dimanche, 18 mai 2025
L'hypocrisie américaine quant au terrorisme atteint de nouveaux sommets alors que Trump marque un changement bienvenu dans la politique étrangère des États-Unis
L'hypocrisie américaine quant au terrorisme atteint de nouveaux sommets alors que Trump marque un changement bienvenu dans la politique étrangère des États-Unis
Larry Johnson
Source: https://dissident.one/amerikaanse-hypocrisie-op-het-gebie...
La maladie d'Alzheimer semble être la norme de la politique étrangère américaine, en particulier en matière de terrorisme, dans les relations de Washington avec les pays du Moyen-Orient et de l'Asie de l'Ouest, écrit Larry Johnson.
Trump a passé une journée très réussie en Arabie saoudite, où il a dialogué avec enthousiasme avec le prince héritier Mohammed bin Salaman, alias MBS. Encore un exemple du pouvoir que recèle la somme d'un billion de dollars pour effacer la mémoire d'un crime odieux: MBS s'est aujourd'hui engagé à investir cette somme aux États-Unis... et il a en outre signé l'achat de tonnes d'armes américaines. Ni le président ni aucun membre de son entourage n'ont manifesté de gêne à l'égard d'un homme qui aurait ordonné l'assassinat de Jamal Khashoggi, journaliste au Washington Post, il y a quelques années.
Bien que MBS nie avoir ordonné le meurtre de Jamal Khashoggi, plusieurs enquêtes fiables - notamment celles de la communauté du renseignement américain et des Nations unies - concluent qu'il a probablement autorisé ou approuvé l'opération. Le meurtre a été largement considéré comme faisant partie d'une campagne plus large visant à réduire au silence les dissidents à l'intérieur et à l'extérieur de l'Arabie saoudite. En février 2021, le bureau du directeur du renseignement national (ODNI) a publié un rapport dont la conclusion est la suivante:
"Nous pensons que le prince héritier d'Arabie saoudite Muhammad bin Salman a autorisé une opération à Istanbul, en Turquie, pour arrêter ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi".
MBS a donc les coudées franches et est toujours considéré comme une compagnie acceptable pour les dirigeants politiques et économiques mondiaux. Mais ce n'est pas là l'insolence la plus flagrante... Donald Trump est allé plus loin en annonçant qu'il envisageait de lever toutes les sanctions contre le nouveau régime syrien - dirigé par un authentique terroriste islamiste - et qu'il prévoyait de rencontrer Ahmed al-Sharaa, anciennement connu sous le nom d'Abou Mohammad al-Jawlani. Jawlani était une figure éminente de l'opposition syrienne et dirigeait le groupe rebelle Hay'at Tahrir al-Sham (HTS), que le département d'État américain a classé parmi les 10 organisations terroristes internationales les plus actives depuis 2017.
Au cours du mois dernier, Jawlani et ses bandes ont massacré des alaouites et des chrétiens en Syrie. Jawlani prétend être un « homme nouveau ». Je pense qu'il est le Saint Paul du monde salafiste islamique. Hamas, prenez note... si vous vous faites couper les cheveux, tailler la barbe et portez un beau costume Brooks Brothers, avec une cravate rouge, Donald Trump pourrait trouver que vous valez la peine d'une visite et d'une discussion. Ce fut un moment absurde et pervers dans le discours de Trump devant des officiels saoudiens et des chefs d'entreprise internationaux... le pire étant que la foule a applaudi comme des phoques dressés qui implorent un anchois savoureux.
Par ailleurs, Trump a soulevé des points importants. Par exemple, il a déclaré que la politique étrangère des États-Unis devrait se concentrer sur la coopération économique plutôt que sur l'intervention dan de pays tiers et la construction de nations alternatives, prenant ainsi implicitement ses distances avec les administrations précédentes. Il a souligné l'importance de la transformation régionale et a exhorté les pays à faire passer le développement économique avant les conflits. S'agit-il simplement d'un cliché ou Trump est-il sérieux quant à sa rupture avec les néoconservateurs? Quoi qu'il en soit, cette partie de son discours a été chaleureusement accueillie.
Trump a également donné une lueur d'espoir concernant l'Iran en réitérant la volonté des États-Unis de négocier avec l'Iran au sujet de son programme nucléaire. Il a suggéré un possible assouplissement des sanctions économiques en échange d'un frein au développement nucléaire, tout en soulignant que cette possibilité ne resterait pas indéfiniment ouverte. Les sionistes s'arrachent les cheveux. Ils ne sont pas contents à Tel Aviv.
La tentative de Trump de relancer les négociations entre l'Arabie saoudite et Israël a échoué. Après que le président Trump a appelé l'Arabie saoudite à rejoindre les accords d'Abraham - une série d'accords visant à normaliser les relations entre Israël et plusieurs pays arabes - le public est resté silencieux... sans applaudir.
Je continue d'espérer, peut-être en vain, que les dirigeants arabes qui rencontreront Trump cette semaine défendront la cause du peuple palestinien et exhorteront Trump à mettre fin à son soutien au génocide. Si cela se produit, je pardonnerai à Trump d'avoir traité avec des terroristes.
13:17 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, mbs, arabie saoudite, moyen-orient, monde arabo-musulman, monde arabe | |
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lundi, 23 mars 2020
Arabie saoudite : le prince héritier frappe la monarchie en plein cœur
Arabie saoudite : le prince héritier frappe la monarchie en plein cœur
(Jean-Pierre Perrin, Mediapart, 10 mars 2020).
Repris dans prochetmoyen-orient.ch, n° 274, 16/03/2020
Lorsqu’il avait fait arrêter des dizaines de princes, de gouverneurs et de richissimes hommes d’affaires en novembre 2017, un journaliste saoudien, sous couvert d’anonymat, avait comparé le prince héritier Mohammed ben Salmane, alias MBS, à « un nouveau Saddam Hussein ». Si le défunt raïs irakien purgeait sans cesse le parti Baas, en particulier au moment de son accession au pouvoir, le dauphin du roi Salmane procède de même au sein de la famille royale. Cette fois, il a frappé fort en faisant arrêter le propre frère cadet du souverain, le prince Ahmed ben Abdelaziz al-Saoud. Son neveu, Mohammed ben Nayef, alias MBN, qui fut à la fois un ancien prétendant au trône et un tout-puissant ministre de l’intérieur, a été également incarcéré. De même que le frère cadet de ce dernier, Nawaf ben Nayef, ainsi que l’un des fils du prince Ahmad, Nayef ben Ahmed, ancien chef des renseignements de l’armée. Ces arrestations, annoncées vendredi soir par le Wall Street Journal, puis par le New York Times, n’ont pas été démenties par les autorités de Riyad, qui observent un silence total. Une manière d’aveu. Un nombre inconnu d’autres notabilités ont été également appréhendées. Selon le Wall Street Journal, les quatre princes sont accusés de trahison et risquent la perpétuité, voire la peine de mort. Dans un pays où l’opacité est totale, il est difficile de savoir s’il y a eu effectivement complot, si un coup d’État était en cours ou si le jeune prince héritier – il est âgé de 34 ans –, que l’on dit paranoïaque, a simplement voulu éliminer toute opposition de la part de rivaux dans la perspective de la succession du vieux roi Salmane. Âgé de 84 ans, ce dernier est fatigué et malade, souffrant notamment d’Alzheimer. Pourtant, c’est encore lui qui doit signer les décrets d’arrestation quand il s’agit de membres de la famille royale. Mais était-il en capacité de le faire ? « On ne peut pas ne pas avoir d’interrogations à ce sujet, souligne David Rigoulet-Roze, spécialiste du Golfe et directeur de la revue Orients stratégiques. Pour permettre au prince héritier de se protéger, on a pris soin de montrer qu’il n’avait pas pris cette décision tout seul, que le souverain était toujours en vie et disposait de toutes ses facultés intellectuelles. Il a ainsi reçu le ministre britannique des affaires étrangères, Dominic Raab, le 5 mars, soit juste avant la purge contre les princes royaux annoncée le lendemain. Et on l’a vu à la télévision d’État Al–Ekhbariya, deux jours après celle-ci, recevoir des ambassadeurs saoudiens lors d’une cérémonie d’assermentation. »
Avec cette dernière purge, le vieux roi Salmane laisse son fils accaparer tout le pouvoir. Ahmed ben Abdelaziz et MBN, qui souhaitaient accéder au trône, étaient les deux derniers princes susceptibles de lui faire de l’ombre. Le premier avait été l’un des trois seuls membres du Conseil d’allégeance à refuser l’accession de MBS au titre de prince héritier lors d’une révolution de palais, en 2017. Ce qui surprend le plus, c’est que le souverain ait accepté l’arrestation de son frère germain, appréhendé alors qu’il revenait semble-t-il d’une chasse au faucon. Le prince Ahmed paraissait en effet intouchable. Avec le roi Salmane, il est l’un des deux derniers survivants du clan Soudayri, ce qui lui confère une auréole de prestige et des privilèges innombrables. Ce clan était formé des sept fils de Hassa bint Ahmed al-Soudayri, l’épouse préférée du roi Ibn Saoud, le fondateur, en 1932, de l’Arabie saoudite, qui a eu au total 34 fils. Le prince Ahmed, âgé de 76 ans, fut lui-même brièvement ministre de l’intérieur en 2012, avant d’être limogé et de quitter le royaume. « Il était revenu de Londres en octobre 2018 après l’éclatement du scandale Khashoggi [le journaliste tué et découpé à la scie le 2 octobre 2018 à l’intérieur du consulat saoudien à Istanbul – ndlr], à la suite de ce qui semble avoir été une transaction, laquelle comprenait des garanties sur sa sécurité personnelle. Notamment de la part des États-Unis et du Royaume-Uni. Ce retour aurait donc été paradoxalement favorisé par les conséquences, délétères en termes d’image pour le royaume, de l’assassinat du journaliste. La famille régnante donnait ainsi l’impression de serrer les rangs face à ce scandale sans précédent. Mais on voit à présent que MBS veut faire, le plus rapidement possible, un ultime grand ménage au sein de celle-ci. Il accélère le mouvement en vue d’une prochaine accession au trône », indique David Rigoulet-Roze.
Même si le prince Ahmed gardait un profil bas et ne cherchait sans doute pas à régner, il est probable qu’il a agrégé autour de sa personne les mécontentements au sein de la famille royale, ceux nés de l’assassinat de Jamal Khashoggi, de la mise au pas des princes, de l’accaparement de leur richesse, de l’échec de la guerre au Yémen et de son incapacité à réagir aux missiles iraniens contre les installations pétrolières d’Abqaiq et de Khurais, qui ont montré la vulnérabilité du royaume. Il est possible que MBS ait aussi anticipé une défaite de Donald Trump à la présidentielle américaine. Car, comme le souligne un expert, « MBS, c’est avant tout l’homme de Trump ». La mise en détention de Mohammed ben Nayef étonne également. Ministre de l’intérieur, il avait réussi à casser la branche saoudienne d’Al-Qaïda, obligée pour survivre de se fondre avec la branche yéménite pour devenir Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA).
À ce titre, il était particulièrement apprécié à la fois par la famille régnante, la CIA et les autres services de renseignement occidentaux. Lui-même, en août 2009, avait survécu par miracle à un attentat et n’avait été que blessé. Cette « baraka », assimilée à un don de Dieu, avait encore renforcé son prestige. Pas auprès de MBS, qui, pour l’affaiblir, faisait courir le bruit qu’il était devenu dépendant aux drogues depuis sa blessure. Les diplomaties européennes auraient aussi préféré que MBN reste le dauphin en titre, ce qu’il a été jusqu’en juin 2017, date à laquelle il fut évincé par un décret du roi Salmane au profit de son fils MBS, et dépouillé de toutes ses fonctions – en plus de diriger le ministère de l’intérieur et la lutte antiterroriste, il était vice-premier ministre.
Chassé du pouvoir, humilié, assigné à résidence, l’ancien dauphin est donc désormais emprisonné, semble-t-il dans une villa privée, comme les autres princes arrêtés. En fait, les purges dans le royaume ont commencé dès la nomination de MBS comme prince héritier. En avril 2017, elles visent les services de sécurité. Puis viendra celle du 26 février 2018, qui verra le commandement de la défense saoudienne totalement laminé : le chef d’état-major, le général Abdel Rahmane ben Saleh al-Bunyan, ainsi que les chefs de l’armée de l’air et de l’armée de terre sont limogés, probablement pour les échecs subis dans la guerre du Yémen, qui va s’enliser. Entre-temps, il y a eu la purge phénoménale du 4 novembre 2017, qui a vu quelque 200 personnes, dont onze princes, quatre ministres et plusieurs dizaines d’anciens ministres, être appréhendées, enfermées au Ritz-Carlton de Riyad, certaines pendant deux mois, et littéralement essorées d’une grande partie de leurs richesses. Parmi elles, le flamboyant prince al-Walid ben Talal, l’un des plus gros investisseurs dans des compagnies occidentales telles que Citigroup, Twitter, Apple, l’hôtel George-V ou Disneyland Paris, le prince Miteb ben Abdallah, qui était à la tête de la Garde nationale, et le prince Turki ben Abdallah, ancien gouverneur de la province de Riyad. « Avec l’arrestation du prince Nayef ben Ahmed, on voit que ce sont les renseignements militaires qui passent désormais sous le contrôle des hommes de MBS. C’était l’un des derniers secteurs qui n’avait pas été encore affecté par les purges, avec en arrière-plan la question très sensible de la guerre au Yémen. On sait que les principaux responsables saoudiens qui s’opposaient à ce conflit ont été marginalisés ou limogés. Il y a eu des dizaines d’arrestations parmi les officiers de l’armée et au ministère de l’intérieur. À l’évidence, le prince héritier ne veut voir aucune tête qui dépasse.
À l’intérieur du royaume, beaucoup aujourd’hui sont terrorisés, comme tétanisés. Ils ne prennent même plus le risque de s’exprimer sur les réseaux sociaux, qu’ils savent étroitement surveillés », insiste le même chercheur. Cette ultime purge, brève et brutale, qui donne l’image d’un pays déstabilisé et risque d’effrayer les investisseurs étrangers dont le royaume a tant besoin, s’inscrit dans la stratégie suivie par MBS depuis qu’il est sur les marches du pouvoir. On la voit aussi à l’œuvre dans la nouvelle guerre du pétrole, née de l’échec de la réunion de l’Opep à Vienne, la semaine dernière, et dont l’issue reste incertaine. La stratégie pétrolière du prince héritier, à savoir tailler comme jamais depuis 30 ans dans les prix du brut et augmenter de façon substantielle sa production pour intimider Moscou est assez comparable à la purge entreprise contre les princes. L’expert Julian Lee soulignait lundi sur le site Bloomberg que c’était également la même stratégie que MBS avait développée en 2015 contre le Yémen, où l’opération militaire devait être « rapide et tranchante ». Mais, soulignait le même spécialiste, au Yémen, cette stratégie s’est enlisée et les chances qu’elle réussisse pour le pétrole sont « minces ». Qu’en sera-t-il au sein de la monarchie saoudienne, qui compte quelque 10 000 princes ? Depuis sa prise de facto du pouvoir, MBS semble avoir été visé par plusieurs attentats ou tentatives d’assassinats, qui n’ont jamais été reconnus par le régime et dont certains auraient été ourdis par certains de ces princes. Il y aurait eu une première tentative, en octobre 2017, dans son palais d’Al-Salam, à Djeddah. Puis, une seconde, plus sérieuse, en juillet 2018. Enfin, le 21 avril 2018, il y aurait eu une tentative de coup d’État et un drone aurait même été abattu au-dessus de son palais. Le 19 mars 2018, dans une longue interview dans l’émission « 60 minutes » de la chaîne américaine CBS, MBS avait eu ces mots : « Seule la mort peut m’empêcher de régner. » Une phrase étrange, ambiguë. À plusieurs sens.
00:47 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, arabie saoudite, mbs, monde arabe, monde arabo-musulman, moyen orient | |
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