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jeudi, 25 novembre 2010

L'Europe aveuglée par ses certitudes

L'Europe aveuglée par ses certitudes

Par Jean-Luc Gréau - Ex: http://fortune.fdesouche.com/

 

Plus cela change, plus c’est la même chose.

Deux années après la chute dans la pire récession de l’après-guerre, les dirigeants de l’Europe demeurent accrochés aux schémas de pensée qui ont guidé leur action depuis l’avènement du marché unique, puis de l’euro. Ils reprennent sans ciller des mots d’ordre ayant jalonné la période critique qui s’est achevée, en septembre 2008, par un double fiasco américain et européen.

Tout se passe comme si les faits, dont certains assurent qu’ils sont têtus, ne recelaient aucune leçon nouvelle grâce à laquelle l’Europe pourrait changer certaines de ses orientations antérieures.

 

On pourrait pourtant s’interroger sur le regard qu’on a eu jusqu’à présent en matière de surveillance des dettes. Car les critères de Maastricht, valables pour l’ensemble de l’Union européenne, ne traitent que des dettes publiques. Et la période récente a révélé leur arbitraire, puisque deux Etats parmi les moins endettés en 2007, l’Irlande (25% du PIB) et l’Espagne (40% du PIB), sont respectivement en faillite non déclarée et en faillite virtuelle.

La première est victime, après la chute de son secteur immobilier, de l’accumulation de mauvaises créances au sein de ses banques désormais nationalisées : les pertes bancaires remontent mécaniquement dans les comptes du Trésor public de Dublin, pris au piège de la folie de ses banquiers.

La deuxième, sinistrée elle aussi par son secteur immobilier et par les excès de l’endettement privé, s’est résolue, comme l’Etat irlandais, à une diète de la dépense publique que lui intiment les marchés financiers et que lui recommande une Commission européenne attachée à ses préceptes de bonne gestion comme à un fétiche. Mais elles ont déjà renoué avec une récession qui devrait ruiner leurs efforts.

Faut-il rappeler que les deux commissaires « compétents » pour les questions financières et budgétaires, durant la période critique, se nommaient Charles McCreevy, citoyen irlandais, et Joaquin Almunia, ressortissant espagnol ? A l’évidence, l’un et l’autre ignoraient ce qui était en jeu.

La cotation de l’euro fournit le deuxième thème de réflexion. Les Américains ont ouvert un conflit avec la Chine en autorisant l’administration à mettre en oeuvre une politique de protection commerciale destinée à rééquilibrer les échanges commerciaux avec les pays dotés d’un avantage monétaire disproportionné.

Or, les autorités européennes restent muettes sur le sujet, au prétexte qu’une banque centrale n’a pas compétence pour traiter de la question du change, et que, l’essentiel résidant dans la stabilité interne des prix, on doit s’accommoder du reste. Moyennant quoi, l’esquisse d’embellie économique en Europe est menacée, y compris dans les pays mieux armés.

L’Europe aurait pourtant deux leçons évidentes à tirer des derniers événements.

Premièrement, que les dettes privées sont à surveiller tout autant – sinon plus – que les dettes publiques, car ce sont elles qui ont fait le malheur de l’Irlande et de l’Espagne.

Deuxièmement, que la cotation de la monnaie reste un élément essentiel de la compétitivité. A l’ignorer, on précipitera le déclin du Vieux Continent.

Mais, pour que l’Europe puisse tirer ces leçons, il lui faudra sans doute d’autres « têtes » que celles qui la conduisent aujourd’hui.

L’Expansion

Union européenne... des aveugles

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