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mercredi, 21 décembre 2022

Le soi-disant coup d'État en Allemagne est destiné à arrêter l'AfD !

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Le soi-disant coup d'État en Allemagne est destiné à arrêter l'AfD !

Entretien avec Benedikt Kaiser

Selon Benedikt Kaiser, ils essaient de construire un "danger de droite" permanent. Ils mettent en scène des conspirateurs et surfent sur la vague de la "lutte contre l'extrême droite" avec la charade des "Reichsbürger". En réalité, ils veulent discréditer la seule opposition, l'AfD, et les empêcher d'accéder au pouvoir.

Le soi-disant coup d'État en Allemagne est destiné à arrêter l'AfD !

Même dans le premier sondage après l'incident des "Reichsbürger", l'AfD est passé de 15 à 15,5 % au niveau national.

Ali Mercan

Source: https://www.aydinlik.com.tr/haber/almanyada-sozde-darbe-afdyi-durdurmak-icindir-356526

L'arrestation du groupe dénommé "Citoyens du Reich" (Reichsbürger) et de certaines personnalités en Allemagne soi-disant pour avoir fomenter un prétendu coup d'État est l'une des mesures atlantistes visant à soutenir l'expansion de l'OTAN vers l'est et prévenir toute adhésion allemande à la multipolarité. Les mesures prises pour empêcher le coup d'État visaient en fait à bloquer l'AfD ("Alternative pour l'Allemagne"), qui prône, dans son programme, l'avènement d'une Allemagne indépendante de l'atlantisme. Les États-Unis sont alarmés par les glissements qui s'opèrent avec Meloni en Italie, Marine Le Pen en France et d'autres phénomènes similaires dans certains pays d'Europe de l'Est, et, de ce fait, ils tentent de les empêcher, notamment en enrôlant l'Allemagne dans leur sillage.

L'AfD, qui est le premier parti dans certains États de l'est de l'Allemagne, continue de se développer à l'ouest malgré les récentes opérations destinées à contrer l'hypothétique "coup d'État" en gestation. Afin d'isoler l'AfD, les médias usent de substantifs et d'adjectifs disqualifiants tels que "extrême droite", "raciste" utilisés à qui mieux-mieux. Ces adjectifs sont utilisés pour dénigrer toutes les forces nationales et les patriotes. Ceux qui attribuent ces adjectifs aux forces nationales représentent d'autres forces politiques telles la Gauche européenne et les Verts, qui sont complètement tombés sous le contrôle de l'hégémonisme atlantiste. Afin de mieux comprendre cette évolution et d'expliquer la montée inévitable de l'AfD, nous avons posé quelques questions à Benedikt Kaiser (*), un observateur de l'AfD:

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Les Reichsbürger (citoyens du Reich) et le prétendu renversement du gouvernement, qu'ils auraient fomenté, ressemblent à une conspiration quelque peu carnavalesque. Pourquoi l'AfD est-elle criminalisée de la sorte ?

A la date du 11 décembre, peu de choses avaient encore été annoncées. Ce qui était connu: des "citoyens du Reich" avaient mis en place un réseau de chat et avaient écrit des articles anti-gouvernementaux. Les "citoyens du Reich" sont en quelque sorte une secte: ces personnes pensent que la République fédérale d'Allemagne est une "GmbH" (une société par actions). Ils veulent revenir à l'Empire allemand, qui est tombé en 1918. Selon la presse, ils pensaient faire revivre la monarchie et nommer un roi à cette fin. Nous avons donc affaire, en l'occurrence, à un groupe "réactionnaire", animés par des amateurs et isolé, ostracisé au sein du peuple. Si des infractions ont été réellement commises, des mesures doivent certes être prises, si besoin s'en faut, contre tel ou tel individu appartenant à ce groupe. Mais ce qui m'interpelle surtout, c'est ce que le monde politique et les médias font de cette affaire, c'est cela qui est important. Les principaux médias avaient été informés des perquisitions jusqu'à deux semaines avant l'incident! Ils connaissaient les noms des accusés. Si ces "citoyens du Reich" sont si dangereux, pourquoi les mesures planifiées ne sont-elles pas prises immédiatement ? Pourquoi tout est mis en place comme pour un gigantesque coup de relations publiques ? Y avait-il un danger évident et une menace sérieuse pour la sécurité nationale et l'ordre fondamental démocratique libre ?

Sont-ils vraiment différents d'un groupe standard "Antifa" (**) ou d'un groupe criminel comme on en trouve dans les grandes villes ? Ce sont des questions qui demeurent ouvertes. L'Office pour la protection de la Constitution (Verfassungschutz) et les autres services secrets doivent clarifier les choses : ces personnes sont-elles des incitateurs et des fanatiques stipendiés ?

La vérité est qu'ils veulent fabriquer un "danger de droite" permanent dans et autour de l'AfD. Afin de créer l'image d'un danger d'extrême droite pour l'AfD et son milieu, la rumeur a couru qu'une ancienne députée de l'AfD était en contact avec certains "citoyens du Reich". Le bloc dirigeant concocte un complot contre cette ancienne juge de Berlin. Ils mettent en scène des conspirateurs et surfent sur la vague de la "lutte contre l'extrême droite" avec la farce des "Reichsbürger". La société est mise en condition contre un ennemi "absolu". Est-ce que ce coup va réussir ? Nous verrons bien. Au moins, cette fois-ci, les médias de premier plan font preuve d'un scepticisme croissant à l'égard des actions agressives et des faux-fuyants de la politique adoptée par la gauche libérale. Le magazine allemand Cicero, le quotidien suisse Neue Zürcher Zeitung et d'autres médias expriment un scepticisme croissant.

De quel groupe sont les détenus ?

Comme nous l'avons déjà mentionné, les personnes visées se désignent comme des "citoyens du Reich". Rassemblés en de petits groupes désorganisés et fragmentés, ils comptent environ 20.000 membres dans toute l'Allemagne. En période de crise, comme aujourd'hui, le flux de phénomènes de ce type s'intensifie. Les crises sociales, écologiques et économiques que nous connaissons aujourd'hui (crise énergétique, crise financière, crise migratoire, inflation, etc.) ne sont pas des événements isolés qui ne peuvent être analysés et compris que de manière isolée. Ils progressent ensemble, ils fusionnent. Par conséquent, les crises deviennent plus intenses, plus concentrées. Elles jouent ainsi en faveur du statu quo, du pouvoir dominant.

Plus les conditions deviennent dangereuses et plus ceux qui en profitent se montrent dangereux. Mais en même temps, ces conditions deviennent si complexes que pour certains esprits schématiques, on cherche des réponses simples pour tenter de comprendre le problème. Pouvoir enfin expliquer un monde devenu confus de manière simple et rapide ! Ainsi, on peut plus facilement établir une connexion avec les sectes. Par exemple, les "citoyens du Reich" vivent tous en tenant pour vraie la thèse selon laquelle l'Allemagne fédérale n'est pas réelle, en embellissant cette thèse par des rêves à un Empire allemand (parfois dans ces frontières de 1871, de 1914, de 1937 voire au-delà); de telles visions n'ont pas d'ancrages dans de larges pans de la population. Si possible, ils veulent restaurer l'ancien empire. Avec un pouvoir monarchiste-féodale, pensent-ils, les problèmes disparaîtraient. De telles "analyses" de la crise ne sont bien sûr pas réelles. La situation est peinte en noir et blanc afin de ne pas s'engager dans une véritable analyse. Ce sont des échappatoires aux faits, des retournements de situation et des extravagances idéologiques.

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Il n'existe pas de ligne générale politique et idéologique cohérente chez les "citoyens du Reich", seulement des petites scènes et des contradictions typiques d'une "masse inconsciente". De plus, il n'y a pas d'environnement ou de base sociale claire sur laquelle ils pourraient s'appuyer ; les participants à ce groupe sont des membres individuels issus de toutes les classes et strates. L'idéal des "Reichsbürger" n'offre pas une solution potentielle à la crise, mais est lui-même une conséquence de la crise - le résultat impuissant de la confusion générale et de l'opposition générale. Mais posons tout de même la question : Sont-ils un groupe si marginal et si dangereux ? Les citoyens soi-disant frénétiques représentent-ils réellement une menace tangible pour un État de 80 millions d'habitants ? Il y a beaucoup de doutes à ce sujet et il est nécessaire de réfléchir un peu plus calmement et objectivement. Le débat est recommandé, il est nécessaire.

Pourquoi, dès lors, cette hystérie sociale et cette volonté d'établir des liens avec l'AfD, suggérant une marche commune de celle-ci avec les "citoyens du Reich", dans le but de fabriquer ou de gonfler les lignes de connexion: en réalité, ils veulent discréditer la seule opposition qui se consolide, l'AfD, et l'empêcher d'accéder au pouvoir. La méthode de définir un "coupable par association" est utilisée en l'occurrence, comme elle l'a été si souvent : "La personne A connaît la personne B, donc A pense comme B, donc A peut être conjointement responsable de ce que B a pu planifier..."

Ceux qui se disent "citoyens du Reich" sont désorganisés et fragmentés en petits groupes. Ils comptent environ 20.000 membres dans toute l'Allemagne.

L'AfD continue de se développer dans toute l'Allemagne. Les opérations pourraient-elles avoir pour but d'arrêter ce développement ?

Beaucoup de choses sont faites en Allemagne pour harceler l'AfD et la bloquer dans ses progressions.

L'AfD commet également de façon répétée des gaffes et des erreurs insensées. Mais dans l'ensemble, elle a été dépeinte dans les médias comme le paria de la nation et on a tenté de l'exclure totalement des médias, de l'espace public, de la société civile (etc.). Mais il faut savoir que l'AfD n'est pas comme on la décrit. Il ne s'agit pas d'un parti à cadres idéologiques mais d'un bloc monolithique.

Pour les patriotes et les membres de l'opposition de toutes sortes, l'AfD est un réservoir (un lieu de rassemblement). Parmi les adhérents et sympathisants de l'AfD, il y a des forces libérales, partisanes du maintien de l'économie de marché, des forces sociales-patriotiques, des étatistes ainsi que des forces pro-occidentales et anti-occidentales, etc.

En raison de sa diversité interne, l'AfD est le seul véritable parti d'opposition qui se distingue à l'échelle nationale.

Elle doit donc être isolée, stigmatisée et finalement détruite.

Même dans le premier sondage après l'incident des Reichsbürger, l'AfD est passée de 15 à 15,5 % au niveau national. Ce n'est pas une augmentation énorme, mais cela montre que même de tels rituels médiatiques de forte ampleur ne peuvent pas vaincre immédiatement le parti. Bien sûr, l'AfD est mal à l'aise avec les campagnes de dénigrement en cours. Elle rend difficile l'établissement de contacts et la constitution de groupes nouveaux rassemblant des individus qui, auparavant, étaient inaccessibles les uns aux autres. Perpétrer ce blocage de l'opposition est également l'objectif de la gauche hégémonique libérale. Le but de la campagne est donc de consolider le leadership d'opinion dominant, d'éliminer les mouvements dissidents ou du moins de les isoler et d'en faire des parias en marge de la société et même au-delà.

Tout cela a-t-il un rapport avec l'expansion de l'OTAN vers l'est ?

Il s'agit clairement d'une question de politique intérieure. Il n'y a plus de possibilités aujourd'hui, dans les forces de gauche et chez les libéraux de gauche, pour remodeler le système. Les éléments critiques (défenseurs de la tradition étatique allemande) doivent dès lors, aux yeux de cette gauche, être purgés de l'appareil de sécurité. Mais en même temps, l'omniprésent "danger de la droite" est mis en scène. Cette menace est utilisée comme prétexte pour la création d'un ordre "nivelé". Créer la peur a toujours été un instrument de domination efficace pour de tels projets niveleurs. Le conseiller de l'AfD, Marvin T. Neumann, a déclaré sur la plateforme en ligne Tagesstimme: "En tout cas, une société multiethnique et libérale ne peut survivre qu'avec une censure maximale. La propagande, certains mécanismes de peur et l'existence continue d'un faux pluralisme corrompu peuvent être ainsi maintenus comme un carnaval de la société. Mais un tel avenir est celui d'un conflit institutionnalisé et d'un "État profond" hypertrophié et totalitaire s'imposant par la force. On ne peut rien dire de plus à ce sujet. J'espère que les citoyens d'origine turque en République fédérale d'Allemagne voient clair dans ce jeu !".

* * *

Les déclarations de Benedikt Kaiser montrent qu'en Allemagne, comme dans toute l'Europe, l'AfD avancera au bénéfice des forces qui défendent l'État national. Face à l'effondrement irréversible de la domination atlantiste, l'alignement mondialiste fait tout ce qu'il peut pour maintenir l'Europe sous sa coupe. Le scénario du "coup d'État" en Allemagne est une opération atlantiste dans le plein sens du terme et vise à éliminer ceux qui défendent l'indépendance de l'Allemagne en tant qu'État. Cette opération, qui repose sur la liquidation de l'AfD, aura le résultat inverse et les forces qui s'éloignent de l'Atlantique continueront à se développer, comme on le voit partout en Europe.

NOTES :

(*) Benedikt Kaiser a étudié les sciences politiques à Chemnitz (Saxe). Il travaille en tant qu'assistant de recherche, rédacteur et éditeur. Kaiser est actif dans la sphère politique. Il est commentateur et analyste dans le camp non-conformiste de la République fédérale d'Allemagne. Son concept politique est le "patriotisme solidaire". Kaiser écrit régulièrement pour des magazines nationaux et internationaux tels que Die Kehre et Sezession, Komentar (Hongrie) et Tekos (Belgique). Il est correspondant en Allemagne pour d'importants magazines français - éléments et Nouvelle Ecole.

(**) Le mouvement Antifa est un mouvement militant politique de gauche, antifasciste, opérant aux États-Unis, qui comprend des groupes autonomes d'activistes qui cherchent à atteindre leurs objectifs par l'action directe plutôt que par la réforme politique.