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vendredi, 13 mai 2016

Bonne nouvelle pour l'Europe: Erdogan licencie Ahmet Davutoglu

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Bonne nouvelle pour l'Europe: Erdogan licencie Ahmet Davutoglu

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a soudainement annoncé mercredi 4 mai sa décision de démissionner de la présidence du Parti Justice et Développement (AKP) au pouvoir et de son poste de premier ministre. Lors d'une conférence de presse, après la réunion du Comité central de direction de son parti, Davutoglu a déclaré que l'AKP organiserait un congrès extraordinaire pour élire son successeur.
 
Davutoglu sauve les apparences en annonçant lui-même sa démission. Mais nul ne peut ignorer qu'il a été énergiquement poussé au départ par Recep Tayyip Erdogan. Plusieurs raisons justifient ce coup de force. La première tient aux réticences de plus en plus marquée du premier ministre aux actions menées par Erdogan et son parti pour écraser le Parti démocratique populaire pro-kurde (HDP).

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Cette démission est par ailleurs le reflet de conflits profonds au sein de l'Etat dans le contexte de la participation turque à la guerre civile syrienne, de tensions croissantes avec la Russie et d'une nouvelle guerre civile sanglante avec la minorité kurde en Turquie. On sait que depuis plusieurs jours l'AKP, instrumentalisé par Erdogan, menace de lever l'immunité parlementaire des députés HDP pour permettre leur procès sur des accusations de terrorisme. Si Davutoglu avait laissé faire, il ruinait définitvement son image et ceux des « islamistes « modérés qu'il représente désormais depuis que Erdogan a renoncé à toute modération pour éliminer y compris par des attentats organisés les désirs d'autonomie relative du parti kurde.

Merkel va-t-elle comprendre?

C'est non seulement auprès des 30% environ d'électeurs turcs souhaitant se rapprocher de l'Europe, qu'il aurait ruiné son image mais auprès des gouvernements européens. Davutoglu avait été pratiquement le seul artisan des accords négociés avec Angela Merkel pour que la Turquie contrôle les flux de migrants que jusqu'à présent, sous l'influence de Erdogan et de ses alliées les pétromonarchies, voire de soutiens au sein de Daesh, Ankara avait dirigés vers l'Union européenne pour la détruire de l'intérieur. Or l'expérience avait montré que si Erdogan acceptait les milliards d'euros de l'Europe, il ne faisait rien pour tarir le flot des migrants. Si Davutoglu avait fermé les yeux, il se déconsidérait définitivement comme interlocuteur de l'Union européenne dans la perspective de futurs rapprochements.

Son départ sera donc une bonne chose pour l'Europe, à commencé pour Angela Merkel. Il sera de plus en plus impossible de négocier avec la Turquie sur les migrants et l'éventuel rapprochement  avec l'Union européenne – y compris espérons-le sur la question qui aurait été très mal accepté de délivrer des visions aux voyageurs turcs. Il sera également de plus en plus impossible de continuer à offrir des portes ouvertes aux millions de « migrants » en attente.

Le départ de Davutoglu met en évidence la volonté d'Erdogan de devenir un dictateur en tous domaines, autrement dit le Sultan ottoman qu'il a toujours rêvé d'être. Ceci s'était traduit jusqu'ici par des poursuites contre la presse telles que la détention préventive de journalistes. Par ailleurs, de plus en plus aujourd'hui, Erdogan mène une politique belliqueuse, tant au niveau international qu'à l'intérieur de la Turquie.

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Il a attisé une guerre civile contre la minorité kurde de Turquie et presque provoqué la guerre avec la Russie quand, avec le soutien américain, la Turquie a abattu un avion de chasse russe au-dessus de la Syrie en novembre dernier. Il est de plus en plus évident qu'avec ses appels à un régime « présidentiel », Erdogan tente de faire face à des contradictions politiques insolubles en imposant un régime autoritaire.

On peut espérer que le masque représenté par Ahmet Davutoglu une fois arraché, l'Union et les gouvernements européens renonceront à toute collaboration sérieuse avec la Turquie d'Erdogan – quitte à braver les reproches de Obama et des autres organes de pouvoir américains n'ayant jamais renoncé à affaiblir l'Union européenne par l'intermédiaire d'un mariage forcé avec la Turquie.

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