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dimanche, 20 octobre 2024

La politique d'asile de l'UE s'effrite: la Pologne aussi veut se retirer du "pacte migratoire"

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La politique d'asile de l'UE s'effrite: la Pologne aussi veut se retirer du "pacte migratoire"

Varsovie. Actuellement, la Hongrie et les Pays-Bas tentent d'obtenir à Bruxelles des exceptions aux règles de l'UE en matière d'asile. Un effet domino se dessine désormais - la Pologne veut désormais elle aussi se retirer. Le Premier ministre polonais Tusk a annoncé vouloir suspendre, au moins temporairement, le droit d'asile.

Samedi, Tusk a déclaré lors d'un congrès de son parti : « Nous allons réduire au maximum l'immigration illégale en Pologne ». Des plans en ce sens doivent être présentés mardi. Mais ce qui a déjà filtré, c'est qu'il ne sera plus possible, du moins temporairement, d'invoquer le droit d'asile pour entrer en Pologne, pays membre de l'UE.

Et : comme les gouvernements hongrois et néerlandais, Tusk souhaite également faire reconnaître sa demande par l'UE. Les observateurs ont été frappés par la virulence avec laquelle le chef du gouvernement polonais s'en est pris à l'UE samedi. Tusk a ainsi déclaré qu'il n'appliquerait pas les exigences du pacte européen sur l'immigration qui menacent la sécurité de la Pologne.

Le gouvernement de Donald Tusk est en place depuis bientôt un an. Il a certes annoncé un changement de cap dans de nombreux domaines par rapport au gouvernement national-conservateur précédent - mais celui-ci n'est pas visible dans la politique d'asile et d'immigration. Au contraire, Tusk va désormais encore plus loin que la droite conservatrice du PiS et durcit encore la législation sur l'immigration. Jeudi déjà, il a annoncé un durcissement des règles d'octroi de visas pour la Pologne (mü).

(ex: Z uer st, 20/10/2024).

mercredi, 09 octobre 2024

Sortie du système d'asile de l'UE: Pays-Bas, Hongrie - quand l'Autriche suivra-t-elle?

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Sortie du système d'asile de l'UE: Pays-Bas, Hongrie - quand l'Autriche suivra-t-elle?

Depuis 2015, plus de huit millions de demandes d'asile ont été déposées dans l'UE.

Source: https://unzensuriert.at/283370-ausstieg-aus-eu-asylsystem-niederlande-ungarn-wann-folgt-oesterreich/?pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

Après les Pays-Bas, c'est au tour de la Hongrie d'annoncer son intention de sortir du système d'asile de l'UE. Des voix s'élèvent désormais pour demander que l'Autriche se retire également de ce système.

Depuis hier, lundi, on sait que la Hongrie demande elle aussi, dans une lettre adressée à la Commission européenne, la possibilité de se retirer des règles européennes en matière d'asile. Le ministre hongrois des Affaires européennes, János Bóka, explique dans sa lettre qu'il souhaite suivre l'exemple des Pays-Bas. La Hongrie est convaincue que le renforcement du contrôle national de l'immigration est désormais le seul moyen d'atteindre ces objectifs et d'endiguer l'immigration illégale, qui représente un risque pour la sécurité.

Un signal important en provenance des Pays-Bas

Auparavant, les Pays-Bas avaient demandé à la Commission européenne de procéder à un tel retrait. Geert Wilders, qui siège pour la première fois au gouvernement avec son Parti pour la liberté (PVV), a parlé d'un signal important, « qu'un vent nouveau souffle sur les Pays-Bas ». Les deux pays auront-ils du succès avec leurs vœux ? En règle générale, une telle exception doit être approuvée par l'ensemble des 27 Etats membres de l'UE.

Le système d'asile de l'UE est complètement dépassé

Néanmoins, le chef de la délégation FPÖ au sein de l'UE, Harald Vilimsky, exige désormais que l'Autriche se retire du système d'asile. Il a déclaré dans un communiqué:

Le système d'asile de l'UE est complètement dépassé et inutilisable depuis longtemps pour faire face à l'immigration de masse qui abuse du droit d'asile. C'est pourquoi l'Autriche devrait suivre l'exemple des Pays-Bas et de la Hongrie et demander l'abandon de ce système d'asile.

Plus de huit millions de demandes d'asile

Depuis 2015, plus de huit millions de demandes d'asile ont été déposées dans l'UE. Peu importe de quelles régions du monde viennent les demandeurs d'asile et combien de pays tiers sûrs ils ont dû traverser, pays où ils auraient pu trouver une protection. Cela doit enfin cesser - « d'autant plus que nous savons depuis longtemps que plus de la moitié d'entre eux n'ont aucun droit à la protection, même selon les règles généreuses de l'UE», a déclaré Vilimsky. Au vu de cet échec persistant du système, il n'est pas étonnant que de plus en plus de pays veuillent se retirer.

Les États perdent leur souveraineté

Un Etat qui ne peut plus déterminer quelles personnes et combien de personnes séjournent sur son territoire a perdu des parties essentielles de sa souveraineté et donc de sa légitimité, a déclaré le député européen de la FPÖ.

mardi, 02 juillet 2024

La Hongrie fait de l'immigration une priorité de sa présidence

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La Hongrie fait de l'immigration une priorité de sa présidence

Source: https://unzensuriert.at/272699-ungarn-macht-einwanderung-zum-schwerpunkt-seiner-ratspraesidentschaft/?utm_source=Unzensuriert-Infobrief&utm_medium=E-Mail&utm_campaign=Infobrief&pk_campaign=Unzensuriert-Infobrief

A partir d'aujourd'hui (lundi 01/07), la Hongrie a succédé à la Belgique à la présidence du Conseil de l'Union européenne pour une durée de six mois.

Un tournant politique au Conseil de l'UE

La présidence sortante du Conseil de l'UE s'était fixé comme objectifs la transformation verte de l'économie, le renforcement de la compétitivité de l'UE et la régulation de l'intelligence artificielle.

La Hongrie poursuit d'autres objectifs, comme le montre déjà le slogan du gouvernement de Budapest :

Make Europe Great Again.

Il s'agit d'une référence au slogan "Make America Great Again" de l'ancien président américain Donald Trump, qui se représentera en novembre. En outre, le Premier ministre Viktor Orbán souhaite faire de l'immigration une priorité pour les six prochains mois.

Alliance : "Des patriotes pour l'Europe"

Hier, dimanche 30 juin, il a également donné le coup d'envoi de la nouvelle alliance européenne "Patriotes pour l'Europe" en publiant une déclaration commune avec Herbert Kickl, président fédéral du FPÖ, et Andrej Babiš, président d'ANO en République tchèque. Cette alliance doit constituer la base d'un nouveau groupe politique à créer au sein du Parlement européen et envoie un message clair aux Européens : il ne faut pas "continuer comme avant".

Une solution hongroise - avec de l'expérience

Avant même de prendre ses fonctions, M. Orbán a salué la réorientation - purement verbale - du chancelier allemand Olaf Scholz (SPD), qui envisage de délocaliser les procédures d'asile en dehors de l'UE. La Hongrie a déjà une expérience en la matière et a créé depuis longtemps des "hotspots extérieurs".

Les demandes d'asile sont examinées dans des centres situés en dehors de la Hongrie. Si les migrants veulent venir en Hongrie, ils doivent d'abord s'adresser à une ambassade hongroise, par exemple à Belgrade, la capitale serbe. Orbán :

"Tous les papiers y sont vérifiés. Ce n'est que si les autorités hongroises donnent leur feu vert que les migrants peuvent entrer. Dans le cas contraire, non".

"On fait les comptes à la fin"

Orbán est considéré depuis des années comme un lanceur d'alerte contre la surpopulation étrangère. En 2015 déjà, lorsque des millions d'Orientaux et d'Africains avaient afflué en Europe, il avait réussi à isoler la Hongrie. Orbán a déclaré au groupe de médias Funke qu'il avait eu raison de mettre en garde à l'époque. Il ne fait pas preuve d'entêtement :

"Attendons de voir à quoi ressemblera la société allemande ou française dans dix, quinze ou vingt ans. Si cela s'avère positif, les Hongrois pourront également y réfléchir".

Un regard sur les statistiques de la criminalité, les dépenses sociales et le niveau en baisse constante des politiques d'éducation et de santé des pays occidentaux de l'UE devrait toutefois atténuer la crainte d'une réorientation politique de la Hongrie.

 

jeudi, 02 mai 2024

Sahra Wagenknecht découvre le thème des étrangers: "Ne pas minimiser la criminalité des étrangers"

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Sahra Wagenknecht découvre le thème des étrangers: "Ne pas minimiser la criminalité des étrangers"

Source: https://zuerst.de/2024/04/30/sahra-wagenknecht-entdeckt-das-auslaenderthema-auslaenderkriminalitaet-nicht-herunterspielen/

Berlin. Sahra Wagenknecht, longtemps leader du Parti de gauche, est une populiste talentueuse. Elle sait quels sont les thèmes qui font mouche - et c'est pourquoi elle prend désormais la parole sur la politique des étrangers.

Elle a fait savoir à l'agence de presse allemande dpa qu'il était nécessaire d'organiser un sommet des ministres de l'Intérieur à la Chancellerie, qui aborderait également le problème de l'immigration incontrôlée. Ce serait une étape qui irait au-delà de la conférence des ministres de l'Intérieur (IMK) déjà existante. Puis elle devient encore plus claire et aborde le sujet tabou de la criminalité étrangère: "Si les statistiques criminelles montrent que les crimes sont commis de manière disproportionnée par des personnes issues de certains milieux de l'immigration, un ministre de l'Intérieur ne doit pas rendre ce problème tabou et le minimiser".

Il est en outre important, selon elle, de mieux équiper la police et d'accorder aux fonctionnaires un plus grand respect social. Jusqu'à présent, il s'agissait de revendications classiques "des droites".

Cette prise de parole s'explique par le fait que le thème de l'immigration devrait être d'une importance capitale tant pour les élections européennes que pour les élections dans trois Länder d'Allemagne centrale en septembre. Wagenknecht voit une opportunité de braconner dans le réservoir d'électeurs de l'AfD, notamment dans les nouveaux Länder. Elle a ainsi annoncé il y a quelque temps déjà qu'elle se proposait comme "alternative sérieuse" pour les partisans et électeurs de l'AfD (rk).

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vendredi, 19 avril 2024

La Slovaquie refuse d'appliquer le nouveau système d'immigration de l'UE

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La Slovaquie refuse d'appliquer le nouveau système d'immigration de l'UE

Source: https://noi.md/md/in-lume/slovacia-refuza-sa-implementeze-noul-sistem-pentru-migratie-al-uniunii-europene

Le premier ministre slovaque, Robert Fico, a déclaré qu'il refusait de mettre en œuvre le nouveau système d'immigration de l'Union européenne dans son pays, selon Reuters. "Nous disons sans équivoque que vous ne pouvez pas ordonner à un pays d'accepter - dans le cas de la Slovaquie - jusqu'à 300 migrants dont vous ne savez rien, ou de payer 20.000 euros pour chacun d'entre eux", a déclaré M. Fico lors d'une conférence de presse après une visite au ministère des affaires étrangères à Bratislava. "Ce n'est pas de la solidarité, c'est de la dictature", a-t-il insisté, selon Agerpres.

Le nouveau pacte sur l'immigration approuvé la semaine dernière par le Parlement européen vise à accélérer les procédures de sécurité et d'asile et à augmenter le nombre de retours afin de réduire l'immigration en provenance du Moyen-Orient et de l'Afrique.

Après huit ans de querelles entre les membres de l'UE, le système établit un équilibre délicat entre les droits et les obligations des pays où arrivent le plus de migrants, comme l'Italie, et les destinations finales privilégiées, plus riches, comme l'Allemagne. Les pays qui ne souhaitent pas accueillir de migrants peuvent opter pour des paiements. L'Union européenne présente le pacte comme une grande réussite à l'approche des élections législatives européennes de juin.

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M. Fico a déclaré que son parti, le Smer-SSD, et la coalition gouvernementale voteraient contre la législation au parlement slovaque. Celle-ci doit être approuvée par les États membres de l'UE avant d'entrer en vigueur dans l'ensemble de l'Union, après quoi un délai de deux ans est prévu pour sa mise en œuvre. Le paquet devrait obtenir la majorité nécessaire lors d'un vote des pays européens, qui pourrait avoir lieu en mai, selon un fonctionnaire, mais la date définitive n'a pas encore été fixée. La position de Robert Fico a été annoncée alors que la Pologne avait déjà rejeté les règles en matière d'immigration. La réalité, que les défenseurs des valeurs élevées ne veulent pas voir.

Reuters note que la Hongrie s'y oppose également, comme l'a annoncé la semaine dernière un porte-parole du gouvernement de Budapest, qui a qualifié le système d'"irréalisable". "Il est voué à l'échec", a déclaré Zoltan Kovacs à la presse. Les votes de la Pologne, de la Slovaquie et de la Hongrie ne suffisent toutefois pas à rejeter le pacte.

Les pays de l'UE qui enfreignent la législation communautaire peuvent être poursuivis par la Commission européenne et éventuellement condamnés à une amende par la Cour européenne de justice, devant laquelle les trois pays ont déjà perdu des affaires de migration. L'Union européenne, qui compte 450 millions d'habitants, tente de freiner l'immigration clandestine depuis 2015, lorsque plus d'un million de migrants, pour la plupart des réfugiés syriens, ont traversé la mer Méditerranée.

Cette année, moins de 48.000 migrants sont entrés dans l'UE, selon les données de l'ONU. M. Fico, qui est arrivé au pouvoir pour la quatrième fois, s'est prononcé contre plusieurs politiques de l'UE, notamment la guerre en Ukraine, et est favorable à des relations plus étroites avec la Chine. Dans le même temps, ses réformes judiciaires ont suscité des inquiétudes quant à la démocratie en Slovaquie, ce qui pourrait avoir une incidence sur le financement de l'UE pour ce pays.

mercredi, 28 février 2024

Les migrations, une question qui divise les régionalistes européens ?

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Les migrations, une question qui divise les régionalistes européens ?

Peter Logghe

Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 187, février 2024

L'exemple de la Corse

La situation des nationalistes corses peut s'avérer intéressante pour attirer notre attention sur le contexte de cet article. Le 2 mars 2022, Franck Elong Abé, un djihadiste de 36 ans, originaire du Cameroun africain et ancien détenu des Américains à Bagram et en Afghanistan, a été nommé responsable de l'entretien de la salle de sport de la prison de la ville française d'Arles. Yvan Colonna, auteur présumé de l'assassinat du préfet français de Corse, M. Erignac, et nationaliste corse connu, est également détenu et fréquente la salle de sport de la prison. Rapidement, les deux se battent. Le nationaliste corse Yvan Colonna mourra de ses blessures à l'hôpital de Marseille le 21 mars 2022 (source : Conflits, Revue de Géopolitique, Jan-Feb 2024, no 49).

Le mouvement nationaliste corse officiel accuse le gouvernement français d'échec politique, échec qui a causé la mort de Colonna. L'islamisme djihadiste du tueur n'est pas mentionné. Une partie de la jeunesse nationaliste n'accepte plus ce silence. Olivier Battini, étoile montante de la jeunesse nationaliste, déclare: "On a essayé de nous faire taire sur les origines islamiques du tueur de Colonna, en désignant uniquement l'État français comme responsable. J'ai résisté et j'en ai tiré les conséquences en démissionnant de Femu a Corsica (parti autonomiste)". Battini a fondé le mouvement Palatinu dans la foulée. Il sait de quoi il parle, puisqu'il a lui-même été interné un temps pour une prétendue tentative d'assassinat d'un fonctionnaire français en Corse. Le Palatinu, quant à lui, a fait parler de lui pour des manifestations et des émeutes en 2023 dans des quartiers gangrenés par le trafic de drogue. Là encore, le Palatinu dénonce l'immigration comme cause possible de la désintégration sociale due à la violence et au trafic de drogue.

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Les régionalistes sont apparus pendant la période de décolonisation

La Corse est un bon exemple, car la génération nationaliste la plus âgée pense encore pleinement dans le cadre idéologique de l'émergence du nationalisme corse d'après-guerre. Les minorités ethniques européennes opprimées ont aligné leur lutte sur les soulèvements des autres continents contre le colonialisme européen, parce qu'il s'agissait d'une oppression similaire, disaient-ils. Peu à peu, cet angle d'attaque s'est estompé, notamment lorsque certains dirigeants nationalistes corses ont demandé à l'Italie d'accueillir les clandestins sauvés en mer. Dès cette époque, de jeunes nationalistes s'agitent et ne manquent pas d'en faire part à leurs dirigeants politiques.

Gilles_Simeoni_(cropped).jpgQuoi qu'il en soit, le régionalisme politique a fait du chemin. Dans le sillage de la décolonisation du tiers-monde, qui a pris son essor dans les années 1960, ces jeunes régionalistes ont glissé leur propre problématique, en douceur, dans l'idéologie de la décolonisation. Ainsi, le fils d'Edmond Simeoni, fondateur de l'ARC, Gilles Simeoni (photo), est un avocat actif à la Ligue des droits de l'homme. Les exemples sont légion.

Ces régionalistes, qui ont placé le signe de l'égalité entre la lutte pour l'indépendance algérienne et la lutte pour l'indépendance bretonne, ont été accueillis à bras ouverts par la gauche. Jusqu'au début des années 2000, cette stratégie a même semblé fonctionner dans une certaine mesure, et divers peuples d'États multinationaux comme la Grande-Bretagne, l'Espagne et la France se sont vu attribuer des compétences régionales (en matière d'éducation, de culture, de politique linguistique, etc.) Avec la création de la CECA, puis de l'UE, ils ont trouvé leur place idéologique auprès des Verts et de l'Alliance libre européenne.

Cependant, cette même UE, dont les régionalistes de gauche espéraient qu'elle remplacerait les États-nations, s'est avérée être aussi un bouchon sur la bouteille comme l'étaient et le sont les États-nations eux-mêmes. Le dernier pas des régionalistes et des autonomistes, le pas vers l'indépendance de leur région, l'Union européenne n'a pas voulu le faire (comme l'a montré la question catalane). La question de l'élargissement à l'Est (Ukraine, Géorgie, Balkans) semble bien plus importante que l'accueil de nouveaux Etats membres comme la Catalogne, l'Ecosse, la Flandre... à la table des négociations.

En outre, le mouvement de décolonisation, précédé en cela par les universités anglo-saxonnes, s'est déplacé de plus en plus vers la gauche sur le plan idéologique. A Strasbourg et à Rennes, le discours racial et le débat sur la couleur de peau ont progressivement pris le pas sur la question de la protection du breton et de l'alsacien. Le cadre de la décolonisation a pris le pas sur le culturel-linguistique.

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Le nationalisme écossais se tire une balle dans le pied, paralysant les efforts d'indépendance

Beaucoup de régionalistes européens accrochent leur charrette à un agenda socialement progressiste, avec des notions d'"intersectionnalité des luttes". À Édimbourg, le Premier ministre écossais, Humza Yousef, a célébré sa nomination au poste de Premier ministre sur Twitter par une prière islamique dans son bureau, en compagnie de sa famille. Il a fait du projet de loi sur la réforme de la reconnaissance du genre et de la reconnaissance des personnes transgenres son cheval de bataille, mais - comme tout le monde le pressentait - il a en même temps provoqué une scission au sein de son propre parti, le Scottish National Party, avec ce projet de loi. Ash Regan, ministre des collectivités, a démissionné et une pétition de protestation contre cette "révolution du genre", lancée par Kate Forbes et d'autres, a depuis été signée par des milliers de membres du parti. Plusieurs organisations féminines écossaises ont déjà fait part de leurs inquiétudes quant à l'étendue de la reconnaissance des personnes transgenres et craignent que cette reconnaissance ne se fasse au détriment des femmes écossaises. Le détournement du débat public en Écosse vers des questions sociétales ultra-minoritaires a entraîné une diminution du soutien à l'indépendance de l'Écosse. Un second référendum sur l'indépendance semble plus éloigné que jamais.

Des élections sont prévues en Écosse en 2025 et les observateurs estiment que le parti travailliste écossais pourrait revenir au pouvoir. Le parti travailliste écossais a déjà reçu des félicitations encourageantes de la part du parti parent du Royaume-Uni.

Il est temps que les régionalistes, comme en Corse, osent dire adieu à des idées qui ne font qu'alourdir, miner et démentir leur cause régionaliste. Et qu'ils osent affronter la réalité de 2024.

Peter Logghe

Conflits, Revue de Géopolitique, janv-fév 2024, n° 49, p. 21 et s.

contact@revueconflits.com

Adresse :  32, rue du Faubourg Poissonnière, F-75010 Paris

mardi, 20 février 2024

L'ex-patron de Frontex : la Commission européenne nous livre délibérément à l'immigration de masse

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L'ex-patron de Frontex: "La Commission européenne nous livre délibérément à l'immigration de masse"

Source: https://www.unzensuriert.at/238198-ex-frontex-chef-eu-kom...

Deux ans après son éviction de la tête de l'Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes (Frontex), le fonctionnaire Fabrice Leggeri se présente aux élections européennes sous les couleurs du Rassemblement national français (anciennement Front national). Il explique son éviction par le fait qu'il voulait contrôler l'immigration, mais que la Commission européenne fait exactement le contraire.

Objectif : lutter contre l'immigration clandestine de masse

Leggeri, qui sera le troisième candidat sur le liste du Rassemblement national aux élections européennes de juin, a annoncé dans une interview au Journal de Dimanche publiée hier samedi :

    "Nous sommes déterminés à lutter contre la submersion migratoire, que la Commission européenne et les eurocrates ne considèrent pas comme un problème, mais comme un projet".

Il a ajouté que le Rassemblement national avait un plan concret et la capacité de le mettre en œuvre.

Un changement de paradigme à partir de 2019

L'ancien chef de Frontex rapporte qu'à partir de l'entrée en fonction de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et de la commissaire aux affaires intérieures Ylva Johannson, la politique d'immigration a connu un bouleversement. Alors que la mission de Frontex depuis 2015 consistait à protéger la France et l'Europe de la poussée migratoire, la nouvelle direction de la Commission a recommandé à partir de 2019, selon M. Leggeri :

    "Ramenez les migrants et accueillez-les. Que cela vous plaise ou non, nous sommes un continent vieillissant et vous devez donc les laisser entrer".

Contraint de démissionner

Mais comme ce fonctionnaire de 55 ans voulait contrôler l'immigration, il a subi des pressions et s'est senti abandonné. Le gouvernement français l'a poussé à démissionner et la République fédérale d'Allemagne n'était pas non plus encline à le soutenir, rapporte le Français. La Commission européenne était clairement hostile à son égard et voulait qu'il parte.

Son objectif est désormais de "lutter contre cette Commission européenne qui encourage et tolère cette déferlante migratoire". Ce serait la raison pour laquelle il s'est lancé dans la politique.

vendredi, 27 octobre 2023

Un baril de poudre: la Libye, l'"Occident" et le flot de demandeurs d'asile

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Un baril de poudre: la Libye, l'"Occident" et le flot de demandeurs d'asile

Par Alexander Markovics

L'avertissement de Kadhafi à l'Europe

"Maintenant, écoutez-moi, peuple de l'OTAN ! Vous êtes en train de bombarder le mur qui a stoppé l'immigration africaine vers l'Europe, y compris les terroristes d'Al-Qaïda, ce mur était la Libye. Vous êtes en train de le détruire. Vous êtes des idiots et vous brûlerez en enfer pour les milliers d'immigrants venus d'Afrique et pour votre soutien à Al-Qaïda". (Muammar al-Gadaffi, président libyen 1969 - 2011)

Marée de l'asile : 700.000 personnes veulent passer de la Libye à l'UE

Ces paroles du leader de la révolution libyenne, Kadhafi, se sont avérées exactes. Depuis l'intervention militaire occidentale de 2011, la Libye est en proie au chaos. Des groupes armés se font la guerre et se partagent le pays, et l'EI s'est même implanté dans certaines régions. Une nouvelle guerre civile de 2014 à 2020 a finalement abouti à la division du pays: alors qu'à l'ouest du pays, centré sur Tripoli, les forces proches des Frères musulmans donnent le ton et sont soutenues par la Turquie, le général Khalifa Haftar, d'orientation nationaliste et laïque, qui bénéficie notamment du soutien de la Russie, règne sur l'est du pays. La tentative d'instaurer un gouvernement d'unité nationale a jusqu'à présent échoué en raison de la rivalité entre les deux camps. La Libye semble se désintégrer de plus en plus dans les zones tribales d'avant le règne de Kadhafi. Il manque encore un homme qui, comme Mouammar Kadhafi, pourrait unifier les tribus.

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Seul le second fils de ce dernier, Saïf-al-Islam, est considéré par les observateurs comme un candidat potentiel pour cette tâche - mais il doit craindre pour sa vie, car l'Occident s'en prendra à lui. Tout cela se passe dans un pays cinq fois plus grand que l'Allemagne, avec six frontières extérieures et une population d'à peine sept millions d'habitants. Environ 700.000 d'entre eux sont, en juillet 2023, des étrangers, dont une grande partie ne veulent utiliser la Libye que pour transiter vers l'Europe.

Le chaos en Libye : violence, trafic d'êtres humains, pauvreté

Aujourd'hui, le quotidien libyen est marqué par la violence, la traite des êtres humains, la pauvreté et la défaillance de l'État. Les fonctionnaires, par exemple, ne reçoivent pas leur salaire pendant des mois, les factures d'électricité et de gaz ne sont pas payées par de nombreux Libyens parce que personne ne les paie, et l'infrastructure se détériore. Le dernier exemple en date du déclin du pays est l'effondrement du barrage de Derna, qui a fait jusqu'à 20.000 morts. Mais en même temps, cet État d'Afrique du Nord est aussi une porte sur la Méditerranée et donc sur l'Europe. Par nécessité, de nombreux anciens employés de l'État ont profité de cette occasion pour se lancer dans le commerce de la traite des êtres humains, beaucoup plus lucratif pour eux.

C'est précisément ce chaos qui a rendu possible la crise des réfugiés de 2015, car l'île de Lampedusa se trouve non loin des côtes libyennes et constitue ainsi la voie d'accès à l'UE pour les masses africaines en détresse. Alors que sous Kadhafi, la Libye coopérait avec le gouvernement italien pour empêcher l'immigration vers l'Europe, toutes les digues ont cédé et le flot des demandeurs d'asile s'est déversé sur l'Europe depuis.

La route de la Méditerranée centrale: porte d'entrée en Europe, terrain de jeu des passeurs et des ONG allemandes

La route de la Méditerranée centrale est un facteur important dans ce contexte. Elle est considérée par les passeurs et les candidats à l'émigration comme la voie la plus sûre vers l'Europe - entre janvier et mi-juin 2023, "seulement" 662 personnes y ont trouvé la mort, et 368 autres sont portées disparues. Une traversée de la ville portuaire de Tobrouk vers les côtes italiennes coûte entre 460 et 1840 euros, selon que l'on souhaite utiliser un canot pneumatique surpeuplé ou un navire marchand pour la traversée, comme l'a révélé la Deutsche Welle dans un reportage de juillet 2023. Par le biais de médias sociaux tels que Tiktok, ils diffusent des vidéos de conditions prétendument paradisiaques en Europe, incitant ainsi des personnes de toute l'Afrique et du Moyen-Orient à émigrer. Associés à l'absence de pouvoir central étatique et aux passeurs de l'association allemande "Seenothilfe" déguisés en ONG, ils agissent comme des outils d'immigration massive vers l'Europe. Mais comment arrêter cette ruée vers l'Europe ?

En utilisant l'héritage de Silvio Berlusconi pour sortir de la crise migratoire ? L'approche de Giorgia Meloni

La Première ministre italienne Giorgia Meloni poursuit une solution possible au problème: début septembre, elle a reçu à Rome le gouvernement de l'ouest de la Libye reconnu par l'UE. Elle renoue ainsi avec l'héritage du "Cavaliere" Silvio Berlusconi qui, dans la tradition de la "Mare Nostrums" romaine, voulait à son tour lier étroitement à l'Italie les pays d'Afrique du Nord riverains de la Méditerranée, et en particulier l'ancienne colonie libyenne. Berlusconi a ainsi pu non seulement obtenir des sources d'énergie bon marché pour l'Italie, mais aussi réduire drastiquement l'immigration vers l'Europe. Meloni a une idée similaire en tête, même s'il faut malheureusement mentionner que cette atlantiste acharnée ne s'oppose qu'à l'immigration illégale, mais veut en revanche permettre davantage de routes migratoires légales vers l'Italie, y compris via l'Afrique du Nord. Elle veut que la Libye renforce les patrouilles le long de ses côtes, en échange de quoi elle a offert plus de bateaux et des formations pour leurs équipages. De même, face au conflit entre l'Occident et la Russie, elle cherche à obtenir de l'énergie supplémentaire d'Afrique du Nord et à faire de l'Italie la plaque tournante énergétique de l'Europe en matière de pétrole et de gaz. Bien sûr, elle n'a à sa disposition que la moitié occidentale de la Libye, qui souffre d'une instabilité chronique. Sans une autorité centrale en Libye, cette tâche est vouée à l'échec.

lundi, 16 octobre 2023

Politique d'immigration du gouvernement de droite suédois: rien de concret à part de la rhétorique

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Politique d'immigration du gouvernement de droite suédois: rien de concret à part de la rhétorique

Source: https://zuerst.de/2023/10/16/zuwanderungspolitik-der-schwedischen-rechtsregierung-ausser-ankuendigungsrhetorik-nichts-konkretes/

Stockholm . Près d'un an après l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement conservateur de centre-droit dirigé par le Premier ministre Ulf Kristersson, le nouveau gouvernement a certes inscrit le problème de l'immigration, qui prend des proportions démesurées dans le pays, sur la liste de ses priorités - mais n'a jusqu'à présent pas fourni grand-chose de constructif.

La ministre suédoise de l'Immigration, Maria Malmer Stenergard, également membre du Parti du rassemblement modéré au pouvoir, s'est montrée plus explicite dans une interview. On y cherche toutefois en vain des accents suédois spécifiques. La ministre se montre au contraire "très confiante" dans le fait que le "pacte sur l'immigration et l'asile" de l'UE pourra être adopté avant la fin de la législature actuelle, à la mi-2024. "Le pacte sur l'asile et la migration est extrêmement important, mais le travail sur la dimension extérieure l'est tout autant", a laissé entendre la ministre en évoquant d'éventuels accords avec des pays tiers.

Là encore, la ministre de Stockholm ne fait pas preuve d'innovation. Elle reprend plutôt les critiques souvent entendues à Bruxelles à l'encontre de pays comme la Libye et la Tunisie, accusés de violer les droits de l'homme en traitant avec des clandestins. Elle est "consciente de la situation extrêmement préoccupante dans plusieurs de ces pays", a déclaré la ministre. "Mais je reste convaincue que nous devons travailler avec les pays voisins pour lutter contre ces réseaux de passeurs", a-t-elle fait valoir.

Pour ce faire, elle appelle à une "approche globale de l'UE" - dont l'expérience montre qu'elle a déjà été peu efficace par le passé. Il faudra sans doute attendre encore longtemps avant de voir des mesures radicales contre la criminalité des gangs et des clans qui prend de l'ampleur dans le pays. Le chef du gouvernement Kristersson avait pourtant récemment annoncé son intention de faire appel à l'armée à l'avenir. (mü)

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samedi, 16 septembre 2023

Forte augmentation de l'immigration légale de main-d'œuvre en Hongrie

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Forte augmentation de l'immigration légale de main-d'œuvre en Hongrie

Nick Krekelbergh

Source: Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°182, septembre 2023

Une politique stricte en matière de réfugiés ...

Pendant près d'une décennie, la Hongrie a été considérée par de nombreux identitaires et nationalistes d'Europe occidentale comme le pays guide prééminent en Europe, qui prouverait que des politiques de droite, conservatrices et critiques à l'égard de l'immigration sont effectivement possibles. Pour eux, le gouvernement de Viktor Orbán est synonyme de souveraineté nationale, de valeurs conservatrices (chrétiennes) et, surtout, d'une approche ferme et proactive de l'immigration clandestine. Lorsque la grande crise des réfugiés a éclaté en 2015, la politique hongroise était plutôt considérée comme l'antithèse du "Wir schaffen das" d'Angela Merkel. En tant que pays frontalier de l'Union européenne et de l'espace Schengen, la Hongrie a donc été confrontée à un afflux très important de migrants illégaux qui voulaient transiter vers l'Allemagne par la route des Balkans. En réponse, une clôture de 175 km de long et de 4 m de haut a été construite à la frontière avec la Serbie.

Un peu plus tard, ce fut le tour de la Croatie, pays de l'UE mais situé en dehors de l'espace Schengen. Une nouvelle loi sur l'asile prévoit également un raccourcissement de la période d'examen de chaque demande d'asile. Si les demandeurs d'asile originaires de pays tels que la Syrie, l'Irak ou l'Afghanistan avaient traversé des pays considérés comme sûrs, les Hongrois pouvaient également rejeter ces demandes. Par la suite, le parlement hongrois s'est également opposé au plan européen de dispersion, en vertu duquel des centaines de milliers de réfugiés seraient dispersés dans les États membres en fonction de certains quotas de redistribution. Au cours des années suivantes, le gouvernement hongrois a continué à lutter bec et ongles contre l'accueil de demandeurs d'asile en provenance d'autres pays de l'UE. Des refoulements cordiaux ont également été mis en place à la frontière.

Cette politique migratoire stricte a été largement applaudie par les conservateurs européens et américains, parmi lesquels Viktor Orbán a même atteint le statut de personne-culte et qui n'étaient que trop heureux de fermer les yeux sur le fait que leur "héros anticommuniste" des années 1980 (Orbán a commencé sa carrière en tant que "militant de la démocratie" à la fin de la guerre froide) faisait entre-temps de bonnes affaires économiques avec leurs deux ennemis héréditaires traditionnels, la Chine et la Russie. Les autres pays d'Europe centrale, les pays dits de Visegrád, ont soutenu l'exemple hongrois, l'initiative le long de la frontière hongroise et ont fait front commun contre les quotas de redistribution européens. Mais cette politique a également gagné beaucoup de crédit auprès du peuple hongrois lui-même. Malgré l'union de la quasi-totalité de l'opposition sur une même liste, le parti Fidesz a obtenu une "super majorité" au parlement lors des élections de 2022, ce qui lui permet de faire passer n'importe quelle loi sans avoir à chercher des partenaires dans d'autres partis.

... mais : "C'est l'économie, idiot !"

La création par le parlement hongrois, le 13 juin dernier, d'un nouveau statut juridique pour les "travailleurs invités" originaires de pays extérieurs à l'Union européenne aurait donc été un coup de tonnerre pour beaucoup, si ce n'est que nos médias n'en ont guère fait état. Au total, 135 députés ont voté pour, 47 contre et 10 se sont abstenus. Les nouvelles règles permettent aux travailleurs originaires de pays extérieurs à l'Union européenne de séjourner en Hongrie pendant plus de 90 jours, à condition qu'ils puissent présenter des documents de voyage en bonne et due forme, qu'ils disposent d'un endroit où loger, qu'ils gagnent leur vie et qu'ils satisfassent aux exigences de sécurité. Les travailleurs invités sont autorisés à rester dans le pays pour une durée maximale de deux ans, avec la possibilité d'une prolongation d'un an, et ils peuvent soumettre à nouveau leur demande de séjour dans le pays à la fin de la période de trois ans.

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Ferenc Almássy (photo), rédacteur en chef du blog d'information conservateur franco-hongrois Visegrád Post, interprète cette évolution dans son article d'opinion intitulé "La chute de l'immigration légale". Selon lui, l'immigration n'a pas été un problème en Hongrie pendant longtemps. Au contraire, après la chute du communisme, c'est l'émigration structurelle qui a posé problème, entraînant la disparition d'une partie importante de la main-d'œuvre du pays. La crise des réfugiés de 2015 a marqué un tournant symbolique dans la perception populaire, les pays d'Europe centrale ayant remporté la première bataille contre l'Union européenne, malgré les mécanismes d'extorsion financière employés par Bruxelles dans le processus. Mais la croissance économique de ces dernières années et la forte pression exercée par les grandes multinationales ainsi que par l'UE mettent en lumière un autre phénomène : la migration légale de main-d'œuvre.

Almássy souligne délicatement que la Pologne, partenaire de Visegrád, a accordé pas moins d'un million de visas à des citoyens non européens d'ici 2021. C'est trois fois plus qu'en France ! En Hongrie, ce chiffre est beaucoup plus faible, mais il a tout de même triplé en 2021 par rapport à l'année de crise de 2015 (de 20.000 à 58.000). L'Europe centrale est-elle donc confrontée à un rattrapage accéléré dans le processus de "repeuplement" ? Selon M. Almássy, il existe une nuance importante pour l'instant : la majorité des travailleurs migrants sont actuellement des Ukrainiens, ce qui répond à certains schémas historiques profondément enracinés. "Il est évident que les Ukrainiens sont en tête de liste des immigrants légaux qui viennent travailler. S'agissant d'une population assez proche culturellement, moralement et ethniquement, notamment en Pologne, les problèmes posés par cette immigration restent limités. De plus, dans toute l'Europe centrale, il existe une tradition de cohabitation avec les autres groupes ethniques de la région. Il n'est donc pas choquant que des communautés ukrainiennes se forment ici et là ou que des quartiers deviennent ukrainiens". Cependant, cela ne change rien au fait que "le nombre de visas délivrés par la Pologne et la Hongrie à des pays tels que le Viêt Nam, l'Inde, le Bangladesh, la Turquie, l'Azerbaïdjan, la Chine, l'Égypte et la Corée du Sud a explosé. On voit également de plus en plus d'Arabes et d'Africains dans les centres-villes des capitales d'Europe centrale". En particulier, les entreprises à la recherche d'une main-d'œuvre bon marché et dépourvue de droits sociaux, telles que les sociétés de taxis et de coursiers, font figure de "pompes aspirantes", selon Ferenc Almássy.

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L'opposition hongroise s'agite. László Toroczkai (photo) était, jusqu'à la mi-2018, membre de la direction du parti nationaliste Jobbik et, pendant trois mandats, maire de la ville frontalière d'Ásotthalom, qui se trouvait dans la ligne de mire des routes migratoires. Lorsque le Jobbik a pris une orientation plus libérale pour conclure un pacte électoral contre le Fidesz avec les partis de gauche, il a fondé le parti Mi Hazánk, particulièrement populaire auprès des jeunes et qui recueille aujourd'hui environ 10% des suffrages. Dans une interview accordée à Breizh-Info, il déclare : "Le parlement hongrois vient d'adopter une nouvelle loi favorisant l'immigration dite légale. Cela montre que le gouvernement Orbán recherche un afflux de main-d'œuvre bon marché, tout comme d'autres gouvernements européens. Nous rejetons fermement cette idée, car elle ne sert que les intérêts des grandes multinationales. Il n'est pas nécessaire d'investir là où les grandes entreprises ne paient pas ou très peu d'impôts grâce aux avantages qu'elles reçoivent des gouvernements, tout en remplaçant la population autochtone de ces pays, tout cela parce que les multinationales ont besoin d'une main-d'œuvre bon marché pour maintenir les salaires à un niveau peu élevé. Des millions de personnes souffrent et des nations disparaissent pour que ces capitalistes puissent gagner des milliards en plus des milliards d'euros ou de dollars qu'ils gagnent déjà".

Nick Krekelbergh

Sources d'information:

Le Parlement approuve une nouvelle catégorie d'emploi pour les travailleurs invités. Dans : About Hungary, 14 juin 2023 - https://abouthungary.hu/news-in-brief/parliament-approves-new-category-of-employment-for-guest-workers

Ferenc Almássy, Le Piège de l'Immigration légale. Dans : Deliberatio, 26 juin 2023 - https://deliberatio.eu/fr/opinions/le-piege-de-limmigration-legale

László Toroczkai : "Orbán fait massivement appel à la main d'œuvre étrangère en Hongrie" [Interview exclusive]. Dans : Breizh-Info, 9 juin 2021 - https://www.breizh-info.com/2023/06/09/221138/laszlo-toroczkai-orban-fait-massivement-appel-a-la-main-doeuvre-etrangere-en-hongrie-interview-exclusive/

mardi, 18 juillet 2023

La révolte des envieux

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La révolte des envieux

Roberto Giacomelli

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-rivolta-degli-invidiosi

Qui vit dans les banlieues ?

La révolte des banlieues françaises est une rébellion contre l'ordre établi, contre la société du bien-être apparent, un acte de force contre le monde que les émeutiers désirent et auquel ils aspirent. Les jeunes Français d'origine africaine qui ont mis le feu à la France ces derniers jours ne sont pas des idéalistes révolutionnaires qui veulent imposer une autre vision de la société. Ils ne sont pas marxistes-léninistes, ils ne sont pas anarchistes, ils n'ont pas d'idéaux politiques à affirmer par le biais d'une violence révolutionnaire, ils n'ont pas d'idées pour lesquelles se battre. Le récit progressiste les présente comme des sous-prolétaires affamés et exploités, victimes du racisme des Français blancs, des citoyens de seconde zone condamnés à une vie de misère par l'injustice de la société.

D'autres analyses hâtives ou volontairement trompeuses les présentent comme des fondamentalistes islamiques, des djihadistes cherchant le martyre pour la foi, des soldats de la petite guerre sainte. L'islam est une religion abrahamique révélée, une doctrine qui envisage la soumission à Dieu, avec des règles, les piliers de l'islam qu'il faut respecter.

Il y a l'observation de la révélation des prophètes, dans la Shari'a, les lois qui régissent la vie des musulmans, c'est "...la dernière religion avec une épée..." selon la définition de Nietzsche.

La corruption de la consommation

Les jeunes hommes qui mettent à mal les villes françaises ne suivent pas les règles strictes de l'islam, ils ne mangent pas halal, ils ne s'habillent pas en djellaba arabe traditionnelle, mais en sweat à capuche et en chaussures de rappeur.

Ils sont français depuis deux générations, ils parlent français et pensent comme des Occidentaux, leur imaginaire collectif est celui du consumérisme bourgeois : luxe, richesse, belle vie sans effort et sans sacrifice.

Pas d'idées politiques ni de passion sociale, ils veulent devenir rappeurs, influenceurs et autres métiers déments de l'époque du nihilisme et de la décadence.

Leur plus grande aspiration n'est pas le martyre pour l'islam, mais de prendre la place des Français blancs dans les quartiers huppés, poussés par l'envie et non par la foi. La folle politique d'immigration les a confinés dans les banlieues dégradées, les isolant de la société dans des banlieues urbaines dégradées, les isolant des riches qui les aiment théoriquement et les détestent en réalité.

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Des promesses trahies

Les progressistes responsables de l'invasion migratoire pour une main-d'œuvre bon marché sont attaqués par ceux qui se sentent trahis. Les promesses d'intégration et de partage n'ont pas été tenues malgré des investissements économiques importants, les nouveaux Français ne savent pas quoi faire des formations qu'on leur prodigue, ils veulent la place et la protection sociale de ceux qui les ont trompés. Les voyous déchaînés des banlieues n'ont pas incendié les cathédrales symboliques du catholicisme au nom de l'islam, mais ont pillé des magasins de luxe.

Ils manifestent un désir de vengeance, d'affirmation des besoins fondamentaux, de conquête de territoires.

L'expansion islamique qui a débuté au 7ème siècle était portée par une vision forte, la conversion des infidèles, la création d'un monde qui répondrait à la volonté de puissance des disciples de Mahomet.

Les nouveaux insurgés n'ont pas affirmé la supériorité de leur religion, ils ont seulement exprimé le désir de remplacer ceux qu'ils considéraient comme des exploiteurs et des ennemis.

Les soldats du capitalisme

La société du profit et de la consommation compulsive a éradiqué les pulsions religieuses et idéologiques pour les remplacer par un irrépressible besoin de possession. Pas de nostalgie des origines et des patries abandonnées, car les nouveaux Français font partie intégrante du capitalisme terminal.

Comme les autres jeunes d'une époque sans âme, ils n'aspirent qu'à la richesse facile, à la fortune sans sacrifice, à la célébrité sans mérite. Privés des archétypes de leur lignée, ils sont esclaves de la basse matérialité comme beaucoup de jeunes contemporains. Petits bourgeois exclus du banquet des riches, ils regardent la vie des plus fortunés avec l'eau à la bouche comme des affamés devant la vitrine d'une pâtisserie.

Leur ressentiment et leur colère sont animés par l'envie qui a toujours animé les faux révolutionnaires, non pas le désir de justice sociale, mais de substitution dans les privilèges.

Les jeunes d'origine africaine veulent les villes des Français et aussi des Italiens, comme on l'a vu à Peschiera del Garda l'été dernier, où les hooligans ont occupé militairement la ville.

Les violences de Cologne et de Milan dénoncent l'attitude prédatrice à l'égard des jeunes filles européennes considérées comme un butin de guerre. Juridiquement français, italiens, belges et allemands, sans l'avoir voulu, ils prennent par la force ce qu'ils considèrent comme leur et ce qui appartenait aux Européens. Des peuples vieux et sans élan vers l'avenir, des ethnies mourantes qui n'engendrent pas d'enfants et n'ont plus rien à transmettre.

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La psychopathologie du rêve nié

Les importés sont au contraire pleins d'énergie vitale, prolifiques et agressifs, pleins de colère parce qu'ils se sentent exclus. Ils souffrent de troubles dissociatifs dus au manque d'intégration entre la sphère de la conscience, puis de la pensée avec leur identité et avec la mémoire de leurs ancêtres. Les symptômes sont une identité confuse, ni arabe ni française, et des difficultés à entrer en relation avec les autres citoyens qu'ils ressentent comme des ennemis.

La pathogénie du trouble est dans le traumatisme du refus de faire partie de la nation qui les a arrachés à leurs origines pour les marginaliser dans des ghettos. L'immigration sauvage est un crime contre les autochtones envahis, mais aussi contre les déracinés volés à leur patrie par le mirage d'un bien-être illusoire.

La réalité est bien différente du rêve : marginalisation, pauvreté, exploitation, travail d'esclave sous-payé.

Les rares qui parviennent à s'intégrer au Système perdent leurs ambitions de dresseurs de barricades et deviennent l'objet de la haine et de la rage de tous les autres, restés à l'extérieur pour observer.

La société nourricière produite par la domination du grand capital ne respecte personne, elle exploite les derniers comme de la chair à canon, n'épargnant même pas ceux qui la soutiennent et la nourrissent, en sacrifiant leur vie au travail et au succès.

Source : centrostudiprimoarticolo.it

mercredi, 05 juillet 2023

Contre les lectures "de droite" et "de gauche" des émeutes en France

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Contre les lectures "de droite" et "de gauche" des émeutes en France

par Andrea Zhok

Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/contro-le-letture-di-destra-e-di-sinistra-delle-rivolte-in-francia

Dans l'analyse des émeutes en France (qui se sont un moment étendues à Lausanne), une interprétation trompeuse des événements continue d'être obstinément répétée. On continue d'opposer deux lectures, traditionnellement associées à la "gauche" et à la "droite".

La première est une lecture économiste qui voit dans la révolte une contestation de sa propre condition de pauvreté et d'exploitation.

La seconde est une lecture ethnico-culturelle qui voit dans la révolte une contestation de la civilisation et de la culture autochtones par une autre culture importée, liée aux immigrés.

Le fait d'utiliser ces deux interprétations comme opposées et alternatives est un exemple de plus qu'aujourd'hui les catégories cultivées unilatéralement par la droite et la gauche sont obsolètes et inutiles. C'est aussi un signe de la pauvreté catégorielle de plus en plus répandue que refuse de sortir des schémas abstraitement simplifiés.

Beaucoup de choses restent cachées et occultées par l'adoption de cette double lecture.

Tout d'abord, cette lecture clivée s'aveugle sur le fait que l'argent, la réussite économique, dans les sociétés telles que celles du capitalisme libéral moderne, représente la première forme de reconnaissance sociale. Quelqu'un est reconnu comme un représentant à part entière et légitime de la société dans la mesure où il dispose d'un certain revenu. Si le fait d'être du côté de l'échec économique, de la pauvreté relative, coïncide plus ou moins avec le fait d'être d'origine non autochtone (immigrée), il est clair que l'on s'identifiera comme un groupe en état d'infériorité stable, comme "autre" sur le plan ethnique ou religieux (même si cette raison est contingente).

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Deuxièmement, cette lecture à double face ne tient pas compte du fait que, dans nos sociétés, l'argent n'est pas essentiellement un moyen de subsistance, mais un moyen (et un symbole) de pouvoir. Dans la configuration des valeurs des démocraties libérales, ce n'est jamais la pauvreté absolue qui pose problème, mais bien la pauvreté relative. Il est significatif que ces révoltes soient généralement encouragées par des immigrés de la deuxième génération. (C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ce stade de dégradation n'est pas encore apparu en Italie : nous avons principalement encore affaire à des immigrés de la première génération). Les immigrés de la première génération sont issus de contextes de valeurs différents qui les amènent à se focaliser sur la pauvreté absolue, paramètre sur lequel le passage d'un pays en voie de développement à un pays industrialisé représente généralement un progrès : il y a moins de chances de mourir de faim dans les banlieues que dans les régions pauvres d'Afrique du Nord. Mais une fois les "valeurs" occidentales assimilées, être clairement du côté des perdants dans la joyeuse compétition libérale est simplement perçu comme une injustice inacceptable.

Troisièmement, cette lecture oublie un autre fait fondamental, apparu depuis longtemps dans les analyses socio-économiques, à savoir que le système de valeurs basé sur le modèle compétitif de l'Homo Oeconomicus, c'est-à-dire sur l'individu guidé de manière univoque par la maximisation de son intérêt personnel, crée systématiquement et nécessairement des "parasites de la règle" (free riders).

En fait, les règles sociales ont deux natures possibles : elles peuvent être des règles guidées par le profit ou des règles guidées par une valeur commune (des règles morales).

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Dans les modèles libéraux-démocratiques, les règles guidées par le profit sont prépondérantes, constituent presque un monopole, et ces règles disent en gros qu'il est utile pour tout le monde de respecter certaines règles (il est utile de payer des impôts parce qu'ainsi il y a des services publics, il est utile de payer le ticket de bus parce qu'ainsi il y a un service de transport public, etc.). Seulement, si la motivation est l'utilité, il se peut que mon utilité soit encore accrue si je peux me soustraire à la règle en privé: si je ne paie pas d'impôts, les services continuent d'exister parce que d'autres paient, et je n'ai que des avantages. Je ne suis donc incité à suivre les règles fondées sur le profit que tant que les préjudices que je peux subir en les violant sont pires que les avantages que j'en retire. Mais cela a une conséquence immédiate: moins j'ai à perdre, plus je serai enclin à violer ces règles. Cela signifie que les violations des règles fondées sur le profit dans une société libérale auront tendance à exploser là où il y a plus de personnes ayant peu ou rien à perdre.

En même temps, les règles basées sur le profit qui caractérisent l'Occident entrent en conflit - en perdant fatalement - avec les règles morales qui dépendent d'une tradition ou d'une base communautaire. Ceci est particulièrement important dans les contextes populaires, et d'autant plus dans les contextes populaires ayant une ascendance culturelle extra-libérale (par exemple islamique, mais valable pour toutes les religions et toutes les cultures communautaires).

Les règles de l'utile peuvent être sereinement violées s'il est utile de le faire. Les règles morales, en revanche, vous définissent en tant que personne, définissent votre statut, et ne peuvent être violées en fonction de l'opportunité. Cela crée une double voie : d'une part, "nos" règles du sous-groupe marginal, inviolables et souvent renforcées par des sanctions drastiques, et d'autre part, les règles du "système", négociables et fondamentalement fictives.

C'est ici que l'arrière-plan extra-occidental (extra-libéral) se superpose à nouveau à la réalité contingente de ces groupes hors caste.

Les immigrés de la deuxième génération vivent généralement dans un contexte de valeurs partagées. D'une part, la tradition dont ils sont issus, communautaire et religieuse, ajoutée au contexte communautaire forcé dans lequel ils vivent dans les quartiers de banlieue, leur fournit une dimension d'appartenance et des règles morales à respecter au sein de leur propre groupe, dans leurs propres quartiers. (Il ne faut pas imaginer des choses particulièrement élaborées, mais toutes ces sous-cultures de banlieue génèrent des codes et des règles de loyauté et de coexistence interne, dont la violation est sanctionnée non pas par les tribunaux, mais par des moyens beaucoup plus brutaux). D'autre part, l'exposition à la culture libérale dominante dans laquelle ils sont immergés crée un espace de règles fictives (les lois de l'État) auxquelles ils ne reconnaissent aucune autorité et que toute personne capable de les violer avec profit est encouragée à le faire.

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C'est dans ce contexte que l'extrémisme islamique que nous avons vu à l'œuvre dans les attentats en France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Espagne, etc. peut également émerger en tant que sous-produit. Dans ce cas, un islam de retour assume le rôle d'une réglementation interne de la communauté, fondée sur l'éthique, par opposition aux règles fictives de l'État. Mais il serait faux de penser que nous sommes confrontés ici à un contraste entre la "religion islamique" et les "valeurs occidentales". Ceux qui alimentent cette lecture en imaginant une réédition de la confrontation "christianisme contre islam" créent à nouveau, peut-être involontairement, une fausse lecture qui amplifie le facteur ethnoculturel pour éliminer le facteur socio-économique.

L'erreur originelle réside dans une idéologie occidentale spécifique, alimentée de manière instrumentale parce qu'elle est économiquement utile: cette idéologie imagine qu'il n'existe pas vraiment de différences culturelles, ethniques, traditionnelles ayant une signification autonome ; elle imagine qu'elles se dissoudront toutes automatiquement dès qu'elles entreront en contact avec la culture universaliste de l'Occident, posée comme "supérieure". Cette idéologie suffisante et présomptueuse a promu, et continue de promouvoir, les mécanismes de migration comme un bien économique (et à court terme, ils le sont) destiné à produire une société harmonieuse enrichie par des vibrations multiculturelles. Cette vision irénique, présomptueuse et hypocrite balaie systématiquement un fait fondamental, à savoir que précisément dans nos sociétés, les mécanismes de la concurrence marchande génèrent structurellement la fragmentation, l'exclusion et l'exploitation, et que l'immigration sert principalement de tampon pour atténuer cette dynamique au profit des autochtones ("Vous voulez avoir une pension ? Nous avons besoin de sang jeune pour travailler sans prétention". "Vous voulez que votre enfant ait les mêmes perspectives que vous ? Nous avons besoin de quelqu'un pour ramasser les tomates et vider les fosses d'aisance sans se faire remarquer").

Bien sûr, il s'agit de solutions fictives et momentanées, qui ne changent rien à la tendance structurelle du système, qui va vers la concentration du pouvoir et de l'argent dans quelques mains et vers la prolétarisation de couches de plus en plus larges de la population.

Mais le capitalisme - et les sociétés démocratiques libérales dont il est la colonne vertébrale - vit à court terme et pour le court terme. Et tout le reste n'est qu'ennui, jusqu'à ce qu'ils brûlent votre voiture.

lundi, 05 juin 2023

Capitalisme néolibéral et politiques progressistes d'ouverture des frontières: un seul front, selon le Prof. em. Mark Elchardus

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Capitalisme néolibéral et politiques progressistes d'ouverture des frontières: un seul front, selon le Prof. em. Mark Elchardus

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Dans l'édition du week-end dernier du journal De Morgen, le professeur Mark Elchardus a publié un article qui fait l'effet d'une bombe. Cette fois-ci, il traitait du troublant pacte migratoire de Marrakech et du rapport encore plus troublant de la Banque mondiale, ou de la fusion du néolibéralisme et des politiques progressistes en matière d'ouverture des frontières. On appréciera la suite: "Le réveil est brutal: la crise bancaire et financière, les récessions, la crise des réfugiés et de l'immigration, la corruption, la guerre, les pénuries d'énergie, l'inflation... Cependant, à chaque coup de poignard et de douleur, un peu de lumière filtre à travers l'aveuglement général.

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Les deux livres du Prof. Elchardus qui font un tabac en Flandre et qui mériterait d'être débattus dans les parties non néerlandophones du pays.

Cela permet de comprendre que si le salut est venu, c'est grâce à un effort commun de l'État et du gouvernement. Même lorsque tout va bien, ceux-ci se révèlent plus importants qu'on ne le pensait. Le libre-échange crée la prospérité, pour autant que vous ne croyiez pas à cette absurdité néolibérale selon laquelle les choses s'arrangent avec beaucoup de marché et peu de gouvernement, et que l'individualité et l'intérêt nationaux sont obsolètes. Ni les Chinois ni les Américains ne tombent dans ce piège. Leurs gouvernements misent beaucoup sur le soutien et l'innovation dans leurs propres entreprises et universités. Par rapport à eux, les Européens se sont ratatinés et sont devenus des acteurs industriels et numériques de troisième ordre.

Réussissons-nous encore la réindustrialisation, la souveraineté numérique ? Comment retrouver la foi dans le progrès ? Comment construire une communauté forte, sûre d'elle et capable de relever les défis ? Les ordres de marche qui semblaient clairs deviennent flous. Il ne suffit apparemment pas de fixer des objectifs climatiques ambitieux. Les progrès sont faibles, le soutien s'érode. La raison impose désormais de s'adapter au climat, d'établir des priorités et d'envisager une pause. Cela conduit à son tour à une escalade verte sous la forme d'une pensée type Pol Pot: la décroissance. Seul un régime dictatorial se lance dans une telle entreprise.

La politique devient à nouveau une confrontation entre rêves d'avenir qui s'affrontent. La contradiction centrale pourrait être la suivante: mon pays est celui où je peux gagner le plus d'argent, alors que je voudrais que tout le monde soit bien loti dans mon pays. La Banque mondiale vient d'annoncer de quel côté elle se situe.

Cette institution publie régulièrement un rapport sur le développement dans le monde, qui prétend montrer la voie à suivre. L'épisode 2023 traite des "Migrants, réfugiés et sociétés". Il préconise "la migration en tant que mouvement transfrontalier de travailleurs vers des pays où leur travail peut être utilisé de manière plus productive que dans leur pays d'origine" (p. 25). Les personnes sont ainsi réduites à la valeur marchande de leur travail et considérées comme globalement échangeables.

Le rapport ne s'arrête jamais sur les conséquences sociales et culturelles pour les communautés d'origine et de destination. Les divisions et les problèmes sont toujours là, le rapport s'attarde. C'est ainsi que les pères fondateurs du néolibéralisme voyaient les choses, un marché mondial, une terre plate, pas de pays ou de civilisations avec une individualité, rien qui donne du relief, juste un réservoir mondial de main-d'œuvre bon marché. "La libre circulation des personnes est l'élément clé du fonctionnement efficace de l'économie mondiale" (p. 25), selon la Banque mondiale. Les néolibéraux et les partisans progressistes de l'ouverture des frontières font front commun.

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Réduire les gens à la valeur marchande de leur travail est une noble cause, selon la Banque mondiale. Quiconque prend en compte les autres particularités des gens est un raciste (p. 197-198). En effet, selon la Banque mondiale, il n'y a aucune raison autre que le racisme pour que l'Europe soit plus clémente dans l'accueil des Ukrainiens que des Somaliens. Si vos voisins sont plus proches de votre cœur que des voisins lointains non reconnus, eh bien, vous êtes un raciste.

Une épine dans le pied de la Banque mondiale est la distinction entre migrants légaux et illégaux. Après tout, ces derniers sont une source de main-d'œuvre bon marché. C'est pourquoi elle ne parle pas de migrants illégaux, mais de "réfugiés climatiques", de "migrants de survie", de "réfugiés de la nécessité" et généralement de "migrants en détresse". Le rapport sait également avec certitude que ceux qui migrent illégalement le font parce qu'ils "n'ont pas d'alternative viable chez eux" (p.12). Toute tentative de contrôle des migrations est donc inhumaine, car elle prive les gens d'une chance de vivre.

Pour la Banque mondiale, la convention sur les réfugiés est obsolète. Elle fait une distinction arbitraire entre les motifs de protection fondés et non fondés (p.252). La Banque mondiale préfère le Pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, connu sous le nom de Pacte de Marrakech (p. 26-27). Celui-ci parle des migrants en situation de vulnérabilité et estime qu'ils méritent toujours une protection. De cette manière, toute forme de migration s'auto-légitime. En effet, en migrant illégalement et en donnant l'argent de sa famille aux trafiquants d'êtres humains, le migrant se met dans une situation difficile, il est en détresse. C'est alors une raison suffisante pour lui accorder l'asile. Ceux qui n'ont pas encore compris à quoi sert le pacte de Marrakech peuvent lire ce rapport de la Banque mondiale et comprendre de quoi il retourne.

Ce pacte ne nous engageait à rien, a-t-on prétendu. Pas plus qu'un rapport de la Banque mondiale ne nous engage à quoi que ce soit. En revanche, il érige en norme la politique migratoire prônée par le pacte de Marrakech et choisie par les partis de l'actuelle coalition Vivaldi (Belgique). Chaque fois que l'occasion se présentera, la Banque mondiale fera la promotion de cette politique en échange d'un soutien. Par exemple, les pays pauvres et à revenus moyens seront poussés à adapter leur éducation non pas à leur propre développement mais aux besoins des pays riches et à promouvoir l'émigration (p. 10, 16). La fuite des personnes les plus instruites comme nouvelle stratégie de développement ? Ce sera alors la version de la Banque mondiale de l'outgrowth".

Il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec le professeur sur tous les points pour voir l'importance de sa contribution !

lundi, 01 mai 2023

Argentine: Sergio Berni, sensibilité progressiste et politique d'immigration

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Argentine: Sergio Berni, sensibilité progressiste et politique d'immigration

Pablo Dávoli

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2023/03/berni-la-susceptibilidad-progresista-y.html?fbclid=IwAR3B_n-DNrBwb08UyFVRn_fNSIcPs7QrfgLUOiZwTEAQlJc4CmFOa1iT28o

Le mercredi 12 septembre 2012, le secrétaire à la Sécurité de la République argentine, Sergio Berni, a souligné, dans des déclarations radiophoniques, la participation d'étrangers à certains crimes commis sur le territoire argentin. ([1]) Comme on pouvait s'y attendre, une vive polémique est née autour de ces expressions, dans le cadre de laquelle les accusations de xénophobie et de racisme n'ont pas été absentes.

Certes, nous vivons une époque d'extrême sensibilité aux différences et aux distinctions qui en découlent. C'est la force de l'hégémonie que l'égalitarisme a réussi à forger sur le plan culturel, dans le contexte de cet Occident post-moderne. La règle égalitaire régit notre coexistence. Parfois, elle le fait dans sa version "uniformisante". D'autres fois, elle le fait sous sa forme "égalisatrice". La première tend à l'homogénéité ou à l'égalisation matérielle. La seconde, en revanche, tend à l'équivalence de ce qui est différent (c'est-à-dire à une égalisation de type formel).

Jusqu'ici, c'est un diagnostic sociologique sommaire que nous nous sommes permis de répéter, avec l'intention délibérée d'expliquer la sensibilité frappante de notre époque aux distinctions, en général. Cependant, la controverse suscitée par les propos de Berni est une bonne occasion d'exposer, même succinctement, les principes et les règles de base qui, à notre avis, devraient régir la politique d'immigration de n'importe quel pays.

Nous considérons que, pour ce faire, notre statut d'Argentin nous donne un avantage considérable, puisque notre peuple, dans une large mesure, a été constitué par des immigrés. En d'autres termes, la nation argentine est un cas d'assimilation réussie d'étrangers. De plus, ce processus s'est déroulé relativement récemment et est donc encore "vivant" dans la mémoire et le cœur de notre peuple.

Dans ces conditions, passons en revue les lignes directrices et les règles élémentaires qui, à notre modeste avis, constituent une politique d'immigration saine et sensée. A savoir :

La population du pays d'accueil doit être inférieure à sa taille optimale.

Cette taille démographique varie en fonction des conditions géographiques de chaque pays, de l'époque qu'il traverse, du degré de développement technologique atteint et de bien d'autres choses encore.

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Immigrants italiens arrivant à Buenos Aires en 1948 ([2])

 La contribution des immigrés italiens a été très profonde et -sans aucun doute- décisive dans la composition ethnique et culturelle du peuple argentin.

On dit souvent - non sans raison - que l'Espagne est la mère patrie de la nation argentine. Sans préjudice de cette affirmation, l'Italie peut être considérée comme une seconde mère patrie du pays sud-américain susmentionné.

La population du pays d'accueil doit être favorable à l'accueil des immigrants.

En principe, il n'est pas légitime d'imposer à une communauté la présence d'étrangers en son sein, c'est-à-dire de l'obliger à ouvrir les portes de sa maison à des étrangers. Il fait partie du droit sacré à l'autodétermination des peuples de décider du type de vie qu'ils veulent développer sur leurs territoires respectifs. Cette prérogative inclut, entre autres, la décision d'admettre ou non des étrangers dans son propre foyer national.

De plus, la réticence de la population d'accueil à l'égard de l'immigration est un obstacle extrêmement difficile à surmonter, non seulement pour l'assimilation des nouveaux arrivants, mais aussi pour la coexistence pacifique entre eux et la population locale. C'est pourquoi nous osons affirmer sans hésitation qu'un processus d'immigration mené contre la volonté de la communauté locale n'est pas seulement un scandale, mais qu'il est également voué à l'échec dès le départ et qu'il sera source de toutes sortes de conflits sociaux et politiques.

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Deux images de Villa General Belgrano, nichée dans les sierras de la province de Córdoba. La population de cette petite ville est majoritairement d'origine allemande ([3]/[4]).

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Des millions d'Argentins ont des ancêtres allemands, germano-russes (c'est-à-dire allemands de la Volga), suisses et autrichiens ([5]). Sur la photo, une fillette Argentine de la ville de Coronel Suárez (province de Buenos Aires) boit du maté ([6]). Comme d'autres villes argentines, Coronel Suárez a une population dont les origines sont principalement germano-russes.

 

Les conditions économiques et sociales du pays d'accueil doivent être bonnes et stables.

La prospérité économique et sociale est l'une des clés fondamentales d'un processus d'intégration des immigrants qui serait pacifique, cordial et fructueux. La population locale doit jouir d'une bonne situation socio-économique, qui lui permette de subvenir à ses besoins de manière adéquate.

Les étrangers doivent pouvoir participer rapidement et facilement au processus de création, de circulation et de distribution des richesses. L'arrivée d'immigrants doit représenter - au moins à moyen et long terme - un facteur de croissance et de développement.

Il doit y avoir une similitude ou une compatibilité culturelle entre le groupe d'accueil et ceux qui aspirent à le rejoindre.

Le monde est immense et l'humanité, Dieu merci, est très diverse. C'est un symptôme de provincialisme culturel grotesque - pratiquement inexcusable à notre époque - que de penser que les différences entre les divers peuples du monde ne sont que superficielles. Sur toute la surface de notre planète, la nature humaine, si complexe, a "fleuri" à profusion, dans une multitude de versions colorées, très différentes les unes des autres.

La personnalité de chaque homme s'est forgée dans la particularité sophistiquée de son environnement communautaire d'origine. C'est pourquoi chacun d'entre nous (qu'il le sache ou non, qu'il le veuille ou non) est porteur d'un patrimoine humain particulier et spécifique. C'est pourquoi, avec l'immigré, entrent dans la communauté d'accueil - d'une manière ou d'une autre:

       - La lignée de l'immigré (avec ses traditions et ses coutumes).

       - L'histoire de cette lignée (avec ses différentes vicissitudes ; avec ses joies, ses peines et ses traumatismes ataviques).

       - Les répercussions émotionnelles de la terre ancestrale et de son paysage dominant.

       - Et un long et complexe etcetera...

Vouloir dépouiller l'immigré de tout ce bagage qui - dans une large mesure - le constitue, implique une violence tout à fait inutile.

Les immigrés doivent vouloir faire partie de la communauté qui les accueille.

Le succès d'une politique d'immigration dépend également du désir des nouveaux arrivants d'appartenir au groupe qui les accueille. Les étrangers doivent s'attacher au pays d'accueil au point de l'adopter comme patrie, pour eux-mêmes et, bien sûr, pour leur progéniture, avec tout ce que cela implique (par exemple, le service des armes en cas de guerre).

Les immigrés doivent enrichir la vie de la communauté d'accueil, sans la dénaturer.

L'intégration réussie des étrangers passe par leur contribution économique, sociale et culturelle. Un apport qui - comme nous l'avons déjà indiqué - enrichit matériellement et spirituellement la communauté d'accueil dans son ensemble (et non un secteur particulier "ghettoïsé"), sans perturber sa matrice socioculturelle. Cette matrice est constituée d'une certaine vision du monde ("Weltanschauung", comme disent les maîtres allemands) et d'un certain "modus vivendi" local.

En d'autres termes, l'"ethos" de la communauté d'accueil et son développement historique doivent subir une sorte de fertilisation et d'élargissement, grâce à l'apport des immigrés, sans pour autant porter atteinte à son authenticité originelle. Au contraire, elle doit la sauvegarder et favoriser sa plus grande fécondité. Il en découle, comme conséquence logique, et entre autres exigences, la nécessité d'exclure les délinquants, les criminels, les voyous, etc.

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Carlos Germán C. Burmeister (à l'origine Karl Hermann K. Burmeister), naturaliste, zoologiste et paléontologue allemand, naturalisé argentin. Il a passé la plus grande partie de sa prolifique carrière dans sa seconde patrie. Il a fondé l'Académie nationale des sciences naturelles à Cordoba. Il a dirigé pendant de nombreuses années le Museo Argentino de Ciencias Naturales à Buenos Aires.

À ses côtés, Carlos Berg (à l'origine Friedrich Wilhelm Karl Berg), scientifique et éducateur letton d'origine allemande, naturalisé argentin. Il a développé et publié plus de 200 travaux de recherche dans son pays d'adoption. Il a été nommé directeur du musée national de Buenos Aires en 1892.

Ce ne sont là que deux bons exemples des nombreux et prestigieux immigrants qui ont apporté une contribution extraordinaire à la vie culturelle de la nation argentine.

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Deux images de la ville de San Carlos de Bariloche (province de Río Negro). Ses premiers habitants étaient des Allemands et des Suisses ([7]/[8]).

 

Il s'agit là d'un bref aperçu des principes et règles de base qui - à notre modeste avis - permettent d'articuler une bonne politique d'immigration. Bien entendu, il ne s'agit pas d'une liste exhaustive d'exigences, car un tel détail aurait largement dépassé les limites du présent document. Il existe en effet des lignes directrices relatives aux questions de santé, de densité de population (c'est-à-dire de répartition territoriale des arrivants dans le pays, etc.). Néanmoins, nous sommes profondément convaincus que, malgré leur insuffisance, les exigences détaillées ci-dessus sont indispensables.

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Qui est Pablo Javier Davoli ?

Pablo Javier DAVOLI est né à Rosario (Province de Santa Fe, Argentine) en 1975. Il a obtenu son diplôme d'avocat à la faculté de droit et de sciences sociales de Rosario (Pontificia Universidad Católica Argentina) en 2000. Il est titulaire d'un master en intelligence stratégique nationale de l'université nationale de La Plata et a passé le doctorat en droit à la faculté susmentionnée (thèse en préparation).

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Il a enseigné les sciences politiques, la formation de la pensée politico-juridique, le droit politique, le droit constitutionnel, les institutions de droit public et les relations syndicales, entre autres, à la faculté susmentionnée et dans d'autres universités. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages ("Los Grandes Paradigmas Históricos y el Estudio de los Fenómenos Sociales", "Meditaciones Sociológicas. Confessions of a Concerned Argentinean", etc.) et de nombreux articles sur divers sujets de philosophie politique, de géopolitique, de politique internationale, de droit politique et de droit constitutionnel. Il a également donné de nombreuses conférences sur ces sujets à la Faculté de droit et de sciences sociales de Rosario (P.U.C.A.), à la Faculté de sciences économiques de Rosario (P.U.C.A.), au Barreau de Rosario, au Cercle des législateurs nationaux, etc. En août 2011, il a participé à la rencontre de S.A. BENEDICT XVI avec les jeunes professeurs d'université, à El Escorial (Espagne).

Site web :

www.pablodavoli.com.ar.

E-mail :

pablodavoli75@gmail.com.

YouTube :

Dialogues sur l'Eve :

https://www.youtube.com/@dialogosenlavispera440/videos.

La boussole :

https://www.youtube.com/@labrujula5152/videos.

Notes:

[1] L'enregistrement correspondant est disponible à l'adresse suivante : http://www.lanacion.com.ar/1507664-el-gobiernodesplego-en-la-ciudad-muchisima-gente-de-civil-dicen-que-es-para-combatir-el-delito ("página-web" certifiée le 22/09/12).

[2] PHOTO : Description : Photo de mes grands-parents arrivant au port de Buenos Aires. Ils ont émigré d'Italie en 1948. Photo de ma propriété. Date : 1er août 2012. Source : Travail personnel. Auteur : Nietodempasquinelli. Récupéré de : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Emigrantiitalianiabuenosaires.jpg (site web vérifié le 10 octobre 2012). Avec l'autorisation de publier.

[3] PREMIÈRE PHOTO : Description : Vue panoramique du centre de la Villa General Belgrano, de la salle des événements et de l'avenue Roca. Date : 23 septembre 2011. Source : "Own work". Auteur : Leonardo frankenberg. Récupéré de : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vista_panoramica_del_centro_de_villa_general_belgrano.jpg (site web vérifié le 12 octobre 2012). Avec l'autorisation de l'auteur.

[4] DEUXIÈME PHOTO : Description : Municipalité de Villa General Belgrano, Cordoue. Date : 8 septembre. Source : " travail personnel ". Auteur : Aleposta. Extrait de : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Municipalidaddevillageneralbelgrano.JPG (site web créé le 12 octobre 2012). Avec l'autorisation de l'auteur.

[5] En Argentine aujourd'hui, près d'un million d'Argentins sont des descendants d'Allemands de la Volga, entièrement. Ce chiffre n'inclut pas les milliers d'Argentins qui ne descendent que partiellement de ce contingent d'immigrants. Il n'inclut pas non plus, bien sûr, les descendants des Allemands eux-mêmes.

[6] Le maté est une boisson typiquement argentine. Il est également très populaire en Uruguay et au Paraguay. Les origines de cette boisson remontent aux missions des pères jésuites auprès des Indiens Guarani.

[7] PREMIÈRE PHOTO : Description : Mairie de la station de ski de Bariloche, dans les Andes argentines. Date : 25 septembre 2004, 08:21:31. Source : Flickr : Bariloche. Auteur : Phil Whitehouse. Extrait de : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bariloche_Centro_Civico.jpg (site web vérifié le 12 octobre 2012). Avec l'autorisation de l'auteur.

[8] DEUXIÈME PHOTO : Description : Cathédrale de San Carlos de Bariloche, à Río Negro, Argentine. Date : 11/12/2005 téléchargement, 04/12/2007. Source : "Own work". Auteur : Dexxter. Récupéré de : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Catedral_de_San_Carlos_de_Bariloche.JPG (site web vérifié le 12 octobre 2012). Avec la permission de l'auteur.

mardi, 25 avril 2023

A gauche les musulmans, à droite le reste des immigrés

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A gauche les musulmans, à droite le reste des immigrés

Enric Ravello Barber

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2023/04/con-la-izquierda-los-musulmanes-con-la.html

Le 31 mars, la communauté islamique de Valence a célébré le Ramadan sur la place principale de la ville. Elle l'a fait en compagnie et avec la complicité du maire, Joan Ribó. Le 9 octobre 1238 est la date de l'entrée de Jaume Ier dans la capitale valencienne, ville qu'il a reconquise. Des siècles plus tard, les descendants des expulsés ont fait étalage de leur présence et sont montés en puissance avec l'implication, toute de soumission, de la plus haute autorité municipale, qui a déclaré avec une fierté incompréhensible : "Nous sommes la première ville européenne à célébrer un itfar".

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Cette profanation coïncide avec la présentation par l'ERC - l'un des partis les plus islamo-soumis d'Europe - de candidats musulmans sur ses listes municipales pour lesquelles il fera campagne en arabe - et dans n'importe quelle langue extra-européenne qui sera nécessaire pour assurer la plus grande gloire de l'auto-humiliation et de la haine de soi, la marque de fabrique de cette formation politique détestable. Elles coïncident également avec la nomination à la tête du SNP (Scottish Nationalist Party, ils ont le culot de garder le nom) de Humza Yousaf, un musulman d'origine pakistanaise qui sort habituellement vêtu d'un kilt, qu'il a forcément usurpé, et qui a déclaré qu'"il y a trop de Blancs en Écosse".

Depuis les années 1970, la gauche est la porte d'entrée de l'invasion islamique en Europe. Elle le démontre chaque jour avec plus de force et d'insistance.

Non seulement la droite n'est pas une alternative, mais elle est le complément nécessaire à la stratégie mondialiste de remplacement démographique de la population européenne. La droite, comme toujours, triche pour cacher sa lâcheté et réduit le problème de l'immigration à l'islamisation et se fait le chantre de toutes les autres immigrations en provenance de n'importe quel endroit de la planète, pourvu qu'elles ne soient pas islamiques. Comme si les millions d'Indiens, de Noirs, de Zambiens ou d'Hindous n'étaient pas également des immigrés.

La droite espagnole a pleinement assumé le rôle de joueur de flûte de l'immigration amérindienne et caribéenne. Elle se bat férocement entre ses factions pour obtenir ces votes et devenir le principal "parti sudaca d'Espagne" (ndt: le terme "sudaca" désigne, sur un ton péjoratif, les Sud-Américains).  Coïncidant avec ce qui précède, le PP de Madrid a organisé un événement préélectoral au cours duquel les hauts responsables du parti à Madrid ont dansé au rythme d'un groupe de Reagetton, et l'ineffable Isabel Ayuso - la muse des imbéciles - a été photographiée avec la dame "pasteur" évangélique colombienne Yadira Maestra (photo, ci-dessous) "gagné à la cause du PP", selon ses propres termes.

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Pendant ce temps, la candidate au poste de maire de Madrid, Villacís (photo, ci-dessous), s'est déguisée en rappeuse - casquette comprise - et s'est entourée d'un public mêlant les costumes folkloriques des Caraïbes au look des "maras" d'Amérique centrale, afin de "capter le vote dominicain". 

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De son côté, VOX, qui s'est prononcé à plusieurs reprises en faveur de l'immigration sud-américaine pour "repeupler" l'intérieur de l'Espagne et faire face à la dénatalité, a tenu une réunion à Barcelone avec des représentants des communautés sud-américaines (photo, ci-dessous) au cours de laquelle la représentation du parti a plaidé pour une "immigration contrôlée", c'est-à-dire pour la poursuite de l'accélération du processus de substitution démographique.

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A noter que le Parti conservateur britannique a le douteux honneur d'être le premier à avoir placé un non-blanc comme Premier ministre du Royaume-Uni, l'hindou Rishi Sunak, tandis que le Parti travailliste a le non moins douteux honneur d'avoir placé le premier non-blanc comme maire de Londres, Sadiq Khan.

Droite et gauche : deux discours complémentaires pour assurer la mort démographique de l'Europe.

dimanche, 26 mars 2023

La Tunisie contre le Grand Remplacement

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La Tunisie contre le Grand Remplacement

par Georges FELTIN-TRACOL

Créée en novembre 1942 et dissoute en mai 1943, la Phalange africaine fut un mouvement éphémère qui défendait les acquis de la Révolution nationale en Afrique française du Nord. Elle participa à la bataille de Tunisie aux côtés de l’Afrika Korps. Huit décennies plus tard, son spectre hanterait-il les couloirs du palais présidentiel de Carthage ?

Le 21 février 2023, à l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité nationale, le président tunisien Kaïs Saïed a suscité un effroi planétaire occidentalo-centré. Il ordonnait des « mesures urgentes […] pour faire face à l’arrivée en Tunisie d’un grand nombre de migrants clandestins en provenance d’Afrique subsaharienne ». Par sa position géographique, son pays se situe à proximité de l’île italienne de Lampedusa et de l’Union dite européenne.

La combinaison infernale des politiques d’austérité économique du FMI, de pillage systématique des ressources naturelles par les Occidentaux (dont les Français) et de kleptocratie durablement installée déstabilisent des sociétés africaines déjà en proie à une surnatalité et aux violences ethno-tribales dans le cadre de frontières artificielles absurdes. Tous ces méfaits structurels incitent les Africains à tenter de se rendre en Europe et, par conséquent, à passer par la Tunisie plus sûre que la Libye en pleine guerre civile.

Le président Kaïs Saïed estime que ces flux migratoires clandestins « veulent changer la composition de la démographie tunisienne. C’est un complot pour s’attaquer à l’État, au peuple et à l’identité tunisienne ». Il ajoute qu’il s’agit « d’une entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle ». Ainsi considère-t-il qu’une menace grave pèse sur le « caractère arabe et musulman de la Tunisie ». Renaud Camus, sors de ce corps !

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Les remarques présidentielles ont déclenché l’indignation de la médiasphère bien-pensante qui parle de « complotisme » et de « racisme ». Instance prédatrice bien connue, la Banque mondiale a rompu les négociations avec le gouvernement de Tunis dès le 7 mars dernier. Victimes des années d’incurie de Ben Ali (1987 – 2011) et de dix ans d’indécentes collusions parlementaires partitocratiques, les Tunisiens subissent maintenant une terrible crise économique. Frappé par une très forte inflation, le pays d’environ douze millions d’habitants compterait entre 21.000 et 57.000 clandestins africains.

Le dirigeant tunisien y voit une source inquiétante de criminalité et d’affrontements. Plaque tournante des migrations illégales, Sfax a connu de violents incidents entre sans-papiers et autochtones qui se préoccupent d’ailleurs de la multiplication des églises sur leur sol, maints Africains professant le christianisme. Au lendemain de la sortie présidentielle, les ambassades du Burkina Faso et du Congo commençaient à rapatrier au plus vite le plus grand nombre de leurs ressortissants respectifs présents en Tunisie de manière illégale. Le 4 mars, deux avions affrétés respectivement par le Mali et la Côte d’Ivoire raccompagnaient 133 Maliens vers Bamako et 145 Ivoiriens vers Abidjan. Les ONG droits-de-l’hommistes s’en scandalisent. Leurs critiques véhémentes n’impressionnent pas le chef d’État qui ose appliquer la remigration.

Les commentateurs remplacistes insistent alors volontiers sur les 69,50 % d’abstention pour le référendum constitutionnel du 25 juillet 2022. Ils soulignent toujours avec une rare malignité que les législatives des 17 décembre 2022 et 19 janvier 2023 se sont déroulées avec une participation moyenne de 11,31 %. Cette forte abstention témoigne surtout de la dépolitisation généralisée de la société tunisienne. Les jeux politiciens et les échéances électorales fatiguent les électeurs qui se tournent vers leur président. Celui-ci cumule en outre bien des défauts pour les bien-pensants. Ce fidèle partisan du nationalisme panarabe et de la tradition musulmane paie ses positions anti-sionistes constantes. Les Occidentaux lui reprochent son alignement sur l’Algérie en guerre froide avec le Maroc. En août 2022, le gouvernement algérien a versé à son voisin de l’Est 450 millions de dollars. Quelques semaines plus tard, la Tunisie recevait Brahim Ghali, le chef du Front Polisario.

Le 5 mars dernier, suite aux vives protestations de l’Union africaine qui assiste à l’effritement de son idéal panafricaniste, le gouvernement tunisien a pris quelques mesures supposées mieux encadrer l’immigration sauvage d’origine subsaharienne. Il accorde une carte de séjour d’un an, simplifie les procédures de rapatriement volontaire dans un cadre juridique concerné avec les ambassades et exonère le paiement des amendes dressées pour une présence illégale. Ces choix risquent d’exaspérer une population dont une minorité est noire et qui ne s’est jamais penchée sur son passé esclavagiste.

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Enregistré en tant que 214e parti en décembre 2018, le Parti nationaliste tunisien ne doit pas être confondu avec la formation progressiste de l’homme d’affaires Faouzi Elloumi, le Parti national tunisien. Animé par Sofien Ben Sghaïr, le Parti nationaliste tunisien (logo, ci-dessus) dénonce « un plan européen annoncé pour installer les migrants africains subsahariens en Tunisie et les empêcher d’aller en Europe ». Bruxelles donne en effet plusieurs millions d’euros à Tunis afin d’éviter tout départ vers la péninsule italienne. Ce mouvement a lancé cet été sur Facebook une pétition exigeant des autorités l’expulsion immédiate des migrants en situation illégale et des immigrés délinquants, l’imposition de visas obligatoires aux Africains et l’abrogation de la loi liberticide du 23 octobre 2018 qui pénalise les actes, les propos et les discriminations liés à la race. Ce texte a néanmoins récolté plus d’un million de signatures.

Prônant la préférence tunisienne, le Parti nationaliste tunisien a vérifié au cours des dernières semaines dans les magasins et autres restaurants des grandes villes si les salariés noirs étaient en règle. Ces actions se comprennent dans le cadre d’une concurrence avec un très lointain héritier de la Brigade nord-africaine qui luttait contre les résistants du Limousin, un certain Parti national-socialiste des travailleurs de Tunisie dont le secrétaire général, Mohamed Al-Kahlawi, a reçu en octobre 2022 un haut-responsable du Front Polisario.

Dans la quatrième chronique du 5 octobre 2021 intitulée « Décisionnisme tunisien » (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/08/decisionnisme-tunisien.html ), votre serviteur évoquait déjà l’atypisme du président Kaïs Saïed défini dans L’Actualité à la hache (Éditions du Lore, 2021) comme « le croisement politique réussi des “ Gilets Jaunes “ français et du Mouvement Cinq Étoiles en Italie ». On pourrait ajouter que c’est un lointain cousin d’Éric Zemmour et de Henry de Lesquen. Son hostilité aux bavardages parlementaires, son refus patent du système des partis, son immense souci de préserver l’identité nationale arabe et mahométane du peuple tunisien et ses saillies contre les dogmes du « politiquement correct » en font, malgré les graves vicissitudes économiques contingentes, un très grand serviteur de sa patrie.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 66, mise en ligne le 21 mars 2023 sur Radio Méridien Zéro.

mardi, 21 mars 2023

Géopolitique et immigration de masse

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Géopolitique et immigration de masse

par Andrea Zhok

Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/geopolitica-e-immigrazione-di-massa

Comme on pouvait s'y attendre, le thème de la pression migratoire refait surface avec force. Bien sûr, en Italie aujourd'hui, l'opportunité de mettre à l'épreuve les promesses du gouvernement Meloni joue un rôle dans ce regain d'intérêt, mais cela fait partie du jeu politique légitime des oppositions (et du vaste appareil médiatique qui reflète leurs positions).

Quoi qu'il en soit, toute crise de l'équilibre international affecte plus durement les maillons les plus faibles, et le double choc "C ovid + guerre russo-ukrainienne" représente la crise la plus lourde depuis la Seconde Guerre mondiale. Il ne reste plus qu'à faire le décompte relatif.

En Italie, les années explosives de l'immigration ont été celles entre 2011 et 2017, et elles suivent la combinaison des effets globaux de la crise des subprimes (à partir de 2008) et le début des soi-disant "printemps arabes" (à partir de 2010).

La question migratoire est le premier thème qui a explicité l'inadéquation de l'Union européenne au rôle qu'on lui attribuait.

En fait, c'est l'une des rares questions où l'appel à une action européenne coordonnée semblerait être la voie royale vers une solution, et c'est également une question où le caractère purement prédateur et opportuniste de l'UE, qui s'est présentée non pas comme une puissance géopolitique mais comme l'instrument d'une politique de "mendicité", s'est manifesté de la manière la plus claire.

À chaque moment de la gestion de l'immigration (comme pour toute autre question d'importance économique), nous avons assisté à une danse douloureuse de pays individuels ou d'alliances ad hoc, pour exploiter certaines conditions contingentes en leur faveur et laisser les autres "partenaires européens" dans l'embarras. (Le système des accords de Dublin est exemplaire à cet égard, car il visait à utiliser les pays de premier débarquement comme une "barrière naturelle" pour ceux qui se trouvaient à l'intérieur, les empêchant de se déplacer des pays d'arrivée vers les pays plus désirables d'Europe du Nord).

L'échec européen est cependant loin d'être inattendu. Les relations européennes avec l'Afrique suivent précisément la même direction que celle qui guide les relations internes et, en général, toutes les relations internationales dans la vision des traités européens : il s'agit d'un modèle néolibéral d'exploitation, de maximisation des profits et d'acquisition d'avantages compétitifs à court et à moyen terme. Il n'y a pas de vision politique ici, si ce n'est la responsabilité devant les lobbies économiques nationaux, qui dans une vision néolibérale sont les représentants les plus légitimes de l'intérêt public.

Ainsi, les relations avec l'Afrique ont toujours été marquées par une politique d'aide ponctuelle, qui maintenait les élites africaines sur une chaîne courte, et une politique de traités commerciaux inégaux, qui permettait à tel ou tel pays européen de se tailler un accès favorable à telle ou telle zone de ressources naturelles.

Cependant, il est important de comprendre la nature spécifique de l'échec de la politique européenne à l'égard de l'Afrique (et plus généralement à l'égard des pays en développement).

Ce que l'UE n'a pas réussi à faire, c'est prendre le relais du système d'équilibre de la guerre froide en essayant de construire de nouvelles alliances à long terme.

Pour les historiens du dimanche qui expliquent que "les migrations ont toujours existé et existeront toujours", il convient de noter que l'ère des migrations massives vers l'Europe en provenance de la région méditerranéenne a commencé avec la chute de l'URSS et donc avec le triomphe de l'Occident dirigé par les États-Unis dans la guerre froide.

Pour l'Italie, la date symbolique du début du "problème migratoire" est 1991, avec le grand débarquement d'Albanais dans le port de Bari.

Ce n'est pas une coïncidence. La guerre froide, forme rudimentaire du multipolarisme, a cherché à s'opposer aux pays en voie de développement, et l'a fait de diverses manières, parfois sous une forme sanglante (Corée, Vietnam), plus souvent sous la forme d'une collaboration. Cette situation, pour précaire qu'elle soit, a cultivé l'intérêt de préserver les équilibres régionaux. Aucun "printemps arabe" n'aurait pu voir le jour dans ce contexte, car chacun savait que tout bouleversement interne dans un pays ne serait qu'une manœuvre de l'un des deux blocs à ses propres fins. Cet équilibre, pour cynique et hostile qu'il soit, a néanmoins stimulé l'intérêt des deux blocs pour le maintien tendanciel de l'équilibre dans les zones en développement.

Avec la disparition de ce facteur d'équilibre, c'est-à-dire avec la disparition de l'URSS, le monde en développement (et même une grande partie du monde développé) est devenu un terrain de chasse libre pour les pays situés au sommet de la chaîne alimentaire capitaliste (les États-Unis en tête).

À ce stade, l'équilibre régional était bien moins important pour les décideurs politiques que les opportunités de profit créées par les déséquilibres. 

Cette perspective nous permet de voir d'où pourrait venir, à moyen terme, une solution à la question colossale des processus migratoires (pour l'Europe).

Face à l'impuissance voulue de l'UE, dont les colonels sont tous occupés à grappiller de petits avantages pour telle ou telle multinationale de référence, une forme de compétition géopolitique similaire à la guerre froide prendra le dessus (prend déjà le dessus).

La Russie et la Chine agissent déjà de la sorte à l'égard de nombreux pays en voie de développement, notamment dans la zone africaine. Bien entendu, elles ne le font pas par "humanitarisme" (il faut toujours se méfier lorsqu'un État prétend agir pour des "raisons humanitaires"). Ils le font parce qu'ils ont une vision stratégique à long terme, dans laquelle des associations stables avec des États qui sont réellement "en développement" - et pas simplement "condamnés à un retard exploitable" - sont dans leur intérêt.

La Russie et la Chine agissent désormais en tant qu'acteurs souverains sur une scène géopolitique à long terme, ce qui suffit à renverser la table de la culture des "barons voleurs" du néolibéralisme occidental et à établir un nouvel équilibre (même s'il est intrinsèquement précaire).

En fin de compte, si quelque chose peut nous sauver d'une migration incontrôlée, c'est probablement l'établissement d'un nouvel équilibre multipolaire, dont l'aube se profile à l'horizon.

jeudi, 16 février 2023

La politique migratoire danoise mérite d'être imitée

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La politique migratoire danoise mérite d'être imitée

Peter Logghe

Source : https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Fondapol, une fondation française pour le renouveau politique, a récemment publié une étude sur la politique migratoire danoise, qui a introduit des mesures restrictives il y a 20 ans et qui est soutenue par une majorité de partis et de Danois. Un large consensus politique dans un pays qui est un modèle pour la politique migratoire scandinave. Avec des pistes assez intéressantes pour les autres États membres de l'UE.

Par exemple, en tant que migrant, on ne peut acquérir la nationalité qu'après un séjour de 7 ans au Danemark, à condition de pouvoir prouver ses compétences linguistiques en danois (un simple certificat de suivi de cours de langue est insuffisant). Il faut en outre réussir un examen d'histoire et de connaissance de la société danoise, et être en mesure de démontrer une véritable participation à la vie civique danoise. Depuis 2019, cette intégration se conclut symboliquement par une poignée de main, un clin d'œil aux nouveaux arrivants des pays islamiques.

La politique pénale danoise s'aligne sur une politique migratoire restrictive

La politique migratoire est liée à une politique pénale sévère, qui ne reste pas lettre morte: les délits limitent la possibilité de demander la naturalisation, et les peines de prison empêchent définitivement l'acquisition de la nationalité danoise. L'obtention de visas (temporaires) se fait uniquement dans l'intérêt de la société danoise: des facilités sont accordées aux travailleurs étrangers s'ils répondent à un réel besoin de main-d'œuvre. Il est notamment tenu compte des professions pour lesquelles existe un goulot d'étranglement et du niveau des professions hautement qualifiées.

Le regroupement familial, qui avec nous a pratiquement mis fin à la possibilité de limiter l'immigration, est tout sauf facile au Danemark : il n'est ni automatique ni immédiat. Sur le plan administratif, le regroupement des familles est particulièrement complexe. Enfin, les avantages sociaux accordés aux étrangers sont réduits au minimum; l'autonomie est la règle, les avantages sociaux l'exception. Et puis il y a la loi sur les bijoux de 2016, qui a obligé les demandeurs d'asile et les réfugiés à payer eux-mêmes les frais d'accueil et de la procédure d'asile. Les sociaux-démocrates, qui étaient dans l'opposition à l'époque, ont co-écrit le projet de loi. Le gouvernement social-démocrate de Mette Frederiksen a fait passer ce train de mesures, bien conscient qu'il était "fini" si des mesures restrictives n'étaient pas prises: ses électeurs auraient cherché d'autres havres politiques et par milliers. Elle a été réélue en 2022, et dirige actuellement une coalition allant de la gauche au centre-droit.

Mais ces politiques fonctionnent-elles, me direz-vous ? La migration (autre que les réfugiés et les demandeurs d'asile) a diminué de 28 % entre 2014 et 2019. Le nombre de demandeurs d'asile a diminué de 82 % au cours de la même période. Et pourtant, le Danemark fait toujours partie intégrante de l'UE et de l'espace Schengen. Aucune sanction n'a été imposée, et le pointage du doigt par la gauche dans le reste de l'UE est resté absent. Le fait qu'il s'agisse d'un gouvernement de gauche, dirigé par des sociaux-démocrates, serait sûrement une pure coïncidence ?

D'un autre côté, si Connor Rousseau, le chefaillon des socialistes flamands, désire si ardemment devenir Premier ministre, alors il a la clé de la rue de la Loi n°16 chez ses collègues danois, animateurs de ces mesures.

 

lundi, 30 janvier 2023

L’ombre de l’Algérie sur la France

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L’ombre de l’Algérie sur la France

par Georges FELTIN-TRACOL

Bien que passée inaperçue, elle a été la première polémique de l’année 2023. José Gonzalez, député RN de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône, accède à l’une des dix vice-présidences des Amitiés parlementaires France – Algérie. La gauche crie au scandale d’autant que le doyen de l’Assemblée nationale, originaire d’Oran, n’a jamais caché la déchirure de l’exil et la nostalgie pour la terre de ses ancêtres. Cette vaine querelle prouve encore l’intensité, la profondeur et la complexité des relations franco-algériennes. Or, malgré une indépendance acquise depuis soixante ans, l’Algérie continue à peser sur le devenir français.

En septembre 2021, le gouvernement français restreignait le nombre de visas accordés non seulement aux Algériens, mais aussi aux Tunisiens et aux Marocains. En 2019, Paris avait accordé environ 200.000 visas aux seuls Algériens! Cette mesure de rétorsion répondait au refus habituel des trois États maghrébins de ne pas reprendre (ou bien peu) leurs ressortissants expulsés de l’Hexagone. En 2019, le taux de reconduction à la frontière ne représentait que 14,4 %. Le Figaro du 19 octobre 2022 signalait qu’« en 2021, les Algériens composaient la seconde nationalité la plus représentée en CRA (centre de rétention administrative) (1687 personnes, 10,3 % du total), après les Albanais (1521, 11,5 %), les Tunisiens (1387, 9,4 %) et les Marocains (1587, 8,6 %) suivaient ». La « crise des visas » s’achève en décembre 2022 par l’incroyable reculade du gouvernement français. A-t-il pris conscience du poids démographique algérien en France ? A-t-il tenu compte des impératifs énergétiques et économiques du moment ?

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On recense entre 75 et 85 vols quotidiens entre la France et l’Algérie, soit quatre cents liaisons aériennes par semaine ! Un article du Monde du 25 août 2022 citait Christophe Castaner de sinistre mémoire évoquant « 1,2 millions de Français algériens qui votent ». Un parent faisant son service militaire en 1995 se souvient qu’un binational qui préférait effectuer dix mois de conscription en France plutôt que deux ans en Algérie, lui déclara avoir voté à l’élection présidentielle algérienne pour le candidat islamiste Mahfoud Nahnah…

L’octroi massif de visas aux Algériens est une exigence fréquente de la rue maghrébine. Dès qu’un président hexagonal parcourt Alger, Constantine, Tizi Ouzou, la foule lui hurle : « Des visas ! Des visas ! Des visas ! » Les autorités algériennes aimeraient que leur validité dure plus longtemps. L’actuel chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, déclare au Figaro du 30 décembre 2022: «Je me permets de paraphraser un ami qui, de manière anecdotique et ironique, me déclarait récemment que les Algériens devraient avoir des visas d’une durée de 132 ans». Par-delà le ton sarcastique, les propos présidentiels ne peuvent qu’encourager les Harraga, ces jeunes Algériens désespérés par l’inertie du régime, son incompétence et sa kleptocratie, à émigrer en France. Ambassadeur de France en Algérie à deux reprises (2008 – 2012 et 2017 – 2020), Xavier Driencourt explique dans Le Figaro du 21 décembre 2022 que « les autorités algériennes n’ont pas intérêt à récupérer ces ressortissants, réfractaires, politiquement marginaux ou contestataires, souvent kabyles, qui fuient leur pays en raison du contexte politique ou pour des raisons économiques; ces migrants sont une variable d’ajustement dans un pays en crise ».

L’attrait migratoire de l’Hexagone se comprend pour la libéralité de ses prestations sociales supérieures à un modèle suédois dépassé qu’il délivre aux immigrés. Sans omettre d’autres facilités obtenues. Par exemple, Xavier Driencourt insiste sur « l’utilisation des passeports diplomatiques, qui permet à nombre de ressortissants algériens de venir en France sans visa et sans aucune forme de contrôle, la non-délivrance de titres de séjour aux Algériens qui ne résident pas en France mais qui profitent de leur carte de résident pour se faire soigner et/ou bénéficier des avantages sociaux du système français ». L’« envie de France » s’accroît au moment où le gouvernement algérien retire la langue française à l’école au profit de l’anglais. Le président Tebboune a beau déclaré qu’« en 2022, l’Algérie compte 27 millions de locuteurs qui maîtrisent le français sur 45 millions d’habitants », il estime néanmoins que son pays « ne s’est pas libéré pour faire partie d’un je ne sais quel commonwealth linguistique ». L’arrêt de l’apprentissage de la langue de Molière dans le système scolaire ne signifie pas la fin des flux migratoires. Bien au contraire !

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Lors de la campagne présidentielle de 2012, alors conseiller de l’ombre de Nicolas Sarközy, Patrick Buisson suggérait au président-candidat d’abroger la partie encore en vigueur des accords d’Évian. L’ambassadeur Driencourt (photo) propose pour sa part « la dénonciation ou à tout le moins la renégociation des accords de 1968 ». « Ces accords du 27 décembre 1968, précise-t-il, portent sur les conditions d’arrivée et d’installation des Algériens en France. Ils comprennent de nombreuses dispositions dérogatoires par rapport aux autres nationalités, y compris les Marocains et les Tunisiens: certificat de résidence de dix ans, régularisation des sans-papiers facilitée, regroupement familial accéléré, conditions d’intégration dans la société française assouplies par rapport aux autres nationalités, visas étudiants assez généreux, etc. Beaucoup de facilités, donc, au bénéfice des Algériens. Négociés et signés dans la foulée des accords d’Évian, à une époque où la France voulait faire venir en France une main-d’œuvre algérienne francophone, ces accords n’ont plus de sens dans le contexte actuel ». Hélas ! on sait que le gouvernement macronien ne fera rien alors que les Algériens présents en France, quand ils ne militent pas en faveur de la cause kabyle, s’islamisent très rapidement. N’oublions jamais cette pancarte mal orthographiée brandie par une participante goguenarde à une manifestation contre le concept fallacieux d’islamophobie tenue à Paris le 19 octobre 2019 : « Française musulmane et voilée, si je vous dérange, je vous invite à quitter mon pays. »

Un lecteur de Valeurs actuelles du 7 juillet 2022 cite par ailleurs Léon Roches rapportant les commentaires de l’émir Abdel Kader dont il fut le secrétaire particulier de 1836 à 1840: «Nous avons vendu notre âme à Dieu, nous méprisons la mort. C’est nous qui rendrons la Mitidja déserte et qui bloquerons l’infidèle dans Alger. Bientôt nous chasserons les Français d’Alger. Puis nous passerons la mer sur des barques. Nous prendrons Paris. Nous nous y assemblerons. Puis nous conquerrons les autres nations et nous leur apprendrons la vérité du vrai Dieu». Après cinq années de détention et libéré par un homme qui a lui aussi connu l’emprisonnement, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, l’émir s’installera à Beyrouth où il protégera des chrétiens persécutés. Quant à ses petits-fils, ils seront officiers de l’armée française.

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Les réflexions d’Abdel Kader se comprennent à l’aune de l’histoire de la future Algérie. Elle fut du Moyen Âge jusqu’à la conquête de 1830 un puissant foyer de piraterie barbaresque. En 1541, l’empereur Charles Quint organisa le siège d’Alger sans pour autant pouvoir briser cette menace.

Détentrice de gisements considérables d’hydrocarbures, l’Algérie a les moyens de jouer sur l’activité économique et l’avenir énergétique de la France. L’importante communauté algérienne, binationale ou non, constitue un autre moyen de pression. En 2002, au mépris de la souveraineté nationale, l’Amicale des Algériens en Europe appelait à voter contre Jean-Marie Le Pen présent au second tour de l’élection présidentielle. Les prochaines décennies confirmeront peut-être la prédiction de Mohamed Larbi Ben M'hidi (1923 – 1957), l’un des six fondateurs du FLN (Front de libération nationale). Il lança aux soldats français qui venaient de l’arrêter: «Je vous prédis, moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque. Vous voulez l’Algérie française et moi je vous annonce la France algérienne».

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 58, mise en ligne le 25 janvier 2023 sur Radio Méridien Zéro.

lundi, 16 janvier 2023

Analyse: L'immigration clandestine en Espagne

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Analyse (mai 2021):

L'immigration clandestine en Espagne

La perception persistante de la migration comme une menace est allée de pair avec l'incapacité des États membres de l'UE à faire face à l'augmentation des arrivées en faisant preuve de solidarité entre eux.

Par Ali Ahamed Haiba

Analyste géopolitique : Sahara occidental  

Source: https://www.tradicionviva.es/2021/05/19/la-inmigracion-ilegal-en-espana/       

Depuis plusieurs mois, l'Espagne est confrontée à un phénomène migratoire d'une ampleur sans précédent. Au moment où nous écrivons ces lignes, une vague incontrôlée de migrants déferle vers la ville autonome de Ceuta. C'est une nouvelle version de la Marche verte qui a forcé l'abandon d'Ifni et du Sahara occidental au Maroc en 1975. Nous ne savons pas comment cette nouvelle stratégie de pression basée sur les boucliers humains, y compris les mineurs d'âge, va se terminer.

De par sa nature même, il est clair que le flux migratoire qui arrive en Espagne depuis quelques mois est sans précédent dans l'histoire. En effet, au cours du premier trimestre 2021, le nombre d'arrivées par voie maritime via la route de l'océan Atlantique a augmenté, tout comme le nombre de victimes et de personnes disparues.

Dans ce contexte, les îles Canaries vivent un présent infecté par la pandémie, mais aussi par l'immigration clandestine, et les deux ravages sociaux sont presque identiques, car ce sont des maux qui rongent et ruinent le système social et économique des îles Canaries.

Par conséquent, les îles Canaries font l'objet de flux migratoires sans précédent en raison de leur voisinage immédiat et de la capacité des réseaux mafieux qui considèrent les îles Canaries comme une route plus facile et moins risquée malgré l'océan Atlantique.

Cette nouvelle vague d'immigration au moment de la pandémie a des conséquences négatives sur le secteur du tourisme, qui est le poumon de l'économie des îles Canaries. Cette situation s'explique par la concurrence du Maroc voisin, qui veut à tout prix être la principale destination touristique d'Afrique du Nord. C'est pourquoi l'immigration sera un outil important pour détrôner les îles Canaries en termes de nombre de nuitées et de population touristique. Cette raison d'être trouve son origine dans les faiblesses successives des gouvernements espagnols, tant de droite que de gauche, dans leur comportement vis-à-vis du Royaume du Maroc.

L'influence directe de l'immigration sur le secteur du tourisme dans les îles Canaries

En déclarant que l'Allemagne accueillerait tous les réfugiés syriens, Angela Merkel a créé un effet d'attraction, accentuant la prolifération de la tendance africaine à chercher par tous les moyens à s'installer sur les côtes du voisinage immédiat de l'Europe, qui n'est autre que les îles Canaries.

La menace de la crise migratoire dans les îles Canaries représente un échec général des politiques migratoires du gouvernement espagnol. Cette situation profitera au Maroc et à son projet touristique, car l'effondrement des îles Canaries en tant que point de référence touristique profitera sans aucun doute au Maroc.

En effet, en 2013, le roi du Maroc a présenté à Marrakech la "Vision 2020", qui visait à doubler la taille du secteur du tourisme au Maroc.

Dans cette perspective, le Maroc va utiliser la même stratégie que Fidel Castro pour faire de son pays une destination touristique. Fidel a commencé par envoyer, parmi les immigrants, les pires criminels de son île vers son plus grand concurrent, Miami. Cette stratégie a été copiée par le Maroc, comme l'exode Mariel de 1980 de Cuba à Miami, qui était une tromperie de Fidel Castro pour envoyer les 25.000 criminels les plus dangereux qu'il avait sous la main avant de commencer sa phase touristique.

Le phénomène de l'émigration exprime fondamentalement les disparités économiques qui caractérisent les deux continents d'Europe et d'Afrique. Le revenu national par habitant des pays africains est trop faible par rapport aux principaux pays de destination des flux migratoires, inférieur à 10% du revenu européen par habitant.

La situation de la migration irrégulière est "extrêmement préoccupante" à l'heure actuelle car les routes qui existaient il y a un an ont changé et se dirigent désormais vers l'archipel. C'est Alfred Sauvy qui a dit "si les richesses ne vont pas là où sont les hommes, les hommes vont naturellement là où sont les richesses".

La raison de ce phénomène peut se résumer à l'absence de sécurité économique, sociale et politique, ainsi qu'au déficit de gouvernance, qui sont des moteurs essentiels de la migration, et peuvent donc affecter et influencer la relation entre sécurité et migration. Une équation géopolitique très rentable aujourd'hui pour les gouvernements d'origine de l'émigration, afin de faire plier les Etats soumis à l'immigration.

Le Maroc et l'arme géopolitique de l'immigration

En 2001, le Sénégal, le Maroc et la Mauritanie ont signé un accord tripartite pour la construction de la route reliant Nouadhibou à Nouakchott. La frontière entre les deux pays a été rouverte en février 2002. La construction de la route reliant la capitale mauritanienne à la frontière entre le Sahara occidental et le Maroc à Algargarate a permis d'accroître les échanges commerciaux entre les deux pays et l'Afrique de l'Ouest.

Cette réouverture de la route maritime a été favorable aux transmigrants qui peuvent désormais franchir la frontière officiellement s'ils sont en possession des documents adéquats. Les transmigrants sont ensuite transportés sur les plages du Sahara occidental d'où ils attendent leur départ pour les îles Canaries.

En réalité, le Maroc utilise ces flux migratoires en provenance d'Afrique subsaharienne et du Maroc lui-même pour faire pression sur l'Espagne, et plus tard sur l'UE.

L'utilisation de l'immigration comme arme stratégique contre l'Espagne n'est plus un secret. Derrière le flux de petits bateaux et de cayucos qui continuent d'arriver aux îles Canaries depuis 2020 jusqu'à aujourd'hui, il y a une raison simple de faire plier l'Espagne pour qu'elle suive la politique du Maroc au Sahara occidental (un territoire qui attend toujours une décolonisation inachevée).

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D'autres raisons sous-jacentes sont d'accepter le fait accompli de l'annexion par le Maroc des frontières maritimes du Sahara occidental, et de mettre en danger les frontières maritimes des îles Canaries et leurs ressources marines, d'être courtisés et subventionnés par Madrid et l'Union européenne pour freiner les sorties illégales de migrants.

Depuis plusieurs années, le Maroc tente d'étendre ses eaux ZEE jusqu'à la limite des 200m/n à laquelle il a droit en vertu du droit de la mer, mais qu'il devra partager avec les îles Canaries, l'Espagne et les îles Madère du Portugal. 

Sur le plan géopolitique, le Maroc a trouvé dans la carte d'immigration massive un outil de lobbying très facile et utile, avec un bénéfice rapide et direct. En effet, pendant des années, les relations bilatérales entre le Maroc et l'Espagne ont présenté un modèle de comportement dans lequel des négociations tendues ont conduit à une augmentation des départs de bateaux transportant des immigrants illégaux.

Tout ceci témoigne de la faiblesse de l'Espagne vis-à-vis de son voisin immédiat au sud.

L'immigration et la culture de la peur

Les gouvernements successifs en Espagne sont soumis à une pression politique constante sur la question de l'immigration. D'une part, certains employeurs espagnols réclament davantage de travailleurs immigrés et les groupes de défense des droits de l'homme réclament un niveau plus élevé de droits et de libertés pour les immigrés.

D'un autre côté, cependant, les électeurs sanctionnent les partis politiques considérés comme "mous" en matière d'immigration, et de nombreux électeurs se tournent vers les partis de droite radicale, qui défendent ouvertement de fortes positions anti-immigration. Quoi qu'il en soit, les pressions anti-immigrants sont devenues une motivation incroyablement puissante pour les politiciens espagnols.

En nous concentrant sur nos émotions et nos instincts, nous avons souvent tendance à perdre de vue la vue d'ensemble. Nous parlons de la protection de nos frontières, mais nous ne nous demandons pas s'il existe des voies légales alternatives pour ceux qui pourraient finalement avoir recours à la migration irrégulière. Et nous avons tendance à regarder l'avenir avec incertitude et malaise, plutôt que de planifier ce qui nous attend, ou même ce qui nous attend au coin de la rue. En outre, le public espagnol ne semble pas disposé à considérer la crise comme faisant partie du passé.

Cela s'explique en partie par le fait que les gens viennent avec des "cordes à leur arc" : lorsqu'ils déménagent, ils apportent avec eux leur culture, leur éducation et leurs croyances. Il est donc beaucoup plus difficile de peser rationnellement les coûts et les avantages et d'éviter les réactions de peur face à l'immigration.

La perception persistante de la migration comme une menace est allée de pair avec l'incapacité des États membres de l'UE à faire face à l'augmentation des arrivées en faisant preuve de solidarité les uns envers les autres. En effet, l'inaction et les réponses ratées ont probablement ancré un "état de crise perpétuelle".

Si nous ajoutons ce sentiment aux contradictions de l'actuel gouvernement espagnol, qui comprend des partis qui se sont expressément déclarés en faveur du "retour au Maroc" de Ceuta et Melilla et espèrent augmenter leur base électorale avec les apports démographiques irréguliers des flux migratoires, nous approcherons des proportions de cette crise dont les conséquences nous échappent encore.

dimanche, 01 janvier 2023

Immigration : la prochaine étape du libéralisme

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Immigration: la prochaine étape du libéralisme

Enric Ravello Barber

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2022/12/normal-0-21-false-false-false-es-x-none_26.html

Dialectiquement, on a tendance à établir une relation de cause à effet entre la colonisation de la fin du 19ème siècle et l'immigration massive subie par l'Europe depuis le milieu du 20ème siècle. Le parallélisme n'est pas tout à fait correct, mais il existe des symptômes et des caractéristiques communs aux deux processus, bénéfiques au grand capital, complétés par la destruction des identités et des équilibres économiques sur toute la planète.

Sans aucun doute, la colonisation et l'immigration sont toutes deux des phénomènes pernicieux qui obéissent à la même logique mondialiste et à la même justification idéologique libérale-marxiste.

L'impérialisme et le capitalisme financier

En 1916, Vladimir Illich, dit Lénine, a publié un ouvrage considéré comme clé dans l'évolution de l'analyse marxiste du capitalisme. C'était l'époque où Lénine combinait son activité de révolutionnaire avec celle de théoricien, ce qui le distinguait d'autres dirigeants comme Trotski ou Staline. Le titre de l'ouvrage auquel nous nous référons est révélateur : L'impérialisme, le stade le plus élevé du capitalisme. La thèse centrale de ce livre, erronée comme tant de thèses de cette école de pensée, consiste à affirmer que le capitalisme libre-échangiste du milieu du 19ème siècle avait terminé sa phase libre-échangiste - le marxisme avait une véritable obsession pour les "phases" - et qu'il cédait la place à une nouvelle phase - la phase supérieure - qui serait caractérisée par la concentration du capital industriel et la concentration des élites économiques à la tête de l'État. L'État en tant qu'agent économique devrait conquérir de nouveaux espaces - une fois le marché "national" épuisé - pour s'approprier les matières premières et exporter ses produits de manière monopolistique (d'où l'idée de la fin du libre-échange). Pour Lénine, le capitalisme aurait pu muter du libre-échange au protectionnisme et à l'économie impérialiste sans être affecté dans son essence.

Comme toutes les utopies absurdes déguisées en méthode scientifique, les analyses de Lénine ont été réfutées par la réalité, le socialisme marxiste, le réel et le non-réel, ayant explosé en 1991. Aujourd'hui, la gauche a abandonné les vieux dogmes du soi-disant "matérialisme historique" et ne veut plus se souvenir de Lénine, ni des phases du capitalisme, ni d'autres lourds fardeaux maintenant qu'elle est devenue éco-pacifiste et sentimentalo-mondialiste.

Néanmoins, et c'est pourquoi nous avons sauvé l'œuvre de Lénine de l'oubli, l'auteur a mis en évidence une conjonction de phénomènes qui, mutatis mutandis, peuvent être mis en parallèle avec le processus actuel du capitalisme libéral.

1.1. Débat sur les causes de l'impérialisme. L'évaluation marxiste du colonialisme

Les théories sur la nature du phénomène impérialiste sont apparues pratiquement en même temps que l'expansion coloniale. De manière générale, il faut distinguer deux types de théories: les eurocentriques et les périphériques; pour la première, l'explication de l'expansion se trouve dans les causes internes des pays européens; pour la seconde, la dynamique des pays colonisés eux-mêmes a favorisé et encouragé ce phénomène. La combinaison des deux facteurs nous donnerait sûrement une réponse plus complète.

Les théories eurocentriques ne sont pas uniformes ou unilatérales ; dans leur explication, nous pouvons déterminer deux types : celles qui soulignent les besoins économiques européens comme moteur du colonialisme et celles qui désignent les facteurs politiques comme vecteur déterminant.

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Parmi ceux qui donnent une explication économiste, nous pouvons signaler ceux du radical-libéral britannique Hobson, qui dès 1902 soulignait que le Royaume-Uni avait besoin d'une expansion mondiale qui le consoliderait en tant que première puissance mondiale productive et commerciale, expliquant l'impérialisme comme une simple activité financière dans laquelle les dépenses militaires provoquées par les guerres d'expansion seraient toujours inférieures aux bénéfices industriels et commerciaux ultérieurs. Pourtant, il a utilisé cet argument pour justifier l'intervention britannique en Afrique du Sud, une intervention qui a conduit au génocide des Boers.

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Très intéressante dans ce fil explicatif est la contribution de l'historien marxiste autrichien Hilferding, qui - suivant l'exemple de Lénine - dans son ouvrage Finanzkapital - Capitalisme financier (1910) élabore une théorie selon laquelle l'impérialisme est la réponse expansive du capitalisme lorsqu'il se transforme de capitalisme industriel en capitalisme financier, Il appelle capitalisme financier le moment où le capitalisme tend vers l'accumulation et la concentration de l'argent, au moment même où une synergie s'établit entre le capitalisme industriel et le capitalisme financier sous l'hégémonie de ce dernier. Selon Hilferding, l'étape du capitalisme financier commence à la fin du 19ème siècle, car la finance, à travers l'utilisation du crédit, accélère les processus oligarchiques de concentration des entreprises, détruisant le tissu des petits et moyens entrepreneurs en fermant le crédit (un phénomène qui se répète aujourd'hui) ; de cette façon, la symbiose du capitalisme financier et des grandes entreprises évite la concurrence. Dans un premier temps, elle monopolise le marché intérieur national, et dans un second temps, elle adopte un ton expansif, se tournant vers l'extérieur à la recherche de nouveaux marchés pour ses produits, c'est-à-dire en donnant naissance à l'impérialisme colonialiste, qui ne serait que le résultat logique de la dynamique interne même du capitalisme dans sa phase financière.

Pour en revenir au livre de Lénine, le théoricien marxiste qui a le mieux étudié ce phénomène, sa thèse a également influencé la critique non marxiste du phénomène colonialiste. Comme l'indique le titre de son ouvrage, la thèse défendue est que l'impérialisme est la phase historique la plus élevée du capitalisme, une phase caractérisée par le monopole par opposition à la libre concurrence précédente. Ce passage de la concurrence entre petits et moyens entrepreneurs à celle du regroupement en grands consortiums industriels/financiers monopolistiques, qui n'auraient aucun débouché économique s'il n'y avait pas une expansion des marchés au-delà du cadre national étroit pour vendre leurs produits industriels et placer leur capital financier excédentaire accumulé, cette expansion monopolistique nécessaire était le colonialisme, que Lénine appelle impérialisme. Lénine a expliqué que l'expansion impérialiste était la dernière issue pour le capitalisme, et qu'une fois épuisée cette ressource basée sur l'expansion territoriale et l'élargissement des marchés, le capitalisme - puisque le monde est fini et la capacité à trouver de nouveaux marchés limitée - entrerait dans sa contradiction finale et finirait par disparaître, le capitalisme aurait donc en lui le germe de sa propre autodestruction irrémédiable. Une autre "prédiction de l'avenir du "matérialisme historique" dont l'histoire a rapidement prouvé qu'elle était fallacieuse.

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Comme nous l'avons dit, il existe d'autres théories explicatives eurocentriques qui ne pointent pas les facteurs économiques comme explication de l'expansion coloniale, mais se réfèrent à des contextes idéologiques-sociologiques (causes subjectives, comme dirait un marxiste). Schumpeter, un autre libéral radical, a traditionnellement été considéré comme la principale référence de ce courant explicatif. En 1919, cet auteur a publié sa Sociologie de l'impérialisme, dans laquelle il affirme que derrière le phénomène impérialiste se cache une impulsion d'expansion in-historique (c'est-à-dire permanente) qui, combinée au 19ème siècle avec le nationalisme de masse, donnerait naissance à l'impulsion et à la justification impérialiste.

Cependant, dans les années 1970, une nouvelle explication a émergé au sein de l'école marxiste, dans laquelle l'impérialisme est expliqué en termes de dynamique de la périphérie, c'est-à-dire des pays colonisés, soit une dynamique propre aux tensions internes entre les couches sociales africaines, qui serait la véritable explication de l'impérialisme, et qui ne répondrait donc pas aux motifs intra-européens. Parmi les thèses périphériques, il convient de mentionner le travail de Robert et Galaher, qui rompt complètement avec la tendance unidirectionnelle à expliquer l'impérialisme, et impute le colonialisme, ainsi que le processus désastreux de décolonisation, aux pseudo-élites africaines, qui ne voulaient ou ne pouvaient pas organiser les excédents de production de manière à offrir des conditions économiques stables à leurs pays, et qui, n'étant pas capables de faire ce saut qualitatif, ont ouvert les portes aux Européens parce qu'ils le feraient pour eux. Il faut ajouter que, dans cette ouverture aux Européens des élites sociales africaines, ces élites ont pensé à leur enrichissement personnel et non à la prospérité de leurs peuples respectifs. Une situation qui se répète aujourd'hui "ad nauseam".

En bref, il est indéniable que l'impérialisme est le résultat d'une interaction entre deux variables, l'une européenne et l'autre périphérique.

1.2. Le colonialisme : une idée de la gauche

Contrairement à ce qu'il semble, et en dysfonctionnement avec le message adopté par la gauche à partir des années 1960, le colonialisme est une idée qui est née dans sa sphère idéologique et a toujours été valorisée comme "progressiste" dans son analyse linéaire et téléologique de l'histoire.

Karl Marx était l'un des apologistes de la colonisation britannique de l'Inde. Selon lui, la colonisation britannique signifierait le démantèlement du mode de production médiéval de l'économie autochtone et son remplacement par le mode de production capitaliste, ce qui signifierait "brûler une étape" jusqu'au modèle communiste, qui - selon le natif de Treves - était l'étape suivante nécessaire au modèle capitaliste par la simple logique de ses contradictions internes.

Ce n'est pas seulement dans la sphère strictement marxiste que cette évaluation positive du colonialisme a été faite. L'écrivain français Bernard Lugan, sans doute le plus grand spécialiste actuel de l'Afrique et du colonialisme - un auteur sur lequel nous devrons nécessairement revenir dans des articles ultérieurs - a publié un article intéressant dans le magazine NRH intitulé "Une idée de gauche réalisée par la droite" dans lequel il décrit comment le processus de colonisation de l'Afrique a été conçu par une gauche éclairée et progressiste qui voyait dans cette expansion géographique l'extension des principes universalistes de la révolution française sur le continent noir. La phrase du premier ministre socialiste français, Léon Blum, est très significative dans ce sens: "(Je proclame)... le droit et le devoir des races supérieures de la politique socialiste franco-juive d'attirer (vers le progrès) ceux qui n'ont pas encore atteint le même niveau culturel". Un bel exemple d'intégrationnisme mondialiste avant la lettre. 

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II. L'immigration entre l'après-guerre et la décolonisation

Le processus de décolonisation a marqué une nouvelle phase de l'histoire. L'Afrique était plongée dans un chaos absolu, la prétendue "libération" consistait en réalité en l'instauration de régimes tyranniques et despotiques dans tous les pays, et les conséquences n'ont pas tardé à suivre: la misère, la faim et une natalité débordante. D'autre part, en Europe occidentale, la fin de la Seconde Guerre mondiale et la reconstruction qui s'en est suivie ont marqué le début d'une nouvelle phase d'expansion du capitalisme, qui a vu ses taux de profit et sa capacité d'expansion monter en flèche. C'est pourquoi, sur le territoire où les profits sont les plus importants en ce moment - l'Europe occidentale - une augmentation constante de la main-d'œuvre est nécessaire pour ne pas gaspiller les conditions objectives de la croissance économique.

La conjonction de ces deux processus converge vers le début du processus migratoire du tiers monde vers l'Europe. Comme nous l'avons souligné précédemment pour l'impérialisme, dans ce cas aussi, l'immigration est le résultat d'une interaction entre deux variables, l'une européenne et l'autre périphérique-tertiaire-terroriste.

L'immigration se nourrit de la même conception idéologique que le colonialisme, dont elle n'est qu'une projection. L'augmentation de la part de profit du capital dans un monde devenu un marché unique, et dans lequel les identités, les coutumes et les peuples ne sont rien de plus que des interférences circonstancielles qui doivent être supprimées, annulées ou - dans le pire des cas - réduites à des anecdotes folkloriques.

Ainsi, l'immigration n'est qu'une des conséquences d'un processus plus large appelé mondialisation en français et globalisation en anglais, dont le but ultime se confond avec celui de l'impérialisme du 19ème siècle. Dans les deux processus, le bénéficiaire est la classe financière-capitaliste et le principal perdant est la communauté populaire de la classe ouvrière.

2.1. Le libéralisme en tant que principe idéologique de l'immigration. L'erreur de l'intégration

Au cours des dernières décennies, le phénomène de la migration est devenu une question cruciale dans le débat politique en Europe occidentale. Face à cette circonstance, nous assistons à un spectacle comique, un piège pour les imbéciles, qui - malheureusement - s'avère d'une certaine efficacité. Le fait est que le libéralisme, sans changer ses hypothèses idéologiques, tente d'apporter des "solutions" au problème de la migration, des solutions qui font partie du même principe universaliste et qui n'en sont donc pas. Nous les exposons ci-dessous afin que le mouvement identitaire évite ce type d'erreur idéologique et signale le libéralisme et n'importe lequel de ses postulats politiques comme étant véritablement contraire à nos positions.

Communautarisme : il s'agit de l'idée que les immigrants, en fonction de leur communauté d'origine, continuent à maintenir leurs propres spécificités culturelles et religieuses sur le sol européen, tout en participant - à partir de leur spécificité - à l'État et en son sein en tant que "citoyens". En d'autres termes, la citoyenneté serait comprise comme la simple obtention d'une carte d'identité, les immigrants n'auraient pas à "s'intégrer" mais à maintenir leur personnalité tant qu'ils respectent les "principes fondamentaux et le bon fonctionnement de l'État libéral-démocratique".

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En fait, c'est l'idée du melting-pot qu'il a créé aux États-Unis d'Amérique. Elle est basée sur la "tolérance de l'autre". Il est synonyme d'un autre terme, celui de "multiculturalisme". Lorsque certains politiciens de l'establishment comme Angela Merkel ou Tony Blair disent que "le multiculturalisme a échoué", c'est précisément ce qu'ils veulent dire. Il est évident que le multiculturalisme a échoué, mais le pire est que Merkel ou Blair, en voyant cet échec évident, proposent l'autre "solution" libérale, tout aussi catastrophique, voire plus, que la précédente.

Intégration : que l'on pourrait aussi appeler "assimilationnisme". Elle consiste à atteindre la même fin, mais avec des méthodes différentes. Ainsi, les immigrants ne seraient pas respectés dans le maintien de leurs spécificités sur le sol européen, mais devraient "nécessairement" s'adapter et adopter nos coutumes, ce qui ferait d'eux des "Européens parfaitement intégrés".

Le communautarisme et l'assimilationnisme sont les deux faces de la même erreur idéologique.

III. La solution basée sur l'identité

Depuis notre position identitaire, nous devons répondre à la fois aux phénomènes de colonisation et à la menace démographique que représente l'immigration, mais toujours en partant de la solidité de nos paramètres idéologiques et de la rigueur d'une pensée anti-cosmopolite, qui valorise l'existence des peuples, qui s'oppose radicalement à l'idée du marché mondial et qui ne croit ni à l'assimilation ni aux conversions mais à la personnalité collective fondée sur le patrimoine et l'histoire.

Par opposition au colonialisme, les identitaires proposent l'idée de grands espaces économiques autosuffisants. Ces espaces sont définis par la communauté de la civilisation, de l'histoire et de la consanguinité.

Par opposition à l'intégration ou à l'assimilation, nous proposons l'idée que l'État est un instrument de la communauté populaire et l'expression d'une société mono-ethnique. C'était le sens de la démocratie grecque, qui ne comprenait pas la polis autrement, le sens du Sénat romain et des assemblées de guerriers germaniques. C'est le principe inaliénable que nous défendons aujourd'hui pour que la civilisation européenne puisse survivre aux menaces et aux vicissitudes posées par ce 21ème siècle inquiétant.

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samedi, 10 décembre 2022

Stupéfiante offensive sur les plats pays

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Stupéfiante offensive sur les plats pays

par Georges FELTIN-TRACOL

En septembre dernier, une patrouille de la police belge interpellait quatre individus louches qui rôdaient autour du domicile privé du ministre fédéral belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Leur intention visait à l’enlever ou à ravir l’un de ses proches. Courant octobre, la princesse héritière des Pays-Bas, Catharina-Amalia d’Orange-Nassau, se voit contrainte de délaisser son appartement d’étudiante à Amsterdam et de retourner vivre au palais royal parental bien mieux protégé. Quant au Premier ministre néerlandais Mark Rutte, il ne se déplace plus seul en vélo. Ces trois exemples montrent que la Belgique et les Pays-Bas entrent dans une « guerre moléculaire » larvée due à la montée en puissance sur notre continent des organisations de la drogue.

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Utilisant pleinement les méfaits de la mondialisation marchande et le transport maritime par porte-conteneur, des groupes criminels belges et néerlandais tels la Mocro Maffia coopèrent avec les bandes organisées d’Amérique latine. Premiers ports d’Europe par le tonnage embarqué ou débarqué, Anvers et Rotterdam constituent les portes d’entrée idéales pour le trafic de drogue en Europe où, à la différence de l’Amérique du Nord au marché saturé, existe une forte demande pour cause de déchéance spirituelle totale. Le port français du Havre en Normandie bénéficie lui aussi de cette activité illégale fort lucrative, mais dans des proportions moindres. La zone portuaire d’Anvers s’étend sur 500 km², soit environ cinq fois la surface de Paris. Les rues de ce vaste complexe ne sont pas répertoriées, ni cartographiées, ni indiquées par satellite. Selon les dockers et des délinquants repentis, il est assez facile de livrer une grosse cargaison de drogue sans se faire remarquer.

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Des reportages récents témoignent de l’inquiétante situation des ports de la Mer du Nord. Les trafiquants incitent les dockers à travailler pour eux, en les menaçant parfois. Les pressions sont terribles, d’autant que les organisations criminelles n’hésitent pas à tuer. Elles ont déjà assassiné en juillet 2021 le journaliste Peter Rudolf de Vries (photo) qui enquêtait sur leurs trafics. Auparavant, le 26 juin 2018, un attentat à la voiture bélier était commis contre le siège du journal De Telegraaf. Outre les journalistes trop curieux, ces nouvelles mafias transnationales visent d’autres groupes concurrents. Fusillades en pleine rue, jets de grenade, explosions à la bombe, exécutions sommaires rythment le quotidien de la cité flamande en proie à une insécurité grandissante.

Si les Pays-Bas et la Belgique ne sont pas encore des États en déshérence bien qu’il faille soupçonner l’insistance des nouvelles mafias auprès des principales formations politiciennes, ces deux pays entrent dans une phase chronique de violences publiques croissantes qui s’apparente à la situation chaotique de la Colombie dans les années 1980 – 1990 quand le gouvernement de Bogota affrontait le célèbre et redoutable cartel de Medellin de Pablo Escobar.

En dépit des saisies record de cargaisons illicites et le démantèlement répété des réseaux, police et justice, victimes des coupes budgétaires décidées au nom de l’ultra-libéralisme maastrichtien, n’endiguent plus le phénomène. Le déploiement de l’armée dans l’aire portuaire serait une possibilité que les autorités belges refusent pour l’heure d’envisager par crainte de favoriser encore plus le vote « populiste »… Le bourgmestre d’Anvers, le national-centriste indépendantiste Bart De Wever, chef de la NVA (Nouvelle Alliance flamande), critique la faible réactivité des gouvernement régional et fédéral qui lui sont hostiles. La hausse de la délinquance en Flandre, y compris à la campagne où se multiplient les points de deal, profiterait en priorité d’après les sondages au Vlaams Belang.

Par pruderie droit-de-l’hommiste, les reportages ne mentionnent pas la conjonction de deux phénomènes qui bouleversent en profondeur la physionomie générale de la Flandre belge et des Pays-Bas. Ces deux plats pays paient aujourd’hui cinquante ans d’immigration extra-européenne voulue et encouragée. Les dirigeants des bandes mafieuses ont des origines allogènes. Vit en Belgique et aux Pays-Bas une importante diaspora marocaine dont les meneurs proviennent de la région septentrionale du Rif, historiquement rétive à Rabat. Le dimanche 27 novembre 2022, les Bruxellois ont peut-être compris qu’un grand remplacement démographique s’effectuait avec les émeutes provoquées par des Marocains heureux de célébrer la victoire au Qatar dans le cadre de la Coupe du monde de balle au pied de leur équipe sur la Belgique (2 – 0).

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Divisée en plusieurs clans, plus ou moins puissants et souvent rivaux, la Mocro Maffia ne forme toutefois pas un ensemble cohérent puisque les conflits tribaux de là-bas se cumulent aux contentieux « commerciaux » d’ici et maintenant. Divers accords se nouent au Surinam, l’ancienne Guyane néerlandaise, ainsi qu’avec des États africains en déclin en passe de devenir des narco-États.

Le second facteur concerne bien sûr la légalisation de la toxicomanie aux Pays-Bas à partir de 1976. La liberté laxiste de fumer un pétard sans se préoccuper d’ailleurs du bilan carbone émis à cette occasion n’entraîne pas la fin des réseaux, mais au contraire les renforce. Quant à la demande, loin de diminuer, elle augmente dans toutes les classes d’âge. Le 10 août 2022, une trentaine de sénateurs PS publiait dans Le Monde une tribune libre en faveur de la dépénalisation du cannabis en avançant des motifs les plus grotesques les uns que les autres. Honte à ces parlementaires fourriers de la décadence ! Parmi les signataires pour qui il serait plus grave de ne pas porter de masque que de fumer un joint, il y a l’actuelle vice-présidente du Sénat et élue de l’Oise, Laurence Rossignol, déplorable ministresse de la Famille de 2016 à 2017 sous Flamby, qui soutient par ailleurs la pénalisation de pauvres clients de braves prostituées alors qu’ils ne font que satisfaire un impératif naturel légitime, ce qui n’est pas le cas pour la drogue ! Dans Causeur de novembre 2022, le libertarien français Laurent Obertone prône lui aussi la légalisation de la fumette dans une perspective néo-darwiniste sociale assez aberrante.

Il importe non seulement de briser les réseaux de trafic de drogue en s’attaquant aux producteurs, aux distributeurs, aux transporteurs et aux guetteurs. Il faut aussi se montrer impitoyable envers les consommateurs. Plutôt que de les envoyer en prison, les plus aisés verraient leur fiscalité augmentée de 200 %. En cas d’insolvabilité, ils effectueraient pour une durée renouvelable de six à dix-huit mois une cure de désintoxication virile dans des chantiers du peuple en plein air.

Oui, il est probable que ces propos soient considérés dans quelques années comme « toxicophobes » et punissables par une future loi liberticide. Longtemps, la toxicophobie a signifié la crainte de l’empoisonnement. De nos jours, les milieux crasseux, jamais en retard dans l’abjection catagogique, parlent de « discriminations toxicophobes », à savoir un sentiment négatif que ressent une personne vis à vis la toxicomanie et les drogués. Cette détestation engendrerait chez les toxicomanes un sentiment d’humiliation incroyablement tenace. Pauvres choux ! Ainsi le voisinage devrait-il accepter de bon gré l’ouverture de dix salles de shoot dans sa rue près de l’école maternelle. La vieille dame devrait pour sa part donner sur le champ son sac et sa maigre pension au premier junkie venu. Les fumeurs de crack du cloaque parisien de Stalingrad devraient incarner la forme idéale de l’humanité. Pas sûr que ce discours satisfasse des riverains, découragés, fatigués et excédés…

L’ombre pesante de la « narco-guerre » plane sur toute l’Europe occidentale. Le recours aux drogues contribue à l’ethnocide en cours des Albo-Européens. La réponse, draconienne, doit être militaire et implacable. On n’est plus au temps des expériences élitistes relatées par Charles Baudelaire, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas, Théophile Gautier ou Eugène Delacroix ou même par Ernst Jünger dans Approches, drogues et ivresse (1970). La massification des drogues et leur démocratisation posent un évident problème social et sanitaire, psychologique et philosophique, économique, politique et géostratégique. L’indispensable salut public exigera par conséquent une ambitieuse politique de la « Grande Santé » physique et mentale résumé par cet adage fondamental, esthétique, altier, hygiénique et intemporel d’« un esprit sain dans un corps sain ».   

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 54, mise en ligne le 6 décembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 02 décembre 2022

La Suède durcit sa législation sur les étrangers: un changement de politique à la dernière heure?

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La Suède durcit sa législation sur les étrangers: un changement de politique à la dernière heure?

Source: https://zuerst.de/2022/11/30/schweden-verschaerft-auslaendergesetze-politikwende-in-zwoelfter-stunde/

Stockholm . La Suède connaît un problème migratoire massif. Dans les grandes villes comme Malmö ou Stockholm, il existe de véritables "zones de non-droit" où les bandes de migrants se livrent régulièrement à des affrontements dignes d'une guerre civile. De plus, la Suède est considérée comme le pays de l'UE où le taux de viols est le plus élevé. Dans de nombreux domaines, il est presque déjà trop tard pour remédier à la situation.

Le gouvernement de centre-droit nouvellement élu va néanmoins tenter de renverser la vapeur en imposant au pays des lois plus strictes sur les étrangers et l'immigration. Les articles de loi pertinents seront modifiés et le séjour permanent des immigrés sera limité dans le temps. Les immigrés qui souhaitent rester doivent apprendre la langue et travailler.

L'"institution du permis de séjour permanent" sera transformée en "passeports" temporaires et conditionnels. En outre, l'"accord de Tidö" - du nom du château de Tidö à l'ouest de Stockholm, théâtre des négociations de la coalition à l'automne - contient de nombreuses autres propositions pour lutter contre l'immigration légale et illégale en Suède.

En outre, le gouvernement annonce qu'il "examinera la possibilité de retirer le permis de séjour dans certains cas, y compris pour ceux qui ne remplissent plus les conditions d'obtention du permis". Mikael Ribbenvik, directeur général de l'Office des migrations, a déclaré à la chaîne de télévision SVT que l'on étudierait les circonstances dans lesquelles les permis de séjour permanents existants pourraient être transformés en permis de séjour temporaires.

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La nouvelle ministre de l'Immigration, Maria Malmer Stenergard (photo), a fait une apparition publique ce week-end en donnant plus de détails sur le renforcement de la législation suédoise en matière d'immigration. Elle imagine notamment, ont rapporté les médias suédois, "que vous [les migrants ; ndlr] receviez des plans individuels pour y parvenir. Apprenez la langue, gagnez votre vie et apprenez à connaître la société suédoise afin d'obtenir la citoyenneté suédoise". (mü)

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mercredi, 26 octobre 2022

Travailler avec la migration" - une enquête menée par un journaliste francophone met les élites politiques belges au clair sur la politique migratoire

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Travailler avec la migration" - une enquête menée par un journaliste francophone met les élites politiques belges au clair sur la politique migratoire

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Dans sa chronique hebdomadaire Paleis der Natie (De Tijd, 22/10/2022), Rik Van Cauwelaert a une fois de plus consigné des observations intéressantes - cette fois sur la migration et l'absence (depuis des décennies) de politique en la matière. Il y discute longuement des résultats d'une enquête du journaliste francophone Alain Narinx. Je cite ci-après certaines des conclusions les plus remarquables de ce journaliste - mais son article devrait vraiment être lu par tout le monde dans son intégralité, ensuite et surtout par nos élites gaucho-libérales (genre Groen et Open VLd).

"L'opinion sur la migration est négative, tant dans le sud que dans le nord du pays. À l'exception d'Ecolo, dans tous les partis, une majorité claire juge que les migrants coûtent plus qu'ils ne rapportent. Mais tant l'idée de frontières fermées que celle de frontières ouvertes sont alors rejetées. Parmi les affidés du Vlaams Belang, les partisans et les opposants à la fermeture des frontières, avec chacun près de 30 pour cent, s'équilibrent. La proposition selon laquelle la qualité de l'éducation se détériore en raison de la migration est soutenue par pas moins de 82 % des électeurs de Défi (ex-FDF), suivi par le Vlaams Belang avec 80 % et la N-VA avec 79 %. A l'exception des Verts, tous les partis estiment que la qualité de l'enseignement s'est détériorée. La N-VA et le MR y sont à peu près aux mêmes pourcentages" (...).

"Plus frappant encore : l'affirmation selon laquelle notre pays ne peut se poser comme responsable de la protection de personnes venant d'autres pays compte plus de partisans que d'opposants, même s'ils fuient la persécution ou la violence de la guerre, et ce non seulement au sein du Vlaams Belang, mais aussi du PTB et du PS (...)"

"Au sein de six partis, une majorité absolue se dessine en faveur de la criminalisation du séjour illégal : le PTB, le CD&V, l'Open VLD, le MR, la N-VA et le Vlaams Belang. Mais à part Ecolo, les autres partis comptent également plus de partisans que d'opposants. Une majorité est également contre le droit au logement et aux moyens de subsistance des migrants illégaux (...)".

"Pour plus d'un tiers des personnes interrogées, travailler est apparemment la bonne voie pour obtenir un permis de séjour permanent. C'est précisément le point faible de la politique d'asile: actuellement, seule la moitié des migrants trouvent un emploi après plusieurs années. Un cadre juridique doit donc être créé pour faciliter l'intégration accélérée des migrants sur le marché du travail."

Rarement, en si peu de paragraphes, nous aurons connu l'échec dans un pays occidental développé (qui se dit tel) en matière de migration. Quand la politique tirera-t-elle enfin ses conclusions ? Quand les partis politiques traditionnels (libéraux, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates) tireront-ils leurs conclusions ? Parce que leurs électeurs ont tiré leurs propres conclusions depuis un certain temps déjà, c'est mon impression silencieuse.

mardi, 09 novembre 2021

L'utilisation politique de l'immigration illégale

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L'utilisation politique de l'immigration illégale

Sergio Fernández Riquelme

Ex: https://lanuevarazon.com/el-uso-politico-de-la-inmigracion-ilegal/

Sans migrations légales, stables et assimilées, il n'y a pas d'avenir, en général, ni pour les personnes qui se déplacent vers un plus grand bien-être ni pour les sociétés qui doivent les accueillir.

Les migrations peuvent être naturelles ou artificielles, spontanées ou dirigées, par la grâce d'événements imprévus ou comme conséquence de stratégies étudiées par des puissances de signatures différentes. Lorsque la nécessité se fait sentir, il est difficile de mettre des barrières sur le terrain; nous bougeons et bougerons toujours, pour apprendre ou pour survivre. Mais lorsque le besoin se fait sentir, les mouvements naturels de population peuvent devenir les mécanismes habituels de pression interne et externe dont personne ne veut parler. C'est pourquoi la presse et le monde universitaire post-moderne justifient presque toujours le caractère inévitable et désinvolte des flux illégaux, en ignorant la réalité fonctionnelle qu'ils semblent présenter, pour la plupart, dans leur genèse et leur développement. Parce que cette fonctionnalité stratégique est démontrée aujourd'hui et toujours, malgré le silence politique ou social sur les causes réelles des drames et des rêves de millions de personnes qui veulent quitter leurs sociétés d'origine, et les conséquences de l'utilisation intéressée et intentionnelle de ces flux qui atteignent les sociétés d'accueil.

Nous parlons donc d'un outil démontré dans l'étude documentaire du passé et vérifié dans l'analyse empirique du présent (comme l'a analysé Giovanni Sartori) : déplacer des populations pour homogénéiser ethniquement un territoire ou pour envahir progressivement son voisin, pour avoir moins de bouches à nourrir ou pour faire taire celles des dissidents, pour obtenir des électeurs ou pour les enlever à l'adversaire, pour obtenir des intérêts économiques juteux face à la menace ou à l'exploitation. 

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À l'heure de la mondialisation, une grande partie de cette réalité répond à des plans parfaitement conçus dans la création ou la gestion des flux migratoires illégaux. Alors que le bon sens impose des mécanismes réglementés et légaux de contrôle migratoire, en fonction de la demande de main-d'œuvre et des possibilités d'intégration des sociétés d'accueil, certains pouvoirs et institutions promeuvent ce que Kelly M. Greenhill a défini comme "l'armement de la migration" (ou "arme de la migration de masse") : c'est-à-dire l'utilisation stratégique et intentionnelle dans la naissance et le fonctionnement des flux migratoires illégaux avec des objectifs de profit économique, d'intérêt politique ou de déstabilisation sociale. Mais à la lumière d'événements plus récents ou proches, nous pouvons aller plus loin, en la considérant comme un possible outil de coercition de bien plus grande importance: à l'extérieur, pour imposer des changements politiques à l'adversaire, en obtenant de lui des concessions politiques ou économiques, en influençant ses décisions ou en altérant l'intégrité territoriale elle-même; et à l'intérieur, en ouvrant les frontières ou en cessant de les contrôler pour faire baisser les salaires et augmenter la concurrence, étendre la précarité au profit du système, modifier les identités traditionnelles ou créer des convulsions sociales dont on pourra extraire des ressources ou de la légitimité.

Dans les nations africaines ou asiatiques, encore définies par le carré et le carré ethnique, nous pourrions trouver une sorte de paradigme classique : le déplacement massif et brutal, entre les guerres et les famines, de milliers et de milliers de personnes loin de chez elles, même à l'intérieur de leur propre pays dans ce qu'on appelle les "réfugiés internes" (et que nous, en Europe, avons connu dans toute sa dureté au 20ème siècle). Nous pourrions également envisager cette singularité dans les pays soumis à la néo-colonisation mondialiste, qui semblent être témoins de pressions frontalières, de changements identitaires et de quotas migratoires permettant d'influencer de manière décisive leur parcours politique souverain (de l'Est du vieux continent aux steppes eurasiennes). 

Mais dans nos limes, celles de l'Occident, nous pourrions aussi analyser cette utilisation, bien qu'avec des formes différentes ou des temps changés, à notre avantage ou à notre détriment (au-delà de la thèse polémique du "Grand Remplacement" ou de la "Grande Substitution"). Six grandes affaires récentes permettent d'éclairer cette interprétation.

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La Turquie a profité, en tant qu'"État tampon", de la crise migratoire qui a débordé des frontières européennes au plus fort de la guerre syrienne. Après que des centaines de milliers de personnes ont traversé l'Europe en quête d'un avenir meilleur, l'UE a conclu un accord avec le gouvernement de Recep Erdogan. Le 18 mars 2016, la déclaration UE-Turquie (ou "accord UE-Turquie") a été signée, un pacte selon lequel toutes les arrivées irrégulières sur les îles de la mer Égée, y compris les demandeurs d'asile, seraient renvoyées en Turquie en échange de plusieurs milliards d'euros de contreparties (pour atteindre à terme un maximum de quatre millions de réfugiés dans les camps ou villes ottomanes).

Face à la crise susmentionnée, l'"Eurocratie" dénoncée à Bruxelles a imposé à ses différents États membres une série de quotas d'accueil d'immigrants, acceptés par les pays occidentaux qui ont besoin d'une main-d'œuvre bon marché (et qui, comme l'Allemagne d'Angela Merkel, l'ont encouragée dès le début du phénomène), et rejetés par les nations de l'Est parce qu'elles ont des frontières directes, présentent des données macroéconomiques moins bonnes ou défendent une vision plus nationaliste ou souveraine de leur propre réalité (comme la Pologne ou la Hongrie).

Le Mexique a également utilisé, comme avant Barack Obama et Donald Trump, cette utilisation par l'action (mais aussi par sa propre omission), en évitant de devoir accueillir des migrants de pays voisins plus pauvres ou en fournissant du travail à ses propres habitants, en recherchant de meilleurs accords bilatéraux sur les questions économico-industrielles (comme dans l'accord de libre-échange), ou des améliorations dans les processus de migration légale des travailleurs mexicains sur le territoire nord-américain. En conséquence, pendant des années, les "caravanes" de migrants en provenance d'Amérique centrale (Guatemala, Honduras, Salvador, Nicaragua) ont été à peine contrôlées, ou l'exode des travailleurs mexicains vers le nord face à la crise ou aux inégalités (comme le montre l'emblématique train "La Bestia") n'a pas été arrêté, qui ont traversé le pays depuis la frontière sud bourrée d'immigrants clandestins), jusqu'à la signature des protocoles de protection des migrants (PPM, ou "Stay in Mexico") de 2019 entre les deux nations, face à la menace de Trump d'imposer des tarifs punitifs sur tous les produits mexicains importés.

Le Maroc exerce périodiquement des pressions sur l'Espagne en tant que "frontière méridionale" de l'UE, en agressant continuellement les migrants (aussi bien les Centrafricains adultes "de passage" que les mineurs patriotes "asociaux") et en les poussant vers les villes autonomes de Ceuta et Melilla, ou en fermant les yeux sur les pateras pleines de jeunes Maghrébins qui arrivent sur les côtes méditerranéennes, surtout en période de beau temps maritime. Malgré le traité d'amitié, de bonne volonté et de coopération entre les deux pays (Rabat, 1991) et divers accords, le Maroc autocratique a su jouer ses cartes, obtenant par ces pressions une augmentation des exportations vers l'Europe, plus d'investissements dans le pays, une carte blanche au Sahara occidental, ou une meilleure formation de la police, en contrôlant les flux migratoires africains (et en collaborant également à la lutte contre le terrorisme djihadiste international).

Aux États-Unis, on a dénoncé la façon dont les politiciens et les dirigeants démocrates se sont fait les champions de la défense de l'immigration illégale dans le pays, par exemple avec la déclaration des "villes sanctuaires", et pas seulement comme une aspiration éthique ou humanitaire : la population latino croissante, supposée sensible à ce problème, serait un corps électoral plus compact et mobilisé pour leurs intérêts, comme par exemple dans la campagne électorale et médiatique déclenchée à l'époque contre le président Trump.

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Et même la Biélorussie, sous Alexandre Loukachenko, a répondu aux sanctions occidentales contre son pays (après les soubresauts des élections présidentielles de 2020) en permettant aux migrants asiatiques de transiter par le pays vers l'Europe, évitant ainsi d'être une zone de contrôle et un point de passage frontalier vers " le rêve européen ", et provoquant une grave crise diplomatique et politique à la frontière avec la Pologne et la Lituanie.

Sans une migration légale, stable et assimilée, il n'y a pas d'avenir, en général, ni pour les personnes qui se déplacent vers un plus grand bien-être ni pour les sociétés qui doivent les accueillir. C'est dans l'histoire, nous le voyons dans nos rues, et nous le savons dans les drames de ceux qui perdent parce qu'ils veulent ou peuvent se déplacer dans le monde. Et sans cette légalité, seuls les politiciens corrompus et inutiles qui exploitent leurs citoyens ici et là et les expulsent de presque toutes les manières, et toutes ces mafias économiques et sociales qui profitent des besoins des autres pour leurs affaires ou leurs projets, continueront à gagner.

Personne ne veut de morts sur les côtes, personne ne veut de ghettos dans ses villes, personne ne veut la misère des autres, personne ne veut l'exploitation du travail. Mais sans des politiques claires et légales de gestion des flux migratoires, consubstantiellement liées à la dénonciation de la violation des libertés fondamentales dans les centres de départ ou des atteintes aux identités nationales dans les centres d'arrivée, aucun slogan ou drapeau, aussi louables soient-ils, ne mettront fin aux drames subis par les uns ou les autres (en termes d'insécurité personnelle ou collective) causés par ce qui apparaît comme cet usage politique normalisé. Il n'y a pas de solutions faciles à des problèmes difficiles, comme le savent bien les sciences sociales, même s'il existe des politiques de contrôle public qui garantissent la légalité, des valeurs traditionnelles claires qui améliorent l'intégration, et des mesures d'assimilation éprouvées qui favorisent la coexistence. Et qui empêchent, ou délégitiment, l'utilisation politique et partisane habituelle de l'immigration illégale par des pouvoirs qui l'utilisent pour des objectifs très spécifiques sans vraiment se soucier des raisons pour lesquelles les migrants fuient et avec qui ils doivent partager.

Sergio Fernández Riquelme

Sergio Fernández Riquelme est historien, docteur en politique sociale et professeur d'université. Auteur de nombreux ouvrages et articles de recherche et de diffusion dans le domaine de l'histoire des idées et de la politique sociale, il est un spécialiste des phénomènes communautaires et identitaires passés et présents. Il est actuellement directeur de La Razón Histórica, une revue hispano-américaine sur l'histoire des idées.