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vendredi, 15 mars 2013

De Lépante à Vienne

De Lépante à Vienne

par Claudio Finzi

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hussard-ailc3a9-polonais.jpgLe 7 octobre 1571, à Lépante, la flotte chrétienne défait la flotte du sultan turc et musulman de Constantinople. Le 12 septembre 1683, près de Vienne, l’armée chrétienne inflige une lourde défaite et contraint à la retraite l’armée turque et musulmane, qui faisait le siège de la capitale impériale. Ces deux dates sont fondamentales pour l’histoire de l’Europe et de la chrétienté, quelle que soit l’orientation que l’on veuille donner à leur analyse, qu’il s’agisse de les traiter avec le plus grand enthousiasme, comme on le faisait à une certaine époque, ou de s’attacher à ne pas leur accorder une importance excessive, comme on le fait souvent maintenant.
Ces deux batailles ont marqué la mentalité et l’opinion publique européennes. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir combien de poèmes ont été écrits sur ces batailles dans la période qui les a immédiatement suivies et combien de chansons populaires, dans le même temps, sont nées spontanément sur les lèvres des hommes. La victoire de Vienne eut des conséquences toutes particulières. Non seulement le 12 septembre devint à partir de ce moment-là la fête du Saint Nom de Marie, non seulement les célébrations durèrent longtemps, mais la nouvelle de la victoire, rapidement diffusée, surtout à partir de Venise, eut des conséquences durables sur l’art, la littérature, les traditions populaires, la liturgie, la manière de considérer l’ennemi turc.
Deux livres ont récemment été consacrés à ces batailles par deux historiens italiens : Alessandro Barbero pour Lépante1 [1] , Franco Cardini pour Vienne2 [2] . Ces deux ouvrages sont complémentaires comme le sont les deux batailles, opposant les deux fronts sur lesquels Européens et Turcs se sont opposés au cours des siècles.
Le premier de ces fronts est la Méditerranée, où l’essentiel de la lutte a été soutenue par Venise. Le second est la région du Danube et des Balkans, où l’engagement principal fut celui de l’Autriche. Sur les théâtres de guerre furent également présents l’Espagne et différents royaumes et territoires espagnols (sur le front méditerranéen), la Hongrie et la Pologne (sur le front continental), la papauté étant elle-même très impliquée. De l’autre côté, les Turcs purent compter quasiment tout le temps sur l’aide, organisée ou spontanée, des puissances barbaresques de l’Afrique du Nord occidentale. La position du royaume de France, quant à elle fut différente suivant les moments et spécifique, même si elle resta presque toujours bienveillante à l’égard des Turcs, jusqu’à être officiellement leurs alliés, si bien que le titre de « roi très chrétien » fut transformé ironiquement et dans un contexte polémique en « turc très chrétien »3 [3] . Sur le front oriental se trouvait le royaume de Perse, ennemi des Turcs, avec lequel les Etats chrétiens parvinrent à certains moments à établir des alliances. Voilà comment était organisé le théâtre « global » des affrontements. Les Turcs n’ont toutefois jamais vraiment été en mesure de combattre simultanément sur les deux fronts, méditerranéen et danubo-balkanique.
Malgré la présence des guerres et des manifestations d’hostilité, les échanges et les relations entre les deux blocs étaient permanents et intenses. On faisait du commerce, on voyageait, on étudiait, on échangeait des ambassades. Des hommes et des femmes passaient « de l’autre côté » : plus nombreux étaient cependant ceux qui se convertissaient à l’islam que l’inverse. Et ces mêmes renégats – comme on a toujours eu l’habitude de nommer ces chrétiens passés à l’islam – jouaient un rôle important de liaison entre les parties. Particulièrement importants furent les liens entretenus du fait des femmes chrétiennes rejoignant le sérail d’Istamboul, qu’elles soient restées chrétiennes ou qu’elles se soient, avec plus ou moins de sincérité, converties à l’islam, parce que ces femmes étaient en contact étroit avec le sultan, souvent avec une position importante comme favorites ou même comme mères du sultan régnant4 [4] .
Bien que complémentaires, les deux ouvrages sont différents dans leur contenu et leur structuration. Le premier, celui d’Alessandro Barbero, est totalement centré sur la bataille de Lépante de 1571, sur ce qui la précède et sur ses conséquences. Il rappelle un autre très beau livre, consacré lui aussi à une bataille navale qui, en 1905, a été décisive pour la guerre russo-japonaise : Tsushima. Il romanzo di una guerra navale, de Frank Thiess, consacré quasiment exclusivement à l’affrontement final entre les deux flottes russe et japonaise, tandis que la bataille terrestre entre les deux armées, même si elle fait l’objet d’une analyse précise, ne fait office que d’introduction et d’arrière-plan à l’événement principal qui détermine de lui-même la fin du conflit et sa solution5 [5] . Dans l’ouvrage de F. Thiess, ce qui est particulièrement remarquable, c’est le récit de la longue navigation de la flotte russe vers les eaux extrême-orientales, en contournant l’Afrique, avec des problèmes de ravitaillement et de soins, et qui a fait la moitié du chemin alors que l’affrontement naval semble devenu inutile. Mais on combat quand même. Il en va de même à Lépante puisque Chypre est déjà tombée aux mains des Turcs. Mais la bataille sur mer est gagnée par les chrétiens, avec toutes les conséquences positives que cela va avoir.
Alessandro Barbero présente la bataille de Lépante dans son contexte historique et diplomatique, en portant une grande attention aux problèmes techniques rencontrés par les deux flottes, étroitement liés aux conditions des Etats parties au conflit. On n’improvise pas une flotte. On ne parvient à rien si l’on n’a pas un bon bagage de connaissances précises et une organisation complète. Les navires doivent être construits et équipés, dotés d’un équipage adapté composé soit de marins et de rameurs, soit de soldats, même si les deux catégories participaient aux combats. Ils doivent être armés.
Pour les bateaux, il n’est pas seulement nécessaire d’avoir du bois de bonne qualité et abondant, ce dont les Turcs disposent tandis que l’Espagne en manque. Mais il faut aussi avoir des établissements équipés pour la construction, les arsenaux. La meilleure des places, dans le domaine, qu’il s’agisse de l’organisation, de la qualité des travaux, de l’habileté des techniciens et des ouvriers, est celle de Venise, qui avait déjà attiré l’attention de Dante Alighieri, qui l’évoque dans sa Divine comédie. Celle de Constantinople a moins bonne réputation. En ce qui concerne les marins et les rameurs, les différences entre les Etats sont également importantes. L’Empire turc est grand, mais peu peuplé, il a donc du mal à recruter des rameurs, qui sont souvent de mauvaise qualité, parce que ce sont des paysans qui n’ont aucune expérience de la mer. L’Espagne est également en difficulté sur ce point. La situation de Venise est bien meilleure puisqu’elle dispose des formidables rameurs dalmates, hommes libres nés et vivant sur la mer et avec la mer. A leurs côtés se trouvent, outre les hommes libres, des condamnés et des esclaves.

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Le problème des épidémies dans les équipages est toujours extrêmement grave. Elles frappent tout le monde, avec quelques nuances d’intensité, mais avec une fréquence particulièrement grande. Il n’existe quasiment pas de campagne navale qui ne se traduise par un tribut important versé à la mort par maladie. De plus, au-delà du fait que les connaissances médicales étaient moins importantes à l’époque qu’aujourd’hui, la forte concentration de population sur les bateaux de l’époque contribuait pour une part notable à la contamination. De cette sorte, le problème du recrutement des rameurs restait extrêmement présent à tout moment et pour toute la flotte.
En ce qui concerne les armes, A. Barbero souligne la capacité de feu des navires vénitiens, remplis de canons de différents calibres et dotés d’équipages bien fournis en arquebuses. Un nouveau type de navire, la galeazza, très lent, mais de grande dimension, destiné avant tout à porter l’artillerie de grand calibre, complétait l’avance que détenait la flotte de Venise. Rien de tel dans la flotte turque : très peu de canons et un usage encore fréquent de l’arc. Marcantonio Barbaro lui-même, ambassadeur de Venise à Constantinople, avait noté le manque d’artillerie sur les navires turcs.
Ce furent justement largement le canon et l’arquebuse, et l’usage généreux qu’en firent les Vénitiens, qui déterminèrent la victoire chrétienne. La bataille de Lépante est la première bataille navale moderne dominée par l’usage des armes à feu. Les canons frappèrent, abîmèrent et coulèrent les navires ennemis. Le déchargement des fusils qui précéda immédiatement les abordages décima les équipages turcs avant même l’entrée en contact des hommes. Le grand avantage des Vénitiens sur tous les autres ne consistait pas seulement dans le fait d’avoir de nombreuses armes à feu, tandis que les musulmans n’en avaient que très peu. L’avantage principal résidait en ce que non seulement ils les avaient, mais qu’ils savaient pourquoi ils les avaient et comment ils avaient l’intention d’en user6 [6] .
Comme le fait remarquer Barbero, au moins quelques commandants chrétiens – don Juan d’Autriche, Sébastien Venier, Marcantonio Colonna – avaient compris, bien que d’une manière encore confuse, le rôle d’une bataille décisive en mer, dépassant l’approche d’une flotte destinée exclusivement à appuyer des opérations terrestres, dont étaient encore étroitement dépendants les amiraux turcs. Comme le fait remarquer F. Cardini, la supériorité chrétienne ne réside pas dans la technologie en tant que telle mais dans la profonde transformation culturelle qui a donné son origine au développement technologique. Les sultans enrôlèrent des techniciens européens, pensant ainsi résoudre leurs problèmes, mais ne se rendant pas compte que ces experts et leur technologie étaient justement le résultat de cette transformation. C’est ici que se trouve le vrai retard de l’Empire turc.
Le livre de Franco Cardini, à la différence du premier, contient une vaste fresque et accorde la majeure partie de ses pages aux événements qui ont conduit au siège de Vienne en 1683. Il couvre une période de temps plus grande. Avant le siège de Vienne, il rappelle les faits de Lépante et la guerre de Candie qui opposa la République vénitienne et l’Empire ottoman au XVIIe siècle, puis va jusqu’à la guerre de Morée et les dernières guerres vénitiennes, lorsque la Sérénissime se trouve en difficulté et tombe dans une certaine décadence, tout en continuant, au début du XVIIIe siècle, à exprimer une volonté et un courage admirables. L’auteur expose le cadre de la politique internationale, composé d’une série très nombreuse d’acteurs grands et petits, des Empires aux grands Etats et aux plus petites organisations politiques italiennes et allemandes. Il porte également une grande attention aux aspects anthropologiques, aux mentalités et aux coutumes, de même qu’aux individus, analyses qui sont d’autant plus intéressantes quand elles concernent des personnes moins connues. Les vicissitudes d’un personnage qui n’est pas un acteur de premier plan comme le capitaine Gianbattista Benvenuti da Crema nous permettent de comprendre mieux que cent raisonnements l’incroyable entremêlement de langues, d’ethnies, de religions dont était composée l’Europe danubienne à la fin du XVIIe siècle, tout comme la mentalité de ces soldats, parmi lesquels les questions purement « professionnelles » et celles de l’honneur étaient étroitement liées. Le groupe de cavaliers polonais commandé par Jean III Sobieski, roi de Pologne, qui en 1683, au dernier moment, a chargé les armées ottomanes, les mettant en fuite et libérant Vienne, est décrit avec efficacité par F. Cardini, employant une série d’adjectifs précis : « Le bruyant, bagarreur, courageux, bigarré, joyeux et féroce contingent polonais ».
Pour Franco Cardini, le long conflit entre Europe chrétienne et Levant musulman est un conflit d’Etats et de puissances et non un affrontement de civilisation7 [7] . Ce n’est pas non plus une guerre de religion au sens strict, parce que « jamais en réalité les chrétiens et les musulmans ne se sont détestés avec cette férocité systématique, cette volonté opiniâtre et réciproque de destruction avec lesquelles se sont affrontés les catholiques et les huguenots dans la France du XVIe siècle, ou les papistes et les réformés en Irlande, en Ecosse et en Europe centrale. » Ce furent en revanche des guerres entre « hommes religieux », parce que dans les deux sociétés « la foi constituait le fondement de la vision du monde, de l’ordre juridique, de la morale ».
Ce n’est pas un hasard si des religieux participèrent à ces événements, y compris aux actions militaires. L’époque du siège de Vienne voit la présence et l’activité de Marco d’Aviano, frère capucin du Frioul, lequel, non seulement encourage le combat dans sa prédication, mais formule une doctrine pénitentielle de la croisade. Par sa parole et ses écrits, il appelle les souverains, les chefs d’armées et les ecclésiastiques à s’engager dans les combats et dans la politique. Lors du siège de Buda en 1686, il affronte le feu de l’ennemi comme s’il était sûr d’être invulnérable.
Toujours durant le siège de Vienne, cette fois dans le camp musulman, se manifeste la présence, plus discrète mais très efficace de Mehmed Vani Effendi, le « directeur spirituel » de Kara Mustafa, commandant des forces ottomanes. Il fut selon toute vraisemblance « l’authentique inspirateur des rêves de conquête universelle ottomane et musulmane de ce qui avait été l’Empire romain dans son ensemble, en passant par Vienne jusqu’à Rome ».
A Lépante, écrit Alessandro Barbero, les rituels mis en oeuvre sur les navires des deux camps avant la bataille furent très comparables. Sur le bâtiment de l’amiral Ali furent hissés des étendards portant le nom d’Allah répétés un nombre de fois considérable, sur le bateau du capitaine chrétien les étendards étaient marqués du Christ crucifié ou, côté vénitien, de saint Marc. Et sur les navires des deux camps, peu avant d’entamer la bataille, on entendait des musiques militaires ainsi que les prières entonnées par les équipages.
Deux siècles plus tard, souligne F. Cardini, au dernier jour de la bataille qui allait conduire à la libération de Vienne, les chrétiens entamèrent le combat après la messe, la confession et l’eucharistie, tandis que les musulmans avaient prié à l’aube tournés vers la Mecque. Sur les étendards impériaux et polonais se trouvaient les images du Christ et de la Madone, sur ceux des musulmans étaient écrits les noms d’Allah et des versets du Coran. « Et les cris de guerre étaient des cris de foi ».
Franco Cardini est un adversaire résolu du vieil adage « l’histoire ne se fait pas avec des “si” ». Au contraire, « non seulement on peut, mais on doit penser l’histoire au conditionnel pour mieux comprendre la valeur et l’importance de ce qui s’est effectivement passé ». Prenons deux exemples. Selim II, sultan qui raisonne à long terme en aidant la révolte des Morisques en Andalousie et en leur conseillant une alliance avec les luthériens, fait aussi étudier la possibilité d’un canal entre le Don et la Volga. Qu’aurait-il pu arriver si les flottes musulmanes avaient eu la possibilité de passer de la mer Noire à la mer Caspienne, en attaquant à partir d’un lieu imprévisible l’Empire perse, qui constituait une menace permanente pour l’Empire ottoman et qui était parfois l’allié des puissances européennes ?
Sébastien, roi du Portugal né en 1554, était un personnage singulier, oscillant entre des projets concrets et sensés et des rêves splendides mais impossibles et irréalisables. En 1578, aidé par les querelles internes du Maroc, il passe avec son armée en Afrique du Nord, où les royaumes hispaniques disposaient de points d’appui robustes, afin de poursuivre l’oeuvre de la reconquista déjà achevée dans la péninsule ibérique. L’entreprise se termine mal : le roi disparaît durant la bataille et personne ne saura plus rien de lui, même si une légende en a longtemps fait attendre le retour. Si le projet de Sébastien du Portugal « avait réussi […] l’histoire de la Méditerranée et de l’humanité aurait probablement été différente »8 [8] . Si l’histoire se fait bien avec des « si », il en résulte, selon F. Cardini, qu’elle n’a pas de « sens ». Mais attention : cela ne signifie pas que l’histoire est uniquement une succession chaotique de faits incohérents et incompréhensibles. Cela signifie en revanche que l’histoire ne va pas nécessairement dans une seule direction contrainte, dont elle ne peut pas s’écarter. Elle est faite par les hommes avec leurs décisions, en partie conditionnées et en partie libres, qu’elles soient ou se révèlent ensuite justes ou mauvaises. Elle n’émane pas d’une « raison immanente de l’histoire ». Machiavel écrivait que la fortune, c’est-à-dire les conditionnements auxquels nous sommes soumis, gouverne la moitié de notre monde, mais qu’elle nous laisse l’autre moitié, à nous et à nos décisions. L’histoire des événements humains est donc riche de possibilités, de bifurcations, d’alternatives et c’est l’analyse de ces alternatives qui peut se révéler particulièrement utile pour mieux comprendre ce qui s’est passé et comment et pourquoi cela est arrivé9 [9] .
Mais, si l’histoire est faite par les hommes, lorsque nous la racontons et tentons de la comprendre, nous nous trouvons nécessairement face à deux mystères insondables : l’esprit et le coeur de l’homme. Parce que, même si nous partions du principe que tout ce qui est écrit et dit est toujours véridique et sincère, il est alors évident qu’il y a beaucoup de choses que les hommes n’auraient jamais dites ni écrites. Le mystère de l’homme reste entier.
Prenons là aussi deux exemples. A la bataille de Saint-Gothard, le 1er août 1664, Raimondo Montecuccoli, que Franco Cardini définit comme le « parfait gentilhomme catholique », prend des risques mais emporte la victoire, parce que l’ennemi se met lui-même en situation de défaite : « L’avait-il prévu ? L’avait-il franchement programmé ? S’était-il fié à la Providence ou à sa bonne étoile ? » Que voulait vraiment faire Kara Mustafa, le grand vizir, lorsqu’il partit pour l’expédition militaire qui le conduisit aux portes de Vienne ? A-t-il choisi de se diriger vers Vienne suite à la réunion décisive du 6 août 1682 à Istamboul ? Si ce n’est pas le cas, quand a-t-il pris sa décision ? Est-il volontairement parti sans artillerie de siège, ou bien a-t-il commis une erreur dans la préparation de sa campagne ? A-t-il osé fixer l’objectif de l’expédition sans l’accord du sultan ou même contre sa volonté ? En réalité, savoir comment et quand sont nées les décisions reste un mystère.
Les historiens qui croient connaître et comprendre toutes ces choses sont soit dans l’illusion, soit posent sans s’en rendre compte un jugement post eventum, après coup, qui, s’il peut présenter une apparence séduisante du fait de l’explication qu’il fournit, a peu de chance de refléter correctement la complexité des faits qui conduisent aux décisions et aux événements historiques.

  1. . Alessandro Barbero, Lepanto. La battaglia dei tre imperi, Laterza, Rome-Bari, 2010, 24 €. Plus de 600 p. de texte complétées de 100 p. de notes et d’une bibliographie particulièrement importante composée à la fois de sources directes et d’ouvrages sur le sujet. Le livre contient également une description précise des forces militaires chrétiennes en présence, que ce soit sur terre, unité par unité, ou sur mer, bateau par bateau, ainsi que deux cartes. Une édition française est en préparation. [ [10]]
  2. . Franco Cardini, Il Turco a Vienna. Storia del grande assedio del 1683, Laterza, Rome-Bari, 2011, 28 €. Plus de 500 p. de texte sont complétées par 100 autres p. de notes, ainsi que par une bibliographie considérable, composée à la fois de sources directes et d’ouvrages sur le sujet, d’une chronologie, d’un glossaire et d’un ensemble de cartes. [ [11]]
  3. . Un exemple : d’octobre 1543 à avril 1544, François Ier autorisa Khair ed-Din (Barberousse) et sa flotte à passer l’hiver à Toulon, qui devint ainsi pendant six mois une cité turque. En réalité, comme le souligne F. Cardini, il est difficile de concevoir un Louis XIV désireux d’une victoire définitive de la Turquie, mais il est vrai que la France cherchait à s’étendre vers le Rhin au détriment de l’Empire, de sorte qu’il lui était bien naturel de désirer que l’Autriche soit engagée sur le front balkanique car cela rendait impossible à cette dernière une réponse efficace à la France sur son front occidental. C’est l’application du fameux proverbe : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». [ [12]]
  4. . Une musulmane ne peut pas épouser un chrétien, mais un musulman peut épouser une chrétienne sans que celle-ci doive nécessairement se convertir à l’islam. [ [13]]
  5. . Frank Thiess, Tsushima. Il romanzo di una guerra navale, trad. it., Turin, 1942. [ [14]]
  6. . F. Cardini fait remarquer que les Turcs manquaient également d’artillerie pour leur campagne terrestre, en particulier de canons de siège. [ [15]]
  7. . Le sous-titre de l’ouvrage d’Alessandro Barbero, La Battaglia dei tre imperi, met également en évidence le caractère éminemment politique du conflit. [ [16]]
  8. . On pourrait ajouter de nombreux autres exemples. Que se serait-il passé si Christophe Colomb avait découvert l’Amérique quarante ou cinquante ans plus tard ? L’Espagne n’aurait pas eu à s’engager sur trois fronts simultanés : l’expansion en Amérique, la reconquista en Afrique ainsi que la guerre contre les Turcs en Méditerranée, la lutte en Europe contre les protestants. Les éphémères victoires et brèves reconquêtes de villes en Afrique du Nord auraient été à l’inverse suivies d’une reconquête ample et durable. Aujourd’hui, nous n’aurions pas l’islam en Méditerranée et notre histoire aurait été et serait radicalement différente. [ [17]]
  9. . Alessandro Barbero affirme également que, si la bataille de Lépante avait eu lieu en juin, comme cela aurait pu être le cas, les vainqueurs auraient pu tirer un avantage de cette victoire bien plus grand que cela ne fut le cas. [ [18]]

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