Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 30 janvier 2010

Histoire et actualité de la guerre froide

Histoire et actualité de la guerre froide

http://unitepopulaire.org/

« Pour beaucoup d’étudiants, la Guerre froide aujourd’hui n’évoque rien de personnel. Cela apparaît presque comme de l’Histoire ancienne.
En réalité, malgré des changements aussi radicaux que l’effondrement de l’Union soviétique et la réunification allemande, plusieurs problèmes, qui existaient avant 1989, sont toujours là. […]

guerrefroidesssss.jpgPeu après 1989, on pensait que le monde libre et la démocratie avaient triomphé grâce à la victoire des Etats-Unis sur l’Union soviétique. La réalité de 2009 est différente. Le modèle démocratique américain ne s’est de loin pas imposé partout à travers le globe. […] Dans la politique américaine, il y a des relents de Guerre froide. L’attitude de Washington par rapport à Cuba n’a pas fondamentalement changé. L’embargo imposé à La Havane en 1962 est toujours en vigueur. […]

Pour beaucoup de politiciens, la Guerre froide était pratique; elle permettait d’expliquer à son opinion publique de manière simpliste que tout était soit noir, soit blanc. Le monde est beaucoup plus complexe que ne le décrivait à l’époque Fukuyama. L’Histoire n’est pas un processus linéaire. Il n’y a pas de happy end hollywoodien une fois pour toutes. Il s’est agi d’une théorie très ethnocentrique et très offensante. Une manière de dire que la civilisation occidentale a triomphé. C’est une attitude dangereuse qui a poussé l’Occident à humilier la Russie dans les années 1990. Ce n’est pas un hasard si Vladimir Poutine a, en réaction, mené une politique agressive et nationaliste, qui a pu choquer. Une politique qui était, il est vrai, aussi teintée d’une nostalgie du statut de superpuissance qu’avait l’Union soviétique. […] Après la disparition du Pacte de Varsovie, certains pensaient que l’OTAN allait aussi disparaître. Elle a non seulement survécu, elle s’est même étendue. La Russie a vécu cela comme une continuation de la Guerre froide. […]

Le monde multipolaire est devenu une réalité. Ce n’était pas le cas avant 1989. Mais j’aimerais corriger un cliché de la Guerre froide. On l’a présentée comme un monde bipolaire simple. Elle était pourtant beaucoup plus complexe. La Chine par exemple n’a pas toujours joué le jeu bipolaire. L’Inde et les non-alignés non plus. Au Moyen-Orient, la Guerre froide n’était de loin pas le principal facteur de division. […]

Il faut se rappeler qu’au faîte de la Guerre froide les Etats-Unis soutenaient les “combattants de la liberté”, les mouvements rebelles contre les Soviétiques qui venaient d’envahir l’Afghanistan en 1979. Mais aussi les Contras au Nicaragua, l’Unita en Angola. Ces soutiens ont provoqué un retour de flamme. Les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis en sont une illustration. Cet événement a fortement changé la donne. Après le fiasco des années 1990, comme en Somalie, les Etats-Unis n’auraient jamais pu lancer des opérations militaires de grande échelle en Afghanistan avec l’appui de l’opinion publique sans de tels attentats. Cette période a toutefois des similitudes avec les débuts de la Guerre froide, avec le maccarthysme des années 1940-1950. Dans une démocratie comme les Etats-Unis, tout avis dissident, à partir de 2001, équivalait à une trahison. »

 

Jussi Hanhimäki, professeur à l’IHEID, interviewé par Le Temps, 3 novembre 2009

Les commentaires sont fermés.