L’enlèvement de la jeune Mia, le 13 avril dernier, dans les Vosges par des proches de sa mère permet au Système médiatique de dénoncer gratuitement la constellation survivaliste. L’arrestation, quelques jours plus tard, de la mère de Mia et de ses complices supposés autorise la Grasse Presse subventionnée à poursuivre les amalgames grossiers. La mise en cause par le Parquet d’Épinal d’un individu interlope dont les initiatives douteuses ont été mises en lumière dans le n° 491 de l’excellente lettre confidentielle Faits & Documents des 15 au 30 novembre 2020 invite à prendre de la hauteur par rapport à ce fait-divers monté volontairement en épingle.
Cette regrettable affaire familiale sert de prétexte pour une large entreprise de manipulation psychologique auprès de l’opinion. Observons cette manœuvre magistrale d’intoxication mentale en deux temps. Depuis les Gilets jaunes, la caste au pouvoir vit dans la crainte d’une reprise de ce vaste mouvement populaire, hélas !, inorganisé. Les nombreuses restrictions liberticides prises officiellement pour contrer la pandémie covidesque sont en réalité des rétorsions implicites envers une population rétive ou circonspecte envers le capitalisme de surveillance globale.
À l’approche de l’élection présidentielle, la caste dirigeante craint l’émergence d’un candidat hors système et anti-Système capable de tout balayer sur son passage. Elle garde dans un coin de son esprit l’excellente série Baron noir. Ses scénaristes finissent la première saison tournée en 2015 par la démission du président socialiste. Ils commencent la deuxième saison tournée en 2017 par l’élection à l’Élysée de la candidate socialiste novice qui n’hésite pas à gouverner avec les centristes. Dans la troisième saison, ils mettent en avant un professeur de SVT, chantre du tirage au sort et vedette sur Internet, qui réunit autour de sa candidature les dissidents de la Droite nationale et de la gauche radicale.
Il s’agit pour le Régime d’empêcher que cette fiction politique se réalise en 2022, d’où la mise en évidence négative d’une grande gueule sur la Toile qui vivrait en Extrême-Orient. L’emploi par les journalistes officiels d’une argumentation psychiatrique et « secticide » digne de l’URSS de Brejnev à son encontre participe à cette vaste opération de disqualification médiatique. Le Système cherche ensuite à noircir le survivalisme et à faire passer ses pratiquants pour de doux dingues ou des tarés extrémistes. Les ouvrages de Piero San Giorgio ne sont bien sûr jamais cités, car ils contrecarrent la narration médiatique fallacieuse.
Pour faire simple, le survivalisme se formalise dans les années 1970 en Amérique du Nord à un moment où le risque d’une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest paraît inévitable. Bien des romans, des films, des nouvelles et des feuilletons de science fiction décrivent le monde d’après les explosions atomiques. Donald Eugene Sisco alias Kurt Saxon qui navigue entre différents milieux nationalistes, libertariens et satanistes appelle dans ses livres et au cours de ses conférences à se préparer à n’importe quelle catastrophe afin de survivre. Au fil des décennies, en se répandant en Occident, le survivalisme prend selon les moments et les endroits une coloration politique gauchiste ou écologiste radicale.
On distingue aujourd’hui six principaux profils issus de cette mouvance hétérogène. Les plus connus sont les autonomes zadistes qui s’élèvent plus ou moins avec raison à Boyron ou à Notre-Dame-des-Landes contre des projets inutiles et coûteux. Sous le patronage de l’ancien ministre Vert Yves Cochet, les collapsologues envisagent la fin prochaine de la civilisation techno-industrielle en se fondant sur les postulats d’une nouvelle science : la collapsologie. Les plus modérés sont les adeptes de la « survie douce ». Ce sont les habitués des stages de survie en pleine nature. Un député LREM veut légiférer sur ces stages et leurs participants. De quoi ose-t-il se mêler ? Les « preppers » se préparent à un quotidien post-catastrophique proche des films Mad Max II et III. Il y a enfin, théorisée par Michel Drac et Serge Ayoub, la BAD ou « base autonome durable ». Le badiste ne cache pas son engagement identitaire européen. Il veut assurer la pérennité de son clan au sein de communautés enracinées et écologiquement armées. L’essayiste catholique identitaire radical Julien Langella partage ce point de vue salutaire.
Divers, le survivalisme ne rentre pas par conséquent dans le moule confortable des certitudes médiatiques et universitaires. On comprend mieux pourquoi le Régime s’en méfie tant. Des braves gens qui pensent par eux-mêmes ne peuvent avoir que des intentions maléfiques...
Georges Feltin-Tracol
• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 212, mise en ligne sur TVLibertés, le 27 avril 2021.
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