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samedi, 22 février 2025

Trump est-il "révolutionnaire"?

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Trump est-il "révolutionnaire"?

Claude Bourrinet

Trump vient de limoger le chef d'Etat major. Ce n'est pas le premier responsable de l'administration de l'empire américain à valser, ce ne sera pas le dernier. Il ne faut pas être impressionné par cette "brutalité" (toute légitime soit-elle, après ce que les démocrates ont fait subir à Trump) : le système des "dépouilles" est de coutume, depuis 1830, depuis Jackson, je crois.

Il ne s'agit pas de penser qu'il s'agisse d'une "révolution", comme je le lis de-ci, de-là, ni d'un bouleversement radical de la "mission" incluse dans le programme presbytérien yankee, de dominer le monde pour son plus grand Bien. La civilisation américaine est intimement calquée sur l'Ancien Testament. Les Américains singent jusqu'à l'absurde la geste biblique, en la prenant à leur compte.

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Pour voir clair, il faut se débarrasser d'une lubie qui brouille les pistes et enfume les cerveaux : celle d'Etat profond. Qui dit "profond" dit obscur. Or, s'il est une nation qui rend pratiquement tout "transparent", et où les "secrets", soit sont faciles à reconnaître, soit sont jetés à la lumière du jour tôt ou tard, c'est bien l'Amérique. Nous sommes de sacrés cachotiers, à côté d'eux. Tout simplement, un Etat, comme l'on sait, ne se réduit pas à une structure régalienne. Depuis que l'Etat existe, depuis 5 ou 6000 ans, des "lobbies" l'ont piloté, et des groupes de puissants plus ou moins occultes, mais prévisibles. Ce sera le cas encore avec Trump.

Trump, pour ce qui est de lui, qui est avant tout un homme d'Affaires (mais on sait que les pratiques entrepreneuriales et la politique sont maintenant intimement mêlées), a son modus operandi, certes brutal, mais comme chez tous les patrons yankees.

Toutefois, ne nous trompons pas : il défend les intérêts américains, il a par exemple accentué le surarmement des Ukrainiens, et continué à tromper les Russes avec les accords non respectés de Minsk. Il a tout bonnement pris acte de la victoire russe, et du fait que les Américains ont, somme toute, rempli en partie leur programme, qui était de piller l'Europe, de l'affaiblir, voire de la détruire, et, SURTOUT, de la détacher de la Russie, pour empêcher un axe Paris-Berlin-Moscou. Mission accomplie !

Trump, du reste, comme pratiquement tous les Américains, déteste et méprise la Vieille Europe, non seulement parce que l'élite de cette dernière est complètement pourrie, mais aussi pour ce que nous avons été.

Reste à ralentir le déclin.

Certes, l'"Occident" collectif a essuyé un revers, et surtout l'Europe, qui ne s'en remettra pas. On voit bien, au demeurant, que le concept inepte d'"Etat profond" sert à ne pas identifier les vraies causes de la décadence. En effet, l'Etat profond, assimilé au wokisme, au gauchisme et à la caste transnationale, permet de dédouaner la droite dure. Le coeur du système n'est pas mis en cause, le libéralisme (actuellement à tendance libertarienne), la technoscience (maintenant versée dans le transhumanisme), la société de consommation, qui présente des symptômes de mort (addictions aux plaisirs les plus déshumanisants, acceptation de l'avortement, féminisme hystérique, individualisme, matérialisme, abandon à la loi du marché, au fric, à la vulgarité culturelle, au monde des objets, absence de solidarité, de projet humaniste véritable, destruction du savoir et de l'Ecole, productivisme délétère, vulnérabilité, précarité, faiblesse intellectuelle et porosité à la propagande, et je ne parle pas du suprémacisme "blanc", qui est réel, avec le racisme.... Si l'on identifiait, comme un médecin, comme l'avait fait en partie Patrick Buisson, comme le fait Emmanuel Todd, les causes de la maladie, on éviterait des enfantillages.

Mais les droitards scieraient la branche où ils sont assis (ce sont des parvenus, des "assis"). Leurs connivences trumpistes (voire leur corruption) ne sont pas surprenantes. Ce sont des occidentalistes, avec tout ce que suppose cette appartenance en termes d'aberrations et de crimes. Pas étonnant non plus qu'ils soutiennent Israël. Les grossières erreurs (ou l'hypocrisie très intéressée de parvenus) commises à propos du conflit en Ukraine, et aussi par rapport au génocide perpétré en Palestine, ne laissent rien présager de bon de ces esprits tortueux avides de fauteuils et de privilèges honorifiques, et surtout plus concrets.

Vu la masse considérable d'enfumés, je pense que l'"Occident" (puisqu'il faut bien l'appeler de ce nom) ne risque pas de sortir du ravin. Mais sa nature le portait à s'y jeter. Trump est un "occidentaliste" de la pire espèce, à sa manière, qui est celle d'un Yankee. Il réduit la voilure, parce qu'elle commençait à se déchirer. Il voit aussi que l'Amérique est en décadence, peut-être définitive, comme l'a démontré Emmanuel Todd dans La Défaite de l'Occident. C'est un réaliste, non un révolutionnaire. Mais un  Américain, et il prend en charge le projet millénariste de l'Amérique : ce qui est américain est grand, et a vocation à s'universaliser. Toutefois, la première tâche est de se refaire les muscles. En attendant, il ne change rien au projet colonialiste au Proche-Orient, ni à la volonté de neutraliser la Chine. On verra plus tard pour la Russie.

15:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, donald trump, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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