lundi, 22 décembre 2008
Deux livres sur l'Europe
Deux livres sur l'Europe
Herbert KRAUS, «Großeuropa». Eine Konföderation vom Atlantik bis Wladiwostok, Langen-Müller, München, 1990, 147 S., DM 28, ISBN 3-7844-2197-0.
A cause des problèmes en Allemagne de l'Est, de la situation catastrophique de l'économie polonaise, de l'intervention des militaires soviétiques à Vilnius, de la fragilisation de la position de Gorbatchev à Moscou, l'unification grande-continentale, de l'Atlantique au Pacifique, la communauté de destin euro-soviétique est postposée. Cette remise aux calendes grecques d'un processus nécessaire ne doit pas pour autant nous empêcher de réfléchir à son advenance, de la préparer. Herbert Kraus, expert autrichien des questions d'Europe orientale, fondateur du parti libéral autrichien, l'a soulevée dans un livre qui a la forme d'un manifeste et qui appelle à la consitution de la «Grande Confédération». Pour Kraus, ressortissant d'un petit Etat neutre, sis à la charnière de l'Est et de l'Ouest, les Européens doivent préparer l'avènement d'un Etat multiculturel englobant tous les pays d'Europe et l'ensemble du territoire aujourd'hui soviétique. Dans cet immense espace, tous les Européens devraient pouvoir avoir le droit de travailler, de commercer ou de fonder des entreprises. L'heure de l'Etat-Nation, étroit, trop exigu pour les impératifs qui s'annoncent, a sonné. Il doit faire place au «grand espace». Ce processus de méta/macromorphose doit s'accompagner d'un socialisme acceptable pour tous, d'une déconstruction des antagonismes militaristes du passé afin de construire une gigantesque armée confédérative. La Russie a un rôle tout particulier à jouer dans cette évolution: elle doit transformer l'URSS qu'elle domine par son poids en une confédération-modèle que l'Ouest pourra imiter, tandis que les réussites de la CEE en matière d'intégration devront servir de modèles à l'Est. La confédération devra être plus souple, plus soucieuse des tissus locaux, moins centralisatrice en matières économiques. Logiques intégratives et identitaires doivent pouvoir jouer simultanément.
Otto MOLDEN, Die europäische Nation. Die neue Supermacht vom Atlantik bis zur Ukraine, Herbig, München, 1990, 323 S., DM 39,80, ISBN 3-7766-1649-0.
Ancien chef de la résistance autrichienne contre le nazisme, Otto Molden, homme politique et historien, a toujours eu la volonté de forger un «patriotisme européen», reposant sur une interprétation «culturo-morphologique» de son histoire, qui n'est pas sans rappelé Spengler et Toynbee. La disparition du Rideau de fer, pense Molden, va activer la constitution d'une Europe unie et faire d'elle la première puissance culturelle, économique et financière du globe, laissant les Etats-Unis stagner loin derrière elle. Paradoxalement, poursuit Molden, ce sont les dangers venus de la steppe asiatique, les invasions hunniques, avares, magyares et mongoles, qui ont, à certains moments de l'histoire, donné aux Européens l'idée d'une communauté de destin. Pour Molden, l'ère des Etats-Nations, incapables de gérer leurs problèmes de minorités, doit être close. Ces problèmes de minorités doivent être résolus, non seulement à l'Est, mais aussi à l'Ouest (Irlande, Pays Basque), de façon à ce que l'on obtienne une nation constituée de peuples et de citoyens solidaires. Pour organiser ce gigantesque ensemble, il faut inventer une représentation nouvelle, fondée sur le «fédéralisme intégral des communautés de voisinage». Une telle représentation permettra à moyen ou long terme de resouder les tissus sociaux ravagés par la révolution industrielle.
(Robert Steuckers)
00:05 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, europe, eurasie, eurasisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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