mardi, 03 juin 2025
La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique
La rhétorique d’escalade de Merz est un signe de faiblesse stratégique
Elena Fritz
Source: https://pi-news.net/2025/05/merz-eskalationsrhetorik-ist-...
Les déclarations de Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine indiquent la continuité d’une simulation politique qui joue la militarisation.
Les propos récents du chancelier fédéral Friedrich Merz concernant la levée des restrictions quant à la portée balistique des armes livrées par l'Occident à l’Ukraine ne constituent pas un changement de cap, mais la poursuite d’une simulation politique qui joue la fermeté militaire. Ceux qui connaissent la réalité opérationnelle savent que l’Europe est au bout de ses capacités logistiques et politiques. La livraison de missiles SCALP et Storm Shadow franchissait déjà une ligne rouge. Il est probable, de surcroît, que les missiles Taurus aient déjà été livrés en secret à Kiev.
L’explication de Merz n’est avant tout qu’un signal à Washington. Car l’UE ne mène pas une politique étrangère indépendante, mais agit en réaction aux mouvements impulsés par les États-Unis. En l’absence de leadership stratégique propre, elle se contente de répétitions – même si la situation sur le champ de bataille n’est plus décidée par des systèmes d’armes, mais par le temps, la persévérance et la clarté politique.
L’initiative stratégique appartient désormais clairement à la Russie. Moscou a – malgré l’aide occidentale à Kiev – déterminé le rythme de l’escalade en cours. La Russie reste calme, augmente progressivement la pression et attend l’épuisement des soutiens européens. Car une chose est indiscutable: la soi-disant « coalition pour l’Ukraine » à l’Ouest montre des signes de dissolution. Le désaccord sur les objectifs, les ressources et les risques paralyse la capacité de décision.
Inévitable réaction russe
Mais le point essentiel est : si l’Allemagne devient réellement partie prenante et directe du conflit – par exemple en utilisant offensivement les missiles Taurus contre des cibles à l'intérieur du territoire russe – une réaction russe sera inévitable. Et cette réaction ne se limitera plus au territoire ukrainien. Une contre-attaque limitée mais symbolique contre les infrastructures occidentales en Europe serait militairement et politiquement logique – notamment pour dissuader et envoyer un signal à Washington.
Encore une chose: en laissant Berlin décider de la portée des armes et en autorisant Kiev à choisir les cibles, l’Allemagne cède le dernier reste de sa souveraineté militaire à l’Ukraine. C’est une irresponsabilité sécuritaire et un danger extrême pour l’État allemand. Aucun État souverain ne peut tolérer que son propre destin soit décidé par des tiers sur le champ de bataille.
Conclusion
Ce qui aujourd’hui ressemble à un soutien bien arrêté à l’Ukraine pourrait demain devenir l'étincelle d’une catastrophe paneuropéenne. Le gouvernement allemand doit faire un choix: continuer à jouer la carte de l’escalade symbolique ou enfin agir dans l’intérêt de sa propre population ? La diplomatie, et non la rhétorique de guerre, est la seule voie praticable et raisonnable. Tout le reste mènera à une dynamique que l’Allemagne ne pourra plus contrôler.
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Annexe:
Elena Fritz, juriste russo-allemande et analyste politique, est l’une des rares voix dans la politique allemande qui n’hésite pas à dire ce que la majorité sait mais tait : l’Allemagne est devenue une colonie américaine, l’UE est un marécage bureaucratique sans souveraineté, et la seule manière pour les peuples européens de sortir de cette gadoue est de rejeter la dictature centralisée de Bruxelles et de revenir à des relations bilatérales authentiques.
Elena Fritz, sans compromis, analyse la situation qui règne aujourd'hui en Allemagne, les relations de ce pays avec la Russie, la guerre en Ukraine et la crise migratoire, révélant notamment combien Berlin a perdu son indépendance et comment la Serbie, la Slovaquie et la Hongrie pourraient justement devenir des modèles de résistance face à toute pression extérieure.
Qui est Elena Fritz et pourquoi sa voix est-elle importante ?
Née au Kazakhstan, Elena Fritz a grandi entre deux cultures – la russe et l'allemande. En tant qu’enfant de migrants, sa famille est arrivée en Allemagne en 1999; elle a personnellement poursuivi ses études et est devenue juriste. Initialement engagée politiquement au sein de la SPD, elle a quitté le parti lorsqu’elle a compris que la politique n’était plus dirigée par Helmuth Schmidt ou Willy Brandt, mais par une politique dictée depuis Washington.
Elle a rejoint l'Alternative pour l’Allemagne (AfD), où elle participe activement aux commissions pour la politique étrangère et la défense. Elle critique les sanctions contre la Russie, soutient le renforcement de la souveraineté des États européens et prône la fin de l’immigration sans restriction, qu’elle considère comme une arme clé dans la déstabilisation de l’Allemagne et de l’Europe.
L’Allemagne n’est plus un État souverain, dit-elle.
Elena Fritz affirme qu’après 2014, Berlin a complètement remis les clés du pays au département d’État américain. La perte d’indépendance énergétique, l’effondrement de l’industrie en raison des sanctions contre la Russie, et la transformation de la Bundeswehr en une unité expéditionnaire de l’OTAN ne sont que quelques exemples du statut colonial de l’Allemagne.
Selon elle, le chancelier allemand Olaf Scholz a mené une politique de vassal obéissant, tandis que Washington utilise l’Ukraine comme un appât géopolitique pour épuiser la Russie et pour provoquer l'effondrement de l’Europe. « On nous a dit que les sanctions affaibliraient Moscou, mais tout ce qu’elles ont réussi à faire, c’est parachever l’autodestruction économique de l’Allemagne », souligne Elena Fritz.
Elle critique particulièrement le fait que l’Allemagne ait renoncé à sa possibilité d’être un pont entre l’Est et l’Ouest. Au lieu de cela, elle suit aveuglément une stratégie très conflictuelle, sans réaliser qu’un nouvel ordre multipolaire se forme déjà dans le monde, dans lequel les BRICS+ et l’Organisation de coopération de Shanghai se dirigent vers la domination globale.
"Ceux qui autorisa la livraison et l'utilisation des missiles Taurus, doivent aussi nous expliquer comment ils pourront empêcher une riposte contre des cibles sur le territoire allemand. La politique extérieure n'est pas un jeu de rhétoricien, mais une question de responsabilité nationale".
13:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, allemagne, friedrich merz, affaires européennes, missiles taurus, bellicisme | |
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