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jeudi, 11 septembre 2025

Analyse - La grande stratégie de l’échec: comment l’Occident accélère son propre déclin

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Analyse - La grande stratégie de l’échec: comment l’Occident accélère son propre déclin

Jaime DQVA

Source: https://geoestrategia.eu/noticia/45127/geoestrategia/que-...

Les actions d’une puissance hégémonique en déclin relèvent rarement d'un acte de force; elles sont plus souvent le symptôme d’une profonde faiblesse stratégique. Le récent choix des États-Unis d’imposer des droits de douane de 50% au Brésil n’est pas une simple erreur de calcul; c’est la manifestation d’un schéma récurrent et autodestructeur qui, loin de contenir l’essor d’un ordre multipolaire, finance et accélère son avènement. Une analyse interconnectée des fronts géopolitique, militaire et économique révèle une réalité inconfortable: l’Occident, et tout particulièrement les États-Unis, creusent leur propre tombe stratégique.

La décision de l’administration Trump de punir le Brésil parce que son pouvoir judiciaire poursuit son allié Jair Bolsonaro est un exemple typique de myopie géopolitique. En invoquant cyniquement les «droits de l’homme» pour sanctionner les magistrats de la Cour suprême, Washington viole non seulement de façon grotesque la souveraineté brésilienne, mais pousse activement le plus grand pays d’Amérique latine dans les bras de son rival systémique: la Chine.

Cette maladresse ne se produit pas dans le vide. Il s’agit de la réponse désespérée d’un pouvoir qui constate que son instrument de domination favori – la coercition économique – perd en efficacité à mesure que des alternatives émergent. La réaction prévisible du Brésil, qui envisage des représailles tarifaires et accélère son partenariat avec Pékin dans les domaines des infrastructures, de l’énergie et des technologies, est en plus petit le reflet d’un phénomène mondial. Chaque sanction unilatérale des États-Unis sert de meilleur argument de vente aux BRICS+: ils offrent un modèle de non-ingérence, de développement mutuel et de souveraineté stratégique, un message qui trouve un écho profond dans un Sud global las du paternalisme occidental.

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Ce déclin du soft power et de l’influence économique se reflète avec une précision sombre sur le plan militaire. La doctrine de projection de puissance des États-Unis, pilier de leur hégémonie depuis des décennies, est devenue techniquement obsolète. Dans le Pacifique occidental, l’analyse est brutale: l’US Air Force n’est plus un bouclier, mais un ensemble de cibles immobiles pour les missiles de précision chinois. Des concepts tels que «l’Agile Combat Employment» ne sont que des fantasmes tactiques qui ne résolvent pas l’équation fondamentale: la Chine peut produire des missiles plus rapidement et à moindre coût que l’Occident ne peut bâtir des défenses.

Cette vulnérabilité est aggravée par une crise structurelle parallèle, révélée brutalement par le conflit Ukraine-Russie: la crise démographique et la pénurie subséquente de main-d’œuvre dans les pays de l’OTAN.

L’obsession occidentale pour des armées réduites, technologiquement avancées et professionnelles se heurte à la réalité de la guerre d’usure du 21ème siècle. Tandis que la Russie mobilise des brigades, les armées du Royaume-Uni (70.000 soldats) ou de l’Allemagne (180.000) ne sont que symboliques. Sans une base massive de conscrits, l’OTAN risque de devenir un « village Potemkine » sur le plan militaire: une façade impressionnante qui dissimule une profonde faiblesse structurelle, incapable de soutenir un conflit prolongé. La supériorité technologique est inutile sans soldats pour faire fonctionner les systèmes et occuper le terrain.

Face à cette combinaison d’agression économique imprévisible et d’un parapluie sécuritaire qui montre des fissures structurelles, les nations du monde ne restent pas passives. Leur réponse est stratégique, silencieuse et d’une efficacité dévastatrice: la ruée vers l’or.

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Le record de 95% des banques centrales prévoyant une augmentation des réserves mondiales d’or n’est pas une opération financière ordinaire; c’est un vote massif de défiance envers le système occidental dominé par le dollar. C’est la matérialisation financière de la multipolarité. Chaque lingot d’or acheté par une banque centrale d’un pays BRICS ou du Sud global est un acte de souveraineté retrouvée, une stratégie pour se prémunir contre la coercition économique et l’inflation exportée par l’Occident.

Ce mouvement, mené par les économies émergentes mais de plus en plus envisagé pour amorcer les avancées, est la contre-mesure ultime à l’arrogance géopolitique de Washington. Il démontre que le véritable pouvoir se déplace des missiles et des sanctions vers l’autosuffisance stratégique et l’accumulation d’actifs neutres.

Le schéma est clair et organiquement interconnecté. La coercition économique (comme avec le Brésil) accélère la recherche d’alternatives, ce qui sape à son tour la primauté du dollar. La surestimation militaire et la sous-estimation de la masse critique (comme dans le Pacifique et dans le cas de l’OTAN) révèlent une vulnérabilité existentielle qui incite à l’autonomie stratégique. Et la dédollarisation qui en résulte prive l’Occident de l’oxygène financier qui alimentait son hégémonie.

L’Occident ne fait pas que s’affaiblir; il finance et construit activement son propre remplacement. Chaque sanction, chaque bluff militaire démasqué, chaque démonstration d’impuissance stratégique, est une brique supplémentaire dans l’édifice du nouvel ordre multipolaire. Les puissances émergentes n’ont pas besoin de vaincre l’Occident sur le champ de bataille; il leur suffit d’attendre patiemment qu’il achève de saper ses propres fondations. Le récit du déclin n’est plus une prophétie; c’est un processus actif, dont l’architecte principal est l’ineptie stratégique même de Washington et de ses alliés.

14:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, occident, déclin | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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