Dédié au dieu romain de la Guerre, le mois de mars 2019 a vu la disparition à dix jours d’intervalle de deux grands combattants des idées, Guillaume Faye et, dans la nuit du 15 au 16, Rodolphe Crevelle, lui aussi victime d’un mal foudroyant.
Né à Rouen en 1955, Rodolphe Crevelle fut longtemps un adversaire résolu de l’Europe. Formé à L’Action Française, il milite ensuite dans différents mouvements royalistes, nationalistes-révolutionnaires et solidaristes dans lesquels il tempère peu à peu son anti-européisme initial. En 1994, avec le bulletin mensuel, Lettre de la Grande France, il promeut la francité, c’est-à-dire les peuples d’ethnie française hors de l’Hexagone (les Wallons, les Jurassiens, les Valdôtains, les Québécois, les Acadiens, etc.). Un temps proche des marins-pêcheurs du Cotentin et de la très active Confédération de défense des commerçants et artisans (CDCA) de Christian Poucet, il organise cette année-là, puis en 1998, une manifestation sur les îles anglo-normandes des Minquiers – Écréhous. Ces deux actions médiatiques lui valent d’être invité par Serge de Beketch dans le « Libre-Journal de la Résistance française » à Radio-Courtoisie.
Rodolphe Crevelle conçoit alors la Grande France comme une réponse à la lourde léthargie de ses compatriotes. « Cette “ plus Grande France ” en libérant la géopolitique européenne de quelques unes parmi les plus criantes contradictions territoriales, écrit-il, constituerait ainsi le noyau français sur lequel, face au monde anglo-saxon et à son anti-civilisation, l’Europe peut nourrir son unique espoir de différence (Éditorial de Lettre de la Grande France, n° 1, 1994). » Il estime déjà que « s’il est donc vrai que la France hexagonale est devenue trop petite et plus assez riche pour assumer le destin qui lui a été promis par son histoire, s’il est bien devenu fatal que la France ait à rechercher en Europe un espace politique et économique supplémentaire, cela peut encore se faire dans la perspective d’une EUROPE FRANÇAISE (Idem) ». Il regrette en particulier que « les frontières intangibles, lignes Maginot de l’ordre international, en comprimant des revendications nationales affirmées, se révèlent déjà, et se révéleront davantage encore dans le cadre d’une Europe socialement éclatée et ethniquement bouleversée par les immigrations massives, comme la source unique des conflits européens actuellement déclarés ou en “ germe avancé ” (Id.) ». Ce qui le conduit au printemps 2006 à sortir TransEurope. Actu des particularismes européens. On y lit des reportages sur les Sorabes au Sud de Berlin, les Vlachs d’Albanie, l’indépendantisme morave ou le rattachisme mentonnais pro-monégasque. La revue s’arrête toutefois au bout de son troisième numéro.
Rodolphe Crevelle refait parler de lui au moment du « mariage pour tous ». À mi-chemin entre la plaisanterie potache et la conspiration néo-cagoularde, il théorise dans son imprimé Le Lys Noir ainsi que dans d’autres publications annexes telles GéoArsenal et AFU (Action Française Universitaire), un coup d’État militaire renversant François Hollande. Ces publications cassent le ronronnement moutonnier droitard. Il explique dans Mon cher entre-soi. Écrits politiques d’un activiste (Éditions des Lys Noirs, 2014) que « le royalisme est avant tout une hérésie confrontée après coup par l’intelligence (p. 552) ». Fidèle à l’héritage révolutionnaire du royalisme (le Cercle Proudhon d’avant 1914 ou le Mouvement socialiste royaliste en 1945), il conçoit assez vite l’« anarcho-royalisme », suggère une France aux quarante provinces décentralisées et soutient la fin de l’unité et de l’indivisibilité républicaines avec la partition du territoire hexagonal en enclaves musulmanes. Il se montre rétif à la « remigration ».
Lecteur de Georges Bernanos, de Jacques Ellul et de l’écologiste radical finlandais Pentti Linkola, cet opposant farouche au progrès technique et à la numérisation du monde défend un mode de société écologique décroissante et rurale militarisée dans un seul pays (en attendant mieux). Il rejette en prime le nationalisme, car il considère que « les nationalistes sont républicains comme on pouvait préférer Brahms à Chopin sur le pont du Titanic. Cela n’a pas plus de sérieux que ça. Aussi, voilà l’anarcho-royaliste qui devient, par contradiction nécessaire, un européen de parti-pris favorable (La doctrine anarcho-royaliste, Brochure express du Lys noir, 2017, p. 326) ».
Récusant le prétendant légitimiste, réservé à l’égard de la Maison d’Orléans et regrettant que les Bourbons-Busset aient perdu tout sens de service royal, Rodolphe Crevelle se rallie finalement au parmisme. Il imagine le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme en régent de l’« Écopays » français du Lys Noir et place ses espoirs dans la lignée de son neveu, le prince Charles de Bourbon-Parme, chef de cette maison capétienne et prétendant carliste autogestionnaire au trône d’Espagne. L’engagement européen se précise dès lors. En effet, « à mesure que les républicains refusent l’Europe, l’anarcho-royaliste très fidèle à l’européanité naturelle de ses princes, à ce joli rêve maintenu de faire de la France la première puissance continentale… (La doctrine…, pp. 328 – 329) », prêter allégeance aux Bourbons-Parme, plutôt traditionalistes, implique obligatoirement de passer à l’échelle continentale à l’instar des Saxe-Cobourg-Gotha progressistes et des Habsbourg-Lorraine conservateurs.
Rodolphe Crevelle accorde à l’« Hyper-France » le rôle moteur dans la genèse géopolitique européenne, ce qui signifie délaisser tout nationalisme cocardier. « Il y a certes bien des manières désormais de ne plus être français et encore une ou deux façons antagonistes de l’être encore… Regardez-moi tous ces anti-européens savants et résolus, note-t-il : ils sont tous souverainistes, tous républicains, tous dévoués à la révolution française, tous se bousculent pour se faire appeler républicains ou patriotes… Ils sont surtout tous très oublieux de tracer la ligne de front là où elle serait pourtant la plus utile : contre le technicisme, par exemple (Id., p. 326). »
Rodolphe Crevelle pense alors à une Europe latine et catholique alliée à la Russie eurasiatique et adossée à l’Amérique latine. Cette Europe minimale s’organiserait autour d’une France étendue à la Wallonie et au Luxembourg, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, de la Pologne, de la Hongrie – Transylvanie et de l’Autriche – Bavière – Bade-Wurtemberg – Rhénanie. L’objectif final de cette Confédération des nations européennes présidée par un Bourbon-Parme quand même le roi de France serait un Orléans reclus au Mont Saint-Michel, repousserait une modernité étatsunienne et/ou anglo-saxonne obsolète.
Infatigable activiste aux côtés des indépendantistes québécois, des nationalistes acadiens et des rattachistes wallons, Rodolphe Crevelle rêvait d’une patrie libérée de l’OTAN et de la Finance multinationale, fière de contribuer à une autre Europe archaïque et post-moderne. Saluons donc la mémoire de Rodolphe Crevelle !
Georges Feltin-Tracol
• Chronique n° 25, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 21 mai 2019 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.



Es en dos etapas bien diferenciadas en donde cabe hablar de la prosapia hispana de la filosofía. Hubo una primera -pero ya remota- etapa de realismo escolástico, en la Edad Moderna, esto es, en los siglos áureos del Imperio. Hubo y hay otra etapa, mucho más reciente, presidida de forma contemporánea por el vitalismo filosófico de nuestro Unamuno y de nuestro Ortega. Es de este vitalismo de donde partimos hoy en la hispana filosofía y de donde, según los pasos que muestra Manuel F. Lorenzo, podemos beber y alzar nuevas construcciones del pensamiento. El vitalismo hispano, como el de toda Europa, bien podría bascular en dos direcciones, entre sí antagónicas. Una dirección posible, hacia donde inclinar su peso, es claramente irracionalista. La Vida como opuesta a la Razón, la Vida como primum que no atiende a razones, que siente las razones como enfermas y como lastres, como artificios y excrecencias. Los pensadores germanos han sido pródigos en este vitalismo irracionalista e irracional. Schopenhauer Nietzsche, Klages, son nombres que acuden entonces a la mente, y su filosofía hiriente incomoda a todo aquel que busca incólumes certezas, cimientos lógico-matemáticos, solideces de plomo, granito y acero. Eran aquellos filósofos de la vida enemigos de la ratio rebeldes muy a la alemana, esto es, rebeldes dados a la reacción.
La razón vital no se limita pensar en y desde "el hombre de carne y hueso". La razón vital implica que la vida humana no es sólo razón, pero sí es ejecución de actos en orden a una gestión de la vida misma, una gerencia y construcción que se hace de acuerdo con principios racionales. El hombre no es, para nada, un autómata racional, sino un sujeto orgánico cuya forma humana de adaptación y supervivencia psicobiológica exige la racionalidad. El hombre viene definido, en rigor, no por una sustancial cogitación ("yo soy una cosa que piensa") sino por una actividad circular, por un circuito entre el Yo y las Cosas (el "no-Yo" de Fichte). Ninguno de los polos del circuito debe ser reificado de antemano, ninguno ha de ser tratado acríticamente como una cosa o sustancia. La constitución de los dos polos, yo y mundo ("circunstancias"), consiste precisamente en el lanzamiento de series de acciones en las que el Yo se hace con el Mundo y recíprocamente el Mundo se presenta y re-presenta ante el Yo. La filosofía de Ortega, que tantas veces bebe de la fenomenología y del existencialismo alemán, es vitalista por cuanto que plantea siempre un sujeto humano orgánico definido como un verdadero sistema racional de operatividad, para quien conocer es, de otro modo, coextensivo con sobrevivir y "hacerse con el mundo". Las circunstancias orteguianas, como el "medio" (Umwelt) de los biólogos, conforman el espacio de las operaciones, un espacio que da pie a redefinir la experiencia en términos de construcción. Ortega no quería echar por la borda la razón, aplastarla bajo el peso de una salvaje o bestial Voluntad o Vida. Antes bien, quería explicar el hecho humano mismo de la razón. Al proceder así, al avanzar desde la dialéctica de Fichte, el raciovitalismo del filósofo madrileño ofrece un programa genético del racionalismo tanto como del empirismo. Se trata de volver al genuino espíritu con el que nació el idealismo: la superación de la magna filosofía europea de la Modernidad, tanto el empirismo isleño como el racionalismo continental, una superación que acude a la génesis misma del conocimiento. Y el conocimiento es al fin entendido no como resultado de acumulación de experiencias o como deducción de principios racionales o ideas innatas, sino como resultado de una experiencia en sí misma racional desde el inicio. Experiencia orgánica que se estructura en forma de sistemas de acciones que, por medio de una lógica material, estructuran nuevos sistemas de acciones más amplios en radio de alcance, más potentes en influjo sobre el medio, más "hábiles" en orden a una adaptación y control sobre el medio. En este sentido, Jean Piaget convirtió en empresa "positiva", científica y experimental, una parte muy importante del proyecto esbozado por Ortega. Piaget llevó a cabo un programa científico de esclarecimiento de los orígenes de la inteligencia y la razón de los sujetos orgánicos partiendo no tanto de un "Yo" que se pone (Fichte) y se limita con el No-Yo (mundo en torno, o "circunstancias") sino de un circuito que ya en la fase pre-intelectual incluye ese centro orgánico que lanza acciones-percepciones, como choca con "dificultades" y "obstáculos" de un entorno con el que deberá luchar. El bebé humano, tanto como cualquier individuo orgánico, es un centro de operaciones y es a la vez el eco y la respuesta de un medio ambiente transformado por las operaciones. Los dos sentidos en los que el sujeto orgánico "choca" con el mundo y lo transforma, a la vez que se transforma él, han recibido por parte de Piaget los nombres de "asimilación" y "acomodación". La asimilación, como proceso que generaliza la asimilación de los alimentos, supone la incorporación cognitiva y no sólo material del mundo. El Yo se "pone", se afirma, incorporando elementos del medio que él necesita para su mantenimiento (conservación, supervivencia). Pero el mundo (el "no-Yo") se le opone, se le enfrenta, le traza caminos por donde poder ejercer la acción y por donde no puede atravesar ese mundo con la acción. La acomodación piagetiana podría verse como el sentido opuesto a las acciones asimilativas. El Yo, como centro orgánico de operaciones, debe transformarse a su vez, debe reestructurar sus esquemas de acción para sortear, horadar, recomponer las barreras y resistencia del mundo-entorno. La razón en el proceso vital no es más que el grado máximo en que un sistema de acciones "se hace con el mundo" y, recíprocamente, el mundo se hace con el yo. Esta es la razón vital, pero investigada desde un punto de vista genético y positivo.
La incorporación de la filosofía materialista de Gustavo Bueno a todo este enfoque genético-constructivo del pensamiento se hace ineludible en este punto de mi breve recensión. Manuel F. Lorenzo es un buen conocedor del materialismo buenista, como discípulo directo suyo desde los primeros tiempos, miembro activo de la llamada "Escuela de Oviedo", hoy en disolución bajo la sombra de los sectarios y de los arribistas. En "La Razón Manual", el autor nos recuerda el aserto fichteano con que encabezábamos esta reseña: "uno profesa la filosofía que va de acuerdo con la clase de hombre que se es". Profesar el materialismo de Bueno, a pesar de sus deudas para con la epistemología genética piagetiana supone, verdaderamente, profesar una suerte de dogmatismo, de pensamiento antipático a la libertad, dicho en términos fichteanos. Las clases de hombres que, filosóficamente hablando, cabe hallar en el mundo se pueden reducir a dos: los amigos de la libertad (idealismo) y los amigos de la servidumbre (dogmatismo, en donde cabe situar el "materialismo"). "La Razón Manual" es un libro que toma partido expreso y decidido por la libertad, se entronca en el idealismo. No en el idealismo visionario, celeste, construido sobre las nubes. Se entronca en la tradición idealista-vitalista que, desde Fichte, indaga en "el lado activo", esto es, en las operaciones. En ese sentido, la filosofía de Bueno estudiada a la luz de la filosofía de la "Razón Manual" adopta el aspecto de un centauro. Por un lado desarrolla una inmensa y magnífica "Teoría del Cierre Categorial", basada en la obra de Piaget y en una genética de las operaciones gnoseológicas, por otro lado incluye un "preámbulo ontológico" de corte escolástico-marxista, que lastra todo el sistema. El propio nombre de "materialismo filosófico" supone una fuente inagotable de equívocos, que ha dado pie a que muchos farsantes e iletrados lo confundan con una versión sofisticada del leninismo y otros, por el contrario, con un positivismo cientifista o realista. Los grandes logros de Gustavo Bueno, depurados del dogmatismo y su "culto a la materia", se pueden reaprovechar y potenciar siguiendo las indicaciones de "La Razón Manual", todo un programa de investigación que humildemente recomiendo.
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Mérites du système des castes


Veer Savarkar, l’idéologue du nationalisme hindou, prônait les mariages inter-castes pour unifier la nation hindoue même au niveau biologique. La plupart des hindous contemporains, bien qu’à présent généralement opposés à l’inégalité de caste, continuent à se marier dans leurs jatis respectives parce qu’ils ne voient pas de raison de les supprimer.


