vendredi, 14 novembre 2014
Si la France ne livre pas le porte-hélicoptère Mistral, elle perd 20 milliards d'euros
Si la France ne livre pas le porte-hélicoptère Mistral, elle perd 20 milliards d'euros
Le 13 octobre 2014, la Russie a signé un contrat avec la Chine pour des sous-marins de classe Amur. Le contrat pour les systèmes S-400Triumph et les avions Sukhoi 35 sera signé dès 2015, selon la décision de la France en ce qui concerne les 4 porte-hélicoptères Mistral.
La déclaration du président Barack Obama selon laquelle la Russie est la principale menace pour l’humanité après l’épidémie d’Ebola, accompagnée de sanctions économiques imposées par les États-Unis et ses sbires (UE, Japon et Australie), a été suivie d’un dur avertissement lancé par la porte-parole du département d’Etat américain, Jen Psaki. Le gouvernement français a obtempéré et a relevé de ses fonctions le directeur du programme de Mistral qui avait fait entamer les préparatifs pour la livraison officielle du premier porte-hélicoptère à la Russie, le 14 novembre 2014.
Ces gestes hostiles ont conduit la Russie à prendre des mesures, en donnant les premiers coups indirects. La première urgence pour la Russie est de protéger sa frontière orientale du danger des flottes militaires des États-Unis et ses alliés dans la région : le Japon et la Corée du Sud. Protection assurée par un avant-poste puissant comme la Chine, le plus sûr allié de la Russie. La Chine, qui est devenue la première économie mondiale, possède les plus grandes réserves de devises étrangères au monde.
Sur le plan pratique, la Russie a signé un contrat avec la Chine pour la construction du sous-marin d’attaque de 4ème génération de classe Amur (projet 1650) le 13 octobre 2014. La Russie assurera le transfert de technologie pour la construction en Chine d’une série de 25-30 sous-marins extrêmement silencieux de cette classe, ce qui permettra à la marine chinoise de surclasser les groupes navals américains, japonais, et coréen opérant dans la région du Pacifique occidental.
Le sous-marin de classe Amur est équipé d’un système de propulsion indépendant de l’air atmosphérique (AIP), qui lui permet de naviguer sans avoir à remonter à la surface pendant un mois, suffisamment pour traverser d’un bout à l’autre l’océan Pacifique sans être dépisté. Le sous-marin Amur dispose de quatre tubes de lance-torpilles horizontaux de cal 533 mm et 10 VLS (système de lancement vertical) pour les missiles. Les lanceurs verticaux peuvent utiliser simultanément une vaste gamme de missiles de croisière (avec des rayons d’action allant jusqu’à 2 500 km), des missiles antinavires et des missiles AA de longue et moyenne portée.
La seconde urgence est la création des conditions pour briser le bloc monolithique créé autour des États de l’UE par les États-Unis pour imposer des sanctions économiques contre la Russie. Et la situation semble favorable à la Russie, sur le plan de la scène politique, préfigurée par la France, où le spectre du chômage atteindra dans quelques mois des niveaux dont la gravité pourrait paralyser le Président François Hollande.
En décembre 2010, Nicolas Sarkozy rentre d’une visite officielle en Inde avec la plus grande commande de l’histoire de l’aéronautique commerciale, d’une valeur de 15 milliards de dollars, visant à livrer, pendant les 8 années à venir, 180 avions Airbus à la compagnie indienne IndiGo Airlines. Ce contrat s’est exécuté dans une proportion de 30 à 40 % et peut être annulé à tout moment. En 2012, toujours grâce à Sarkozy, le Rafale français de Dassault a été déclaré vainqueur devant son rival européen Eurofighter Typhoon en finale du concours MMRCA-126 de l’armée de l’air Indienne.
La compétition visait à sélectionner des types d’avions multi rôles pour remplacer les MiG-21 Bizon de l’Inde. Une des conditions du contrat initial, d’une valeur de 20-25 milliards d’euros étant que presque 100 des 126 appareils soient assemblés en Inde. Comme la France a établi une période de trois ans à compter de la signature du contrat-cadre jusqu’à la livraison du premier exemplaire au bénéficiaire, selon l’Ambassadeur de Russie à New Delhi, son Excellence Monsieur Alexander Kadakin: « l’Inde a toutes les raisons de ne plus être intéressée par les Rafales, d’ici la fin de 2014. »
La raison en est le contrat de la Russie avec la Chine pour la livraison de 28 systèmes anti-aériens anti-missiles de dernière génération, le S 400 Triumph, et 24 avions de chasse Sukhoi 35 S, approuvée par le Président Vladimir Poutine. Le Contrat doit être signé dans les premiers jours de l’année 2015. Si la France maintient la décision dictée par Washington de ne pas expédier les porte-hélicoptères Mistral déjà payés par la Russie, Poutine sera obligé d’offrir à la Chine des appareils Su-35 S, avec les pièces de rechange et 100 moteurs AL-41F1S à traction vectorielle (les plus puissants moteurs pour les avions multi rôles de génération 4 ++).
La Chine a surpris la planète entière en remplaçant récemment les radars PESA (Passive Electronically Scanned Array) par l’AESA moderne (Active Phased Array Radar) sur tous les cinq avions AWACS, appelé le KJ-2000. L’avion KJ-2000 (l’appareil russe IL-76 modifié), conçu comme un poste de commandement volant, est devenu plus puissant que le Boeing E-3C Sentry américain (équipé de radars PESA). Chaque KJ-2000 est capable de suivre 300 cibles aériennes ennemies, tout en dirigeant l’interception de chacune de ces cibles par 100 avions de chasse chinois.
Au lieu d’une antenne conique PESA, capable de tourner à 360 degrés pour pouvoir transformer les ondes radar en un faisceau étroit, l’antenne radar AESA est composé de 1 000 à 2 000 modules TR (émetteur-récepteur), qui fonctionnent indépendamment les uns des autres. La modélisation de la forme du faisceau radar et sa projection dans un secteur très étroit et très précisément délimité dans l’espace est réalisé numériquement par un ordinateur, en sélectionnant la puissance du signal émis par chacun des modules TR en quelques millionièmes de seconde. En outre, chaque module TR peut être programmé pour fonctionner soit comme émetteur, soit comme récepteur uniquement, avec des fonctions différentes en même temps.
Le radar AESA 50N6A est dérivé du complexes AA russe Tor-M2E (déjà installé en Biélorussie, c’est la première batterie russe de ce type) et S-350, ce qui signifie qu’il est venu en Chine pour une raison, fondée sur un accord russo-chinois. Mais le radar de 50N6A chinois a un plus grand gabarit que son frère N036 Byelka dont la portée est de 400 kilomètres, à bord des 22 avions Su-35 qui ont rejoint en 2014 la dotation de l’aviation militaire de la Fédération de Russie. Par conséquent, la Chine, qui a de l’argent, ne s’arrêtera pas au lot des 24 Su-35 S et a l’intention de commander plus de 100 appareils de ce type.
Ainsi, connaissant la servilité du président François Hollande vis-à-vis de Washington, l’option de la France est claire : pour l’instant les conditions de livraison des premiers navires de guerre Mistral ne sont pas remplies. Rafale, le meilleur avion de chasse français de tous les temps, devient, de manière imméritée, un simple enjeu, un trophée de chasse en conséquences du jeu politique dicté par les américains. Pour bien voir le coup porté à la France par le président Hollande, je vous propose de regarder une vidéo montrant en direct comment le rafale « descend » le meilleur avion américain, le F-22 Raptor, en manœuvres de combats aériens. Ensuite il « descend » quatre fois d’affilée, des avions Eurofighter Typhoon.
Par effet domino, l’Inde qui est la quatrième économie mondiale et espère étendre le gazoduc russe « power of Siberia » en Inde, a annoncé le 25 octobre qu’elle prévoit des réorientations en ce qui concerne ses contrats et qu’elle allouait un montant de 13 milliards de dollars pour certains nouveaux programmes militaires. L’Inde, qui est le plus gros importateur d’armes russes et qui a jusqu’à présent produit sous licence 200 avions Su-30MKI, se voit obligée de renoncer aux Rafales. L’avion français, équipé de radar PESA, même si c’est mieux que le Su-30MKI, est inférieur au Su-35, qui a également des moteurs de traction vectorielle que Rafale ne possède pas.
La seule conclusion que l’on peut tirer est qu’il semble que l’Inde va commander 126 avions Su-35 S, au lieu de Rafales, tandis que la Russie ne sentira en rien l’absence des Mistral.
- Source : Valentin Vasilescu
00:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, russie, mistral, porte-hélicoptères mistral, politique internationale, défense, armement, marine, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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