vendredi, 10 octobre 2014
A quel jeu la Turquie se livre-t-elle?
A quel jeu la Turquie se livre-t-elle?

On aurait pu penser que l'armée turque, fortement armée et dont l'intervention vient d'être autorisée par le Parlement , aurait pu passer la frontière et se porter au secours de Kobané, vu l'urgence et les engagement pris par la Turquie, sous les pressions d'Obama, en faveur de la coalition. Mais elle ne le fait pas. Elle interdit par ailleurs le passage de volontaires kurdes turcs désireux de soutenir leurs homologues syriens et irakiens.
La bienveillance de la Turquie à l'égard de l'EI ne s'arrête pas là. Elle vient de libérer environ 70 djihadistes, dont un certain nombre provenant de pays européens, dont la France, arrêtés au moment où ils tentaient de rejoindre la Syrie. Ceci en échange de la libération par les islamistes d'une cinquantaine d'otages turcs précédemment enlevés par l'EI. Comme quoi il ne faut jamais négocier avec les terroristes, sauf quand.
Nous avons vu dans des articles précédents que l'ambivalence de la Turquie dans le conflit actuel pouvait s'expliquer par sa crainte de voir se constituer un grand Kurdistan, englobant les trois provinces actuelles, turque, syrienne et irakienne. Mais ce jeu sera de courte portée. Ou bien l'Etat islamique réussira dans son entreprise visant à édifier un puissant califat à la frontière de la Turquie. L'existence en deviendra, non seulement une concurrence sérieuse pour la Turquie dans le monde (y compris en Europe). Ou bien l'EI n'y réussira pas, principalement sous l'influence des troupes au sol fournies par les Kurdes. Dans ce cas, la pression du PKK, parti autonomiste turco-kurde, ne pourra plus être contenue, sans une guerre civile généralisée.
Entre ces deux menaces, il vaudrait mieux choisir la moindre, en acceptant une relation très négociable, sur le modèle de l'Union Européenne, entre la Turquie et un éventuel Grand Kurdistan à former. Mais l' « islamisme modéré » du gouvernement turc l'a peut-être déjà convaincu de préférer la première perspective. D'autant plus que la diplomatie européenne, plus muette que jamais, n'intervient pratiquement pas
Post-Scriptum. Ajoutons qu'en fait la Turquie cherche aussi à abattre, indirectement, Haffez al Aassad, soutenu par l'Iran et la Russie. Scandaleux que la France et l'Europe continuent à armer l'ASL (sic) et de la sorte menacer Damas par djihadistes interposés.
Concernant les relations entre la France et Hafez al Assad, le Journal Le Monde daté du 7 octobre confirme que ce dernier avait fait des propositions à la France en vue d'une alliance contre les djihadistes, commençant par des échanges de renseignements, mais qu'elles ont été refuses par l'Elysée et Laurent Fabius, sur les pressions d'Israël. No comment.
00:05 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, actualité, politique internationale, géopolitique, levant, proche orient, syrie | |
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