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samedi, 14 décembre 2019

OTAN : Le « basculement » géopolitique de Macron pourrait-il engendrer un soulèvement des banlieues?

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OTAN : Le « basculement » géopolitique de Macron pourrait-il engendrer un soulèvement des banlieues?

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

Laurent Obertone anticipe la guerre civile à partir d’un banal contrôle de policiers dans une banlieue. Le contrôle tourne mal, un policier perd son sang froid et tue plusieurs « jeunes ». La cité s’embrase alors, et la France bascule dans le chaos. Bien évidemment, ce scénario est plausible, tant la situation est tendue. Nous en proposons ici un autre, selon un autre point de vue, qui fait intervenir des forces plus souterraines et dont l’élément déclencheur serait les velléités géopolitiques d’Emmanuel Macron.

Depuis quelques semaines, le président du régime multiplie en effet les petites phrases et les signes « d’ouverture à l’Est ».

Ainsi, le 19 août, Macron reçoit chaleureusement Poutine au fort de Brégançon. 

Le 27 août, lors de son discours aux ambassadeurs, il acte la « fin de l’hégémonie occidentale sur le monde ». Il assure qu’il faut « recréer une civilisation européenne » et repenser les relations et les alliances avec les autres Etats. Il manifeste le désir de se rapprocher de la Russie à qui, par le « dialogue », il veut « offrir », dit-il, une « option stratégique ».

Le 07 novembre dans The Economist, Macron dit que l’OTAN est en état de « mort cérébrale ».

Le 28 novembre, face au chef de l’OTAN venu tout exprès lui remettre les idées à l’endroit, il déclare : «Est-ce que, comme je l’entends parfois, notre ennemi aujourd’hui est la Russie? Je ne le crois pas».

Aussi, nous dit la Presse, Emmanuel Macron par sa volonté de « repenser la relation stratégique » avec la Russie, de redéfinir un « projet de partenariat » avec la Russie et d’insuffler une politique de détente avec Moscou, « crispe les Européens ».  Les Européens ? Pas seulement !

Pour le site Dedefensa, il ne serait pas impossible que ce retournement géopolitique soit interprété, du côté de l’Etat profond états-unien, comme une « trahison ». Rappelons en effet que le but de l’Etat profond états-unien n’est en aucune manière d’instaurer un « dialogue » avec Moscou. Son but est d’étendre l’OTAN aux portes de la Russie, de déployer de nouveaux missiles aux frontières de ce pays, de l’encercler de bases de plus en plus proches, de l’affaiblir géopolitiquement, de le sanctionner économiquement, de le diaboliser idéologiquement, bref de le détruire s’il n’est pas possible de l’annihiler. De ce point de vue, Macron, en tant qu’agent du Système propulsé par le Système, est effectivement un traître, puisqu’il propose le dialogue avec un pays qui, pour les globalistes, incarne précisément l’option antiSystème.

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Donc la question se pose : en admettant que Macron persévère dans son attitude « russophile », et étant donné les mauvaises idées que cela pourrait donner à d’autres pays européens, est-il totalement exclu qu’après plusieurs rappels à l’ordre et à bout de patience, l’Etat profond états-unien décide de se débarrasser de Macron comme il vient de se débarrasser de Morales ?

Impossible ? On sait en effet que le coup d’Etat en Bolivie a été initié par des hauts responsables de l’Armée et de la Police. Or, ces deux institutions ont fait l’objet pendant des années de programmes de formation, d’échange, de recrutement et de noyautage par les Services états-uniens. On sait que la plupart des hauts responsables à l’origine du coup d’Etat ont été formés aux Etats-Unis. Effectivement, rien de tel en France. Rien de tel pour l’Armée et la Police tout au moins. Mais est-on sûr que les Services états-uniens ne se sont pas intéressés à d’autres secteurs clés de « notre » société ?

En 2010, WikiLeaks révélait un rapport « confidentiel » émis par l’ambassade américaine à Paris et à destination du Secrétariat d’Etat aux Etats-Unis. Ce rapport de l’ambassadeur Charles Rivkin,  intitulé Embassy Paris – Minority engagement strategy  (Ambassade de Paris - Stratégie d'engagement envers les minorités), expose clairement la stratégie états-unienne de noyautage des allochtones. Notons que cette stratégie a été mise en place bien avant la rédaction du rapport. Ainsi Antoine Menusier, auteur au Bondy blog, décrit (dans un article au titre révélateur : « Les Etats-Unis surveillent les banlieues françaises ») une réunion qui eut lieu le 07 novembre 2007 au sein de l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Menusier est présent avec d’autres « acteurs de la diversité française ». On apprend ainsi :

  • Qu’il existe un « plan » ou un « programme » états-unien, concocté par la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, qui « consiste à développer des liens étroits avec les minorités musulmanes en Europe » ;
  • Que chaque ambassade américaine en Europe a au moins un « collaborateur » dévolu à cette mission, et que celui-ci dispose d’un budget « confidentiel » ;
  • Que « l’ambassade américaine à Paris n’a pas attendu les émeutes de 2005 pour approcher les minorités françaises » ;
  • Que certains leaders de la « diversité » auraient même été approchés par des agents de la CIA ;
  • Que d’autres, tels Karim Zéribi ou Patrick Lozès,  ont été « conviés » aux Etats-Unis par le Département d’Etat.

L’opération américaine en direction des allochtones des banlieues est connue, même si elle n’entraîne aucune réaction de la part des pouvoirs publics, pourtant sévèrement remis en cause. Ainsi de cet article de BFM TV qui avoue que les Etats-Unis dépensent chaque année 3 millions de dollars dans les banlieues françaises, que chaque année « l’ambassade américaine organise des repas dans les quartiers pendant le ramadan, avec 200 invités », que les cadres allochtones des cités « travaillent régulièrement avec l’ambassade», que les agents états-uniens « sont là sur le terrain (…) pour créer du réseau et permettre aux gens d’exploiter leur potentiel» .

Et tout cela serait purement philanthropique et désintéressé ? Qui peut le croire ? Mais revenons au rapport de l’ambassadeur américain Charles Rivkin. Celui-ci nous apprend :

  • Que l’ambassade américaine de Paris a créé une « stratégie d’engagement » qui vise, entre autres, la « population musulmane française ».
  • Que cette stratégie a pour but de « faire progresser les intérêts nationaux des Etats-Unis » (nous y voilà !) ;
  • Que l’ambassade a mis en place un « groupe de travail sur les minorités » et que la stratégie visant les minorités mobilise les « différentes sections de l’ambassade » ;
  • Que le « groupe » en question doit faire un « travail de contact ciblé » pour identifier, repérer et rencontrer les leaders et les groupes influents ; qu’il doit sensibiliser les « minorités » et améliorer les compétences des chefs des minorités qui veulent accroître leur influence ;
  • Qu’il faut faire passer un discours revendicatif sur l’égalité, le droit à la différence, le droit des minorités, l’inclusion sociale… [NB. : L’acteur noir Samuel L. Jackson, chargé par l’ambassade d’aller faire de la propagande dans les banlieues, dira aux jeunes allochtones : « vous êtes l’avenir ! Saisissez votre chance, soyez fort dans votre tête, construisez-vous un réseau, frappez à n’importe quelle porte, dites que ce n’est pas normal que je ne vois pas à l’écran des gens qui me ressemblent ! »] ;

Où en est le travail de noyautage des banlieues et des minorités par les Services américains ? Nous n’en savons rien. Il n’est même pas sûr que les Services républicains cherchent à contrer cette action ni même qu’ils en aient conscience. Cependant, une chose est certaine, l’Etat profond américain, malgré les bonnes intentions qu’il affiche toujours, est un monstre froid et sans scrupule. Ce n’est sans doute pas sans arrières pensées qu’il s’intéresse depuis plusieurs années aux banlieues françaises. Il a investi dans les banlieues des moyens importants afin de « faire progresser les intérêts nationaux des Etats-Unis ». De quels intérêts s’agit-il et dans quelles perspectives ?

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Alors imaginons, un instant, que cet Etat profond américain considère cyniquement qu’en noyautant les cités il se donne un moyen de pression extraordinaire sur le gouvernement français. Imaginons qu’il se dise qu’il pourrait facilement « activer » les banlieues, dans le cas, fort improbable mais on ne sait jamais, où un président français aurait, par exemple, la mauvaise idée de reconsidérer les intérêts géostratégiques de son pays. Imaginons qu’en déversant de fortes sommes aux bonnes personnes, agents allochtones préalablement ciblés et jusque là « dormants » (caïds de cité, « grands frères », présidents de collectifs…), l’Etat profond américain soit en mesure de déclencher des émeutes raciales, avec à la clé quelques « jeunes » fort opportunément abattus par des tireurs inconnus. Que se passerait-il ?

Le président du régime aurait alors trois solutions : soit composer avec l’Etat profond états-unien pour que celui-ci apaise les « leaders » et les « groupes influents » musulmans ; soit laisser la place à un dirigeant plus en phase avec la politique étrangère américaine ; soit résister, au risque du chaos. Cependant, la situation ethnique est aujourd’hui si explosive, qu’il est fort probable que, dans une telle configuration, la suite des événements échappe à tous, quelle que soit la solution retenue.

Le scénario de politique fiction que nous décrivons ici est celui d’une révolution de couleur tout à fait classique. Ce scénario est « crédible », même s’il est moins plausible que le scénario élaboré par Laurent Obertone. La probabilité que l’Etat profond états-unien ait conçu un tel « plan », « au cas où », nous semble non nulle. Ceux qui croient que l’Etat profond états-unien ne se servirait pas des musulmans pour arriver à ses fins devraient se souvenir de l’Afghanistan, de la Syrie et aussi du 11 septembre. Ceux qui croient que, pour servir ses intérêts, l’Etat profond états-unien ne sèmerait pas le chaos chez un allié devraient reconsidérer l’histoire des Etats-Unis depuis 65 ans. Ceux, enfin, qui croient que l’action potentielle de l’Etat profond états-unien sur les « minorités » de France ne serait pas suffisante pour provoquer un basculement vers le chaos, devraient reconsidérer le fragile équilibre sur lequel repose la paix sociale en France.

 

Antonin Campana

La Terreur d'Arthur Machen

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La Terreur d'Arthur Machen

par Juan Asensio

Ex: http://www.juanasensio.com

Autres textes: Arthur Machen dans la Zone.


La nouvelle intitulée La Terreur, écrite par Arthur Machen en 1917, peut être rapprochée de l'un des textes les plus fameux de l'auteur, Les Archers, publié, lui, le 29 septembre 1914 dans l'Evening Standard et qui fut l'une des sources les plus probables de la légende des Anges de Mons, sur laquelle cette page Wikipédia rédigée en anglais, fournit les principales caractéristiques.

La traduction française par Jacques Parsons de ce texte aussi célèbre qu'a priori anodin s'étend sur moins de cinq pages de notre édition (1) mais la brièveté de cette nouvelle est sans commune mesure avec la légende (et ses prolongements jusqu'à notre époque) qu'elle a fait naître selon toute vraisemblance.

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C'est peut-être même cette brièveté, cette efficacité, qui sont à l'origine de la légende évoquant une légion d'anges venus prêter main-forte aux soldats anglais en mauvaise passe face aux troupes allemandes durant la Première Guerre mondiale.

Quoi qu'il en soit des phénomènes complexes qui ont conduit un texte littéraire à devenir ce que les sociologues et les experts en sciences criminelles appellent depuis quelques années une légende urbaine, un autre texte de Machen, une longue et splendide nouvelle intitulée La Terreur, semble n'être qu'un long commentaire des Archers, examinant les raisons du basculement d'un texte littéraire dans la légende et ce corpus de récits essentiellement oraux qu'Albert Dauzat, dans un beau livre aujourd'hui complètement oublié intitulé Légendes, prophéties et superstitions de la guerre publié en 1919 aux Éditions La Renaissance du Livre, a étudiés.

Je doute que La Terreur ait été enseignée en guise de modèle, remarquable, de propagande réussie en période de conflit. Elle devrait l'être en tout cas, et par toutes les officines de contre-espionnage. Arthur Machen décrit dans sa longue nouvelle une série de faits étranges qui surviennent dans une Angleterre en guerre contre l'Allemagne, un pays ennemi accusé d'avoir installé, sous la terre anglaise, des bases secrètes depuis lesquelles il distille une terreur implacable dans l'esprit des habitants de l'île réputée imprenable.

La vérité bien sûr, aussi surprenante qu'apocalyptique, n'aura strictement rien à voir avec les capacités allemandes à mettre sur pied un plan de guerre psychique sans faille mais ce point nous importe peu, de même que l'analyse que nous pourrions tirer des présupposés théologiques de Machen qui le font parvenir à une conclusion dont l'effet a été savamment distillé par notre grand maître du crescendo.

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En quelques mots présentée, cette conclusion évoque une fin du monde possible traitée sous un angle pour le moins original puisqu'elle imagine une révolte des animaux contre l'homme déchu de sa grandeur, lui qui a quitté depuis «des siècles [...] sa robe royale et a essuyé sur sa poitrine le chrême qui l'a consacré» (p. 271).

Cet aspect-là de notre texte nous semble quoi qu'il en soit bien moins important que l'étude consacrée à la thématique du secret (l'un des mots les plus employés par Machen dans ce texte, avec ceux d'énigme et de mystère) et, aussi, mais ce point découle du précédent, les façons de le transmettre puis de le percer à jour.

L'oralité, à ce titre, est une des dimensions essentielles de la nouvelle de Machen, comme elle l'était dans Le Grand Dieu Pan, le titre le plus connu de l'auteur qui fut traduit par Paul-Jean Toulet, non sans que ce dernier n'en subisse le charme sulfureux.

Dans La Terreur, nous nous trouvons en temps de guerre : l'auteur cite lui-même (cf. p. 190) la légende de Mons qu'il a contribué à créer ou même créée de toutes pièces et il s'attarde longuement sur les vecteurs de la terreur, qui sont les conversations des habitants, puisque la censure du gouvernement veille pour que rien ne filtre de ce qui se produit dans plusieurs régions reculées de l'Angleterre. À vrai dire, les dirigeants anglais, selon toute vraisemblance, ne comprennent pas ce qui survient dans leur propre pays et l'imposition de la censure la plus stricte peut dès lors être comprise comme un paravent masquant une criante incompétence, aussi bien scientifique que militaire.

Quoi qu'il en soit, cette oralité est tellement puissante, nous dit Arthur Machen, que le récit des événements survenus «en sera secrètement transmis de père en fils, deviendra plus insensé à chaque génération, sans jamais réussir cependant à dépasser la vérité» (p. 268), cette vérité qui nous sera dévoilée à la fin du texte, à condition que nous ne nous laissions pas abuser par l'ambivalence, nous le verrons, de ce qui sera révélé, au sens apocalyptique du terme.


La suite de cet article figure dans Le temps des livres est passé.
Ce livre peut être commandé directement chez l'éditeur, ici.

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