trains" qui se faufilent dans les rues est craintif, voire ouvertement hostile. Car ils sont depuis longtemps devenus partie intégrante du "monde chic".
Le monde idéologique de la gauche
Ce qui amène les gauchistes dans la rue, en revanche, a rarement à voir avec le monde de l'ouvrier. Lorsque des justiciers "woke" protestent à Berlin contre le gaspillage alimentaire en bloquant des bretelles d'autoroute, il est fort probable que l'artisan énervé qui les fait sortir de la chaussée soit leur premier contact avec la classe ouvrière. Comment en est-on arrivé à une telle aliénation ? Il faut pour cela plonger dans les profondeurs idéologiques.
Selon la conception marxiste, les rapports de production déterminent la conscience humaine. Si ceux-ci changent, une nouvelle classe sociale apparaît avec sa propre conscience. Qu'y a-t-il donc de plus proche que de changer les conditions par une compréhension rationnelle des forces sociales dans un acte révolutionnaire, de telle sorte qu'une nouvelle classe humaine avec une conscience supérieure puisse être cultivée ?
Les tentatives de la gauche de s'immerger dans la réalité pratique de la vie ont toutes échoué. La conséquence n'a pas seulement été la mort et la misère par millions. Ce qui a été encore pire pour la théorie, c'est que cette nouvelle conscience n'est tout simplement pas venue. L'homme soviétique, à peine libéré des contraintes socialistes, est redevenu un Russe, un Estonien, un Polonais, qui invoque devant lui et devant le monde la sainteté de la famille, l'amour de la patrie et la bénédiction divine sur tout.
Des conditions réelles non découvertes
De toute évidence, Karl Marx et ses partisans n'avaient pas découvert les conditions réelles, mais quelque chose d'autre. A savoir une méthode d'accumulation du pouvoir qui flatte la vanité humaine et assure ainsi une subsistance rémunératrice. L'intellectuel de gauche était né, qui apporte essentiellement du bavardage sur le social et attend en retour d'être pris en charge par certaines parties productives de la société.
La conscience qui ne pouvait que se former à partir de cette relation - et ce, selon l'hypothèse de la gauche - est celle du comédon. L'intellectuel de gauche espérait un bond en avant, par la force de son esprit, pour la société. En réalité, il fait reculer celle-ci d'un cran.
Son mode de vie n'est pas celui de l'ouvrier, ni celui du capitaliste, mais un réseau de dépendances personnelles, d'obligations, de faveurs. Un échange de postes et de privilèges, une surveillance et des pots-de-vin réciproques. En bref, c'est la vieille société féodale qui connaît actuellement une renaissance sous la forme de l'État des partis. Les valeurs de la bourgeoisie ne sont plus que des décors de façade.
Seule l'appartenance à un groupe est valable
L'égalité devant la loi n'est plus valable, mais seulement l'appartenance à un groupe que l'intellectuel de gauche attribue aux autres. C'est aussi ce statut, couplé à la soumission au parti, qui permet d'accéder à la prospérité. En revanche, ce que l'on apporte concrètement à la société n'intéresse pas plus le seigneur féodal que le sacrifice de ses serfs. Le nouveau mercantilisme, c'est autant de capitalisme que nécessaire, autant de socialisme que possible, pour l'optimum de la communauté captatrice de rentes et de subsides.
Il y a pourtant une différence avec l'Ancien régime : cette classe pouvait encore s'enorgueillir d'un passé où elle a sans doute produit les plus hautes fleurs culturelles de l'humanité, avant de s'effondrer, vidée de sa substance. Mais vers quelles hauteurs l'intellectuel de gauche doit-il regarder ? Tout en lui est mensonge, même la prétention d'être intellectuel. Car pour ignorer toutes les absurdités et les contradictions des théorèmes de gauche, il faut déjà avoir un talent pour l'entêtement conceptuel.
Nourri par l'exploitation
Si l'intellectuel de gauche était honnêtement stupide, il aurait pu, avec une modestie socratique, repousser les limites de son intellect par un travail acharné. Mais sa vanité hautement cultivée empêche cette prise de conscience. "Les contradictions de ta pensée", lui chuchote-t-elle à l'oreille, "ne sont pas l'expression d'un échec, mais d'une conscience supérieure, dialectique, que ton entourage est trop limité pour saisir". Et tu n'as donc pas besoin de le lui expliquer.
C'est ainsi que vit l'intellectuel de gauche, un fœtus âgé dans le sac amniotique, nourri par l'exploitation. Il remercie gentiment les puissants et aboie contre tous ceux qui trouvent cet ordre de domination injuste. Si l'absolutisme s'est appuyé sur un sacerdoce décadent pour se protéger idéologiquement, l'intellectuel de gauche en est le descendant laïc.
Les sociétés occidentales se nourrissent encore du travail constructif de leurs ancêtres, mais tout est fini. Dans un climat aussi dur que celui du Canada, les échecs ne se manifestent que plus rapidement qu'ailleurs. Il peut alors arriver à l'Ancien régime que des colosses d'acier fassent vrombir les façades vitrées des immeubles comme des animaux préhistoriques enragés. L'intellectuel de gauche contemple cette agitation avec étonnement. Et quelque part dans sa peur, un pressentiment de réalité se fait jour.
JF 7/22
19:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actuazlité, camionneurscanadiens, canada, gauche, idéologie de gauche, irréalisme | |
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La dimension théologique du «conservatisme rouge»
par Georges FELTIN-TRACOL
Le 12 décembre 2019 se tenaient en Grande-Bretagne des élections législatives anticipées. Les conservateurs du parti tory conduits par le nouveau Premier ministre Boris Johnson remportèrent la majorité absolue à la Chambre des Communes. Avec 365 sièges, ils infligèrent une cuisante défaite au Labour de Jeremy Corbyn. En effet, les candidats tories s’emparèrent de 48 sièges supplémentaires, souvent remportés dans les bastions travaillistes du Centre et du Nord-Est de l’Angleterre.
Pendant la campagne électorale, Boris Johnson insista sur le Brexit en cours et revint sur la nécessaire intervention publique en économie et en matière sociale. Les retombées positives du retrait britannique de l’Union dite européenne devraient assurer la pérennité financière du NHS, le système de santé du Royaume-Uni. Boris Johnson osa en outre nationaliser des compagnies ferroviaires déficientes et, avec la crise covidienne, n’hésita pas à s’affranchir des dogmes budgétaires. Par cette étonnante disposition interventionniste, le gouvernement tourna le dos à l’ultra-libéralisme en vigueur dans ses propres rangs.
Membre du laboratoire d’idées ResPublica et ancien conseiller de David Cameron, Phillip Blond, par ailleurs demi-frère de l’acteur Daniel Craig, se présente depuis la parution en 2009 de son essai Red Torysm. How Left and Right have broken Britain and How we can fix it (« Comment la gauche et la droite ont brisé la Grande-Bretagne et comment pouvons-nous y remédier ») en continuateur du « conservatisme rouge ». En 2010, David Cameron gagna les élections grâce à la « Big Society » et au « conservatisme compassionnel » préparés d’abord par Phillip Blond. Cameron les oublia toutefois assez vite…
Aussi présent au Canada, en particulier dans les provinces de l’Ontario et de l’Alberta, le « conservatisme rouge » rejette à la fois l’État tentaculaire impotent et la société individualiste de marché. Inspiré par les loyalistes américains pendant la Guerre d’Indépendance des États-Unis et apparenté aux « paléo-conservateurs » étatsuniens, le « Red torysm » puise dans le Hight Torysm du XVIIIe siècle, un courant néo-féodal et proto-jacobite, dans le One-nation torysm du XIXe siècle théorisé par l’écrivain et Premier ministre Benjamin Disraeli et, au XXe siècle, chez les anglo-catholiques distributionnistes autour de G.K. Chesterton. Ces différents apports théoriques s’accordent sur l’organicisme social et estiment que l’équilibre de la société repose sur l’obligation mutuelle de toutes les classes sociales. On traduit habituellement « Red Torysm » par «conservatisme social» ou «paternaliste». S’ils défendent les institutions traditionnelles, un ordre social juste et la discipline fiscale, les « conservateurs rouges » privilégient toujours les actions sociales en faveur d’un État-Providence qui permettrait un accès général à la propriété privée. Après le « socialisme des guildes », le «conservatisme rouge» est une autre représentation de la troisième voie sociale outre-Manche.
Le « Red Torysm » a bénéficié au début du XXIe siècle de l’influence déterminante de la Radical Orthodoxy. En 1998, les philosophes et théologiens anglicans Catherine Pickstock, Graham Ward et John Milbank écrivent Radical Orthodoxy. A New Theology. Leur sensibilité les porte vers la Haute-Église d’Angleterre para-catholique. Professeur de Phillip Blond à Cambridge, John Milbank qui se décrit comme un chrétien traditionaliste postmoderne, mêle dans ses réflexions les idées communautariennes, les thèses de la French Theory et les écrits des Pères de l’Église. La Radical Orthodoxy lit les œuvres de Michel Foucault, de Gilles Deleuze, de Félix Guattari, de Jacques Derrida et de Jean Baudrillard à la lumière de Saint Augustin et de Saint Thomas d’Aquin.
La Radical Orthodoxy – qui n’a rien à voir avec l’Orthodoxie – ne cache pas une hostilité foncière envers les libéralismes théologique, politique et économique. « Pour les classes moyennes, explique Phillip Blond dans un entretien mis en ligne sur FigaroVox le 1er juillet 2016, le libéralisme a plusieurs attraits : économiquement, il leur permet (ou du moins il leur permettait) d'exploiter avantageusement leur position via l'école, les réseaux ou les possibilités de carrière dans l'entreprise; socialement, il se traduit par une licence totale en matière de choix de vie ou de comportements. Pour les classes populaires au contraire, le libéralisme est un désastre économique et culturel: économique, parce qu'il détruit leur pouvoir de négociation collective et les expose à une concurrence interne sur le marché du travail: dans une telle situation, leurs salaires ne peuvent que baisser; sociale, parce que le libéralisme a détruit toutes les formes d'allégeance et de stabilité familiale, en laissant pour seul héritage des foyers brisés et des pères absents. En somme, le libéralisme a détruit toute notion de solidarité et c'est cela qui a le plus certainement condamné les plus pauvres à leur sort. » Favorable à l’instar de l’essayiste William T. Cavanaugh à la « subversion eucharistique » du monde moderne, cette autre théologie politique guère connue sur le continent pense donc l’eucharistie comme le creuset effectif d’un ensemble commun et voit dans l’Église une communauté salvatrice de personnes capables de mener une existence collective hors du filet de la modernité. Le recours à la communauté comprise comme « base autonome durable » y est explicite, d’autant que la Radical Orthodoxy prône au final la restauration post-moderne, c’est-à-dire ici après la modernité, de la métaphysique traditionnelle occidentale.
John Milbank.
On est donc à mille lieux des enjeux électoralistes et politiciens du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté. Il existe toutefois un lien ténu, susceptible de croître si les circonstances s’y prêtent, entre le Parti conservateur et la Radical Orthodoxy. Qui aurait pensé, il y a quinze ans, qu’un anti-libéralisme conséquent et cohérent se manifesterait, certes de manière périphérique, dans la formation politique de feue la sinistre « Dame de Fer » ?
GF-T
00:11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conservatisme, conservatisme rouge, conservatisme social, grande-bretagne, canada, idéologie, théorie politique, politologie, sciences politiques, théologie politique | |
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Une lettre tragi-comique d’un ami sur la dictature Woke et Covid au Québec
Par Hans-Patrice Perrier
Hans-Patrice Perrier écrit à Nicolas Bonnal :
Les séquelles de Mai 1968, indélébiles, presque une religion chez nous.
RADIO-CANADA, modelée sur la BBC, c'est la PRAVDA canadienne et au Québec les animateurs de « Tout le monde en parle », Guy A. Lepage et ses alcooliques, lancent des fatwas à tous vents contre ceux et celles qui osent apporter des bémols au NARRATIF ambiant.
Le féministe et le LGbétisme sont une religion d'état chez nous. Point barre.
Un père de Colombie Britannique qui refusait que sa fille de 9 ans, si ma mémoire est bonne, prenne des hormones afin de se préparer à un changement de sexe a été condamné à 6 mois de prison ferme.
Tu dois comprendre cela : nous ne sommes pas des « couillons », nous vivons dans un système soviétique 2.0.
TOUS les employés de la fonction publique, tant fédérale que provinciale, doivent suivre des cours d'ÉTHIQUE mondialiste et n'ont PAS le droit de DÉFENDRE des positions contraire à l'éthique du gouvernement sur leur PROPRES RÉSEAUX SOCIAUX.
C'est une dictature impitoyable et parfaite.
J'ai perdu deux amis et me suis battu sans fins en tentant de raisonner les membres de ma famille au sujet de la PLANDÉMIE.
Hier, fête des mères, d'énormes hélicoptères noirs de (l'OTAN ?) survolaient le ciel de Montréal en surveillant le troupeau humain qui tentait de prendre un peu d'air et de jouer à la balle dans les quelques parcs qui permettent à la ville bétonnée de respirer un peu.
Des gens autour de moi s'exclament : « vivement quand nous seront TOUS vaccinés, on pourra relâcher un peu les mesures de contrôle, mais pas trop tout de même ! ».
Je ne suis pas d'accord pour dire que les gens sont des consommateurs entièrement décervelés, puisque leur pouvoir d'achat a été érodé de 300 % depuis 40 ans.
Un appartement de taille moyenne, en état passable, valait 75 euros il y a 40 ans. Le même réduit commande un bon 750 euros pas chauffé actuellement ...
Le salaire minimum est passé d'environ 2.85 euros en 1980 à autour de 10.85 euros actuellement.
Les salaires ont été multipliés par quatre durant cette transition, alors que le coût des appartements a été multiplié par 10 à 12 fois !
Il faut que tu comprennes que la classe moyenne a été LAMINÉE complètement chez nous, tout en avalant la pilule du « vivre ensemble », de la rectitude politique et du féminisme à tous crins.
La DISCRIMINATION POSITIVE a fait que je n'ai JAMAIS pu obtenir un poste en communication au sein du gouvernement, ce qui représentait une des très RARES fenêtres d'opportunité pour un petit-bourgeois intello déclassé.
Alors, j'ai cumulé des boulots minables à 10 euros de l'heure, des décennies durant, alors que certaines copines du secondaire avaient obtenus les fameuses promotions en com. pour un salaire de 25 euros et plus de l'heure.
Elles se sont payé une maison et un chalet, avec l'aide du salaire du conjoint, et puis elles l'ont foutu à la porte et ont raflé la quasi-totalité de la mise.
Les tribunaux, la fonction publique, l'enseignement, la police, l'ensemble du corps social a été formaté pour discriminer les HOMMES HÉTÉROS et faire en sorte qu'il devienne presque impossible de fonder une famille chez nous.
Moyenne des divorces à tous les 5, 6 ou 7 ans ... de vie « commune ».
La classe moyenne laminée, les mecs spoliés et névrosés, le boulot précaire et la qualité de vie quasi nulle, la PLANDÉMIE a fait le reste pour ÉCRASER la populace sous le rouleau compresseur des mesures d'URGENCE.
Chez nous, comme en France, ce sont les COMMISSAIRES de la SANTÉ PUBLIQUE (du salut), comme durant la RÉVOLUTION FRANÇAISE, qui gouvernent par décret. Des camps d'internements pour les récalcitrants ont bel et bien été érigé dans la ville de Québec et ailleurs ...
Si vous sortez après le couvre-feu ou faites une fête à 7 ou 8 personnes chez vous, vous vous exposez à des amendes astronomiques et même au risque d'être handicapé à vie après d'une demi-douzaine de poulets vous aient tabassé et presque démoli un coup que vous vous êtes effondré par terre.
Tout cela ne représente pas des JÉRÉMIADES ou des observations fallacieuses ou des fariboles, c'est la triste réalité mon ami.
Oui, il y a l'esprit moutonnier, mais il y a AUSSI une terrible dictature qui ne dit pas son nom, mais se contente de SÉVIR dans son plus simple appareil répressif à l'heure de t'écrire.
Dans tous les milieux de travail, en plus de devoir porter le masque, de n'avoir pas accès aux chiottes dans certains cas, de devoir se la fermer et bosser plus fort, il faut se coltiner à des CHARTES DU COMPORTEMENT et de l'ÉTHIQUE EN MILIEU DE TRAVAIL mitonnées par les paliers supérieurs de gouvernement ...
Qu'est-ce que l'éthique ? - Canada.ca
Tirée du mot grec « ethos » qui signifie « manière de vivre », l'éthique est une branche de la philosophie qui s'intéresse aux comportements humains et, plus précisément, à la conduite des individus en société.
Voilà mon pote, jusqu'à l'éthique qui a été détournée afin de satisfaire à la DOXA MONDIALISTE et de servir de courroie de transmission afin de nous abrutir encore plus.
Et, pourquoi les gens acceptent tout ça ?
Et, bien, nous sommes nés dans cet environnement autour des années 1960 et 1970 ... et, pour ma part, j'ai bien tenté de me révolté et de me regimber, alors j'ai perdu quantité de boulots, de copines et d'amis ... tu te retrouves seul et paumé quand tu es un mouton noir.
Seuls, la discipline personnelle, la foi et le courage permettent de s'en sortir et de ne pas perdre la tête au coeur d'une telle acédie.
Les gens ne sont PAS des couillons, ce sont des AUTOMATES programmés et dirigés à distance.
Nous sommes victimes d'une campagne de MAGIE OPÉRATIVE à grand déploiement.
TOUT est basé sur la PEUR.
Mai 1968 : le PLAISIR et l'HÉDONISME
Mai 2021 : la PEUR et la SOUFFRANCE
Voilà le paradigme.
Comme Orlov et Bonnal, dans une certaine mesure, je crois que la seule issue possible c'est l'IMPLOSION de ce système machiavélique et proprement diabolique.
Bonne fête des mères en retard et bon printemps mon pote !
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10:02 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, wokisme, woke cultre, woke, canada, québec | |
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par Marion Rey
Ex: https://www.ege.fr
Depuis les années 2000, le développement de la société de l’information et du monde immatériel facilite les échanges internationaux. Les géants du numérique ont su exploiter la vague de l’Internet et de l’informatique pour accroître leur influence et la dépendance des usagers. Toutefois, ce développement exponentiel comporte un volet transgressif, largement exploité par les services de renseignement dans les opérations cyber, à des fins d’espionnage en masse. Malgré de nouvelles législations depuis les révélations de l’affaire Snowden, les choses ont-elles réellement changé ? Dans le bras de fer entre géants du numérique et services de renseignement, lesquels sortiront finalement vainqueurs de l’affrontement ?
Le droit, bras armé des Five-Eyes
Signé en 1946 dans le contexte de la guerre froide, le UKUSA Agreement[1] est un accord passé entre les services de renseignement britanniques et américains en matière de coopération autour du renseignement électromagnétique, dit SIGINT (Signals intelligence). En 1955 cet accord a été étendu[2] au Canada, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. Cette organisation anglo-saxonne du renseignement est plus connue sous le terme Five-Eyes (FVEY).
À la suite du traumatisme du 11 septembre 2001, l’administration de Georges W. Bush déclare la guerre au terrorisme en signant l’USA Patriot Act moins de deux mois après les attentats[3]. Premièrement, cette loi autorise l’usage des nouvelles technologies pour effectuer une surveillance itinérante et une interception des communications électroniques, orales et filaires relatives au terrorisme, à l’immigration, aux infractions de fraude et d'abus informatiques (Sections 201 et 202). Deuxièmement, la loi impose le partage d'informations et la coopération entre les agences gouvernementales en matière de renseignement, de renseignement extérieur et de contre-espionnage (Section 203).
Sont concernés les 17 agences de la communauté du renseignement (dont la CIA, la NSA et le FBI), les départements de la défense (DOD), de la sécurité intérieure (DHS) et de la justice (DOJ). Initialement, la section 203 devait être valable pour une durée de 4 ans mais a été reconduite pendant près de 15 ans par l’application du USA Patriot Improvement and Reauthorization Act of 2006[4]. Le partage d’informations a été élargi aux agences fédérales, aux États, aux collectivités territoriales, aux entités locales et tribales, et au secteur privé (dont les sociétés du numérique) par deux autres textes (Homeland Security Act of 2002 et l’Intelligence Reform and Terrorism Prevention Act of 2004). Enfin, la loi prévoit l’accès aux « dossiers et autres éléments » (Section 215), sans autorisation d’un juge, en vertu de la loi sur la surveillance des services de renseignement étrangers, la FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act).
De son côté, le Royaume-Uni n’est pas en reste. Également conçue pour lutter contre le terrorisme, la loi RIPA 2000 (Regulation of Investigatory Powers Act 2000) autorise les services de renseignement (GCHQ, MI5, SIS), la défense (MoD), les services de la sécurité intérieure et les douanes à intercepter toute information ou communication relative à la sauvegarde du « well-being » de l’économie du Royaume-Uni contre les intérêts des puissances étrangères[5].
En matière de coopération, Américains et Britanniques sont sur la même longueur d’ondes.
Dans le rapport du faible au fort, un lanceur d’alerte peut inverser la tendance
Entre 2010 et 2013, l’ancien agent de la CIA et contractuel de la NSA Edward Snowden, révèle au monde entier l’abus et la déviance de la section 215 du Patriot Act par la méthode SIGINT, sous l’administration de Barack Obama. À ce titre, les services de renseignement américains via la NSA ont mis en place un outil central redoutable du nom de XKEYSCORE[6] utilisant le programme PRISM[7] qui a pour objectif de surveiller massivement la population, les gouvernements ennemis mais aussi alliés, les dirigeants de grandes entreprises ; et d’exploiter les métadonnées collectées (géolocalisation, historique de navigation, historiques d’appels …). Les services de renseignement américains ont obtenu la coopération (contrainte ou consentie) des opérateurs téléphoniques, des géants du numérique et de la Silicon Valley, sous couvert de l’immunité de la FISA offerte par la section 225 du Patriot Act. Par géants du numérique, sont concernés les sociétés de télécommunication comme Verizon, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) et autres entreprises de la Tech californienne, Snap Inc (Snapchat), Twitter ou encore Reddit.
Dans ses révélations, Edward Snowden n’épargne pas le Royaume-Uni, agissant dans le cadre de l’organisation FVEY, de la loi RIPA 2000 et de XKEYSCORE. Au travers du programme TEMPORA, le GCHQ a installé un système d’interceptions électroniques sur les câbles sous-marins et réseaux de fibres optiques entrants et sortants de Grande-Bretagne. Sachant que 99% des communications mondiales affluent au travers des câbles sous-marins et que la Grande-Bretagne est le principal point d’entrée pour le continent eurasiatique, les Britanniques sont capables de capter près d’un quart des communications mondiales. Tout comme PRISM, TEMPORA collectait et stockait de grandes quantités d’informations (emails, réseaux sociaux, historiques et appels sur Internet …).[8]
La médiatisation des révélations du lanceur d’alerte a un retentissement mondial, l’opinion publique est scandalisée, les sociétés du numérique sont décrédibilisées et les services de renseignement des FVEY sont humiliés.
Une nouvelle législation impulsée par la société civile
Il aura fallu attendre 2015 après d’âpres débats entre la société civile et l’appareil législatif pour que soit signé l’USA Freedom Act[9] en remplacement du Patriot Act. Cette nouvelle loi met fin à la controversée et abusive section 215 concernant la collecte d’informations en masse. La collecte doit désormais être justifiée, interdisant le ciblage par zone géographique, par service de communication électronique ou par service informatique (Section 201). La loi impose à la FISA la désignation de personnes indépendantes, les « amicus curiae », pour examiner les demandes d’ordonnance présentant une interprétation nouvelle ou significative du droit (Section 401). De plus, le Freedom Act impose plus de transparence de la part de la FISA, qui doit fournir certaines informations au gouvernement au travers d’un reporting régulier, telles que le nombre total d’ordonnances de la FISA rendues pour la surveillance électronique, le ciblage de personnes à l'extérieur des États-Unis, les dispositifs de traçage ou les registres des détails des appels (Section 602). Enfin, la loi donne au secteur privé, les possibilités de communiquer publiquement le nombre d’ordonnances reçues de la part de la FISA (Section 603).
Cependant, les organisations de la société civile, à l’image de l’ACLU (American Civil Liberties Union)[10] estiment que cette nouvelle législation n’est pas suffisamment aboutie, dénonçant des failles à propos des fouilles clandestines et des méthodes de déchiffrement des services de renseignement autorisés par la FISA (Section 702). Alors qu’une révision du Freedom Act[11] a été engagée en octobre 2020, l’EFF (Electronic Frontier Foundation)[12] craint que les dispositions expirées (comme la section 215) ou arrivant à expiration, ne soient ré-autorisées ou prolongées par le Congrès, comme cela a déjà pu être le cas par le passé.
L’impact du Freedom Act est davantage retentissant médiatiquement que révolutionnaire dans la réforme du renseignement. En outre, étant donné que cette réforme concerne uniquement la collecte d’informations sur le territoire américain, les FVEY peuvent ainsi poursuivre leur surveillance dans le reste du monde.
Les sociétés du numérique sur la défensive et les FVEY en stratégie de contournement
Alors que les géants du numérique ont activement participé à la fourniture massive de données, ces derniers tentent de redorer leur blason face à la défiance des utilisateurs. Les sociétés du numérique recourent désormais au chiffrement des communications via les applications (telle que WhatsApp de Facebook) et les systèmes d’exploitation des smartphones (comme l’Android de Google ou l’iOS d’Apple). Depuis le scandale, de nouvelles sociétés se sont insérées sur le marché des messageries et des applications chiffrées, à l’image de Telegram, Signal ou encore Wiebo.
Toutefois, malgré l’adoption du Freedom Act, les services de renseignement s’adaptent et contournent le système de chiffrement des géants du numérique. En 2017, un ancien employé du gouvernement américain transmet à Wikileaks[13] (dossier Vault 7) une série de documents confidentiels révélant l’étendue des capacités de piratage et d’écoutes clandestines opérées par la CIA, en collaboration avec le MI5/BTSS (British Security Service) et le GCHQ. En effet, les FVEY ont développé des logiciels malveillants (backdoors, vers, virus, chevaux de Troie) capables de s’introduire dans les smartphones du monde entier en interceptant le trafic de données avant que le chiffrement ne soit appliqué. Principales cibles : Apple, Android et Samsung. Les smartphones infectés transmettent directement à la CIA les données de géolocalisation, les données texte, vidéo et audio.
En adaptant les logiciels malveillants aux appareils ciblés, la collecte de données en masse n’est finalement pas réellement abolie. En effet, en ciblant Apple et donc une certaine élite de la société mondiale mais aussi Android, plus accessible et plus populaire, les FVEY continuent d’espionner une part massive de la population mondiale. Enfin, les FVEY ont mené une opération clandestine d’attaques sur des téléviseurs intelligents Samsung. Cette intrusion permettait d’utiliser les appareils comme des mouchards transmettant les écoutes des conversations enregistrées à l’insu des propriétaires.
Ainsi, les services de renseignement contournent non seulement le Freedom Act et son système d’ordonnances FISA à destination des géants du numérique, mais aussi les solutions de chiffrement mises en œuvre par ces derniers. De plus, le développement des technologies connectées, souvent plus vulnérables en matière de cybersécurité, ouvre de nouvelles perspectives et de nouvelles opportunités aux FVEY dans leur stratégie de contournement. Dans ce bras de fer, le rapport de force semble perdu d’avance pour les géants du numérique, puisqu’en l’absence de législation contraignante pour les services de renseignement, ces derniers ne cesseront de développer de nouveaux systèmes de contournement, des « cyber armes », pour arriver à leurs fins. L’enjeu sous-jacent de ces opérations est de mettre à disposition des acteurs économiques américains, les données utiles leur procurant des avantages concurrentiels dans la guerre économique qui se joue au niveau mondial.
Marion Rey.
[2] 4ème amendement UKUSA agreement of 1955.
[3] USA Patriot Act, 2001. Uniting and strengthening America by providing appropriate tools required to intercept and obstruct terrorism.
[5] 2012 Annual Report of the Interception of Communications Commissioner.
[6] Le Monde, 2013, 2019, publié le 27 août 2013 et mis à jour le 04 juillet 2019.
[7] Wikileaks, 2015. WikiLeaks release : June 29, 2015.
[8] The Guardian, 2013. E. MacAskill, J. Borger, N. Hopkins, N. Davies et J. Ball, GCHQ taps fibre-optic cables for secret access to world's communications, 21 juin 2013.
[9] Uniting and strengthening America by fulfilling rights and ensuring effective discipline over monitoring Act of 2015.
[10] Lettre au Washington Legislative Office, 29 avril 2015.
[11] USA Freedom Reauthorization Act of 2020
[13] Wikileaks, Vault 7: CIA Hacking Tools Revealed, 7 mars 2017.
Marion REY
Promotion SIE 24
Formation Initiale MBA Stratégie et Intelligence Economique - SIE
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09:29 Publié dans Actualité, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, québec, canada, mathieu bock-côté, entretien | |
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Mathieu Bock-Côté : Théoriquement, mais je dis bien, théoriquement, l’université devrait être le lieu du libre examen de toutes les idées, de tous les problèmes, sous le signe d’un savoir qui se sait par définition inachevé, qui n’a jamais la prétention d’être une vérité révélée, définitive, incontestable. Si elle était fidèle à elle-même, elle verrait dans la curiosité intellectuelle une authentique vertu philosophique. Telle n’est pas la réalité, hélas. En philosophie politique comme en sciences sociales, certaines tendances idéologiques qui ne veulent pas se reconnaître comme telles sont absolument hégémoniques et dominent complètement la vie académique. Elles travaillent à exclure ceux qui ne s’y reconnaissent pas et plus encore, ceux qui les défient, en les transformant en parias académiques. De manière plus large, il faudrait parler de l’idéologisation des sciences sociales, qui paradoxalement, prétendent plus que jamais se conformer à une exigence de scientificité tout en contribuant à la normalisation théorique d’abracadabrantes lubies. Ne nous laissons pas bluffer.
N’oublions pas non plus le rôle de certains groupuscules étudiants associés à l’ultragauche ou à certaines franges extrêmes de « l’antiracisme » ou du « féminisme » qui entendent encadrer la parole sur les campus, en distinguant ceux qui ont le droit de s’exprimer et ceux qui ne l’ont pas. De leur point de vue, la liberté d’expression n’est qu’une ruse « conservatrice » servant à légitimer l’expression de propos haineux ou discriminatoires — c’est ainsi qu’ils ont tendance à se représenter tous les discours qui s’opposent à eux frontalement. Ces groupuscules au comportement milicien n’hésitent pas à verser dans la violence, et pas que verbale, et cela, avec la complaisance d’une partie du corps professoral, qui s’enthousiasme de cette lutte contre les « réactionnaires » et autres vilains. Ils entrainent avec eux des étudiants emportés par une forme d’hystérie collective dont les manifestations font penser à la scène des deux minutes de la haine chez Orwell. Nous pourrions parler d’ivresse idéologique : des idées trop vite ingérées et mal comprises montent à la tête de jeunes personnes qui se transforment en vrais fanatiques.
On comprend, dès lors que l’université est de plus en plus hostile à un authentique pluralisme intellectuel. Cela ne veut pas dire qu’on ne trouve pas de nombreux professeurs qui font un travail admirable, dans le domaine qui est le leur, mais que certaines questions jugées sensibles seront laissées de côté, tant le prix à payer est élevé pour les explorer librement. Évidemment, certains parviennent à se faufiler dans ce système de plus en plus contraignant. Convenons qu’ils ne sont pas si nombreux et qu’ils le seront de moins en moins. Et les jeunes chercheurs qui entrent dans la carrière comprennent vite quelle posture adopter s’ils veulent être admis dans l’institution. Certaines adoptent des positions qui ne sont pas vraiment les leurs, dans l’espoir de donner des gages idéologiques pour favoriser leur reconnaissance institutionnelle. Ils se croient rusés, mais à force de faire semblant, ils finissent par croire à ce qu’ils disent et se laisser piéger par leur propre stratégie. Il vaudrait la peine de relire La pensée captive de Czeslaw Milosz sur la schizophrénie propre aux milieux intellectuels dans les régimes idéocratiques.
Campus Vox : Vous avez écrit un ouvrage sur « l’Empire du politiquement correct » et vous dénoncez au Québec la culture victimaire et les fables des oppressions, pensez-vous que cette culture soit aussi présente en France ?
Mathieu Bock-Côté : Je la dénonce au Québec, certes, mais comme vous l’aurez noté dans mon livre, je la dénonce en France et ailleurs dans le monde. Aucune société occidentale ne me semble épargnée par cette tendance : c’est en se présentant comme la victime du grand méchant homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans qu’on peut accéder à l’espace public aujourd’hui et y obtenir une position favorable, symboliquement privilégiée. Contre lui, tout est permis : il incarne le mal dans l’histoire. Il faut en finir avec lui en démantelant ses privilèges pour qu’un nouveau monde lavé de ses péchés advienne, en renaissant à travers une diversité sacralisée. Il y a une prime à la revendication minoritaire, pour peu qu’elle participe à la dénonciation rituelle d’une civilisation décrétée raciste, sexiste, homophobe, transphobe et ainsi de suite. Chez vous, par exemple, le discours indigéniste se normalise de plus en plus dans le langage médiatique, il se banalise, et à travers lui, on assiste à la racialisation des rapports sociaux, comme on le voit avec cette effrayante manie qui se veut aujourd’hui progressiste de ramener les individus à la couleur de leur peau en les classant dans une petite catégorie identitaire dont ils ne pourront tout simplement plus s’extraire. Mais il n’est pas présent qu’aux extrêmes : certaines figures politiques associées à la majorité présidentielle, en France, parlent ce langage et le placent au cœur de ce qu’on appelle le progressisme.
Campus Vox : Vous évoquez souvent le déconstructivisme, en quoi cette idéologie peut tuer l’université française ?
Mathieu Bock-Côté : Il y a dans la logique déconstructrice une forme de tentation du néant. Elle décrète, en fait, que le réel n’existe pas, que le monde n’est que discours. Il y aurait une plasticité infinie de la matière sociale. On comprend l’idée : si tout peut être déconstruit, tout peut être reconstruit, à partir d’un autre plan. Nous retrouvons la matrice de l’utopisme, à l’origine du totalitarisme. On peut ainsi soumettre le monde à ses fantasmes. Le constructivisme prépare théoriquement le terrain à une ingénierie sociale de plus en plus ambitieuse et militante. C’est dans cet esprit qu’on en trouve plusieurs, aujourd’hui, pour contester l’existence de l’homme et de la femme, non seulement en rappelant que la signification du masculin et du féminin ont évolué à travers l’histoire, ce qui est incontestable, mais en cherchant à nier l’empreinte même de la nature sur la culture. Et ceux qui refusent de se soumettre à ce discours sont suspectés d’obscurantisme. Comment ne pas voir là une forme de lyssenkisme ? Le réel n’existe plus, c’est même une catégorie réactionnaire, puisqu’il vient limiter la prétention des idéologues à soumettre l’entièreté de la société à leur vision du monde. Il n’est plus possible de chercher à dégager des invariants anthropologiques : ceux qui relèveraient de la terrible pensée de droite ! De ce point de vue, derrière le constructivisme, on trouve un impensé religieux : celui d’idéologues qui se croient démiurges et qui veulent avoir le pouvoir de décréer le monde pour ensuite le recréer dans un acte de pure volonté.
Ajoutons, puisque ce n’est pas un détail, que cela contribue à un terrible appauvrissement théorique des sciences sociales en général et de la sociologie en particulier, dans la mesure où elle ne sait rien faire d’autre que déconstruire, toujours déconstruire, tout déconstruire. Elle en devient terriblement lassante en plus de ne plus rien parvenir à expliquer.
Campus Vox : Dans une de nos vidéos on voit un jeune militant communiste invectiver un jeune militant de la cocarde en lui disant : « vous êtes pour le mérite », comment en est-on arrivé là ?
Mathieu Bock-Côté : Pour certains, le mérite est une fiction libérale cherchant à normaliser sous le signe du succès individuel la reproduction de rapports de pouvoir entre groupes antagonistes, en lutte au sein d’une structure de domination qui avantage les uns et désavantage les autres. Nous retrouvons ici une forme de marxisme primaire, qui pense les rapports sociaux sous le signe d’une guerre civile plus ou moins maquillée par le droit. Dans cette logique, l’individu avec ses efforts, son travail, ses talents, ses limites, n’existe tout simplement plus, et il faut déconstruire la possibilité même de son émancipation, qui serait toujours illusoire, sauf dans certains cas marginaux, insignifiants statistiquement. À cela, il faut répondre simplement en rappelant que la réalité sociale ne se laisse pas comprimer dans une telle théorie et que si nul ne conteste l’existence des déterminants sociaux sur l’existence humaine, il est insensé de postuler qu’ils l’écrasent totalement, surtout dans une société démocratique. Le mérite est l’autre nom donné à la possibilité pour l’individu d’avoir une certaine emprise sur son destin et de s’accomplir. Une société qui congédie cette idée, qui la décrète impossible, fait le choix d’abolir l’individu et la possibilité de son émancipation. Dans le cas de la France, cela consisterait aussi à abolir la meilleure part de l’idéal républicain.
Campus Vox : Il y a peu l’université française était encore épargnée par les dérives des universités nord-américaines, notamment racialistes. On voit bien dans le travail de recherche que l’on a mené et par les témoignages des étudiants que les ateliers non mixtes, les problématiques de races arrivent en force au cœur de l’université, l’exception universaliste française n’est-elle plus qu’un rêve ?
Mathieu Bock-Côté : L’université française était-elle autant épargnée qu’on l’a dit ? Une chose est certaine, la vie intellectuelle française n’était pas épargnée par le sectarisme. Il suffirait de se rappeler l’histoire de l’hégémonie idéologique du marxisme, d’abord, puis du post-marxisme, dans la deuxième moitié du XXe siècle, pour s’en convaincre. Cela dit, il est vrai que la France est aujourd’hui victime d’une forme de colonisation idéologique américaine — on le voit par exemple avec l’application systématique sur la situation des banlieues issues de l’immigration de grilles d’analyse élaborées pour penser la situation des Noirs américains, comme si les deux étaient comparables ou interchangeables. La sociologie décoloniale s’autorise cette analyse dans la mesure où elle racialise les rapports sociaux, évidemment.
La France, plutôt que de devenir une province idéologique de l’empire américain, devrait plutôt chercher à préserver sa singularité — sa remarquable singularité. La France a sa propre manière de penser la culture commune, la nation, les rapports entre les sexes, et tant d’autres domaines de l’existence humaine. Mais ne nous trompons pas : l’universalisme français est un particularisme inconscient de l’être. L’idée que la France se fait de l’universel est liée à son histoire, et plus particulièrement, à l’identité française — chaque peuple, en fait, élabore sa propre idée de l’universel. Il nous faudrait retrouver une certaine idée de la diversité du monde, en nous rappelant que les peuples ne sont pas des populations interchangeables et qu’on ne saurait voir dans les cultures des amas de coutumes superficielles, ne modelant pas en profondeur les comportements sociaux.
Campus Vox : On a vu récemment Caroline Fourest dénoncer cette nouvelle « génération offensée », peut-on dire qu’il y ait une prise de conscience en France de ces nouveaux phénomènes ?
Mathieu Bock-Côté : Cela fait des années que ceux qu’on appelle les conservateurs (mais pas seulement eux) tiennent tête au politiquement correct et il est heureux de voir qu’ils ont du renfort. Jacques Parizeau, l’ancien Premier ministre du Québec, disait, à propos de ceux qui rejoignaient le mouvement indépendantiste : « que le dernier entré laisse la porte ouverte s’il vous plaît ». Les conservateurs peuvent dire la même chose dans leur combat contre le régime diversitaire. L’enjeu est historique : il s’agit de préserver aujourd’hui la possibilité même du débat public en rappelant que le pluralisme intellectuel ne consiste pas à diverger dans l’interprétation d’un même dogme, mais dans la capacité de faire débattre des visions fondamentalement contradictoires qui reconnaissent néanmoins mutuellement leur légitimité. Ce n’est qu’ainsi qu’on pourra tenir tête à la tyrannie des offensés qui entendent soumettre la vie publique à leur sensibilité, et qui souhaitent transformer tout ce qui les indigne en blasphème. La France n’est pas épargnée par le politiquement correct, mais elle y résiste, en bonne partie, justement, parce qu’elle dispose d’un espace intellectuel autonome d’un système universitaire idéologiquement sclérosé. On peut croire aussi que la culture du débat au cœur de l’espace public français contribue à cette résistance. C’est en puisant dans leur propre culture que les Français trouveront la force et les moyens de résister au politiquement correct
08:37 Publié dans Actualité, Entretiens, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : canada, québec, mathieu bock-côté, entretien, théorie politique, politologie, sciences politiques, philosophie politique | |
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Il existe probablement autant de définitions du concept de droite qu’il existe de personnes s’en revendiquant. Tous ont leur propre opinion sur ce que signifie être de droite, ce qui ultimement, mène à une division de la droite que la gauche ne semble pas connaître. L’indépendance d’esprit est certes une qualité, et il faut rejeter le rigorisme propre au camp de la gauche, mais celle-ci ne devrait pas nuire à une certaine forme d’unité.
Pour parvenir à rallier la droite sous une même bannière, le jeune Louis Le Carpentier, auteur sérieux qui nous a déjà gratifiés de quelques ouvrages chez Reconquista Press, vient de produire L’esprit de droite.
D’abord, il définit la droite comme étant animée par trois grandes idées phares, soit les « valeurs familiales », l’« esprit d’entreprise » et l’« identité nationale ». Ce sont là pour lui les trois impondérables qui définissent la pensée de droite, « radicalement – c’est-à-dire dans sa racine -, conservatrice, entreprenaliste, et nationaliste ». Les divisions actuelles proviennent quant à lui du fait que certains courants mettent davantage l’emphase sur une de ces valeurs, au détriment des deux autres.
Dans son court ouvrage, facile à lire et à digérer, Le Carpentier nous offre un portrait de l’homme de droite. En fait, à bien le lire, ce n’est pas tant une description de ce qu’est l’homme de droite, mais de ce qu’il devrait être. Il nous propose ainsi un guide du « comment être un homme de droite conséquent » ou même simplement « comment être un homme d’honneur dans ce monde sans honneur ».
Il préconise, à l’instar de Dominique Venner, le stoïcisme comme façon d’être. Du côté des valeurs, il met en avant la vertu, le respect de la hiérarchie, la liberté, mais assujettie aux devoirs, car ceux-ci l’emportent sur les droits. On le comprend, ce que Louis Le Carpentier nous exhorte de faire, c’est de devenir des paladins modernes, des chevaliers, preux et sans reproches.
En fin d’ouvrage, il nous présente aussi brièvement un court traité philosophique – qui tranche avec la lourdeur habituelle des travaux de ce genre – qui permet de démonter en quelques pages les sophismes de la démocratie et du progressisme. On ressent bien l’influence thomiste de ce penseur pour qui le bien commun prime tout.
Seulement, peut-être parce que je ne me suis jamais qualifié de droite et que ce n’est pas là une position stratégique ou esthétique, quelques points me semblent pour le moins discutables. À mes yeux, son attachement à l’impérialisme, au colonialisme et à la libre entreprise me semble non seulement dépassé, mais aussi non-désirable en soi. Par exemple, le colonialisme a toujours mené à des catastrophes, car la démographie l’a toujours emporté sur les autres considérations comme le pouvoir politique. De même, la libre entreprise n’est pas le modèle le plus humain de concevoir l’économie, de nombreuses alternatives, comme la gestion de l’offre notamment ou les coopératives, existent, il faut simplement s’y intéresser.
Malgré ces critiques, il n’en demeure pas moins que cet ouvrage tombe à point nommé. Avec le confinement, nous sommes seuls avec nous-mêmes et justement, Louis Le Carpentier nous offre, tel un philosophe brandissant un miroir, une occasion unique d’introspection, car avant de changer le monde, il faut d’abord être en mesure de se changer soi-même.
Louis Le Carpentier, L’esprit de droite, Reconquista Press, 2020.
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Le gouvernement du Québec envisage de doter les citoyens d’une identité numérique.
C’est une énorme nouvelle pour le Québec et pourtant, peu de médias l’ont abordée, et moins encore ont analysé ce qu’elle impliquait pour le peuple, pour ses libertés.
Dès 2021, soit dans environ un an, les Québécois seront munis d’une « identité numérique » remplaçant le permis de conduire, la carte d’assurance maladie, le certificat de naissance, etc. Pour l’instant les modalités exactes ne sont pas encore connues, mais la biométrie, comme la reconnaissance des empreintes digitales, pourrait être employée pour l’identification des citoyens qui devront se munir de l’application gouvernementale sur leur téléphone intelligent. Et ceux qui n’en ont pas ? Difficile de savoir ce qui va se passer avec eux.
Toujours est-il que le gouvernement aura dès lors les outils pour tout savoir sur un citoyen, de son emploi à son relevé de conduite, en passant par ses problèmes de santé et ce de façon centralisée. Un esprit mal tourné pourrait même s’imaginer que dans le futur, une autre administration pourrait décider d’ajouter d’autres types d’informations sur le citoyen, comme ses activités en ligne ou autre.
Pour justifier une telle mesure, le gouvernement met paradoxalement en avant la protection de la vie privée et la lutte contre les fraudeurs et les voleurs d’identité, véritable fléau moderne. Mais comme on le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le dispositif totalitaire qui se met en place sous le couvert de nous protéger risque d’avoir des effets dramatiques. « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux », écrivait prophétiquement Benjamin Franklin un des pères fondateurs des États-Unis.
Il est d’ailleurs fort probable que le peuple n’ait pas d’avantage de sécurité en échange de cette entrave à sa liberté. La multiplication des caméras de surveillance dans l’espace public n’a pas ralenti la progression du crime dans les métropoles, comme vous le confirmeront les Torontois et les Montréalais. Les criminels ont toujours une longueur d’avance sur les nouvelles technologies et ce n’est que le pauvre peuple qui paie ses impôts et tente de s’en sortir en suivant la loi qui se retrouve suivi et traqué. C’est la mise en place de l’État tyranno-anarchique envisagé par le penseur américain Sam Francis.
D’autant plus que si l’on y pense bien, le numérique est le règne des pirates et des fraudeurs. Capital One et Desjardins, deux banques fort réputées qui avaient un système de sécurité considéré infaillible, ont vu leurs données numériques transmises frauduleusement à des criminels. Comment pourra-t-on s’assurer que les données numériques sont réellement protégées, alors qu’on sait que rien de numérique n’est véritablement à l’abri des cracks de l’informatique qui trouvent toujours une porte d’entrée pour accéder à ce qu’ils désirent. On peut donc craindre que ces données ne soient un jour accessibles aux bandits, à cause d’une faille informatique ou simplement d’une fuite interne, comme dans le cas de Desjardins. Peut-être que via cette banque d’identités certains parviendront même à changer des données biométriques directement à la source et à voler une identité de façon irrémédiable.
Enfin, beaucoup de questions sont en suspens par rapport à cette nouvelle identité, mais a priori cette nouvelle identité numérique n’augure rien de bon !
Rémi Tremblay
• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 29 décembre 2019.
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En Amérique, tant au Canada qu’aux États-Unis, l’immigration illégale – ou les « migrations irrégulières » pour employer le novlange d’Ottawa – défraie les manchettes depuis quelques années.
Au sud du 51e parallèle, l’immigration illégale, principalement en provenance des pays de l’Amérique latine, est un phénomène majeur, mais ne date pas d’hier, contrairement au Canada où c’est le fameux Tweet « Bienvenue au Canada » lancé par Justin Trudeau sur le réseau social Twitter qui a enclenché le phénomène à l’hiver 2017.
Depuis, ce sont des dizaines de milliers de clandestins qui ont franchi la frontière américano-canadienne pour être accueillis à bras ouverts par les autorités canadiennes. C’est énorme pour une population comme celle du Canada, bien que le phénomène soit beaucoup moins important qu’aux États-Unis où les clandestins sont au minimum 10 millions selon le Pew Research Center qui présente un nombre probablement bien en deçà de la réalité.
La volonté de Donald Trump de bâtir un mur entre le Mexique et les États-Unis et d’appliquer une ligne dure envers l’immigration illégale explique en partie son élection à la Maison Blanche et a eu un impact beaucoup plus important qu’une quelconque intervention russe.
Au Canada, la campagne électorale n’a pas encore été officiellement déclenchée, mais déjà le conservateur Andrew Scheer, le principal adversaire de Trudeau fils, attaque le premier ministre sur cet enjeu qui risque de devenir un élément marquant de sa campagne.
Mais le problème avec cet enjeu est qu’il reste relativement secondaire. Certes, il va de soi qu’un gouvernement doit contrôler ses frontières, ce qui est la base même de toute souveraineté. Il est aussi crucial que dans un État de droit, une démocratie libérale comme les États-Unis et le Canada, les règles soient respectées. Ces pays ont renié toute identité nationale ou ethnique; l’appartenance au pays nécessite une adhésion à ses lois et institutions.
C’est la seule façon dont ces états de plus en plus artificiels, car de plus en plus coupés de leur identité nationale et ethnique au profit d’une approche inclusive, peuvent perdurer.
Mais ce n’est justement pas les institutions et l’État qu’il faut préserver, mais la nation, le peuple qui est à son origine. Les institutions peuvent changer, l’État peut s’écrouler, peu importe, tant que la nation survit. L’exemple russe qui a connu le régime tsariste, la révolution, la tyrannie et la violence avant de renaître de ses cendres nous le démontre bien. Et quand on parle de survie nationale, ce n’est pas l’immigration illégale et statistiquement marginale qui importe, mais l’immigration de masse, tout à fait légale qui est orchestrée par les élites.
Le Grand Remplacement ne se fait pas de façon clandestine et illégale, mais bien au grand jour à travers l’immigration de masse. Au Canada, celle-ci a explosé, passant d’un niveau ingérable d’un quart de million de nouveaux venus annuellement pour une population totale de moins de 40 millions à un tiers de million chaque année et les chiffres continuent de grimper. C’est là le véritable enjeu. Les quelques milliers qui parviennent à entrer au pays ne représentent qu’une goutte d’eau dans le tsunami migratoire que nous impose Trudeau.
Si les Conservateurs voulaient vraiment enrayer le Grand Remplacement, ils s’attelleraient tout de suite à ce dossier. Mais voilà, ce n’est pas ce qu’ils souhaitent.
Rémi Tremblay
• D’abord mis en ligne sur Euro-Libertés, le 19 juin 2019.
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Lundi, le 1er octobre, a pavé la voie à un changement drastique du paradigme québécois. Le peuple québécois s’était habitué à un régime parlementaire favorisant un duopole et voilà que la table vient d’être renversée. Une nouvelle formation politique, vieille d’à peine une décennie, aura fait voler en éclats ce régime datant des années 1970.
L’alternance socialo-libérale vole en éclat
En effet, le Parti Libéral du Québec (PLQ), équivalent à l’ancienne UMP française, et le Parti Québécois (PQ), succursale du Parti socialiste en Amérique du Nord, ont dû concéder la victoire à un outsider qui, tel un bateleur, a réussi à brasser les cartes au point que même les médias de l’oligarchie semblent pris au dépourvu.
La CAQ de François Legault, ancien ministre péquiste (PQ) et cofondateur de la compagnie aérienne Air Transat, vient de remporter 74 sièges sur les 125 que compte l’Assemblée nationale du Québec; ce qui lui permettra de former un gouvernement majoritaire. Il s’agit d’un véritable exploit pour celui qui – malgré le fait de s’être lancé en politique il y a vingt ans – a dû attendre novembre 2011 afin d’être en mesure de prendre les rênes de cette coalition dont il avait été le fondateur.
Un rebond politique inespéré
Manifestement surpris par les résultats d’une course qui s’annonçait beaucoup plus serrée, après 39 jours de rebondissements, François Legault semble déterminé à profiter de ce mandat sans équivoque pour « bâtir ensemble un Québec plus fort, un Québec plus fier ! », pour reprendre ses mots de la fin de la soirée électorale. Cette victoire pourrait se comparer à l’élection (hypothétique) d’un Nicolas Dupont-Aignan envers et contre toutes les forces coalisées de la Macronnerie au grand complet !
Redonner du coffre à l’état québécois
Se réclamant d’une certaine forme d’autonomisme, la formation de François Legault pourrait être qualifiée de droite, dans le sens où l’ancienne nomenclature avait l’habitude de cataloguer les divers curseurs d’un spectre politique correspondant aux démocraties libérales d’après-guerre. Prenant acte de la dénatalité, de la difficulté de contenir les flux migratoires ou de l’appauvrissement des régions éloignées du Québec, cette jeune formation politique ambitionne de mettre un terme à ce qui s’apparente à une hémorragie en bonne et due forme.
Reprendre en main notre souveraineté alimentaire
D’entrée de jeu, le nouveau premier ministre désigné devra s’entretenir avec la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, à propos d’un nouvel Accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique qui a manifestement été bâclé par les négociateurs de l’équipe Trudeau. Le Canada a pratiquement sacrifié la gestion de l’offre des produits laitiers sur l’autel de ce nouveau partenariat qui semble avoir été taillé sur mesure pour favoriser les producteurs américains.
Furieux d’avoir été traités comme de la monnaie d’échange, les producteurs laitiers québécois, de même qu’une part croissante du monde agricole, exigent que le gouvernement provincial s’interpose afin que soient apportées des modifications à cette version 2.0 d’un accord de libre-échange définitivement inique pour les artisans québécois.
Le président général de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), Marcel Groleau, poussait les hauts cris le 30 septembre dernier … à quelques heures des résultats des négociations de l’Alena et des élections provinciales. Manifestement crédule, le principal intéressé y est allé de ses lamentations : « le gouvernement du Canada doit résister aux demandes injustifiées des États-Unis et continuer de refuser toute concession dans les secteurs sous gestion de l’offre. Nos producteurs n’ont pas à faire les frais de chaque négociation commerciale. Ça suffit ! »
Hélas, pour Monsieur Groleau, le Canada est pratiquement en train de liquider toute sa souveraineté alimentaire afin de protéger des marchés de l’automobile qui seront, de toute façon, éventuellement sacrifiés au profit du Mexique qui est devenu le sous-traitant numéro un des États-Unis. Qui plus est, le Canada, tel que s’en est confessé le premier ministre Justin Trudeau, lors de son passage de la semaine dernière au Council on Foreign Relations, à New York, met le cap sur le développement de l’intelligence artificielle et des nouvelles technologies de l’information, au détriment de ses anciens secteurs de compétence. Peu importe si la souveraineté alimentaire et l’indépendance du complexe industriel sont remises en cause. Justin Trudeau, fidèle à l’œuvre initiatique de son paternel, s’apprête à pulvériser la souveraineté canadienne.
Les ménages canadiens n’ont plus de pouvoir d’achat
Beaucoup d’Européens s’imaginent que le Canada est un pays de Cocagne, avec des richesses naturelles illimitées, un niveau de vie mirobolant et une diversité culturelle bien assortie à un modèle de société favorisant l’épanouissement de la personne. Tout cela s’apparente à un conte de fées, alors que le Québec compte plus d’un million d’analphabètes et que sa métropole, Montréal, laisse pratiquement mourir de faim plus de 300 000 personnes, alors que près de 50 000 itinérants déambulent dans les rues d’une métropole de moins de 2 millions de personnes. Le Québec représente l’état nord-américain où les contribuables sont les plus taxés et une province où l’éducation connaît des ratés alors que près de la moitié des garçons ne parviennent toujours pas à terminer leurs études secondaires.
Revoir la fiscalité québécoise
François Legault et sa formation ont, d’ailleurs, promis à plusieurs reprises de revoir la fiscalité québécoise afin d’aider les familles à reprendre leur souffle. Par ailleurs, histoire de désengorger le réseau des garderies pour la petite-enfance, la formation caquiste est disposée à s’asseoir avec les partis de l’opposition afin de discuter de l’implantation d’un nouveau concept de maternelles dédiées aux enfants de 4 ans. On espère, de la sorte, mieux préparer les enfants à la rentrée scolaire du primaire.
Toujours au chapitre de la famille, la CAQ entend implanter un nouveau système d’allocation familiale spécialement conçu pour les familles gagnant 107 000 $ ou moins, cela afin d’aider à combattre un phénomène de dénatalité qui peut se comparer à celui qui gangrène l’Europe. Cette aide financière d’appoint serait accordée à compter de la naissance d’un deuxième enfant et pourrait être substantiellement bonifiée en ce qui concerne les familles de trois enfants.
Restreindre l’immigration de masse
La CAQ, que les ténors de la gauche québécoise ont souvent comparée au Front National de Marine Le Pen, n’a pas caché ses ambitions de faire diminuer les taux d’une immigration qui atteint les 55 000 entrées pour la seule province du Québec, une situation qui fait que les francophones d’Amérique subissent une pression migratoire qui est, toutes proportions gardées, deux fois supérieure à celle qui afflige la France au moment de composer notre analyse. Reste à voir si le nouveau gouvernement de François Legault sera fidèle à sa promesse de faire diminuer à 40 000 entrées cette immigration dont beaucoup de ressortissants finissent par quitter le Québec dans les cinq années suivant leur admission. L’idée étant de pouvoir retenir un maximum de ses nouveaux arrivants, histoire de mieux les intégrer et de parvenir à diriger les flux migratoires en direction de certaines régions qui peuvent éprouver un déficit en matière de main d’œuvre.
Réformer le mode de scrutin
Un peu en harmonie avec une certaine mouvance patriote et nationaliste, ce nouveau gouvernement promet de réformer le mode de scrutin québécois. Province francophone d’un Dominion toujours rattaché à la Couronne britannique et, ne l’oublions pas, à la City de Londres, le Québec vit sous la férule d’un régime parlementaire de type britannique et d’une constitution, rapatriée par Trudeau Père en 1981, qu’il n’a toujours pas signée. Le mode de scrutin n’est absolument pas proportionnel chez nous, ce qui fait que les petits partis sont sous-représentés en termes de député et ce modus operandi fait en sorte de favoriser les grands partis qui en profitent pour régner sur des comtés qui constituent autant de places fortes qu’il convient de conserver dans son trésor de guerre.
Conscient qu’il a réussi à imposer son tempo en contournant ce mode de scrutin, François Legault ne peut pas trahir la promesse qu’il a faite à l’effet de réformer notre mode de scrutin afin d’y incorporer plus de proportionnalité. Toutefois, le principal intéressé sait fort bien que la mise en œuvre de cette importante réforme, qui a été réclamée par plusieurs partis, pourrait lui causer des problèmes lorsque viendra le temps de briguer un deuxième mandat en qualité de gouvernement majoritaire. On suppose qu’il parviendra à « temporiser », pour parler comme un politologue, histoire de pouvoir survivre à sa propre réforme.
Reprendre les négociations constitutionnelles
François Legault a déjà occupé le marocain d’un ministre au sein du Parti Québécois, à une époque où cette formation défendait encore, avec une certaine vigueur, le pré carré du Québec face aux empiétements répétés du fédéral dans ses platebandes. Ayant fait son deuil d’un quelconque projet d’indépendance, le principal intéressé entend reprendre le bâton de pèlerin pour ce qui est de défendre les prérogatives constitutionnelles qui reviennent au Québec.
Plusieurs analystes n’ont pas hésité à comparer celui qui se déclare autonomiste à feu Maurice Duplessis, l’homme fort du Québec durant les années 1940 et 1950. On se rappellera que Duplessis avait, bien avant la fameuse « Révolution tranquille » entrepris de nationaliser une première portion des centrales de production hydroélectrique du Québec et qu’il a institué l’impôt québécois sur le revenu, tel que nous le connaissons actuellement.
Comme le rappelait Robert Comeau, dans un article d’opinion, mis en ligne par le quotidien Le Devoir en 2004 : « face à l’étranglement financier dont le gouvernement du Québec fut victime en 1939, Duplessis, à son retour en politique en 1944, fit de l’autonomie fiscale une priorité. Il refusa en 1951 que le fédéral finance les universités québécoises et mit en place la commission Tremblay en 1953 pour dénoncer les ingérences fédérales dans le domaine des compétences du Québec ».
Ainsi donc, le Québec n’a jamais plus cessé de se battre afin de récupérer des leviers fiscaux susceptibles de lui accorder une certaine autonomie dans des secteurs tels que l’éducation ou la santé. Le Québec est, ne l’oublions pas, la seule province à s’être dotée d’une loi de l’impôt sur le revenu complète (la Loi sur les impôts) bien que calquée dans sa plus grande partie sur la loi fédérale.
Actuellement, c’est surtout au niveau des accommodements religieux que le bât blesse, dans un contexte où la doctrine d’état canadien fait grand cas d’un multiculturalisme qui favorise la balkanisation de la société au grand complet. La population québécoise, consciente de sa position minoritaire dans l’ensemble nord-américain, ne souhaite pas jouer à un jeu des accommodements raisonnables qui contribue, inexorablement, à donner des munitions à des revendications ethniques minoritaires qui servent de cheval de Troie.
À l’instar de la Suisse, qui a déjà légiféré sur la question des minarets dans le paysage national, une majorité de citoyens québécois aimerait que la diversité culturelle issue de l’immigration soit contrainte à une certaine forme d’intégration. C’est, d’ailleurs, ce qui pousse François Legault à brandir la menace d’utiliser la clause nonobstant – ou clause dite dérogatoire – afin de permettre au Québec de se soustraire à certaines dispositions de la Charte des droits et libertés enchâssée dans la Constitution canadienne afin d’interdire le port de signes religieux au sein de la fonction publique. Ici, le nouveau gouvernement caquiste risque de se frotter, assez rapidement, à des mouvements de contestation et des recours qui ne manqueront pas d’être intentés par certaines associations communautaires.
Si le Québec n’est toujours pas en bonne position afin que soit rouverte la Constitution canadienne de 1982, il dispose néanmoins de plusieurs dispositions et autres recours légaux qui sont susceptibles de lui permettre de récupérer de nouveaux leviers administratifs.
Le gouvernement fédéral risque d’être affaibli
In fine, le nouveau gouvernement de François Legault, outre qu’il jouira d’un mandat majoritaire, peut conter sur la division du vote et l’affaiblissement de la classe politique canadienne au niveau du palier fédéral. En effet, le gouvernement Trudeau multiplie les gaffes et n’arrive plus à protéger ses acquis, alors que les Américains viennent d’imposer les termes d’un accord sur le libre-échange (Alena) qui place le Canada dans une posture plus que précaire. Les velléités autonomistes de l’ouest du Canada risquent fort de reprendre du tonus et le premier ministre Justin Trudeau pourrait bien ne plus pouvoir compter que sur l’Ontario comme bastion électoral. Et, encore …
Le Parti conservateur du Canada (PC), qui avait le vent dans les voiles, occupe le strapontin d’une opposition affaiblie depuis qu’une de ses étoiles, le Québécois Maxime Bernier, a claqué la porte en promettant de fonder son propre parti. Qui plus est, malgré le handicap d’un chef qui n’arrive pas à faire consensus, le Nouveau Parti Démocratique (NPD), formation véritablement associée à l’Internationale socialiste, parvient à fédérer une part importante du mécontentement chez les classes laborieuses au pays. Toute cette division du vote risque fort de favoriser l’élection d’un gouvernement minoritaire aux prochaines élections fédérales de 2019. Une situation qui pourrait faire en sorte que le Québec tire son épingle du jeu et parvienne à imposer ses propres intérêts. Une première depuis plus d’un demi-siècle.
10:24 Publié dans Actualité, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, amérique du nord, canada, québec, élections québécoises, actualité, politique | |
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Ex: http://www.europemaxima.com
L’Accord économique et commercial global conclu entre le Canada et l’Union pseudo-européenne, plus connu sous ses initiales anglophones de CETA, est entré en vigueur le 21 septembre dernier alors que les parlements nationaux, voire les assemblées régionales, des États membres ne l’ont pas encore entériné. Le CETA s’appliquerait-il ainsi sans la moindre approbation légale ? La réponse est plus complexe dans les faits.La ratification de ce traité de libre-échange s’effectue en réalité en deux temps. Le 15 février dernier, le Parlement européen le ratifiait par 408 voix (venus des bancs socialistes, libéraux, centristes et conservateurs) contre 254 et 33 abstentions. Adopté, le traité s’applique dès à présent uniquement en ce qui concerne les compétences exclusives de l’Union dite européenne. Ce n’est qu’une ratification partielle, car les clauses portant sur les compétences partagées entre Bruxelles et les États membres (ou même leurs régions autonomes ou fédérées) ne peuvent pour l’instant entrer en vigueur, faute d’approbation parlementaire.
Il y a un an, en octobre 2016, la région Wallonie alors dirigée par les socialistes s’élevait contre ce traité pendant une semaine ! Puis, fidèles à leur couardise, les socialistes wallons capitulèrent en rase campagne. La procédure de ratification a dès à présent commencé avec l’acceptation du Congrès des députés d’Espagne, de la Croatie et de la Lettonie. Elle va continuer sans trop de résistances parlementaires. En effet, sur ce point précis, les quatre États du fameux Groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie) n’éprouvent aucune réticence à entériner ce document de 2 344 pages.
Le CETA aurait dû susciter en France l’indignation non seulement des élus de l’« Hexagone asservi » du camarade Mélenchon, mais aussi la colère d’un Front national en proie à de vives querelles internes. Pour la circonstance, « marinistes », « philippotistes », « marionistes » et « jean-maristes » auraient pu se retrouver contre un traité abject qui va ruiner l’agriculture européenne, polluer notre alimentation et favoriser les firmes transnationales. Mais pour cela, il eût fallu à ce parti politique une authentique fibre sociale-identitaire. Encore une occasion ratée !
Georges Feltin-Tracol
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 49, diffusée sur Radio-Libertés, le 20 octobre 2017.
11:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, europe, affaires européennes, politique internationale, canada, ceta, union européenne, traité transatlantique | |
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Ex: http://www.lesobservateurs.ch
Le multiculturalisme est apparu au mitan du xxee siècle comme une révélation. Il ne prétend pas améliorer la société, mais la démanteler pour la reconstruire radicalement selon une nouvelle anthropologie. Ce en quoi il est aussi une eschatologie : il y a le monde d’avant, coupable de péchés indélébiles contre la diversité, et le monde d’après, qui tend vers le paradis diversitaire et transnational, étape ultime de l’aventure humaine et seul visage possible de la modernité.
Selon les tables de la loi multiculturelle, les vieilles institutions sociales doivent s’effacer au profit des revendications exprimées par tous les « exclus » de la terre qui se trouvent parés, en tant que tels, de l’aura christique des réprouvés.
De là découle une conception particulière de l’affrontement politique. Car les grands prêtres du multiculturalisme ne conçoivent pas la démocratie comme la confrontation de conceptions concurrentes du bien commun mais comme un espace d’éradication du mal. Qui ne communie pas au culte de la diversité est le diable en personne – et le diable est intolérant, raciste, islamophobe, homophobe… C’est ainsi que le débat public en Occident a été confisqué par un petit clergé progressiste qui menace du bûcher toute pensée dissidente.
Vous expliquez que le multiculturalisme est né sur les décombres du soviétisme, comme une métamorphose de l’imaginaire marxiste…
Il est certain qu’à partir des années 1950, la plupart des intellectuels marxistes prennent conscience que l’URSS, leur nouvelle Jérusalem, ressemble davantage à un enfer concentrationnaire qu’à un paradis de travailleurs. C’est le début de ce que j’appelle le « socialisme migrateur » ou « socialisme tropical » : beaucoup vont chercher de nouvelles terres promises en Chine, à Cuba, en Afrique… Mais c’est à partir des années 1960 que le progressisme va profondément muter en se détachant du communisme.
Mai 68 et les Radical Sixties marquent le triomphe du gauchisme et de la contre-culture qui débordent le communisme par la gauche et transforment le rapport au mythe révolutionnaire. C’est l’époque où Herbert Marcuse parle avec dédain des « classes populaires conservatrices ». La gauche radicale constate que le prolétariat aspire davantage à la middle class qu’à la révolution. Désormais, elle fera la révolution sans le peuple et même, au besoin, contre lui. Et c’est aux minorités que le rôle de catégorie sociale révolutionnaire de substitution est dévolu.
Mais le muticulturalisme ne menace-t-il pas d’implosion violente les sociétés où il s’exerce ?
Pourquoi vivre en commun si on ne partage pas la même culture ? En laissant cette question sans réponse, le multiculturalisme, loin de tenir sa promesse du « vivre-ensemble », ne produit, au mieux, qu’une pluralité d’appartenances au sein de sociétés fragmentées et communautarisées. Mais ne réduisons pas sa critique aux aspects liés à la paix civile même s’ils ne sont pas négligeables.
L’idéologie multiculturelle obéit d’abord à une logique de déracinement qui passe par le démantèlement des institutions et des systèmes normatifs traditionnels. Elle est fondée sur une inversion du devoir d’intégration : l’immigré n’a plus vocation à se fondre dans le creuset de la culture d’accueil mais c’est la culture d’accueil qui doit s’accommoder de la culture d’importation. La culture d’accueil perd ainsi son statut référentiel et devient, en quelque sorte, optionnelle, sauf pour expier ses crimes contre la diversité, ce qui revient évidemment à œuvrer à sa propre destruction. C’est exactement ce qui est arrivé au Canada.
Le Canada, présenté par les thuriféraires du multiculturalisme comme un modèle de gestion ethnoculturelle… Qu’en est-il de la réalité ?
Je ne sais pas si on peut parler de modèle, mais le multiculturalisme est là-bas une sorte de doctrine d’état. Avec son enthousiasme coutumier, notre flamboyant Premier ministre, Justin Trudeau, vient d’expliquer dans le New York Times que c’était la diversité qui caractérisait le Canada. Et de fait, au pays des accommodements raisonnables, une immigrée peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux ou le Premier ministre d’une province comme l’Alberta peut se montrer dans une vidéo revêtue d’un voile islamique pour fêter la fin du ramadan…
Ce zèle diversitaire, ce multiculturalisme triomphant récoltent l’admiration béate des élites culturelles et médiatiques qui se congratulent entre elles de ces marques définitives de tolérance et d’ouverture d’esprit. Au Canada, le multiculturalisme est, si j’ose dire, entré dans les mœurs.
En revanche, on sait moins qu’il y a été utilisé et programmé comme une arme de guerre contre le nationalisme québécois. C’est Pierre Trudeau, le père de l’autre, qui l’a fait inscrire dans la loi constitutionnelle de 1982, imposée de force au Québec afin de désamorcer ses revendications historiques à se constituer en nation. Trudeau voyait en effet d’un très mauvais œil le souverainisme québécois qu’il accusait d’ethnocentrisme, alors même que le socle de l’identité canadienne reposait traditionnellement sur la figure des deux peuples fondateurs, les anglophones et les francophones.
Le résultat ne s’est pas fait attendre. Ainsi constitutionnalisé, le multiculturalisme a non seulement amputé le Canada de son identité française, mais il a aussi privé le Québec de son statut de nation fondatrice. Triste destin pour le peuple québécois, extrait de sa propre histoire, dépossédé d’une part de lui-même et rabaissé à l’état de communauté ethnique parmi d’autres au sein de la diversité canadienne…
En France, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite est parfois analysée comme une réaction à l’idéologie des élites, largement comparable à ce que vous décrivez pour le Canada. Est-ce aussi votre sentiment ?
Oui, d’une certaine façon, même si, en France, les références aux valeurs républicaines entretiennent l’illusion d’une communauté politique unifiée. Je dis bien l’illusion : on sait que la réalité est tout autre et qu’énormément de Français ont le sentiment que leur pays se décompose. C’est pourquoi je crois que les gens ont moins voté pour le programme de François Fillon que pour l’image d’une France traditionnelle et enracinée qu’il personnifie. De ce point de vue, il est l’exact contraire de Justin Trudeau qui incarne un cosmopolitisme diversitaire sans racines et la dissolution du politique dans la communication. Fillon est la sobriété faite homme. Pas de transgression outrancière chez lui. Ce qui le distingue aussi d’un populiste du genre Donald Trump.
Fillon l’a plus emporté pour la part de conservatisme qu’on lui attribue que pour sa promesse de rétablir les finances publiques ?
Sans aucun doute, même si le verbe « rétablir » que vous venez d’employer est celui qui lui convient. François Fillon doit avoir conscience des enjeux qu’il a fait naître. Il porte pour l’élection de 2017 tous les espoirs d’un certain conservatisme à la française. Je veux parler d’un mélange d’enracinement, de sens commun, de dignité qu’il lui faudra, sous peine d’immense déception, incarner personnellement mais aussi politiquement s’il est élu à la tête de l’État.
Ce conservatisme réclame une part de volontarisme car, dans le monde qui est le nôtre, il ne s’agit plus seulement de conserver, il faut également restaurer ce qui a été mutilé par quarante ans de progressisme maniaque. En France, cela commence par l’État, l’autorité de l’État. La psychologie politique de votre pays est profondément imprégnée de l’idée que c’est l’état souverain qui incarne le destin de la nation et il serait tout à fait illusoire de vouloir lui substituer la société civile comme le prône le philosophe anglais Roger Scruton. Le conservatisme français est une synthèse originale d’identité et de liberté, même sur les questions de mœurs.
Cela le distingue du conservatisme social américain qui peut avoir une dimension agressive, très éloignée du conservatisme tranquille qui s’est exprimé lors de la Manif pour tous. Si les Français sont à la recherche de leur conservatisme, qu’ils ne le regardent surtout pas avec une loupe américaine ou britannique !
Le problème de ce conservatisme n’est-il pas de ne jamais s’assumer en tant que tel ?
C’est tout le problème des dirigeants de ce qu’on appelle la droite. Alain Juppé était tellement heureux d’être célébré par la presse de gauche qu’il en a oublié que la France ne se réduisait pas à ce que pensent Les Inrockset Télérama. Le rêve d’une certaine droite, et c’est le danger qui guette Fillon désormais, c’est que la gauche lui dise qu’elle n’est pas vraiment de droite. Elle se croit donc obligée de prouver qu’elle est la plus moderne et, pour faire moderne, elle ne parle que d’Europe et de mondialisation, jamais ou presque jamais des questions sociétales et identitaires. Le débat public se résume ainsi depuis quarante ans à une querelle entre progressistes. C’est ce que j’appelle dans mon livre le « malaise conservateur » : bien que prégnant en France, le conservatisme n’a jamais trouvé sa traduction politique, sinon dans quelques discours électoraux vite oubliés une fois au pouvoir.
Pourtant, on entend beaucoup dire que les « réacs » auraient gagné la suprématie culturelle…
Et qui l’affirme ? Certes, quelques voix discordantes se font entendre un tout petit peu plus qu’avant, ce qui provoque un double phénomène : d’une part, la gauche hégémonique se croit assiégée parce que sa domination est très légèrement contestée ; de l’autre, la droite silencieuse se croit conquérante parce qu’elle est un tout petit peu plus entendue. Mais le fait est que la quasi-intégralité des pouvoirs institutionnels et culturels reste progressiste.
Un dernier mot sur le regard qu’on porte sur la France depuis le Québec ?
Il y a un vieux sentiment d’affection filiale qui vire à l’hostilité chez les élites car la France est perçue comme un rouleau compresseur laïciste qui étouffe sa diversité. Mais pour les souverainistes, qui représentent grosso modo 40% de la population, la France demeure la première alliée et un enjeu interne : même si la langue française est fragilisée à cause de l’État fédéral où elle n’existe quasiment plus, le Québec ne parle pas norvégien ou danois.
Il parle français, une des plus grandes langues du monde, et cela a contribué à sa survie. Si l’aventure coloniale a pu avoir des aspects positifs, c’est bien ici, en Amérique du Nord, où la France a accouché d’un peuple neuf !
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CDU Europarlementariër noemt België een ‘failed state’
Fascistisch en bizar: Details van het verdrag worden pas ná ondertekening bekend gemaakt
Nationale parlementen hebben al sinds 2009 geen echte macht meer
Wallonië blijkt het laatste bastion dat zich met hand en tand verzet tegen het CETA vrijhandelsverdrag tussen de EU en Canada. De sociaaldemocratische kanselier van Oostenrijk, Christian Kern, was één van de weinige publieke figuren die de waarheid over dit verdrag durfde te zeggen: ‘Onder dekmantel van vrijheid is dit in werkelijkheid een massale machtsverschuiving ten gunste van de wereldwijd opererende concerns, en ten nadele van de democratische medezeggenschap en democratische politiek. Dat is een fundamentele constructiefout.’ (4) Maar niet in de ogen van de meeste politici, die in tegenstelling tot de gewone Europeaan wèl zullen profiteren van deze zoveelste fascistische* stap naar een Europese Superstaat.
Ondanks het ‘nee’ van Wallonië houden zowel de EU als Canada eraan vast het verdrag komende week te ondertekenen. De Duitse president van het Europese Parlement Martin Schulz zei dat alleen de Europese Commissie de uitdrukkelijke macht heeft om te onderhandelen over CETA, en niet het parlement. Dat mag traditioneel enkel jaknikken op wat de Commissie besluit.
CETA, opmaat naar TTIP, maakt einde aan welvaart
De Duitse Europarlementariër Elmar Brok (CDU), beschouwd als spreekbuis van kanselier Angela Merkel, noemde België dan ook een ‘failed state’, en verweet de Waalse premier Magnette aan een ‘egotrip’ bezig te zijn. ‘Hij houdt Europa op, en dat is onverantwoordelijk.’ (5)
Magnette eist garanties voor het beschermen van de eigen landbouw, en vindt dat de multinationals teveel macht krijgen (1) – precies hetgeen waar de Oostenrijkse bondskanselier voor waarschuwde. Mogelijk speelt ook mee dat het Amerikaanse Caterpillar in september besloot zijn fabriek bij Charleroi te sluiten, waardoor 2000 mensen op straat komen te staan (3).
CETA geldt weliswaar enkel Canada, maar wordt algemeen gezien als de opmaat naar ondertekening van het vergelijkbare en nog meer omstreden TTIP met de Verenigde Staten, wat volgens onafhankelijke analyses Europa miljoenen banen en op den duur ons huidige welvaartsniveau zal kosten.
CETA & TTIP: Dreigende Amerikaanse plundertocht
Grootste bezwaren tegen de ‘vrijhandels’akkoorden CETA & TTIP zijn volgens tal van critici dat de nationale wetten van een land, en daarmee dus het parlement en het volk, bij handelsconflicten buitenspel kunnen worden gezet, en private ‘scheidsrechters’ het laatste woord zullen krijgen. Hierdoor kan een concern in theorie een land aanklagen dat weigert om akkoord te gaan met lonen die (ver) onder het minimum liggen. (6)
Het behoeft geen uitleg dat de arbeidsvoorwaarden voor Europese werknemers, die beter worden beschermd dan hun Canadese en Amerikaanse collega’s, hierdoor fors dreigen te verslechteren, en ook de sociale zekerheid zal worden ondermijnd. De veel geprezen ‘vrijhandel’ zal dan al snel kunnen eindigen in een Amerikaanse (en Canadese) economische plundertocht van Europa, wat volgens sommigen altijd al de achterliggende bedoeling van Washington is geweest.
Het is juist om deze redenen dat de details van het CETA vrijhandelsakkoord pas ná ondertekening bekend worden gemaakt. Het is alsof een bedrijf u vraagt een blanco cheque te ondertekenen als u iets wilt kopen, en dat pas ná aankoop zelf het bedrag dat ú moet betalen, invult.
Parlementen hebben al sinds 2009 geen echte macht meer
‘Onze’ politici beweren weliswaar dat de parlementen nog enige zeggenschap hebben, maar in werkelijkheid is die instemming al sinds 2009 niet meer noodzakelijk. In het in 2005 gesloten Verdrag van Lissabon –een andere naam voor de door Nederland en Frankrijk afgewezen Europese Grondwet- werd de Europese Commissie namelijk de macht gegeven om desnoods zonder parlementaire instemming handelsverdragen af te sluiten (2).
De vraag rijst dan waarom nu zo ‘moeilijk’ wordt gedaan over het verzet van Wallonië. De reden is dat indien de Commissie het verdrag ondanks dit duidelijke Waalse ‘nee’ toch ratificeert, de anti-democratische regeringsvorm van Brussel voor (te) veel Europeanen zichtbaar zal worden, wat extra voer zal zijn voor de door de eurocraten zo gehate vrijheidspartijen. Daarom wordt nu uit alle macht geprobeerd de Walen ‘om’ te krijgen, zodat de burgers de illusie kan worden geboden dat de nationale parlementen nog iets te zeggen hebben over hun eigen landen en landsdelen.
We kunnen er daarom vanuit gaan dat de Walen op het laatste moment toch zullen instemmen, zeker omdat premier Magnette inderdaad bekend staat als een politieke egotripper en rassocialist, die enkel zijn Vlaams sprekende collega’s wil dwarszitten. Zijn ‘ja’ zal als een overwinning voor Europa en de Europese democratie worden neergezet, terwijl het in realiteit exact het tegendeel betekent. Overigens zal de volgende stap, het TTIP met de VS, de Europeanen pas écht veel –en permanent- pijn gaan doen.
Xander
* Beslist niet overdreven. ‘Fascisme’ volgens de ‘Dikke van Dale’: ‘Politiek systeem berustend op ultranationalistische (in dit geval ultra-eurocratische), corporatistische, autoritaire (alle macht naar de EC) en onverdraagzame (volken en landen die weigeren voor Brussel te buigen worden nu al bedreigd en tegengewerkt) beginselen.
(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(2) Staatsstreich
(3) Zeit
(4) Geolitico
(5) MM News
(6) Reuters
Zie ook o.a.:
13-05: TTIP op mislukken? VS eist einde sociale zekerheid in Europa (/ Amerikaanse economisch imperialisme: ‘Met TTIP pakt VS de rechtsorde en rechtspraak van soevereine landen af’ – Vrijhandelsverdrag gaat minimaal 1 tot 2 miljoen banen kosten)
26-04: London School of Economics velt vernietigend oordeel over TTIP (/ Vrijhandelsverdrag met Amerika gaat Europese belastingbetalers miljarden kosten )
25-04: Britse reactie op Obama’s pleidooi voor EU en TTIP: Waarom luisteren naar president die wereld in chaos stortte?
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, europe, affaires européennes, ceta, canada, union européenne, wallonie | |
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BREIZATAO – via La Revue Egards (09/04/2016) L’écrivain d’origine bretonne Maurice G. Dantec, installé au Québec après avoir décidé de “protéger sa famille des bêtes sauvages”, livre ses réflexions sur la situation actuelle dans un entretien accordé à la revue canadienne francophone “Égards” :
Nous sommes heureux, à Égards, de retrouver Maurice G. Dantec pour un entretien autour de quelques-uns de ses thèmes de prédilection: la géopolitique, la pathologie islamiste, l’histoire militaire, la littérature, l’eschatologie chrétienne. L’écrivain nous rappelle des vérités, certaines lumineuses et d’autres plus sombres.
Jean-Philippe Martini – Maurice G. Dantec, il y a une quinzaine d’années, dans le Théâtre des opérations et le Laboratoire de catastrophe générale – des œuvres qui méritent en passant d’être relues –, vous décriviez déjà une France en crise, vous annonciez déjà la conflagration européenne. Selon vous, y aura-t-il d’autres attentats jihadistes en France, mais cette fois-ci organisés par des éléments hétérodoxes en sous-traitance?
Maurice G. Dantec – Votre question est à la fois simple et complexe. D’abord, il est vrai que ce qui s’est passé en France en novembre dernier, je l’avais prédit. Je ne suis pas un mystique visionnaire: il suffisait de lire le monde tel qu’il était pour comprendre que ce nazisme islamique, qui se configure de manière claire et précise aujourd’hui, constituait une menace bien réelle. Il suffisait simplement d’être à l’écoute de ce monde de merde (excusez-moi), il y a quinze et même vingt ans. Mon expérience en Bosnie-Herzégovine m’a aussi beaucoup ouvert les yeux à ce sujet. Ce qui m’a valu à l’époque des épithètes fort désagréables et des ennuis éditoriaux sur lesquels je ne reviendrai pas.
Ensuite, est-ce qu’il y aura d’autres attentats? Encore une fois, je ne suis pas devin, mais c’est évident qu’il y en aura d’autres. Pourquoi en France? Parce que, comme on dit sur le ton de la blague: la France et l’Algérie se sont séparées en 1962, mais c’est la France qui a eu la garde des enfants. Je n’exclus pas non plus cette idée: la France est la fille aînée de l’Église. Ébranler un symbole si fort, qui a longtemps été une réalité vivante, ça paye, stratégiquement (le terrorisme, à la fin, n’est peut-être que l’art de briser les images et de renverser les symboles). Donc, cette communauté arabo-musulmane qui n’est pas entièrement (Dieu soit loué!) pieds et poings liés aux États islamiques ou au califat sunnite est aussi, malheureusement, un vivier potentiel à l’intérieur des frontières françaises ou même canadiennes. C’est-à-dire que même si l’État islamique est vaincu un jour militairement, politico-militairement – par la seule, la dernière puissance mondiale, la Russie –, je crois que ces réseaux demeureront actifs sur le sol français et sur le sol canadien. Le fanatique ne prend jamais de vacances. Et ce qui est plus grave, c’est qu’il a toujours une descendance. Le monde tel qu’il se dessine en ce début du XXIe siècle est un monde très dangereux, sans doute plus dangereux que le fut le XXe. Pourquoi? Parce qu’au XXe siècle au moins, les «camps» étaient relativement définis, si vous voyez ce que je veux dire… Avec le psychopathe du Tyrol d’un côté et le paranoïaque soviétique de l’autre.
Martini – L’utopie islamiste se répand un peu partout dans le monde. La «cause» s’internationalise, elle affecte les politiques, les discours, les mœurs. L’infrastructure des Frères musulmans semble s’être incrustée définitivement en Europe et en Amérique du Nord. Y a-t-il un manque d’intelligence ou de volonté de nos dirigeants pour réfréner ces «pulsions» islamistes?
Dantec – Depuis 1947, la plupart des gouvernements européens (ou de souche européenne en Amérique du Nord) soutiennent – à part le Parti républicain aux États-Unis, ce qui n’est pas un hasard, puisque les États-Unis ont été conçus comme un «Nouvel Israël» par les pionniers –, soutiennent, donc, les Arabo-musulmans contre vents et marées. Comme je l’écris dans mon recueil d’aphorismes à paraître, Courts-circuits, la figure du «prolétaire» qui a disparu en Occident, a été remplacée par le «bon Palestinien». Depuis 1947, quand même!, soit deux ans après Auschwitz, les gouvernements européens (ou euro-américains) appuient sans discussion la «cause arabe» contre l’État d’Israël. Ce n’est donc pas un hasard si cet antisémitisme, latent depuis la Révolution française en Europe, se camoufle sous l’appellation «antisionisme». Il a suffi que les Juifs, par la force des armes, il faut bien le rappeler, arrachent leur terre ancestrale – la Terre d’Israël ! – à ce qui n’était pas encore le Hamas. Je nomme le Hamas : on peut parler des Frères musulmans, de la République théocratique chiite, du califat sunnite, tout ça en fin de compte, c’est la même chose.
Martini – Le nazisme a été dévastateur en Europe. Le communisme, sous ses différentes dénominations (maoïstes, trotskistes, etc.), a été une effroyable imposture totalitaire sur plusieurs continents. L’islamisme qui se dresse et se braque contre l’Occident sera-t-il vaincu un jour?
Dantec – Ah ! Évidemment, moi, en tant que chrétien, je crois que les bons gagnent à la fin. Mais cette fin, c’est quand ? Ce n’est pas prévisible. Seul Dieu le sait précisément, la Sainte Trinité le sait. Au moment où l’on se parle, on n’est pas là-haut. C’est quand on est là-haut que l’on sait. On ne peut pas non plus manipuler l’Histoire humaine de là-haut. Dieu nous a fait libres. Ça, c’est une constante du christianisme, qu’on ne retrouve pas dans l’islam. Dieu nous a fait libres… Ça veut dire quoi? Que la liberté – qui a d’ailleurs la même étymologie que le mot «livre» (c’est peut-être pour cette raison que les écrivains comme moi se mobilisent quand on attaque la liberté) –, que la liberté, c’est aussi l’impossibilité de prévoir. Nous ne pouvons pas prévoir l’heure de notre mort ni même à quoi ressemblera la prochaine minute de notre vie. Et heureusement, heureusement! La vie serait intolérable si nous savions à l’avance tout ce qui va nous arriver. C’est vrai également pour l’écriture. On ne peut pas écrire décemment, je crois, si le livre est pré-écrit. Le livre est une forme de vie: c’est la vie des formes qui sont à l’intérieur. Soit la première phrase se déplie en toute liberté et l’œuvre surgit, soit le storyboard est tout tracé et le bouquin est mort-né.
Martini – Des commentateurs un peu cyniques prétendent qu’il faudrait, sur les fronts syrien et irakien, s’allier temporairement au Hezbollah pour venir à bout de Daech. Pensez-vous que ce type de compromis soit nécessaire pour vaincre Daech?
Dantec – Ce qui se passe est très curieux. Depuis 1947, et plus encore depuis 1979, depuis la Révolution iranienne, les Arabo-musulmans, chiites comme sunnites, ont joué avec le feu. Et maintenant c’est le feu qui joue avec eux. Le Hezbollah, par rapport à l’État islamique ou à Al-Qaïda, c’est de la rigolade. En dépit des apparences, les Iraniens, les Syriens et une bonne partie du Proche-Orient sont obligés d’essayer de contrôler ce qui est devenu incontrôlable : l’État islamique ou le nouveau califat. Pourquoi ? Parce que leur propre régime est déstabilisé. Il ne s’agit pas de jouer aux anges (quoiqu’un Ange exterminateur réglerait bien des problèmes), mais d’être réaliste. Dans ce monde réel, même s’il devient de plus en plus… virtuel, il faut prendre en compte ce qui se passe. Le Hezbollah, même s’il commet des attentats au Liban et ailleurs, représente une sorte de force d’inertie. Les pays sont encore des pays, c’est encore le règne des nations, qui sont obligées de prendre le taureau par les cornes, de se positionner clairement, de frapper frontalement.
Martini – Quand on tue au nom du Jihad, à Jérusalem, à Rome ou à Paris, n’est-ce pas toujours la même idéologie qui est à l’œuvre, bien que ces attentats soient perpétrés par des groupes distincts?
Dantec – Oui. Et ces groupes soi-disant distincts, le nouveau califat ou même le nouvel Al-Qaïda, se cachent sous des appellations diverses, non contrôlées. Le monde à venir va être celui d’une confrontation plus ou moins générale, parce que le Jihad est inscrit en toutes lettres comme une valeur coranique. Je me permets une petite parenthèse. Tous ces braves gens qui interviennent dans les débats radiophoniques, télévisés, qui écrivent dans la presse sur le Coran, qui font comme M. Thomas Mulcair des réflexions sur le niqab, n’ont pas lu le Coran. Ils parlent sans savoir.
Dionne – La guerre a subi des mutations terribles au cours du XXe siècle. En ce XXIe siècle, elle est protéiforme, et comme coincée entre militarisme et pacifisme. Est-ce que vous voyez un lien entre la mutation de la guerre et la virtualisation du monde?
Dantec – La réponse est contenue dans votre question. «Militarisme» c’est une idéologie, il y a un «isme». «Pacifisme», c’est une idéologie, il y a un «isme». Par contre, les affaires militaires existent depuis que l’homme est homme. La paix aussi existe depuis que l’homme est homme. Ce qu’on observe aujourd’hui, c’est effectivement l’émergence, ou plutôt la concrétisation finale du terrorisme, qui est bien une idéologie depuis l’époque de la Terreur, celle qui a été initiée par la Révolution française (que le diable l’emporte!) en 1792. Le terrorisme engendre à son tour un climat extrêmement absurde et en même temps terrible où la guerre n’est plus un acte mais une idéologie. Et où la paix n’est plus un acte mais une idéologie.
Martini – Récemment, la tenue d’une allocution de Tariq Ramadan dans une communauté protestante en plein cœur du centre-ville de Montréal, l’Église Unie St-James, a fait beaucoup jaser. Qu’en pensez-vous, sachant que nombre de groupes protestants qui se targuent d’ouverture et de «progressisme» ne sont peut-être pas au courant que ce monsieur travaille en collaboration étroite avec un centre d’études islamiques idéologiquement orienté situé au Qatar, le Centre de Recherche sur la Législation Islamique et l’Éthique?
Dantec – Le fait que Tariq Ramadan soit présent lors d’une réunion de cette «Église Unie», une Église protestante, n’est pas un hasard. Le protestantisme, à l’origine, c’est une hérésie, qui a fondé la modernité dans ce qu’elle a de pire. L’islam, lui, n’a pas fondé la modernité, c’est presque l’inverse. C’est une hérésie qui veut rester à son état primitif de l’âge 600. Alors que ces gens-là se congratulent mutuellement, ce n’est pas vraiment fait pour m’étonner. Ce monde 2.0, comme je l’appelle, n’est pas enthousiasmant, c’est le moins que l’on puisse dire.
Dionne – Je soulèverais deux autres points, si vous le permettez. D’une part, Tariq Ramadan, c’est un peu la marionnette des furieux, une sorte de Bonhomme Carnaval de l’islamisme, qu’on promène partout en Amérique pour rassurer les inquiets et bourrer les imbéciles: l’islam est une religion de tendresse, miséricordieuse, raffinée, tolérante, etc., vous connaissez le refrain… Ramadan joue ce rôle de marionnette très consciemment. Sa stratégie est simple, banale même: présenter de l’islam un visage séduisant. D’autre part, ce n’est effectivement pas un hasard s’il parade avec les protestants (quoique des universités et des théologiens catholiques, comme l’Université Notre-Dame, comme Gregory Baum, l’invitent à prononcer des conférences et fassent son éloge). Vous l’avez très bien dit: l’islam et le protestantisme sont deux hérésies. Une de leurs caractéristiques communes, c’est ce mépris de la raison, de l’intelligence. Une sorte de haine de l’esprit les fonde, les habite et les dévore. On peut parler, avec Jean Renaud, d’une conjonction des fidéismes. Qui sont évidemment faits pour copuler ensemble.
Dantec – Je n’aurais pas mieux dit. Vraiment.
Martini – Même si globalement l’Église Unie du Canada est en décroissance numérique, pourquoi aucun dirigeant de cette communauté n’informe le public sur la proximité de Tariq Ramadan avec le controversé Youssef Al-Qaradawi? Est-ce par paresse ou par lâcheté?
Dantec – C’est peut-être par calcul. Il est évident que l’Église Unie du Canada n’a pas intérêt, vis-à-vis de ses ouailles et de l’opinion publique, à faire savoir qu’elle est un tapis rouge pour un monsieur comme Tariq Ramadan et son complice… Youssef Al-Qaradawi.
Dionne – Vous évoquiez tout à l’heure votre recueil d’aphorismes, Courts-circuits. Pourquoi l’aphorisme? C’est contraire à tout ce que vous avez fait jusqu’à présent.
Dantec – Il y en avait dans Le Théâtre des opérations.
Dionne – Mais c’était un journal.
Dantec – C’était un «journal» entre guillemets… Courts-circuits, en effet, n’est pas un journal. Le fait que j’ai perdu la vision de mon œil gauche me place devant une sorte d’obligation de concision. Je ne peux plus écrire comme avant, des romans, des ouvrages de trois cents pages. Je dois composer avec ce que je suis maintenant. Et puis j’ai cinquante-six ans… Donc, dans la journée, après votre départ par exemple, il me viendra une dizaine d’aphorismes, ce que j’appelle des commandos verbaux. Des commandos verbaux, ça peut être une poésie de quelques lignes, ou quelque chose de plus «long» qu’un simple aphorisme. Un commentaire sur un événement politique, une élection, une lecture, sur ce qui se passe avec l’islam, etc.
Dionne – Y a-t-il un rapport entre la maladie, ou du moins entre une constitution chétive, et l’aphorisme? Je pense à des hommes qui avaient une santé très fragile, Pascal, Lichtenberg, Nietzsche, qui ont pratiqué l’aphorisme, l’ont porté à des sommets. Je lis un des vôtres: «L’islam est comme la vie, une maladie mortelle transmise par vos parents.»
Dantec – Bien voilà, c’est un exemple. Comme toute littérature vraie, ses origines et sa finalité restent mystérieuses. Heureusement, encore une fois. Si nous savions tout à l’avance, ce serait d’une tristesse absolue. C’est comme la vie.
00:09 Publié dans Entretiens, Hommages, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maurice g. dantec, hommage, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises, france, canada, québec | |
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Ex: https://gianalytics.org
The Trans-Atlantic community is now faced with a choice which, if answered incorrectly, may condemn humanity to an early extinction
This choice lies between two paradigms: 1) Continuing down the path of militarism and monetarism that have become characteristic governing principles of the system dominating those economies of Europe and North America; or 2) accept the offers made by countries affiliated with the Russia-China-India alliance which has established an alternative security and economic framework for “win-win cooperation” based on a revival of the 2000 year old Silk Road. This new paradigm has many facets and integrating parts, but is unified around the principle of developmental, long-term visionary projects tied within the “One Belt-One Road” and its global extensions, known increasingly as the “World Landbridge,” across every continent on the face of the earth.
The Fog of War settles on a Myopic Europe
On May 11th, Romanian officials were joined by the chiefs of NATO and the US military establishment to inaugurate the new Aegis Ashore Ballistic Missile Defense installation which has been in the works for many years and which Russian military officials have openly warned is recognized as an existential threat to Russia’s survival. This system is part of a broad array of aggressive Anglo-American maneuvers aimed at winning a “limited” thermonuclear war with Russia and its Chinese ally.
Within this array of military programs, the USA has not only quadrupled its Eastern European military systems from $750 million to $3.5 billion, and has put a $1 Trillion nuclear weapons modernization plan in action, which includes stationing new B61-12 bombers and tactical nuclear weapons in Germany. It has also led the permanent establishment of 4000 rotating troops comprising Ukrainian, Lithuanian and other soldiers stationed in Lithuania, a program recognized by many military analysts as a new Operation Barbarossa. Already $100 billion over ten years has been spent by the United States on this military infrastructure encircling both Russia and China.
NATO officials on the scene were quick to dismiss Russia’s concerns that its strategic nuclear response capabilities were being threatened, as American Deputy Defense Secretary, Bob Work stated: “This site, nor the site in Poland, has any capability- none whatsoever- to undermine Russia’s strategic deterrent.” While that may be true in the present, Russia’s ambassador to NATO Alexander Grushko was quick to point out this line of reasoning as fraudulent when he retorted: “By deploying the MK-41 universal launchers, capable of launching medium-range missiles, at the Aegis Ashore facilities, the US is seriously undermining the treaty of Intermediate Range Nuclear Forces”[1] . This system must not be conceptualized outside of a top-down evaluation of America’s global military encirclement of Russia’s eastern border and that of its greatest ally, China, with the expansion of THAAD missile systems in South Korea and military buildup in Japan, Philippines and Australia advancing quickly under the military title of “Air-Sea Battle”.
The explicit danger of World War and the refutation of Bob Work’s claim of non-aggression were made additionally clear by NATO’s Commander General Sir Philip Breedlove on April 1st, 2016 in Latvia, when commenting on the 4000 troop permanently deployed in Eastern Europe, Breedlove stated:
We are prepared to fight and win if we have to… our focus will expand from assurance to deterrence, including measures that vastly improve our readiness… to the east and north we face a resurgent and aggressive Russia, and as we have continued to witness these last two years, Russia continues to seek to extend its influence on its periphery and beyond.
Sir Breedlove was most recently joined by NATO’s former Deputy Supreme Commander Sir Richard Sherrif who also revealed the plan to go to war with Russia during a speech promoting his new book 2017: War With Russia. Sir Sherrif exclaimed on May 18 that a nuclear war with Russia is likely within the coming year.
Other Russian military analysts have been even more candid than Ambassador Grushko in the Russian assessment of the motive behind the NATO war plan. One such analyst is Putin-advisor, and co-architect of the Eurasian Economic Union[2] Sergei Glaziev, who in an interview with Lenta.ru (republished in English on Russia Insider), has pinpointed correctly that the information war, economic war, and NATO missile shield buildup are the direct consequences of a collapsing bubble economy.
The economic entities that dominate in the US, serving a financial oligarchy, have destabilized the American monetary and financial system, which defaults about twice a year. The causes of the global financial crisis of 2008 have not disappeared and the American debt bubble — financial pyramids composed of derivatives and the national debt —are still growing… This is what American geopoliticians study in the State Department and the White House, continuing to look at the world through the prism of both the Cold War and British confrontations with Russia and Germany in the nineteenth century, and now the US is unleashing another world war.
Glaziev goes on to call for a new paradigm of cooperation via large-scale economic development modeled on what China has done with the New Silk Road, and the newly emerging Eurasian the Economic Union and Trans-Eurasian Economic Belt[3].
China’s New Silk Road Miracle
In recent years, China has demonstrated a creative talent for economic performance as it has not only lifted 600 million people (over half of its population) out of poverty, but has made the New Silk Road a global, open concept which has provided a viable rescue plan for NATO countries locked in the crossfire of nuclear war who see no long-term hope for a future within a collapsing Eurozone. Latvia, Hungary, Poland, Czech Republic and other Eastern European countries are currently signing multi-billion dollar deals for infrastructure, high-tech and energy programs which are pulling their nations’ leadership out of the closed system cage of Troika/Wall Street/NATO dictatorship and into a new alignment with the new paradigm of win-win cooperation. China has already built 18,000 km of high-speed rail and has extended its program to Pakistan, Afghanistan, Egypt, Iran and other middle eastern countries that have been targeted for regime change by Western Neo-Con/Neo-Liberal ideologues.
China’s $46 billion infrastructure plan already includes a project to double Pakistan’s energy supply, construct new ports across the Pacific and Indian Oceans, and extend nearly a trillion dollars of investment into long-term development of countries along the beltway (representing over 4.4 billion people).
The Case for Canada
The same choice which NATO colonies in Europe are faced with is also confronting the leadership of Canada: Join the New Silk Road, or get dragged ever deeper into an un-winnable war and the economic disintegration of an imperial casino economy.
On April 16th, 2016 Canada’s Defense Minister Harjit Sajjan announced that the NORAD-NATO Ballistic Missile Shield program, rejected in 2005 under the former Liberal government of Paul Martin, will be revived under the 2017 Defense Policy Review. A summary reading of the official 30 page public consultation document reveals clearly that Canada’s defense establishment not only continues to adhere to the Neo-Con narrative of Russia’s “aggressive, belligerent behavior in Ukraine and the Arctic”, but that in the face of such “threats”, Canada must integrate ever closer with NORAD and revive the dossier on Arctic Ballistic Missile Defense. The document reads:
One issue that has not been considered by Canada for over a decade concerns ballistic missile defense. Given the increase in the number of countries with access to ballistic missile technology and their potential to reach North America, this threat is expected to endure and grow more sophisticated in coming decades.” The document ends with the question: “In accordance with its 2005 decision, Canada does not participate in the US ballistic missile defense system for the defense of North America. Should this decision be revisited given the changing technologies and threats?
Canada’s former Defense Minister Bill Graham, who formerly resisted the Dick Cheney-led BMD program in 2005, has now become one of many converts to the program and has been appointed by the Cabinet of Justin Trudeau to the panel of four experts overseeing the of Defense policy review.
China’s Steps In… again
In the face of such a self-destructive agenda, the same brilliant remedy has been offered to Canada as has been presented to countries of Europe by the government of China- namely, the offer to join the New Silk Road!
On May 10th, Chinese Ambassador to Canada Luo Zhaohui, speaking on behalf of the Chinese government, wrote a powerful op-ed for the Asia Pacific Foundation called “The Belt and Road Initiative: A Blueprint for “Win-Win” Cooperation in the New Era”. In his editorial, Ambassador Zhaohui called directly for Canada to join this new paradigm:
The Belt and Road initiative is a new type of cooperation mechanism. China will follow the principles of openness, cooperation, harmony, inclusiveness, mutual benefit and win-win cooperation. The development programs under the initiative framework are not exclusive but are open to all interested countries or parties, be it from regions along the route or other parts of the world… Some Canadian friends said to me that as Canada and China are Pacific neighbors, the Belt, and Road initiative means a lot of opportunities for Canada as well. In view of the progress that has been made in China-Canada cooperation in all fields over the years, Canada can build on its advantages in resources and technology to strengthen cooperation with Asian countries in such areas as infrastructure development, industrial investment, energy resources, financing, people-to-people exchanges and advanced manufacturing…In the meantime, China and Canada could jointly explore ways and means to extend the Belt and Road to North America [bold added by author].
Canada’s involvement in the New Silk Road is shaped by our strategic location on the Maritime Silk Road on the Pacific side of the continent with British Columbia playing a key energy role with the Pacific Gateway Strategy and on the Northern land-based component known as the “Arctic New Silk Road.” Canada plays a critical role in the Arctic Silk Road, which involves the completion of a century-long program for the continental American-Eurasian integration called the Bering Strait rail tunnel. This is a program which was advocated by the Schiller Institute since the early 1980s and has been officially revived by China since 2014.
China is not alone in this perspective. Last year, Russian Ambassador to the United Kingdom Dr. Yakovenko sent a clear message to Canada and other Arctic powers, calling on Arctic nations to abandon militarization, in favor of collaboration on economic benefits and diplomacy (Full article here). Ambassador Yakovenko wrote:
Some Western leaders have called on NATO to expand the area of responsibility in the Arctic direction, something that contradicts the current trend of keeping the Arctic free of military competition… and unfortunately is used as a tool of propaganda against Russia… We hope that the significant achievements of the Arctic Council will remain the basis for global cooperation on the development of the Arctic region as a unique natural zone in a peaceful, non-politicized fashion and the benefit of all mankind.
The options for nations in the Trans Atlantic zone are clear: Join the new era of common prosperity, long-term development, and win-win cooperation or face the consequences of a new fascism and thermonuclear war which will leave the world smoldering for centuries to come.
[1] Referring to the 1988 US-Russia pledge not to produce, test or deploy ground based missiles near each other’s borders
[2] The Eurasian Economic Union is composed of Russia, Belarus, Kazakhstan, Armenia, and Kyrgyzstan. Ukraine could have become a member of this union had the Soros-State Department orchestrated neo Nazi-Putch known as the Maidan not been unleashed, toppling the pro-Russian government of Yanukovitch in 2014.
[3] The New Silk Road was officially integrated into the Eurasian Economic Union as of May 8, 2015. A March 25, 2015, report on the Business Insider on the Trans Eurasian Economic Belt featured Russian Railways President Vladimir Yakunin describing the project in the following terms: "This is an inter-state, inter-civilisation, project. It should be an alternative to the current (neo-liberal) model, which has caused a systemic crisis. The project should be turned into a world 'future zone', and it must be based on leading, not catching, technologies."
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par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
Mathias Fekl a expliqué, toujours dans le cours de son exposé sur France-Inter, que le Ceta était tout différend du Tafta. Mais à l'auditeur un tant soit peu averti qui a suivi l'explication laborieuse du ministre, cette différence n'apparait pas. En effet, à quelques détails près, le Ceta se présente comme le frère jumeau du Tafta. Un article fort bien venu (14 Mai 2016) du député européen Yannick Jadot, en donne la démonstration. « Pourquoi il FAUT s'opposer à la signature du Ceta, le cheval de Troie du Tafta » Nous y renvoyons le lecteur.
Voir http://www.lasyntheseonline.fr/idees/gouvernance_europeen...
Les naïfs feront remarquer que la puissance du Canada, même dopée par le libre-échange, ne peut inquiéter celle de l'Europe. Mais ce serait un erreur à un double titre. Sur des points essentiels, des entreprises canadiennes pourraient obliger les gouvernements européens à renier leurs engagements politiques à l'égard des citoyens.
Il a plus. Le Canada est très accueillant à l'égard des entreprises et banques américaines. Chacune de celles-ci ou presque dispose d'une filiale canadienne. Elles pourront donc poursuivre à l'égard de l'Europe, sous le pavillon canadien et dans le cadre du Ceta, les politiques de conquête qu'elles comptaient mener dans le cadre du Tafta, à supposer que celui-ci soit définitivement enterré.
Mathias Fekl et le gouvernement français sont-ils ignorants ou complices des intérêts américains ? Pour nous, la réponse ne fait pas de doute.
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Entretien avec Mathieu Bock-Côté
Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Mathieu Bock-Côté au Figaro Vox, à l'occasion de la publication de son essai Le multiculturalisme comme religion politique (Cerf, 2016).
«L'homme sans civilisation est nu et condamné au désespoir»
En tant que Québécois, quel regard portez-vous sur la société française?
Je m'en voudrais d'abord de ne pas dire que j'aime profondément la France et que j'hérite d'une tradition très francophile, autrefois bien présente chez nous, qui considère encore un peu votre pays comme une mère-patrie. La France, en un mot, ne nous est pas étrangère. Vous me pardonnerez ces premiers mots, mais ils témoignent de mon affection profonde pour un pays avec lequel les Québécois entretiennent une relation absolument particulière. En un mot, j'ai le sort de la France à cœur!
La pénétration de l'idéologie multiculturelle, que vous dénoncez dans votre livre, est-elle en France aussi forte que dans les pays d'Amérique?
Le multiculturalisme prend un visage tout à fait singulier au Canada. Au Canada, le multiculturalisme est inscrit dans la constitution de 1982, imposé de force au Québec, qui ne l'a jamais signé. Il a servi historiquement à noyer le peuple québécois dans une diversité qui le privait de son statut de nation fondatrice. Pierre Trudeau, le père de Justin Trudeau, était radicalement hostile au peuple québécois, à son propre peuple, qu'il croyait traversé par une tentation ethnique rétrograde. C'était faux, mais c'était sa conviction profonde, et il voulait désarmer politiquement le Québec et le priver de sa prétention à constituer une nation.
Dans l'histoire du Canada, nous étions un peuple fondateur sur deux. Avec le multiculturalisme d'État, on nous a transformés en nuance identitaire parmi d'autres dans l'ensemble canadien. Il faut rappeler ces origines oubliées du multiculturalisme canadien à ceux qui n'en finissent plus d'idéaliser un pays qui a œuvré à oblitérer sa part française.
Je vous donne au passage ma définition du multiculturalisme, valable au-delà du contexte canadien: c'est une idéologie fondée sur l'inversion du devoir d'intégration. Traditionnellement, c'était la vocation de l'immigré de prendre le pli de la société d'accueil et d'apprendre à dire nous avec elle. Désormais, c'est la société d'accueil qui doit se transformer pour accommoder la diversité. La culture nationale perd son statut: elle n'est plus qu'un communautarisme parmi d'autres. Elle devra toutefois avoir la grandeur morale de se dissoudre pour expier ses péchés passés contre la diversité.
Retour au Canada. Au fil du temps, le multiculturalisme canadien s'est autonomisé de sa vocation antiquébécoise et en est venu à représenter paradoxalement le cœur de l'identité canadienne. Il a remplacé ce qu'on pourrait appeler l'identité historique canadienne par une identité idéologique fondée sur la prétention. Ce qui tient lieu d'identité commune au Canada aujourd'hui, et cela plus encore depuis l'arrivée au pouvoir de Justin Trudeau, que la France regarde étrangement d'un air enamouré, c'est le sentiment d'être une superpuissance morale, exemplaire pour l'humanité entière, une utopie réussie représentant non seulement un pays admirable, mais la prochaine étape dans le progrès de l'humanité.
L'indépendantiste québécois que je suis a un regard pour le moins sceptique devant cet ultranationalisme canadien qui conjugue la fierté cocardière et l'esprit post-moderne.
Plus largement, au Canada, le multiculturalisme sert de machine à normaliser et à banaliser les différences les plus extrêmes, les moins compatibles avec ce qu'on appellera l'esprit de la civilisation occidentale ou les mœurs occidentales. C'est le pays du communautarisme décomplexé, c'est aussi celui où on peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux et du premier ministre, qui y voit une marque admirable de tolérance.
C'est le pays qui banalise sous le terme d'accommodements raisonnables un relativisme généralisé, qui peut aller très loin. C'est le pays où certains iront même jusqu'à dire que le niqab est peut-être même le symbole par excellence de la diversité canadienne, puisque son acceptation par les élites témoigne de la remarquable ouverture d'esprit de ceux qui le dirigent et des institutions qui le charpentent. Pour le dire autrement, le Canada pratique un multiculturalisme à la fois radicalisé et pacifié.
En France, le multiculturalisme semble moins agressif ...
Il domine aussi l'esprit public mais n'est pas nécessairement revendiqué par les élites, qui entretiennent, à travers la référence aux valeurs républicaines, l'idéal d'une nation transcendant sa diversité. On sait bien que la réalité est autre et que la référence républicaine s'est progressivement désincarnée et vidée de sa substance nationale depuis une trentaine d'années.
En fait, la France fait une expérience tragique du multiculturalisme. Elle se délite, se décompose sous nos yeux, et la plupart de mes interlocuteurs, ici, me confessent avoir une vision terriblement pessimiste de l'avenir de leur pays. J'ajoute, et je le dis avec tristesse, que les Français semblent nombreux, lorsque leur pays est attaqué, à se croire responsable du mauvais sort qu'ils subissent, comme s'ils avaient intériorisé pleinement le discours pénitentiel occidental, qui pousse nos nations à s'autoflageller en toutes circonstances.
Le multiculturalisme s'est imposé chez vous par une gauche qui, depuis le passage du socialisme à l'antiracisme, au début des années 1980, jusqu'à la stratégie Terra Nova, en 2012, a été de moins en moins capable de parler le langage de la nation, comme si cette dernière était une fiction idéologique au service d'une majorité tyrannique désirant écraser les minorités.
Il s'est aussi imposé avec l'aide des institutions européennes, qui sont de formidables machines à dénationaliser les peuples européens.
La droite, par ailleurs, toujours prompte à vouloir donner des gages au progressisme, a peu à peu abandonné aussi la nation, ou s'est du moins contentée de la définir de manière minimaliste en en évacuant l'histoire pour retenir seulement les fameuses valeurs républicaines.
Le multiculturalisme est la dynamique idéologique dominante de notre temps, et cela en Amérique du nord comme en Europe occidentale. Chez les élites, il suscite la même admiration béate ou la même passion militante. Il propose toujours le même constat: nos sociétés sont pétries de stéréotypes et de préjugés, elles sont fermées à la différence et elles doivent se convertir à la diversité pour enfin renaître, épurées de leur part mauvaise, lavées de leurs crimes. Pour emprunter les mots d'un autre, le multiculturalisme se présente comme l'horizon indépassable de notre temps et comme le seul visage possible de la démocratie.
La gauche européenne, en général, y voit d'ailleurs le cœur de son programme politique et idéologique.
Je note autre chose: le multiculturalisme est partout en crise, parce qu'on constate qu'une société exagérément hétérogène, qui ne possède plus de culture commune ancrée dans l'histoire et qui par ailleurs, renonce à produire du commun, est condamnée à entrer en crise ou à se déliter. Lorsqu'on légitime les revendications ethnoreligieuses les plus insensées au nom du droit à la différence, on crée les conditions d'une déliaison sociale majeure.
Mais devant cette crise, le multiculturalisme, loin de s'amender, loin de battre en retraite, se radicalise incroyablement. Pour ses thuriféraires, si le multiculturalisme ne fonctionne pas, c'est qu'on y résiste exagérément, c'est que les nations historiques, en refusant de s'y convertir, l'empêchent de transformer pour le mieux nos sociétés selon les termes de la promesse diversitaire.
Il faudra alors rééduquer les populations pour transformer leur identité et les amener à consentir à ce nouveau modèle: on cherche, par l'école, à fabriquer un nouveau peuple, ayant pleinement intériorisé l'exigence diversitaire. On cherchera à culpabiliser les peuples pour les pousser à enfin céder à l'utopie diversitaire.
C'est la tentation autoritaire du multiculturalisme, qui est tenté par ce qu'on pourrait appeler une forme de despotisme qui se veut éclairé.
Quels sont les points communs et différence avec la France?
L'histoire des deux pays, naturellement n'est pas la même. La France est un vieux pays, une vieille culture, une vieille civilisation qui se représente généralement comme un monde commun à transmettre et non comme une utopie à exporter, même si la révolution française a eu un temps cette tentation.
En un mot, la France a des ressources inouïes pour résister au multiculturalisme même si elle ne les mobilise pas tellement le discours culpabilisateur inhibe les peuples et les convaincs que l'affirmation de leur identité relève de la xénophobie et du racisme.
Mais encore une fois, il faut le dire, c'est le même logiciel idéologique qui est à l'œuvre. Il repose sur l'historiographie victimaire, qui criminalise les origines de la nation ou réduit son histoire à ses pages noires, sur la sociologie antidiscriminatoire, qui annihile la possibilité même d'une culture commune, dans la mesure où elle n'y voit qu'une culture dominante au service d'une majorité capricieuse, et sur une transformation de la démocratie, qui sera vidée de sa substance, dans la mesure où la judiciarisation des problèmes politiques et le transfert de la souveraineté vers le gouvernement des juges permet de désarmer institutionnellement un peuple qu'on soupçonne de céder au vice de la tyrannie de la majorité.
En un mot, si l'idéologie multiculturaliste s'adapte à chaque pays où elle s'implante, elle fait partout le même diagnostic et prescrit les mêmes solutions: c'est qu'il s'agit d'une idéologie, finalement, qui pose un diagnostic global et globalement négatif sur l'expérience historique occidentale.
Vous définissez aussi le multiculturalisme comme la créature de Frankenstein du marxisme. Mais cette idéologie est née dans les pays anglo-saxons de culture libérale. N'est-ce pas paradoxal?
Je nuancerais. Le multiculturalisme comme idéologie s'est développée au cœur des luttes et contestations qui ont caractérisé les radical sixties et les radical seventies et s'est alimenté de références idéologiques venant des deux côtés de l'Atlantique. Par ailleurs, de grands intellectuels français ont joué un rôle majeur dans la mise en place de cette idéologie, née du croisement d'un marxisme en décomposition et des revendications issues de la contre-culture. Michel Foucault et Alain Touraine, par exemple, ont joué un grand rôle dans la construction globale de l'idéologie multiculturaliste. En fait, je dirais que la crise du progressisme a frappé toutes les gauches occidentales. Chose certaine, il ne faut pas confondre l'idéologie multiculturaliste avec une simple expression globalisée de l'empire américain. C'est une explication trop facile à laquelle il ne faut pas céder.
En France, vieux pays jacobin qui a fait la révolution, le multiculturalisme reste contesté malgré la conversion de la majorité de nos élites …
Il est contesté partout, il est contesté au Québec, il est contesté en Grande-Bretagne, il est contesté aux États-Unis, il est aussi contesté chez vous, cela va de soi. Sur le fond des choses, le refus du multiculturalisme repose sur le refus d'être dépossédé de son pays et de voir la culture nationale transformée en identité parmi d'autres dans une citoyenneté mosaïque. Il serait quand même insensé que la civilisation française devienne optionnelle sur son territoire, certains pouvant s'en réclamer, d'autres pas, mais tous cohabitant dans une fausse harmonie que de vrais propagandistes nommeront vivre-ensemble.
Le drame de cette contestation, c'est qu'elle est souvent inhibée, disqualifiée ou criminalisée. La simple affirmation du sentiment national a longtemps passé pour de la xénophobie plus ou moins avouée, qu'il fallait combattre de toutes les manières possibles. D'ailleurs, la multiplication des phobies dans le discours médiatique, qui témoigne d'une psychiatrisation du débat public: on veut exclure du cercle de la respectabilité démocratique ceux qui sont attachés, d'une manière ou d'une autre, à l'État-nation.
On ne sortira pas de l'hégémonie multiculturaliste sans réaffirmer la légitimité du référent national, sans redonner ses lettres de noblesse à un patriotisme enraciné et décomplexé.
Depuis quelques années, on observe également en France la percée d'un féminisme identitaire qui semble tout droit inspiré de Judith Butler. Quelle a été son influence au Québec et plus largement en Amérique du Nord? Ce féminisme est-il une variante du multiculturalisme?
Ce féminisme est dominant dans nos universités et est particulièrement influent au Québec, surtout dans une nouvelle génération féministe très militante qui voit dans la théorie du genre l'expression la plus satisfaisante d'une certaine radicalité théorique qui est pour certains une drogue dure. La théorie du genre, en d'autres mots, est à la mode, très à la mode (et elle l'est aussi plus généralement dans les universités nord-américaines et dans les milieux culturels et médiatiques), et il est mal vu de s'y opposer. Il faut pourtant dire qu'elle est portée par une tentation nihiliste radicale, qui entend tout nier, tout déconstruire, au nom d'une liberté pensée comme pure indétermination. C'est le fantasme de l'autoengendrement. La théorie du genre veut éradiquer le monde historique et reprendre l'histoire à zéro, en quelques sortes, en abolissant la possibilité même de permanences anthropologiques.
On peut certainement y voir une autre manifestation de l'héritage des radical sixties et de l'idéologie diversitaire qui domine généralement les départements de sciences sociales et au nom de laquelle on mène la bien mal nommée lutte contre les discriminations - parce qu'à force de présenter toute différence à la manière d'une discrimination, on condamne toutes les institutions à la déconstruction. Devant Judith Butler, la tentation première est peut-être de s'esclaffer. Je comprends cela. Il faut pourtant prendre son propos très au sérieux, car sa vision des choses, et plus largement, du courant néoféministe qu'elle représente, est particulièrement efficace dans les milieux qui se veulent progressistes et craignent par-dessus tout de ne pas avoir l'air assez à gauche.
Depuis les attentats de janvier 2015, le débat autour de l'islam divise profondément la France. Cette question est-elle aussi centrale en Amérique du Nord? Pourquoi?
Elle est présente, très présente, mais elle est l'est de manière moins angoissante, dans la mesure où les communautarismes ne prennent pas la forme d'une multiplication de Molenbeek, même si la question de l'islam radical et violent inquiète aussi nos autorités et même si nous avons aussi chez certains jeunes une tentation syrienne.
Mais la question du voile, du voile intégral, des accommodements raisonnables, se pose chez nous très vivement - et je note qu'au Québec, on s'inquiète particulièrement du multiculturalisme. Nos sociétés sont toutes visées par l'islamisme. Elles connaissent toutes, aussi, de vrais problèmes d'intégration.
Généralisons un peu le propos: partout en Occident, la question de l'Islam force les pays à se poser deux questions fondamentales: qu'avons-nous en propre, au-delà de la seule référence aux droits de l'homme, et comment intégrer une population qui est culturellement très éloignée, bien souvent, des grands repères qui constituent le monde commun en Occident?
Cela force, à terme, et cela de manière assez étonnante, plusieurs à redécouvrir la part chrétienne oubliée de notre civilisation. Non pas à la manière d'une identité confessionnelle militante, évidemment, mais tout simplement sous la forme d'une conscience de l'enracinement.
Les musulmans qui arrivent en Occident doivent accepter qu'ils arrivent dans une civilisation qui a longtemps été le monde chrétien, et où sur le plan symbolique, l'héritage chrétien conserve une prédominance naturelle et légitime.
Cela ne veut pas dire, évidemment, qu'il faille courir au conflit confessionnel ou à la guerre des religions: ce serait désastreux.
Mais simplement dit, la question de l'islam nous pousse à redécouvrir des pans oubliés de notre identité, même si cette part est aujourd'hui essentiellement culturalisée.
L'islamisme et ses prétentions hégémoniques ne sont-ils pas finalement incompatible avec le multiculturalisme qui suppose le «vivre ensemble»?
L'islamisme a un certain génie stratégique: il mise sur les droits consentis par les sociétés occidentales pour les retourner contre elles. Il se présente à la manière d'une identité parmi d'autres dans la société plurielle: il prétend s'inscrire dans la logique du multiculturalisme, à travers lui, il banalise ses revendications. Il instrumentalise les droits de l'homme pour poursuivre l'installation d'un islam radical dans les sociétés occidentales et parvient à le faire en se réclamant de nos propres principes. Il se présente à la manière d'une identité parmi d'autres qui réclame qu'on l'accommode, sans quoi il jouera la carte victimaire de la discrimination. C'est très habile. À travers cela, il avance, il gagne du terrain et nous lui cédons. Devant cela, nous sommes moralement désarmés.
Il faudrait pourtant se rappeler, dans la mesure du possible, que lorsqu'on sépare la démocratie libérale de ses fondements historiques et civilisationnels, elle s'effrite, elle se décompose. La démocratie désincarnée et dénationalisée est une démocratie qui se laisse aisément manipuler par ses ennemis déclarés. D'ailleurs, au vingtième siècle, ce n'est pas seulement au nom des droits de l'homme mais aussi au nom d'une certaine idée de notre civilisation que les pays occidentaux ont pu se dresser victorieusement contre le totalitarisme. Du général de Gaulle à Churchill en passant par Soljenitsyne, la défense de la démocratie ne s'est pas limitée à la défense de sa part formelle, mais s'accompagnait d'une défense de la civilisation dont elle était la forme politique la plus achevée.
Comment voyez-vous l'avenir de la France. Le renouveau conservateur en germe peut-il stopper l'offensive multiculturaliste de ces 30 dernières années?
On dit que la France a la droite la plus bête du monde. C'est une boutade, je sais, mais elle est terriblement injuste.
Je suis frappé, quant à moi, par la qualité intellectuelle du renouveau conservateur, qui se porte à la fois sur la question identitaire et sur la question anthropologique, même si je sais bien qu'il ne se réclame pas explicitement du conservatisme, un mot qui a mauvaise réputation en France.
Je définis ainsi le conservatisme: une philosophie politique interne à la modernité qui cherche à la garder contre sa tentation démiurgique, contre la tentation de la table-rase, contre sa prétention aussi à abolir l'histoire comme si l'homme devait s'en extraire pour se livrer à un fantasme de toute puissance sociale, où il n'entend plus seulement conserver, améliorer, transformer et transmettre la société, mais la créer par sa pure volonté. Le conservatisme rappelle à l'homme qu'il est un héritier et que la gratitude, comprise comme une bienveillance envers le monde qui nous accueille, est une vertu honorable. C'est une philosophie politique de la finitude.
Réponse un peu abstraite, me direz-vous. Mais pas nécessairement: car on aborde toujours les problèmes politiques à partir d'une certaine idée de l'homme. Si nous pensons l'homme comme héritier, nous nous méfierons de la réécriture culpabilisante de l'histoire qui domine aujourd'hui l'esprit public dans les sociétés occidentales. Ce que j'espère, c'est que la renaissance intellectuelle du conservatisme en France trouve un débouché politiquement, qui normalement, ne devrait pas être étranger à l'héritage du gaullisme. Pour l'instant, ce conservatisme semble entravé par un espace politique qui l'empêche de prendre forme.
Et pour ce qui est du multiculturalisme, on ne peut bien y résister qu'à condition d'assumer pleinement sa propre identité historique, ce qui permet de résister aux discours culpabilisants et incapacitants. Il faut donc redécouvrir l'héritage historique propre à chaque pays et cesser de croire qu'en l'affirmant, on bascule inévitablement dans la logique de la discrimination contre l'Autre ou le minoritaire. Cette reconstruction ne se fera pas en quelques années. Pour user d'une image facile, c'est le travail d'une génération.
Le multiculturalisme peut-il finalement réussir le vieux rêve marxiste de révolution mondiale? La France va-t-elle devenir les Etats-Unis ou le Canada?
À tout le moins, il s'inscrit dans la grande histoire du progressisme radical et porte l'espoir d'une humanité réconciliée, délivrée de ses différences profondes, où les identités pourraient circuler librement et sans entraves dans un paradis diversitaire. On nous présente cela comme une sublime promesse: en fait, ce serait un monde soumis à une terrible désincarnation, où l'homme serait privé de ses ancrages et de la possibilité même de l'enracinement. L'homme sans histoire, sans culture, sans patrie, sans famille et sans civilisation n'est pas libre: il est nu et condamné au désespoir.
En un sens, le multiculturalisme ne peut pas gagner: il est désavoué par le réel, par la permanence de l'authentique diversité du monde. Il pousse à une société artificielle de carte postale, au mieux ou à la décomposition du corps politique et au conflit social, au pire. Et il est traversé par une vraie tentation autoritaire, chaque fois. Mais il peut tous nous faire perdre en provoquant un effritement de nos identités nationales, en déconstruisant leur légitimité, en dynamitant leurs fondements historiques.
Et pour la France, permettez-moi de lui souhaiter une chose: qu'elle ne devienne ni les États-Unis, ni le Canada, mais qu'elle demeure la France.
Mathieu Bock-Côté, propos recueillis par Alexandre Devecchio (Figaro Vox, 29 avril 2016)
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Vrijhandelsverdrag met Amerika gaat Europese belastingbetalers miljarden kosten
Oproep: Onderteken petitie voor referendum over het TTIP, dat al ruim 120.000 handtekeningen heeft gekregen
Bijna 600.000 banen verloren door vrijhandelsverdrag, gemiddeld inkomen daalt in Noord Europa met ruim € 4800,
De gerenommeerde London School of Economics velt in een rapport een vernietigend oordeel over het TTIP vrijhandelsverdrag dat de EU met de VS wil sluiten. Volgens de economische experts herbergt het TTIP grote risico’s voor Europa en brengt het ons nauwelijks iets goeds. Opmerkelijk is dat de Britse premier Cameron opdracht gaf voor het onderzoek, maar toen de uitkomst hem niet aanstond, het vervolgens werd weggemoffeld.
Tegenstanders van het TTIP, die zich hebben verenigd in ‘Global Justice Now’, hebben de Britse versie van de wet openbaarheid bestuur gebruikt om het LSE-rapport, dat uit 2013 dateert, boven tafel te krijgen. De conclusies in dat rapport zullen het premier David Cameron waarschijnlijk nog moeilijker maken om het Britse volk ervan te overtuigen in juni voor een langer verblijf in de EU te stemmen.
TTIP gaat Europese belastingbetalers miljarden kosten
Volgens de London School of Economics zal het TTIP de Britse (en Europese) belastingbetalers vooral heel erg veel geld gaan kosten. Voordelen zijn er nauwelijks. De beweringen van politici dat Europese investeerders het in de VS makkelijker zullen krijgen, zijn op zijn best zeer twijfelachtig.
De economen wijzen op het vergelijkbare NAFTA akkoord tussen de VS en Canada. De Canadezen zijn daardoor al miljarden kwijtgeraakt aan dure rechtszaken die door Amerikaanse investeerders werden aangespannen. Ook in het TTIP krijgen deze investeerders de macht om Europese overheden voor het gerecht te dagen. Gezien de ervaringen in Canada zal het enorme sommen belastinggeld gaan kosten om met hen te schikken. Europa wordt daarin zelfs kwetsbaarder voor de VS dan Canada.
De LSE ontrafelt een tweede leugen van de politici: extra investeringen in de economie zullen er niet of nauwelijks komen, ook niet uit India of China, omdat investeerders nu al meer dan voldoende ruimte en rechtszekerheid hebben op de Britse en Europese markten. Ook in dit opzicht is het TTIP enkel gunstig voor de Amerikanen, maar wel ten koste van investeerders uit andere landen. De Amerikanen azen met name op volledig vrije toegang tot het nog in ontwikkeling zijnde Oost Europa.
Politici weigeren details verdrag bekend te maken
De slechte ervaringen die Canada met het NAFTA vrijhandelsverdrag heeft, dreigen met het TTIP ook de onze worden. Geen wonder dat premier Cameron het onderzoek onmiddellijk achter slot en grendel opborg, en in plaats daarvan gewoon doorging met het opnoemen van de in werkelijkheid niet bestaande voordelen van het verdrag voor Europa. De Britse leider overlegde gisteren nog met twee andere grote voorstanders van het TTIP, de Amerikaanse president Obama en de Duitse bondskanselier Merkel.
Ook Merkel heeft tot nu toe geweigerd de details van het TTIP openbaar te maken, reden waarom er bij onze Oosterburen afgelopen weekend nog massale demonstraties werden gehouden. In politiek Den Haag doet men er zoals gewoonlijk hoofdzakelijk het zwijgen toe als er weer eens zal worden ingestemd met besluiten of verdragen waarvan men beseft dat deze schadelijk zijn voor de Nederlandse werknemers en belastingbetalers.
Bijna 600.000 Europese banen zullen verloren gaan
Vorig jaar waarschuwde de Britse vakbond GMB dat de EU na het sluiten van het TTIP vrijhandelsverdrag met de VS overspoeld zal worden met tot nu toe verboden zwaar giftige chemicaliën die erom bekend staan kanker, geboorteafwijkingen en ontwikkelingsstoornissen te veroorzaken.
In 2014 bleek uit een onafhankelijk onderzoek van het Global Development & Environment Institute dat van de beloofde stimulatie van de werkgelegenheid in Europa niets terecht zal komen, en er de komende 10 jaar juist 583.000 banen verloren zullen gaan. Ook zullen de gemiddelde lonen in Noord Europa jaarlijks met maar liefst € 4848,- dalen als gevolg van het TTIP.
‘Veiligheid en gezondheid burgers op het spel’
De Europese Commissie beweert dat het TTIP de Europese economie een impuls van € 120 miljard kan geven, maar critici houden vol dat alleen al het feit dat de onderhandelingen achter gesloten deuren worden gehouden bewijst dat naast de werkgelegenheid en het inkomen ook de veiligheid en de gezondheid van de Europese burgers doelbewust op het spel worden gezet.
Teken petitie voor referendum over TTIP
Om al deze redenen is er een online petitie gestart voor een referendum over het TTIP- en CETA verdrag (CETA: vergelijkbaar verdrag met Canada). Wij roepen iedereen op om deze petitie, die al bijna 121.000 handtekeningen heeft gekregen, te ondertekenen (let op: u krijgt na afloop een email waarmee u uw ondertekening moet bevestigen, anders telt deze niet mee). Zodra de 300.000 zijn gehaald, heeft de regering geen andere keus dan een referendum te organiseren. Het grote succes van het recente Oekraïne referendum bewijst dat ondertekening wel degelijk zin heeft!
Xander
(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
Zie ook o.a.:
25-04: Britse reactie op Obama’s pleidooi voor EU en TTIP: Waarom luisteren naar president die wereld in chaos stortte?
2015:
25-06: Senaat VS akkoord met TPP, geeft Obama dictatoriale macht
06-06: Bilderberg 2015: Westerse elite wil contant geld uitbannen (/ Grenzen Amerika en Europa moeten nog verder open voor miljoenen immigranten – ‘Planetair regime’ in oprichting)
05-06: EU moet zwaar giftige chemicaliën toelaten door vrijhandelsakkoord met VS
2014:
14-11: Vrijhandelsakkoord met VS vernietigt ruim half miljoen Europese banen
28-09: Vrijhandelsverdrag: EU schakelt macht nationale parlementen uit (/ ‘Sluizen herverdeling welvaart eurozone worden geopend’)
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : traité transatlantique, europe, affaires européennes, amérique du nord, états-unis, canada, économie, politique internationale, london school of economics | |
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Une équipe d’archéologues dirigée par l’Américaine Sarah Parcak a mis au jour au sud-ouest de l’île canadienne de Terre-Neuve des vestiges qui pourraient bien avoir été un bâtiment érigé par les navigateurs scandinaves, ont-ils annoncé vendredi.
Jusqu’à présent, la présence Viking en Amérique n’avait été confirmée qu’à l’extrême nord de Terre-Neuve, à l’Anse aux Meadows. Les fondations de huit bâtiments, ainsi que des artefacts, avaient été découverts dans les années 1960 à l’emplacement de ce qui, selon les archéologues, avait constitué un village habité par ces Européens entre 900 et 1050.
Traces de charbon de bois
A l’aide de relevés satellites, Sarah Parcak a identifié le site de Pointe Rosée, à 500 kilomètres au sud de l’Anse aux Meadows. Elle y a mené deux semaines de fouilles en juin dernier. Outre un foyer destiné à une forge, les fouilles ont permis de découvrir de traces de charbon de bois et neuf kilogrammes de scories, c’est-à-dire des résidus de fer transformé à partir de tourbe, un procédé bien connu des Vikings qui n’étaient pas de grands mineurs. En utilisant la datation au carbone 14, l’équipe de Sarah Parcak a conclu que le lieu découvert a été fréquenté entre 800 et 1300, soit lorsque les navigateurs scandinaves sillonnaient l’Atlantique Nord.
« Vinland »
«C’est très excitant. Cette découverte donne espoir de trouver un site occupé plus longtemps et de manière plus significative», a indiqué Karyn Bellamy-Dagneau, une historienne canadienne spécialiste du Moyen-Age scandinave. Dans les «Sagas», ces textes semi-légendaires narrant les épopées des Vikings, les Scandinaves évoquent une terre luxuriante baptisée «Vinland», sise au-delà du Groenland qu’ils avaient déjà colonisée.
Pointe Rosée relance donc les spéculations des chercheurs: jusqu’où les Vikings ont-ils navigué? La péninsule de Pointe Rosée se situe à la pointe méridionale de Terre-Neuve, là où les eaux du golfe du Saint-Laurent rencontrent celles de l’Atlantique Nord. Elle constitue donc un bon avant-poste pour explorer le Saint-Laurent ou le littoral américain, relève Karyn Bellamy-Dagneau.
Les côtes du Maine ne sont par exemple qu’à quelques heures de traversée. Et c’est dans cet état américain qu’une pièce en cuivre datant du XIe siècle a été retrouvée, il y a quelques années.
L’emplacement de Pointe Rosée correspond aux usages des Vikings car «ils avaient besoin d’un endroit accessible facilement depuis la plage et offrant un bon point de vue. Ce lieu est donc situé parfaitement: vous pouvez voir vers le nord, l’ouest et le sud», a déclaré Sarah Parcak au magazine National Geographic qui a financé une partie de ses recherches.
«Nous n’en sommes qu’au début des recherches. Jusqu’à présent, aucune preuve ne démontre que ce sont des Vikings qui ont fréquenté ce lieu», confie à l’AFP Shannon Lewis-Simpson, archéologue à l’Université Memorial de Terre-Neuve. Elle rappelle qu’il a fallu huit années de fouilles pour tirer les conclusions sur l’Anse aux Meadows.
«Enthousiaste» au sujet des travaux de Sarah Parcak, elle souligne que dans cette île canadienne, «personne n’a jamais enterré l’idée qu’un autre site viking pourrait être découvert».
00:05 Publié dans archéologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : archéologie, vikings, scandinaves, atlantique, islande, labrador, vinland, canada, amérique, découverte de l'amérique, pointe rosée | |
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«Le premier génocide moderne, bien avant les Vendéens…»
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Entretien avec Rémi Tremblay, auteur du livre Les Acadiens: du Grand Dérangement au Grand Remplacement, éditions Dualpha, préface de Jean-Claude Rolinat.
Pourriez-vous revenir sur le Grand Dérangement, événement clé de l’histoire acadienne ?
Le Grand Dérangement est effectivement un moment crucial de l’histoire des Acadiens. Ce peuple, qui est français de langue, de foi, de culture et de race vit sur une terre passée sous contrôle britannique en 1713. Coincée entre les colonies américaines britanniques et la Nouvelle-France, elle représente un territoire géopolitique capital pour les deux puissances en conflit à l’époque. Les Acadiens, peuple n’ayant aucun objectif de puissance, se cantonnent dans une position de neutralité qui finalement ne fait ni l’affaire des Français, ni des Anglais. Ces derniers, jugeant la politique de neutralité acadienne suspecte et considérant ces Catholiques francophones comme une menace potentielle décident alors de se débarrasser des Acadiens en tant que peuple. Commence alors le Grand Dérangement, soit la déportation des Acadiens vers d’autres colonies ou vers l’Europe. En les dispersant aux quatre vents, la couronne britannique espère qu’ils s’assimileront aux colons anglais des autres colonies et disparaitront donc en tant que peuple. Cet épisode représente le premier génocide moderne, bien avant les Vendéens, et comme dans le cas de ces derniers, il est aujourd’hui peu connu, même chez les Canadiens français.
Quelles sont aujourd’hui les perspectives d’avenir des Acadiens ?
Les Acadiens, malheureusement, risquent de disparaître s’ils ne changent pas leur fusil d’épaule. La disparition d’un peuple n’est pas que théorique en Amérique. Les Cajuns et les Canadiens français du Manitoba ont disparu au fil des dernières décennies, s’assimilant à la masse anglo-saxonne qui compose la grande majorité du continent. Un destin pareil attend les Acadiens si rien n’est fait.
Je m’explique. De un, les Acadiens comme la plupart des autres peuples occidentaux font face à une décroissance due à un taux de natalité excessivement bas, qui peut être mis en lien avec l’abandon de la religion. En parallèle, une immigration massive vient faire diminuer son importance relative. Ça, c’est vrai pour tous les peuples occidentaux, seulement, chez les Acadiens, ceux-ci sont déjà minoritaires sur leur propres terres ancestrales. Alors non seulement ils tendent à devenir une minorité parmi tant d’autres dans la grande mosaïque canadienne, mais leur statut de minorité est de plus en plus fragilisé par l’arrivée d’immigrants. Il faut aussi ajouter que l’assimilation des Acadiens aux Anglo-Saxons n’est pas un phénomène aussi marginal qu’on le pense. Bien qu’il s’effectue lentement, il est impossible de nier ce problème majeur pour la survivance acadienne.
Comment expliquez-vous la méconnaissance actuelle des Acadiens ?
L’Acadie représente un petit peuple numériquement parlant, surtout comparativement à son voisin le Québec, peuplé de millions de Canadiens français. Déjà, le Québec est peu connu en France, alors la petite Acadie l’est évidemment moins. Même au Québec, l’Acadie est peu connue et ce malgré le fait que nombre d’Acadiens vivent sur le territoire québécois. Est-ce du nombrilisme, du chauvinisme ? Dur à dire. Seulement, comme le disait Raoul Roy, chantre de la Francité, les peuples français (et non pas francophones), doivent resserrer les rangs et c’est dans cet esprit que j’ai voulu faire connaître le monde acadien à nos cousins français.
Les médias modernes ont tendance à vouloir susciter la sympathie pour des causes aussi lointaines de nous que possible et ce alors qu’une partie de notre peuple risque de s’éteindre lentement dans le silence assourdissant du reste de la Francité.
Les Acadiens : du Grand Dérangement au Grand Remplacement de Rémi Tremblay, Préface de Jean-Claude Rolinat, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa, 158 pages, 23 euros, cliquez ici
09:53 Publié dans Entretiens, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, histoire, rémy tremblay, canada, canada français, acadiens, génocide, déportation des acadiens | |
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Ex: http://quebecoisdesouche.info
Nous abordons souvent dans nos pages la rectitude politique, mais tout comme le multiculturalisme que nous avons défini avec le professeur Richardo Duchesne, elle est très mal comprise. Aujourd’hui, des humoristes se disent politiquement incorrects alors qu’ils font des blagues sur les chrétiens, sur les blondes ou sur les gros, alors que finalement, ils sont en plein dans la ligne de la rectitude politique. Pour mieux comprendre ce qu’est réellement cette rectitude politique, ses origines et ses aboutissements, nous vous présentons une entrevue avec le professeur Heinz Klatt qui donnait un cours sur ce sujet à l’Université de Western Ontario.
Dans les dernières années de mon enseignement au King’s University College de l’Université de Western Ontario à London (2000-2004), j’ai enseigné un cours intitulé « Psychology and Ideology: The Study of Political Correctness ». Ce cours, à ma connaissance et d’après les études de la National Association of Scholars, était le premier cours universitaire au Canada qui traitait explicitement du phénomène de la rectitude politique. Ce cours était limité aux étudiants de psychologie des troisième et quatrième années, ce qui explique le choix des sujets analysés.
Dans le cadre de ce cours, j’ai défini la rectitude politique, en termes généraux, comme un canon d’orthodoxies et de prohibitions. D’après moi, elle est composée d’un ensemble d’affirmations que la société occidentale d’aujourd’hui ne permet pas de mettre en question. Elle a les caractéristiques d’une religion séculière. Nourrie par des ressentiments et des rancœurs, son but est de promouvoir une société radicalement égalitaire.
La rectitude politique insiste sur la reconnaissance de son credo par tous. Elle fait respecter ses vaches sacrées par la censure. Elle contrôle le langage et, en particulier, elle emploie à foison des épithètes (comme « raciste », « sexiste », « homophobe », « fasciste ») qui sont utilisées principalement pour terminer des controverses et des débats afin de défaire et soumettre ses adversaires « incorrects ».
Les lois et politiques sur le « harcèlement sexuel », qui sont en fait des codes de parole, ont la fonction de censurer. Elles servent de véhicule de choix pour faire valoir la rectitude politique et cela même dans les conflits qui n’ont rien à faire avec un harcèlement sexuel. Les nombreuses politiques que je connais, toutes interdisent qu’on dise quelque chose qui pourrait mettre quelqu’un « mal à l’aise » ou qui pourrait créer un « environnement hostile ou empoisonné ». Imaginons la signification de ces verdicts en milieu universitaire! L’autocensure qui en résulte est tellement efficace que le besoin de censurer ouvertement et brutalement n’est plus que rarement senti. Dans le milieu universitaire, cela entraîne que beaucoup de professeurs, préoccupés par leur enseignement et recherche, se soumettent « volontairement » et, sans grande résistance, se musellent avec verve. Ainsi, au nom de la diversité, paradoxalement, on renforce une uniformité de pensée et d’expression. L’objectif de la rectitude politique est la diversité raciale et l’uniformité de pensée.
Les champions de la rectitude politique se considèrent et s’appellent « libéraux » et « progressistes », bien qu’il soit difficile de justifier une telle nomenclature. Comment peut-on se targuer d’être libéral et progressiste si on insiste sur la reconnaissance forcée de la rectitude de ses vues et qu’on est prêt, en vue de cette acceptation, d’exercer la censure et d’utiliser tous les moyens de contrainte disponibles?
Comme dans toute religion et toute idéologie absolutiste, la rectitude politique a ses hérétiques, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas « corrects » et qui, par conséquent, peuvent être vilipendés, harcelés, proscrits, éliminés des comités universitaires et barrés dans leur carrière.
La pensée unique a son propre code d’éthique qui est basé sur les deux notions d’équité et de diversité. L’équité exige que chaque organisation ou institution, privée ainsi que publique, reflète la composition sexuelle de la société, à l’exception de ces institutions, ironiquement, qui emploient majoritairement des femmes (infirmières, enseignantes et autres). La notion de diversité exige que chaque institution reflète la composition raciale de la société. D’une manière paradoxale, par fait autoritaire, on revendique que toutes les races sont égales et également douées à contribuer à la société, et ergo que chaque institution a besoin des membres de chaque race, parce que « la diversité est notre force ». Le gouvernement supervise et finance cette ingénierie sociale et escroquerie. Il récompense l’acquiescement et punit la désobéissance. Les soit-disantes Commissions des droits de la personne, finalement, excommunient les hérétiques et réfractaires, parfois avec des amendes importantes, et vont même jusqu’à détruire leurs carrières.
En principe, il n’y a pas de différence. Dans les deux cas, la liberté d’expression est garantie par leurs constitutions, et dans les deux cas, il y a une censure efficace et souvent sans merci. Dans le cas particulier du Canada, la Charte des droits et libertés de la personne garantit la liberté d’expression et les Commissions et Tribunaux des droits de l’homme la limitent et punissent souvent sévèrement les récalcitrants.
Ce que je trouve particulièrement choquant est le fait que nous, les professeurs universitaires, en dépit de la protection particulière que nous avons par la Charte et les conditions de notre emploi, nous sommes, comme groupe, probablement les plus serviles et obséquieux de tous. Tandis que nous reconnaissons facilement la censure dans les pays totalitaires, nous avons du mal à la reconnaître dans nos pays démocratiques à travers nos politiques qui prohibent des paroles qui peuvent mettre quelqu’un « mal à l’aise », qui peuvent propager « la haine » ou qui peuvent créer un « environnement hostile ».
Évidemment, les arts et les sciences humaines sont beaucoup plus affectées par la rectitude que les sciences naturelles, parce que les sciences humaines étudient les comportements des gens tandis que les sciences naturelles examinent les lois de la nature. Par conséquent, la sociologie, la psychologie, l’anthropologie et l’éducation souffrent le plus sous la lourde chape des menaces des tribunaux. Déjà toute une génération d’étudiants ne peut plus examiner honnêtement des sujets importants qui ébranlent la société: l’homosexualité, les différences sexuelles et raciales, l’immigration, les minorités, les handicapés et autres. Dans chaque sujet, une seule conclusion est licite: celle qui est politiquement correcte. Avec toute autre conclusion, on devient très vulnérable.
Quel universitaire, par exemple, aurait le courage aujourd’hui d’examiner les différences biologiques, intellectuelles et sociales des races! Rappelons-nous le cas du président de Harvard University, Lawrence Summers, ancien ministre de commerce, qui en 2005 dans une adresse publique a osé dire que peut-être il y a aussi, parmi d’autres, un facteur génétique à la base du fait qu’il y a une prépondérance d’hommes dans les facultés des sciences naturelles dans les universités d’élite. Nous savons la conséquence: il a été forcé de démissionner et de chercher un nouvel emploi. Ce que ce cas et plein d’autres nous montrent est le fait que la rectitude politique avec ses contraintes qu’elle impose n’est pas un fléau limité au deuxième échelon des universités (UWO).
Naturellement, les religions et leurs enseignements sont particulièrement tarabustés. J’ai introduit dans mes cours la notion de la rectitude politique islamique, un terme qui comprend toutes les bêtises et contre-vérités qui aujourd’hui sont monnaie courante comme « l’islam est une religion de paix, l’islam est compatible avec la démocratie, les femmes en islam ont un statut égal avec les hommes, le jihad est avant tout un »perfectionnement de soi-même dans la voie de Dieu » et n’a rien à faire avec une guerre sainte contre les infidèles, Mahomet, le vertueux, a épousé une dizaine de femmes surtout pour aider les pauvres veuves ou pour établir des alliances politiques, etc. »
Le lecteur probablement est avide qu’on lui donne un exemple concret de ce qui s’est passé dans nos parages canadiens. En 1991, j’enseignais un cours sur la psychologie d’enfant pour la deuxième année et comme c’était mon habitude, j’ai demandé à mes étudiants de s’identifier à l’aide d’un carton posé sur la table devant eux avec leur nom en grandes lettres. Un jour en octobre, une étudiante, nommée Lucrecia, voulait poser une question mais avait oublié de mettre son étiquette. Je voulais lui donner la parole mais je ne me souvenais que d’une partie de son nom et balbutiai Lu… La… Lu… C’est alors qu’elle m’aida, avec le résultat que je l’appelai Lucky Lucy, parce qu’elle préférait le diminutif. Tout le monde s’amusa un peu et je continuai mon cours.
Après les examens finaux en juin suivant, j’ai reçu une lettre formelle du principal du collège qui m’accusait d’avoir « sérieusement harcelé mes étudiantes » dans mon cours. Les plaignantes étaient deux étudiantes qui avaient obtenu un D dans le cours et qui prétendaient avoir été tellement bouleversées par le fait que j’avais appelé une étudiante Lucky Lucy qu’elles ne pouvaient plus étudier. La première correspondance, en fait, ne fut pas seulement une inculpation mais incluait un jugement de culpabilité selon lequel j’avais harcelé ces deux étudiantes. Un adjudicateur externe fut nommé pour déterminer la punition que je méritais. Les procédures kafkaesques et très éprouvantes qui suivirent durèrent presque deux ans et se conclurent par un jugement d’innocence. Après cela, c’était à moi d’exposer la farce politiquement correcte à laquelle j’avais été soumis (ce que je fis amplement dans tous les médias qui montraient un intérêt) et à soumettre mes demandes de compensation. Finalement, j »ai réussi à obtenir une année de congé payé, le remboursement de tous mes frais et la satisfaction de plusieurs autres demandes.
A une époque plus saine de notre histoire, la plainte de deux étudiantes (très faibles) disant qu’elles ne pouvaient plus se concentrer sur leurs études parce que leur professeur avait appelé une autre étudiante Lucky Lucy, sans aucune allusion à la sexualité, aurait été réglée en dix minutes et aurait été accompagnée d’une réprimande des plaintives. Les deux collègues qui m’avaient jugé coupable sans même m’avoir informé sur la plainte auraient également été sanctionnés. Dans notre société actuelle de pensée unique, toutefois, les valeurs sont tout autres.
Mon expérience avec le monde destructeur, absurde et risible de la rectitude politique n’est pas vraiment compréhensible sans que soient mentionnés deux antécédents aux événements: en 1990, j’avais exposé dans la presse et dans un article scientifique que l’Université de Western Ontario, malgré tout ce qu’elle publie sur son excellence dans l’enseignement, accepte des étudiants mentalement arriérés, en langage politiquement correct, des étudiants avec un déficit mental. Comme nous savons tous, les Commissions des droits de l’homme exigent que tous les candidats « qui posent un déficit » doivent être accommodés, ce qui veut dire que les candidats « sous-doués » ont également un droit à une éducation universitaire. C’est aux professeurs à gérer les affaires quand les étudiants ne savent pas écrire à un niveau supérieur de celui de l’école élémentaire. Et cela se passe dans une université à l’admission compétitive (taux d’admission 58%), au niveau très respectable de l’Université de Western Ontario!
Le deuxième événement qui précédait mon harcèlement par l’institution était mon grief contre le doyen, un grief qui exposait l’administration peu soignée et incompétente de ce doyen et que j’avais gagné. Il y a un prix à payer quand on se mesure avec ses supérieurs – une ancienne sagesse. Les institutions modernes pourtant disposent d’un arsénal de mesures beaucoup plus important dont l’outil suprême sont les politiques de harcèlement perversement invoqué pour harceler les insoumis.
Les notions de se sentir « mal à l’aise », de « l’environnement hostile et empoisonné » et de la « haine » sont des concepts très subjectifs et exigent une interprétation chaque fois qu’elles sont invoquées. Cette contingence ne pose pas de problème aux apôtres de la rectitude politique. La notion salvatrice est la « tolérance zéro ». En décrétant que déjà la moindre nano-infraction mérite une sanction, on raccourcit les délibérations et débats. Ainsi un garçon de quatre ans qui a fait la bise à une fille de trois ans dans un jardin d’enfants (un cas réel) mérite-t-il une suspension pour harcèlement sexuel. Après tout, il faut éradiquer le vice le plus tôt possible, au moment de sa naissance, et il ne faut pas faire de compromis. De la même manière, deux étudiantes, qui se sentent « mal à l’aise » dans un cours dans lequel le professeur appelle une autre Lucky Lucy, doivent être prises au sérieux, parce qu’elles ont souffert (une évidence pour le fanatique et l’imbécile) et que ce n’est à personne de juger l’intensité de la douleur. Ici nous nous trouvons dans le domaine de l’absurde et du fanatisme et au Canada contemporain.
Dans la jurisprudence traditionnelle, c’était le juge qui avait la responsabilité de considérer et peser les contingences, les conflits des gens en question, leur psychologie et motivation ainsi que plein d’autres facteurs pour déterminer leur culpabilité. La notion de tolérance zéro soulage les cadis de la rectitude politique de cette encombrante obligation, toute micro-plainte est prise au sérieux et chaque inculpé est poursuivi et harcelé qu’il soit innocent ou coupable. Ainsi montre-t-on sa sincérité et sa dévotion à protéger les femmes (faibles) et les minorités. En plus, on se donne aussi une attitude de supériorité morale.
Ce radicalisme idéologique a pourtant encore un autre bénéfice, i. e., économique. Les institutions peuvent employer les étudiant(e)s avec des diplômes en « études féministe s», « études de diversité et du multiculturalisme », « études d’équité », « études des déficiences », « études noires », etc.. Ce sont des gradués qui ne seraient susceptibles d’être employés dans aucune position bénéfique à la société.
Dans le sens que toutes les valeurs se valent et que toutes les sensibilités sont justifiables et méritent audience et soin, notre société multiculturelle ne reconnaît pas de hiérarchies. Alité au lit du relativisme moral, si confortant aux esprits médiocres, chacun a sa vérité, ses valeurs, ses sensibilités et convictions, et personne n’a le droit de juger les autres. Si quelqu’un prétend se sentir harcelé, c’est parce qu’il est harcelé. Les apôtres de la rectitude politique apparaissent incapables de comprendre que ce principe implique une abdication de la raison, de la logique et du bon sens.
L’axiome qu’il ne faut surtout pas juger les autres, leurs valeurs, leurs points de vue et leur morale, ne devrait-il pas être considéré sujet au même principe? Si toute assertion est relative, cette proposition ne doit-elle pas être relative aussi? Les contradictions dans le relativisme cognitif et moral, cependant, ne posent pas de problèmes aux adeptes de la rectitude politique, parce qu’ils ne comprennent pas et pour cela ne sont pas gênés. Comme l’ouroboros, le serpent de l’occultisme qui avale sa propre queue, ils doivent avaler leurs propres non-sens indigestibles sans vomir.
Le terme « politiquement correct » ou « rectitude politique » a son origine dans les débats des communistes et socialistes du début du dernier siècle. Les camarades dans leur parti critiquaient la doctrine que Moscou était toujours « politiquement correcte », et que le Politbureau soviétique était ultérieurement le seul interprète des textes sacrés. Avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’empire soviétique, les menaces militaires et nucléaires étant réduites, l’idéologie marxiste-léniniste cependant continua à respirer et surtout parmi les intellectuels et universitaires de gauche.
On reconnaît facilement les origines communistes du politiquement correct:
• dans l’ingénierie sociale (les quotas);
• dans le contrôle du langage et la transformation de la société par l’intermédiaire d’une novlangue à la « 1984 » (équité, diversité, inclusivité, homophobie, survivant, victime, « glass ceiling », l’usage du mot genre à la place de sexe comme si ces deux termes étaient des synonymes, etc.); plusieurs de ces mots sont conventionnels toutefois doués des sens nouveaux;
• dans la participation forcée des « coupables » à des séminaires et ateliers de rééducation pour rendre ceux-ci « plus sensibles », c’est-à dire plus conformes à la pensée unique;
• dans la calomnie acharnée du patriarcat comme jadis la diffamation systématique du capitalisme;
• et en dernier, mais non par ordre d’importance, ce que les anglophones appellent si justement les « kangaroo courts » ou « star chambers », i. e., les cours idéologiques et arbitraires.
Naturellement, on ne peut pas inculper une seule doctrine comme la mère de la rectitude politique, parce qu’il y a une convergence de multiples influences. Le féminisme est devenu de plus en plus agressif. L’immigration massive des gens de couleur a changé le visage du pays. Le multiculturalisme, en général, a sollicité la compassion pour les autres autant qu’il a entraîné la dénigration de notre propre culture et de nos coutumes. Les revendications téméraires et souvent impudentes des immigrants musulmans ont ébranlé certaines coutumes et traditions de notre pays. Somme toute, toute une toile d’influences a abouti dans le développement, largement par des méthodes démocratiques, à ce phénomène qui a fait tant de dégâts. Les apôtres du mouvement étaient et sont toujours les gens qui valorisent la pluralité des races dans la société plus que la pluralité des idées et valeurs, et ironiquement, cette attitude est la plus répandue dans les universités.
En écrivant ces lignes, je lis dans l’éditorial de la National Post du 14 juin que le Conseil scolaire de Vancouver a adopté la politique de nouveaux pronoms pour les enfants qui se sentent mal à l’aise avec leur genre (le mot sexe, apparemment, est destiné à devenir un mot périmé). Ces enfants et leurs enseignants sont encouragés à utiliser «xe, xem and xyr» à la place de «he/she» et «him/her». N’ignorons pas le fait que les différentiations, nécessaires pour un usage propre de ces mots (s’il y’en a), doivent être faites même par des enfants qui ne savent pas encore utiliser les toilettes! Bien sûr, pour protéger la sphère intime de ces enfants-xe-xem (un autre grand souci), ils peuvent choisir entre les toilettes de filles, de garçons et celles, à créer encore, qui sont une « alternative raisonnable » («a reasonable alternative washroom»).
Ici encore une fois, nous nous trouvons dans un monde absurde, abracadabrant et même burlesque invitant la satire. L’actualité de cette farce (exécutée sans consultation des parents) nous montre la vitalité interminable de la rectitude politique et le fait qu’il y a sûrement trop de personnels embauchés dans les administrations d’éducation qui n’ont rien à faire.
Les apôtres sont tous ceux, et surtout celles, qui sont des idéologues d’une égalité radicale ou des profiteurs de cette ingénierie sociale. Et naturellement il y a toujours plein de compagnons de route, sans conviction, des idiots utiles, qui nagent avec le flot pour ne pas se compliquer la vie. Les universités sont les pépinières par excellence. Elles fournissent des emplois pour des professeurs qui procurent les théories et pour des bureaucrates qui sont mis en charge d’administrer les élucubrations « correctes ». Finalement, il y a de nombreux étudiants qui profitent en décrochant des diplômes et certificats qui leur permettent après leurs études d’être employés comme conseillers ou consultants pour les conseils scolaires et autres.
Je trouve difficile d’argumenter contre des propos ou des demandes raisonnables. A mon avis, tout le monde devrait toujours être raisonnable. Par conséquent, des accommodements raisonnables, en général, devraient être accordés. Les problèmes surgissent quand des demandes soi-disant raisonnables ne sont pas reconnues comme telles par les autres.
Personnellement, j’ai une aversion envers les immigrants qui bénéficient déjà d’une pléthore de droits, de services et de protections au Canada, avantages qu’ils n’ont pas eu dans leurs propres pays, et qui attendent que le pays hôte change ses lois, ses traditions et ses institutions pour les accommoder. Pour moi, en tant qu’immigrant, il est indécent d’attendre que le pays de choix s’adapte à moi, à mes préférences et mes traditions. Il incombe toujours à l’immigrant de respecter les institutions du pays hôte et de s’y conformer ou de ne pas venir.
Dans ce sens, la demande d’une femme de témoigner à la cour derrière un voile ou un écran contre un homme accusé d’un crime comme le viol est tout sauf raisonnable. La demande de pouvoir faire des prières aux grands gestes dans les écoles publiques avec les filles séparées derrière les garçons, et les filles qui ont leurs règles encore derrière les autres filles, n’est pas seulement déraisonnable mais un affront total à nos valeurs. La demande des garçons de porter un kirpan dans des zones sécurisées ou dans les écoles n’est pas raisonnable non plus, mais expose, encore une fois, l’exploitation de la générosité et de l’hospitalité excessive du pays d’accueil.
Auparavant vous m’avez demandé quels sont les apôtres de la rectitude politique. C’est peut-être le moment d’ajouter un autre aspect à ma réponse. C’est fortement mon impression que les accommodements requis sont accordés surtout par des gens qui n’attribuent pas une grande valeur à notre culture, à nos traditions et à notre identité nationale telle qu’elle est ancrée dans notre histoire unique. Ce qui ne vaut pas grand chose naturellement peut être démantelé, réduit ou même aboli sans qu’on perçoive une perte.
Indépendemment des convictions religieuses qu’on a, il incombe de constater que notre société contemporaine a fait ses grands progrès largement grâce à la séparation de l’Église et de l’État. Cette séparation, au fond très chrétienne («Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu», Mt 22:21), a été cruciale et a manifestement contribué à l’état actuel qui est l’aimant et le paradis convoité par des millions de gens du globe entier. Par ailleurs, c’est seulement dans les pays autrefois chrétiens ou colonisés ou inspirés par eux que les sciences modernes et la démocratie se sont développées. Apparemment, les origines chrétiennes avec la séparation de l’Église et de l’’tat à une époque plus tardive, ont été la formule du succès de notre société.
Ce statut avancé de notre société moderne, qui a fourni tant de bénéfices à d’innombrables personnes, est mis en doute par les immigrants musulmans. L’islam ne reconnaît pas une séparation de la mosquée et de l’État – en fait, l’unité de la mosquée et de l’État est un dogme central de la religion. Nous nous trouvons aujourd’hui dans la situation, créée par nous-mêmes, que nous avons de plus en plus de citoyens musulmans qui n’ont aucune notion d’un État moderne et qui, de la part des multiculturalistes dominants, n’ont jamais entendu le mot « intégration ». C’est une situation aussi incongrue que celle des vierges qui envahissent le bordel avec l’intention de le réformer en demandant des « accommodements raisonnables ». Après tout, les vierges viennent avec leurs traditions, convictions et leur style de vie qui demandent du respect.
Les optimistes insistent sur leur pronostic que la deuxième génération fera l’intégration, bien que, avec leur dévotion quasi-religieuse pour le multiculturalisme et la diversité auréolée, ils fassent tout pour empêcher cette intégration. Je ne partage pas cet optimisme et observe plutôt que l’intégration est modeste est très tardive.
Une Charte de laïcité, à mon avis, n’est pas seulement désirable mais une exigence. Une telle charte aurait plusieurs bénéfices, le plus important étant une correction de la politique du multiculturalisme. Ce dernier met trop en valeur la diversité des groupements ethniques et religieux aboutissant à la baliverne que « la diversité est notre force ». N’est-elle pas plutôt notre faiblesse dans un pays de plus en plus balkanisé? Je suis convaincu qu’un pays, pour son bon fonctionnement, nécessite un pivot identitaire fort qui donne au pays un visage, un caractère unique, et pour construire une telle identité, la diversité doit être contrebalancée par l’intégration. Une Charte de laïcité servirait de véhicule pour créer cette intégration, dans laquelle nous nous reconnaissons tous.
Je vais discuter brièvement de cinq moyens qui pourrait aider au moins à réduire les dégâts: une édentation au lieu d’une défenestration.
1. Le changement de la Charte
La rectitude politique étant si fermement établie au Canada, dans notre législation, dans nos institutions, nos moeurs et manières de penser, que nous respirons cette toxine avec chaque souffle sans même en être conscients. De purifier cet air toxique qui nous asphyxie n’est pas une petite affaire. Tout d’abord, il faudrait commencer par la Charte canadienne des droits et libertés qui, d’après moi, donne une importance excessive au multiculturalisme et une importance quasi nulle à l’intégration. Qui pourrait entamer une réforme qui vise un changement de notre constitution? Un seul essai de changer des éléments de ce qui est « une caractéristique intégrante de toute politique » au Canada pourrait même faire tomber des gouvernements! Je laisse les juristes et politiciens réfléchir sur cette première approche théorique qui n’est pas de mon domaine.
2. La révision des régulations et lois pertinentes
Après avoir passé toute mon enfance sous deux régimes totalitaires, je connaissais sûrement déjà les méthodes totalitaires quand, en 1991, je fus victime d’une attaque frontale par la rectitude politique au Canada. Je fus jugé coupable par un comité universitaire de « sérieux harcèlement » envers mes étudiantes par certaines paroles (« Lucky Lucy ») avant même d’être informé sur l’accusation. Il me fallut presque deux ans de ma vie et ma carrière pour être reconnu innocent et récupérer ma bonne réputation. Comment même expliquer un tel égarement des administrateurs de nos institutions?
A l’époque, je me voyais confronté à une panique morale où tout le monde panique à faire du bien, c’est-à-dire à protéger les gens prétendument abusés, ignorés, handicapés, somme toute, les « gens sans voix ». Les politiques du harcèlement sexuel sont le produit du féminisme qui revendique une protection contre les fantaisistes « abus omniprésents » du patriarcat. On pouvait lire presque quotidiennement des statistiques frauduleuses alléguant que la grande majorité des femmes seraient harcelées, agressées et violées dans leur vie. Qui pouvait tolérer cela? D’où les lois sur le harcèlement sexuel. Encore une fois, par panique morale, les politiques et les lois de harcèlement furent formulées d’une manière à les utiliser perversement pour harceler, même dans les situations sans rapport avec la sexualité. Comment maîtriser un tel aveuglement et une telle ferveur?
Tout le monde, même les affidés de la rectitude politique, devraient comprendre que c’est absurde de mettre le viol et une parole non appréciée ou un regard particulier dans le même sac. N’oublions pas que le professeur Richard Hummel, chimiste à l’Université de Toronto avec plus de trente ans de service, a été jugé coupable d’avoir « lorgné » («ogled») une étudiante dans la piscine. Aussitôt l’université, pour montrer sa dévotion à la protection des femmes, a banni le professeur de la piscine dans laquelle il avait nagé ses longueurs pendant des décennies. C’est évident qu’une régulation doit différencier entre agression physique, parole et regard. Aucune cour de justice ne soutiendrait des jugements aussi scandaleux, qui sont promus par les forces féministes et prononcés par des tribunaux arbitraires des universités. Ces régulations doivent être édentées.
Dans mes expériences personnelles, j’ai appris qu’il fallait exposer et documenter la réalité de l’application de ces politiques. A cet effet, nous avons créé en 1992 à l’Université de Western Ontario la Society for Academic Freedom and Scholarship, dont je devins l’archiviste. Dans mon centre de documentation, j’ai ramassé des documents jusqu’à environ deux cents cas que j’ai rendus accessibles aux collègues et journalistes. Le but était d’aider la défense de nouveaux accusés injustement persécutés. S’il m’est permis de tirer une conclusion générale de mon activité, c’est que les politiques en question sont beaucoup plus souvent utilisées à harceler les hommes qu’à protéger les femmes du harcèlement par le patriarcat.
3. L’utilisation des médias
En plus, j’ai engagé au maximum les médias. J’ai parlé à la télé (CBC). J’ai donné plein d’entrevues à la radio. J’ai écrit dans la presse et la presse a écrit sur mes exposés, et cette activité a changé la donne pour moi. Après tout, personne, identifié par son nom, n’aimait lire dans la presse qu’il avait jugé un professeur coupable d’une infraction après avoir appelé une étudiante « Lucky Lucy . Le ridicule et l’hypocrisie étaient trop évidents pour tous à l’exception des idéologues.
Je devrais ajouter pourtant que j’ai choisi à qui j’ai accordé des entrevues. Par exemple, je n’ai pas accepté l’invitation de Queen Latifa de paraître à son émission à la télé à New York City, à ses frais, pour ne pas contribuer à un cirque. Le sujet était trop important pour moi pour être amoindri par une exploitation du sensationnel. Mes étudiants, par ailleurs, ont regretté ma décision parce qu’ils auraient préféré me voir sur l’écran que dans l’auditorium. Les médias ont un rôle important à jouer dans l’émasculation de la rectitude politique.
4. La moquerie comme instrument
D’après moi, il faudrait aussi se moquer et exposer le ridicule et le comique de ces régulations et procédures, ainsi que couvrir de honte les auteurs de ces farces au grand public. Le comique et le rire, peut-être, peuvent effectuer des changements d’attitude là où le raisonnement s’est montré inefficace. Maintes histoires sont prêtes à fournir l’intrigue pour un cabaret.
5. L’élimination des postes de soutien
Finalement, c’est impératif de couper beaucoup de postes bien rémunérés que les institutions ont créés sous pression des «intérêts particuliers», comme la vice-présidente pour l’équité et la diversité, la vice-présidente pour les affaires des femmes, le vice-président (ou directeur) pour les minorités, les commissaires politiques (toujours deux, un homme et une femme) pour le harcèlement sexuel et d’autres. Les gens qui occupent ces postes sont sous pression permanente de créer des cas factices pour justifier leur emploi, parce qu’autrement ils n’auraient rien à faire. La CBC, s’appuyant sur mes expériences et d’autres, a calculé les coûts de ces postes et a conclu que les frais s’élèvent à des millions de dollars par an.
Le lecteur jugera si le Canada sera capable de se libérer de cette idéologie contraignante que sont la rectitude politique et le multiculturalisme.
Je tiens à remercier l’éditeur d’avoir posé de questions pertinentes et très appropriées au sujet de la rectitude politique. Je me suis concentré dans mes réponses sur les politiques du harcèlement sexuel parce qu’elles étaient centrales dans la transformation de nos institutions. En fait, elles servaient et servent toujours comme un « panchreston », un instrument à tout but bien au-delà du propos déclaré. De plus, je me suis concentré sur les universités parce que c’est le milieu que je connais le mieux.
Je n’ai pas parlé, ou dit très peu, sur « l’action affirmative », sur les quotas, sur la « discrimination », sur le multiculturalisme, sur les tribunaux des droits de la personne, sur les troubles d’apprentissage (« learning disabilities »), sur le culte de la victime, sur la « politique des identités » et d’autres sujets pour respecter les contraintes d’un magazine comme le Harfang. Le lecteur me le pardonnera.
Maints lecteurs peut-être regretteront le manque d’une appréciation du bien que la rectitude politique a apporté à la société. Pour moi, il est difficile de détecter des bénéfices parce que je vois la rectitude politique comme une force et une attitude autoritaire et manipulatrice de contrainte et de restriction de liberté. En ce qui concerne l’argument que la rectitude a aidé telle ou telle personne, je reste sans parti pris, prêt à reconnaître les bénéfices après démonstration.
09:56 Publié dans Actualité, Entretiens, Manipulations médiatiques | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretien, rectitude politique, political correctness, politiquement correct, québec, canada, actualité | |
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Le monde anglo-saxon en guerre contre l’Europe?
Les accords de Minsk ont fait ressurgir une vérité oubliée un peu trop vite : les États européens ont un rôle fondamental et incontournable quand il faut gérer une crise sur ce continent.
Paris et Berlin se sont en effet bien gardés d’inviter Washington et Bruxelles, c’est-à-dire l’Otan et l’UE, à ces négociations de Minsk, destinées à avancer vers un accord de paix, dans cette guerre civile qui se déroule en Ukraine.
Ironie de l’histoire : la Biélorussie, régulièrement taxée de « dernière dictature d’Europe », a accueilli une rencontre ayant permis aux puissances continentales de bloquer les velléités guerrières anglo-saxonnes.
Prises entre l’enclume des faucons ukrainiens et le marteau de leurs sponsors américains, les élites ukrainiennes, qui auraient naïvement cru à la fable de leur intégration fraternelle au sein de la communauté euro-atlantique, doivent désormais déchanter.
Les rêves d’adhésion immédiate à l’Union Européenne et à l’OTAN sont partis en fumée, et le pays est maintenant très proche de la faillite. Le divorce avec la Russie sur le modèle géorgien se fait au prix d’une guerre contre le monde russe et donc quasi-directement contre la Russie. Dans le même temps, les oligarques qui ont pris le pouvoir en Ukraine après les événements de la place Maïdan ont mis les nations européennes face à une situation très complexe.
Du côté de l’Europe de l’ouest, on essaie de croire à la paix en Ukraine et de rester optimistes, mais une scission apparaît de plus en plus nettement. D’une part, se profile un axe qui recherche la paix et d’autre part un groupe qui souhaite un affrontement plus direct avec Moscou.
L’axe anglo-saxon, fauteur de guerre ?
Dans ce groupe, quatre acteurs principaux.
Il y a d’abord l’Angleterre, dont le ministre de la Défense Michael Fallon affirme que Moscou fait planer un « véritable danger » sur les pays baltes. Quant à l’ex-ministre britannique de la Défense Liam Fox, il martèle que les forces de l’OTAN doivent « offrir aux Ukrainiens les capacités nécessaires pour se défendre » et notamment des « armes antichars sophistiquées » car la Russie menacerait de dominer l’Europe. Même son de cloche pour l’ancien responsable des services secrets russes qui affirme que la Russie représente une « menace en tant qu’État » pour l’Angleterre.
Il y a le Canada, l’un des acteurs étrangers les plus actifs durant le Maïdan, fait rarement mis en lumière par les médias français, qui vient d’être clairement appelé à l’aide par les autorités ukrainiennes qui affirment se préparer à une « guerre d’envergure » contre la Russie. Et au passage, sans aucun doute, à balayer d’un revers de main les accords de Minsk.
Washington menace de son côté la Russie de sanctions d‘une extrême gravité en l’accusant de faire entrer des chars en Ukraine, ce que pourtant François Hollande lui même dément. Fort de ce mythe médiatique, Washington étudie même la possibilité de livrer des armes à l’Ukraine afin de torpiller la fragile tentative de « quintuple entente continentale » arrachée à Minsk pendant la nuit du 11 au 12 février.
Enfin il y a l’OTAN, dont le commandant adjoint de l’Alliance atlantique en Europe, le général Adrian Bradshaw, vient d’affirmer, tout comme l’ex-secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen, que la Russie pourrait être tentée d’envahir des pays membres du bloc. Grace à la crise ukrainienne, l’Alliance se redonne une raison d’exister et peut utiliser ses satellites en Europe (Pologne, États baltes…) pour constituer un cordon "Otanien" entre Paris, Berlin et Moscou. La crise en Ukraine a donc permis en quelque sorte l’apparition d’un projet de mur américain, qui remplacerait le mur de Berlin.
L’Europe face à ses contradictions historiques et systémiques
Un commentateur objectif et raisonnable pourrait se demander ce qu’un axe non-européen et maritime « Otan-Washington-Londres-Ottawa » peut apporter à une crise ne concernant que des puissances continentales européennes ou péri-européennes. Il pourrait avec étonnement constater que cet « axe du bien » a été exclu des négociations vers la paix mises en place par l’axe « Paris-Berlin-Moscou ». Il y a pourtant des explications à cela.
À la fin du second conflit mondial, l’Europe a confié sa défense aux États-Unis pour se protéger du péril soviétique. Lors de la disparition de ce danger, les Européens n’ont pas fait l’effort de créer un système de défense indépendant. L’OTAN a poursuivi son expansion vers l’est du continent, pays par pays. Dans cette organisation, la suprématie américaine coule de source.
La jurisprudence De Gaulle n’a pas fait tache d’huile, tandis que Berlin s’est montré incapable de s’affirmer en leader de la puissance militaire européenne. L’Allemagne se contentait de prendre le leadership économique d’une construction européenne ayant transformé les pays de l’union en sujets de ce nouveau Reich puissant économiquement, mais sans défense autonome.
Une Allemagne désormais prise en tenaille entre sa tendance naturelle à l’expansion vers l’Est (militaire en 1940, économique en 2000) et le risque d’une guerre ouverte dans laquelle elle serait la grande perdante, à cause de sa position économique dominante. Enfin, et peut être surtout, l’UE n’a toujours pas clairement défini ses frontières, ses limites civilisationnelles et par conséquent la limite territoriale et géographique de son expansion.
La Russie et les frontières du monde russe
L’Europe se retrouve face à une Russie en pleine mutation. Parallèlement au redressement économique spectaculaire qu’il a connu, le pays vit une mutation qui est de nature géopolitique. On l’imaginait devenir une puissance européenne ou quasi-européenne au début des années 2000 ; depuis quelques années, on constate au sein des élites russes une tendance géopolitique "eurasiatique" qui s’est beaucoup affirmée et qui tend à devenir dominante.
Ce changement de cap a logiquement entraîné une reconfiguration systémique et permanente tant de la politique étrangère russe, que de la gestion de ses marches (son étranger proche) et de la relation avec sa zone d’influence propre : le fameux « monde russe » que l’on peut qualifier « d’étranger intérieur », une notion difficile à comprendre pour les occidentaux.
Avec moins de 9 habitants au kilomètre carré, la Russie n’est pas un État nation européen comme les autres. Certaines frontières sont très éloignées du centre politique, et d’autres n’ont pas, en Russie, une signification identitaire aussi forte qu’en Europe occidentale. Cette réalité explique l’obsession russe d’avoir marches stables. L’existence de populations situées « hors » des frontières administratives de l’Etat russe actuel, mais se considérant comme appartenant au monde russe, complique encore les choses, que l’on pense par exemple aux Ossètes, aux populations russophones du Donbass ou à une partie de la population de la Moldavie.
Quel avenir pour l’Ukraine entre Washington, Moscou et l’Europe ?
Le retour de la Russie en tant qu’acteur géopolitique indépendant et autonome, ayant ses propres intérêts et les moyens de les défendre, est un élément clairement déstabilisant pour l’agenda américain en Eurasie et en Europe. Mais cette nouvelle donne place également l’Europe face à des choix stratégiques. L’affaire ukrainienne le démontre, en contraignant l’Europe à naviguer entre l’unilatéralisme de Washington et ses intérêts propres. Ces derniers n’allant pas du tout dans le sens d’une guerre sur le continent et contre la Russie, avec laquelle l’interaction commerciale, politique et économique est croissante depuis une quinzaine d’années.
Les Américains et les Européens ont globalement deux visions et des intérêts diamétralement opposés quant à l’avenir de leur relation avec l’Ukraine.
Pour Washington, l’Ukraine est un pion stratégique fondamental du fait de sa position géographique. Une fois l’Ukraine affranchie de l’influence de Moscou, elle pourrait se transformer en satellite docile, à l’extrémité est du continent, pour introduire l’OTAN en Eurasie, en commençant par la mer noire, et ainsi refouler la Russie vers l’Est. Le plus loin possible du « mur de Washington ».
L’Ukraine ne revêt en revanche aucun intérêt stratégique fondamental pour Paris ou Berlin, ni sur le plan militaire, ni sur le plan sécuritaire. Sur le plan économique, le pays peut représenter un marché potentiel pour certains produits européens, et pourrait devenir une source importante de main d’œuvre bon marché pour l’Allemagne. Sous cet angle, du reste, l’opération ukrainienne permet aux Etats-Unis de donner des gages économiques à leur allié allemand en Europe ; du moins tant que Berlin ne se permet pas de s’octroyer une quelconque liberté sur le plan militaire ou sécuritaire. Ceci explique en partie l’effroi qui a saisi Washington, Berlin et la soi-disant « nouvelle Europe » sous tutelle militaire américaine et sous domination économique allemande lorsque les Français ont esquissé la vente de navires Mistral, alors que dans le même temps l’Allemagne procède elle à des entraînements militaires avec des reproductions des mitrailleuses en bois en raison de la faiblesse de son budget militaire.
Si la paix revient en Ukraine, ce qui semble improbable, il faudra rebâtir, avec tous ces intérêts divergents, un système viable de relations Europe-Ukraine-Russie.
On imagine mal comment il pourrait pacifiquement s’esquisser sans que l’Ukraine ne redevienne ce que sa géographie et son histoire lui imposent d’être : un pont naturel entre la Russie d’un côté, et l’Europe centrale et occidentale de l’autre et surtout un tampon suffisamment étendu pour éviter au monde euro-occidental et au monde eurasien bien des heurts, et bien des affrontements.
Je dis improbable que la paix ne revienne car une question bien plus inquiétante se profile à l’horizon, question que les dirigeants occidentaux semblent ne pas vouloir se poser : l’Ukraine en tant qu’État existe-t-elle encore ?
- Source : Alexandre Latsa
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, angleterre, politique internationale, actualité, géopolitique, europe, états-unis, canada, monde anglo-saxon, affaires européennes | |
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