dimanche, 30 septembre 2007
Charles le Hardi & Frédéric III

30 septembre 1473 : Les négociations entre Charles le Hardi (dit le « Téméraire » par ses ennemis français) et l’Empereur Frédéric III commencent à Trêves en vue de constituer à l’Ouest un « Royaume de Bourgogne » sous suzeraineté impériale. Le but est d’unir les forces européennes traditionnelles contre la sédition gauloise animée par Louis XI, dit l’ « Universelle Aragne ». Ces négociations dureront jusqu’au 25 novembre et n’auront guère d’effets et de résultats. Les hésitations de Frédéric III, personnalité plus réservée que le fougueux Duc, auront un effet retardateur et temporisateur. Cette différence entre un Empereur hésitant et un Duc énergique constitue l’un des thèmes du beau roman de l’écrivain wallon contemporain Gaston Compère (« Je soussigné Charles le Téméraire Duc de Bourgogne »).
Même si les pourparlers de Trêves n’ont pas abouti immédiatement, leur objectif, celui d’unir Bourgogne et Empire se réalisera in fine par le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, fils héritier de Frédéric III.
Maximilien écrasera les hordes de l’Universelle Aragne, qui se vengera en excitant le particularisme des villes flamandes, qui devront se soumettre à la raison. De ce jeu complexe, se dégage aujourd’hui les idéologies identitaires wallonnes et flamandes : les Wallons, conservateurs, soucieux de l’héritage bourguignon, se réclament du Duc, comme l’atteste le livre de Gaston Compère, qui critique très fort les particularismes flamands et alsaciens ; les identitaires flamands, sauf les héritiers du mouvement DINASO de van Severen, ont tendance à survaloriser le particularisme urbain des villes rebelles contre le « Prince ». Or ce particularisme était à la solde de la France, ce qui constitue une contradiction avec le mouvement flamand d’après 1918, qui s’est battu pour que la Belgique, et partant la Flandre, soit totalement dégagée de toute alliance française (« Los van Frankrijk »).
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Leçons d'histoire pour donneur de leçons de morale

Une leçon d'histoire pour les donneurs de leçons de morale
Depuis plus d’un siècle les Etats-Unis se sont arrogé le monopole de la vertu politique internationale, s’octroyant ainsi le privilège de mener leurs guerres impériales sous le couvert de la morale. Un dossier paru, ce mois de novembre 99, dans la revue Historia (n° 635 bis) consacré aux grandes manipulations de l’histoire, vient à propos rappeler que les Etats-Unis n’ont jamais cessé d’agir avec le plus parfait cynisme et la plus constante brutalité pour asseoir leur hégémonie mondiale. Leur domination est le fruit d’une technique éprouvée. Cette technique, assez grossière, n’en est pas moins d’une redoutable efficacité. Elle se décline en quatre temps :
Le premier temps est celui où l’ennemi à abattre est choisi en fonction des priorités d’expansion économique du moment.
Le second temps est celui où l’ennemi est diabolisé aux yeux de l’opinion publique.
Le troisième temps vise à créer les conditions qui acculeront l’ennemi à la faute, si possible à l’agression directe contre les Etats-Unis ou l’un de ses alliés. Dans l’hypothèse où cette agression ne se produirait pas, une opération de désinformation est systématiquement organisée pour faire croire à cette agression.
Le quatrième temps est celui de la guerre totale. L’ennemi doit non seulement être détruit mais ses dirigeants remplacés par des hommes de paille.
Le scénario est exposé. Il convient, maintenant, de le vérifier à l’aune de la politique de conquête poursuivie par les Etats-Unis depuis la guerre de Sécession. On peut, en effet, affirmer que c’est à partir de l’expérience acquise lors de ce conflit que (1861-1865) l’élite du Nord des Etats-Unis a mis en place la machinerie idéologique et militaire qui allait lui assurer l’accès à la suprématie planétaire.
En 1861, l’Union américaine était divisée en deux zones – pour schématiser le Nord et le Sud – aux intérêts antagonistes. Le Nord était industriel et le Sud agricole. Dans les Etats du Nord, l’esclavage (*) avait été aboli, non par générosité d’âme, mais pour créer une main d’œuvre mobile, disponible, servile, et à bon marché. Le Nord était protectionniste, tourné vers son marché intérieur et animé par l’égalitarisme distillé par les loges maçonniques. Le Sud était quant à lui libre-échangiste, orienté vers l’Europe – c’était là sans doute sa plus grave faute – mû par un esprit de tradition. La confrontation était inévitable. Les élites du Nord étaient toutefois bridées dans leur volonté de domination du Sud, par le droit de sécession que prévoyait la constitution fédérale. La guerre ne pouvant se faire au nom du droit se ferait donc au nom de la morale. Les manœuvres contre le Sud commencèrent dès 1832. Cette année là, le Congrès fédéral (dominé par le Nord) imposa unilatéralement à la Caroline du Sud un nouveau tarif douanier, qui menaçait tous les équilibres fondamentaux de son économie.
(*) L’auteur tient à signaler que ce développement a pour seul but d’éclairer le lecteur sur la politique impériale américaine. Il n’est ni d’une manière directe, indirecte, inconsciente ou subluminale, une apologie de l’esclavage, ce qui est cohérent avec sa position de refus de l’asservissement des peuples, européens en particulier, aux idées reçues et son refus de toute forme d’avilissement.
La Case de l’Oncle Tom : instrument de propagande
Cet Etat tenta de s’opposer au tarif douanier en question, mais dut finalement se soumettre devant la menace d’une intervention armée des troupes fédérales, brandie par le président Jackson. Le galop d’essai était un succès. Le scénario de la provocation/répression/soumission était rodé. Mais il fallait encore préparer les consciences à la guerre civile. Tel fut le rôle « confié » à certains intellectuels, dont Harriet Beetcher-Stowe faisait partie. Son ouvrage La case de l’oncle Tom (1852), fut l’un des premiers ouvrages de propagande de l’ère moderne et produisit l’émotion voulue. Dans les années suivantes, le parti Républicain (créé en 1854) sous l’influence du lobby industriel, fit du thème de l’abolition de l’esclavage son unique discours politique. Celui-ci était ostensiblement orienté contre les Etats du Sud. En novembre 1860, l’élection du candidat républicain Abraham Lincoln fut donc vécue par les Etats du Sud comme une véritable déclaration de guerre. En effet, ce président très minoritaire, élu avec seulement avec 39,8% des voix, n’avait pas l’intention d’abandonner son programme qui condamnait dans la pratique toute la structure politique, économique, culturelle et sociale des Etats du Sud. Face à ce péril, la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, le Texas, La Géorgie, le Texas, la Louisiane, se retirèrent – conformément à leur droit – de l’Union et formèrent le 8 février 1861 un nouvel Etat baptisé « Les Etats confédérés d’Amérique ». Cet Etat voulut naturellement exercer sa souveraineté sur un certain nombre de places fortes fédérales situées sur son territoire : Sumter à Charleston (Caroline du Sud) et Pickens à Pensacola (Floride), ce à quoi leurs commandants fédéraux s’opposèrent. Devant ce refus, les troupes confédérales organisèrent leur siège. C’est alors que Lincoln saisit l’opportunité politique et stratégique que son parti avait réussi à créer et se décida à engager la guerre civile, fort de sa posture d’agressé. La suite est connue. La leçon tirée du conflit par les dirigeants du Nord fut inestimable : les foules aimaient être ébahies par la propagande humanitaire et le sentiment du bon droit (*). Elles allaient être servies.
1898 : Ecraser l’Espagne !
A la fin du siècle dernier, les Etats-Unis se donnèrent de nouveaux objectifs impériaux : le contrôle exclusif de l’accès à l’Amérique du Sud, et la percée dans le Pacifique. Une puissance s’opposait à ce dessein : l’Espagne. Cependant, l’éloignement et l’expérience diplomatique du nouvel ennemi rendaient les tentatives de manipulation difficiles. Pour pallier l’absence d’agression espagnole, les Etats-Unis allaient exploiter l’explosion accidentelle du cuirassier Maine (1898) au large de Cuba, et faire croire, à leur opinion publique, qu’il s’agissait d’une attaque surprise de l’Armada espagnole. Sur la base de ce motif, inventé de toutes pièces, les hostilités furent ouvertes. Après de courtes batailles navales, les Etats-Unis remportèrent une victoire totale et acquirent, en retour, la mainmise sur Porto Rico, Cuba, les Philippines et l’île de Guam. Tout cela n’était pas très moral, mais les formes (mensongères) y étaient.
(*) A ceux qui douteraient que la propagande abolitionniste du Nord n’était que poudre aux yeux, il est rappelé les faits suivants : presque tous les noirs libérés de l’esclavage se retrouvèrent aux lendemains de la guerre dans une situation de misère insoutenable. L’économie ruinée du Sud ne pouvant plus leur fournir d’emplois, ils émigrèrent vers le nord où ils furent employés à vil prix et dans des conditions souvent plus déplorables que leur ancien esclavage. Bien que libérés, ils durent attendre un siècle pour obtenir leurs droits politiques. Quant aux Indiens, les seuls véritables américains, ils durent attendre 1918 pour recevoir... la nationalité américaine.
La seconde guerre mondiale allait donner l’occasion aux Etats-Unis de décliner le scénario décrit plus haut sur une grande échelle. L’ennemi cette fois était le Japon qui menaçait les fruits de la victoire sur l’Espagne (Philippines et Guam) et qui était en passe de devenir une superpuissance mondiale par son industrie et ses conquêtes asiatiques. A partir de ce moment, le conflit était inéluctable. Il débute le 28 juillet 1941, par la décision de Roosevelt de geler les avoirs du Japon aux Etats-Unis et d’étendre l’embargo aux livraisons du pétrole à destination du Japon. Cette décision accule les Japonais à l’intervention militaire. Mais cette intervention militaire est diligentée par les services secrets américains, dont on a aujourd’hui (cf. dossier du magazine Historia) la certitude qu’ils en suivaient pas à pas les préparatifs. Ainsi, l’intervention japonaise sur Pearl Harbor était non seulement connue dans ses détails mais désirée pour créer l’électrochoc qui permettrait de mobiliser tout un peuple dans une guerre totale contre un autre, déclaré perfide et immoral, bon à réduire en poussières atomisées.
La seconde guerre mondiale à peine achevée les Etats-Unis se donnent un nouvel objectif stratégique : évincer les Européens de l’Ouest – ceux de l’Est ont été donnés par Roosevelt en pâture à Staline - de leurs colonies pour s’emparer de leurs ressources. Dans cette logique, les Etats-Unis arment le Viêt-cong et le F.L.N. en Algérie contre les Français Au Viêt-nam, leur objectif est atteint, mais le résultat de leur action est mitigé par l’existence d’un Etat communiste hostile au nord. L’opinion publique américaine est selon sa tradition hostile à une intervention sans motif. Qu’à cela ne tienne l’administration de Lyndon Johnson va, en 1963, lui en tailler un sur mesure en accusant la marine Nord Vietnamienne d’avoir attaqué leur destroyer l’USS Maddox dans le golfe du Tonkin. Ce qui était là aussi un pur mensonge, mais un mensonge suffisant pour justifier une intervention directe.
La démonisation de Noriega
La défaite contre les Vietnamiens allait refroidir quelque temps l’expansionnisme américain. Il n’allait, toutefois, pas tarder à se réchauffer et à employer les bonnes vieilles recettes du succès. D’abord contre le Panama, où la venue au pouvoir d’un certain Général Noriega (face d’Ananas selon l’expression américaine) avait tout pour déplaire à Washington. L’homme s’opposait à la fois au FMI, critiquait l’action de la CIA aux côtés des Contras au Nicaragua, et menaçait de réviser les clauses du traité régissant les droits octroyés aux Etats-Unis sur le Canal de Panama. La réaction américaine fut foudroyante. Une campagne de presse fut savamment organisée dans laquelle Noriega était présenté à la fois comme le grand organisateur du trafic mondial de la drogue, un être satanique, et l’adorateur d’Adolf Hitler. L’opinion publique américaine soigneusement mijotée, Georges Bush put sans résistance interne lancer, le 20 décembre 1989, son opération militaire contre Panama, dénommée « Juste cause » - tout un programme. Cette intervention effectuée en violation totale du droit international, ne suscita que quelques rodomontades diplomatiques sans conséquence sur l’influence américaine dans la zone. En 1991, l’ennemi suivant était l’Irak, une proie pétrolifère de choix. Cette fois la recette fut cuisinée avec un degré de raffinement jamais atteint. D’un côté les autorités américaines pressaient les Koweïtiens de mettre le couteau sur la gorge des Irakiens en les incitant à leur refuser l’aménagement de la dette contractée à leur égard, de l’autre ils faisaient savoir à Saddam Hussein, par la voix de leur ambassadrice à Bagdad, que dans l’éventualité où l’Irak attaquerait le Koweït ils observeraient une bienveillante neutralité.
L’Europe, rivale éternelle…
Le piège était tendu il allait fonctionner à merveille. La préparation concoctée par les services secrets était si subtile que pour la première fois la potion morale américaine allait se marier au droit international Les dupes européennes qui suivirent l’empire sans barguigner en furent pour leurs frais. La potion était plus amère que le fumet de pétrole qui s’en échappait. Malgré leur aide inconditionnelle et benoîte, les puissances européennes perdaient pied dans la région et dans le même temps la sécurité de leurs approvisionnements en hydrocarbures. On aurait pu penser que la tempête du désert une fois passée, les élites qui nous gouvernent auraient recouvré un peu d’esprit critique. Que nenni ! Inlassablement elles demandent à être resservie du même brouet infâme, aussi furent-elles comblées avec le Kosovo, où la CIA grande manipulatrice de l’UCK parvint à pousser Milosevic à la faute qui justifierait sa nouvelle campagne morale contre le droit. Quel était l’objectif stratégique de cette guerre ? Mais voyons toujours le même : l’Europe, le rival éternel, la civilisation à abattre.
J’allais oublier un détail : la recette impériale américaine ne produit tous ses effets qu’avec le bombardement des populations civiles : celles de Tokyo, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde, de Hanoi, de Hué, de Phnom Penh, Panama, de Bagdad et de Belgrade. Juste quelques petits millions de morts et de carbonisés. Pas de quoi émouvoir, une conscience humanitaire bien trempée.
(© Charles Magne – Novembre 99).
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samedi, 29 septembre 2007
Bernanos, l'homme habité
Bernanos,
l’homme habité
1998 aura été, littérairement parlant, l'année Bernanos. Alors que de toutes parts, patiemment érigé sur vingt siècles d'histoire européenne, l'imposant édifice catholique s'effrite, les plus grandes maisons d'édition parisiennes ont tenu l'an durant à célébrer la mémoire du plus fameux de nos « catholiques écrivant », mort il y a tout juste cinquante ans, par la réédition de quelques-uns de ses meilleurs brûlots: Français si vous saviez, La liberté pour quoi faire, La grande peur des bien-pensants. Le tout assorti de quelques nouvelles inédites. Sans oublier, en ces temps où, misère de l'esprit, l'on s'intéresse davantage aux petits secrets de nos auteurs qu'à ce qu'ils ont pu écrire (que penser de « l’affaire » Marguerite Duras?), l'inévitable cortège de biographies, plus ou moins littéraires et bien troussées. Ironie de l'histoire, pour une des rares plumes libres du siècle, guère plus connue aujourd'hui que pour ses trois volumes de la Pléiade.
Le don, cette force sur laquelle fut élevée notre civilisation
Et pourtant. Une fois n'est pas coutume, de toutes ces publications, celles qui retinrent le plus notre attention ne furent pas tant Français si vous saviez ou Dialogue d'Ombres, mais bien deux courtes biographies, éclectiques, passionnées, de VRAIS LECTEURS chez qui Bernanos a signifié plus encore sans doute que la vision très personnelle qu’ils nous en donnent. Georges Bernanos encore une fois, de Sébastien Lapaque, et Georges Bernanos, une parole libre, de Claire Daudin rendent chacun à sa manière le juste hommage qui revenait au dernier «chrétien de combat ». Si le premier, journaliste au Figaro Littéraire, eut volontiers été des jeunes camelots du Roi qui suivirent Bernanos dans ses échauffourées estudiantines, la seconde eut fourni pour sa part une confidente attentive et pleine de réserve au Bernanos des soirs de doute. Chaleureux et engagés, les deux discours se complètent et se répondent: pourquoi donc «une telle rencontre est-elle souhaitable aujourd'hui? Dans un monde envahi par la violence, où chacun, tant bien que mal, essaie de lui échapper, à quoi bon nous proposer ce rendez-vous avec la colère d’un homme?» (Claire Daudin). Parce que précisément, l’homme moderne est abandonné à la satisfaction de ses (seuls) égoïsmes. A son âme, il a substitué une conscience. A Dieu, il préfère les vertus. Il ne songe pas à préserver ce qui le dépasse. Le don, cette folie sur laquelle fut élevée notre civilisation, lui est aussi étranger qu'aux robots, ses maîtres. Renonçant à sa liberté, il n'obéit qu'à celui qui le programme. La télévision, le travail et les loisirs, les joies et les peines, tout est programmation » (Sébastien Lapaque). Au milieu de l'apathie généralisée, sous laquelle étouffe notre vieille Europe, Bernanos nous enseigne l'insurrection de l'esprit, sa violence se fait amour, des siens, des hommes, de Dieu. «L'homme de ces temps a le cœur dur et trop sensible» écrivait-il déjà en 1937.
«Vieillir, c'est se renier»
Fanatique, il le fut, c'est certain. Mais pas de ce fanatisme qui tue au nom d'un dogme, d'une idéologie. Le «scandale de la vérité», sa croisade personnelle, fut d'abord d'affirmer le primat du cœur guidé par la foi sur le vile confort matériel. Ni conservateur ni révolutionnaire, ni de droite ni de gauche, mais royaliste jusqu'à la racine, «de cet écrivain contestataire, l'histoire littéraire a fait un marginal, utopiste ou réactionnaire, nostalgique d'âges d'or, éternel inadapté dans un monde qu'il refuse » note Claire Daudin. C'est ne rien comprendre à l'essence-même de son œuvre qu'il a située dans tous les engagements de son temps. «Rester fidèle aux grandes passions de l'adolescence ou périr avec elles. Vieillir c'est se renier». Faire face, l'esprit en alerte, prêt à bondir. «Romancier des vertiges de l'âme, Bernanos fut également un écrivain qui ne se sentait bien que dans l'Histoire » (S. Lapaque). Le présent, et plus encore l'avenir, furent sa préoccupation constante, ce qui explique qu'il se soit toujours adressé en priorité à la jeunesse. Car pour Bernanos la chrétienté ne pouvait rimer qu'avec la jeunesse, époque d'aventure et de pauvreté par excellence (rien n'horripilait davantage Bernanos que la bourgeoisie catholique, repue et replète), l'âge où se conquiert la sainteté, puis le monde.
Dictature et démocratie tendent au même dirigisme universel
Antidémocrate par conviction: «Je ne comprendrai jamais, confiait-il à un ami prêtre en 1906, qu'on se désintéresse d'une lutte dont l'enjeu est le pays et qu'on se contente de mettre un billet dans l'urne», sa constante fidélité à ses principes premiers reste exemplaire dans le tumulte. Goguenard, Lapaque écrit: «Il est vrai que la veulerie de l'Episcopat espagnol, la lâcheté de Munich et le cynisme de Pétain le firent bondir. (« on ne va tout de même pas nous faire croire que c'était au nom de la démocratie et des droits de l'homme!»). Militant royaliste épris d'action (une photo le montre perturbant, canne en main, le transfert des cendres de Zola au Panthéon), et forcément déçu par l'AF (à lire absolument, sa participation au complot avorté de restauration de la monarchie portugaise), l'écriture s'impose bientôt à lui comme le support idéal à son message. Une fois Sous le Soleil de Satan paru, remarqué par Daniel Halévy («Vous aurez en France cinq cent lecteurs. Vous arrivez trop tôt ou trop tard»!) et André Gide («C'est la même chose que Bloy et Barbey d'Aurevilly, et cette chose m'est contraire»), la machine littérature, une fois lancée, ne s'arrêtera plus. On est en 1926, Bernanos a 38 ans. Des romans aux essais (L’Imposture, La Joie, Les Grands Cimetières sous la Lune, Nous Autres Français, Les Enfants Humiliés, Le Dialogue des Carmélites et tant d'autres), son appel en faveur d'un «Front chrétien» est inchangé. Sans Dieu présent dans chacun de nos actes, le monde est réduit à son absurdité.
Avant comme après 1945, la situation reste la même, et elle le navre. «Je n'ai jamais cru à la guerre des démocraties contre les dictatures, la formule n'ayant jamais été qu'un slogan (...) Dictature et démocratie tendaient au dirigisme universel, à l'univers totalierté sera son drapeau, celle qui prescrit d'agir en son âme et conscience. Si ses exhortations restèrent lettre morte, des figures littéraires aussi diverses qu'estimables salueront son indépendance, son refus de la gloriole (il refusa par trois fois la Légion d'Honneur), sa soif de justice: Camus, Weil, Claudel, Artaud. De Gaulle lui-même, qui reconnaîtra : «Celui-là, je n'ai pas réussi à l'atteler ».
A mille lieues de Mauriac mais frère en Péguy, Georges Bernanos demeure aujourd'hui encore un cas dans la littérature française. Seul Malraux daignera assister à ses obsèques, le 13 juin 1948. Aucun représentant de la République, et pour cause, ne fera acte de présence. Sans optimisme bêlant, Bernanos fut jusqu'au bout l'homme de l'espérance, jusqu'à l'hérésie. Brasillach avait bien raison, qui le surnommait «l'anar chrétien ».
Laurent SCHANG.
- Georges Bernanos une parole libre, de Claire DAUDIN, éditions Desclée de Brouwer, collection Témoins d'humanité, 1998.
- Georges Bernanos encore une fois, de Sébastien LAPAQUE, Essai, éditions L'Age d'Homme / Les Provinciales, 1998.
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Lothaire I

29 septembre 855 : Lothaire I, empereur, meurt à Prüm. Détenteur théorique de la prééminence impériale, qu’il avait perdue de facto lors du partage de Verdun en 843, au profit de ses frères Louis le Germanique et Charles. A la mort de Lothaire 1, le territoire de la Grande Lotharingie est partagé à son tour entre Louis II, l’aîné, qui recevra l’Italie et portera le titre impérial, Lothaire II, qui recevra le nord, qui héritera du nom de « Lotharingie », et comprendra les terres entre l’Escaut et le Léman, et Charles, qui recevra la Provence et tous les territoires situés entre le Léman et la Méditerranée. L’unité grande-lotharingienne prend fin et excite la convoitise des Francs occidentaux et des Francs orientaux. Louis le Germanique reprendra à son compte l’ensemble lotharingien. Conrad II, Empereur germanique, assoira son autorité calme et tranquille sur la « Burgondie » (du Léman à la Méditerranée provençale). Le Duc de Bourgogne, Charles le Hardi, dit le « Téméraire » par les Français, aura pour objectif de réunir à nouveau cet ensemble médian, et de le lier à l’Empereur Frédéric III. Son rêve sera un échec. Le clivage franco-allemand, qui ensanglantera l’Europe et l’affaiblira définitivement, prend naissance, car les rois de France n’auront de cesse de récupérer les territoires ayant appartenu à Lothaire. Seules nos régions, en souvenir de l’héritage politique et spirituel bourguignon, et en vertu des clauses ayant scellé le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, ont échappé à cette volonté annexionniste. L’occupation par la France de la Lorraine, de l’Alsace, de la Franche-Comté, de la Savoie, de la Provence et du Dauphiné est toutefois foncièrement illégitime et illégale et ne saurait être acceptée comme telle.
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vendredi, 28 septembre 2007
ND: débat Champetier/Tingaud/Steuckers

Débat ND (13)
Lettre de Charles Champetier
Réponses de Grégoire Tingaud (MNR)
Réponses de Robert Steuckers
Cher Grégoire
Quelques remarques très rapides :
1.
Je n'ai jamais critiqué le FN parce qu'il était "populiste" (j'ai mêmerédigé il n'y a pas si longtemps une présentation élogieuse du principal théoricien américain du populisme, Christopher Lasch ; cf. "Les peuples contre la Nouvelle Classe" in Eléments). Au contraire, le "gaucho-lepénisme" m'apparaissait comme un des aspects les plus intéressants du phénomène, à l'encontre de ses réflexes plus conservateurs (moins de fiscalité, critique facile du "gauchisme", ordre moral, valeurs chrétiennes, etc.), souvent dominants dans les discours.
GT - Je n'avais pas relevé cette subtilité dans tes propos, et je trouve ton explication contradictoire avec ton argumentation contre Guillaume Faye (qui selon toi "bunkeriserait" nos idées par un goût affirmé de la provocation et la flatterie à l'égard des pulsions supposées "racistes" du peuple).
Mais ce n'est pas la première fois que je découvre ton étonnante sympathie pour Le Pen et le lepénisme : serais-tu à ton corps défendant touché par ce "romantisme de la défaite" propre à cette extrême-droite que tu méprises tant ?..
RS - Je peux témoigner avoir entendu très souvent (trop souvent) Monsieur Champetier se moquer méchamment des réactions populaires et populistes, que celles-ci émanent du FN français ou d'autres formations politiques ou associations. Je prends note de son recours à des thèses américaines actuelles, au demeurant excellentes, qui posent le peuple (voire la "majorité silencieuse", dénomination que Champetier n'aime pas) aux nouvelles élites intellectuelles, tenaillées par des utopies idéologiques impossibles à incarner dans la réalité politique, et aux détenteurs du pouvoir marqués par cette bouillie idéologique. Utopisme et idéologie sont ici considérés comme les armes d'un pouvoir qui se proclame "démocratique" mais qui n'est rien d'autre que coercitif. Souvent les révoltes populistes américaines étaient fort anti-intellectualistes, plus anti-intellectualistes que les mouvements identitaires européens d'aujourd'hui. Champetier se contredit en quelque sorte...
Ensuite, je trouve curieuse la démarche de Champetier aujourd'hui, qui est si fier d'avoir recensé un ouvrage de Lash. Faye avait analysé cet auteur en profondeur dès 1980-81 (Bulletin intérieur du GRECE, Nouvelle école, Orientations, que CC compulse sa documentation ou celle de son patron). Lash a exercé une influence profonde sur Faye. D'où, nous sommes en présence d'un paradoxe supplémentaire: CC s'attaque aux nouvelles thèses de Faye, qui dérivent partiellement d'une lecture ancienne et attentive de Lash, tout en se réclamant du populisme de Lash. Pourquoi cette attitude pour le moins biscornue? Tout simplement parce que CC tente de flatter les directeurs de la revue américaine Telos, pour qu'il puisse encore y écrire un article. Or, Paul Piccone, directeur en exercice de cette revue intéressante, ne cache pas son enthousiasme pour la Lega Nord de Bossi, dont le discours sur l'immigration est tout de même fort musclé. Ce flou dans l'attitude de CC (et d'AdB qui se dissimule toujours derrière lui et tient souvent sa plume...) semble donner raison à Faye: leur attitude hostile à son égard est dictée par des motivations bassement commerciales. Ils veulent éliminer un concurrent, qui publie dans une autre maison d'édition que le Labyrinthe.
2.
Je pense que la "majorité morale" n'existe plus en tant que force politique ; elle perdure en revanche en tant que masse sociologique réactive sur des points précis de l'évolution de nos sociétés. Il me semble que les partis politiques ne sont plus les formes les mieux appropriées pour faire bouger les choses sur ces points précis (cf. le paradoxe connu depuis 16 ans: les deux-tiers des Français partagent certains points du programme FN-MNRmais les deux-tiers des Français considèrent en même temps ces partis comme dangereux).
GT - Il y a eu de tout temps des personnes pour enterrer l'action politique en la qualifiant d'impasse.
Il n'empêche qu'elle est toujours là, et qu'elle peut, en complément d'autres initiatives, se révéler la plus efficace, ne serait-ce que par sa capacité à toucher le maximum de personnes.
RS - Que Champetier le veuille ou non, il existe une "majorité morale" dans tous les pays du monde, même si celle-ci n'a plus nécessairement des références chrétiennes. C'est là effectivement que réside la difficulté majeure pour ceux qui veulent l'action politique. Ils doivent prendre appui sur une minorité activiste, ou sur un ensemble (limité) de minorités activistes, dont le discours est profilé d'une certaine manière bien précise et non partagé, en apparence, par la majorité de la population. L'objectif est de conquérir cette majorité, en diversifiant les langages et les argumentaires, en leur donnant un ton naturel (c'est le succès de Haider), sans heurter les activistes du départ (qui tiennent à conserver leurs prérogatives au sein des partis, associations, etc.). Les partis politiques ne sont plus tout à fait des formes adéquates effectivement: il me semble qu'ils doivent être flanqués de lobbies, à la manière américaine. Il faut travailler sur les contradictions de nos sociétés, dont les oligarques et leur prêtraille d'idéologues sont responsables. Néanmoins, le travail en lobbies doit déboucher sur une traduction politique, via des formations participant aux élections. Il faut au moins faire perdre un maximum de voix aux partis établis, freiner leur progression. Si 2/3 des Français sont d'accord avec les idées des partis populistes mais les considèrent comme dangereux, c'est la un hiatus dû à la dictature médiatique, que doivent combattre les associations métapolitiques. Que CC se mette donc au travail.
3.
La loi Gayssot n'empêche nullement de créer un Observatoire de l'immigration ou même un Observatoire des minorités. Et sauf erreur de ma part, la discrimation religieuse est autant punie par la loi que la discrimination raciale. La focalisation sur l'Islam plaît surtout à une minorité catholique. Elle est contradictoire avec la focalisation sur l'ethnie.
GT - Je suis d'accord sur le premier aspect (si ce n'est que parler d'islam évite de parler ouvertement de "race", alors que le message sous-jacent est bien le même).
Quant à l'opportunité du combat contre l'islam - et a fortiori contre l'islamisme et l'islamisation - nous sommes évidemment en total désaccord, ce qui ne te surprendra pas. PS : Ce combat est d'autant moins réductible à une "minorité catholique" qu'il s'inscrit parfaitement dans une vision du monde polythéiste...
RS - Champetier semble accepter que les discriminations religieuses soient punies par la loi. Soit. Mais toute religion est discriminante par rapport aux autres. Donc on risque de ne jamais en sortir et d'en arriver, tôt ou tard, à la saturation des tribunaux (ce qui est logique quand on veut arbitrer les goûts et les couleurs, ce qui n'est pas la fonction du droit)... Ensuite, il n'y a pas si longtemps —mais sans doute Champetier a-t-il la mémoire courte— sa revue éléments revendiquait haut et clair le "droit au blasphème", donc le droit à s'opposer à toutes les formes d'intolérance religieuse, voire le droit de se moquer des dévots. Pourquoi Faye n'aurait-il dès lors pas le droit de s'insurger contre certaines dérives du fondamentalisme islamiste?
Quant à la "focalisation sur l'Islam" dont parle Champetier, elle n'est pas la spécialité d'une minorité catholique, mais se retrouve également dans bon nombre de milieux laïcs voire laïcards qui s'inquiètent justement du recul de l'esprit voltairien. De plus, les options "païennes" de la secte où officie Champetier, à la droite du gourou, ne sont pas davantage compatibles avec un islamisme fondamentaliste, même si quelques psychopathes qui s'y produisent se proclament tout à la fois catholiques, islamistes et païens. Mais ce n'est pas là un fait sociologique, mais une psychopathologie individuelle.
4.
Nous n'avons pas le même "adversaire principal", et c'est bien là le problème. L'entreprise de destruction systématique de la ND depuis la campagne de 1979 aussi bien que les 15 ans de harcèlement du FN ont démontré que les véritables maîtres de l'opinion en démocratie occidentale sont désormais les médias au sens large, qui conforment les mentalités et discriminent les attitudes ou opinions recevables/irrecevables. Jusqu'à plus ample information, ces médias ne sont pas tenus par des islamistes ou des afro-asiatiques. La dénonciation de l'islamisme est précisément un lieu commun de ces médias depuis longtemps : sur ce point, je ne vois pas de différences majeures entre les violents éditos "anti-intégristes" de Jean Daniel et la prose d'Alexandre Del Valle.
GT - Je ne vois pas en quoi l'adversaire principal est différent.
Mais attaquer frontalement les "médias" s'est jusqu'à présent révélé infructueux, voire contre-productif (cf. les expériences dans ce domaine, effectivement, du FN et de la ND...).
Je crois que c'est dû principalement au fait que ce danger n'est pas ressenti par l'opinion, contrairement à l'excès d'immigration, lequel n'est possible que par la complicité du système dans son entier (politique, médiatique, etc.).
Une fois encore, il ne faut pas confondre combat politique (nécessairement simplificateur car mobilisateur à partir d'un fait / d'une menace tangible) et engagement métapolitique (qui doit en effet analyser en profondeur les rapports de force afin de dégager des axes de rupture possible).
Quant à moi, je me refuse à mettre sur un pied d'égalité envahisseurs et envahis, par principe et par solidarité "naturelle" avec les seconds, qui constituent malgré tout mon peuple ...
RS - L'adversaire principal est effectivement l'établissement, qui use et abuse des armes médiatiques. Or le phénomène migratoire (dont la majorité des ressortissants sont de confession islamique) a servi à cet établissement pour disloquer systématiquement et graduellement les bases juridiques de nos Cités politiques, pour ruiner l'idée de citoyenneté (liée à l'appartenance), pour détruire l'enseignement (qui donnait une égalité des chances à tous), pour démolir les ressorts des communautés et des familles, etc. De manière à avoir des masses atones de consommateurs dociles.
Ensuite, que Champetier ne fasse pas le bête: l'anti-intégrisme de Jean Daniel dérive de son idiosyncrasie personnelle: il est né à Alger, il connaît l'Algérie charnellement, etc. Son anti-intégrisme repose essentiellement sur une appréciation personnelle du drame algérien depuis Sétif en 1945. Le propos de Del Valle est complètement différent: il argumente de manière plus globale et tire des leçons d'ordre géopolitique. Del Valle a le mérite de dénoncer l'alliance des Etats-Unis, de la Turquie et de l'Arabie Saoudite (et du Pakistan) contre l'Europe, la Russie et l'Inde. Je ne crois pas que Jean Daniel ait le souci de défendre l'Europe (centrée autour de l'Allemagne et de l'Autriche), la Russie et l'Inde...
5.
Le positionnement "droitier-conservateur" est une tactique. Peut-être. Mais en politique, les tactiques deviennent vite des stratégies, et les stratégies des réalités. RV donc dans quelques mois ou années pour voir à quoi tout cela vous mène. Et si cela menait au pouvoir —ce qu'après tout je vous souhaite—, voyons pour quoi faire.
GT - La conquête du pouvoir ne se confond pas avec son exercice, à moins de s'enivrer d'un idéalisme par trop adolescent.
Quand au positionnement "conservateur", je maintiens qu'il est tout à fait compatible (voire consubstantiel) avec un état d'esprit révolutionnaire. Une preuve ? L'une des valeurs les plus conservatrices a priori (l'enracinement, et par voie de conséquence le régionalisme et le combat identitaire) est une arme de combat contre le Système dans son entier (mondialiste et donc niveleur) et est d'ailleurs considéré comme tel (cf. l'opération de "repentance" exigée du Mouvement breton, de l'attentat de Quevert au lycée Diwan "Roparz Hémon"...).
RS - La défense de l'enracinement a eu des visages conservateurs et des visages révolutionnaires. Tout comme la défense du peuple contre les oligarchies aux Etats-Unis, pour revenir au début de cette discussion et aux débats qu'organise la revue Telos. L'objectif de toute métapolitique bien comprise doit être de fusionner ces motivations diverses en un tout cohérent. Ce à quoi je me suis employé, très tôt, dès le début des années 80, dans le sillage du neutralisme allemand. J'ai été épaulé dans ce combat par Thierry Mudry, Jean-Pierre Patin, Ange Sampieru et plusieurs autres. A l'époque, de Benoist nous traitait de "trotskistes" et s'amusait à répandre des ragots ineptes contre la personne de Thierry Mudry. Aujourd'hui, cette politique, qui fut la nôtre, et qui fut critiquée par les pontes de la ND, est devenue subitement la panacée, chez ceux qui la rejetaient hier. Comprenne qui pourra...
CC - Cordialement
GT - Idem.
RS - Meilleures salutations.
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J. Attali : Remarques critiques

Remarques critiques sur le "Dictionnaire du XXIe siècle" de Jacques Attali
Jacques ATTALI : Dictionnaire du XXI° siècle. Le livre de Poche, n°14778, 350p. 2000.
L'idée fondamentale de l'auteur ressort de la classique prédication en faveur du paradis sur terre. Tous les articles lus s'inscrivent dans le même courant, poursuivi avec acharnement :la prophétie qui n'engage que ceux qui y croient. Trois thèmes sont systématiquement abordés :
1 - Le métissage:
Employé à tout propos, dans le maximum d'articles et un maximum de fois dans chacun d'eux, il ressort de la méthode d'intoxication par les mots. C'est un véritable bombardement verbal. L'auteur continue la tradition des sectes religieuses issues de tribus nomades qui y voient le moyen de détruire les peuples sédentaires et leurs cultures, ainsi que leurs valeurs spécifiques, pour y substituer une "vérité révélée". A titre d'illustration, on lira l'article CANADA.
La seconde méthode d'abrutissement est mise en œuvre systématiquement en faveur de ce concept : le couple diabolisation / adulation. Le néo-nomade discrédite et diabolise les traditions des peuples, notamment le sens de la lignée et du mariage endogamique. Il adule tout ce qui leur est étranger, antagoniste.
2 - La démagogie:
Tout viendra demain sans effort. Que ce soit dans l'ENSEIGNEMENT, où les nouvelles techniques dispenseront de beaucoup d'efforts ; ou à propos de l'AUTOGESTION, censée caractériser les nouveaux entrepreneurs de l'hyperclasse, alors que c'est un mode d'organisation très fragile qui demande beaucoup d'efforts. Les articles qui se réfèrent à la science, par exemple la BIOAGRICULTURE, n'évoquent jamais les difficultés qu'il faut franchir pour obtenir une science de qualité.
3 - Le nomadisme:
Aussi fréquemment martelé que le mot métissage, il vise à empêcher les humains de se poser pour penser, réfléchir, méditer. Car le sage n'est pas obsédé par l'agitation : il se déplace pour une raison précise, non à la manière d'un badaud attiré par le clinquant et mis en branle par l'ennui. Donc, tout ce qui bouge et interdit la réflexion est présenté comme fondamental.
A - Le dictionnaire est fondamentalement "occidentiste" au sens que Zinoviev donne à ce terme. Il prêche en faveur du CIVILEGO, un bric à brac de fragments de civilisation qui permet à la GLOBALISATION de règner partout. Il essaie de rabaisser tout ce qui n'est pas occidentiste, et critique donc les Asiatiques car l'Asie se pense comme un orchestre où chacun joue sa partition, alors que l'Occident organise les monopoles à la manière des "ecclesia" monothéistes ou des "soviets" des régimes à parti unique. Aussi, l'auteur affirme dans ses rubriques consacrées à l'ASIE, à la CHINE et au JAPON que ceux-ci se développeront à condition de s'engager sur la voie des réformes dictées par le modèle occidental.Il est important de remarquer la contradiction. Les grands EMPIRES ont toujours reposé sur des hiérarchies légitimes, donc sur la CONFIANCE. Or, l'auteur souligne, à notre avis avec justesse, que la confiance est en régression et qu'elle est remplacée par la législation et les juristes. Comment s'organiseront alors les EMPIRES dont l'auteur ne prévoit pas la disparition pour la CHINE, l'INDE, le NIGERIA ? L'Empire fondé sur le contrat et la démocratie actuelle n'a aucun sens.
B - Tous les articles consacrés aux trois piliers de la domination occidentale, finance, commerce, médiats, sont dithyrambiques.
A propos de l'ASSURANCE, il est affirmé que les fonds de pension auront nécessairement un rôle dominant. La FINANCE connaîtra une crise (mais c'est banal depuis l'origine du capitalisme...). Une MONNAIE mondiale émergera et la monnaie électronique, le paiement par cartes avec photos et empreintes, se généralisera. La globalisation recherchée par les maîtres de la finance vaut tant pour l'EURO que pour le YEN. Ce sont des étapes intermédiaires vers la monnaie mondiale.
Les médiats (PRESSE, TELEVISION, INTERNET) sont présentés sous l'angle exclusif de l'atomisation individuelle. Car l'objectif des néo-nomades, chantés par Attali, est de former des groupes antagonistes, de soutenir toutes les oppositions et d'attiser l'envie.
C - L'ecclesia néo-nomade, à laquelle appartient l'auteur, exprime aussi sa haine de toute haute culture en présentant plusieurs scénarios pour l'EUROPE où domine celui du pandémonium des races mêlées. La TURQUIE est présentée comme sauvant l'Europe de son côté étriqué en lui apportant, avec l'Islam, la dimension universelle qui lui manque...
L'IMMIGRATION est souhaitée, comme chez les homologues d'Attali qui ont rédigé le dossier de l'ONU sur ce sujet. L'ethnocide, les souffrances des populations victimes des colonies de peuplement, tout cela n'est jamais pris en considération. L'objectif est évidemment d'attiser les crises économique, politique, idéologique. Tout ce qui provient de la fébrilité nomade ou néo-nomade, tout ce qui est, selon notre expérience, médiocre, borné, aliénant, est présenté comme merveilleux et universel. C'est l'escroquerie monothéiste de base : Dieu ou l'humanité c'est nous, disent ces cagots. Le reste appartient à la non-humanité. Discrimination inacceptable. Arrogance assimilable au "racisme".
CONCLUSION
Dans les articles lus, les éléments intéressants, crédibles ou acceptables, se trouvent dans n'importe quelle revue. L'auteur est très banal. Le fond de son intervention réside dans les prophéties qualitatives destinées à endormir l'attention et à favoriser la croyance au miracle. Demain tout sera merveilleux si on écoute les propos lénifiants de ce genre de personnage. Pour un bon Européen, il est clair que l'auteur ment. Et il sait qu'il ment.
PONOCRATES.
02:15 Publié dans Livre, Manipulations médiatiques, Philosophie, Sociologie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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jeudi, 27 septembre 2007
Nouvelle cible: la Birmanie

Guerre froide : nouvelle cible, la Birmanie !
Alors qu’on ne s’occupe plus des affrontements intercommunautaires et du gouvernement maoïsant du Népal pour cause de danger de conflit direct avec la Chine, le fusil de l’Axe du Mal semble cette fois braqué sur la Birmanie. Il y a quelques jours, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe (aussi appelée Union européenne) ont fermement demandé à l’O.N.-U. de sanctionner ce pays suite à la répression d’une manifestation religieuse à Rangoun.
Le diplomate nigérian Ibrahim Gambari et (représentant de l’O.N.-U. dans la région) a constitué une délégation pour juger sur place de l’état des lieux. Les dirigeants birmans ont reçu l’ordre de “coopérer pleinement avec cette mission”. Le président « de France », Nikolas Sarközy, a appelé l’ensemble des entreprises françaises à « faire preuve de la plus grande retenue » dans leurs investissements là-bas et de ne pas en réaliser d’autres ; alors que ce marché est l’un des rares où nous ne soyons pas concurrencés par les Américains ! Quelle inconscience ! Il n’est pas inintéressant de constater par ailleurs que les relations franco-birmanes ne sont quasi-nulles ! Chose amusante à noter: les médias qui, il y a peu, ignoraient l’existence de ce pays nous gavent de son actualité. Ne serait-ce pas pour nous préparer à une nouvelle « révolution de couleur » non plus orange, comme en Ukraine, mais safran, de la couleur de la robe des bonzes ? Supposons que l’un d’entre eux s’immole par le feu, comme au Sud-Vietnam en 1963, et la boucle de haine médiatique aura trouvé sa nouvelle cible : la junte nationaliste des généraux birmans !
Cette stratégie rappelle celle employée il y a peu par les Américains pour justifier leurs attaques sur l’Irak et l’Afghanistan. S’il ne semble pas se dessiner d’intervention en Birmanie pour le moment, cette dernière a visiblement un rôle à jouer dans le plan mondial. Gorgée de forêts de teck, de rizières, de vallées herbeuses et de paysages escarpés, ses principales richesses sont naturelles. C’est un État-nation « à la française » caractérisé par une forte diversité culturelle, linguistique et ethnique. Peut-être que son caractère autarcique et rural est un agacement dont « Big Brother » se passerait bien, mais c’est bien mince vous ne trouvez pas ?
La réalité est beaucoup plus simple : Les plus importants gisements de gaz naturel ont été découverts le long de la côte Ouest de la Birmanie. D’importants gisements de gaz naturel ont également été décelés le long de la côte occidentale. Ces découvertes pourraient rapporter à ce pays la somme de trois milliards de dollars par an. Ses partenaires sont pour l’instant l’Inde et la Corée du Sud (dans le cadre du projet Shwe Gas Development) bien que les principaux protecteurs de ces intérêts soient actuellement la Russie et la Chine. Pour finir, elle dispose aussi de réserves de pétroles et de pierres précieuses !
Les moines bouddhistes souhaitent que ses richesses profitent à la population, c’est tout à leur honneur et ils sont dans leur rôle, et se croient soutenus en cela par la Communauté internationale. Mais cette dernière souhaite-elle sincèrement que de tels richesses géostratégiques profites aux travailleurs nationaux Birmans ?
Pour Altermédia France : K.H.
Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info
URL to article: http://fr.altermedia.info/general/guerre-froide-nouvelle-cible-la-birmanie_11551.html
18:15 Publié dans Défense, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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mercredi, 26 septembre 2007
Le premier numéro du journal "Tintin"

Le premier numéro du journal "Tintin"
26 septembre 1946 : Le premier numéro du journal de Tintin, hebdomadaire, sort dans les kiosques belges. Quatre dessinateurs oeuvrent dans cet hebdomadaire : Hergé, bien sûr, Jacobs, Cuvelier et Laudy. Jacobs y publie les premières planches de sa fameuse aventure de Blake et Mortimer, « Le Secret de l’Espadon ». Il a fallu batailler contre toute une cohorte d’excités, haineux et profondément stupides, pour pouvoir autoriser Hergé à republier son œuvre et à la poursuivre. Le mérite de ce combat tenace revient au résistant national-royaliste Raymond Leblanc, qui souhaitait que le cataclysme de 1939-1945 n’ait pas pour effet complémentaire de ruiner les bonnes valeurs au sein de la jeunesse de notre pays. Il a réussi là un brillant combat d’arrière-garde, permettant de les conserver, presque intactes, jusqu’au seuil des années 70, où tout a commencé à partir en quenouille.
Les ennemis de Hergé en 1945, ces individus écervelés et échaudés par des propagandes ineptes, lui reprochaient d’avoir publié le « Secret de la Licorne », « Le Trésor de Rackham le Rouge » et « Les Sept boules de cristal » (l’histoire fut interrompue lors de l’arrivée des troupes anglo-saxonnes) en feuilleton dans le quotidien le « Soir », qui avait été non pas réquisitionné par l’occupant allemand, mais cédé en bonne et due forme par l’héritière de la famille qui possédait le quotidien ! On a beau écarquiller les yeux, mais on ne trouve aucune allusion politique aux événements de la seconde guerre mondiale dans ces albums. Hergé fut arrêté à plusieurs reprises, chaque fois relâché et ne fut jamais traîné devant un tribunal de ces terrifiants « auditorats militaires » de l’époque, qui suscitaient, disait un ministre d’alors, une « justice de roi nègre ». Rien n’y fit : la hargne obsessionnelle de ses adversaires n’a jamais cessé de se manifester, jusqu’à nos jours, où récemment l’affaire « Tintin au Congo » a suscité quelques émois, en Angleterre d’abord, en Belgique ensuite, avec la plainte déposée par un pitre congolais auprès du Tribunal de Première Instance de Bruxelles, sans oublier l’odieux pamphlet, heureusement peu commenté et commis par un gauchiste échevelé, un certain Maxime Benoît-Jeannin (« Les guerres d’Hergé. Essai de paranoïa-critique », janvier 2007).
Dans cette période peu glorieuse de l’histoire belge, entre 1944 et 1951, Hergé a cherché un moment refuge en Suisse, sur les bords du Léman, puis a montré une belle fidélité à bon nombre de proscrits, tels Robert Poulet, Raymond De Becker, Paul Jamin (alias « Jam » puis « Alidor »), Paul Werrie, Soulev S. Kaya, J. van den Branden de Reeth, etc. Et n’oubliait pas non plus, dans ses chagrins, l’exécution d’un journaliste, Victor Meulenijzer, dont le pire crime fut sans doute d’avoir publié, avant-guerre, un livre sur les coups bas des services secrets britanniques… Et se révoltait contre le sort que l’on fit à son ami Jacques Van Melkebeke, inspirateur de bon nombre d’albums. Hergé n’avait rien d’un fasciste ou d’un nazi, comme tente de le démontrer le délirant Maxime Benoît-Jeannin, mais un homme qui avait été élevé dans le vaste monde intellectuel du catholicisme belge d’entre les deux guerres, où, comme l’a dit une romaniste avisée, qui a étudié le phénomène dans toute son ampleur, « on écrivait sous le regard de Dieu », et où communiaient des idéologèmes conservateurs et sociaux-justicialistes.
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mardi, 25 septembre 2007
Elsass Frei !

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La France redevient un satellite de Washington

Andrea PERRONE :
La France est redevenue un satellite de Washington
Sarközy et Morin annoncent le retour imminent de Paris au sein du commandement militaire de l’OTAN
Les temps changent et la France cesse d’être une puissance au profil propre, abandonne sa voie gaullienne et se soumet aux Etats-Unis. Il y a plus de quarante ans, la France avait quitté le commandement militaire de l’OTAN parce que le Général De Gaulle l’avait voulu. Sarközy met un terme à cette politique de l’honneur et entend revenir servilement à l’obéissance inconditionnelle à Washington.
Le Ministre de la Défense français, Hervé Morin, l’a annoncé par surprise, en confirmant que le chef de l’Elysée, Nicolas Sarközy est favorable au renforcement du rôle de la France dans l’Alliance Atlantique. Bon nombre d’analystes retiennent en fait que Sarközy veut aujourd’hui combler un vide, où, pendant plus de quarante ans, la France avait été absente des structures de commandement de l’OTAN. Le quotidien « Le Monde », citant des sources officielles, pense que Paris pourrait profiter du sommet de l’OTAN l’an prochain à Bucarest pour annoncer le retour de la France au sein du commandement militaire de l’Alliance Atlantique. « Le Monde » croit pouvoir émettre cette hypothèse en interprétant les paroles de Morin, qui a suggéré que le rôle de la France au sein de l’Alliance Atlantique, rôle qui sanctionnerait à nouveau sa dépendance envers Washington, pourrait être défini et annoncé dans un livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, dont la parution est prévue vers mars 2008. Ensuite, le ministre français pense que les relations renforcées de son pays avec l’OTAN pourraient servir à consolider les projets de défense européenne et à influencer le sens des opérations militaires de l’Alliance Atlantique. Morin semble oublier que le contrôle général de l’OTAN reste et restera aux mains des Etats-Unis seuls qui décideront de faire ce qui leur plait et de faire intervenir leurs troupes partout dans le monde, sans le minimum de respect pour les intérêts et les vues de leurs « alliés », dont le seul rôle qui leur est dévolu est d’obéir sans discuter à leurs diktats. Il y a un mois déjà, le nouveau président français avait souligné que, dans un bref délai, Paris retrouverait pleinement sa place au sein de l’Alliance Atlantique.
Actuellement, la France est le cinquième pays dans l’ordre de ceux qui financent l’Alliance contrôlée par Washington. Bien sûr, les déclarations enthousiastes commentant les décisions imminentes de Sarközy n’ont pas manquées, et, parmi elles, celles du porte paroles de l’OTAN, James Appathurai, qui, à Bruxelles, devant un parterre de journalistes, vient de déclarer que « la France est un pays qui contribue beaucoup financièrement, et se trouve même parmi les pays qui contribuent le plus, à l’Alliance, et qui soutient également nos opérations militaires ». Appathurai a ensuite dit que le moment était venu pour la France de décider si elle voulait réintégrer à plein titre la structure militaire de l’Alliance Atlantique.
Nous assistons à un changement de fond de la politique étrangère française, mais ce changement était prévisible, vu les positions du nouvel occupant de l’Elysée, qui sont clairement néo-libérales et philo-atlantistes.
De très nombreuses années sont passées depuis cette journée du 7 mars 1966, quand le Général Charles De Gaulle avait annoncé la sortie de son pays hors de la structure de commandement militaire de l’OTAN au président américain de l’époque, Lyndon B. Johnson, tout en maintenant sa présence au sein des structures civiles de l’Alliance Atlantique. Après cette décision historique, lucide et courageuse de De Gaulle, l’OTAN déménagea son quartier général installé à Versailles et à Fontainebleau en avril 1967. La crise avait commencé lorsque Washington avait manifesté sa volonté de contrôler plus étroitement l’Europe que dans l’immédiat après-guerre. La France avait maintenu de fait une indépendance relative par rapport aux autres pays européens, plus petits ou vaincus en 1945. Cette position avait permis à la France d’obtenir un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU et, partant, son droit de veto, comme les grandes puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale.
De Gaulle avait voulu de détacher de l’emprise américaine et avait manifesté l’intention de forger un « axe carolingien » avec l’Allemagne de Konrad Adenauer, axe qui aurait dû, à terme, s’élargir à Moscou et favoriser de facto un « Axe Paris-Berlin-Moscou », ce dont Washington ne voulait à aucun prix. A ce projet, envisagé sur le très long terme, la politique gaullienne entendait ajouter la création d’une structure militaire européenne indépendante, réelle alternative à l’OTAN. Cependant, ce qui effrayait davantage Washington, était un troisième volet dans les projets gaulliens : détacher la France du coût fixe que constituaient les pétro-dollars, sur lesquels Washington jouait pour juguler les crises inflationnistes, modus operandi qui mettait en danger les réserves d’or de Paris. De Gaulle décida donc de restituer les dollars aux Etats-Unis, ce qui lui avait permis de conserver intactes ses réserves d’or. Avec leurs pétro-dollars, les Etats-Unis avaient envisagé d’imposer une stratégie globale d’asservissement à leurs intérêts : De Gaulle l’avait refusée, en sachant que Paris allait être satellisé, réduit à un instrument de la politique américaine du dollar.
En annonçant le retour de la France dans le bercail atlantiste, Sarközy a trahi cette politique gaullienne indépendantiste, amorcé un changement calamiteux, où son pays retourne servilement sous la dépendance de Washington, perdant en même temps, et d’un seul coup, toutes les cartes qui lui garantissaient son autonomie politique.
Andrea PERRONE.
(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », vendredi 14 septembre 2007).
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lundi, 24 septembre 2007
Sarközy se soumet à Washington

Andrea PERRONE :
Sarközy se soumet à Washington
Le président français met en œuvre son programme d’asservissement à l’hyper-puissance d’Outre-Atlantique
Sarközy et son entourage sont en train de soumettre complètement la France à la politique américaine. Depuis l’annonce, vendredi 14 septembre 2007, du retour imminent de Paris au sein du commandement général de l’OTAN, le nouveau président français Nicolas Sarközy a ouvert encore de nouvelles perspectives sur le très prochain asservissement total de la France aux Etats-Unis.
Le chef de l’Elysée s’est rendu vendredi 14 septembre en Hongrie pour rabibocher les rapports entre la France et les Magyars, après le gel des relations entre les deux pays sous l’ère Chirac. Les relations entre Paris et Budapest s’étaient considérablement rafraîchies après les commentaires méprisants qu’avait formulés Chirac lorsque la Hongrie avait appuyé le contenu d’une lettre de soutien à l’intervention américaine en Irak. Chirac avait déclaré que la Hongrie « avait perdu une bonne occasion de se taire ». Pour effacer ce souvenir cuisant, Sarközy a dit, dans un discours prononcé à la fin de ses entretiens avec son homologue hongrois Laszlo Solyom, qu’il « était venu à Budapest pour porter le message que l’Europe a besoin de la Hongrie et que la France serait désormais plus présente en Europe centrale et orientale ».
Le chef de l’Elysée a ensuite ajouté que « dans l’esprit de la France, il n’y a pas de petits pays et de grands pays, des pays qui ont droit à la parole et d’autres qui n’ont que le droit de se taire ». Cette allusion dépréciative et directe aux paroles fortes de Chirac montre bien que la nouvelle politique internationale inaugurée par le président Sarközy entend bien mettre un terme aux principes les plus sains du gaullisme, à les détruire définitivement, pour s’incliner servilement devant les diktats du gendarme américain de la planète. Mais cette soumission verbale n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Paris a désormais l’intention de supprimer l’obligation que la France s’était donnée d’organiser à chaque fois un référendum populaire quand l’UE proposait l’adhésion d’un pays. Disposition constitutionnelle qui visait bien entendu à faire barrage à l’adhésion turque. Paris flanche, Paris recule, Paris s’amollit. Cet amollissement se perçoit clairement dans les propos tenus par Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, dans les colonnes du quotidien « Le Figaro », vendredi 14 septembre 2007. L’existence de ce référendum français pour toute future adhésion à l’UE, était perçue, à Ankara comme à Euro-Bruxelles, comme une menace permanente contre l’adhésion turque. Jouyet a suggéré, dans son entretien accordé au « Figaro », de supprimer le fameux article 88, alinéa 5, de la Constitution française qui fixait les modalités de l’obligation de consulter le peuple par référendum lors de chaque proposition d’élargissement de l’UE.
Cet article 88 devait s’appliquer à toutes les adhésions futures, après celle de la Croatie, prévue pour 2010. Il avait été adopté en 2005 par les députés réunis en congrès à Versailles avec l’appui clair et net de Jacques Chirac, alors président de la république. Jouyet remet tout en question en demandant, « Faut-il supprimer ou maintenir cette disposition ? », lors d’une intervention à la tribune d’un « think tank » parisien présidé par l’ancien premier ministre Edouard Balladur. Précisant qu’il s’exprimait à titre personnel, le responsable français des affaires de l’UE a feint d’avoir subitement oublié que « revenir sur une décision qui figure dans le texte même de notre Constitution constituerait un gros risque, surtout en prévision de la ratification du nouveau Traité », que les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept devront accepter de manière informelle lors du sommet de l’UE à Bruxelles en décembre prochain. Dans un climat de méfiance à l’égard des institutions eurocratiques de Bruxelles, surtout en France, le référendum de l’article 88, alinéa 5, était perçu comme l’ultime barrage contre les élargissements sans fin de l’Union, à commencer par un élargissement à la Turquie.
Jouyet explique notamment, qu’avec ce référendum, la France « risquerait de bloquer, au moment opportun, un processus d’adhésion, même si toutes les conditions sont respectées » par un pays ou un autre. Dans tous les cas de figure, poursuit Jouyet, « l’idée ne serait pas de supprimer le référendum mais de permettre au chef de l’Etat de choisir entre celui-ci et la voie parlementaire ».
La proposition est examinée actuellement par l’Elysée, qui a tenu à rappeler que Sarközy, lors de sa campagne pour les présidentielles, avait déjà émis l’hypothèse de la suppression éventuelle de l’article 88, sanctionnant l’obligation d’organiser un référendum pour tout élargissement de l’UE.
Andrea PERRONE.
(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », 15/16 septembre 2007).
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Marguerite Yourcenar
Marguerite Yourcenar : cachez cet écrivain de droite que je ne saurais voir !

France Culture a des éclairs de génie. Une série de 15 émissions sur Marguerite Yourcenar, préparée par l’écrivain Clémence Boulouque a durant quelques jours, enchantée les amateurs de littérature et de culture française et européenne. A écouter : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/dossier…
Certains sujets chers à cet auteur sont longuement abordés, pour mieux cerner cette figure marmoréenne, alors que l’on s’apprête à célébrer (du moins peut-on l’espérer) le vingtième anniversaire de sa disparition, en 1987. Mais lors de deux émissions, certains n’ont pu s’empêcher d’aborder le sujet qui fâche, l’éventuel “côté sombre” de Marguerite Yourcenar : c’est peut-être un écrivain de droite !
Celle-là, on ne l’attendait pas aussi tôt. L’auteur des « Mémoires d’Hadrien » ressuscitant au fil des pages la grandeur de l’Empire romain, ou d’un essai sur l’écrivain japonais Mishima, fasciste notoire ne pouvait pas y échapper, du moins pas sur France Culture. Même si des pincettes ont été prises, on sent tout ce beau monde universitaire un peu gêné aux entournures.
Pensez donc dès 1929, elle est déjà accusée d’antisémitisme dans un livre qui lui est consacré. Forcément, qui dit « écrivain de droite » dit antisémite.
Certains des doutes, des incompréhensions voire de la haine de l’Empereur Hadrien contre les juifs, évoqués dans son roman rendent certains commentateurs soupçonneux. Heureusement, le spécialiste invité ce jour-là, gomme cette image d’une phrase : il s’agit là d’ « une confusion entre ses personnages et elle, entre ce qu’ils pensent et ce qu’on prête à l’auteur.» Ouf…
Et cela n’a pas lieu d’être quand on est un lecteur un minimum intelligent peut-on rajouter.
Malheur, elle avait pourtant aggravé son cas dans son roman « Le coup de grâce » où elle parle de la « race juive ». Le commentateur, toujours docte balaye cela d’un coup méprisant en expliquant qu’elle «reprenait là les clichés propagés par « toute cette littérature à droite, raciste, xénophobe et évidemment antisémite ».
Nous vous le disions déjà au fil de nos articles, l’écrivain de droite est un salaud.
Jean d’Ormesson : ” je ne m’occupe que très peu des opinions politiques des écrivains”
Heureusement, Jean d’Ormesson est aussi invité dans l’une des émissions nommée « Une femme sous la Coupole ».
Il est vrai qu’au moment de son élection à l’Académie Française, certains ont hurlé au scandale tel l’Académicien André Chamson qui la trouvait selon l’animatrice Clémence Boulouque « trop droitiste, une personnalité trop marquée à droite ».
Et Jean d’Ormesson de répliquer : « elle n’était pas très à droite ; d’ailleurs, elle n’était pas giscardienne ! Je ne m’occupe que très peu des opinions politiques des écrivains ». C’est aussi cette sage décision que certains devraient prendre…
Une aristocrate magnifique
Enfin, dans l’émission intitulée « Le mythe de l’histoire » on s’interroge, au sujet du thème de la décadence que Marguerite Yourcenar ne cessera de manier. Et voilà ce qu’on entend de la part de Mme Boulouque lors de cette émission « Cette omniprésence du thème de la décadence, a fait l’objet d’une critique de Yourcenar ; certains verraient en elle un écrivain un peu droitier, d’autant plus que sa réappropriation des thèmes antiques de l’entre-deux guerres s’est faite, comme l’ont fait un certain nombre d’auteurs qui voyaient là une occasion de parler d’un rappel à l’ordre, d’une communion avec un modèle antique, qui serait une critique de la modernité. Elle se réapproprie ces thèmes aussi, dans une critique de la modernité mais qui ne serait certainement pas cette enveloppe vide du fascisme. » L’Universitaire à qui elle s’adresse passe du temps après cela, à dédouaner la pauvre Yourcenar. On entendra même l’une des invités proférer cette idiotie : « mais Yourcenar était écologiste ! L’écologie n’est pas un sujet de droite ! »
La logique est donc implacable. Vous parlez de l’Antiquité, c’est suspect car fasciste. Vous préférez les philosophies orientales au judaïsme ou à d’autres religions par exemple, c’est suspect. Vous êtes aristocrate, d’une grande culture et voyageuse c’est suspect. Ainsi donc, Marguerite Yourcenar, l’un des plus grands écrivains français est donc suspecté d’être de droite. La pire des hontes dans le joyeux monde culturel… Mais on recommandera tout de même chaudement l’écoute de ces émissions remarquables.
« Il taisait ses pensées qui pour lui comptaient le plus, mais il savait de longue date que celui qui s’expose par ses propos n’est qu’un sot, quand il est si facile de laisser les autres se servir de leur gosier et de leur langue pour former des sons.» L’œuvre au noir
Laurent Husser (La droite strasbourgeoise)
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Pépin III le Bref

24 septembre 768 : Pépin III, dit le « Bref », meurt à Paris. Il avait déposé les derniers mérovingiens et, de « Maire du Palais », il était devenu, Roi des Francs. Il les avait unis sous son autorité unique. A sa mort et selon la coutume germanique, les possessions franques sont partagées entre Charles (le futur Charlemagne) et Carloman. Celui-ci meurt en 771, permettant de rassembler une nouvelle fois les possessions franques sous l’autorité d’un souverain unique, en l’occurrence son frère. Celui-ci laissera toutefois trop de pouvoir à l’Eglise : cette politique a d’abord été nécessaire, car, à l’époque, seule la vaste institution ecclésiale pouvait offrir un cadre administratif à l’Empire ; cette politique crée toutefois un précédent malsain, dans la mesure où l’Eglise voudra sans cesse supplanter l’institution impériale, même dans les domaines militaires et stratégiques, pour lesquels elle n’était pas formée et même totalement incompétente. Ce clivage entre institution impériale et institution ecclésiale, qui connaîtra son maximum d’intensité lors de la querelle des investitures, laissera souvent l’Europe, et surtout son centre germanique, tchèque et hongrois, dans un état de faiblesse problématique, la rendant incapable de parachever les croisades et la reconquista rapidement. Pire, quand la volonté ottomane se forme sur les rives du Bosphore à la fin du 14ième siècle et envisage de conquérir l’Europe en remontant le Danube, le désordre dans lequel l’intransigeance anti-impériale des pontifes de Rome a plongé l’Europe, ne permet pas d’opposer à cette volonté étrangère une riposte fulgurante et définitive. Une Europe cohérente à la fin du 11ième siècle, non affaiblie par le schisme Rome/Byzance et par la querelle des investitures (commencée en 1075), aurait parfaitement pu conserver ses postes avancés sur la rive orientale de la Méditerranée, former une alliance avec l’Arménie, barrer ainsi la route à toutes les invasions turques ultérieures et sauver l’empire perse indo-européen, islamisé en surface seulement.
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