mardi, 15 juillet 2025
Une source d'inspiration pour la droite: les idées toujours d'actualité d'un théoricien français (Guillaume Faye)
Une source d'inspiration pour la droite: les idées toujours d'actualité d'un théoricien français (Guillaume Faye)
Barnabás Kurucz
Source: https://magyarnemzet.hu/lugas-rovat/2025/06/eszmetar-a-jo...
La plupart des gens considèrent que les éléments déterminants de la pensée conservatrice sont l'attachement à la tradition et la mise en œuvre lente et organique de réformes éventuelles. Cependant, la crise incite toujours ses victimes à la réflexion, car après la destruction des bases sûres, de nouveaux fondements sont nécessaires. C'est cette perte de repères qui a été à l'origine de la révolution conservatrice allemande et des courants de pensée conservateurs radicaux français qui lui sont apparentés. Le Français Guillaume Faye s'inscrit dans cette tradition intellectuelle, poussé par les bouleversements impulsés par les gauches de 1968 et par l'impuissance de la droite traditionnelle à emprunter de nouvelles pistes intellectuelles.
Guillaume Faye est né en 1949 à Angoulême, en France, dans une famille proche de la droite bonapartiste. Il a étudié à l'Institut d'études politiques de Paris, où il a dirigé plusieurs organisations étudiantes entre 1971 et 1973. En 1970, il a rejoint le GRECE (Groupe de recherche et d'études pour la civilisation européenne), un groupe de réflexion de droite dirigé par Alain de Bneoist, mais il en a été exclu en 1986 en raison de divergences idéologiques. En 1998, il fait son retour sur la scène politique française de droite avec son ouvrage L'Archéofuturisme. Après un long combat contre le cancer, il est décédé en 2019 à l'âge de 69 ans.
Bien que Faye puisse être considéré comme l'héritier spirituel de la révolution conservatrice, il rejetait lui-même cette notion, estimant que le terme « conservateur » avait un effet démobilisateur, antidynamique et recelait une connotation négative. Il préférait le terme « archéofuturisme »: selon lui, celui-ci exprimait le mieux l'unité dynamique entre les valeurs anciennes et la science moderne.
Son objectif principal n'était pas d'élaborer un plan d'action global, mais de donner des impulsions créatives à un conservatisme à venir par le biais d'une « thérapie de choc » intellectuelle. Son style est celui de l'essai et le bref croquis littéraire qui se trouve à la fin de son ouvrage mentionné ci-dessus visent également à renforcer cette idée d'un choc à provoquer. Dans son interprétation, le terme radicalité n'est pas synonyme d'extrémisme, mais indique plutôt une actualisation révolutionnaire qui repense les fondements.
Faye, à l'instar de Guy Debord et de Jean Baudrillard, estimait que le libéralisme n'opérait plus qu'avec des « simulacres » (une réalité simulée) et du spectacle, sans prendre appui sur quoi que ce soit de réel. Le système en place n'offrait aucune alternative viable, car les révolutions de gauche – pour reprendre les idées de Hans Freyer – avaient échoué et étaient devenues partie intégrante du courant libéral dominant. Les partis de droite et leurs écoles de pensée, quant à eux, ont très souvent accepté les axiomes de leurs adversaires et se sont transformés en versions modérées de ceux-ci.
Trois thèses
L'ouvrage de Faye comprend trois thèses principales. La première est que la civilisation actuelle s'est formée sous le signe de la modernité libérale et de l'égalitarisme, mais qu'elle a atteint son apogée et est au bord de l'effondrement. Suivant Friedrich Nietzsche, éminent représentant de la philosophie allemande, Faye a rompu avec la conception progressiste de l'histoire et a identifié à la place un mouvement historique dépourvu de toute téléologie. La modernité libérale, fondée sur la philosophie individualiste des Lumières, l'idée du progrès nécessaire, l'individualisme économique et l'utilitarisme (principe de l'utilité), ainsi que sur le pathos des droits humains sécularisés, a accédé au pouvoir à l'échelle mondiale à la fin du 20ème siècle. À l'aube du nouveau siècle, le libéralisme a perdu sa capacité d'adaptation et s'est retrouvé confronté à la réalité. En conséquence, la modernité va s'autodétruire. Faye a prédit que ce choc de désintégration se produirait au début du 21ème siècle sous la forme d'une série de crises relativement rapides. En raison de la mondialisation, la chute de la culture occidentale aura un impact significatif sur l'ensemble de la planète. Mais quels sont les facteurs qui peuvent conduire à un cataclysme d'une telle ampleur ?
Selon Faye, l'immigration massive légitimée par le faux idéal du multiculturalisme libéral et la violence qui en découle, ainsi que les conflits culturels, la consommation de drogues qui se répand grâce à la « société de l'hédonisme » et l'influence des réseaux mafieux qui y sont liés détruisent les conditions d'une vie sûre. Faye s'attendait à une baisse drastique du niveau de l'enseignement, car le libéralisme soutient une réduction significative des exigences « dans l'intérêt » des élèves. Parallèlement, les difficultés mentales (troubles de l'attention) provoquées par la culture audiovisuelle continuent de nuire à l'efficacité de la transmission des connaissances.
Dans une société individualiste axée sur l'hédonisme, avoir des enfants est un fardeau que de moins en moins de personnes sont prêtes à assumer. Il en résultera une détérioration significative des indicateurs démographiques, ce qui entraînera une augmentation des charges sociales. À terme, la pénurie de main-d'œuvre et l'augmentation des dépenses consacrées aux personnes âgées entraîneront une forte baisse de la performance économique. La raréfaction des ressources et la résurgence de la violence physique conduiront à l'appauvrissement et à la brutalisation de la société, et l'Europe sombrera et tombera au niveau du tiers-monde. Selon Faye, les États-nations ne seront pas en mesure d'enrayer cette tendance négative, car ils acceptent eux-mêmes les principes fondamentaux qui sont à l'origine des problèmes.
Situations explosives
Cependant, les tensions ne s'intensifieront pas seulement en Europe. L'industrialisation forcée des pays du Sud peut créer des situations explosives (pensons aux bidonvilles d'Amérique du Sud). Le système financier mondial est quant à lui insoutenable et pourrait déclencher une récession à l'échelle mondiale (2008 en est un bon exemple). Parallèlement, les fondamentalistes religieux hors d'Europe se renforcent, à l'instar des groupes terroristes islamistes (la catastrophe des tours jumelles à New York en est une illustration frappante). Aux yeux de Faye, l'islam est une réaction violente aux excès de la modernité occidentale et, par conséquent, il ne peut être concilié avec les valeurs du vieux continent. Le verdict du penseur français: il n'y a pas d'islam occidental. C'est pourquoi il considérait comme une erreur fatale de tolérer l'immigration illégale, car cela a conduit l'Europe à importer un nombre important de fanatiques, augmentant ainsi l'instabilité interne et préparant le terrain pour des conflits ethniques (il suffit de penser à la multiplication des actes terroristes en Europe). De plus, il estimait que, alors que le monde se regroupait en blocs ethniques ou civilisationnels, l'Europe et les États-Unis renforçaient justement le multiculturalisme, alors que l'on pouvait déjà observer ses effets désintégrateurs et la résurgence de la conscience ethnique.
Au-delà des facteurs de crise socio-économiques et géopolitiques, Faye a également mis l'accent sur les défis posés par le changement climatique et la technologie.
La fonte des calottes glaciaires pourrait entraîner la propagation de nouveaux types de virus, et en raison de l'interconnexion du monde, l'ère des pandémies mondiales est à nos portes. Par ailleurs, la complexité croissante des systèmes technologiques est également synonyme de vulnérabilité, ce qui, à l'ère de l'industrie militaire de haute technologie, comporte également de graves dangers sous la forme du terrorisme.
La chute du libéralisme
Dans l'ensemble, selon Faye, la modernité façonnée par le libéralisme est fondamentalement contraire à la réalité; ses illusions sont de moins en moins tenables et ses dogmes sont contraires à la vie. Par conséquent, la question n'est pas de savoir si la civilisation libérale s'effondrera, mais quand cela se produira. Il voyait dans le cataclysme imminent la possibilité de dépasser la modernité. Selon Faye, la tâche de la droite sera de donner forme à cette renaissance. Pour lui, le « constructivisme vitaliste » constituait le cadre théorique nécessaire à cela. Il s'agit d'une part de construire une civilisation dans l'esprit de la volonté de puissance nietzschéenne et de la rationalité spenglerienne-faustienne, et d'autre part de mettre l'accent sur le respect de la vie, l'autodiscipline et les problèmes bioanthropologiques. L'archéofuturisme est la concrétisation de ce cadre abstrait.
Selon la deuxième thèse, les défis de l'avenir exigent une nouvelle stratégie. Faye revient à la pensée archaïque, à une pensée préhumaniste. Les progrès réalisés jusqu'à présent par la technologie, la biologie et d'autres disciplines scientifiques ne s'inscrivent pas dans la perspective humaniste, car celle-ci empêche leur plein épanouissement. C'est pourquoi il est nécessaire de combiner les valeurs archaïques et les sciences modernes. Selon Faye, il ne s'agit pas de restaurer un moment du passé, ce qui serait totalement absurde et inutile, car c'est précisément le passé qui a conduit à l'émergence de la modernité libérale. Cependant, la solution ne réside pas dans le rejet total des traditions, mais dans la sélection. Il s'agit de préserver les valeurs du passé qui méritent de devenir les fondements de l'avenir. L'élément archaïque est ainsi lié aux questions fondamentales de la vie humaine. Faye mentionne avec beaucoup de mépris les penseurs libéraux qui, même en pleine crise de la civilisation européenne, ne pensent qu'aux homosexuels. Il estimait que la clarification des rôles sexuels, la mise en place d'une hiérarchie sociale, la revalorisation des traditions populaires, la renaissance des communautés, l'établissement d'une législation stricte et d'une sécurité physique, ainsi que la préservation de l'ordre social devaient être prioritaires. Il considérait tout cela comme le retour éternel du « même » au sens nietzschéen, ce qui, dans l'interprétation du penseur français, signifiait un retour aux exigences fondamentales de l'existence humaine énumérées ci-dessus.
Le libéralisme considère ces valeurs comme diaboliques, et son hostilité envers la vie découle précisément du fait qu'il nie les particularités bioanthropologiques de l'être humain.
Technologie et tradition
Mais tout cela n'est qu'un aspect de la pensée de Faye. Oswald Spengler qualifiait la rationalité européenne de faustienne, entendant par là une vision du monde dynamique, exploratrice et créatrice de réalité, et affirmant l'avenir. Suivant cette ligne de pensée, Faye a pris sous son aile la technologie qui assure la plasticité du monde. Il n'a pas non plus reculé devant la voie libre à donner à la biotechnologie, estimant que le système d'attentes accrues par la civilisation ne peut être éliminé que par l'amélioration de la structure biologique de l'homme. Il s'agit là d'un élément important de l'adaptabilité de la société, qui n'est pas en contradiction avec la tradition. Au contraire ! La technologie doit être mise en pratique en équilibre avec la tradition. C'est l'essence même de l'archéofuturisme : donner forme à l'efficacité et au contrôle, leur donner un sens à travers le monde des valeurs et des coutumes. Une organisation sociale archaïque sous une forme ultramoderne.
La civilisation telle qu'elle existe aujourd'hui ne peut être sauvée, son effondrement total est inévitable, et la droite doit donc se préparer à une ère post-catastrophe. Révisant le nationalisme du conservateur radical français Charles Maurras, Faye affirme dans sa troisième thèse que cela imposerait la création d'un empire ; selon lui, les blocs civilisationnels ou ethniques constituent la forme politique de l'avenir. Il considérait donc l'organisation en États-nations comme insuffisante et se prononçait en faveur d'une « Euro-Sibérie » fonctionnant sur base d'autonomies locales. Faye estimait que si l'Europe ne rompait pas avec les formes étatiques nationales, elle se retrouverait dans une situation de semi-colonie de l'Amérique. Ce changement de forme signifierait également la fin de la démocratie moderne. Cependant, cela n'affaiblirait pas, mais renforcerait au contraire la souveraineté populaire, car la démocratie moderne ne défend pas les intérêts du peuple, mais ceux de « minorités illégitimes ». Il propose à la place un système fondé sur des référendums fréquents et doté d'un pouvoir décisionnel fort, en redéfinissant la signification du terme « peuple »: au lieu d'une population urbaine sans racines, d'une masse informe issue du melting-pot, il représenterait l'appartenance organique de personnes fières et conscientes de leur propre identité culturelle.
Le peuple redevient ce qu'il a toujours été avant la brève parenthèse de la modernité: une ethnie, une communauté culturelle et biologique, écrit-il.
La religion en pleine revalorisation
Faye a fait remarquer, à propos de l'insoutenabilité de la société de consommation, que la plupart des sociétés seront contraintes de revenir à l'agriculture et à un modèle économique basé sur les technologies prémodernes. L'Afrique dans son ensemble y serait contrainte, mais aussi une grande partie des pays d'Amérique du Sud. Une petite partie de l'humanité vivrait dans un environnement technologique de haut niveau.
Selon Faye, la religion va connaître un regain d'intérêt en Europe, mais cela n'entraînera pas une renaissance du christianisme traditionnel. L'islam pourrait combler le vide spirituel laissé par l'athéisme, mais son dogmatisme rigide est en contradiction avec la rationalité faustienne, c'est pourquoi Faye le jugeait inapte à remplir cette mission.
En ce qui concerne les mouvements New Age, il a souligné la nécessité d'une religion structurée, bien organisée et homogène. Il a également imaginé un modèle à deux niveaux pour la religion: un christianisme ritualisé, superstitieux et populaire pour les masses, et une « religion des philosophes » pour l'élite.
Ses prévisions ne se sont pas entièrement réalisées – pour l'instant –, mais les principales tendances observées par le penseur français se sont avérées justes. Son ouvrage fondamental remplit pleinement la fonction « idéologique » que lui avait assignée l'auteur: tantôt choquant, tantôt fascinant, tantôt révoltant. L'idée fondamentale de Faye, selon laquelle la modernité libérale détruit ses propres vecteurs, rend son ouvrage particulièrement actuel pour les penseurs contemporains.
11:17 Publié dans Livre, Livre, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, guillaume faye, nouvelle droite, archéofuturisme | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Écrire un commentaire