samedi, 31 mai 2025
Le déclin du marxisme
Le déclin du marxisme
Troy Southgate
Source: https://troysouthgate.substack.com/p/the-decline-of-marxi...
J'ai souvent expliqué pourquoi je rejette complètement la notion extrêmement réductrice de « marxisme culturel », l'une des tentatives les plus malhonnêtes de la droite pour trouver des excuses aux maux multiples de la société capitaliste. Mais si les think tanks de gauche tels que l'école de Francfort ont clairement beaucoup à se reprocher et ont sans aucun doute joué un rôle crucial dans la formulation idéologique et la mise en pratique finale de la gauche au cours du 20ème siècle, il est beaucoup trop simpliste d'imaginer, ne serait-ce qu'un instant, qu'il y ait jamais eu une chaîne ininterrompue de déclin socioculturel directement attribuable à l'école de Francfort seule ou aux marxistes en général.
Une façon de réfuter la prétendue suprématie du marxisme dans le domaine universitaire, par exemple, consiste pour les jeunes à se familiariser avec certaines des œuvres politiques et biographiques produites dans les années 1970. Les marxistes ont certes exercé une influence dans de nombreuses universités européennes, ce qui a culminé avec les célèbres émeutes étudiantes de 1968, mais il serait beaucoup trop facile de suggérer qu'ils ont fait tout ce qu'ils voulaient ou de négliger l'opposition concomitante et, en fait, conséquente au marxisme lui-même.
De nombreux écrivains et commentateurs sociaux du début des années 1970, sans doute dans le cadre d'une réponse capitaliste orchestrée au marxisme et à son emprise sur les jeunes esprits intellectuels au cours de la décennie précédente, se sont mis à critiquer et à démanteler certains des principaux représentants des idées de gauche, qu'ils soient marxistes de la vieille école, existentialistes, structuralistes, nouveaux gauchistes, déconstructionnistes, post-structuralistes ou postmodernistes. Je ne parle pas non plus d'une poignée d'auteurs obscurs, car un effort concerté et collectif a été déployé par de nombreux éditeurs grand public pour annuler complètement et rendre obsolètes les effets les plus dangereux du marxisme, et ce qui était autrefois considéré comme extrême a rapidement dégénéré en l'apanage de l'un ou l'autre professeur aux cheveux blancs qui pouvait nourrir quelques opinions de gauche et produire des textes marxistes bizarres, mais qui ne risquait jamais de semer la zizanie sur le campus en mettant en péril sa position confortable au sein du département des sciences humaines.
Le marxisme, autrefois perçu comme une menace sérieuse par nos maîtres capitalistes, ou du moins présenté comme tel, est aujourd'hui devenu un dinosaure idéologique en faillite, toléré uniquement dans la mesure où il n'est jamais autorisé à perturber le bon fonctionnement quotidien de l'économie. En bref, le marxisme est devenu une soupape de pression utile. Donc, encore une fois, si vous voulez avoir une perspective plus réaliste et semi-objective sur l'influence perçue du marxisme, ainsi que sur ses diverses permutations philosophiques, essayez de lire quelques textes anciens afin d'examiner la manière dont il a été effectivement mis à l'écart à la suite de ce printemps parisien qui fut si exaltant pour d'aucuns. Comme la plupart des illusions courantes, le spectre d'un marxisme éternel et vigoureusement influent n'existe vraiment que dans les esprits.
12:17 Publié dans Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marxisme, théorie politique, sciences politiques, politologie, philosophie politique | |
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