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lundi, 31 août 2009

Du pouvoir parisien et de sa dérive gauche

Du pouvoir parisien et de sa dérive gauche

090810À partir des années 1970, le modèle réussi du Sunday Times a incité de nombreux quotidiens européens à faire semblant de copier sa formule. Ils ont créé des suppléments hebdomadaires d'un bonheur inégal. Vendus par une formule de carte forcée, alourdissant le prix du titre et augmentant artificiellement le chiffre d'affaires des entreprises de presse, ils n'ont que bien rarement développé l'audience de leurs supports de références.

On les lit en effet de manière généralement aléatoire. Ils traînent dans les salles d'attente, au gré des salons de coiffure, au hasard des banquettes arrière. Parfois un titre aguichant dissuade de les jeter définitivement. Ainsi le dernier supplément de "La Repubblica" (1) était-il intitulé "Souvenir d'Italie". On ne pouvait se résoudre à ne pas le feuilleter.

Or, une fois tournées les pages consacrées aux "trésors gastronomiques" de la Péninsule, une petite truffe attirait l'attention. On tombait en effet en pages 40 à 44 sur un amusant article consacré à la France. L'auteur, Marco Cicala, y décrit, et cherche à expliquer au public transalpin, ce qu'il appelle la "dérive gauche" du pouvoir présidentiel parisien. Le jeu de mot, imprimé dans notre langue car intraduisible dans celle de Dante Alighieri, ainsi que les nombreuses formules "en français dans le texte", nous console de la disparition ordinaire et non moins désolante de l'intérêt de la Botte pour l'Hexagone. Le texte lui-même, ramène presque ainsi la politique de notre pays au rang de la comédie de boulevard, c'est-à-dire très au-dessous de cette comedia dell'arte du XVIe siècle dont dérivera le théâtre français.

L'explication donnée fait certes sourire : "cherchez la femme".

Mais précisément de quoi s'agit-il ? En médaillon, sous le titre "ont-ils été choisis par elle ?" on aperçoit quelques personnages :
- Frédéric Mitterrand "nommé ministre de la Culture, il a dit : Sarkozy m'a connu grâce à Carla".
- Philippe Val "Suspecte également la nomination du gauchiste Val à la tête de la radio d'État France Inter".
- Maurice Karmitz "ex-maoïste dirige le Conseil pour la Création artistique, toujours, dit-on à Paris, par la grâce de Carla".
- Cesare Battisti "à l'affaire de l'ex terroriste tient beaucoup Valeria, la sœur de Carla, qui cependant nie toute ingérence". [Rappelons ici que la protection accordée à ce personnage scandalise nos voisins et amis].

Voilà qui trouble, à première lecture. Mais peut-on vraiment en déduire, pour citer La Repubblica que "ce couple étrange, elle 42 ans, lui 54 ans, qui se sont mariés à l'Élysée le 2 février 2008", gouvernerait désormais dans un sens contraire à celui promis aux électeurs en 2007, simplement parce que Carla Bruni serait "épidermiquement de gauche" [ces guillemets correspondent en français aux citations du journal].

Ceci nous semble bien superficiel, et presque optimiste. L'avis sollicité de Laurent Joffrin directeur de Libération, qui ne passe pourtant pas pour une lumière, se révèle ici plus mesuré : "Carla Bruni ne conditionne pas les choix politiques de son mari, mais elle l'a transformé mentalement".

Malheureusement d'autres influences, moins gracieuses, orientent dans un sens plus socialiste la politique étatique subie par la France. Certes un Philippe Val réussira peut-être à faire la radio d'État France Inter encore plus basse, encore plus cégétiste et encore plus démago. On apprécie l'exploit à l'avance. M. Jacques Attali, auteur du programme de 300 réformes, ou M. Henri Guaino, inspirateur des discours économiques, n'ont pas attendu le remariage du chef de l'État pour exercer leur nuisance. L'ouverture à gauche, la réconciliation avec ce que représente M. Bernard Tapie, le recrutement de quelques transfuges impénitents du parti socialiste encore moins. Le pouvoir actuel représente une sociale démocratie moins délirante que celle de Mme Royal, et moins acoquinée avec les rogatons du communisme que Mme Aubry. Vaguement tenu par deux ou trois promesses, il a paru clairement, et raisonnablement, "moins pire" en 2007, à 53 % des électeurs et le semble encore. Mais il ne représente ni la droite, ni la liberté, ni l'identité de la France, et certainement pas la fin du fiscalisme.

La question : "faut-il regretter Cécilia ?" n'intéresse que les lecteurs de Gala. La personnalité de l'épouse du président, fût-elle réputée proche de la gauche caviar, ne devrait pas voiler la réalité aux compatriotes de Gramsci. Le pouvoir culturel en France appartient à un secteur de l'opinion coupé du peuple, et cela ne date pas de février 2008.

Arlequin n'a pas attendu Colombine pour maintenir à 54 % de la richesse nationale le niveau de la dépense publique.

Apostilles

  1. "Il Venerdi di Repubblica" numéro 1116 du 7 août 2009

JG Malliarakis

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