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dimanche, 22 octobre 2023

Guerres persanes

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Guerres persanes

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/guerre-persiane/

Les nouvelles guerres persanes sont-elles en train de se préparer ?

Aussi légèrement formulée soit-elle, la question n'est pas seulement légitime. Elle répond à une logique impérieuse.

Essayons d'analyser la situation dans son ensemble.

L'Iran a toujours été une épine dans le pied de Washington. La tentative d'Obama de parvenir à un accord a échoué. Pour une multitude de raisons, et pas seulement à cause du blocage de son successeur, Donald Trump. Si bien que l'administration Biden n'a pas repris la ligne d'Obama. Au contraire, elle a renforcé les sanctions et donc les tensions avec Téhéran.

La guerre en Ukraine a d'ailleurs rapproché l'Iran de la Russie.

Qui est désormais son meilleur allié.

Un choix de front de plus en plus clair. Ce qui fait de la République islamique une cible stratégique encore plus importante pour Washington et ses alliés. On ne peut isoler Moscou, et l'entourer d'une sorte de "cordon sanitaire", sans mettre Téhéran hors d'état de nuire. De préférence en provoquant un changement de régime. Ou, comme on dit aujourd'hui, une nouvelle révolution colorée.

Cependant, toutes les nombreuses tentatives de déstabilisation de l'intérieur, les manifestations de rue, les protestations, se sont avérées vaines.

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Tout comme le séparatisme fomenté dans les différents groupes ethniques qui composent la mosaïque iranienne. Hormis le problème chronique du séparatisme baloutche - d'ailleurs plus atténué aujourd'hui que par le passé -, les Arabes, les Azerbaïdjanais et les autres semblent tout à fait sereins.

Bref, la République des Ayatollahs semble solidement installée au pouvoir.

Les problèmes pour Téhéran viennent, le cas échéant, du Caucase. Le rapprochement de l'Arménie avec les États-Unis, assorti d'un projet de manœuvres militaires conjointes, y représente une véritable menace. Bien plus pour Téhéran que pour Moscou.

Mais, bien sûr, la question centrale est la persistance d'un conflit sous-jacent avec Israël. Ce conflit n'a jamais eu lieu directement sur les territoires des deux États, mais a donné lieu à des affrontements indirects au Liban et en Syrie. Ainsi que des raids périodiques de l'armée de l'air israélienne en Irak. Et parfois sur des cibles stratégiques en Iran même.

Cette impasse pourrait toutefois être surmontée dans la situation actuelle. Téhéran est accusé d'être le principal soutien du Hamas. Ce n'est que partiellement vrai. En effet, les experts iraniens, en particulier les groupes Qods, ont donné aux hommes du Hamas un cadre et une structure militaires. En vue d'insérer une épine dans le pied d'Israël.

Mais l'organisation islamique palestinienne est bien plus dépendante du soutien économique du Qatar. C'est d'ailleurs là que réside sa direction.

Il faut également tenir compte du fait que le Hamas est une organisation sunnite radicale. Et que le dirigeant iranien est chiite. Deux positions irréconciliables, ne serait-ce qu'en apparence.

Mais personne ne parle du Qatar. Lié à Washington et, en même temps, sponsor, financeur, de tout l'extrémisme islamique djihadiste.

La tempête s'accumule sur Téhéran. Et Washington, plus encore que Jérusalem, se prépare à régler ses comptes.

Mais ce n'est pas si facile.

L'Iran est une puissance militaire. Et l'alliance avec la Russie doit être prise au sérieux. C'est une arme de dissuasion importante. Même si, pour l'instant, la Maison Blanche semble penser le contraire. C'est regrettable.

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Et puis, il y a la Chine. Elle a déployé beaucoup d'efforts pour détendre les relations entre Téhéran et Riyad. Il est essentiel de sécuriser les grandes routes - la route de la soie et la route maritime - qui représentent le cœur de l'expansion chinoise. Celle-ci est et veut rester pacifique.

Une pénétration sans conflit. La devise qui résume la pensée de Xi Jinping. Et puis la Chine est en partie dépendante du gaz et du pétrole iraniens. Et elle est prête à défendre ses intérêts. Qui sont vitaux.

Pourtant, aujourd'hui, trop de voix s'élèvent en Occident pour accuser la Chine d'être derrière Téhéran. Et donc indirectement du côté du Hamas.

Des propos dangereux, qui ont poussé Pékin à adopter une position inhabituellement rigide face à la très probable possibilité que Gaza devienne un abattoir.

Des discours qui, dans le même temps, risquent de mettre hors jeu, ou d'obliger une partie à prendre parti, la seule puissance qui, en ce moment, pourrait exercer un rôle de médiateur. Évitant ainsi un conflit aux proportions presque inimaginables.

Les guerres perses - une vieille histoire qui remonte à Hérodote. Qui pourrait cependant devenir synonyme de nouvelle guerre mondiale.

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