lundi, 12 mars 2007
L'affiche du jour
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Islam: options peu engageantes de l'Europe
Islam : les options peu engageantes de l'Europe
Daniel PIPES / http://theatrumbelli.hautetfort.com/
A long terme, l'évolution la plus décisive du continent européen, celle de ses relations avec sa minorité musulmane croissante, suivra l'une de ces trois voies : intégration harmonieuse, expulsion des Musulmans ou prise de pouvoir islamique. Lequel de ces scénarios est le plus vraisemblable ?
L'avenir de l'Europe revêt une grande importance non seulement pour ses résidents. Pendant un demi-millénaire, de 1450 à 1950, les 7% de la surface des terres émergées qu'elle représente ont décidé de l'histoire du monde; sa créativité et sa vigueur ont inventé la modernité. La région a perdu cette position cruciale il y a 60 ans, mais elle reste d'une importance vitale en termes économiques, politiques et intellectuels. Ainsi, la direction qu'elle prendra aura des incidences majeures pour le reste de l'humanité, et tout particulièrement pour ses nations sœurs telles que les États-Unis qui, historiquement, ont toujours considéré l'Europe comme une source d'inspiration, de peuplement et de biens.
Voici une appréciation de la vraisemblance des trois scénarios.
I. Règne musulman
Feu Oriana Fallaci observa qu'avec le passage du temps, «L'Europe se transforme toujours davantage en une province de l'Islam, une colonie de l'Islam». L'historienne Bat Ye'or a donné un nom à cette colonie – « Eurabia». Walter Laqueur prédit dans son prochain ouvrage Last Days of Europe (Les derniers jours de l'Europe) que l'Europe telle que nous la connaissons sera contrainte de changer. Mark Steyn, dans America Alone : The End of the World as We Know It (L'Amérique seule: la fin du monde tel que nous le connaissons) va plus loin encore et affirme qu'une grande partie du monde occidental «ne survivra pas au XXIe siècle et une grande partie, dont la plupart sinon la totalité des pays européens, disparaîtra pendant notre génération». Trois facteurs - la foi, la démographie et le patrimoine culturel - indiquent que l'Europe s'islamise.
Foi. Une laïcité extrême prédomine en Europe, surtout parmi ses élites, au point que les Chrétiens croyants (tels que George W. Bush) y sont considérés comme mentalement déséquilibrés et incapables d'assumer des tâches publiques. En 2005, Rocco Buttiglione, un politicien italien distingué et un Catholique croyant, a été empêché d'accéder au poste de membre de la Commission européenne pour l'Italie en raison de ses opinions sur l'homosexualité. Une laïcité inflexible va de pair avec des églises vides : à Londres, des chercheurs estiment que les mosquées reçoivent plus de Musulmans le vendredi que les églises chrétiennes le dimanche, bien que la ville compte près de sept fois plus de Chrétiens de naissance que de Musulmans de naissance. Plus le Christianisme pâlit, plus l'Islam attire - le Prince Charles fournit un bon exemple de la fascination exercée par l'Islam sur de nombreux Européens. L'Europe pourrait connaître un grand nombre de conversions à l'avenir, car comme le dit ce mot attribué à G.K. Chesterton, «lorsque les gens cessent de croire en Dieu, ils ne croient pas en rien - ils croient en n'importe quoi».
La laïcité de l'Europe donne à son discours des formes tout à fait inhabituelles pour les Américains. Hugh Fitzgerald, ex-vice-président de JihadWatch.org, illustre ici une dimension de cette différence:
Les déclarations les plus mémorables des présidents américains comprennent presque toujours des passages bibliques aisément reconnaissables. [...] Cette source de vigueur rhétorique a été mise à contribution en février dernier (2003), lors de l'explosion de la navette Columbia. Si la navette détruite avait été non pas américaine, mais française, et si Jacques Chirac avait dû prononcer un discours à ce sujet, il aurait peut-être usé du fait que l'engin transportait sept astronautes et aurait tiré un parallèle avec les sept poètes de la Pléiade, soit avec l'Antiquité païenne. Le président américain, intervenant dans le cadre d'une cérémonie solennelle qui débutait et s'achevait par des passages en hébreu biblique, fit les choses différemment. Il prit son texte dans Isaïe 40:26, ce qui permettait de créer une transition harmonieuse entre d'une part le mélange d'émerveillement et d'effroi devant les hôtes des cieux générés par le Créateur et d'autre part la consolation pour la perte de l'équipage.
La foi des Musulmans, avec son tempérament djihadiste et son suprématisme islamique, tranche autant qu'il est possible avec celle des Chrétiens européens non pratiquants. Ce contraste amène de nombreux Musulmans à considérer l'Europe comme un continent mûr pour la conversion et la domination. Il en résulte des revendications suprématistes extravagantes telles que cette déclaration d'Omar Bakri Mohammed, «Je veux que la Grande-Bretagne devienne un État islamique, Je veux voir les couleurs de l'Islam flotter au 10, Downing Street.» Ou encore cette prédiction d'un imam installé en Belgique : «Nous prendrons bientôt le pouvoir dans ce pays. Ceux qui nous critiquent aujourd'hui le regretteront. Ils devront nous servir. Préparez-vous, car l'heure est proche.» [1]
Population. L'effondrement démographique indique également que l'Europe s'islamise. Actuellement, le taux global de fertilité européen oscille autour de 1,4 par femme, alors que le maintien d'une population exige un taux légèrement supérieur à deux enfants par couple, ou 2,1 enfants par femme. Le taux réel n'en représente que les deux tiers - un tiers de la population nécessaire ne vient tout simplement pas au monde.
Pour éviter une chute démographique critique, avec tous les malheurs que cela implique - notamment l'absence de travailleurs pour financer de généreux plans de retraite -, l'Europe a besoin d'immigrants, de beaucoup d'immigrants. Ce tiers importé tend à être musulman, en partie parce que les Musulmans sont proches (13 kilomètres seulement séparent le Marc et l'Espagne, quelques centaines relient l'Italie à l'Albanie ou à la Libye) ; en partie parce que des liens coloniaux continuent d'unir l'Asie du Sud à la Grande-Bretagne ou le Maghreb à la France ; et en partie à cause de la violence, de la tyrannie et de la pauvreté si répandues dans le monde musulman actuel et qui génèrent d'incessantes vagues migratoires.
De même, le taux de fertilité élevé des Musulmans compense le manque d'enfants parmi les Chrétiens indigènes. Bien que les taux de fertilité musulmans soient en baisse, ils restent sensiblement supérieurs à ceux de la population chrétienne indigène. Il est certain que les taux de natalité élevés sont liés aux conditions de vie pré-modernes dans lesquelles vivent de nombreuses femmes musulmanes en Europe. À Bruxelles, «Mahomet» est le nom de garçon nouveau-né le plus populaire depuis quelques années. Amsterdam et Rotterdam pourraient devenir, d'ici 2015, les premières grandes villes européennes à majorité musulmane. L'analyste français Michel Gurfinkiel estime qu'une guerre des rues en France verrait s'affronter les enfants des indigènes (en français dans le texte) et ceux des immigrants quasiment à égalité. Les pronostics actuels prévoient une majorité musulmane dans l'armée russe dès 2015 et dans l'ensemble du pays vers 2050.
Patrimoine culturel. Ce qui est souvent décrit comme la rectitude politique de l'Europe reflète à mon avis un phénomène plus profond, à savoir l'aliénation de leur civilisation que ressentent de nombreux Européens, l'impression que leur culture historique ne vaut pas qu'on la défende, voire qu'on la préserve. Les différences entre Européens sont frappantes à cet égard. Le pays peut-être le moins touché par cette aliénation est la France, où le nationalisme traditionnel reste vivace et où les gens sont fiers de leur identité nationale. La Grande-Bretagne est le pays le plus affecté, comme l'illustre bien le programme gouvernement larmoyant «ICONS - A Portrait of England», qui tente maladroitement de raviver le patriotisme des Britanniques en les réconciliant avec des «trésors nationaux» tels que Winnie the Pooh et la minijupe.
Ce manque d'assurance a eu des conséquences directes négatives pour les immigrants musulmans, comme l'explique Aatish Taseer dans le magazine Prospect.
L'appartenance à la culture britannique est l'aspect le plus purement nominal de l'identité de nombreux jeunes Pakistanais britanniques. [...] En dénigrant sa culture, on court le risque de voir les nouveaux-venus en chercher une ailleurs. Cela va si loin dans le cas précis que pour beaucoup de Pakistanais britanniques de deuxième génération, la culture du désert des Arabes revêt plus d'attrait que la culture britannique ou continentale. Arrachés par trois fois au sentiment de posséder une identité durable, les Pakistanais de deuxième génération trouvent une identité disponible dans la vision du monde extranationale de l'Islam radical.
Les Musulmans immigrants méprisent profondément la civilisation occidentale, tout particulièrement sa sexualité (pornographie, divorce, homosexualité). Les Musulmans ne s'assimilent nulle part en Europe, les mariages intercommunautaires sont rares. Voici un exemple pittoresque du Canada: la mère du tristement célèbre clan Khadr, connu pour être la première famille canadienne du terrorisme, retourna au Canada depuis l'Afghanistan et le Pakistan en avril 2004 avec l'un de ses fils. Bien qu'elle ait demandé l'asile au Canada, elle affirmait à peine un moins auparavant que les camps d'entraînement sponsorisés par Al-Qaïda étaient l'endroit rêvé pour ses enfants. «Vous voudriez que j'élève mes enfants au Canada pour qu'ils se retrouvent drogués ou homosexuels à l'âge de 12 ou 13 ans? Vous trouvez que ce serait mieux ?»
(Ironie du sort, aux siècles passés, comme l'a documenté l'historien Norman Daniel, les Chrétiens européens méprisaient les Musulmans, dont la polygamie et les harems leur semblaient révéler une obsession du sexe, et se sentaient moralement supérieurs à eux précisément sur ce point.)
En résumé, cette première argumentation avance que l'Europe sera islamisée, qu'elle se soumettra ou se convertira sans résistance à l'Islam parce que le yin de l'Europe s'accorde si bien au yang de l'Islam: faiblesse et puissance de la religiosité, de la fertilité et de l'identité culturelle. [2] L'Europe est une porte ouverte que les Musulmans franchissent librement.
II. Expulsion des Musulmans
Ou la porte leur sera-t-elle fermée au nez ? Le commentateur américain Ralph Peters écarte le premier scénario : «Loin de jouir de la perspective de s'approprier l'Europe en y faisant des enfants, les Musulmans d'Europe y vivent leurs dernières heures. [...] les prédictions de prise de pouvoir musulman en Europe [...] font abstraction de l'histoire et de la brutalité indéracinable de l'Europe.» Sur ce, décrivant l'Europe comme l'endroit «où ont été perfectionnés le génocide et le nettoyage ethnique», il prédit que ses Musulmans «auront de la chance de n'être que déportés», et non tués. Claire Berlinski, dans Menace in Europe: Why the Continent's Crisis Is America's, Too (Menace en Europe : pourquoi la crise du continent est aussi celle de l'Amérique), approuve cela implicitement en désignant les «anciens conflits et schémas de pensée [...] qui s'extirpent lentement des brumes de l'histoire européenne» et qui pourraient bien susciter la violence.
Ce scénario veut que les Européens indigènes - qui constituent toujours 95% de la population du continent - se réveillent un jour et imposent leur volonté. «Basta !» - diront-ils, en restaurant leur ordre historique. Cela n'est pas si improbable; un mouvement d'irritation se fait jour en Europe, moins parmi les élites qu'au sein des masses, qui proteste bruyamment devant l'évolution en cours. Ce ressentiment est illustré notamment par la loi antivoile française, par la mauvaise humeur suscitée par les restrictions imposées aux drapeaux nationaux et aux symboles chrétiens et par l'insistance à servir du vin lors des diners officiels. On peut mentionner aussi un mouvement spontané apparu dans plusieurs villes françaises au début de 2006 et qui consiste à distribuer de la soupe au lard parmi les pauvres, excluant ainsi intentionnellement les Musulmans.
Certes, ce sont des affaires mineures, mais des partis ouvertement opposés aux immigrants ont déjà émergé dans de nombreux pays et commencent à exiger non seulement des contrôles efficaces aux frontières, mais l'expulsion des immigrants illégaux. Un mouvement anti-immigration est en train de se former sous nos yeux, de manière largement inaperçue. Si son parcours est encore très discret, son potentiel n'en est pas moins énorme. Les éléments opposés à l'immigration et à l'Islam ont généralement des racines néofascistes mais ont gagné en respectabilité avec le temps, se sont dépouillés de l'antisémitisme de leurs origines et de leurs théories économiques douteuses pour se concentrer plutôt sur les questions de foi, de démographie et d'identité, et pour étudier l'Islam et les Musulmans. Le British National Party et le Vlaamse Belang belge sont deux exemples d'une telle évolution vers la respectabilité, laquelle peut déboucher un jour sur l'éligibilité. Ainsi, la course à la présidence française en 2002 s'est résumée à une compétition entre Jacques Chirac et le néofasciste Jean-Marie Le Pen.
D'autres partis de ce type ont déjà goûté au pouvoir. Jörg Haider et le Freiheitliche Partei autrichien y ont accédé brièvement. La Lega Nord italienne a fait partie des années durant de la coalition au pouvoir. Ces partis vont vraisemblablement progresser car leurs messages anti-islamistes et souvent anti-islamiques trouvent un répondant et les partis du courant dominant vont probablement les adopter en partie (le Parti conservateur danois en est un exemple - il est revenu au pouvoir en 2001, après 72 ans passés dans la marge, essentiellement en raison du mécontentement provoqué par l'immigration). Ces partis bénéficieront sans doute de la situation lorsque l'immigration gonflera encore pour atteindre des proportions incontrôlables en Europe, avec peut-être un exode de masse en provenance d'Afrique, comme l'indiquent de nombreux indices.
Une fois au pouvoir, les partis nationalistes rejetteront le multiculturalisme et tenteront de rétablir les valeurs et les mœurs traditionnelles. On ne peut que spéculer sur les moyens qu'ils utiliseront et sur les répliques des Musulmans. Peters s'attarde sur les aspects fascistes et violents de certains groupes et s'attend à ce que la réaction antimusulmane revête des formes menaçantes. Il esquisse même un scénario dans lequel «des navires américains sont à l'ancre et des Marines sont descendus à terre à Brest, Bremerhaven ou Bari pour garantir l'évacuation des Musulmans d'Europe dans de bonnes conditions».
Depuis des années, les Musulmans s'inquiètent justement de telles incarcérations brutales, suivies d'expulsions, voire de massacres. Déjà dans les années 1980, feu Kalim Siddiqui, alors directeur du London's Muslim Institute, agitait le spectre des «chambres à gaz hitlériennes pour Musulmans». Dans son livre de 1989, Be Careful With Muhammad (Soyez prudents avec Mahomet), Shabbir Akhtar avertissait que «la prochaine fois qu'il y aura des chambres à gaz en Europe, il n'y a aucun doute sur l'identité de ceux qu'on y mettra», à savoir les Musulmans. Un personnage du roman de Hanif Kureishi paru en 1991 et intitulé The Buddha of Suburbia (Le Bouddha des banlieues), prépare une guérilla dont il prévoit l'instauration quand «les blancs se seront tournés contre les noirs et les Asiatiques et tenteront de nous faire passer dans des chambres à gaz».
Mais il est plus vraisemblable que les revendications européennes seront mises en œuvre pacifiquement et légalement, et que les violences proviendront de Musulmans, conformément aux récentes tendances à l'intimidation et au terrorisme. De nombreux sondages confirment que 5% environ des Musulmans britanniques approuvent les attentats à la bombe du 7 juillet, ce qui indique une disposition générale à recourir à la violence.
Quoi qu'il en soit, on ne peut pas s'attendre à ce qu'un redressement des Européens se déroule de manière coopérative.
III. Intégration des Musulmans
Dans le scénario le plus réjouissant, les Européens autochtones et les immigrants musulmans trouvent un modus vivendi et vivent ensemble harmonieusement. Le témoignage peut-être le plus classique de cette perspective optimiste provient d'une étude de 1991, La France, une chance pour l'Islam, par Jeanne-Hélène et Pierre Patrick Kaltenbach. «Pour la première fois dans l'histoire, il est offert à l'islam de ‹se réveiller› dans un pays démocratique, riche, laïc et pacifique», écrivaient-ils alors. Cette espérance persiste. Un article de premier plan paru dans l'Economist à la mi-2006 affirme que «pour le moment du moins, la perspective d'Eurabia semble alarmiste». À la même époque, Jocelyne Cesari, professeur associée à la Harvard Divinity School, discernait un équilibre en la matière : de même que «l'Islam change l'Europe», disait-elle, «l'Europe change l'Islam». Elle estime ainsi que «les Musulmans ne veulent pas changer la nature des États européens» et s'attend à les voir s'adapter au contexte européen.
Mais un tel optimisme est hélas peu justifié. Les Européens pourraient certes encore redécouvrir leur foi chrétienne, faire davantage d'enfants et mieux chérir leur patrimoine. Ils pourraient encourager une immigration non-musulmane ou acculturer les Musulmans vivant parmi eux. Mais ces changements ne sont pas en cours actuellement, et les chances de les voir apparaître sont faibles. Au lieu de cela, les Musulmans cultivent des revendications et des ambitions conflictuelles à l'égard de leurs voisins indigènes. Fait inquiétant, chaque génération semble plus aliénée que la précédente. Le romancier canadien Hugh MacLennan qualifia le fossé anglais-français séparant son pays de «Two Solitudes» ; un phénomène similaire apparaît et se développe en Europe, mais de manière beaucoup plus prononcée. Ces sondages de Musulmans britanniques, par exemple, révèlent qu'une majorité d'entre eux perçoivent un conflit entre leur identité britannique et leur identité musulmane - et ils souhaitent l'instauration de la loi islamique.
L'éventualité de voir les Musulmans accepter les restrictions de l'Europe historique et s'intégrer sans heurt dans ce cadre peut être pratiquement exclue. Même Bassam Tibi, professeur à l'université de Göttingen, qui a maintes fois averti que «soit l'Islam s'européanise, soit l'Europe s'islamise» a personnellement abandonné tout espoir pour le continent. Récemment, il annonça qu'il allait quitter l'Allemagne, après avoir y vécu 44 ans, pour déménager à l'université de Cornell, aux États-Unis.
Conclusion
Comme le résume le commentateur américain Dennis Prager, « Il est difficile d'imaginer un autre scénario pour l'Europe occidentale que l'islamisation ou la guerre civile». En effet, ces deux alternatives extrêmement déplaisantes semblent bien définir les choix offerts à l'Europe - prise entre deux forces antagonistes, l'une menant au pouvoir des Musulmans et l'autre à leur expulsion, elle peut devenir une extension de l'Afrique du Nord ou entrer dans un état de quasi guerre civile.
Quelle voie prendra-t-elle ? Les événements décisifs qui apporteront une réponse à cette question sont encore en devenir, de sorte que personne ne peut porter un jugement définitif. Mais l'heure de la décision est proche. D'ici la prochaine décennie à peu près, les louvoiements actuels toucheront à leur terme, l'équation Europe-Islam se resserrera et la pente qui déterminera l'avenir du continent devrait apparaître.
Il est d'autant plus difficile d'anticiper cette transformation qu'elle est sans précédent historique. Aucun territoire de grande envergure n'a jamais ainsi glissé d'une civilisation à une autre à la suite de l'effondrement démographique, religieux et identitaire d'une population ; et aucun peuple ne s'est jamais redressé à une telle échelle pour prôner son patrimoine historique. Le problème européen est si inédit et si étendu qu'il est difficile de le comprendre, tentant de l'ignorer et presque impossible d'en pronostiquer l'évolution. L'Europe nous entraîne tous en terre inconnue.
Daniel PIPES (traduction en français : Alain Jean-Mairet)
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Daniel Pipes est directeur du Forum du Moyen-Orient et professeur invité à l'université de Pepperdine. Cet article a été adapté d'un exposé donné au Centre de conférence Woodrow Wilson et intitulé «Euro-Islam: la dynamique d'une intégration efficace».
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[1] De Morgen, 5 oct. 1994. Cité dans Koenraad Elst, «The Rushdie Rules», Middle East Quarterly, Juin 1998.
[2] Il est frappant de relever qu'à ces trois égards, l'Europe et les États-Unis étaient beaucoup plus semblables il y a 25 ans qu'ils ne le sont aujourd'hui. Cela indique que leur écart actuel résulte moins d'évolutions historiques remontant à plusieurs siècles qu'à des développements intervenus dans les années 1960. Cette décennie a eu un impact très marqué sur les États-Unis, mais elle a affecté l'Europe beaucoup plus profondément encore.
Source du texte : REVUE MILITAIRE SUISSE.CH
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Un site sur Jean Raspail
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Kateschismus der deutschen "Weltalternative"
Jürgen W. GANSEL :
Katechismus der deutschen »Weltalternative«
Armin Mohler/Karlheinz Weißmann: Die Konservative Revolution in Deutschland 1918-1932
Armin Mohler selbst stellte die Frage: »,Konservative Revolution‘ – ist das nicht ein Widerspruch in sich selbst? Kann es einen bewahrenden Umsturz geben?« Und als Schöpfer dieser Begriffsbildung, die zu den erfolgreichsten in der jüngeren Ideengeschichtsschreibung gehört, erklärte er frank und frei: »Ja«. Im Geisteskampf der Weimarer Zeit sah er neue Denkströmungen jenseits von Reaktion und Revolution ihre gewaltige Ausstrahlungskraft entfalten. Eine von jungen Intellektuellen getragene Erneuerungsbewegung verschmolz diese beiden so scheinbar gegensätzlichen Begriffe mit neuem nationalistischen Ideengehalt und wandte sich ebenso gegen eine Bewahrung um der Bewahrung Willen, wie gegen eine Revolution um der Revolution willen. In strikter Abgrenzung von der überlebten wilhelminischen Vergangenheit, der staats- und volkszerstörenden liberalistischen Gegenwart und der drohenden bolschewistischen Zukunft traten die konservativen Revolutionäre auf den Plan. Ihr Ansinnen brachte Moeller van den Bruck auf die Kurzformel: »Dinge zu schaffen, die zu erhalten sich lohnt.« Revolutionär sollten neue deutsche Verhältnisse geschaffen werden, unter denen Bewahrung überhaupt erst wieder möglich und wünschenswert ist.
Erstmals tauchte das Begriffspaar »konservative Revolution« im Gewoge des Mai 1848 auf, um die geistige Unübersichtlichkeit dieser Tage zwischen Revolution und Restauration zu bezeichnen. 1923 schrieb Moeller van den Bruck dann in seinem Schlüsselwerk »Das dritte Reich« das Grundanliegen einer konservativen Revolution nieder. Vier Jahre später sekundierte ihm der Dichter Hugo von Hofmannsthal in seiner Rede zum »Schrifttum als geistiger Raum der Nation« und erklärte, Ziel dieser Denkrichtung sei »eine neue deutsche Wirklichkeit, an der die ganze Nation teilnehmen« könne.
Endgültig eingeführt wurde das Begriffspaar aber erst 1950 durch Armin Mohler und sein einzigartiges Buch, das nun in einer sechsten, völlig überarbeiteten und erweiterten Auflage vorliegt. Dem zeitweiligen Privatsekretär Ernst Jüngers ist es darin wie keinem Autor davor und danach gelungen, die rechtsintellektuelle Kritik am Weimarer System in ihrer ganzen Bandbreite bibliographisch zu dokumentieren, geistig zu durchdringen und politisch zu würdigen. Der einzige Jüngere, der sich fachlich profund und mit viel politischem Einfühlungsvermögen des Themas annimmt, ist der Historiker Karlheinz Weißmann. Fast zwingend beauftragte Mohler deshalb ihn mit der Fortschreibung seines Werkes. Auf aktuellem Forschungsstand und frei von antifaschistischem Distanzierungszwang kann der geneigte Leser hier in das Zeitkolorit von Weimar eintauchen, als noch gefühlsschwere Weltanschauungen in scharfer Konkurrenz standen und tatbereite Persönlichkeiten nicht nur mit der Feder um die Neugeburt ihres Vaterlandes rangen.
Ursache und Folge dieser geistesrevolutionären Tage waren Zeitschriftentitel wie »Standarte« und »Der Vorkämpfer«, »Die sozialistische Nation«, »Die Kommenden« und »Widerstand«. Für diese und andere Organe griffen die Gebrüder Jünger und Friedrich Hielscher, Ernst Niekisch und Edgar Julius Jung, Hans Zehrer und Carl Schmitt zur Feder. In den konservativ-revolutionären Kreisen tummelten sich der Politiker Gregor Strasser, der Feldherr Erich Ludendorff, der Bauernführer Claus Heim, der Freikorpskämpfer Ernst von Salomon und der Soziologe Hans Freyer.
Es gab jedoch kein Zentralorgan, keine Generalversammlung und keine Sammlungspartei, in der sich die konservativen Revolutionäre zusammengefunden hätten, um ihr gleichgerichtetes Wollen kundzutun. Es existierte nur ein geistiges Kraftfeld, in dem Personen und Ideen zirkulierten, ohne eine direkte geistige Einheit zu bilden. Armin Mohler identifizierte mit den Völkischen, den Jungkonservativen, den Nationalrevolutionären, der Landvolkbewegung und den Bündischen fünf Denkfamilien der konservativen Revolution, nicht ohne festzustellen: »Dieses Buch stellt Menschen nebeneinander, die nichts gemeinsam zu haben scheinen. (…). Nordische Urnebel – Ministerialbürokratie und Salon – Sprengstoff und Untergrund – Widerstand des Bauerntums gegen Gerichtsvollzieher und Maschine – Banjo-Klänge in den Kothen am Lagerfeuer: wie reimt sich das alles zusammen?«
Revolution gegen die Revolution
Nach Lektüre der Monumentalstudie weiß man, daß es sehr wohl einen gemeinsamen Kernbestand an Zielvorstellungen und vor allem Feindbildern gab: Der Trümmerhaufen der Gegenwart samt seiner in der Französischen Revolution von 1789 geborenen Geisteshaltungen sollte beseitigt und einer neuen Volks- und Staatsordnung der Weg geebnet werden. Der Dichter Rudolf Borchardt spitzte dies 1931 so zu: »Die ganze Welt wird reißend konservativ, aus Selbstschutz, aus Erbschutz, aus der Pflicht heraus, die durcheinandergerüttelten Elemente (…) wieder einzufangen, jeder auf einem anderen Wege, wir auf dem schwersten, der Wiederumstürzung des Umsturzes, der negierten und negierenden Negation, der Revolution gegen die Revolution.«
Das Aufkommen dieser Denkströmung hing ursächlich mit einer Reihe von zeitgeschichtlichen Ereignissen zusammen. Dazu gehörte 1917 die rote Oktoberrevolution, die für konservative Revolutionäre sowohl Angstfaktor und Feindbild als auch Inspirationsquelle für die nationalrevolutionäre Umgestaltung des eigenen Landes war. Ein Jahr später markierte der Zusammenbruch der Monarchie eine Epochenwende, die die Zeitgenossen aufwühlte und insbesondere die Jugend zu politisch »Suchenden« mit großem Sehnsuchtspotential machte. Entscheidende Faktoren für die Entstehung eines neuen Nationalismus waren überdies das Kriegserlebnis und das Versailler Diktat. Der Weltkrieg überspülte alle bis dahin bestehenden geistigen und sozialen Gegensätze im Volk und schweißte die Deutschen zu einer kriegsgestählten Schicksalsgemeinschaft zusammen. Der Nationalrevolutionär Franz Schauwecker konnte deshalb feststellen: »Wir mußten den Krieg verlieren, um die Nation zu gewinnen.« Mit dem Versailler Diktatfrieden entlarvte sich der Westen als Unterdrücker Deutschlands, dessen Heuchelparolen von »Freiheit« und »Demokratie« schon damals nur die eigenen maßlosen Herrschaftsansprüche bemäntelten. Unter dem Eindruck des »Entente-Kapitalismus« stellte Moeller van den Bruck fest: »Nicht Klassen, sondern Nationen sind heute die Unterdrückten.«
Konservativ-revolutionäre Denkfamilien
Aus den krisenhaften Zeitumständen sind – nach Auffassung Mohlers – die Denkfamilien der Völkischen, der Jungkonservativen und Nationalre- volutionäre, der Bündischen und der Landvolkbewegung hervorgegangen. »In ihnen ist die Welt der ,Ideen von 1789’ mit einer unbedingten Verneinung ihrer Werte konfrontiert«, so der Bibliograph der deutschen Gegenrevolution.
Die Völkischen übten eine starke Vergangenheitsschau und knüpften konsequent an die germanisch-heidnischen Wurzeln des deutschen Volkstums an. Das Wort »völkisch« setzten sie in bewußten Gegensatz zum Begriff »national«, weil eine Nation als Staatsvolk auch Angehörige fremden Volkstums umfassen kann. Das Judentum begriffen diese Kreise als »Fremdkörper, das es aus rassehygienischen Gründen aus der Volksgemeinschaft auszusondern« gelte. Dem Kapitalismus warfen die Völkischen seine immanente Einebnung aller ethno-kulturellen Eigenheiten vor, und sie entwickelten sozialromantische Ideen von Entstädterung und Re-Agrarisierung im Zeichen einer neuen Einheit von Blut und Boden.
Die Jungkonservativen waren – wie es der Name schon vermuten läßt – mehr konservativ als revolutionär geeicht. Ihre Liberalismus- und Parteienkritik führte zu Forderungen nach einem ständestaatlichen und neoaristokratischen Staatsaufbau. Als Antwort auf Versailles strebten sie nach einem »neuen Reich« mit durchaus übernationalen Zügen. Eine echte Staatsautorität sollte eine gegliederte Volksordnung mit der »Herrschaft der Besten« sicherstellen. Edgar Julius Jung formulierte: »Rechte Demokratie, d.h. die Herrschaft des nur metaphysisch zu begreifenden volonté générale, ist das höchste Ideal; es kann aus dem organischen Weltbild nicht hinweggedacht werden. In diesem Sinne ist Demokratie vollendeter Konservativismus.«
Ganz anderes wollten die Nationalrevolutionäre – geistig wie in der Wahl der Mittel, wozu auch schon einmal Sprengstoff und Attentat gehören konnten. Sie, die manchmal auch als Nationalbolschewisten bezeichnet wurden, bejahten entschieden den Untergang der monarchischen Ordnung, dem die Vernichtung der Weimarer Schand- und Chaosrepublik folgen sollte. Alles war den Nationalrevolutionären recht, um die Ketten von Versailles zu zerbrechen und die Weltausbeutung durch den Westen zu beenden. Zur Schwächung der Entente-Mächte gab es in diesen Kreisen Sympathien für ein außenpolitisches Bündnis mit Sowjetrußland. Den Liberalismus bekämpften diese »Jungen Wilden« in seiner politischen wie wirtschaftlichen Gestalt. Durch eine soziale Umwälzung – gemeint war die Entmachtung des Großbürgertums und die Schaffung eines autarken, vom angelsächsisch dominierten Weltkapital unabhängigen Deutschlands – sollte die nationale Freiheit errungen werden.
Dann war da noch die bündische Jugend, die es in der erstarrten Bürgerwelt nicht mehr aushielt und die Rückkehr zum Wesentlichen, also einer naturhaften Lebensweise, anstrebte. Sie verband ihre Zivilisationskritik mit dem Sehnen nach einer brüderlichen Volksgemeinschaft ohne die Entfremdungszustände der modernen Welt. Ihr antibürgerlicher Habitus fand seine Ergänzung in der preußischen Suche nach Bindung und Gemeinschaft. Nicht ihres Schrifttums, das spärlich war, sondern ihres Lebensgefühls wegen zählte Mohler mit einigem Recht die Bündischen zu den konservativen Revolutionären.
Die bäuerliche Existenzkrise ließ Ende der 1920er Jahre im Norddeutschen die Landvolkbewegung entstehen, die sich zuerst nur gegen kapitalistische Freihandelsdiktate und die Gleichgültigkeit der Weimarer Parteien wandte. Angesichts fortgesetzter Zwangsversteigerungen ihrer traditionsreichen Höfe sowie staatlicher Provokationen radikalisierten sich die Bauern aber immer mehr und lernten das System der Parlamente und Banken zu hassen. Als sich mit diesem urkonservativen Kampf für Leben und Scholle literarisch beschlagene Nationalrevolutionäre solidarisierten und dem Formlosen eine Form zu geben suchten, entstand eine ganz eigene Verbindung von Konservativem und Revolutionärem – ein revolutionäres Landvolk eben.
Diesem Fünf-Gruppen-Schema stellte Mohler ein Buchkapitel »Leitbilder« voran, das zeigt, wie stark sich der Autor in die Zeitstimmung der Weimarer Republik einzufühlen vermag und wie vertraut er mit den Leitgedanken ist, die – neben den benannten äußeren Anlässen – den eigentlichen Humus der konservativen Revolution bildeten. Es handelt sich hierbei um eine grandiose Aktualisierung Nietzsches, die »Friedrich den Unzeitgemäßen« als einen ihrer Erzväter ausweist. Der geschichtsphilosophische Nachweis der Unvereinbarkeit von Christentum und konservativer Revolution ist ebenso bedeutend wie der Abschnitt zum »heroischen Realismus«, den man als »Rechter« einfach gelesen haben muß.
Dieses Kapitel »Leitbilder« fehlt in der Neuausgabe aber genauso wie andere entscheidende Texte Mohlers. Ganz ohne Zweifel hat der Verlag mit Karlheinz Weißmann den einzigen Ideenhistoriker gewinnen können, der die Wissensfülle, die Formulierungssicherheit und Gesinnung Mohlers teilt. Die Ausführungen zum »Deutschen Sonderbewußtsein« oder zum »Weltkrieg als Kulturkrieg« sind wie alles von Weißmann überaus lesenswert. Aber auch dessen gelungene Fortschreibung ersetzt nicht die eigentlichen Ursprungstexte mit ihrer stilistischen Brillanz und Gedankentiefe. Hier liegt ein nicht wegzurezensierendes Defizit der Neuausgabe, das auf Kosten des Stoffes selbst geht, auch wenn der neue Bildteil ganz nett ist.
Eingedenk des stolzen Preises von 49,90 Euro wäre die kaufmännische Rechnung des Verlages sicherlich auch dann noch aufgegangen, wenn man die 165 Seiten umfassenden Originaltexte übernommen und den Weißmann-Texten an die Seite gestellt hätte.
So kann nur noch die Empfehlung ausgesprochen werden, sich die »Konservative Revolution« aus der Feder Mohlers unverzüglich antiquarisch und die Neuausgabe beim DS-Verlag zu besorgen. Das Original wie die Fortschreibung sind Schlüsselwerke zur Ergründung dessen, was Karlheinz Weißmann zitierend die deutsche »Weltalternative« nennt – jene Bestrebungen, »die Deutschen bei sich selbst zu halten, zu sich selbst zurückzuführen oder zu sich selbst zu machen«.
Jürgen W. Gansel
Buchempfehlung: Armin Mohler/Karlheinz Weißmann: Die Konservative Revolution in Deutschland 1918-1932, 643. S., Abb., geb., 49,90 Euro. Zu beziehen beim DS-Verlag, Postfach 100 068, 01571 Riesa.
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Subha Chandra Bose et l'indépendance indienne
Il y a soixante ans disparaissait le combattant national-révolutionnaire indien Subha Chandra Bose !
Thomas HARTENFELS :
Subha Chandra Bose : le troisième homme dans la lutte pour l'indépendance de l'Inde
Le Premier ministre indien actuel, Atal Bihari Vajpayee a rendu visite fin mai au lieu où est née la nation indienne moderne, le pays où, pour la première fois, on a joué son hymne national, où l'on a hissé pour la toute première fois le drapeau national indien et où l'on a imprimé les premiers timbres-poste indiens : Atal Bihari Vajpayee a visité l'Allemagne.
Les premières manifestations indépendantes de l'Etat indien actuel se sont en effet déroulée en Allemagne, notamment grâce aux impulsions données, à l'époque par Subha Chandra Bose. A côté de Gandhi et de Nehru, Bose est le plus connu des combattants indépendantistes indiens. Lors de son exil en Allemagne, il a forgé des plans pour libérer sa patrie du joug colonial britannique.
Les exilés indiens déclarent la guerre à l'Empire britannique
Après que la police britannique ait procédé à de nombreuses arrestations en Inde, Subha Chandra Bose, l'ancien maire de Calcutta, décide de quitter le pays en 1941, en compagnie de son épouse allemande, qu'il avait connue lors d'un séjour prolongé à Vienne. Muni d'un passeport de diplomate italien, il se rend en Allemagne en passant par Kaboul et l'Union Soviétique (qui n'était pas encore en guerre avec le Reich; ndt). Âgé à l'époque de 44 ans, Bose appelle les Indiens par radio depuis l'Allemagne à se soulever comme les colonisateurs britanniques; en même temps, il recrute des volontaires pour l'“Azad Hind”, la Légion “Inde Libre”.
Les succès militaires allemands contre l'Union Soviétique, à partir de juin 1941, et contre les Britanniques en Afrique du Nord, encouragent Bose à former une “Légion indienne” en 1942, dont l'objectif est de libérer l'Inde avec l'aide des forces de l'Axe. Les quelque 3000 volontaires de la “Légion indienne” seront instruits dans la région de Dresde. Ils portent des uniformes allemands avec, sur la manche, les couleurs nationales indiennes, sur lesquelles se détachent un tigre bondissant et la mention, en allemand, de “Freies Indien” (= “Inde Libre”). La langue de cette unité est une forme simplifiée d'hindoustani, qui tient compte de la grande diversité des dialectes indiens et de la complexité du système des castes. Les officiers allemands, affectés à l'unité, doivent l'apprendre via un manuel spécial, édité par la Wehrmacht, intitulé Hindustani-Sprachlehre (= Manuel d'hindoustani). Les symboles extérieurs de l'Etat indien ont donc été utilisés et présentés pour la première fois en Allemagne, quatre ans avant l'indépendance de l'Inde. En 1943, Bose fonde à Hambourg la “Deutsch-Indische Gesellschaft” (= La société germano-indienne). Lors des cérémonies qui présidèrent à cette fondation, la mélodie de l'actuel hymne national indien a été jouée pour la première fois et les trois couleurs indiennes ont été hissées au mat. Au même moment, les premiers timbres-poste indiens sortent d'une imprimerie berlinoise.
Le 26 janvier 1943, des officiers allemands et la “Légion Indienne” fêtent de concert le jour de l'indépendance indienne, fête nationale célébrée aujourd'hui encore en Inde. L'Inde libre, comme le voulait le mouvement indépendantiste, a pris forme en Allemagne.
Bose voulait étendre la lutte pour l'indépendance sur plusieurs fronts. En 1943, il se rend au Japon comme passager à bord d'un sous-marin allemand, l'U-Boot 180. Arrivé à Tokyo, il lance quelques-uns de ses célèbres appels radiophoniques, très écoutés et quasi légendaires en Inde, et, avec l'aide des Japonais, met une armée nationale indienne de 50.000 hommes sur pied. Tandis que la “Légion indienne” se battait aux côtés des Allemands en France, notamment pour tenter d'enrayer la progression des Alliés occidentaux après le débarquement de Normandie, l'“Armée Nationale” de Bose participait avec succès à l'offensive japonaise en Birmanie. En tant que chef du gouvernement indien en exil, Bose déclare la guerre en 1943 à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Le 18 août 1945, deux ans avant que son objectif ne se soit réalisé, c'est-à-dire l'indépendance de l'Inde, Subha Chandra Bose périt dans un accident d'avion au-dessus de Taiwan, en revenant du Japon.
La fille de Bose vit toujours en Allemagne aujourd'hui
La fille de Subha Chandra Bose, Anita, née en 1941 en Allemagne, est aujourd'hui professeur d'économie politique à l'Université d'Augsbourg. Anita Pfaff s'occupe beaucoup d'histoire indienne et, plus particulièrement, du rôle de son père dans la lutte pour l'indépendance de l'Inde. Comme la plupart des Indiens aujourd'hui, elle sait que l'indépendance de leur grand pays n'a été possible que par l'action résolue de quelques hommes comme Bose, Nehru et Gandhi. Les festivités qui se sont déroulées partout en Inde à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Bose en 1997 le prouvent amplement. Un aéroport et plusieurs artères dans les grandes villes indiennes portent son nom. Il y a des monuments à sa gloire, ainsi que des pièces de monnaie et des timbres-poste.
Thomas HARTENFELS.
(article paru dans Junge Freiheit, n°28/2003 - http://www.jungefreiheit.de ).
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"Europe" et "Occident": deux concepts antagonistes
"Europe" et "Occident"; deux concepts antagonistes
par Claudio FINZI
Nos hommes politiques et nos intellectuels parlent continuellement de l'Europe et de l'Occident, comme s'il était évident que la pre-mière était contenue toute entière dans le second. L'Occident, dans une telle acception, indiquerait ainsi un ensemble formé par les pays d'Europe, surtout d'Europe occidentale, et les Etats-Unis d'Amérique, avec l'appendice canadien. En d'autres mots, l'Occident coïncide avec l'OTAN.
Mais si nous examinons l'origine du terme "Occident", non pas au sens géographique évidemment, mais au sens politique, nous dé-couvrons quelque chose de très différent de cette acception ³otanienne²: au début du XIXième siècle, aux Etats-Unis d'Amérique, cette expression est née, non pas pour englober l'Europe dans un contexte atlantique plus vaste, mais, au contraire, pour que le jeune Etat américain prenne ses distances par rapport aux pays du Vieux Continent.
Nous trouvons les premières traces de cette distinction dans les dis-cours de l'un des plus intéressants présidents américains, Thomas Jefferson, dont on a fêté en 1993 le 250ième anniversaire de la nais-sance. Déjà en 1808, Jefferson affirmait que l'Amérique était un "hémisphère séparé"; ensuite, en 1812, et plus nettement encore en 1820, il évoquait un méridien destiné à séparer pour toujours "notre hémi-sphère" de l'Europe. Dans l'hémisphère américain, prophétisait-il, c'est-à-dire l'hémisphère occidental, "le lion et l'agneau vivront en paix l'un à côté de l'autre".
L'étape suivante fut celle de la fameuse déclaration du Président Monroe, le 2 décembre 1823, par la-quelle il interdit à toute puis-sance européenne d'intervenir dans l'hémisphère occidental-améri-cain. Depuis lors, l'affirmation de cette spécificité occidentale-amé-ricaine est allé crescendo, jusqu'aux prises de position du Président Théodore Roosevelt au début de notre siècle, puis aux déclarations diploma-tiques de 1940 et de l'immédiat après-guerre. Ce qui compte, c'est que dans tous ces discours, dans toutes ces déclara-tions, dans tous ces documents diplomatiques américains, par hémi-sphère occidental, par Occident, on entend quelque chose de radica-lement opposé à l'Europe. Il ne s'agit pas seulement d'indiquer et de délimiter une sphère d'influence ou une zone de défense dans la-quelle on exclut la pré-sence de tout ennemi potentiel. Si tel était le cas, l'Occident ne serait que l'une de ces innombrables dé-nomina-tions utilisées en politique et en diplomatie pour définir un lieu ou une situation géographique ou stratégique.
Il s'agit de bien autre chose. En réalité, l'idée de choisir un méridien qui séparerait l'Europe de l'Occident se fonde sur l'idée que l'Occident, c'est-à-dire l'Amérique comprise comme Occident par opposition à l'Europe, serait fondamentalement différent de l'Europe dans son essence et sa signification. Cette idée se fonde donc sur la présomption que ces deux mondes, le vieux et le nouveau, sont ra-dicalement diffé-rents par nature, selon la tradition et la morale. Dans un tel contexte, l'Amérique finit par être différente de l'Europe, parce que l'Amérique est la terre de l'égalité et de la li-berté, opposée à l'Europe, terre où existent des stratifications so-ciales et où règne l'oppression. L'Amérique, comprise comme Etats-Unis d'Amérique, est la terre où l'homme bon a réussi à créer un ordre social et politique bon, tandis que l'Europe est la terre du vice et de la corruption; l'Amérique est la terre de la paix, l'Europe, celle de la dis-corde et de l'esclavage.
Le méridien, qui devrait séparer l'Occident de l'Europe, revêt donc une fonction de préservation des bons contre les mauvais, signale une opposition radicale et insurmontable, du moins tant que l'Europe ne re-nonce pas à ses perversités (mais sera-ce un jour possible?).
Ce type de raisonnement trouve ses racines dans les plus anciennes traditions politiques américaines, celles des pères fondateurs. Rappelons-nous qu'ils étaient des puritains, des protestants extré-mistes, animés par une profonde foi en Dieu et en eux-mêmes, parce qu'ils croyaient être des élus de celui-ci, contraints d'abandonner l'Angleterre pour échapper aux persécutions et aux contacts entre protestants corrompus et papistes diaboliques. Pour eux, l'Amérique était une terre vierge, où ils pouvaient construire un monde nouveau, un monde de ³purs², un monde pour le peuple de Dieu, un monde libéré des règles im-pies de l'Europe, heureuse-ment séparé de celle-ci par des milliers de miles d'océan.
Dieu avait donc donné l'Amérique à ses habitants et ceux-ci devaient la garder pure et incorrompue, libre de toutes les turpitudes euro-péennes qu'ils venaient d'abandonner. La Doctrine de Monroe et la notion d'"hémisphère occidental" sont la transposition politique et laïcisée au fil des décennies, de cette menta-lité qui, au départ, était religieuse et qui aspirait à une séparation plus nette d'avec l'Europe.
Ceux qui, aujourd'hui, utilisent indifféremment les termes "Europe" et "Occident", comme s'ils étaient synonymes, ou comme si le se-cond comprenait la première, et adoptent cet usage erroné, com-mettent une grave erreur historique et politique. A moins qu'ils n'acceptent, consciemment ou inconsciemment, la vision américaine du monde, espérant de la sorte que l'Europe soit entrée tout entière dans l'Occident.
Il me semble bon de relever le fait suivant: dans la définition de l'Occident, telle qu'elle est née chez un Jefferson, s'inscrivent d'emblée les deux formes américaines de concevoir les relations internationales, que l'on a coutume de considérer comme exclusive l'une de l'autre: l'interventionnisme et l'isolationnisme. En effet, si l'Occident est le "bien", est le monde non infecté par les perversités européennes, alors il faut en tirer deux conséquences. D'une part, on peut décider de se refermer sur soi-même, pour empêcher la conta-gion d'entrer; d'autre part, on peut décider de sortir de sa propre tranchée pour s'élancer et sauver le monde. C'est cette seconde politique qui a prévalu dans l'histoire américaine, surtout parce que l'idée d'un Occident incorrompu s'est unie à celle du "destin manifeste" des Etats-Unis (cette expression a été forgée en 1845 durant le conten-tieux qui opposait les USA à l'Angleterre pour l'Oregon) pour former le pire des impérialismes.
Ainsi, toute action américaine sur le continent américain relève de la défense des intérêts propres des Etats-Unis; toute action outre-mer est dès lors une "mission" du Bien pour sauver le monde. Tandis que la réciproque ne vaut pas pour les Européens, porteurs du "mal", qui ne pourront jamais s'ingérer de bon droit dans les affaires du continent américain, comme le prétendait précisément la Doctrine de Monroe, qui interdisait aux Européens tout mouve-ment à l'Ouest du méridien ³séparateur². Ceux qui en Europe au-jourd'hui s'imaginent être des paladins de l'Occident, sont tout sim-plement des individus qui se sont inté-grés dans le mode d'être et de penser des Américains et qui, consciemment ou inconsciemment, estiment avoir été ³sauvés² par eux et ³libérés². En réalité, ils se sont soumis dans l'âme, en renonçant aux tradi-tions européennes.
Claudio FINZI.
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