vendredi, 06 mai 2022
Des hommes programmés par l'ingénierie sociale au service d'intérêts ploutocratiques
Des hommes programmés par l'ingénierie sociale au service d'intérêts ploutocratiques
Par Juan Manuel de Prada
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/hombres-programados-por-una-ingenieria-social-al-servicio-de-intereses-plutocraticos-por-juan-manuel-de-prada/
Le spectacle de notre époque est affligeant. Des masses crétinisées qui sont traitées et corrompues par des ingénieurs sociaux au service des intérêts ploutocratiques, leur faisant grotesquement croire qu'elles combattent le fascisme ou sauvent la planète. Et que, tout en les laissant sans viande dans leur assiette et sans nourriture dans leur âme, ils transforment en vermine, les retournant hier contre les quelques résistants qui n'ont pas voulu détruire leur système immunitaire, les gavant aujourd'hui de montages grossiers et minables sur des guerres lointaines, pour qu'ils réagissent de manière pavlovienne. Quels nouveaux canulars ("histoires") concocteront-ils demain pour continuer à les tromper ? Quel nouveau virus sortira-t-il du chapeau pour les décimer ou les effrayer ? Contre qui dirigeront-ils cette fois leur peur, leur rage, leur envie, leur haine ?
Dans ces masses crétinisées, nous découvrons des traits de l'homme de masse d'Ortega (un homme fier de sa vulgarité qui n'est guidé que par ses appétits, commodément flattés), également de l'homme unidimensionnel de Marcuse, idiotisé par les médias de masse. Mais le degré d'aliénation atteint par ces masses crétinisées est vraiment superlatif. Jamais auparavant, comme à notre époque, il n'a été possible d'inculquer aux gens les comportements et les préoccupations qui intéressent les manipulateurs à un moment donné, de sorte que ces comportements et préoccupations changent du jour au lendemain (et que d'autres apparaissent immédiatement pour les remplacer), comme s'il s'agissait de mannequins en pâte à modeler et non de personnes. C'est ainsi qu'ils ont réussi à faire en sorte que les personnes inoculées avec un thosigo ou un placebo, loin de revendiquer la responsabilité de ceux qui les ont inoculés, se révoltent contre ceux qui n'ont pas accepté d'être inoculés ; et maintenant ils ont réussi à effacer le fantôme du coronavirus de leur horizon mental, le remplaçant par une angoisse guerrière et la conviction que les "fils de Poutine" sont la cause de leurs maux. Tout cela pour que les vrais coupables s'en tirent à bon compte.
Pour réaliser cette thaumaturgie sulfureuse qui transforme les gens en mannequins faits de pâte à modeler, il faut recourir à ces techniques de "conditionnement opérant" dont parlait le psychologue comportementaliste Skinner, qui permettent de "programmer" les hommes, afin que leur comportement s'adapte à ce que l'"éducateur" détermine à chaque instant. Et pour "programmer" les hommes, il suffit d'avoir des "éducateurs" qui gèrent leurs névroses, administrent leurs peurs et bercent leurs angoisses ; tout en leur inculquant des manies persécutrices contre les "non-vaccinés", les "pro-russes", les "ultra-droitiers", les Atlantes, les Lotophages, les Cyclopes, les Lestrigons ou les Amazones. Et pendant ce temps, ces hommes programmés peuvent être pillés et corrompus.
Mais ne désespérons pas. Nous comptons sur un Dieu qui sait comment sortir de la tombe ; et qui saura aussi sauver ces hommes programmés d'une manière mystérieuse, en enlevant le bandeau de leurs yeux. Mon cœur attend aussi, vers la lumière et vers la vie, un autre miracle du printemps.
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Déterritorialisation et virtualité
Déterritorialisation et virtualité
par Alejandro Linconao
Source: https://nomos.com.ar/2022/05/03/desterritorializacion-y-virtualidad/
L'opération russe en Ukraine a eu d'importantes implications économiques mondiales, avec une pertinence particulière dans la sphère énergétique. Cette question, quant à elle, est beaucoup plus large et s'inscrit dans un ensemble plus vaste de changements.
Dans la modernité, tout s'est liquéfié, tout a perdu sa forme et s'est entremêlé. Des relations, aux strates ethniques des États, aux religions, au pouvoir. Parallèlement à la chute du patrimoine matériel qui a façonné les familles et les peuples, les références individuelles et collectives ont diminué. Alors qu'autrefois une nationalité, partagée par de grands groupes de personnes, était un facteur de liaison, elle a été remplacée par une tribu virtuelle ou une préférence sexuelle. De la fusion du solide, nous sommes passés à la virtualisation, accompagnée d'une déterritorialisation conséquente.
Le même sort a été réservé aux moyens de production en tant que sociétés. La localisation stable des sites de production a cédé la place, il y a quelque temps, à la stratégie de la délocalisation, et fait maintenant place à l'indépendance vis-à-vis du territoire, à la déterritorialisation. Le travail virtuel, qui, conformément à sa nature, ne gère que des biens, a remplacé l'activité productive en termes d'importance. Cette dynamique de travail facilite la rotation du personnel à travers le monde afin d'optimiser les coûts. Le capitalisme passe par une phase de mutation du capital industriel au capital spéculatif. La finance s'est depuis longtemps affranchie de son rôle de filiale de la production au XIXe siècle et est devenue un moyen de générer artificiellement du capital. Steam a été remplacé par Bitcoin. Les champs ont été remplacés par des cultures hydroponiques. Tout tend vers l'atomisation et l'indépendance des liens avec le territoire et avec la réalité elle-même.
La déterritorialisation des ressources énergétiques
Le conflit en Ukraine a révélé les implications d'un autre conflit qui l'a précédé: la déterritorialisation des ressources énergétiques. Cette déterritorialisation se traduit par la substitution de ressources géographiquement localisées comme le gaz et le pétrole, mais aussi les centrales nucléaires ou hydroélectriques.
Les hydrocarbures, comme les centrales électriques, existent sur un territoire donné, ils sont à l'intérieur de frontières et il y a des groupes humains qui les exploitent et les défendent. Ils sont dans les sphères d'un domaine et en dehors de l'universalisation. Contrairement à elles, les énergies renouvelables n'impliquent pas substantiellement le besoin d'un territoire spécifique. La plupart de ces énergies produisent de l'électricité, facile à transporter et à distribuer, et sont à nouveau relativement indépendantes d'un territoire.
Dans ce sens, il est intéressant de noter le nombre croissant de réglementations qui envisagent la possibilité de transférer les crédits obtenus par la production d'électricité dans un lieu donné vers un site différent de celui où elle est produite, un mécanisme connu sous le nom de Virtual Net Metering [1]. Il s'agit clairement d'un engagement en faveur de la décentralisation de l'énergie.
Face à la possibilité d'une coupure de gaz par la Russie, l'Allemagne a accéléré la production d'énergie à partir de ressources renouvelables, bien qu'elle soit encore dépendante à plus de 50 % des combustibles fossiles. Le ministre de l'économie et vice-chancelier allemand, l'écologiste Robert Habeck, a appelé les citoyens à prendre des mesures d'économie d'énergie [2]. Bien que ces mesures aient pris une dimension particulière avec le conflit en Ukraine, ce n'est pas la première fois qu'elles sont proposées en Allemagne [3].
Il est clair que la production d'énergie à partir de ressources renouvelables est et restera insuffisante pour répondre à la croissance actuelle et prévue de la demande. Les énergies renouvelables ne peuvent pas remplacer efficacement les combustibles fossiles, ni fournir la quantité de biens dérivés de ces combustibles fossiles. Sans les hydrocarbures, la production de biens et les chaînes qui y sont associées deviendront plus coûteuses. Sans pétrole, il n'y a pas seulement plus de carburants, mais aussi plus de plastiques, de lubrifiants, de détergents, de bougies, de goudron, etc.
L'affirmation mondialiste de la libre disponibilité des ressources énergétiques n'est possible qu'en dépit de l'existence d'États souverains qui en décident. Mais malgré des efforts insistants pour le contraire, les États-nations survivent. Dans ceux qui sont plus que de simples administrateurs et ont des politiques souveraines, les ressources énergétiques sont sous l'œil vigilant de l'État, comme la Russie.
Larry Fink, PDG du puissant groupe BlackRock, a été catégorique en soulignant que le conflit en Ukraine marque la fin de la mondialisation en tant que facilitateur des échanges de biens et de capitaux [4]. Dans le même ordre d'idées, Howard Marks, fondateur d'Oaktree Capital Management, souligne que le conflit actuel entraînera une centralisation de la production dans le but d'éviter la dépendance vis-à-vis de pays potentiellement hostiles. Pour Marks, il y aura un passage des marchés "moins chers" aux marchés "plus sûrs" [5]. En d'autres termes, l'opération russe en Ukraine entraînera un refroidissement économique mondial.
L'opération russe en Ukraine accélère la déterritorialisation de la production énergétique. Avec les pénuries qui se profilent, les prix vont s'envoler et l'Union européenne, principal pays touché, va accélérer la mise en place de la matrice des énergies renouvelables. Étant donné l'incapacité de répondre à la demande, le rationnement sera nécessaire. Cependant, la diminution de la consommation d'énergie et le remplacement des combustibles fossiles ne ralentiront pas la société de consommation, mais la rendront plutôt plus misérable. La consommation de biens matériels sera moindre et de moins bonne qualité. La consommation ne diminuera pas mais prendra une nouvelle forme, elle sera virtualisée.
La consommation à l'ère de la déterritorialisation
Si les forces du capitalisme mondial ne peuvent abolir les frontières, les contraintes imposées par celles-ci cesseront d'avoir de l'importance. Une grande partie des emplois, des divertissements et des loisirs en général ont déjà commencé à être déterritorialisés et virtualisés. Le Metaverse, c'est-à-dire un environnement virtuel où les gens interagissent par le biais d'avatars dans une réalité artificielle créée par ordinateur, est destiné à remplacer de plus en plus la matérialité. C'est là que se tiennent les réunions d'affaires, que des parcelles de territoire virtuel sont achetées, que des vies "parallèles" sont entretenues, que des mariages sont célébrés et que l'on fait "l'amour". La réalité virtuelle est une initiative dont la projection est telle qu'une entreprise aussi importante que Boeing a annoncé qu'elle allait commencer à construire des avions dans le Metaverse [6]. Il dispose même d'échanges parallèles de crypto-monnaies, c'est-à-dire qu'il abstrait le déjà abstrait. La consommation prend un caractère immatériel en accord avec la philosophie sous-jacente et la rareté des ressources.
Le conflit actuel en Ukraine et la défense de la souveraineté russe sur les actifs énergétiques ont accéléré la déterritorialisation des ressources et la virtualisation de l'humain. La voie est devenue claire: rendre les ressources énergétiques indépendantes des territoires, rationner les ressources, appauvrir les populations et les contenter d'une réalité économique virtuelle. Les foules entassées dans les hôtels capsules rêveront de paradis immatériels, les seuls qu'elles pourront visiter. "Ils n'auront rien et seront heureux", ou du moins ils souriront en portant leurs lunettes de réalité virtuelle.
Notes:
[1] "Comment une règle peu comprise sur les énergies renouvelables pourrait changer à jamais le système énergétique de l'Europe". https://unearthed.greenpeace.org/.../eu-makes-it-a-right.../
[2] "L'Allemagne s'accroche à l'environnementalisme pour alléger sa dépendance au gaz russe". https://www.lavozdegalicia.es/.../0003_202204G19P4992.htm
[3] En octobre 2021, l'Office fédéral allemand de la protection civile et des secours en cas de catastrophe a lancé une curieuse vidéo mettant en garde contre la nécessité de prendre des mesures contre les pénuries d'énergie en hiver. https://twitter.com/i/status/1443516558232461314
[4] "À nos détenteurs de lièvres". https://www.blackrock.com/.../larry-fink-chairmans-letter
[5] "Le pendule dans les affaires internationales". https://www.oaktreecapital.com/.../the-pendulum-in...
[6] "Boeing veut construire son prochain avion dans le 'metaverse'". https://www.reuters.com/.../boeing-wants-build-its-next.../
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Trois thèses sur le concept d’anthropocentrisme chez Savitri Devi
Du ver de terre au surhomme
Trois thèses sur le concept d’anthropocentrisme chez Savitri Devi
Par Juliana R.
Traduit du tchèque en anglais par Rudolf Ehrlich (original tchèque ici)
« La cruauté envers les animaux est l’un des vices les plus significatifs d‘une nation basse et ignoble », écrivit Alexander von Humboldt (1769-1859). Sa déclaration précéda les paroles beaucoup plus connues du Mahatma Gandhi (1869-1948), selon qui l’ampleur de l’avancement moral d’une nation peut être jugée par son traitement des animaux. Von Humboldt exprimait l’inclination spirituelle du romantisme allemand envers la nature, alors que Gandhi – en dépit de son orientation œcuménique – parlait comme représentant de l’une des religions orientales de la pitié. L’opinion de Savitri Devi pourrait être placée quelque part entre le romantisme allemand et l’éthique indienne, les deux arrivant à la même conclusion.
Les termes « anthropocentrisme » et « biocentrisme », qui furent développés dans Impeachment of Man [traduit en français sous le titre : La mise en accusation de l’homme, éditions Ars Magna, 2010. NDT], appartiennent aux termes-clés de sa philosophie. Savitri observe que l’Occident (compris comme l’ensemble des pays blancs et le monde sémitique) est – à quelques exceptions près, comme l’enseignement végétarien de Pythagore et la zooéthique du national-socialisme – caractérisé par des attitudes anthropocentriques. Celles-ci incluent le judéo-christianisme et les ramifications de l’islam, mais aussi l’humanisme libre-penseur et le communisme. Elle remarque concernant ce dernier : « C’est seulement la doctrine chrétienne du bonheur d’œuvrer pour son prochain, sans le lourd fardeau de la théologie chrétienne ».
L’anthropocentrisme, pense Savitri Devi, fut cimenté dans les fondations de la civilisation européenne quand le dieu chrétien passa d’une « nation » élue à une espèce élue, mais sans aller jusqu’à embrasser toute la vie. L’Occident créa ainsi un « gouffre infranchissable » séparant l’homme du reste de la création. Il dépouilla les animaux et les végétaux de leurs âmes et devint sourd, du moins généralement et théoriquement, à leur bien-être ou à leurs souffrances. L’idée de Savitri pourrait être illustrée par la déclaration de Pie XII, qui au XXe siècle appela son troupeau à ne pas s’apitoyer sur les animaux gémissant dans les abattoirs, puisque ce n’était « rien de plus que du métal résonnant sous l’enclume ». Comme variante sur le même thème, les vivisecteurs cartésiens du XVIIe siècle disaient que l’animal maltraité hurle sans douleur, tout comme une horloge cassée cliquète sans aucun sentiment.
Sans avoir recours à la simplification ou à l’idéalisation, Savitri souligne que l’Orient a pris une voie différente : il est devenu biocentrique. Les « religions orientales de la pitié » – hindouisme, bouddhisme et jaïnisme, mais pas le confucianisme anthropocentrique – voyaient une transition graduelle entre l’homme et les autres créatures, à la place d’un gouffre. La réincarnation de l’âme des créatures plus simples dans des créatures plus développées (ou vice-versa, selon les actions d’un être) entraîne théoriquement la compréhension que tous les êtres vivants sont frères. En pratique, cependant, Savitri ajoute que les biocentrismes asiatiques mènent souvent à l’indifférence envers les « incarnations » individuelles et à la croyance que la souffrance est une juste conséquence des transgressions karmiques. De plus, en se basant sur les expériences de la vie quotidienne européenne aussi bien qu’indienne, elle remarque que notre zooéthique individuelle est déterminée par un amour ou une aversion innés envers les animaux et non par une vision-du-monde instillée. Selon elle, le culte égyptien d’Aton, l’énergie et lumière solaire qui tombe sans distinction « sur le ver de terre et le surhomme », est également biocentrique.
L’essai suivant n’est pas destiné à être une critique des idées de Savitri – dont l’essence peut difficilement être critiquée – mais plutôt d’en être un supplément. L’auteure d’Impeachment argue philosophiquement et sans considération particulière pour les détails historiques. Sans contester ses fondamentaux, à savoir l’idée de l’Occident anthropocentrique et de l’Orient biocentrique, nous tenterons de présenter trois thèses qui rendent le concept de l’anthropocentrisme occidental un peu plus problématique.
Première thèse : humains végétatifs
L’affirmation selon laquelle le judéo-christianisme (à part l’approche unique de Saint Basile, François d’Assise, Nicolas de Tolentino, et d’autres) sépara essentiellement l’homme du reste de la création est incontestable et très répandue. Si les animaux et les plantes n’ont pas une âme immortelle et ne sont pas marqués par le péché originel, ils deviennent quelque chose d’essentiellement différent. Et pourtant cette différence n’est pas aussi insurmontable qu’elle pourrait le sembler. Commençant avec l’antiquité et culminant durant la Renaissance, une tradition traverse la pensée occidentale – une tradition qui est en un sens la contrepartie de la croyance asiatique à la réincarnation comme résultat de la conduite morale. C’est la croyance de certains philosophes que l’homme peut devenir un animal, une plante ou un ange selon ses actions et ses pensées. Cela signifie certainement qu’il devient ces êtres moralement, mais dans le contexte du salut cela signifie aussi qu’il le devient ontologiquement. Celui qui est tombé au niveau végétatif et qui n’est pas conscient de la divinité n’a pas de statut et de possibilités ontologiques supérieurs à ceux d’une plante réelle.
Des exemples de ceux qui prêchèrent l’idée selon laquelle un homme immoral devient un animal furent Boèce [Boethius], Grégoire de Nysse, les scolastiques, et les Arabes médiévaux. Cela fut aussi exprimé par le Prophète Mahomet. Nous devons ajouter, cependant, que cette croyance n’impliquait pas l’impératif de traiter les animaux et les plantes – qui sont donc plus proches de nous à la lumière de la création que ne le suggérerait l’idée de l’homme comme « image de Dieu » – plus gentiment. Les enseignements de Boèce sur l’homme et les animaux ne l’empêchent pas de dire que les humains tiennent leur tête au-dessus de la terre comme un signe qu’ils sont généralement des êtres uniques à la frontière entre les deux mondes, le matériel et le spirituel. Les fils d’Adam sont ainsi déclarés capables de lever leur front vers les cieux, alors que les têtes stupides des animaux restent lourdes et tournées vers le sol.
Cette idée trouve sa définition spécifique dans l’œuvre d’un philosophe de la Renaissance, Jean Pic de la Mirandole. Son bref texte Discours sur la dignité de l’homme fut originellement une préface aux thèses de diverses écoles que Pic avait rassemblées pour prouver leur accord sur l’aspiration fondamentale de l’homme: rejoindre Dieu. C’est le fondement de l’œuvre, mais l’idée de l’auteur était aussi que l’homme n’a pas de place fixée dans la création et qu’il est donc plus influent. Parce que Dieu lui a insufflé la vie seulement quand le monde fut achevé, il lui a donné la liberté de devenir n’importe quoi: une plante ou un ange (le Moyen Age parlait seulement d’un animal dans ce contexte).
On pourrait dire, cependant, que l’homme reste substantiellement différent du reste de la création. Un humain « végétatif » diffère encore d’une plante du fait qu’il est tombé à ce niveau en résultat de son propre choix. Mais cela signifie-t-il nécessairement que sa dignité est plus grande que la dignité d’une plante qui ne pouvait pas décider de la « bassesse » de son existence ? De plus, le philosophe ne se demande pas si la liberté de choix est accordée à chaque individu ou à l’homme en tant qu’espèce. Les individus nés obtus et lascifs ont difficilement l’opportunité de rechercher Dieu ou de rechercher l’union avec lui. Quoi qu’il en soit (Pic demeure bref), il faut noter que ce penseur reconnaît l’inégalité humaine. Il observe qu’il y a des êtres supérieurs qui ont transcendé leur humanité, et des êtres inférieurs qu’il place sur un pied d’égalité non avec les animaux, mais avec les « simples » plantes. Sa division hiérarchique de l’univers selon la valeur personnelle de l’individu le rapproche de Savitri.
Deuxième thèse : l’anthropocentrisme comme état intermédiaire du biocentrisme
Il est intéressant de noter que certains croyants abrahamiques utilisent le terme « anthropocentrisme » avec le même déplaisir que Savitri. Naturellement, ils font cela pour des raisons différentes. Pour eux, l’anthropocentrisme avec lequel la Renaissance émergea ne représente pas l’opposé du biocentrisme, mais celui du théocentrisme médiéval. Savitri ne verrait probablement pas de différence entre ces vues; pour elle, le dieu personnel est juste une continuation de l’homme par d’autres moyens. Cependant, il est évident que dès que l’humanité européenne cessa de se concentrer principalement sur Dieu, la science naquit.
La première vague d’intérêt pour les créatures « sans âme » – dont le Moyen Age ne tint compte que dans des questions purement symboliques et utilitaires, spécialement dans le domaine médical – apparut [1]. L’anthropologie se développa à coté de la zoologie et de la botanique. Mais au Moyen Age, par exemple, on croyait que les loups n’avaient pas de vertèbre cervicale, une fiction qui aurait pu être facilement réfutée par l’expérience. La Renaissance, pour sa part, créa des atlas anatomiques comparatifs, découvrit des milliers de nouvelles espèces végétales, et réalisa des autopsies et des hybridations d’animaux. Cependant, la tendre attention de Léonard de Vinci envers les animaux (Savitri lui en donne crédit dans Impeachment of Man) ou le Jeune Lièvre d’Albrecht Dürer (qui peut servir de preuve de l’intérêt de la Renaissance pour la réalité matérielle) ont leur contrepartie dans la vivisection. Bien que les « objets étudiés » se seraient mieux portés si les grand-pères de l’époque les avaient laissés tranquilles, il est pourtant vrai que la Renaissance valorisait la vie quotidienne, le monde matériel, le corps, l’organisme, et la nature.
Du point de vue de Savitri, qui met l’accent sur l’action, il est indubitablement important qu’aucun penseur de la Renaissance n’ait créé une éthique de bienveillance pratique envers les animaux. De plus, les plus importants philosophes de l’époque – Marsile Ficino, Pietro Pomponazzi, et en un sens Pic de la Mirandole aussi – plaçaient explicitement l’homme au centre de la création. Francesco Pétrarque demande ironiquement pourquoi il devrait s’intéresser aux quadrupèdes, aux poissons et aux oiseaux alors que l’âme humaine existe [2]. Cependant, ces philosophes n’étaient pas de véritables anthropocentristes. Pétrarque, Ficin et Pic étaient tous des théologiens – les deux premiers étant même des prêtres – et même leur emphase sur l’homme avait une dimension théocentrique. Le véritable anthropocentrisme – l’intérêt pour l’homme en tant que tel, et pas seulement en relation avec le « créateur » – peut être trouvé chez certains naturalistes de l’époque, plutôt que chez les penseurs humanistes. En soi, cela ne signifie rien; cependant, nous sommes convaincus que la connaissance experte de la nature, et donc de la transition graduelle de l’homme à d’autres créatures, apporta finalement avec elle une approche plus éthique culminant avec la ligne Darwin-Haeckel-Hitler.
Troisième thèse : l’homme comme « pont »
Nous n’avons pas l’intention de nier que les animaux deviendraient le sujet de la moralité quels que soient les progrès des sciences naturelles, cependant. Le fait qu’ils ressentent la douleur peut naturellement être déterminé par l’observation profane. Au XVIIIe siècle, deux systèmes philosophiques incluaient les « faces silencieuses » dans leur éthique. Dans l’anglosphère, c’était l’utilitarisme, et dans le monde germanophone, le bolzanisme (qui apparut à Prague). Les fondateurs et les partisans de ces deux systèmes pensaient que l’objet naturel de la charité était que n’importe quel être pouvant ressentir le bien-être et la douleur. Aujourd’hui, l’aile la plus militante et la plus vocale de l’utilitarisme est représentée par le philosophe juif australien Peter Singer, qui est aussi un activiste des droits des animaux (ses idées sont souvent rejetées en Allemagne comme « quasi-nazies » ou « nazifiantes »). Le romantisme apporta aussi avec lui une empathie pour les animaux, basé sur une motivation émotionnelle plutôt qu’intellectuelle. Le végétarisme de Mary Shelley et l’éthique schopenhauerienne de la compassion sont des exemples de cela ; rappelons-nous à quel point ce philosophe fut profondément affecté par les souffrances d’un orang-outang emprisonné.
Cependant, on ne peut pas nier que la connaissance scientifique des animaux (et, plus récemment, des plantes) a contribué significativement à la reconnaissance de leurs droits. En même temps, cela représente une particularité occidentale concernant la relation avec la nature, parce qu’aucune autre race ou civilisation n’a créé une discipline de biologie. Le médecin et matérialiste des Lumières, Julien Offray de la Mettrie pensait déjà que l’animal n’avait pas d’âme, mais que l’homme n’en avait pas non plus, et il considérait donc qu’il n’y avait pas de gouffre ontologique entre eux. Il devina correctement que les grands singes sont suffisamment intelligents pour apprendre le langage des signes [3].
Carl von Linné, le père de la taxonomie naturelle moderne, était un luthérien de mentalité théocentrique, mais après avoir publié son Système de la Nature il se demanda s’il avait bien fait d’inclure l’homme parmi les autres animaux. Le préromantique et, soulignons-le, proto-évolutionniste Johann Gottfried Herder, qui aimait la nature avec ferveur et qui appelait à la bonté envers toutes ses formes, déclara que les animaux étaient les « frères aînés » de l’homme. Cependant, la théorie évolutionnaire de Charles Darwin et Alfred Wallace (Sur l’origine des espèces, 1859) devint le stimulus formatif pour la conscience occidentale – et pas seulement occidentale. Darwin fit l’esquisse de la transition graduelle entre les humains et les autres animaux, particulièrement dans L’origine de l’homme. Encore plus important semble être son ouvrage L’expression des émotions chez l’homme et les animaux, qui brisa résolument l’idée cartésienne selon laquelle les animaux (et spécialement les vertébrés) seraient diamétralement différents de nous en termes d’expérience intérieure, et aussi qu’ils n’auraient pas d’émotions [4].
Darwin lui-même, bien que n’étant pas un végétarien, sympathisait clairement avec les animaux. « Un phénomène vraiment admirable, dont le miracle nous échappe souvent car il est complètement évident en soi, est que tous les animaux et toutes les plantes en tous temps et en tous lieux ont été reliés les uns aux autres », écrit-il dans L’origine des espèces, exprimant la fraternité de tous les êtres – à laquelle appelle aussi Savitri. Nous devons en fin de compte à Darwin le fait que les Espagnols et les Néo-Zélandais ont récemment étendu les droits humains aux grands singes. Le naturaliste britannique est également proche de Savitri concernant sa fascination pour la lutte pour la vie, qui nous force à détruire certaines formes d’existence : « Cela peut être difficile, mais nous devrions admirer la haine sauvage et instinctive qui pousse la reine des abeilles à détruire les jeunes reines – ses sœurs – juste après leur naissance, ou bien elle meurt elle-même » [5]. Mais alors pourquoi Savitri passe-t-elle au-dessus de Darwin sans le mentionner ?
Son silence sur Ernst Haeckel est tout aussi étrange. Ce zoologue et philosophe est généralement connu comme le créateur de nombreux termes scientifiques, incluant celui d’« écologie », et comme le créateur du dénommé règne biogénétique : « L’ontogénie récapitule la phylogénie ». Il fut un évolutionniste très passionné. Il était aussi conscient que Darwin de la fraternité de toutes les choses vivantes. Après tout, il avait introduit le schéma du dendrogramme évolutionnaire dans la biologie. L’attention de Haeckel pour les animaux est prouvée par un passage de son journal de voyage, où il se lamente sur le sort d’un cheval maltraité qu’il avait vu au Sri Lanka. Il dit théâtralement à Bouddha qu’il aurait dû interdire la torture des créatures vivantes au lieu de l’interdiction « insensée » de les tuer [6].
Haeckel créa aussi le monisme, une religion athée affirmant que la nature et la matière sont pleinement conscientes de leur « spiritualité », de leur beauté, et de leur valeur en soi. Sa Ligue Moniste connut une popularité considérable dans la première moitié du XXe siècle. A côté du végétarisme et de l’hygiène raciale, par exemple, l’historien Roger Griffin la qualifie d’expression du modernisme social. La mesure dans laquelle ce penseur inspira les nationaux-socialistes est sujette à débat, et les historiens en discutent certainement. Cependant, le fait que son biocentrisme était en accord avec le biocentrisme de la cosmologie nazie ne peut être contesté.
Toutefois, Savitri mentionne au moins un évolutionniste convaincu: George Bernard Shaw. Mais elle le fait seulement en lien avec son propre combat pour les droits des animaux, sans dire clairement si elle était consciente de la base évolutionniste de Shaw. Shaw est aussi connu pour avoir partagé la croyance de Savitri pour le surhomme. En tant que surhumanistes, ils comprenaient tous deux que l’homme fait partie intégrante de l’univers (la totalité) et que la vie a son propre développement, ainsi que la capacité à transcender les catégories innées. Ce pont – selon l’expression de Nietzsche – est donc bâti non seulement entre l’homme et le surhomme, mais aussi entre l’homme et les autres créatures. C’est leur héritage fondamental.
Notes:
[1] Bien sûr, cette règle aussi a ses exceptions. Au Moyen Age, Roger Bacon et Albert le Grand conduisirent des expériences scientifiques empiriques, par exemple.
[2] La question de Pétrarque (citée dans Oskar Kristeller, Osm filosofů italské renesance [Prague: Višegrad, 2007]) est de plus dirigée principalement contre l’aristotélisme, je crois. Les disputes de Pétrarque avec celui-ci étaient plutôt personnelles.
[3] Stanislav Komárek mentionne l’ « égalitarisme » des mécanistes des Lumières dans Stručné dějiny biologie (Prague: Academia, 2017).
[4] René Descartes reconnaissait une intelligence plus haute (mais pas les émotions) chez les singes, les perroquets et les chiens.
[5] Darwin, cependant, avait pour le moins des sentiments contradictoires concernant ce combat. Dans L’origine des espèces, il tente de trouver un réconfort au milieu de sa tristesse concernant le fait qu’il avait remplacé l’idylle religieuse de l’harmonieuse« création » par une lutte pour la vie et la mort (Charles Darwin, O původu druhů [Brno: Dědictví Havlíčkovo, 1923]). Quant à Savitri, elle considère comme nécessaire de consommer des végétaux (« on doit manger quelque chose après tout ») et de tuer des ennemis réels ou potentiels.
[6] Bohumil Bauše, Člověk a živočistvo (Prague: Matice lidu, 1907).
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Exemples de bellicisme hollywoodien
Exemples de bellicisme hollywoodien
par Georges FELTIN-TRACOL
En 2003, les éditions Autrement publient un essai magistral de Jean-Michel Valantin, Hollywood, le Pentagone et Washington. Les trois acteurs d’une stratégie globale. Ce livre dévoile de profondes, solides et vieilles complicités entre le milieu cinématographique et le puissant complexe militaro-industriel présents aux États-Unis d’Amérique. L’auteur se focalise sur l’imbrication totale entre différents plans (personnalités, récits, financements) au point qu’il qualifie l’ensemble ainsi étudié de « complexe militaro-cinématographique » et de « cinéma de sécurité nationale ».
Depuis la parution de ce maître-ouvrage, ce complexe discret a encore entendu son influence. Sous le premier mandat (2009 – 2013) de Barack Obama, Jonathan « Jon » Favreau animait l’équipe des « plumes » du 44e président avant de se lancer dans une carrière de scénariste à Hollywood. Ainsi a-t-il écrit le scénario de la série 1600 Penn. Attention toutefois au risque de confusion avec un homonyme, Jon Favreau, lui aussi scénariste des plusieurs films et séries (la franchise Marvel, Le Loup de Wall Street ou The Mandalorian). Sous Donald Trump (2017 - 2021), un ancien cadre de Goldman Sachs, Steven Mnuchin, occupe le poste de secrétaire au Trésor. Avant cette incursion politique, il avait produit des films comme Edge of Tomorrow (2014), Mad Max. Fury Road (2015) ou Batman vs Superman. L’aube de la justice (2016).
Ennemis désignés
Les liens structurels entre le cinéma de sécurité nationale et l’identité stratégique étatsunienne sont si prégnants qu’il faut de temps en temps les contester sur le grand écran. En 2013, Roland Emmerich réalise White House Down. Candidat recalé du Secret Service, John Cale (Channing Tatum) et sa fille Emily se retrouvent en pleine prise d’otage à la Maison Blanche. Ancien Marine, Cage sauve le président – noir – des États-Unis, James Sawyer (Jamie Foxx). Financés par les industries militaires qui ne désirent aucun règlement de paix durable au Moyen-Orient, les terroristes proviennent des mouvances d’« extrême droite ». Or, l’un des assaillants, Carl Killick (Kevin Rankin), au comportement de parfait psychopathe, qui doit surveiller une trentaine d’otages, porte en tatouage le A cerclé des anarchistes. L’anarchisme serait-il selon les critères hollywoodiens une variante du fascisme ou du nationalisme blanc ?
L’assaut de la résidence officielle du chef de l’État yankee fait aussi l’objet d’un autre film, le premier d’une trilogie, intitulé La chute de la Maison Blanche (2013) d’Antoine Fuqua. Ce ne sont plus de très vilains fascistes qui s’emparent du célèbre bâtiment et de la personne du président Benjamin Asher (Aaron Eckhart), mais un commando nord-coréen très efficace. Et pourquoi pas des Suédois ? Ce parti-pris ne surprend pas. Ce film contribue à travers la distraction et le divertissement à la manipulation des masses qui ne peuvent envisager la République populaire démocratique de Corée qu’en tant que menace existentielle pour la paix mondiale… La Corée du Nord est aussi dénoncée dans le film de Lee Tamahori, Mourir un autre jour (2002). L’intrigue commence sur une plage coréenne du Nord où débarque en toute discrétion l’agent britannique 007 James Bond. Il est vrai qu’il peut ensuite passer inaperçu dans les campagnes de ce pays…
Autre cible cinématographique du complexe militaro-cinématographique : le Bélarus. Réalisé en 2017 par Patrick Hughes, Hitman and Bodyguard raconte l’alliance de circonstance entre deux ennemis intimes. Le garde du corps Michael Bryce (Ryan Reynolds) doit protéger le redoutable tueur à gage Darius Kincaid (Samuel L. Jackson) afin qu’il puisse témoigner devant la Cour pénale internationale de La Haye des crimes contre l’humanité commis par le dirigeant bélarussien Vladislav Dukhovich. Pourquoi le Bélarus et non pas l’Arabie Saoudite qui, c’est bien connu, apporte un bonheur certain au Yémen depuis plusieurs années ?
Gary Oldman joue le président Dukhovich. En 1997, cet acteur interprète Korchunov, le chef des « méchants » dans le film germano-étatsunien de Wolfgang Petersen Air Force One. C’est le premier film qui met en scène le président des États-Unis. La source ne tarira plus avec White House Down où James Sawyer manipule un lance-roquette pendant une poursuite automobile dans le parc de la Maison Blanche ou dans des séries télévisées telles que The West Wing (À la Maison-Blanche), Commander in Chief (Commandant en chef) ou Designated Survivor (Survivant désigné).
Un modèle du genre
Air Force One s’ouvre sur une opération des forces spéciales yankees qui s’emparent au Kazakhstan du général Ivan Radek joué par Jürgen Prochnow, le commandant de sous-marin allemand dans Le Bâteau de Wolfgang Petersen, et le duc Leto Atreides dans Dune de David Lynch. En visite d’État en Russie quelques semaines plus tard, le président James Marshall (Harrison Ford) prononce un discours musclé devant des hôtes ravis. Dorénavant, les États-Unis ne discuteront plus avec les « États voyous »; ils les combattront jusqu’au dernier. Le dirigeant occidental doit retourner à Washington à bord de l’avion présidentiel qui donne son titre au film. Son épouse Grace et leur fille Alice l’accompagnent. Bénéficiant de l’aide du responsable de l’équipe de protection présidentielle du Secret Service, Gibbs, six faux journalistes montent à bord et s’emparent de l’avion. Ils exigent la libération immédiate du général Radek jugé ultra-nationaliste, mais qui sort de la prison au son de L’Internationale chantée par les détenus avant d’être abattu au dernier moment. Ivan Radek incarne aux yeux du scénariste Andrew W. Marlowe la quintessence du militarisme rouge – brun national-soviétique…
Ancien vétéran du Vietnam où il pilotait des hélicoptères, James Marshall ne se laisse pas faire. Il combat les preneurs d’otages. Pendant ce temps à la Maison Blanche, des divergences apparaissent vite entre la vice-présidente Kathryn Bennett (Glenn Close) – une première à l’écran de féminiser ce poste ! - et le secrétaire à la Défense Walter Dean. Qui prend les décisions urgentes en cas d’empêchement du président ? Bennett intervient en présidente par intérim alors que Dean veut invoquer le XXVe amendement qui permet la déposition du président en exercice par la majorité des membres du gouvernement. Le film pose donc une vraie question d’ordre constitutionnel nullement résolue.
Par ailleurs, par les bons soins du scénariste, lors d’une courte conversation avec Alice Marshall, Korchunov lui dit qu’il tue des innocents à l’instar de son président de père qui ordonne des frappes dévastatrices et des bombardements aveugles qui font de nombreuses victimes… Finalement, incurable optimisme oblige, James Marshall rétablit la situation et sauve sa famille. En 2016, un sondage du Wall Street Journal distinguait James Marshall comme le plus grand président fictif des États-Unis ! C’est sûr que ce ne serait pas le valétudinaire Joe Biden qui cognerait l’un des assaillants dans la soute de l’appareil !
Air Force One annonce les thrillers qui propageront la vue du monde néo-conservatrice, cette propension inacceptable à vouloir imposer un bonheur matériel consumériste et hédoniste à tous les peuples de la Terre enfin soumis au mantra des « droits de l’homme ». Depuis la sortie de ce film aux scènes haletantes, le complexe militaro-cinématographique continue à répandre une propagande incessante qui ne fait qu’alimenter l’hubris belliciste de l’Occident globalitaire américanomorphe.
Georges Feltin-Tracol.
11:42 Publié dans Actualité, Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hollywood, film, cinéma, bellicisme, bellicisme américain | | del.icio.us | | Digg | Facebook