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mercredi, 13 novembre 2024

Edouard Drumont et la France glaciaire

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Edouard Drumont et la France glaciaire

par Nicolas Bonnal

« Il n'est pas possible à l'observateur social de n'être pas frappé de la puissance d'expansion, de la force d'action extérieure  qu'avait cette France d'autrefois. »

76% des froncés solidement contre Trump, s’émerveille l’impayable Figaro. Comme ils sont 99-100% à être contre Poutine…

L’effondrement de la France est évident pour tous, sauf pour les retraités Tartine qui se tapent cent heures de télé par semaine (c’est un minimum en république). Après une brève et contrastée embellie gaulliste (voyez mon livre sur la destruction de la France au cinéma), vite noyée sous les quolibets et les pavés de mai 68 et l’avènement de la société de consumation frivole et socialiste, la France disparaît et elle est suffisamment gâteuse avec ses immigrés, ses bobos et ses vingt-trois millions de retraités fachos-socialos-écolos-rigolos pour défier en ce moment, à la manière d’Hitler (un remix comique de Hitler, on en revient toujours à Marx), l’Amérique et la Russie, sans oublier la Chine. Contrairement à l’Allemagne il ne reste aucune force politique de lucidité qui fasse plus de 0.5%. Seule l’Angleterre éternellement toxique et méphitique peut comme toujours faire pire, et s’en donne à cœur joie.

Mon mal vient de plus loin, comme écrit Jean Racine. Après la raclée de 1870 et l’avènement de ce régime sous-républicain dont on ne s’est jamais remis, Drumont écrit les lignes suivantes sur cet âge glaciaire :

« C'est le contraire absolument de ce que nous voyons se produire aujourd'hui. La France, comme un astre qui s'éteint, entre peu à peu dans la période glaciaire et perd sa puissance de rayonnement. Nous portions jadis tout au dehors, notre langue, nos idées, nos vins; aujourd'hui nous recevons tout de l'Allemagne : ses Juifs, sa bière et sa philosophie, les Bamberger et les Reinach, les  bocks et Schopenhauer. »

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On laisse les juifs de côté car comme je l’ai montré dans mon Céline comme dans mes écrits sur Drumont, ils ne sont qu’un bouc émissaire facile et usagé. Le vrai responsable c’est le Français moderne dont la Révolution et le monstrueux bonapartisme social-impérial ont accouché. Voir mon Autopsie de l’exception française. Un tire-au-flanc vieilli, fumiste, festif et vérolé (au moins moralement), voilà ce dont on a accouché en devenant la lumière du monde. Cochin ou Bernanos en ont parlé mieux que personne.

Les forces de réaction ? Elles sont un leurre éternel. Drumont parle des bien-pensants de Bernanos, de nos conservateurs qui avec Barnier et les souverainistes cathos aux affaires achèveront tranquillement cet hexagone :

« cœurs honnêtes mais sans flamme et sans élan, âmes timides mais voulant sincèrement le Bien, esprits exempts du doute qui a  agité la génération précédente et installés tranquillement dans des croyances religieuses plus solides et moins superficielles qu'on ne l'imagine… voilà les conservateurs. « 

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Drumont a déjà écarté la facile et messianique-comique figure du sauveur (De Gaulle est une figure ésotérique et philosophique, comme l’avait compris mon maître et ami Parvulesco, plus qu’une figure politique – il est resté sans héritiers ou est devenu l'inspirateur de traîtres euro-américains).

« De cette masse grise d'honnêtes gens qui constituent le meilleur de la France, on ne voit sortir aucun dévouement  exceptionnel; on ne voit se former nulle part non plus un de ces courants qui emportent tout ; on ne voit se dessiner aucune de  ces personnalités éclatantes qui semblent désignées par la Destinée pour tout sauver... ».

On entre donc, dit Drumont, dans une période glaciaire (cela correspond au réchauffement climatique auquel ce crétin de pays croit dur comme fer je suppose) :

« La  France, la grande génératrice de généraux, de politiques, de penseurs, ne produit plus d'hommes ; comme les astres dont le foyer s'éteint graduellement, elle semble entrer dans la période glaciaire.

Le sol lui-même, si riche jadis, paraît s'épuiser; nos grands vignobles sont rongés par de mystérieux ennemis. Grâce à la culture  intensive et aux prétendues méthodes scientifiques, la terre, comme nous le disait un cultivateur, ressemblera bientôt à une  armoire: on n'y trouvera plus que ce qu'on y aura mis... »

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Drumont cherche les causes et va citer un philosophe militaire belge qui explique tout grâce au magnétisme passager qui habite les nations:

« Peut-être est-ce une loi inévitable et à laquelle nulle nation n'échappe? C'est la théorie développée dans un livre introuvable et  qui certainement n'a pas été lu par dix personnes en France :  l’humanité, sa durée. Brück, l'auteur, est un inconnu même dans sa patrie, la Belgique ; il n'en a pas moins remué, au milieu d'un fatras confus, des idées très originales et très hautes. »

Un peu de Brück donc :

« D'après lui, c'est le courant magnétique terrestre qui, en se déplaçant, détermine la grandeur et la décadence des nations.

La  civilisation, écrit-il, a sa marche tracée et parcourra successivement toutes les parties du globe par suite du déplacement d'une région nodale mobile de plus grande intensité ou de plus grande activité magnétique qui, durant une période magnétique  séculaire, donne la plus grande activité magnétique ou la plus grande énergie physique et les meilleures prédispositions morales  à toute une région. »

Chaque région connaît ou presque son heure :

« Jusqu'à  ce  jour,  ce  qui  précède  s'est  produit,  si  bien  que dans  les  régions  momentanément  favorisées,  les  populations devenues  dominantes  et  qui  furent  placées  à  la  tête  de l'humanité,  ont  plus  spécialement  brillé  par  l'énergie  physique et  la  puissance  lorsque  la  région  favorisée  était  naturellement sous  l'influence  des  courants  magnétiques  intenses, tandis  qu'elles  ont  plus  spécialement  brillé  par  l'intelligence, par  l'imagination  et  par  leurs  œuvres,  lorsque  les  régions  favorisées,  occupées  par  elles,  étaient  naturellement  sous l'influence  de  circulations  magnétiques  actives. »

Drumont ajoute :

« La  loi,  toujours  d'après  Brück,  est  que  l'évolution d'un  peuple-chef  est  terminée  au  bout  de  mille  trente-deux  ans.  Dans  cet  espace  de  temps  il  a  parcouru toutes  les  phases  de  son  développement,  il  n'a  plus qu'à  décroître,  il  peut  vivre  quelque  temps  tranquille sur  son  passé,  mais  tout  effort  lui  est  funeste  comme toute  imprudence  est  fatale  au  vieillard;  toute  tentative pour  s'agrandir  se  traduit  pour  lui  par  une  diminution de  territoire. »

L’heure de la France moderne allait sonner, quand le pays jouissait encore du prestige impérial :

« C'est  en  1862,  il  faut  noter  la  date,  que  Brück  écrivait à  notre  sujet :

Voilà  un  peuple  riche,  glorieux  et  puissant  qui  se  croit supérieur  à  tous  les  autres  et  qui  a  de  nombreuses  raisons d'être  fier  de  son  passé.  Ses  armées  sont  prêtes  à  renverser  pour  la  troisième  ou  la  quatrième  fois  les  barrières  qu'on pourrait  lui  opposer  en  Europe.

Ce  peuple  tient tous  les  autres  en  armes  et  dans  des  inquiétudes très  grandes  à  la  pensée  des  terribles  événements qu'entraînerait  une  lutte  qu'on  a  pu  le  croire  et  qu'on  le  croit  peut-être  encore  prêt  à  provoquer.

Jusqu'à quel point puis-je dire à ce peuple : Tu es encore formidable aujourd'hui mais songe à la loi ; nul peuple ne vivra comme peuple-chef au-delà de mille trente-deux ans : tu es né en 843 du partage de l'empire franc à 'Verdun ; nous sommes en l'an de grâce 1862: tu as donc mille et dix-neuf ans ; fais ton compte.

1862 + 14 = 1876

1876 aurait donc été pour nous le commencement de la fin. »

C’est presque du Jean Phaure (voyez la France mystique de mon vieil ami métaphysicien, et qui adorait la série Le Prisonnier…). Et Brück eut son ère de gloire dans des cercles militaires éclairés. Impossible hélas de mettre la main sur ses livres sur le web. Le froncé s’en remettra…

Drumont toujours aussi visionnaire ajoute :

« Ajoutons,  pour  que  nos  voisins  ne  triomphent  pas trop  de  notre  décrépitude,  que  le  courant  magnétique ne  se  dirige  pas  sur  l'Allemagne,  il  se  porte  vers  l'Amérique. »

Sources :

https://books.googleusercontent.com/books/content?req=AKW...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Remi_Br%C3%BCck

https://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierP...

https://www.amazon.fr/Pourquoi-Gaulle-adorait-Russie-anti...

https://www.amazon.fr/DESTRUCTION-FRANCE-AU-CINEMA/dp/B0C...

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