Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.
C’est aujourd’hui Patrice-Hans Perrier qui nous répond.
Patrice-Hans Perrier est un journaliste indépendant qui s’est penché sur les affaires municipales et le développement urbain durant une bonne quinzaine d’années. Disciple des penseurs de la lucidité – à l’instar de Guy Debord ou Hannah Arendt – Perrier se passionne pour l’éthique et tout ce qui concerne la culture étudiée de manière non-réductionniste. Dénonçant le marxisme culturel et ses avatars, Patrice-Hans Perrier s’attaque à produire une critique qui ambitionne de stimuler la pensée critique de ses lecteurs.
Passant du journalisme à l’analyse critique, l’auteur québécois fourbit ses armes avant d’aborder le genre littéraire. Patrice-Hans Perrier est un contributeur régulier de différents sites d’analyses stratégiques tels que le Saker francophone, Dedefensa, Réseau International. Vous pouvez aussi le retrouver sur son propre site : patricehansperrier.wordpress.com et sur le réseau social VK.
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?
J’estime que oui puisque la puissance dominante, les USA, ne parvient plus à juguler une dette cumulative de 23 mille milliards de dollars. La monnaie USA, le dollar, n’est plus adossée à l’or d’aucune façon et correspond à une monnaie totalement dépréciée. Les Russes et les Chinois tentent de se soustraire aux accords qui ont institué le pétrodollar, alors que les accords de Bretton Woods prenaient fin au début des années 70. Donc, un cycle de 25 ans prenait fin et lorsque les USA suspendent la convertibilité du dollar en or, en 1971, un nouveau cycle est initié. La monnaie américaine, qui est le joker des grandes banques d’affaire, devient une monnaie flottante, ce qui permet de monétiser à l’infini et de spéculer sur les autres monnaies qui ne sont pas indexées au pétrole en tentant de provoquer des crises pour saisir les réserves d’or des pays convoités.
La Russie vient, avec l’accord de l’OPEP, de provoquer une chute vertigineuse des cours du brut et l’industrie des gaz de schiste américaine est en faillite. Trump a bien tenté de rapatrier des emplois, mais il s’agit d’emplois peu rémunérés et avec la crise actuelle c’est tout l’effort de reconstruction de l’économie domestique américaine qui est menacé. L’argent liquide pourrait être retiré de la circulation au terme de la crise du coronavirus et les gouvernements, avec l’accord du FMI, de la BCI et de la BRI pourraient brancher une partie importante de la population sous respirateur artificiel. C’est-à-dire qu’un revenu universel sera mis sur pieds et qu’une part importante de la population tombera sous la tutelle absolue de l’état.
L’économie, telle que nous la connaissons, risque d’être détruite artificiellement et c’est le modèle chinois qui prévaudra à l’échelle du globe : capitalisme monopolistique étatique.
Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?
Lorsque Macron nous dit « Nous sommes en guerre », il parle un langage crypté. Cela signifie la FIN DE L’HABEAS CORPUS au gré de l’imposition de mesures d’exception qui ne sont que les préliminaires à la suspension des libertés civiles et à l’instauration de la loi martiale. Cette période de confinement est bonne puisqu’elle nous oblige à faire un retour sur nous-mêmes et à nous questionner sur les fondamentaux d’un « vivre ensemble » qui est bien plus qu’un simple slogan de type novlangue. Toutefois, ce confinement forcé pourrait fournir aux autorités publiques et privées l’opportunité d’implémenter les mesures d’exception suivantes :
– Traçabilité totale via les portables et cartes à puce ;
– Passeports intérieurs afin de pouvoir circuler d’un point à un autre au niveau local ;
– Enfermement des personnes contaminées ou récalcitrantes dans des camps ;
– Rationnement de la population au moyen d’un système de points « bonus-malus », tels que préconisés par Jacques Attali ;
– Contrôle total d’Internet avec, à la clef, fermeture des sites de réinformation ou des comptes des récalcitrants. Les fournisseurs de service étant obligé de transmettre aux services de renseignement l’historique de navigation et toutes les pages consultées par les citoyens « récalcitrants » ;
– Abolition de l’argent liquide et système faisant en sorte que les ministères des Finances puissent gérer toutes vos transactions : entrées et sorties d’argent numérique ;
– Vaccins obligatoires et, in fine, puçage de la population à des fins de traçabilité ;
– La technologie 5G sera implémentée afin de tisser la nouvelle toile du confinement permanent.
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?
J’estime que les gouvernements locaux vont s’occuper des frontières, de la gestion des mesures d’exception, de la perception et de la redistribution des revenus d’impôt et de la sécurité publique de première ligne.
Au même moment, les agences mondialistes, telles que le FMI ou l’OMS vont transmettre les ordres aux entités nationales en matière de gestion de la masse monétaire, des activités de l’économie domestique, de la sécurité intérieure ou des normes d’hygiène.
Les pays ou les régions récalcitrants pourraient faire l’objet d’intervention des « forces spéciales » commandées par l’OTAN ou certaines firmes privées de mercenaires qui agissent en sous-œuvre. Autrement dit, un gouvernement mondial INVISIBLE sera mis sur pied et utilisera toutes les agences liées à l’ONU et les banques d’affaires privées afin de relayer les consignes aux autorités nationales.
Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?
Il faut consulter l’ouvrage « La Doctrine du Choc », de l’auteur canadienne Naomi Klein, pour comprendre que le choc de la pandémie du coronavirus est utilisé afin d’accélérer le processus de DISSOLUTION, au sens cabalistique, des structures anthropologiques et socioéconomiques telles que nous les connaissons. D’ailleurs, un organisme baptisé Open Democracy – et qui semble être une filiale de l’OPEN SOCIETY – prône l’abolition de la famille, des frontières et des entités politiques nationales. La période de confinement et la campagne de peur orchestrée par les médias stipendiés par le grand capital font en sorte que la majorité de la population est incapable de comprendre ce qui se trame derrière les mesures d’exception décrétées par nos gouvernements complices. La peur permet d’immobiliser l’adversaire, le temps de lui inoculer un ensemble de notions qui servent à instiller le poison du CONSENTEMENT.
Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?
Les gens ayant peur, perdant leur emploi, perdant espoir et énergies, les autorités vont serrer encore plus la vis au point d’instituer une véritable LOI D’EXCEPTION. L’Habeas Corpus sera définitivement suspendu.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
Le mouvement des Gilets jaunes constituants doit rapidement procurer des forums et liens pour signer des pétitions ou obtenir de l’aide à la population confinée. Un référendum virtuel doit être organisé à propos de la clôture de cette période de confinement et de la suite des choses en matière de gouvernance publique. Il faut mettre sur pied des tribunaux virtuels afin de juger les coupables de crime de délits d’initiés ou de négligence criminelle. Etc.
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?
Ancien journaliste indépendant, analyste et écrivain, cette crise unique dans l’histoire contemporaine me permet de valider tout une panoplie de réflexions critiques que j’ai mises sur la table depuis un quart de siècle. Sans être économiste ou politologue, j’estime être en mesure d’apporter des pistes de réflexion fécondes, aptes à aider mes contemporains à mieux se positionner et à pouvoir faire face à la réalité actuelle. J’en profite pour développer des projets d’écriture fictionnelle et aussi pour forger des partenariats avec d’autres observateurs et commentateurs.
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