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mercredi, 10 décembre 2025

La communauté de valeurs occidentale se désintègre – l'Europe perd son ancrage stratégique

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La communauté de valeurs occidentale se désintègre – l'Europe perd son ancrage stratégique

par Elena Fritz

Source: https://t.me/global_affairs_byelena

La décision du Département d'État américain de ne plus accorder l'accès aux États-Unis aux personnes impliquées dans des activités telles que la vérification des faits ou la modération algorithmique de contenus peut, à première vue, sembler un détail de politique intérieure. En réalité, elle signale une rupture structurelle au sein de cet ordre que l'on qualifiait depuis des décennies de «communauté occidentale des valeurs».

Une communauté de valeurs qui n'en est plus une

Depuis la présidence de Trump, les États-Unis se sont nettement éloignés de la ligne de l'UE sur les questions normatives clés. Aujourd'hui, deux modèles politiques coexistent au sein de cette même communauté de valeurs:

- Le modèle européen, marqué par la régulation, les structures supranationales et une conception normative de la politique visant à organiser la communication sociétale de manière de plus en plus administrative.

- Le modèle américain, qui – du moins sous la direction républicaine – cherche un retour radical à la souveraineté nationale, à la liberté d'expression et à la déréglementation.

La nouvelle directive sur les visas est un symptôme de cette divergence. Elle montre que Washington évalue de manière critique les instruments soutenus par l'État et la société civile en Europe – et n'est plus disposé à les accepter comme expressions de « valeurs occidentales » communes.

Un Occident élargi en distance

Les États de la zone de sécurité indo-pacifique, traditionnellement considérés comme faisant partie de l'alliance occidentale – le Japon, la Corée du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande – s'éloignent également de la logique européenne. Ils s'orientent désormais principalement vers la rivalité géopolitique entre les États-Unis et la Chine, évitant délibérément de se laisser entraîner dans les conflits européens sur la liberté d'expression, la régulation numérique ou l'identité normative. Ainsi, pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, un Occident pluraliste apparaît, dont la cohésion n'est plus évidente.

L'Europe entre les axes – sans centre de pouvoir propre

Le constat géopolitique plus profond est le suivant:

L'Europe perd son orientation car elle n'est plus un centre stratégique de pouvoir.

- Les États-Unis redéfinissent leurs priorités, devenant plus nationaux et moins multilatéraux.

- L'UE tente de stabiliser son identité politique à travers des projets de régulation et des concepts de sécurité.

- Les partenaires indo-pacifiques privilégient la sécurité régionale plutôt que les normes transatlantiques.

L'Europe, entre ces axes, n'y est pas en tant que créateur, mais en tant qu'espace traversé par des intérêts divergents.

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Le point crucial

Ce qu'on appelle la communauté de valeurs occidentale ne fonctionne plus comme un projet stratégique homogène.

Elle est devenue un champ complexe où se juxtaposent différentes visions d'ordre – des visions économiques, politiques et normatives.

Cela a des conséquences:

- Sur le rôle de l'Europe dans la politique mondiale.

- Sur la capacité de l'UE à définir ses intérêts de manière indépendante.

- Et sur chaque débat concernant la souveraineté, la sécurité et la légitimité démocratique.

#géopolitique@global_affairs_byelena

Le moment messianique de 1666: Sabbatai Tsevi, le millénarisme de la „Cinquième Monarchie“ et les origines de la Rénovation radicale

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Le moment messianique de 1666: Sabbatai Tsevi, le millénarisme de la „Cinquième Monarchie“ et les origines de la Rénovation radicale

Introduction : Crise des attentes eschatologiques

1666 entre dans l’histoire intellectuelle de l’Europe non seulement comme la date marquée par la Grande Peste et le Grand Incendie de Londres, mais aussi comme le point culminant des attentes messianiques centrées sur la figure de Sabbatai Tsevi. L'historiographie traditionnelle a longtemps ignoré le sabbatianisme, le considérant uniquement comme une crise interne du judaïsme. Cependant, les travaux de Richard Popkin et les études monumentales de Jonathan Israel ont démontré de façon convaincante que ce phénomène était profondément intégré dans le contexte européen. À travers un réseau de dissidents (de non-conformistes) en Angleterre et aux Pays-Bas, la figure du faux messie juif est devenue un catalyseur de débats allant bien au-delà de la théologie, préparant paradoxalement le terrain pour un cosmopolitisme séculier.

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Cadre théorique et „Troisième force“

Richard Popkin a avancé la thèse de l’existence, au XVIIe siècle, d’une „troisième force“ — un groupe intellectuel qui n’appartenait ni à la scolastique orthodoxe ni au rationalisme cartésien strict. Ce furent des penseurs combinant scepticisme scientifique et intérêt profond pour les prophéties bibliques. Jonathan Israel souligne qu’Amsterdam était un «creuset» unique où les frontières entre confessions s’effaçaient. C’est ici que les nouvelles concernant Sabbatai Tsevi n’étaient pas perçues comme une hérésie, mais comme une possible réalisation des prophéties communes aux religions abrahamiques.

Le lien central dans ce processus était Pierre Serrarius — un théologien hollandais et un millénariste. En tant que nœud d’information entre la communauté juive d’Amsterdam et les intellectuels londoniens, Serrarius a contribué à créer une atmosphère où les protestants voyaient en Sabbatai Tsevi un instrument de la Providence divine. Pour beaucoup de chrétiens de l’époque, le retour des Juifs en Palestine était une étape nécessaire avant la Deuxième Venue du Christ, ce qui rendait les succès de Tsevi théologiquement légitimes aux yeux des protestants radicaux.

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Radicalisme politique : Sabbatianisme et la „Cinquième Monarchie“

Le phénomène Sabbatai Tsevi reçut une attention particulière en Angleterre grâce au contexte idéologique préparé par le mouvement des „Hommes de la Cinquième Monarchie“. Cette secte puritaine radicale, active durant la Révolution anglaise et le protectorat de Cromwell, croyait en une doctrine basée sur le livre du prophète Daniel. Ils pensaient qu’après la chute des quatre monarchies terrestres (babylonienne, perse, grecque et romaine), la Cinquième viendrait — avec le royaume du Christ sur la terre.

Après la restauration des Stuart en 1660, les espoirs politiques des „monarchistes“ s’effondrèrent, et le mouvement entra dans la clandestinité, en état de profonde frustration. L’apparition de Sabbatai Tsevi en 1665–1666 fut perçue comme le signal extérieur tant attendu — comme un „Deus ex machina“, qui détruirait l’ancien ordre mondial, y compris la monarchie des Stuarts et le trône pontifical. Selon leur interprétation, le messie juif devait anéantir l’Empire ottoman, déclenchant une série d’événements menant à la domination mondiale des saints. Ainsi, l’intérêt des radicaux anglais pour Tsevi était moins philo-sémite que révolutionnaire-politique: le mysticisme juif devenait le carburant du républicanisme anglais.

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Baruch Spinoza : l’alternative rationnelle à l’extase mystique

Au cœur de l’hystérie messianique, la figure de Baruch Spinoza, expulsé de la communauté juive d’Amsterdam une décennie avant l'avènement de Tsevi, acquiert une signification particulière. Jonathan Israel insiste sur le fait que le spinozisme et le sabbatianisme se sont développés dans le même contexte socio-culturel, représentant deux réponses diamétralement opposées à la crise du judaïsme traditionnel et à la conscience européenne en général.

Alors que le sabbatianisme proposait une sortie irrationnelle et mystique par le miracle et par l'action et la présence d'un leader charismatique, Spinoza prônait la raison et le monisme philosophique. La chute du mouvement Tsevi (son apostasie et sa conversion à l’islam) porta un coup dur à l’autorité de la tradition rabbinique et à la croyance dans les prophéties en tant que telles. Ce vide, selon Israel, créa les conditions idéales pour l’acceptation des idées de Spinoza. « Le traité théologico-politique » (1670), publié peu après la chute du sabbatianisme, fut lu par de nombreux intellectuels désillusionnés comme le manifeste d’une ère nouvelle où la place des prophètes est prise par celle des philosophes, et les miracles par les lois de la nature. Ainsi, l’échec du sabbatianisme a paradoxalement ouvert la voie à la Rénovation radicale.

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Henri Oldenburg et les réseaux proto-masoniques

Un aspect clé de la réception du sabbatianisme est le rôle de la communication scientifique. Henri Oldenburg, secrétaire de la Royal Society de Londres, entretenait une correspondance étendue avec Spinoza, Boyle et Serrarius, demandant régulièrement des nouvelles du „Messie juif“. Le fait que le secrétaire de la principale institution scientifique d’Europe s’intéressait au messie kabbalistique contredit le mythe populaire d’une séparation stricte entre science et mysticisme au XVIIe siècle.

Bien qu’Oldenburg soit décédé en 1677 et n’ait pas pu participer à la fondation de la première Grande Loge en 1717, son activité incessante a posé les bases de cet événement. Oldenburg fut l’architecte de ce que Robert Boyle appelait « l’Université Invisible » — un réseau de penseurs cherchant la vérité en dehors des dogmes confessionnels. Les chercheurs en ésotérisme (notamment dans les œuvres analysées par Popkin) notent que la structure de la Royal Society et les réseaux de correspondance d’Oldenburg ont intégré des éléments de l’idéal rosicrucien de « réforme universelle ». Ces cénacles intellectuels, où la discussion de la physique comme de l’eschatologie était permise, devinrent le prototype des loges spéculatives maçonniques. La transition de la « maçonnerie opérative » à la « maçonnerie spéculative », achevée en 1717, reposait précisément sur cette culture de tolérance, de curiosité scientifique et de dissidence secrète, cultivée par le cercle d’Oldenburg, influencé aussi par les attentes philo-sémites de l’époque de Sabbatai Tsevi.

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Conclusion

Le lien entre les protestants anglais et néerlandais et le mouvement de Sabbatai Tsevi constitue un point critique dans l’histoire intellectuelle du début de la Renaissance moderne. L’interaction entre le protestantisme radical (« Fifth Monarchy »), le messianisme juif et la naissance de la nouvelle science (avec le cercle d’Oldenburg) a créé un terreau unique. L’échec des espoirs sabbatianistes a discrédité la connaissance eschatologique du monde, obligeant les penseurs européens à chercher de nouvelles bases. Dans ce contexte, le rationalisme de Spinoza et les structures organisationnelles qui ont précédé la franc-maçonnerie ont offert une alternative: construire la „Nouvelle Jérusalem“ non par le miracle, mais par la raison et la construction/ingénierie sociale.

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Jean-Gilles Malliarakis, trois témoignages

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Jean-Gilles Malliarakis, trois témoignages

Source: https://www.voxnr.fr/7114-2

Jean-Gilles Malliarakis vient de nous quitter

Lucas de Méan

C’est avec tristesse que je viens d’apprendre le décès de Jean-Gilles Malliarakis.

Figure majeure du nationalisme-révolutionnaire francophone.

Pour celles et ceux qui connaissent l’histoire de notre courant, c’est une perte immense, un nom qui ne dira peut-être rien au grand public, mais qui résonne profondément chez tous ceux qui s’intéressent à la pensée solidariste, à la troisième voie, à l’idée d’un nationalisme social, révolutionnaire, organique.

Il n’est pas le premier théoricien du nationalisme-révolutionnaire, d’autres, avant lui, avaient tracé les sillons doctrinaux.

Mais il fut sans conteste l’un de ceux qui ont structuré ce courant dans la France post-70, en lui donnant une forme militante, un vocabulaire, une doctrine reconnaissable, et surtout une stratégie autonome, distincte à la fois de la droite classique et des formations électorales de l’extrême-droite traditionnelle.

Avec lui, le NR cesse d’être seulement une théorie marginale et devient un projet politique cohérent :

- ni libéralisme capitaliste, ni marxisme collectiviste;

- une voie européenne, enracinée et sociale;

- une critique du mondialisme et du condominium USA/URSS;

- une défense de l’identité, des peuples, des corps sociaux;

- une vision dynamique, non passéiste, de la Nation.

Il inspira, structura, forma.

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À travers le MNR puis Troisième Voie, il fut un organisateur, un cadre, un faiseur de doctrine. Il chercha à dépasser les querelles de chapelles, à réconcilier l’idée nationale avec la justice sociale, à sortir les milieux identitaires de l’horizon électoraliste pour les pousser vers une pensée de long terme.

On ne peut pas nier son rôle historique: sans lui, le NR francophone n’aurait sans doute pas le visage qu’il a eu dans les années 80-90, et nombre d’idées qui nous paraissent aujourd’hui acquises seraient restées à l’état de notes dans des marges.

Jean-Gilles Miliarakis s’en va.

Son œuvre, elle, demeure.

À nous, désormais, de la transmettre, de l’enrichir, de la prolonger, non dans la nostalgie, mais dans l’action et la pensée vivantes.

Qu’il repose en paix.

Mémoire et honneur.

Europe, jeunesse, révolution !

Lucas de Méan.

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Jean-Gilles Malliarakis, militant historique de la cause nationaliste, vient de nous quitter

Roland Hélie

Je viens d’apprendre avec une immense tristesse le décès, à l’âge de 81 ans, de Jean-Gilles Malliarakis.

Editeur, militant infatigable du combat nationaliste depuis les années 1960, Jean-Gilles était un personnage incontournable et marquant pour quiconque à fréquenté la droite nationaliste ces soixante dernières années.

Il fut le fondateur en 1979 du Mouvement nationaliste révolutionnaire, qui deviendra plus tard Troisième voie, et du journal Jeune nation solidariste. Plus tard, il s’engagera dans la défense des petites entreprises françaises. Ces dernières années, il animait le site L’Insolent.

Il a, à de nombreuses reprises, participé aux activités de Synthèse nationale. Il y a trois ans, il prenait la parole lors de notre Rendez-vous Bleu Blanc Rouge de 2022. Personne n’oubliera l’orateur exceptionnel qu’il était.

Nous reviendrons très vite sur cette pénible disparition.

À Isabelle, son épouse, à sa famille, toute la rédaction de Synthèse nationale présente ses condoléances.

Roland Hélie

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Ma jeunesse se souvient!

Pierre Robin

J’étais entré, plein de curiosité, dans son univers un peu à part en ce milieu des années 80 où tout se mettait en place, la gauche libérale et le gauchisme culturel, les  » devoirs de mémoire  » et les quartiers  » difficiles « , le lepénisme sonore et l’antiracisme fashionable. JGM était fort d’une réputation de radicalité nationaliste-révolutionnaire – ou, pour les branchés,  » solidariste  » -, d’une certaine verve polémique, d’une crédibilité physique certaine, de solides connaissances historiques (et économiques). Et de sa Librairie Française bien située et où ne passaient pas que des amateurs de livres anciens. Et encore de son mouvement à lui dont le nom – Troisième Voie – renvoyait en trois syllabes dos à dos la gauche et la droite, le communisme et le capitalisme, l’OTAN et le Pacte de Varsovie. C’était un groupuscule si l’on veut, mais remuant, juvénile et inspiré comme son chef, et dont une partie du charme étrange résidait dans une esthétique forte autant que rétro. Et il y avait aussi son journal Révolution européenne, à la maquette rouge et noire soignée et aux mots d’ordre peu consensuels. On peut dire que TV, dans cette deuxième moitié des années 80, disputait le marché de la jeunesse radicale  » de droite  » (pardon d’ex. dr.) aux lepénistes et aux royalistes.

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Tout ça a donné quelques animations de rue intéressantes, telle cette manifestation réunie vers Saint-Germain-des-Prés sur un thème – Nous ne serons pas les Palestiniens d’Europe ! – qui ferait frémir aujourd’hui la droite niaiseuse. Tels encore ces dépôts de gerbe au mur des Fédérés du Père Lachaise (encore un positionnement propre à scandaliser rétrospectivement une Sarah K ou une Marion M). Sans oublier un défilé de Jeanne d’Arc où Jeanne était à cheval mais portait un flight jacket et non une armure du XVème siècle, et brandissait non une oriflamme dédiée au Christ et à la Vierge Marie mais un étendard noir avec un trident blanc. Et cet activisme drainait donc un public jeune, étudiants en droit et skinheads en blousons (noirs). Aux marges de la politique, et notamment du lepénisme, dont Malliarakis appréciait sans doute plus le leader que le parti, étant du genre tribun cultivé lui aussi, l’aventure a duré 4, 5 ans. Et puis JGM a changé son fusil d’épaule et de fréquentations politiques, sans doute las de labourer un ghetto. Cela peut humainement se comprendre. Il a continué d' » évoluer  » pour employer un mot démoralisant, et là disons que ça m’intéressait moins.

Mais quelle importance ce soir les divergences sur ceci ou cela ? Elles ne m’empêchent pas de me souvenir que Jean-Gilles Malliarakis fut une figure souvent inspirée, un type courageux, plein d’idées et non dénué d’humour (et ça c’est toujours mieux en politique, même extrémiste). Et je me félicite rétrospectivement que notre ultime rencontre fortuite, à 5 minutes de l’Etoile et de son Arc de Triomphe français, se soit passée dans la bonne humeur, et même avec un minimum de connivence…

Pierre Robin.

11:26 Publié dans Actualité, Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, jean-gilles malliarakis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook