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mercredi, 03 novembre 2010

Pour une approche scientifique de l'immigration

Pour une approche scientifique de l'immigration

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Michèle Tribalat fait autorité en tant que démographe. Elle appartient à l’Institut national d’études démographiques en qualité de directrice de recherche. En dépit de l'importance et de la qualité de ses travaux, on l'entend de temps en temps, mais évidemment trop peu, sur les gros médiats du service public. Citons quand même une intervention substantielle le 25 juillet sur France Culture (1). À noter aussi un très important entretien publié par "L'Express" (2). Auteur de plusieurs ouvrages de références, ses éditeurs s'appellent La Découverte, Gallimard, Denoël. Il ne s'agit pas d'un écrivain maudit. (3). Du moins, pas encore.

Elle donnait le 14 octobre une conférence-débat à la Bibliothèque d'Histoire Sociale de Nanterre (4). Le thème partait de son dernier livre "Les yeux grands fermés (5) : l'immigration en France". Malgré diverses petites misères quotidiennes, pas possible de rater cette séance-là.

Disons d'emblée que ce type de communication reste irremplaçable. Elles permettent d'aller plus loin avec l'auteur d'un livre, souvent au cœur de ses préoccupations.

La lecture des 50 premières pages provoque certes une impression terrible, presque désespérante. On imagine dès lors un processus implacable, irrémédiable, incontrôlable, létal.

La qualité essentielle de cet ouvrage ne découle pas seulement de son sérieux scientifique. Il montre au bout du compte que l'utilité industrielle du recours à la main-d’œuvre étrangère égale finalement zéro, ou presque. Pas de nécessité, encore moins de fatalité de côté-là.

Au contraire, la date charnière s'est située au cours de la présidence de Valéry Giscard d'Estaing (1974-1980). Celà résulte de toutes les études réalisées sur les populations considérées. Car le tournant a été entamé du fait du regroupement familial. Cette voie est devenu la cause majeure d'une arrivée d'entrants d'un type nouveau. La pompe aspirante n'est plus activée par le besoin des usines et des chantiers, mais par les guichets sociaux.

On a pu parfois se demander donc, jusqu'ici, si une sorte de loi de la pesanteur, une manière de contrainte économique ne s'était emparée de nos sociétés d'abondance. Certains pensent aussi pouvoir établir une comparaison avec la fin de l'empire romain : pas une seconde, cependant, Mme Tribalat ne se risque à suggérer de telles hypothèses.

Au contraire, ceux qui avaient cessé de réfléchir sur la question de l'immigration et de ses conséquences à long terme se réveilleront certainement de leur torpeur.

Ceux qui croient en l'État, ou qui imaginent fiables les statistiques des organismes publics, tel que l'INSEE, découvriront sans doute à quel point leurs impôts servent à nourrir beaucoup d'incapables et une foule de malfaisants.

De ces divers points de vue, le rédacteur de ces lignes n'a pas ressenti le sentiment d'une entière révélation. Hélas cependant, l'angle de départ en renforce une sorte d'abattement prospectif : que va donc devenir la France, dans tout cela ?

Et puis aux alentours de la page 80, au détour de quelques formulations élégantes de l'auteur, on se reprend, sinon à espérer, du moins à se proposer de participer au débat civique. Si une scientifique de cette qualité, si une revue telle que "Commentaire", à droite, si même [parfois] "Marianne", à gauche, osent donner la parole à des chercheurs indépendants et prendre la plume pour rompre les consignes du silence et du conformisme ambiants comment ne pas leur faire écho ?

Une indignation perce donc. On ferme volontairement les yeux. Les pouvoirs publics sont tétanisés par les médiats. On les voit assiégés par des intérêts inavouables et rien moins qu'humanitaires. Ils se laissent dicter leurs règles de comportement par des ligues de vertu que l'on décore du sigle d'ONG. Or, celles-ci n'existeraient même pas sans les subventions qu'elles rackettent auprès des collectivités locales. Et cela semble les dispenser de toute approche objective de la vérité.

Voilà ce qui se passe en France et nous le savons tous.

Précisément Michèle Tribalat fait état de travaux impressionnants réalisés dans d'autres pays occidentaux. Le parlement britannique notamment dispose avec sa Chambre des lords d'un observatoire de qualité. Une longue enquête, très complète y a été réalisée en 2008. Elle est commentée dans tout le pays. Or cet énorme document, téléchargeable par tout un chacun sur le site des Lords, notamment la contribution de l'immigration à la croissance annuelle du produit intérieur brut. Cela donne approximativement 0,1 %. Or, l'Angleterre se trouve en pointe, et depuis quelque 50 ans, du phénomène migratoire en Europe. Aux Pays-Bas d'autres travaux mettent en lumière la question, des méthodes et des préjugés systématiquement favorables du conformisme ambiant. En France, on a effectivement confié au Conseil d'analyse économique une recherche analogue. Qui a entendu parlé de ses conclusions, inscrites dans le rapport de M. Gilles Saint-Paul ? Remis en 2009, il a été "enfoui dans un tiroir" (6). Le grand public n'en a jamais entendu parler. De même dans les pays nordiques on dispose de registres prodigieusement instructifs pour les démographes. En France un chercheur de l'Insee utilise-t-il, dans un bureau de Strasbourg, le fichier Saphir de la gendarmerie ? On ne censure pas seulement ses travaux. Ils ne seront publiés en définitive que par la revue "Commentaire", – excellente mais non spécialisée. Bien plus, on fait disparaître la source administrative, devenue politiquement incorrecte.

Il existe manifestement une sorte de consigne tendant à dessaisir les nations européennes de toute faculté de décision restrictive. On tente donc d'y prévenir les mauvaises pensées. Alexandre Zinoviev dans son roman anticipateur "Les hauteurs béantes" voyait dans cette prophylaxie la marque du système soviétique. Or, aujourd'hui les "machins" internationaux de toutes sortes, l'ONU comme la CNUCED, la CEDH comme l'UNESCO, etc. travaillent à la mise en œuvre effective du cauchemar correspondant. Ils prétendent nous imposer une vision complètement unilatérale. On nous enjoint de croire, sans jamais nous le démontrer que tout le monde gagnerait, triplement, à ce type de migrations à sens unique et sans entraves : pays vieillissants d'accueil, peuples affamés du tiers-monde, migrants familiaux eux-mêmes. Mais on se refuse à dresser le bilan, en regard, des dommages collatéraux causés aux villes envahies, aux nations d'origine, privées de leurs éléments les plus dynamiques, aux déracinés enfin.

L'objectivité scientifique se trouve donc ainsi bafouée.

Voila le point le plus scandaleux, le péché contre l'esprit, que met en lumière Michèle Tribalat. Les partisans de la gouvernance mondiale n'admettent pas de s'entendre contredire. Ils le seront pourtant, par la force des choses, par l'indestructible musique de la liberté.
JG Malliarakis

Apostilles
  1. Émission Esprit public par Philippe Meyers. Elle était invitée en compagnie de Max Gallo et Jean-Louis Bourlanges.
  2. avec Laurent Chabrun le 18 mars 2010
  3. citons : "Faire France, Une enquête sur les immigrés et leurs enfants" (La Découverte 1995) ; "De l'immigration à l'assimilation. Enquête sur les populations d'origine étrangère en France" (La Découverte 1996) ; [Avec Pierre-André Taguieff], "Face au Front national, Arguments pour une contre-offensive"(La Découverte, 1998) ; "Dreux, voyage au coeur du malaise français" (Syros, 1999) ; [Avec Jeanne-Hélène Kaltenbach] "La République et l'Islam, Entre crainte et aveuglement" (Gallimard, 2002).
  4. cf. le site de l'IHS
  5. Éditeur Denoël, 2010
  6. Les enregistrements de ces conférences sont disponibles sur le site de l'Institut d'Histoire sociale
  7. cf. "L'Express" du 18 mars 2010

00:25 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, immigration, sociologie, migrations, france | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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