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jeudi, 17 juin 2021

L’Empire des Clowns contre le Péril Jaune

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L’Empire des Clowns contre le Péril Jaune

Par Pepe Escobar

Source The Saker’s Blog

Il faut faire preuve d’une grande crédulité pour considérer que le G7, le club le plus exclusif de ceux qui se prétendent démocratiques, est encore pertinent en 2020. Dans la réalité, même en tenant compte de l’inégalité structurelle inhérente au système mondial actuel, la production économique du G7 représente à peine 30 % du total mondial.

Cornwall a été au mieux un spectacle embarrassant. Une troupe de médiocres se faisant passer pour des « dirigeants » posant masqués pour des séances de photos et se donnant des coup de coudes en guise de salut, alors que lors de la fête privée avec la reine d’Angleterre, âgée de 95 ans, tout le monde était sans masque et se mêlait joyeusement dans une apothéose de « valeurs partagées » et de « droits de l’homme ».

La quarantaine à l’arrivée, les masques imposés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et la distanciation sociale ne concernent bien sûr que la plèbe.

Le communiqué final du G7 fut l’habituel blabla jonché de platitudes et de promesses. Mais il contient quelques pépites. A commencer par le « Build Back Better » – ou B3 – qui apparaît dans le titre. B3 est désormais le nom de code officiel pour le Grand Reset et le New Green Deal.

Ensuite, il y a le remix du Péril jaune, avec les troupes de choc constitués de « nos valeurs » qui « demande à la Chine de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales », avec un accent particulier sur le Xinjiang et Hong Kong.

L’histoire derrière tout cela m’a été confirmée par un diplomate de l’UE, un réaliste (oui, il y en a à Bruxelles).

L’enfer s’est déchaîné à l’intérieur de la salle – exclusive – du G7 lorsque l’axe anglo-américain, soutenu mollement par le Canada, a tenté de pousser l’UE-3 et le Japon à condamner explicitement la Chine dans le communiqué final au sujet des « preuves » absolument bidons de l’existence de camps de concentration au Xinjiang. Contrairement aux accusations politisées de « crimes contre l’humanité », la meilleure analyse de ce qui se passe réellement au Xinjiang a été publiée par le collectif Qiao.

L’Allemagne, la France et l’Italie – le Japon se faisant presque invisible – ont au moins montré un peu de cran. Internet a été coupé dans la salle pendant ce très dur « dialogue ». Vous parlez de réalisme – une vraie représentation des « leaders » vociférant à l’intérieur d’une bulle.

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La dispute a essentiellement opposé Biden – en fait ses manipulateurs – à Macron, qui a insisté pour que l’UE-3 ne soit pas entraînée dans la logique d’une guerre froide 2.0. Un point sur lequel Merkel et Mario « Goldman Sachs » Draghi ne pouvaient qu’être d’accord.

Finalement, la table divisée du G7 a choisi de se mettre d’accord sur une « initiative » intitulée « Build Back Better World » – ou B3W – pour contrer l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la Soie.

Reset ou sinon…

La Maison Blanche, comme on pouvait s’y attendre, a devancé le communiqué final du G7. Une déclaration retirée ultérieurement de son site web pour être remplacée par le communiqué officiel, assure que « les États-Unis et leurs partenaires du G7 restent profondément préoccupés par l’utilisation de toutes les formes de travail forcé dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, y compris le travail forcé, parrainé par l’État, de groupes et minorités vulnérables dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie solaire et de l’habillement – les principales chaînes d’approvisionnement concernées étant au Xinjiang ».

« Le travail forcé » est le nouveau mantra qui relie aisément la diabolisation conjointe du Xinjiang et des Routes de la soie. Le Xinjiang est la plaque tournante cruciale qui relie les Routes de la soie à l’Asie centrale et au-delà. Le nouveau mantra du « travail forcé » ouvre la voie à l’entrée de B3W dans l’arène en tant que « paquet » venant « sauver » les droits de l’homme.

Nous avons ici un G7 bienveillant qui « offre » au monde en développement un vague plan d’infrastructure qui reflète ses « valeurs », ses « normes élevées » et sa façon de faire des affaires, contrairement au manque de transparence, aux pratiques de travail et environnementales horribles et aux méthodes de coercition qui sont la marque de fabrique du péril jaune.

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Traduction : près de 8 ans après l’annonce des Nouvelles routes de la soie par le président Xi, après avoir été ignorées et/ou diabolisées 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, le Sud est censé s’émerveiller devant une vague « initiative » financée par des intérêts occidentaux privés dont la priorité est le profit à court terme.

Comme si le Sud allait se laisser prendre à ce gouffre à dettes remixé du FMI et de la Banque mondiale. Comme si « l’Occident » avait la vision, l’attrait, la portée et les fonds nécessaires pour faire de ce projet une véritable « alternative ».

Il n’y a aucun détail sur le fonctionnement de ce B3W, ses priorités et la provenance des capitaux. Les idéalisateurs du B3W feraient mieux d’apprendre des Routes de la soie elles-mêmes, via le professeur Wang Yiwei.

L’initiative B3W n’a rien à voir avec une stratégie de commerce et de développement durable destinée aux pays du Sud. Il s’agit d’une carotte illusoire que l’on fait miroiter à ceux qui sont assez fous pour croire à la notion d’un monde divisé entre « nos valeurs » et les « autocraties ».

Nous en revenons toujours au même thème : armé de l’arrogance de l’ignorance, l’« Occident » montre son incapacité à comprendre les valeurs chinoises. Le biais de confirmation s’applique. D’où la vision d’une Chine comme « menace pour l’Occident ».

Nous sommes des bâtisseurs de choix

Plus inquiétant encore, B3W est un bras du Grand Reset.

Pour l’approfondir, rien de mieux que d’examiner Building a Better World For All, de Mark Carney.

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Carney occupe une position unique : ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, envoyé spécial de l’ONU pour l’action climatique et les finances, conseiller du Premier ministre Boris « Global Britain » Johnson et du Premier ministre canadien Justin Trudeau, et administrateur du Forum économique mondial (WEF).

Traduction : un idéologue majeur du Grand Reset, du New Green Deal et du B3W.

Son livre – qui devrait être lu en tandem avec l’opus de Herr Schwab sur la Covid-19 – prêche un contrôle total des libertés individuelles ainsi qu’une remise à zéro des financements de l’industrie et des entreprises. Carney et Schwab considèrent la Covid-19 comme l’« opportunité » parfaite pour cette remise à zéro, dont l’aspect bénin et altruiste met l’accent sur une simple « régulation » du climat, des affaires et des relations sociales.

Ce Brave New Woke World qui vous est présenté par une alliance de technocrates et de banquiers – du World Economic Forum et l’ONU aux manipulateurs de l’hologramme « Biden » – semblait jusqu’à récemment avoir le vent en poupe. Mais des signes à l’horizon révèlent que c’est loin d’être une affaire réglée.

Les propos tenus par Tony Blair, l’un des piliers de B3W, en janvier dernier, sont révélateurs : « Plus tôt nous le comprendrons et plus tôt nous commencerons à mettre en place les décisions [nécessaires pour avoir] un impact profond dans les années à venir, mieux ce sera. »

Blair, dans un lapsus freudien, non seulement dévoile le jeu (« impact profond dans les années à venir », « monde nouveau ») mais révèle également son exaspération : les moutons ne sont pas rassemblés aussi vite que nécessaire.

Tony sait qu’il y a toujours la bonne vieille punition : si vous refusez le vaccin, vous devez rester enfermé.

BBW est le logo d’une boite de production de films porno. Le B3W pourrait finalement se révéler n’être qu’un porno social toxique.

Pepe Escobar

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Les tendances géopolitiques convergent sur tous les continents  - La force de la réinitialisation

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Les tendances géopolitiques convergent sur tous les continents 

La force de la réinitialisation

Par Gaston Pardo

Lorsque le général Dwight D. Eisenhower était président des États-Unis, il a prononcé un discours devant le Congrès américain le 5 janvier 1957. Un discours de grande importance internationale qui a été examiné à l'époque par les gouvernements de nombreux pays. La partie essentielle de ce discours était l'affirmation qu'il existait un vide de pouvoir au Moyen-Orient, résultant de l'affaiblissement de l'autorité britannique dans cette région, que les États-Unis devaient combler.

Cette question avait une portée à la fois théorique et pratique. L'évolution de la politique comme doctrine de gouvernement et des relations internationales qui régissent la géopolitique est toujours en accord avec le développement de la science dans la mesure où elle est l'application des liens qui existent entre les hommes et les communautés sociales, de la pensée d'une époque.

C'est pourquoi il est utile de se pencher sur le programme des deux partis politiques actifs aux États-Unis et sur ses répercussions dans notre XXIe siècle.

Le parti républicain est historiquement le parti de la bourgeoisie industrielle qui a tenu tête aux propriétaires de coton et n'est aujourd'hui pas plus avancé que le parti démocrate.

Le RP propose la planification de l'agriculture sur une longue période. Il soutient également que l'État ne doit pas intervenir dans les conflits entre travailleurs et employeurs ou dans les conventions collectives. Le RP est favorable à la puissance militaire américaine et à son expansion planétaire, tendant vers l'égalité de tous les citoyens, à condition que les élites financières et militaires restent intouchables.

Pour sa part, le parti démocrate, représentant des minorités nationales et d'une partie des électeurs des États du Sud et du Nord-Est (zone qui a donné son triomphe à Joe Biden), s'occupe de l'endiguement de la discrimination raciale, du problème de la guerre et de la paix, de la délinquance juvénile. Le PD propose la défense des droits civils et la lutte pour le désarmement, bien que les démocrates du Sud aient été des lyncheurs de Noirs.

Cette structure de pouvoir dépend des fluctuations électorales qui favorisent parfois l'un et désavantagent occasionnellement l'autre. Mais le vide auquel les deux partis sont maintenant confrontés dans leur politique intérieure et étrangère est déterminé par les conflits raciaux qui sont apparus sur la scène mondiale comme une empreinte indélébile de notre époque. C'est l'un des facteurs du manque de contrôle que l'administration Eisenhower reprochait au Royaume-Uni il y a plus de 60 ans.

Le renseignement militaire et ce qui a été laissé derrière

Le scientifique espagnol Josep Baqués, spécialiste du renseignement militaire, annonce dans son essai Reflexiones sobre el Net Assessment como herramienta analítica qu'il s'efforce de faire face avec succès à des situations complexes. Cette méthode a été mise en œuvre par l'administration Nixon. On se souvient que Nixon était vice-président de l'administration Eisenhower. La méthode est analysée aujourd'hui sur le site de l'Université de Grenade : Gesi.

Le quatrième des dix points de la méthode est la fixation d'un objectif qui peut être la défense du statu quo mais aussi la recherche de l'hégémonie (au niveau régional ou mondial) lorsqu'elle est considérée comme la condition pour dissuader les puissances révisionnistes. Le point 10 indique que l'évaluation nette est fondamentalement inductive et qu'elle est peu sensible aux cadres théoriques de la géopolitique et des relations internationales. Examinons son résultat dans plusieurs situations géopolitiques modernes où la stratégie mise en place tend à "éviter la défaite".

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Le "lion africain" yankee est à la recherche de nouvelles proies, selon un travail journalistique de Manlio Dinucci, publié dans le Réseau Voltaire (04.06.21) :

Face à l'échec de la mise en œuvre d'AfriCom sur le sol africain, le Pentagone a choisi de rassembler les forces américaines pour l'Afrique et l'Europe sous un commandement unique, basé à Wiesbaden, en Allemagne. Les États-Unis disposeraient de ces troupes pour imposer une nouvelle division territoriale en Afrique que les pays de l'Union européenne devront accepter et reconnaître. En d'autres termes, le commandement militaire américain basé à Wiesbaden décidera de la politique étrangère de l'Union européenne.

Le Grand Timonier, le chef d'orchestre de la post-modernité transatlantique, Joe Biden, éprouve une réelle inquiétude face aux dérives manifestes du mouvement que le pays axe du Système s'est proposé d'enclencher. Les manœuvres militaires et le retrait des États-Unis de l'Afrique vers l'Asie de l'Est. Pour l'environnement chinois.

La Turquie dans la Corne de l'Afrique

Ana Pouvreau nous dit: "Le président turc Recep Tayyip Erdoğan prévoit de faire de son pays une grande puissance à partir de 2023, date du centenaire de la République turque. La Corne de l'Afrique, stratégiquement située dans les corridors où se rencontrent les flux maritimes reliant l'Afrique, l'Asie et l'Europe, constitue un objectif majeur pour promouvoir cette aspiration. La Turquie ré-émerge après avoir suivi pendant dix ans la ligne du timonier ottoman : Recep Tayyip Erdoğan avec une mention spéciale pour son ancien ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2014, Ahmet Davutoglu, dont la politique étrangère, qualifiée de néo-ottomane, a influencé les espaces qui, par le passé, étaient situés sous la domination de l'empire ottoman".

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Dans la Corne de l'Afrique, au nord-est de ce continent voisin de la péninsule arabique, bénéficiant d'une position stratégique à proximité de Bab el-Mandeb, la Turquie saisit toutes les occasions d'étendre son influence par des contributions humanitaires, économiques et sécuritaires.

Leonid Savin étudie la nouvelle stratégie du Pentagone dans un article publié en italien dans geopolitica.ru (06.06.19) : Sa nouvelle publication en juin 2021 est significative car le déchaînement géopolitique auquel nous assistons en Afrique du Nord, en Europe centrale et orientale et en Extrême-Orient a sans aucun doute une signification convergente.

L'auteur russe indique que "le Pentagone a officiellement présenté sa nouvelle stratégie pour la région indo-pacifique. Bien que nombre de ces documents aient été publiés récemment, par exemple, dans la stratégie cybernétique, il a été noté que le directeur du Pentagone a annoncé l'institutionnalisation d'un autre domaine d'intérêt".

La notion même de région indo-pacifique est relativement nouvelle et le terme n'a commencé à apparaître dans les documents doctrinaux que l'année dernière (2018 - Note de l'auteur). Comme on peut le lire dans le préambule de la stratégie, elle reste le "théâtre prioritaire" du ministère américain de la défense (cf. dedefensa.org (30.05.21)

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Les États-Unis ont annoncé, dans diverses déclarations, qu'ils oubliaient toute possibilité de défense directe de Taïwan. Ils préfèrent préparer des plans de guérilla des groupes taïwanais, pour agir lorsque les troupes chinoises auront envahi Taïwan. La technique du Stay-Behind est entrée en jeu en Europe à la fin des années 1940, lorsqu'une offensive soviétique était redoutée mais n'a pas eu lieu.

Une série de mesures annoncées par les États-Unis montrent que leurs militaires ont imposé une nouvelle politique militaire de défection et d'action clandestine contre les Chinois, en évitant autant que possible les risques d'une confrontation directe parce qu'ils (les militaires américains) sont convaincus qu'ils (les militaires américains) perdront. L'affaire est menée directement par le Pentagone, Biden passant sa main dans ce genre de domaine (sécurité nationale).

Dans un article consacré à ce sujet, RT.com met en évidence le caractère dystopique de la position américaine, qui alterne les déclarations bellicistes qui alimentent le simulacre d'une stratégie de force en même temps que la description de cette stratégie consistant à préférer la tentative d'opérations de guérilla clandestine laissée aux mains des Taïwanais pour agir là où c'est possible, sans oublier la vague promesse de mener des actions de guérilla dans la périphérie terrestre chinoise. Par conséquent, ils associeront une rhétorique agressive à une description opérationnelle des tactiques de guérilla, en évitant toute confrontation ouverte avec les forces américaines : "Les États-Unis ont commencé à organiser depuis 2018 l'institution du nouveau commandement américain pour l'Indo-Pacifique (USINDOPACOM) et, au sommet de l'ASEAN en août de la même année, le secrétaire d'État Mike Pompeo s'est engagé à fournir 300 millions de dollars pour renforcer la sécurité régionale et contrer les menaces transnationales".

Le 20 mai, le Parlement européen a gelé la ratification de l'accord d'investissement UE-Chine, conclu en décembre par la Commission européenne après sept ans de négociations. La résolution en ce sens a été approuvée à une écrasante majorité (599 voix pour, 30 contre et 58 abstentions).

Officiellement, il s'agit d'une réponse aux sanctions chinoises contre les membres du Parlement européen, sanctions que Pékin a adoptées lorsque des responsables chinois ont fait l'objet de sanctions européennes après avoir été accusés de violer les droits de l'homme, en particulier ceux de la population ouïghoure, accusations que la Chine rejette. Le Parlement européen affirme maintenant que les sanctions chinoises sont illégales parce qu'elles violent le droit international, tandis que les sanctions européennes sont légales parce qu'elles sont fondées sur la défense des droits de l'homme, reconnus par l'ONU. 

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Mais que se cache-t-il réellement derrière le paravent de la "défense des droits de l'homme en Chine" ? La stratégie, initiée et orchestrée par les États-Unis, visant à intégrer les pays européens dans une coalition contre la Russie et la Chine. Le levier fondamental de cette opération est le fait que 21 des 27 pays de l'Union européenne sont également membres de l'OTAN, qui, à son tour, suit les ordres des États-Unis.

En première ligne contre la Chine, comme contre la Russie, se trouvent les pays d'Europe de l'Est, qui sont tous deux membres de l'OTAN et de l'Union européenne. Plus liés à Washington qu'à Bruxelles, ces pays accroissent l'influence des États-Unis sur la politique étrangère de l'UE.

Mais tous les membres de l'OTAN ne sont pas au même niveau. Sous la table, l'Allemagne et la France s'entendent avec les États-Unis en fonction de leurs intérêts respectifs tandis que l'Italie obéit en silence, même si cette obéissance nuit à ses intérêts nationaux. C'est ce qui permet au secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, de déclarer, comme il l'a fait le 21 mai après sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron, que "Nous soutiendrons l'ordre international fondé sur des règles face à la poussée autoritaire de pays comme la Russie et la Chine".

Le Réseau Voltaire (11.06.21) rapporte que "African Lion", le plus grand exercice militaire en Afrique, planifié et dirigé par l'armée américaine, a commencé. "African Lion" comprend des actions terrestres, aériennes et navales au Maroc, en Tunisie, au Sénégal et dans les mers adjacentes - de l'Afrique du Nord à l'Afrique de l'Ouest et de la Méditerranée à l'Atlantique - avec la participation de 8 000 militaires (dont la moitié de soldats américains) et d'environ 200 véhicules blindés, canons automoteurs, avions et navires de guerre. Ce "lion africain" devrait coûter 24 millions de dollars et aura des implications importantes.  Avec un plan politique élaboré et décidé à Washington, le "Lion d'Afrique" de cette année se déroule pour la première fois au Sahara occidental, c'est-à-dire sur le territoire de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), reconnue par plus de 80 États membres de l'ONU, mais dont le Maroc nie et combat l'existence par tous les moyens.

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Rabat estime qu'en réalisant le "Lion d'Afrique" au Sahara Occidental, Washington réaffirmait sa reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. En conséquence, le gouvernement marocain a invité l'Algérie et l'Espagne à renoncer à ce qu'il présente comme "leur hostilité envers l'intégrité territoriale du Maroc". L'Espagne, que le Maroc accuse de soutenir le Front Polisario (le mouvement de libération qui gouverne la RASD), ne participe pas cette année au "Lion africain", tandis que Washington réitère son soutien total au Maroc, le définissant même comme son "plus grand allié non-OTAN et partenaire des États-Unis".

Pour la première fois, "African Lion" se déroule cette année sous une nouvelle structure de commandement américaine. En novembre dernier, les troupes américaines en Europe et les forces américaines en Afrique ont été regroupées sous un seul commandement : l'"US Army Europe and Africa", dont le commandant, le général Chris Cavoli, explique la raison de cette décision comme suit : "Les problèmes de sécurité en Europe et en Afrique sont étroitement liés et, s'ils ne sont pas maîtrisés, ils peuvent rapidement déborder d'une région à l'autre."

L'armée américaine a donc décidé de combiner son commandement européen et son commandement africain afin de "déplacer dynamiquement des forces d'un théâtre à l'autre, améliorant ainsi notre temps de réponse aux urgences régionales". Dans ce cadre, l'exercice "African Lion 21" est intégré à "Defender Europe 21", auquel participent 28.000 soldats et plus de 2000 véhicules lourds. Il s'agit en fait d'une série de manœuvres militaires coordonnées qui se déroulent de l'Europe du Nord à l'Afrique de l'Ouest. L'objectif officiel ? Pour contrer une diffuse "activité maléfique en Afrique du Nord et en Europe du Sud et une agression militaire adverse", avec des références évidentes à la Russie et à la Chine.

L'Italie participe à "African Lion 21" - comme elle participe aussi à "Defender Europe 21" - non seulement en fournissant des hommes et des moyens militaires mais aussi son territoire comme base stratégique. L'exercice qui se déroule en Afrique est dirigé - depuis la province italienne de Vicenza - par la Task Force de l'armée américaine en Europe du Sud, tandis que les forces participantes reçoivent, via le port italien de Livourne, de grandes quantités de matériel de guerre en provenance de Camp Darby. 

La participation de l'Italie à l'"African Lion 21" s'inscrit dans le cadre de l'engagement militaire croissant de l'Italie en Afrique. Un exemple de cela est la mission militaire italienne au Niger, qui est officiellement effectuée " dans le cadre d'un effort conjoint européen et américain pour la stabilité de la zone et pour s'opposer aux trafics illégaux et aux menaces à la sécurité "... mais qui en réalité vise à contrôler l'une des zones les plus riches en matières premières stratégiques (principalement le pétrole, l'uranium et le coltan), dont l'exploitation est aux mains des transnationales américaines et européennes, dont l'oligopole est mis en danger par la présence économique chinoise, entre autres facteurs.

Les Wsws face à la vérité officielle

Barry Grey, analyste du site web socialiste mondial a dénoncé (14.06.21) que les leaders démocrates soutiennent les accusations d'"antisémitisme" en réponse aux critiques de la représentante démocrate Ilhan Omar sur les crimes de guerre israéliens à Gaza.
Cette première semaine de juin a vu un nouvel exemple du soutien du parti démocrate aux atrocités israéliennes perpétrées contre la population palestinienne de la Cisjordanie et de Gaza occupées.

Quelques semaines seulement après que les forces de défense israéliennes ont bombardé pendant 11 jours les habitants sans défense de Gaza, une enclave côtière appauvrie de deux millions de personnes soumise à un blocus de 14 ans par l'État israélien, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et son équipe de direction ont fustigé la représentante Ilhan Omar pour avoir critiqué les "atrocités impensables" commises par Israël et les États-Unis.

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Lundi dernier, la représentante Omar, l'une des deux musulmanes élues au Congrès en 2018, a posté un tweet citant une question qu'elle a posée au secrétaire d'État Antony Blinken lors d'une audition devant la commission des affaires étrangères de la Chambre : "Nous devons avoir le même niveau de responsabilité et de justice pour toutes les victimes de crimes contre l'humanité. Nous avons vu des atrocités commises par les États-Unis, le Hamas, Israël, l'Afghanistan et les Talibans. Ainsi, tant que nous sommes sur le sujet des lacunes dans l'exercice du pouvoir, l'administration américaine vit de la dissimulation. Si un vide est exposé, il est rempli au prix de laisser un autre espace vide.

Le sens de la stratégie

La marche des soldats américains aux côtés des Italiens et des autres pays de l'OTAN "en Afrique du Nord, qui s'est terminée par l'annonce que les forces anglophones marcheraient sur la Chine, a signifié l'inauguration d'une stratégie militaire consistant à engager les populations locales dans les lignes de feu qui s'ouvriront finalement en Asie et en Europe de l'Est contre la Chine et la Russie.

Pendant ce temps, en Afrique du Nord, les Etats-Unis maintiennent le pacte d'adhésion inauguré dans le Caucase pour laisser le libre passage dans les pays du Turkestan aux populations turkmènes qui vivent du nord de l'Iran à l'Afghanistan. Les États-Unis ont proposé de retirer leurs troupes du territoire afghan. La même chose s'est produite en Afrique : les États-Unis font parader leurs soldats avec les contingents européens de l'OTAN dans un territoire où il y a un conflit entre le Maroc et l'Espagne au sujet du domaine sahraoui.

Les courtes manœuvres militaires étaient un message aux pays impliqués dans le conflit pour savoir qui est responsable. Mais il est clair que le Pentagone entend réaliser en Afrique du Nord une opération géostratégique et géopolitique de grande envergure en faveur de l'Islam pour laquelle il a le soutien des grandes puissances.

Les États-Unis informent immédiatement qu'en cas d'attaque chinoise sur Taïwan, les Américains limiteront leur effort de guerre au soutien de la guérilla taïwanaise, évitant ainsi une confrontation directe avec la Chine.