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vendredi, 05 février 2016

Les Européens font le service après vente des guerres

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Les Européens font le service après vente des guerres

Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Tout ce qui se passe était prévisible. Vous ne pouvez porter la guerre, multiplier les interventions dans des zones à risque, sans courir le risque que les victimes de ces agressions ne répliquent.

Dès le début des opérations militaires, le slogan « ils font la guerre chez nous, nous faisons la guerre chez eux » s’est imposé. La communication mondiale, globale, des combattants est devant nos yeux, personne ne pouvait et ne peut l’ignorer. Gouverner, c’est prévoir et, même si on est incapable de prévoir, ce qui manifestement est le cas, alors on peut au moins analyser lorsque les premiers événements se produisent.

Non seulement ces événements étaient prévisibles, mais leurs conséquences l’étaient également. Tout service d’action psychologique, tout conseiller de gouvernement savait que ces conflits amèneraient des représailles contre les populations des pays participants aux guerres. Tout comme ils savaient que ces ripostes se feraient par la voie d’actes terroristes puisque c’est le seul moyen dont disposent ceux qui, militairement, sont en infériorité ; et puisque l’histoire récente montrait qu’à chaque fois les ripostes étaient par la voie du terrorisme. C’est la nouvelle forme de la guerre du faible au fort. Les menaces et revendications ne laissent aucun doute sur ce point.

Toutes les analyses convergent, elles aboutissent aux conclusions suivantes : en multipliant les interventions militaires, les pays occidentaux importent de l’Islamisme radical, elles le produisent, elles l’amplifient. Ils réveillent les nationalismes, les comportements de rejets et de xénophobie, ils alimentent les sentiments anti-arabes, les sentiments anti -islam, et, chez les populations déjà enclines au racisme, le racisme et l’antisémitisme. Les guerres qui se multiplient, sans véritable stratégie, sans réflexion sur leur issue et sur ce qui peut se passer après, sont de véritables bombes lancées sur nos sociétés, elles les éclatent, les disloquent, les fissurent.

Un rapport des services de renseignements allemands vient d ‘être « fuité », diffusé, il explique tout cela, et s’étonne que rien n’ait été prévu, rien n’ait été fait. En Octobre 2015, Andrew Parker, directeur général du Britain’s Security Service, a déclaré que l’ampleur et le rythme des dangers que nous courons en Europe était maintenant à un niveau qu’il n’avait jamais connu pendant ses 32 ans de carrière. Selon lui, la police britannique est obligée de surveiller plus de 3.000 islamistes nés dans le pays et il n’ose imaginer combien il faudrait en surveiller en Europe continentale, compte tenu de l’importance des populations à risque.

La cheffe de la Norvegian Police Security, Benedicte Bjornland, vient d’assister à une conférence sur la Sécurité en Suède, (cherchez le compte rendu dans l’Express et le Nouvel Obs!). Elle a averti contre les risques de l’immigration : "on ne peut assumer que les nouveaux arrivants vont s’adapter et se soumettre à nos normes. Ces nouveaux arrivants forment des populations hétérogènes et ils peuvent amener des luttes et des conflits ethniques avec eux". "Ils forment des sociétés parallèles, et ainsi émergent, dans le long terme, des foyers de radicalisation et d’extrémisme ". On a laissé se développer des Molenbeek, des couveuses de terrorisme, en toute connaissance de cause, cyniquement ou par incompétence. Le maire de Molenbeek a révélé qu’il avait reçu, un mois avant l’attaque de Paris, une liste de 80 noms de personnes avec leurs adresses. Cette liste comportait tous les noms importants, révèle le New York Times. Le maire de Molenbeek, Schepmans, de dire : "qu’est-ce que j’étais supposé faire de cette liste, ce n’est pas mon job de traquer des supposés terroristes". En effet, ce n’est pas son job, mais c’était celui des gouvernements que de procéder à des débats démocratiques sur les aspects positifs et négatifs de la guerre, de sensibiliser le public, les institutions, et de mettre en place les moyens de détection et de protection.

Les Etats-Unis, en la personne d’Ashton Carter, viennent, à l’occasion d’une réunion discrète dans une école militaire, d’exposer les grandes lignes de leurs actions militaires dans la zone tenue par ISIS et leur plan d’intervention pour 2016. Vous n’en avez pas entendu parler dans votre presse MSM, ou chez les médias chiens de garde du système comme l’Express ou le Nouvel Obs. Il s’agit de tout détruire,  d’éradiquer le mal par la destruction totale (à 80%!) des zones urbaines occupées par ISIS. Plus de 1 million de personnes habitent ces zones. Le coût de reconstruction est déjà prévu, évalué à 200 milliards de dollars. Les dégâts collatéraux vont être considérables, la haine que cela va susciter va être l’équivalent d’une bombe atomique. La masse de populations déplacées aussi. Cette population, vous allez peut-être, grâce aux incapables européens, la retrouver près de chez vous, à votre porte, chez Disney, dans votre gare.

Chaque tir de drone fait des victimes collatérales, on évalue la proportion à 17 pour une cible atteinte, chaque victime produit un nombre de recrues et de kamikazes qui est un multiple de la frappe initiale. Peut-être que vous allez croiser un parent, un fils, un frère d’une victime de drone la semaine prochaine dans votre centre commercial.

Heureusement, comme il est déjà en voie de désertification, cela fera moins de victimes !

Les Occidentaux, sous la conduite des Etats-Unis, font une guerre de lâches, ils détruisent les centres de communication, puis les centres de commandement, puis les infrastructures, puis tout ce qui est indispensable à la survie, énergie, eau, hôpitaux, puis ils commencent le carpet-bombing, c’est à dire le pilonnage systématique. La destruction méthodique. Les combattants sont partis depuis longtemps, les populations civiles non, elles subissent, elles assistent impuissantes et elles emmagasinent de la haine. Exactement comme cela a été fait dans toutes les guerres menées par les Etats-Unis. Car le refus d’avoir des pertes au sol produit une guerre scandaleuse qui se retourne contre celui qui la mène, une guerre que l’on ne gagne jamais,  comme cela a été le cas en Afghanistan, en Irak, en Libye… Objectivement, cette guerre s’articule de la façon suivante ; les Etats-Unis opèrent la destruction des points de concentration des combattants ennemis, ils les neutralisent, ils rendent la zone inhabitable et… les pays européens font le service après vente, leur fonction est de fournir un débouché, un accueil, à ces populations ruinées, décimées, chassées de chez elles par une guerre à laquelle ils ne comprennent rien. Elles sont bourrées de haine, elles n’ont plus rien et, surtout, plus rien à perdre. Il est évident que c’est un « deal » entre les Américains, d’une part, et vos gouvernements atlantistes dont les banques sont tenues par les couilles, d’autre part. Les Européens n’ont pas les matériels et les équipements qui leur permettraient de faire la guerre eux-mêmes seuls, souverainement. Hollande fait le malin avec des services et du matériel que les Américains veulent bien mettre à notre disposition. Ils sont en position d’infériorité, d’où le « deal » : "on fait ce que vous ne pouvez pas faire et vous faites le service après vente, le service d’accueil."

Bruno Bertez, le 30 janvier 2016

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