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vendredi, 07 octobre 2016

Glossaire.dde : l’affectivisme (-postmoderne)

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Glossaire.dde : l’affectivisme (-postmoderne)

Ex: http://www.dedefensa.org

5 octobre 2016 – Nous reprenons pour ce Glossaire.dde un ensemble d’éléments déjà utilisés dans deux textes précédents principalement (du 11 juin 2012 et du 7 septembre 2015), en les assortissant de commentaires nouveaux et de présentations en évolution, pour installer le concept concerné dans le cadre plus large et la perspective fondamentale qu'il mérite. Il s’agit du concept anciennement baptisé “affectivité” et heureusement rebaptisé “affectivisme” (*).

Nous estimons que ce concept est aujourd’hui le plus important pour exposer, sinon expliquer le fonctionnement et surtout la forme étrange de ce que l’on nommerait la “vie politique” générale, globalisée essentiellement à partir de l’activité du bloc-BAO et caractérisant ce qu’on a coutume de nommer “relations internationales”. (L’expression “vie politique” peine naturellement à rendre compte des conditions extraordinaires régnant aujourd’hui dans ce domaine général, parce que ce domaine est désormais totalement dépourvu de la cohérence rationnelle qui le définit en grande partie, selon la conception traditionnelle. Il faut donc entendre l’expression avec cette réserve fondamentale, qui est justement la marque de l’irruption irrésistible de l’affectivisme.) Les deux textes qui nous servent de références initiales (11 juin 2012 et 7 septembre 2015) marquent justement la progression opérationnelle fulgurante de l’invasion de la pseudo-“vie politique” générale par ce concept : en quatre années à peu près, l’affectivisme a totalement phagocyté cette pseudo-“vie politique” ; on mesurera alors combien la situation d’octobre 2016 est différente de celle de septembre 2015 et de celle de juin 2012. Pour autant, avec la crise de l’américanisme déclenchée et illustrée à la fois par l’élections présidentielle USA-2016 (accompagnée d’un nouveau paroxysme de la crise syrienne), il nous semble qu’on peut considérer que nous avons atteint une situation d’invasion totale de l’affectivisme ; l’on peut alors considérer que nous sommes parvenus au domaine paroxystique ultime du phénomène, à son sommet paroxystique qui est plus un plateau qu’un pic, un plateau dont nous ne connaissons pas la limite mais qui en a une sans aucun doute, qui sera à sa façon le moment de l’effondrement. (Cet accomplissement “globalisé” [pour le bloc-BAO qui est l’acteur central du phénomène] de l’opérationnalisation du concept de l’affectivisme est d’ailleurs la cause principale qui nous pousse à définir décisivement ce concept dans le cadre du Glossaire.dde.)

Nous allons utiliser des éléments des deux textes cités, que nous intégrerons sans distinction particulière (emploi des guillemets, d’un caractère spécifique, etc.) à nos considérations actuelles pour ne pas trop charger le texte d’une forme qui distrait la lecture. Les citations initiales précises et spécifiques des textes initiaux qui seront introduites volontairement d’une façon datée resteront bien entendu signalées par les habituels procédés (guillemets, emploi de l’italique).

Il nous importe d’abord de mettre en évidence le côté “grotesque et aussi sérieux qu’une bulle de savon” selon l’expression employée dans notre chapeau de présentation, parce que c’est un des caractères de ce concept, et notamment un caractère qui permet aux esprits libres qui n’ont pas été infectés par cet pathologie de la psychologie de reconnaître sans la moindre hésitation les traces de l’affectivisme. Nous sommes effectivement dans une époque absolument de tragédie-bouffe, où l’aspect tragique est terrible mais où l’aspect bouffe ne lui cède en rien, en aucune façon. Pour illustrer le second aspect (l’aspect “bouffe”, ou bouffon) sur lequel nous ne reviendrons plus ensuite, nous avons donc choisi de reprendre la circonstance initiale qui déclencha une analyse de remise à jour du concept avec le texte du 7 septembre 2015, dans les termes ironiques soulignant le grotesque de la chose et selon une approche polémique consciemment voulue comme pleine de dérision où nous l’avons écrite (pour ce cas, alors, nous utilisons des guillemets, pour indiquer que nous reprenons volontairement le texte tel qu’en l’état). Il s’agit d’en montrer l’aspect dérisoire, absolument grotesque, voire clownesque, parce que cela aussi fait partie du phénomène d’abaissement de l’esprit qu’implique l’affectivisme. Il n’est de meilleur et plus symbolique sapiens pour illustrer le propos à ce point (“grotesque, voire clownesque”) que le Français, ditto intellectuel-bouffe, alias “nouveau philosophe” bronzé sous le harnais, ad vitam aeternam léonin c’est-à-dire « qui rappelle (physiquement ou moralement) le lion, digne d'un lion », Bernard-Henri Levy, dit-BHL.

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Une circonstance illustrant ce concept

« ... Pour commencer, battez tambours, sonnez trompettes, et Gloire et Honneur à Michel Onfray, le 3 septembre 2015, sur BFM-TV... Pour la séquence, d’abord une image en studio d’une autre émission, avec BHL en image fixe, BHL seul, léonin par rapport au vulgaire et si loin du vulgaire, le regard au lointain qui voit le sort du monde, Statue du Commandeur d’une élégance inévitable ; la voix “off”, du pur-BHL dans le genre tragiquement-calme, mais humanitaire-hein, discourant à propos de la photo du petit garçon syrien trouvé mort sur une plage de Turquie ; des propos comme sur une tartine à la gelée royale, chargée de lieux communs délicieux, à propos de ces “images” qui “secouent le monde”, ou bien qui ont “l’étrange vertu” de “réveiller la conscience universelle”, “la mort d’un enfant”, “atroce” (on cite à vue de nez et d’une oreille un peu bouchée)... Puis, question à Onfray de l’aimable présentatrice : « Pour une fois, vous êtes d’accord ? » ; réponse, toute fureur rentrée, ce qui laisse à Onfray la disposition d’un langage clair et tranchant  :

» — Non non, il a pas honte, il a pas honte, il ferait mieux de rester caché. Vous savez, je pourrais citer Audiard, “les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît”, parce que franchement, avec tout ce qu’il advient aujourd’hui il ferait mieux de rester chez lui ... Voilà un monsieur ...

» — Il n’y a vraiment rien qui peut vous mettre d’accord ...

» — Mais enfin, si, peut-être, sérieusement, des choses, mais pas ça... Voilà quelqu’un qui a invité à bombarder la Libye, qui a invité à tuer des Libyens, sous prétexte qu’en tuant des Libyens on rendrait possible la démocratie ... On a détruit un État qui valait ce qu’il valait, mais avec lequel on pouvait discuter, on pouvait discuter avec l’interlocuteur qu’était Kadhafi. Là, on ne peut plus rien à faire avec la Libye, c’est une base extraordinaire pour le terrorisme... Responsable de rien, Bernard-Henri Lévy, il vient de nous expliquer qu’il faudrait ceci, qu’il faudrait cela... D’ailleurs on voit des photos de lui, récemment, où il donne des conseils aux gens qui combattent, etc. ... Donc, il faut juste qu’il y ait un moment donné où il faut un peu de pudeur, tous ces gens qui ont rendu possible cet enfant mort, et Bernard-Henri Lévy en fait partie ...

» — Il est complice ?

» — Oui, évidemment, il est complice, comme d’autres sont complices, les présidents de la République d’hier et d’aujourd’hui, qui défendent exactement la même ligne, et qui disent “oh là là, c’est effrayant cette photo”... C’est effrayant mais ce sont des criminels ces gens-là, leur politique est criminelle, on devrait commencer par arrêter cette politique ... Un chef d’État qui voudrait être un chef d’État dignement, devrait commencer par changer de politique, faire une politique indépendante ...

» Le démon, élégamment habillé d’une chemise d’un blanc éclatant comme l’innocence, ouverte sur un torse bronzé comme la peau tannée d’un vieux loup de terre qui a affronté les plus grands dangers pour sauver les pauvres hères accablés par les tyrans, surmonté d’une chevelure grisonnante du plus heureux effet puisque coiffée par les soins prodigieux des grands vents du Sud de la migration, le démon s’avance, à peine masqué. D’aucuns le nomment BHL, ce qui est à la fois à mourir de rire et à mourir de plaisir.

» Il ne cesse d’éructer, de tonner, de s’emporter. En un sens, il nous avait tous avertis. La Libye, la Syrie, tout cela était assuré. L’innommable Kadhafi jouait déjà de la migration du temps où on le subventionnait grassement, puis vint la “libération de la Libye” dont il (BHL) fut le modeste inspirateur, qui n’a rien provoqué en fait de migration puisque les migrants qui traversent la Méditerranée ne sont pas des Libyens même s’ils viennent de Libye. Les Libyens eux-mêmes, ils sont chez et ils y restent, chez eux, débarrassés du tyran et c’est bien, et ils vont bien conformément aux consignes. Le reste, les politiques n’avaient pas prévu. La Syrie, c’est encore pire ! Tout est de la faute d’Assad, qui n’a pas disparu au printemps 2011 comme il aurait du, et qui est le véritable créateur de Daesh, contrairement à ce qu’affirment les bouffons de la DIA. D’où la fuite précipitée actuelle des Syriens, bien entendu à cause d’Assad, vers l’Europe dont le devoir humanitariste est de tous les accueillir... Ah, si Obama n’avait pas “trahi“, à l’été 2013, lorsqu’on pouvait encore bombarder Assad, Damas et quelques trucs alentour, avec quel profit pour l’humanité ! Tout serait bien rangé aujourd’hui, dans la Syrie démocratique, comme ce l’est dans la Libye démocratique.

» On traduit, on résume, on adapte, on approximative. Avec lui, seul compte l’esprit, la citation précise est inutile, presque obscène dirait-on tant elle suppose un doute quant à la justesse de la pensée. BHL est désincarné, l’être humain ne compte plus, qui s’est sacrifié derrière la dimension globalisante [et hyper-humanisante] qu’il a acquise ; à l’égal, —mais un cran au-dessus, tout de même, – des alchimistes qui transmutaient le vil plomb en or, BHL transmute le lieu commun en parole de Prophète... Il est l’ange-démiurge exceptionnel de cet ouragan de communication qui a saisi l’Europe depuis quelques semaines, et surtout depuis quelques jours. On espère qu’un scribe, un jour, recueillera toutes ses sorties pour l’édification des masses futures, mais uniquement parce qu’elles expriment si bien le récit de la crise européenne, celle de l’Europe désormais plongée dans un déluge, – non, dans le Déluge quasiment biblique, qui la bouleverse et la secoue de fond en comble.

» La Grande Crise de la Migration (GCM) est devenue un nouveau chapitre furieux de la crise européenne qui ne cesse de tordre, de malaxer, de déformer l’Europe et de la soumettre à des tensions inouïes. Mais ce chapitre-là n’est à nul autre pareil dans la pureté chimique de l’ingrédient spirituel qui écrase le reste, – nous avons nommé l’“affectivisme”, déjà bien identifié. Certes, BHL est le grand’maître, le porte-voix de l’“affectivisme”, et nul ne sait s’il en est la victime ou le manipulateur accomplissant son travail de Combattant Suprême surgi de Mordor.

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» Le caractère le plus remarquable de cet épisode extraordinaire de la Grande Crise de la Migration, c’est la mise au grand jour, à ciel ouvert jusqu’au-delà de l’horizon, de cet affectivisme ; d’une manière frappante, extraordinairement éclatante, absolument impérative, tournure de la psychologie qui se suffit totalement à elle-même pour expliquer à la fois la Cause Première et la Fin Dernière de l’aventure, et même pour remplacer Dieu dont l’absentéisme (dans cette aventure) en est une des marques les plus notables. Il faut en effet Le remplacer puisqu’Il n’assume plus [et nous aurons alors mérité du postmodernisme, ayant ainsi contribué à mieux le définir en l’illustrant anecdotiquement] ... Voici donc ce que nous nommons affectivisme alors que nous avions choisi d’abord le terme “affectivité”... Ce néologisme impliquant la constitution d’une forme spécifique de comportement pseudo-intellectuel est bien mieux approprié que le terme “affectivité” qui autorise toutes les confusions avec un phénomène naturellement produit par l’affect, d’abord employé dans ce texte du 11 juin 2012 où nous tentions d’en donner une définition. Ce changement de désignation est du à l’intervention extrêmement pertinente d’un de nos lecteurs, le 10 novembre 2014, concernant ce même texte du 11 juin 2012. (*) C’est sur ce concept d’“affectivisme” que nous voulons concentrer notre attention... »

Opérationnalisation du concept d’affectivisme

Nous prétendons que cette situation de l’affectivisme qu’on peut difficilement qualifier de “politique” répond à une particularité extraordinaire de la psychologie, conditionnant à mesure l’activité de l’esprit, les jugements qu’il en tire et l’action qui en résulte. En 2012, dans le texte cité, nous ne parlions que des réactions à propos de la crise syrienne, ce qui donnait au concept d’“affectivité-devenu-affectivisme” une forme spécifique et une signification limitée ; aujourd’hui le propos est beaucoup plus large. La crise syrienne circa-2012, ajoutée à la crise libyenne, est présente parce que ces deux crises sont le champ de l’interventionnisme militariste compulsif et obsessionnel du bloc-BAO autant que les causes opérationnelles directes et incontestables de cette vague migratoire à partir de 2014-2015 d’une puissance extraordinaire d’une part ; parce qu’elles sont d’autre part et surtout les crises initiales révélatrices de cette forme d’esprit devenu un concept majeur qui doit figurer dans notre Glossaire.dde, d’“affectivité-devenu-affectivisme”. Ces deux crises, surtout la syrienne, ont évolué en un énorme “tourbillon crisique” affectant la partie la plus sensible de la zone du Moyen-Orient, notamment autour du phénomène Daesh ; elles s’inscrivent désormais dans la situation crisique générale du Système dans son sens le plus large, dans son sens métahistorique.

Dans ce tourbillon qui s’institutionnalisme en crise haute s’inscrit également la puissante crise ukrainienne, qui s’est développée depuis le début 2014 avec ce qu’elle a introduit dans l’état d’aggravation permanente de la psychologie produisant l’affectivisme, notamment avec de nouveaux concepts, essentiellement le “déterminisme-narrativiste”. Enfin, depuis la fin 2015 s’inscrit la crise de l’américanisme dite-USA-2016 dont la campagne présidentielle constitue le socle fondamental. La situation est, dans le dernier tiers de l’année 2016, infiniment plus grave qu’en 2012, sur à peu près tous les plans, et notamment et essentiellement pour notre propos sur le plan  de la prolifération absolument affolante de cet affectivisme qui constitue désormais un phénomène métahistorique à part entière, – métahistorique en ce sens qu’il a saisi les sapiens concernés comme une force extérieure et manipulatrice pour d’étranges desseins.

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“L’affectivisme, ça ose tout...” : l’affectivisme règne

Comment définissons-nous l’affectivisme à partir de sa première présentation de 2012 ? Il s’agit du constat de l’effacement complet de la raison en tant qu’outil structurant de l’esprit et de son jugement dans les attitudes politiques des directions du bloc-BAO, d’abord vis-à-vis de la crise syrienne ; puis, très rapidement, ce même phénomène s’étendant dans à peu près toutes les crises qui affectent d’une façon générale tous les pays du bloc BAO. Ce fut clairement le cas des pays européens d’abord, puis des USA eux-mêmes, avec une rapidité extraordinaire pour la Grande République, avec la vigueur et l’importance opérationnelle fondamentales de la crise de l’américanisme des élections présidentielles. Il n’est donc plus question, en vérité, d’attitudes politiques au sens intellectuel de l’expression mais d’attitudes psychologiques engendrant des comportements intellectuels produisant des pseudo-“attitudes politiques”, le phénomène agissant à la fois comme conséquence et cause d’une situation effectivement métahistorique ; c’est-à-dire, ce phénomène suscité par des facteurs nés d’éléments métahistoriques tendant à constituer une situation de cet ordre et agissant à son tour comme détonateur pour accélérer la consolidation de cette situation métahistorique.

Nous parlons bien entendu d’une raison que nous considérons comme subvertie (voir la “raison-subvertie”, dans le Glossaire.dde), donc extraordinairement affaiblie et surtout agissant en complète inversion de son orientation naturelle, sous l’influence du “déchaînement de la Matière” et du Système. Le constat est effectivement que l’effacement d’une raison efficace, une raison “loyale à la perception de la réalité”, ouvre la porte au déferlement de l’affect en termes psychologiques, ou pure affectivité, dans les réactions aux diverses situations de crise qui intéressent directement les esprits concernés, et conduit à une extrême rapidité de la prolifération et de l’opérationnalisation de ces réactions sous la pression de la communication. Cet affect n’est évidemment pas suscité par un plan général et humain de manipulation puisqu’on a vu que la raison, qui seule peut produire humainement de tels plans, est absente dans son rôle habituel de rangement des ambitions et des projets humains.

L’affect prépondérant dans ces réactions est pourtant l’effet d’une manipulation ; il est le produit des intervention innombrables que nous estimons suprahumaines organisant constamment la désintégration de la réalité qui caractérisent le courant de la communication pro-Système ; installé, cet aspect prépondérant joue ensuite comme dans le cas précédent un rôle d’accélérateur. Ainsi sont créées de fausses réalités sous le terme que nous employons souvent de narrative, artefact complètement fabriqué, sans rapport avec ce qui serait la réalité, et dans la manufacture desquels l’affect devenu affectivisme joue un rôle prépondérant. Il s’agit “techniquement” d’une auto-manipulation, ou d’une auto-mésinformation, suscitées par une affectivité qui a complètement pris le dessus dans le fonctionnement de la psychologie, qui affecte l’observation des faits et le jugement selon des normes de type hystérique qu’on “idéologise” pour satisfaire l’apparence rationnelles ; eux-mêmes véhiculées, ces normes, dans la psychologie avant d’être transcrites en “idées” de type-standard et homogénéisées (droits de l’homme, humanitarisme, démocratie, etc.). En aucun cas, ce comportement n’est perçu en conscience et encore moins organisé de cette façon ; il est de nature inconsciente et il s’exprime comme s’il était la nature même de la pensée impliquée. Il n’est l’effet d’aucun calcul, d’aucune manipulation. Il devient la nature même de l’esprit lorsque l’esprit a été absolument subverti et inverti.

En 2012, déjà et bien entendu, nous consacrions un passage à l’importance primordiale du système de la communication dans ce processus. (La “communication ”, pour ce cas étant dans cette situation où elle est au service du Système en général, selon une de ses fonctions-“Janus”.) Aujourd’hui, cette importance de la communication dans le processus que nous décrivons est tout simplement gigantesque, elle-même écrasant et dispersant tout le reste pour régner en maîtresse absolue. La communication sous sa forme remarquablement sophistiquée et complexe de “système” (système de la communication) a introduit des pressions nouvelles d’automatisme qui renforcent l’enfermement, l’emprisonnement de l’esprit, du jugement, et d’abord de la psychologie dans la voie de l’affectivisme. Le principal concept nouveau qui est apparu, avec la crise ukrainienne, est celui du “déterminisme-narrativiste” qui peut vous emmener dans des contrées totalement inexplorées de la narrative la plus grotesque et véritablement fantasmagorique (une sorte d’Alice au Pays des Merveilles en un peu plus sombre, – Alice au Pays des Merveilles Postmodernes/au Pays Postmoderne des Merveilles, c’est selon).

L’absolutisme du concept nous fait penser qu’on pourrait lui appliquer la formule Onfray-Audiard : “le déterminisme-narrativiste ça ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît”... Il s’agit donc de l’usage massif d’informations déformées, fabriquées, inventées, développées et produites à une cadence très élevée, toujours quasi-inconsciemment quant à la signification intellectuelle et psychologique du processus, pour servir la cause politico-morale qui alimente et donne sa stature apparente à l’affectivisme, pour justifier cette cause, pour lui donner cohérence et apparence de réalité ; il s’agit donc d’une intervention faite sans le moindre esprit critique qui disparaît avec la raison, la rapidité du processus de la communication interdisant toute distance vis-à-vis du soi-disant fait exposé et favorisant exclusivement par conséquent la réaction émotive standard caractérisant l’affectivisme. La profusion de l’emploi des mêmes images, la standardisation des formules conduisant à des réflexes intellectuels de type pavlovien, les réactions d’affectivité devant ce kaléidoscope ultra-rapide des mêmes éléments de communication présentés comme strictement objectifs, etc., tout cela crée cette atmosphère immensément favorable à la réaction affective, et seulement affective, – et, au-delà, installe l’affectivisme comme seul moteur de la pensée, – et ainsi l’affectivisme règne...

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Les étapes de la conquête du territoire de l’affectivisme

Nous écrivions en 2012 que «[c]ette atmosphère agit comme un complément, sinon décisif, dans tous les cas très efficace, pour le phénomène constaté ». Nous dirions, quatre ans plus tard que “cette atmosphère”, c’est-à-dire la communication en soi lorsqu’elle fonctionne favorablement pour le Système (fonction-“Janus”), est devenue une sorte de “monde en soi”, un “monde nouveau”, ou même et plus précisément et justement selon notre propos, un véritable “Nouveau-Monde”. L’image sied parfaitement si l’on veut honorer “Kiev-la-folle” qui est pour beaucoup dans cette évolution, et surtout si l’on veut acclamer la phase américaniste USA-2016 qui présente l’intégration “naturelle” et hystérique de l’affectivisme dans un processus politique général et fondamental, affectant les structures mêmes de la Grande République qui est l’outil numéro un du Système en action ; par conséquent, tout cela nous signalant le caractère universel et totalitaire de l’installation de l’affectivisme dans l’entièreté du domaine du Système.

La communication manipulée par le Système crée un simulacre, une fausse caverne-à-la-Platon dont elle prétend être l’antidote alors qu’elle est elle-même une caverne-à-la-Platon. Les termes du jugement étant fixés une bonne fois (l’ignominie des Russes, Assad-le-bourreau, Trump-Hitler, etc.), le champ est largement ouvert pour les variations affectives excitées par les habituels stimuli (une photo d’un enfant réfugié mort, un quartier d’Alep démoli du fait des bombes-spécifiquement-russes, “petits hommes verts” et “bombes à barillet” employés come images pour faire peur aux enfants le soir, etc.). La pensée se réfugie dans le bonheur douillet de la bonne conscience et du choix vertueux du Bien contre le Mal ; la pensée n’a nul besoin de réfléchir, elle est elle-même un objet complet inerte de réflexion comme l’est un miroir, un miroir où se reflète l’affectivisme.

Nul parmi ceux qui se sont aventurés dans la labyrinthe intellectuel de l’affectivisme n’en peut sortir sans subir des dommages psychologiques épouvantables, jusqu’à des pathologies, et sans aucun doute une sorte d’atonie de l’esprit, une paralysie générale de la pensée qui demande une longue convalescence ou bien s’avère inguérissable. Il s’agit donc beaucoup plus désormais qu’un “complément... dans tous les cas très efficace” comme nous écrivions en 2012, mais au moins d’un “complément décisif”, à un point où il perd cette fonction de “complément” pour devenir le facteur central, quasiment-créateur d’un renouvellement constant de l’affectivisme, comme une sorte de “potion magique” qui serait constamment en action (“Pas pour toi, Obélix, tu es tombé dans la marmite quand tu étais tout petit”).

Nous parlions également dans le même texte de 2012 d’un aspect de “terrorisation” de l’esprit de nos dirigeants, toujours à cause de la faiblesse de leur psychologie. Nous nous référions notamment aux textes du 16 avril 2012 (“LEUR psychologie terrorisée”), et du 18 juin 2012 (reprenant une synthèse du dde.crisis du 10 juin 2012). Cet aspect de “terrorisation” des psychologies des directions politiques est devenu essentiel dans la psychologie des dirigeants politiques, essentiellement des pays du bloc BAO, depuis l’attaque du 11 septembre, et cela quelles qu’aient été les positions des uns et des autres vis-à-vis de cette attaque (y compris, même, s’il y a participation à un processus ou l’autre favorisant cette attaque, dans le cas de l’organisation des attentats 9/11 ou de la connaissance de l’organisation de ces attentats). Nous parlons là d’un processus affectant la psychologie, échappant à la maîtrise de l’esprit, et il y aurait donc dans certains cas une sorte d’“auto-terrorisation”... Le résultat de cette situation de “terrorisation” de la psychologie qui n’a cessé de s’affirmer depuis que nous l’avons identifiée est une dégradation extraordinairement accélérée des capacités d’une raison déjà largement subvertie par l’influence du Système. La raison subvertie et extrêmement dégradée n’est plus qu’un “outil technique” au service de l’affectivisme (au service du Système par conséquent, par délégation) pour construire la “narrative” et organiser l’action à l’intérieur de cette “narrative” ; et même, dans le chef de cette même raison réduite au rôle d’“outil utile” comme on dit “idiot utile”, organiser la dissimulation de sa propre subversion et de sa propre dégradation...

Les évènements jouent bien entendu un rôle considérable, d’autant qu’ils sont pour l’essentiel profondément “dramatisés” en montages fantasmagoriques par le système de la communication agissant au nom du Système dans ce cas. Ils accélèrent cette dégradation de la raison, de l’esprit en général, de la politique qui en est le produit. Ils mettent en lumière, par eux-mêmes, les effets des réactions catastrophiques d’une raison ainsi dégradée suscitant des politiques à mesure, et laissant la place au plus bas des composant de l’activité psychique générale, qui est l’affectivité. (L’affectivité n’est pas sans valeur... Mais ce qu’il y a de réelle valeur en elle, lorsque cela est reconnu et identifié, fait que l’affectivisme ne l’est alors plus, que la raison qui ne serait alors pas subvertie mais transmutée par l’intuition haute qui lui donne noblesse, substance et inspiration sublime, prend le dessus. Ce n’est bien entendu pas le cas dans notre situation, mais absolument, complètement une complète inversion à cet égard.) Cette situation générale est appuyée sur l’idéologie maximaliste, absolue, nihiliste qui est la marque absolument totalitaire que le Système impose à toutes nos activités aujourd’hui ; l’idéologie pour elle-même, qui est l’extrême et le cul de sac à la fois d’une chose (l’idéologie), qui est dans ce cas une construction de l’affectivité pour faire accepter sous le couvert de la raison et d’un habillage d’une belle apparence logique ou morale, une politique absolument pervertie. Résumons : l’idéologie de l’affectivisme, ou la complète perversion de la politique par l’affectivité.

Les évènements, essentiellement depuis 2008 et la crise financière après l’épisode 9/11, ont effectivement joué ce rôle “considérable” dans la formation de l’affectivisme, notamment avec des caractères de vitesse, d’accumulation, de vélocité, d’incapacité complète à être pris sous contrôle et d’une tournure telle que des raisons déjà sous l’emprise de l’affectivisme sont totalement incapables d’en saisir la signification profonde, ni même la nécessité de tenter une telle recherche de compréhension. Il y a eu les évènements durant le “printemps arabe”, conduisant à un développement extraordinaire du terrorisme jusqu’à prendre des formes inusitées (Daesh) selon l’activisme complètement désordonné et déjà marqué par l’affectivisme des directions du bloc BAO ; il y a eu les caractères extraordinaires du point de vue de la communication et de ses effets sur la psychologie de la crise ukrainienne, conduisant à la nécessité de la construction de fausses réalités (narrative) dans une mesure jamais connue, jusqu’à une sorte d’hallucination construite et acceptée sans émettre le moindre doute sur la forme de ce processus, une sorte d’hallucination d’apparence rationnelle, mesurée, sinon même donneuse de leçons. Il y a eu également, particulièrement en 2015, les premières grandes migrations surtout perçues à partir du printemps de cette année ; ce phénomène est directement déclenchées par les activités bellicistes et déstructurantes du bloc BAO, et constituant une extraordinaire anticipation du phénomène eschatologique des migrations massives (GCM ou Grande Crise de la Migration) jusqu’alors annoncées comme étant liées, dans un délai beaucoup plus long d’une ou plusieurs décennies, à des évènements également eschatologiques d’ampleur cosmique comme le dérèglement climatique et la crise environnementale... Ces évènements, et notamment les derniers (les migrations et la GCM) avec leur énorme charge eschatologique, ont constitué et constituent plus que jamais une pression constante énorme qui n’a fait qu’accentuer dans ces psychologies déjà dévastées des directions politiques l’influence prépondérante de l’affectivisme.

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USA-2016, ou l’affectivisme absolu comme une drogue

Enfin, il y a le dernier événement crisique en date, parfaitement inattendu, imprévu, à la fois structurellement et conjoncturellement, – notamment dans le chef de l’étrange candidat-impromptu, devenu “cocktail-Molotov humain”. USA-2016, qui est la crise de l’élection présidentielle aux USA où l’élection n’est que le détonateur de quelque chose de bien plus profond, a pris une ampleur phénoménale, sans précédent, qu’on ne pouvait prévoir ni mesurer, après être sorti de rien sinon de circonstances fortuites dont certaines pourraient être rocambolesques. Cet aspect insaisissable, dont un courant populaire s’est saisi pour poser une contestation antiSystème, a provoqué une réaction hystérique du Système, qui s’est répercutée sur ses employés, ceux que nous désignons comme les zombies-Système, dont l’intellect est complètement corrompu par l’affectivisme. Les attaques montées contre Trump, la campagne dirigée contre lui, sont indescriptibles du point de vue de la crédibilité politique, des méthodes de communication, des déformations et des inversions générales qui règnent. Il ne s’agit pas ici, ni de défendre, ni de plaindre Trump, mais au contraire d’observer que c’est bien le caractère étrange et impromptu de cette candidature et pourtant sa popularité extrême qui accrédite la thèse d’un Trump manipulé par ses partisans (“cocktail-Molotov humain” lancé contre le Système), qui exacerbe jusqu’à la fureur surhumaine les réactions du Système.

La puissance de cette réaction au niveau de la création d’un univers faussaire conduit à observer que l’affectivisme, ayant ainsi totalement corrompu les psychologies, agit comme une drogue qui infecte les psychologies et s’exprime essentiellement dans le champ postmoderne des “valeurs sociétales”, suscitant notamment une promotion hystérique des valeurs “sociétales” devenues le terrain d’élection du Système. Ce concept de drogue est bienvenu pour une Grande République qui en est infectée jusqu’à l’os, y compris et surtout dans le chef et dans le nez de ses élites-Système (industrie de l’entertainment, Wall Street, Washington D.C., etc.). Nous observions le 23 août 2016 :

« Mais nous avons noté qu’en plus de cette attitude “quasi-robotique”, il y a une attitude “quasi-hystérique” qui correspond à une psychologie absolument exacerbée. Cette pulsion est si puissante que, malgré certains engagements rationnels des médias eux-mêmes, tout le cède à cet affectivisme, comme le note Royes lorsqu’il remarque le comportement de MSNBC (“...but — despite promises to the contrary — [MSNBC] aired no such interviews with Republicans during the Democratic convention”). Il s’agit là d’une attitude d’un extraordinaire affectivisme, comme celui qu’Hillary Clinton a montré elle-même comme secrétaire d’État, d’autant plus exacerbé avec l’argument qu’il s’agit d’une personne du genre féminin. De ce point de vue, le facteur sociétal joue un rôle fondamental, au point qu’on peut dire que le seul véritable atout de Clinton est d’être une femme parce qu’ainsi son élection ferait avancer, peut-être et même certainement espère-t-on, le rêve postmoderniste d’égalitarisme absolu et de nivellement complet des principes au profit des “valeurs” convoqués pour ces grands événements symboliques, enfin de transformation de la nature des choses et du monde selon le diktat postmoderniste... Cette situation complète l’adhésion “quasi-robotique” en substantivant le fait postmoderne qui se manifeste essentiellement au niveau sociétal, et également quasi-hystérique pour la psychologie, l'hystérie agissant alors comme une drogue. »

Ainsi peut-on dire que l’installation de l’affectivisme au cœur de la psychologie, puis de la pensée de l’esprit dans le chef du Système, a atteint sa complète plénitude. Le territoire est totalement conquis et annexé. L’affectivisme règne sans aucun partage possible...

La psychologie étale sa pathologie affectiviste

Par rapport à 2012 où nous nous attachions pour la première fois à l’affectivisme en tant que déviance intellectuelle identifiée, les directions politiques n’ont cessé de régresser dans le domaine de la maîtrise de leur propre raison, en même temps que cette raison ne cessait de se dégrader, d’ailleurs à partir d’une position déjà affirmée de perversion (inversion) ; et ces directions n’ayant cessé de céder toujours plus à l’affectivisme jusqu’à perdre complètement toute capacité d’un jugement rationnel prenant en compte le processus de cause à effet, incapable d’isoler les causes profondes de tel ou tel événement, incapable de se libérer fût-ce un seul instant de l’empire total de la communication qui alimente l’affectivisme.

Le cas d’un personnage aussi totalement discrédité, ridiculisé, mis aussi bas que possible si l’on a un jugement sain disposant d’une psychologie forte, qu’un Tony Blair, exprimant comme il le fait (voir le 1er septembre 2015) son incompréhension devant l’apparition de divers phénomènes antiSystème, et semble-t-il incapable de concevoir la possibilité du fait de l’antiSystème, ce cas montre bien qu’un esprit touché par cette subversion de la raison, et sous l’empire d’une psychologie si affaiblie qu’elle est toute entière et sur la durée sous l’empire de l’affectivisme, et d’un affectivisme triomphant comme on le décrit. Il se manifeste par une sorte de handicap mental qui a tous les caractères d’une pathologie fatale pour l’intelligence du monde. Tout cela fait de la victime de la chose, – Tony Blair en l’occurrence, – un malade mental qui devrait être traité dans un établissement psychiatrique. (Cette suggestion est conditionnée par la réserve d’apprécier dans quelle mesure de tels établissements ne sont pas eux-mêmes, au point d’infection par le Système où nous nous trouvons, des pourvoyeurs de cette même pathologie, du fait des traitements souvent choisis.) Le fait que Tony Blair soit complètement pris au sérieux à cette occasion et même brandi comme référence dans les milieux dirigeants (voir le 4 septembre 2015) montre sans surprise qu’il n’est pas seul dans le cas décrit, et même qu’il y a foule dans cet hôpital psychiatrique, au point qu’on prendrait pour un malade mental celui qui n’y séjourne pas...

Cet état de pénétration de l’intellect par l’affectivisme, et l’abaissement de la raison à mesure, traduit bien entendu l’influence active et irrésistible du Système dans les directions politiques et les élites-Système. A cet égard, le constat que nous faisions en 2012 non seulement subsiste mais est énormément amplifié dans la mesure qu’on devine par les évènements qui se sont produits depuis. Cela signifie la disparition complète chez ces dirigeants-Système et élites-Système, d’une façon générale, du processus de la raison en état de complète subversion, avec notamment la disparition complète de ce qu’on nomme l’esprit critique : « Plus aucun régulateur n’existe pour empêcher le déferlement de l’[affectivisme] selon des termes et des orientations suscités par [ce même affectivisme] », écrivions-nous en 2012. Il faut également insister sur un facteur nouveau désormais courant, dont nous suggérions l’apparition en 2012, comme une des raisons du déferlement de l’affectivisme du point de vue de l’action du Système dans ce sens : « [I]l s’agit [dans le chef du Système] d’empêcher par tous les moyens la moindre occurrence où l’esprit du “sapiens”-serviteur peuplant les directions politiques et les “élites” qui les soutiennent pourrait se douter de cet état catastrophique du Système. »

Ce qui s’est passé depuis est que cet état catastrophique en constante aggravation du Système, marqué par le déferlement d’évènements catastrophiques, finit dans certains cas par susciter des réactions vitales chez certains, parmi les directions-Système, et l’on constate en effet l’apparition de cas de plus en plus nombreux (ceux que l’important Tony Blair ne comprend pas, – « I don’t get it... ») de ce qu’on doit désigner comme des antiSystème au sein du Système. Dans ce cas qui est de plus en fréquent à mesure de l’effet chez certains de ce qu’il y a d’insupportabilité dans l’affectivisme, la prolifération de l’affectivisme produit un résultat inverse à celui que l’on attend, ce qui marque effectivement notre entrée dans un désordre considérable caractérisant essentiellement la transformation de la dynamique de surpuissance du Système en dynamique d’autodestruction. Nous sommes, avec la succession de l’énorme affaire de la Grande Crise de la Migration, puis avec le cas de USA-2016, notamment avec la puissance eschatologique qu’on a évoquée dans ces deux cas, dans une très-grande proximité d’une sorte d’explosion de la poussée d’affectivisme vers des orientations et des conséquences impossibles à prévoir, où les psychologies épuisées et exacerbées peuvent produire des réactions complètement inattendues et absolument contre-productives pour l’affectivisme en tant qu’instrument du Système. (La promotion indirecte, par effets-boomerang, de la candidature Trump par le djihad-Système lancée contre lui est un exemple formidable de cette contre-productivité : Trump, qui n’est rien en lui-même au départ, n’aurait jamais existé tel qu’il est s’il n’y avait eu cette réaction hystérique du Système contre lui.)

Hypothèses sur la cause fondamentale

Bien entendu, on se doit de terminer notre démarche en envisageant l’appréciation hypothétique de la cause fondamentale de ce déchaînement catastrophique, déstructurant et dissolvant de la raison subvertie laissant la voie libre à l’affectivisme. (Le plus terrible dans ce processus étant similaire à la ruse habituelle des forces déstructurantes/dissolvantes, qui est de se faire passer pour l’inversion de ce qu’elles sont : le déchaînement de la raison-subvertie qui semble un supplément de rationalité équilibrée et vertueuse, constitue en vérité un supplément constant de subversion de la rationalité “laissant la voie libre à l’affectivisme”.)

Bien entendu, notre approche n’a pas changé, elle s’est même accentuée dans le champ de la métaphysique. On y retrouve les séquences bien connues du “déchaînement de la Matière” entraînant la formation du Système comme entité opérationnelle organisant la recherche de la déstructuration, de la dissolution et de l’entropisation (dd&e), – c’est-à-dire la primauté absolu du Mal « comme facteur dominant de notre contre-civilisation ». Comme nous l’avons souvent proposé, l’idée même de la subversion de la raison implique une action contre la psychologie qui constitue la voie naturelle de toute influence sur cette même raison ; c’est, à l’origine de la séquence, le “persiflage” du XVIIIème siècle ; c’est aujourd’hui tout ce qu’organise le système de la communication lorsqu’il est manipulé par le Système, et qui descend en droite ligne de cette opération de subversion du “persiflage”.

L’affectivisme est donc un produit direct qu’on dirait “naturel” de l’action du Système à partir du “déchaînement de la Matière” de la fin du XVIIIème siècle, et une évolution logique de toute l’activité déstructurante et dissolvante qu’on constate tout au long de la séquence ainsi évoquée. Le constat qui peut être fait avec les évènements courants, et notamment par rapport à 2012 et depuis, est celui, là aussi et toujours plus, de l’accélération du processus qui engendre de plus en plus de désordre, de plus en plus d’évènements incontrôlables, de plus en plus d’enchaînements imprévus et imprévisibles, tout cela qui soumet nos psychologies à des tensions et à des souffrances inouïes mais ne parvient à aucun moment, et de moins en moins, à des situations de rupture décisive qui impliqueraient une véritable “organisation du Mal” signalant la réussite complète du processus. Notre appréciation à ce point est bien qu’il s’agit du basculement de la situation générale organisée par le Système, de la surpuissance à l’autodestruction.

Le désordre est à diverses facettes, dont celle de l’“hyperdésordre” allant parfois jusqu’aux frontières de ce que nous nommons “chaos-nouveau”, témoignant toujours plus que cette « course folle, où la raison humaine qui était à l’origine faite pour recevoir la lumière de l’intuition haute est désormais précipitée dans les abysses de sa subversion et de sa dégradation, ne fait qu’accélérer la transmutation de la dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction ». L’accélération des destructions diverses, l’éclatement des cohérences culturelles, la dispersion des politiques renvoyant à cet affectivisme omniprésent constituent des occurrences catastrophiques effrayantes mais n’en conduisent pas moins, selon cette logique surpuissance-autodestruction, à la mise en cause des structures mêmes édifiées par le Système pour conduire ses propres ambitions d’entropisation à leur terme.

(L’UE, touchée prioritairement par l’affectivisme, est l’une de ces structures, comme la globalisation elle-même, structure suprême chargée de conduire à son terme l’entropisation ; elles sont attaquées de toutes parts par leurs propres contradictions et leurs propres antagonismes. Comparez la popularité et la “bonne réputation” de l’“Europe“ et de la “globalisation” d’il y a 15 ans et celles d’aujourd’hui, comparez leur efficacité et leur maîtrise respectives, leur influence “constructive” dans le sens d’une “entropisation organisée” sur les diverses cultures, sur les esprits, etc. Le désordre que produisent aujourd’hui l’“Europe” et la “globalisation”, même si certains jugent qu’il s’agit d’une politique volontaire, – et qui est de toutes les façons une fatalité de l’action de ces entités, – est producteur de malaise, d’angoisse, de révolte, d’insoumission, d’insurrection qui interfèrent gravement sur le rangement du néant absolu de l’entropisation vers où voudrait nous conduire le Système.)

Comme nous en jugions déjà en 2012, nous sommes de plus en plus précipités, avec toutes les souffrances et les angoisses qui vont avec, dans ce Moment où la métahistorique a complètement remplacé l’histoire-Système laissée à l’étrange folie de l’affectivisme qui ne cesse d’aggraver sa condition, ses productions, ses effets, etc. Déjà, en 2012, nous laissions la conclusion au comte Joseph, avec une simple modification pour y faire entrer notre temps de tempête diluvienne qui est comme un miroir décisif de l’époque de la Révolution à laquelle il se référait dans cette observation : « …Sans doute, la Providence n’a pas besoin de punir dans le temps pour justifier ses voies ; mais, à [certaines époques,] elle se met à notre portée, et punit comme un tribunal humain. » Cette référence à “la Providence” devrait normalement susciter certains sarcasmes méprisants et grincements de dents décisifs comme marques du jugement de l’affectivisme, puisque le sentiment dominant reste que sapiens est toujours maître à bord et maître de son destin ; il est vrai qu’à considérer l’état du destin, on comprend qu’il y ait matière à sarcasme et à grincements de dents, à défaut d’arguments inspirés et d’assurances structurées....

Nous avions commencé avec BHL et nous terminons avec Joseph de Maistre... Tout est bien.

Note

(*) Nous employons donc le terme “affectivisme” alors que nous avions choisi d’abord le terme “affectivité” grâce à l’intervention d’un de nos lecteurs le 10 novembre 2014 concernant ce même texte du 11 juin 2012. Le 10 novembre 2014, nous publiions cette “Note de mise à jour” à laquelle il n’y a pas un mot à retrancher puisqu’elle dit tout sur cette mise au point : “Revenant très récemment, à propos d'un texte du 10 novembre 2014, sur ce texte ci-dessus du 11 mai 2012, un de nos lecteurs, monsieur Michel Donceel, a proposé fort justement (Voir le Forum de ce texte) le terme d’“affectivisme” plutôt que le terme d’“affectivité” que nous employions. Il a parfaitement raison, selon une perspective qui, à notre sens, mériterait un débat. Nous le remercions de sa suggestion, ainsi bien entendu que son amie de laquelle vient au premier chef cette proposition”.

La destruction de la Syrie: une entreprise criminelle concertée

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La destruction de la Syrie: une entreprise criminelle concertée

par Diana Johnstone

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Tout le monde claironne qu’il veut la fin de la guerre en Syrie, et restaurer la paix au Moyen-Orient.

Enfin, presque tout le monde.

« C’est comme un match éliminatoire où vous avez besoin que les deux équipes perdent, mais qu’au moins l’une d’entre elles ne gagne pas – nous nous satisferons d’un match nul, » disait Alon Pinkas, un ancien Consul-Général d’Israël à New York, au New York Times en septembre 2013. « Laissez-les saigner tous les deux, se vider de leur sang jusqu’à la mort: c’est la pensée stratégique qui a cours ici. »

Efraim Inbar, directeur du Centre Begin-Sadat pour les Études Stratégiques, soulignait les mêmes idées en août 2016:

L’Occident devrait chercher à affaiblir davantage l’État Islamique, mais pas à le détruire… Laisser des sales types tuer d’autres sales types a l’air très cynique, mais c’est utile et même moral de le faire si ça occupe les sales types et les rend moins capables de faire du mal aux types bien… De plus, l’instabilité et les crises contiennent parfois les présages de changements positifs… L’administration américaine ne semble pas apte à reconnaître le fait que l’EI puisse être un accessoire utile pour miner l’ambitieux plan de Téhéran pour la domination du Moyen-Orient.

D’accord, pas tout à fait tout le monde.

Mais le site humanitaire Avaaz, lui, veut assurément mettre fin à la guerre et restaurer la paix.

Ou pas?

Avaaz fait actuellement circuler une pétition qui a recueilli plus d’un million de signatures et en vise maintenant un million et demi. Elle va probablement les atteindre, avec des termes comme ceux-ci:

100 enfants ont été tués à Alep depuis vendredi dernier.

Maintenant ça suffit!

Avaaz poursuit pour déclarer: « il n’y a pas de moyen d’arrêter cette guerre, mais il n’y a qu’un seul moyen d’empêcher cette terreur qui vient du ciel – les gens réclament partout une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils. »

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Zone d’exclusion aérienne? Ça ne vous rappelle rien? C’est le stratagème qui a été utilisé pour détruire les défenses aériennes de Libye, et qui a ouvert le pays au changement de régime en 2011. Il avait reçu un soutien zélé de la part de Hillary Clinton, dont le goût pour ces mêmes méthodes en Syrie a été dûment enregistré.

Et quand l’Occident annonce « exclusion aérienne », cela signifie qu’en fait il y en a certains qui peuvent voler, mais pas d’autres. Avec la zone d’exclusion aérienne en Libye, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ont pu voler tout leur soûl, tuant d’innombrables civils et détruisant les infrastructures, laissant les rebelles islamistes se tailler plusieurs tranches du pays.

La pétition Avaaz fait la même distinction. Certains devraient pouvoir voler, mais pas d’autres.

Construisons un appel mondial sonore et fort pour Obama et d’autres dirigeants, afin qu’ils résistent à la terreur de Poutine et d’Assad. C’est peut-être notre dernière chance pour aider à mettre un terme à ce massacre en masse d’enfants sans défense. Ajoutez votre nom.

Donc en fait c’est une affaire de massacre en masse d’enfants sans défense, et pour y mettre un terme il faudrait que nous en appelions à Obama le « roi des drones », afin de faire cesser la « terreur qui vient du ciel. »

Et pas seulement Obama, mais aussi d’autres « bons » dirigeants de pays membres de l’OTAN:

Au Président Obama, au Président Erdogan, au Président Hollande, au Premier Ministre May, et aux autres dirigeants mondiaux: en tant que citoyens horrifiés de par le monde par le massacre d’innocents en Syrie, nous en appelons à vous pour imposer une zone d’exclusion aérienne au nord de la Syrie, comprenant Alep, pour que cesse le bombardement des civils syriens et pour garantir que l’aide humanitaire atteigne ceux qui en ont le plus besoin.

Le moment de parution de cette pétition est révélateur. Elle tombe exactement alors que le gouvernement syrien fournit l’effort pour mettre fin à la guerre en reconquérant la partie orientale de la ville d’Alep. Elle fait partie de l’immense campagne de propagande actuelle qui vise à réduire la connaissance du public de la guerre en Syrie à seulement deux facteurs: les enfants victimes et l’aide humanitaire.

Dans cette perspective, les rebelles ont disparu. Tout comme tous leurs soutiens extérieurs, l’argent saoudien, les fanatiques wahhabites, les recrues de l’EIIL tout autour du monde, les armes US et le soutien français. La guerre n’est que la conséquence de l’étrange fantaisie d’un « dictateur », qui se distrait en bombardant des enfants sans défense et en bloquant l’accès à l’aide humanitaire. Cette perspective réduit la guerre de cinq ans en Syrie à la situation telle qu’elle avait été dépeinte en Libye, pour justifier la zone d’exclusion aérienne: rien de plus qu’un vicieux dictateur qui bombarde son propre peuple.

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Pour un public qui aime consommer les événements mondiaux sous forme de contes de fées, tout cela se tient. Signez une pétition sur votre ordinateur et sauvez les enfants.

La pétition Avaaz ne cherche pas à mettre un terme à la guerre ou à restaurer la paix. Elle cherche clairement à gêner l’offensive du gouvernement syrien pour reprendre Alep. L’armée syrienne a subi de lourdes pertes en cinq ans de guerre, et ses recrues potentielles ont dans les faits été conviés à se soustraire au péril du service militaire par un voyage en Allemagne. La Syrie a besoin de puissance aérienne pour réduire ses propres pertes. La pétition Avaaz appelle à paralyser l’offensive syrienne, et donc à prendre parti pour les rebelles.

Attendez – mais cela signifie-t-il qu’ils souhaitent que les rebelles l’emportent? Pas exactement. Les seuls rebelles à priori suffisamment forts pour l’emporter, c’est Da’esh. Et personne ne souhaite vraiment cela.

La vérité brute c’est que pour mettre fin à cette guerre, comme avec la plupart d’entre elles, il faut qu’il y ait un gagnant et un perdant. Quand il devient clair lequel des deux va l’emporter, alors vient le temps où des négociations peuvent avoir lieu, menant par exemple à des amnisties. Mais cette guerre ne peut pas être « cessée par des négociations ». C’est le genre d’issue que les États-Unis ne peuvent soutenir qu’à la condition que Washington soit à même d’employer les négociations pour imposer ses propres marionnettes – pardon, des exilés pro-démocratie installés en Occident. Mais à l’heure actuelle, ils seraient rejetés comme des traîtres par la majeure partie des Syriens qui soutiennent le gouvernement, et comme des apostats par les rebelles. Donc, il faut que l’un des deux belligérants remporte cette guerre. L’issue la moins pire serait que le gouvernement Assad vainque les rebelles, afin de préserver l’état. Pour cela, les forces armées syriennes ont besoin de reprendre la partie orientale d’Alep, occupée par les rebelles.

Le travail d’Avaaz est d’amener l’opinion publique à s’opposer à cette opération militaire, en la dépeignant comme rien de moins qu’une entreprise conjointe russo-syrienne pour massacrer des civils, et en particulier des enfants. Pour cela, ils en appellent à une opération militaire de l’OTAN pour abattre (c’est ce que signifie « exclusion aérienne ») les avions syriens et russes qui fournissent un appui aérien à l’offensive de l’armée syrienne.

Même des mesures aussi dramatiques ne visent pas à faire cesser la guerre. Elles sont conçues pour affaiblir le belligérant qui a le dessus afin de l’empêcher de gagner. Cela signifie – pour employer l’expression absurde devenue populaire pendant la guerre en Bosnie [aux USA et en anglais US, NdT] – « mettre les joueurs sur le terrain sur un pied d’égalité » [« create a level playing field », NdT], comme si la guerre était un événement sportif. Cela signifie la poursuite de la guerre jusqu’à ce qu’il ne reste rien de la Syrie, et que ce qui reste de la population syrienne remplisse des camps de réfugiés en Europe.

Comme le New York Times le rapportait depuis Jérusalem en septembre 2013, « la synergie entre les positions d’Israël et des États-Unis, si elle n’est pas explicitement articulée par les dirigeants de l’un ou l’autre pays, pourrait être une source cruciale de soutien pour M. Obama tandis qu’il cherche l’accord du Congrès pour des frappes chirurgicales en Syrie. » Ils ont ajouté que « les préoccupations d’Israël à propos de sa sécurité nationale jouissent d’un large soutien dans les deux grands partis à Washington, et l’American Israel Public Affairs Committee [AIPAC, principal lobby pro-israélien aux USA, NdT] est venu mardi apporter le poids de son soutien à l’approche de M. Obama. » (C’est à l’époque où Obama projetait de « punir le Président Bachar al-Assad pour l’emploi d’armes chimiques sans utiliser la force, afin de l’évincer du pouvoir » – avant qu’Obama choisisse plutôt de se joindre à la Russie pour démanteler l’arsenal chimique syrien, un choix pour lequel il continue de subir les foudres du lobby pro-israélien et de la faction belliciste à Washington.) La déclaration de l’AIPAC « ne disait rien, cependant, de l’issue souhaitée à la guerre civile… »

En effet. Ainsi que l’article de Jérusalem en 2013 poursuivait, « comme l’espoir de voir émerger une force rebelle modérée et laïque, à même de forger un changement démocratique et un dialogue constructif se réduit, du côté d’Israël, une troisième approche attire l’attention: laissez les sales types s’entretuer. ‘La perpétuation de ce conflit sert à tout point de vue les intérêts d’Israël,’ a affirmé Nathan Thrall, un analyste basé à Jérusalem pour l’International Crisis Group. »

La vérité toute simple est que la Syrie est la victime d’une Entreprise Criminelle Concertée de longue date pour détruire le dernier état nationaliste arabe laïque au Moyen-Orient, suite à la destruction de l’Irak en 2003. Alors qu’il avait été attribué à la répression gouvernementale de « manifestants pacifiques » en 2011, le soulèvement armé avait été préparé depuis des années et était appuyé par des puissances étrangères: l’Arabie Saoudite, la Turquie, les États-Unis et la France, entre autres. Les motivations françaises demeurent mystérieuses à moins qu’elles ne soient liées à celles d’Israël, qui voit la destruction de la Syrie comme un moyen d’affaiblir son grand rival dans la région, l’Iran. L’Arabie Saoudite possède des ambitions similaires d’affaiblissement de l’Iran, mais pour des motifs religieux. La Turquie, l’ancienne puissance impériale de la région, possède des ambitions territoriales et politiques qui lui sont propres. Le découpage de la Syrie peut tous les satisfaire.

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Cette conspiration flagrante et entièrement ouverte de destruction de la Syrie est un crime international majeur, et les États mentionnés plus haut sont tous des conjurés, des coupables complices. Ils sont rejoints dans cette Entreprise Criminelle Conjointe par des organisations ostensiblement « humanitaires » comme Avaaz, qui diffusent de la propagande de guerre déguisée en protection des enfants. Cela fonctionne parce que la plupart des gens ne peuvent tout simplement pas croire que leur gouvernement ferait de telles choses. C’est difficile de surmonter cette foi réconfortante. C’est plus naturel de croire que les criminels sont des gens malveillants dans un pays dont, en réalité, ils ne comprennent rien.

Il n’y a pas la moindre chance que cette entreprise criminelle retienne l’attention des procureurs de la Cour Pénale Internationale, qui comme la plupart des grandes organisations internationales est complètement contrôlée par les USA. À titre d’exemple, le Sous-Secrétaire Général des Nations Unies pour les Affaires Politiques, qui analyse et cadre les sujets politiques pour le Secrétaire Général Ban Ki Moon est un diplomate étasunien, Jeffrey Feltman, qui était l’un des pivots de l’équipe Clinton au State Department pendant qu’elle œuvrait pour le changement de régime en Libye. Et les complices de cette entreprise criminelle incluent toutes les organisations pro-gouvernementales « non-gouvernementales » telles qu’Avaaz, qui poussent l’hypocrisie vers de nouvelles abysses en exploitant la compassion pour les enfants dans le but de justifier et de perpétuer ce crime majeur contre l’humanité et contre la paix dans le monde.

Diana Johnstone | 4 octobre 2016 | Counterpunch.org

Traduit par Lawrence Desforges pour Reseau International

http://arretsurinfo.ch/la-destruction-de-la-syrie-une-ent...

Chaos in the Middle East in 2011 and its Culprits

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Chaos in the Middle East in 2011 and its Culprits

By Jim Ostrowski

Ex: http://artvoice.com

This is an excerpt from the new book, The Impeachment of Barack Obama and Hillary Clinton for High Crimes in Syria and Libya, by Michael Ostrowski and James Ostrowski (2016).

The American interventions into Libya and Syria happened in a troubled part of the world with numerous and seemingly intractable problems that were in many ways the result of prior unwise American foreign policy.  This is particularly true with Syria.  The Iraq War launched by George Bush in 2003 destabilized the artificial state of Iraq.  It is widely recognized that Saddam Hussein was a brutal dictator who held Iraq together and under control by brute force.  However, it is rarely acknowledged that, since Iraq is an artificial country created by the Western allies after World War I, it is difficult to conceive of Iraq being held together in any other way than brute force.  As one of the co-authors pointed out in 2003, Iraq is made up of three discrete groups with historical and ideological, ethnic and religious differences.  The suggestion of peace through partition made in that article was ignored.[1]

Additionally, the elimination of Saddam’s secular regime opened the door for various Islamic factions to vie for state power.  ISIS emerged out of this power vacuum.  Syria, a regime controlled by a Shiite, Bashar al-Assad, was a natural target of ISIS, once it had gained a foothold among its fellow Sunnis in Iraq.  Say what you will about ISIS, but they had the savvy to realize what clueless (archist) foreign policy “experts” in the West did not, that the Sykes-Picott borders created by the Western powers were completely arbitrary and bore no relationship to reality in the 21st Century.  They ignored them, indeed, explicitly promised to obliterate them.

ISIS did not exist in a self-conscious form in Libya prior to the start of the civil war there in 2011.  Rather, that conflict had roots in the Arab Spring.  In addition to the wreckage of Iraq, the Arab Spring was the other major development that set the stage for intervention into Libya and Syria.

The Arab Spring is a large and complicated phenomenon that can only be summarized here.  What is vital to understand for present purposes is that this conflict was a face-off between old regimes in the Middle East and their opponents, who, whether correctly or not, portrayed themselves as democratic reformers.  Which side did the Progressive State of America support?  Both sides of course, illustrating the irrational nature of progressivism applied to foreign policy.

The relationship between the United States and Egypt is longstanding.  Keep in mind that virtually the entirety of American foreign policy in the Middle East is based on the simple concept of Israel First.[2]  That is, the United States does what Israel and its allies think is in the best interest of Israel.  Of course, it can never be called what it is, Israel First.  Rather, it is always sold to the gullible American public as necessary to fight terrorism or to keep the oil flowing.

Both rationalizations are nonsense of course.  In fact, both propositions are the precise opposite of the truth.  The only obstacle to the free flow of oil is America’s numerous, prior and unwise interventions into the Middle East directly or indirectly on behalf of Israel.  David Stockman traces this pernicious fallacy to Henry Kissinger: “That doctrine has been wrong from the day it was officially enunciated by one of America’s great economic ignoramuses, Henry Kissinger, at the time of the original oil crisis in 1973. The 42 years since then have proven in spades that it doesn’t matter who controls the oilfields, and that the only effective cure for high oil prices is the free market.”[3]

Likewise, America has been attacked by terrorists largely because of its prior unwise interventions on behalf of Israel.  These facts are really not debatable by any honest observer.  Rather, those blinded by self-interest or ideology are in denial about these facts and respond by shooting the messenger.

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Thus, America’s relationship with Egypt is largely a function of its slavish devotion to Israel.  Egypt made peace with Israel in 1979.  Naturally, America must bribe Egypt to pretend to like Israel.  That mandate led the United States to subsidize the brutal dictatorship of Hosni Mubarak from 1979 through 2011.  Mubarak’s regime featured systematic torture, massive violations of free speech and assembly, interference with elections and persecution of gays.[4]  All the while, this evil regime was propped up by Uncle Sam.  The only sin Egypt avoided was attacking Israel.  The Feds mulcted about two billion dollars a year from the U.S. taxpayer to bribe Egypt and its corrupt power elite.[5] Officially, the aid was “unconditional.”  Unofficially, there was the one condition previously stated.

It is worth noting that one of the reasons bin Laden gave for the 9/11 attacks was U. S. support for Egypt.[6]

Thus, decades of oppression from the U.S.-backed Mubarak regime led to an uprising in Egypt. But the U.S. backed Mubarak’s opponents as well.  The New York Times reported in 2011 that: “a small core of American government-financed organizations were promoting democracy in authoritarian Arab states. . . . the United States’ democracy-building campaigns played a bigger role in fomenting protests than was previously known, with key leaders of the movements having been trained by the Americans in campaigning, organizing through new media tools and monitoring elections.”[7]

Thus, the Progressive State of America was supporting both sides in the Arab Spring uprising that eventually spread to Libya and set the stage for the disastrous American intervention there that is the subject of this book and which, along with the Syrian catastrophe, has the world flirting with disaster.

Jim Ostrowski is a trial and appellate lawyer in Buffalo, NY.  He is CEO of LibertyMovement.org and author of several books including Progressivism: A Primer.  Copyright by Cazenovia Books (2016).

Notes:

[1] J. Ostrowski, “Will Iraq Have Democracy or Peace?,” lewrockwell.com, April 29, 2003.

[2] If that led to the cover up of an Israeli attack on the United States Navy ship U. S. S. Liberty in 1967, so be it.

[3] D. Stockman,

[4] E. Loftis, “Mubarak’s Horrific Human Rights Legacy,” motherjones.com, 2/1/11.

[5] T. Meyer, “F.A.Q. on U.S. Aid to Egypt:  Where Does the Money Go, And How Is It Spent?,” propublica.org., 10/9/13.

[6] “Full text: bin Laden’s ‘letter to America,'” supra.

[7] R. Nixon, “U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings,” nytimes.com, April 14, 2011.

EUROPA - Robert Steuckers

 

EUROPA - Robert Steuckers

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