mardi, 29 juillet 2025
L’avenir de la Russie au-delà de l’Occident - L’Europe a disparu, la Russie s’éveille
L’avenir de la Russie au-delà de l’Occident
L’Europe a disparu, la Russie s’éveille
Alexander Douguine
Alexander Douguine déclare qu’à mesure que l’Occident dépérit, la Russie doit s'efforcer de devenir un Etat-civilisation en reprenant la voie qu’elle avait empruntée lorsqu’elle s’était séparée de l’Europe.
Aujourd’hui, beaucoup citent la remarque d’Alexey Gromyko selon laquelle « la Russie ressemble actuellement plus à l’Europe traditionnelle que les pays d’Europe eux-mêmes ». Je pense qu’il voulait exprimer quelque chose de très précis. Un jour, alors que j’étais en Argentine, j’ai crié : « Quel excellent pays européen, c’est ! » Plus tard, lorsque j’ai visité la France (avant même les sanctions), j’ai été horrifié par l'état dans lequel elle se trouvait : « Quel dépotoir, c’est ! ».
Le fait est que beaucoup d’Européens qui viennent en Russie sont ravis. Cela leur rappelle l’Europe, mais dans une phase passée, disparue. C’est l’Occident qui n’existe plus dans l’Occident. On peut le rencontrer en Amérique latine ou ici chez nous. De plus, bientôt, certaines sociétés asiatiques pourraient être plus "occidentales" que l’Occident lui-même. La dégénérescence, l’échec total, la transgression et le déclin qui ont frappé les sociétés occidentales ne leur permettent plus d’être considérées comme des civilisations occidentales traditionnelles.
Bien sûr, cela ne signifie pas que nous avons échangé nos places. Il faut faire très attention ici. Gromyko veut clairement dire que l’Occident s’est perdu, alors que nous ne le sommes pas encore. Mais en vérité, nous sommes à une étape de l'occidentalisation et de la modernisation qui paraît encore relativement convenable, précisément en raison de notre "retard". Si nous étions entrés davantage dans la logique de la civilisation occidentale, si nous l’avions suivie de plus près, je pense que nous vivrions à peu près la même chose: un cauchemar, une dégénérescence, un grand nombre de migrants sales et sans but qui réclament des droits, une population locale terrorisée, des pervers libéraux totalitaires qui échappent à la loi tout en commettant des crimes horribles. Tout cela nous a également menacés, jusqu’à l'effondrement final et la disparition de cette gabegie.
Le fait que nous ayons freiné à un certain moment et refusé de suivre davantage encore l’Occident est ce qui crée ce sentiment d’un Russie confortable, sympathique, en développement, ce que Gromyko a noté. Il n’y a rien de mal à cela ; c’est une observation très précise.
Comme Tucker Carlson l’a dit : si quelque chose ressemble encore à l’Occident, c’est la Russie, Moscou et Saint-Pétersbourg.
Oui, cela ressemble vraiment à cet Occident révolu. Pendant ce temps, Rome, Paris et Londres sont devenues des dépotoirs, où il est souvent difficile de trouver un Blanc ou des valeurs traditionnelles. Nous ne parlons pas des pays asiatiques ou africains. Bien que l’Afrique elle-même soit un monde magnifique avec sa propre culture. Les pays islamiques sont aussi admirables ; les musulmans traditionnels sont tout simplement merveilleux. Mais chacun devrait vivre dans son propre pays. Pourtant, ils sont délibérément amenés en Europe par les mondialistes pour effacer la population locale jusqu’à l’invisibilité, puis pour la remplacer simplement par des robots.
En même temps, je tiens à souligner que la déclaration de Gromyko (photo) n’est pas un argument qui devrait nous guider tous. Elle ne peut pas servir de base à la mission de la Russie, à sa stratégie ou à notre souveraineté. C’est simplement une observation facile, énoncée par un membre de l’élite russe, par un héritier d’une famille soviétique bien connue, qui profite de la vie et remarque que tout fonctionne bien ici, alors que tout s’est effondré et fonctionne de mal en pis en Occident. En d’autres termes, ce n’est qu’un commentaire fugace d’un observateur extérieur.
En réalité, c’est une remarque aux assises très fragiles et instables. Car en vérité, la Russie est une civilisation distincte. Nous nous sommes séparés de la civilisation occidentale au 11ème siècle et sommes devenus une civilisation indépendante au 15ème siècle. Nous avons pris conscience de nous-mêmes aux 16ème et 17ème siècles, et puis, suite à des succès variés, nous avons tenu bon — parfois nous avons reculé, parfois nous sommes revenus à l'avant-plan. Aujourd’hui, c’est l’ère du retour à la conscience que nous sommes un État-civilisation. Notre président en parle, et de nombreux hauts responsables aussi.
En résumé, je trouve la remarque de Gromyko quelque peu déplacée. Il ne s’agit pas de se réjouir d’être en retard par rapport à l’Occident, et que tout ici soit propre et en ordre, que tout fonctionne, et que les gens normaux demeurent en place — alors que tout cela a disparu en Occident. Après tout, c’est aussi ce que beaucoup de nos invités d’Amérique et d’Europe disent — ceux qui soutiennent un monde multipolaire et rejettent la dictature libérale qui règne en Occident.
Les choses peuvent être « merveilleuses » pour nous, d’une certaine façon, mais ce n’est pas encore une merveille à la russe. Nous avons suivi l’Europe, mais nous avons pris du retard. Et il s’est avéré que prendre du retard était mieux que de suivre sans délais. Regardez simplement où tout cela a conduit l’Ukraine et beaucoup d’autres pays.
Ce dont nous avons besoin, c’est de notre propre civilisation. Nous devons nous reconnaître comme un État-civilisation. Nous devons construire une Grande Russie. Une Russie qui, même esthétiquement, sera différente — technologiquement aussi, en apparence extérieure à l'Occident et surtout psychologiquement différente. Elle ne peut pas être une autre Europe hédoniste qui serait à la traîne et à la périphérie, elle doit essayer de se couper des formes les plus toxiques que l’Occident adopte désormais. Cette approche ne durera pas longtemps.
Avancer vers l’Europe maintenant, c’est s’engager vers l’abîme, vers la décharge — vers le LGBT, vers d’autres formes de transgression, vers le féminisme, vers la chirurgie transgenre, vers le remplacement des humains par des biorobots, et vers le transfert du pouvoir à l’intelligence artificielle. Toutes ces formes de déchéance totale que nous voyons aujourd’hui en Occident devraient être in fine adoptées si nous avancions dans la direction de l’Europe. Et s’arrêter simplement à ce point médian ne fonctionnera pas longtemps.
Rester comme l’Europe d’autrefois n’est pas un projet. Ce n’est pas une vision d’avenir. L’avenir de la Russie est quelque chose de tout à fait différent.
La Russie doit devenir elle-même. Et répondre à la question « Qu’est-ce que c’est, exactement, la Russie ? »: ce n’est pas simple. Mais une chose est claire: ce n’est pas l’Occident. Même nos Occidentalistes et libéraux ont commencé à comprendre que notre Russie, ce n’est pas l’Occident moderne. Pourtant, ils pensent encore: « Restons comme ça, figeons ce moment — il est si beau. »
Mais cela ne fonctionnera pas. Nous avons besoin de ressources pour l’avenir, nous avons besoin d’énergie, nous devons faire renaître des forces, nous avons besoin de visions — des visions d’un avenir spécifiquement russe. Sans cela, notre moment présent ne sera qu’une pause avant de tomber plus profondément dans l’abîme. Une chute vers laquelle nous nous précipitons déjà depuis 100 ans — surtout dans les années 1990.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’un changement stratégique profond qui devrait nous mener vers un État-civilisation. Heureusement, notre président parle dans ces mêmes termes. Mais cela doit être élaboré en détail, décrit, et mis en œuvre. C’est le chemin que nous devons suivre.
13:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, alexandre douguine, russie | |
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