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jeudi, 29 mai 2014

Propositions pour une nouvelle Union européenne

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Propositions pour une nouvelle Union européenne

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

La position exprimée ici est  différente de celle des anti-européistes (style FN ou UPR) ou de celle des fédéralistes qui sont trop entachées d’idéologie. On connaît les  énormes inconvénients de l’UE : bureaucratie, Commission qui outrepasse ses droits, ”machin” constitutionnel illisible, déficit de démocratie, usine à gaz institutionnelle, impuissance à défendre l’intérêt des peuples, etc. 

Pourtant l’UE a procuré nombre d’avantages dont ne parle jamais parce qu’ils sont intégrés dans le quotidien, notamment l’accroissement des échanges intereuropéens et la régulation bancaire. Affirmer, comme le fait le FN, que la ”crise” débutée en 2008 a été provoquée par la politique de l’UE, n’est pas sérieux. Elle a eu comme cause principale le système financier américain spéculatif, virtuel et dérégulé. Sans oublier l’endettement irresponsable de certains États.

Sortir de l’euro pour la France ? Pas très malin…D’abord, cela prendrait beaucoup de temps et pourrait provoquer un choc international de récession  incontrôlable.  Les USA et la Chine seraient d’ailleurs ravis d’un retour aux monnaies nationales en Europe, afin de rétablir le dollar et d’établir le yuan comme seules monnaies de transaction planétaire.

 L’euro est trop cher et nuit aux exportations ? Pas si simple…. La France est déficitaire dans ses exportations/ importations même vis-à-vis des  pays de la zone euro, qui sont largement majoritaires dans nos échanges extérieurs ! Et les pays de l’Eurozone (pas seulement l’Allemagne !) sont excédentaires dans leur balance commerciale avec le reste du monde. Donc le problème n’est pas l’euro surévalué – ne rejetons pas toujours la responsabilité sur les autres – mais la politique économique de la France, anti-compétitive : fiscalisme écrasant, découragement des investisseurs, charges sociales excessives, rigidité du marché du travail, marges des entreprises trop faibles pour assurer R&D et innovation, etc. Bref, le socialisme, générateur de chômage et de paupérisation, pratiqué par la droite comme par la gauche, est responsable du déclassement économique français, et non pas l’euro ou l’ ” austérité ” imposée par Bruxelles, comme le rabâchent les perroquets incompétents.

D’autre part, une sortie de l’euro et un retour aux monnaies nationales, en l’occurrence au franc, outre que le processus serait très difficile techniquement, auraient quatre inconvénients majeurs : 1) Baisse par dévalorisation, de 15% à 40% des retraites et des sommes épargnées placées en banque, pour tout le monde. 2) Doublement ou triplement des intérêts de la dette nationale et augmentation du principal d’au moins 10%, libellé en ”néofranc”. 3) Coût très important pour les PME du retour au Franc, administratif et comptable d’abord, en frais de change ensuite. 4) Explosion de l’inflation.  

L’euro, en effet, garantit un faible niveau d’inflation et la stabilité des revenus d’épargne. Inconvénient : une monnaie unique pour des pays économiquement très différents, l’euro étant en fait l’”euro-mark”. En réalité, il ne fallait pas y entrer comme on l’a fait, pour des raisons politiques, mais il est très difficile d’en sortir, comme un chien dans le terrier d’une taupe. Alors que faire, pour changer de fond en comble l’UE, sans jeter le bébé avec l’eau du bain ?     

J’ai longtemps cru qu’une Europe fédérale était possible, sur le modèle américain des États Unis d’Europe, voire sur la destruction des nations au profit des régions. Il faut savoir renoncer aux utopies en fonction de l’expérience. L’Europe historique n’a rien à voir avec la construction des USA. Voici (1) quelles pourraient être les bases d’une nouvelle Europe des Nations, beaucoup plus souple, pragmatique et concentrée sur l’essentiel que l’usine à gaz de l’actuelle UE, qui ne sait pas où elle va : 

1) Suppression du Parlement européen, instance inutile, simulacre de démocratie.

 2) L’Union européenne est dirigée par le Conseil de Gouvernement de l’Union qui comprend les chefs d’État et/ ou de gouvernement démocratiquement élus, qui décide à la majorité des 2/3. Il nomme les membres de la Commission européenne qui ne peut plus imposer aucune ”directive” de son initiative ni décider quoi que ce soit et se contente d’appliquer ses décisions.

3) Les compétences du CGU sont strictement limitées aux domaines suivants : a) la concurrence intérieure et le marché intérieur ; b) le commerce extérieur ; c) l’agriculture et la pêche ; d) l’industrie, les transports et les infrastructures ; e) la politique énergétique et l’environnement ; f) la politique fiscale et sociale ;  g) la recherche, l’économie numérique et la coopération universitaire ; h) la politique monétaire des États ayant choisi l’euro et la réglementation bancaire. La politique étrangère, la politique d’immigration, les normes judiciaires et pénales, les questions ”sociétales” ne relèvent que des États.

4) Les décisions du CGU ne sont applicables dans les pays membres (transposables dans leurs lois et règlements) qu’après une approbation par chaque Parlement national. Les Parlements nationaux prévalent en tout domaine.

5) Suppression de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) et de la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH), ainsi que des postes de Président de l’UE et de délégué aux Affaires étrangères. 

6) Tout État peut sortir des accords de Schengen et rétablir les contrôles de personnes aux frontières et les règles d’admission, y compris pour les personnes provenant de l’UE. De même, chaque État est totalement libre de définir ses règles d’acquisition de la nationalité et de régime social pour les étrangers.

7) La Banque centrale européenne (BCE) n’est plus indépendante. Elle applique la politique monétaire vis à vis de l’ euro définie par le CGU, limité aux États membres de l’Eurogroupe.

8) L’élaboration d’une politique étrangère commune comme d’une politique de défense indépendante s’étant révélée, par expérience, impossible, il est créé entre les États qui le veulent une Communauté européenne de Défense (CED) totalement indépendante de l’OTAN ; elle est dotée de moyens militaires classiques, à l’exclusion de la dissuasion nucléaire.  

9) Vote unanime du CGU et de tous les Parlements nationaux pour l’adhésion d’un nouveau membre.

Dans cette perspective, quels seraient les objectifs principaux d’une nouvelle UE, d’une Europe des Nations ?

1) Assurer l’existence  d’un marché intérieur de libre-échange de biens, de services et de capitaux – mais pas obligatoirement de travailleurs, sauf accords libres interétatiques – dans l’espace de la nouvelle UE.

2) Instituer une préférence économique européenne (”espace économique européen”), avec protectionnisme et contingentements aux frontières communes et obligation de réserver 60% des marchés publics aux entreprises européennes. (2) 

3) Laisser libres les États souverains de négocier entre eux tous les autres modes de coopération et d’initiatives.

 4) Développer une vision de l’Union européenne découplée de Washington (sans hostilité) mais cherchant une alliance privilégiée avec la Russie et se préservant de toute immigration extérieure invasive. 

Ces propositions s’inscrivent dans une vision souple et pragmatique de l’Europe des Nations, très éloignée du système illisible de l’UE actuelle qui est l’otage de l’eurocratie, c’est-à-dire d’une oligarchie transnationale, composée de réseaux politiciens, médiatiques et technocratiques alliés. L’idée d’une Europe fédérale avec une trentaine d’États et autant de langues (3) appartient au domaine de l’utopie, comme le fut l’Union soviétique. L’idée européenne possède une portée historique exceptionnelle (4), mais elle été mal initiée et pervertie, comme une potion qui rend malade et ne guérit pas. Voilà pourquoi, il faut tout reprendre à zéro, sans démagogie, avec patience et détermination. 

Notes:

(1)  Cf. Mon Programme. Éd. du Lore.

(2) Comme cela a cours aux USA, en Chine, au Japon, etc.

(3) Sauf le basic English comme idiome commun

(4) Cf. mon ancien essai Nouveau discours à la Nation européenne, réédité.

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