Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 14 mars 2014

Peut-on reconstituer les mythes du Paléolithique supérieur?

lionnes-de-la-grotte-chauvet.jpg

Ce que les mythes disaient, il y a 20.000 ans...
 
Peut-on reconstituer les mythes du Paléolithique supérieur?

Julien d'Huy*
Ex: http://metamag.fr
 
Certains récits complexes se retrouvent dans de vastes régions du monde. Ils auraient traversé le temps, sous une forme presque inchangée, et proviendraient, pour quelques uns, du Paléolithique supérieur.

Peut-on reconstituer les mythes du Paléolithique supérieur ? Une nouvelle méthode propose de s'appuyer sur les mythes recueillis à l'époque moderne et, en s'appuyant sur la grande stabilité de ce type de récits à travers le temps, de leur appliquer des algorithmes phylogénétiques, autrement dit, des équations utilisées les biologistes pour reconstruire les arbres de la vie.

De façon surprenante, les arbres ainsi obtenus semblent suivre la route des premières migrations de l'humanité, ce qui permet de dater certains mythes du Paléolithique supérieur. La modélisation de leur évolution tend à montrer qu'ils seraient essentiellement hérités d'une génération à l'autre et qu'ils évolueraient par « équilibre ponctué », autrement dit, qu'ils resteraient stables pendant très longtemps avant d'évoluer fortement sur une brève période de temps, à l'occasion de migrations ou de tensions territoriales, par exemple. Notons que cette formalisation est en accord avec les données ethnologiques.

Une méthode appliquée avec succès à trois grandes familles de mythes  

1/ Pygmalion, où un créateur tombe amoureux d'une image qu'il a lui-même créée, et où celle-ci finit par s'animer ; 

2/ Polyphème, où un homme se retrouve piégé dans une grotte en compagnie d'un monstre et ne parvient à s'échapper qu'en se glissant sous une peau d'animal ou un animal vivant, échappant ainsi à la surveillance du monstre ; 

3/ la Chasse cosmique, où un animal, pourchassé, s'enfuit jusqu'au ciel et se transforme en constellation. Les deux derniers récits remonteraient au Paléolithique supérieur.

Un des acquis les plus intéressants de cette méthode est la possibilité de reconstruire, d'un point de vue statistique, le proto-mythe, ou du moins, une des premières versions du mythe étudié. Il devient alors possible de reconstituer certaines croyances des hommes du Paléolithique. 

Deux exemples

Le proto-mythe de Polyphème, tel qu'il a été statistiquement reconstruit, raconte comment un homme s'introduit dans une grotte où sont enfermés des animaux. Il s'y trouve bloqué par un monstre qui l'empêche de s'enfuir en fermant la grotte par une énorme pierre. Le monstre tente ensuite de tuer l'intrus, en se postant près de l'entrée et en faisant sortir tour à tour les animaux de la caverne. L'homme parvient pourtant à s'échapper, en se cachant sous le ventre d'un animal, et à ainsi passe au nez et à la barbe du monstre.
 
Quant à la première version reconstruite de la Chasse cosmique, elle expliquerait l'apparition de la constellation de la Grande Ourse : un grand herbivore cornu – probablement un élan – est pourchassé par un chasseur. Il court jusqu'au ciel et il s'y transforme en amas d'étoiles.

*publié sur Hominides.com

vendredi, 07 mars 2014

Les plus anciennes empreintes d’Europe

UK_Happisburgh_c._800000_BP_EN.svg.png

Les plus anciennes empreintes d’Europe
 
Il y a 800.000 ans

Joël Ignasse*
Ex: http://metamag.fr
Ce sont les premières traces de pas humains observées en dehors de l'Afrique. Elles ont été découvertes sur la côte anglaise. Jusqu'à cinq personnes, peut-être de la même famille, ont laissé, il y a plus de 800.000 ans, une série d’empreintes de pas sur la rive d'un ancien estuaire, à Happisburgh, dans le nord de l’Angleterre. Ces traces ont été mises à nu par l'érosion dans une couche de sédiments. Et leur découverte est le fruit d'un fabuleux hasard.

"Leur emplacement a été révélé juste au moment où les chercheurs étaient là pour le voir, lors d'un relevé topographique. Deux semaines plus tard la marée aurait érodé les empreintes" souligne le Dr Simon Lewis, un des découvreurs.

Des traces extrêmement rares

Les découvertes de ce type sont exceptionnelles. Et il faut des conditions bien particulières pour que des empreintes soient saisies lors de leur impression et conservées au fil du temps pour être découvertes des milliers d’années plus tard.

Seules trois lignes d’empreintes sont plus anciennes que celles de Happisburgh : celles de Laetoli en Tanzanie datées de 3,6 millions d’années environ et celles d’Ileret et de Koobi au Kenya (1,5 millions d’années).

Les traces de pas d’Happisburgh ont pu être identifiées grâce à des photographies 3D de la surface. Elles ont révélé des formes d’orteils, de voutes plantaires et de talons appartenant à des adultes mais aussi probablement à des enfants. Leur taille (estimée grâce à la dimension des empreintes) variant entre 93 cm et 1m73. À quel groupe humain appartiennent-ils ? Les scientifiques n’ont pas la réponse.

Le site d’Happisburgh marque le premier établissement humain connu en Europe du Nord. Il y a peu encore, les historiens du peuplement estimaient qu’à cette époque, le Pléistocène inférieur, l’extension humaine ne dépassait pas une zone limitée par le sud des Pyrénées et des Alpes. C’est la découverte à Happisburgh de plus de 70 outils en silex qui a remis en cause cette théorie. Selon les auteurs, qui publient leur découverte dans PLOS ONE, ces empreintes appartiennent à des Homo antecessor.