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vendredi, 17 janvier 2025

Trump, Lénine et le combat libre de la politique mondiale

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Trump, Lénine et le combat libre de la politique mondiale

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2025/01/08/trump-lenin-ja-maailmanpolitiikan-vapaapaini/

« Avec le retour potentiel de Donald Trump, il pourrait être pertinent de tenter de mieux le comprendre », suggère Bruno Maçães, ancien ministre des Affaires européennes du Portugal, journaliste et écrivain. Selon lui, le phénomène Trump « n’est ni épisodique, ni véritablement déviant, mais frappant dans sa clarté ». Trump a une vision du pouvoir américain qu’il expose ouvertement.

Maçães estime que Trump considère que le pouvoir doit être exercé directement. Cela représente un changement radical par rapport au modèle précédent, où le pouvoir américain était (plus ou moins efficacement) dissimulé derrière des règles et des institutions. Jusqu’à présent, on s’appuyait sur des règles commerciales, des alliances militaires et des principes politiques.

« L’ordre international libéral » a été l’outil de l’hégémonie des États-Unis. Ces dernières années, il est devenu de plus en plus difficile pour Washington d’obtenir les résultats souhaités. Les États-Unis se sont retirés d’Afghanistan et les talibans sont revenus au pouvoir. La guerre en Ukraine pourrait se figer, tandis que l’influence de la Chine ne cesse de croître.

Dans cette période de bouleversements géopolitiques, un second mandat de Trump pourrait bien être marqué par une politique de puissance décomplexée, peu soucieuse de légitimité ou de normes. « Comment interpréter les horreurs de la guerre de Gaza, sinon comme une acceptation délibérée d’un pouvoir qui ne se soucie plus de la légalité, mais la remplace par un sentiment de supériorité civilisationnelle ? », s’interroge Maçães (photo).

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Le premier mandat de Trump, marqué par la pandémie, a désorienté beaucoup de monde. Cette fois, son imprévisibilité pourrait de nouveau servir les intérêts des élites du pouvoir. Comme l’ont révélé ses anciens conseillers, Trump « ne voit pas le monde comme une communauté globale régie par des règles et des institutions, mais comme une arène où les nations, les acteurs non étatiques et les entreprises s’affrontent ».

« Nous sommes au cœur d’un moment révolutionnaire », affirme Maçães, en se tournant dans ses réflexions vers la figure embaumée de Lénine, idéologue bolchévique. Lénine pensait qu’une « situation révolutionnaire » surgit lorsque les gouvernants deviennent incapables de gouverner, que les gouvernés ne supportent plus d’être dominés et que la résistance s’organise.

Dans l’actuel contexte de crises multiples, les « gouvernants », c’est-à-dire la classe politique occidentale au service de la corporatocratie, apparaissent incompétents et faibles. L’hégémonie américaine subit une forte pression, perceptible notamment dans le contexte ukrainien. Les États-Unis ont imposé des sanctions contre leurs rivaux, qui, dans ce « moment révolutionnaire », se sont unis face à un ennemi commun.

L’affaiblissement d’un pouvoir hégémonique crée inévitablement un sentiment de menace qui exige une réponse plus musclée. Ainsi, les démocraties occidentales adoptent rapidement les traits qu’elles projetaient sur leurs rivaux : le culte de la force et l’indifférence aux principes de légalité. « L’orientalisme est de retour », prédit Maçães.

Une époque instable favorise des joueurs comme Trump, qui ne se cachent plus derrière le masque d’un libéralisme hypocrite. L’élite qui gouverne le monde est, au moins pour le moment, prête à revenir à l’usage brutal de la force, aux instincts qui ont fait la grandeur originelle de l’Amérique. Dans ce processus de démantèlement de l’ancien ordre, Trump peut bien continuer à lancer des déclarations intempestives et à semer l’incertitude.

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Maçães reste toutefois convaincu que tout ne se déroulera pas exactement comme prévu. L’usage de la force « consomme trop de ressources et engendre de nouvelles hostilités ». Il « éloigne les amis et les alliés, qui se sentent de plus en plus humiliés à mesure que les normes et les institutions qui reconnaissent leur statut sont abandonnées ».

Les véritables détenteurs du pouvoir préfèrent rester dans l’ombre, mais, à l’image d’un catcheur professionnel luttant pour divertir les foules, Trump a de nouveau été placé sous les projecteurs pour combattre, attirer l’attention, donner et recevoir des coups. Que sortira-t-il de ce spectacle ? On peut douter que cela fasse rire les euro-atlantistes.

18:15 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bruno maçaes, donald trump, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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