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jeudi, 26 décembre 2024

Révélations : le plus grand collectif de journalisme d'investigation au monde est financé par le gouvernement américain

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Révélations: le plus grand collectif de journalisme d'investigation au monde est financé par le gouvernement américain

Les États-Unis derrière un célèbre collectif de journalisme d’investigation

Les médias néerlandais également influencés par l’OCCRP

Par Eric van de Beek

Source: https://deanderekrant.nl/nieuws/onthullend-grootste-journ...

Le plus grand collectif de journalisme d’investigation au monde, l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), est financé à plus de 50% par le gouvernement américain. En conditionnant ce financement, Washington détermine les sujets de recherche, laisse de côté ceux qui pourraient ternir l’image des États-Unis, mais cible des pays comme la Russie et le Venezuela, avec lesquels les États-Unis sont en conflit. Aux Pays-Bas, l’OCCRP collabore notamment avec Trouw, Het Financieele Dagblad, NRC, De Groene, Follow the Money, Platform Investico et NOS Nieuwsuur.

Il est l’un des journalistes les plus influents au monde, mais reste presque inconnu du grand public: l’Américain Drew Sullivan, 60 ans, est le cofondateur et directeur de l’OCCRP. Créé en 2008 dans la capitale bosniaque Sarajevo, ce collectif visait initialement à enquêter sur le crime organisé et la corruption dans les Balkans. Seize ans plus tard, l’OCCRP est, selon Sullivan, « la plus grande organisation de journalisme d’investigation au monde ». Avec un budget annuel de 20 millions d’euros et 200 employés répartis sur tous les continents, l’OCCRP a lancé ou participé aux plus grandes enquêtes journalistiques internationales des dernières années, notamment les Panama Papers.

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En 2015, l’OCCRP a révélé une vaste collection de documents confidentiels provenant du cabinet panaméen Mossack Fonseca, exposant des cas de fraude fiscale et d’autres pratiques illégales impliquant des personnalités de premier plan. D’autres enquêtes ont suivi, avec des noms tout aussi retentissants : Pandora Papers, Suisse Secrets, Narco Files, Pegasus Project, Cyprus Confidential et Laundromat.

Basé aujourd’hui à Washington, Amsterdam et Sarajevo, l’OCCRP collabore avec des dizaines de médias à travers le monde pour ses révélations. «Toute organisation cherchant une audience mondiale peut s’adresser à l’OCCRP et mobiliser 100 journalistes», affirme Sullivan. Parmi ses partenaires figurent des titres prestigieux comme The New York Times et The Washington Post aux États-Unis, The Guardian au Royaume-Uni, Der Spiegel et Süddeutsche Zeitung en Allemagne, ainsi que Le Monde en France. Aux Pays-Bas, l’OCCRP a collaboré avec Trouw, Het Financieele Dagblad, NRC, De Groene, Follow the Money, Platform Investico et NOS Nieuwsuur.

Bien que l’OCCRP se présente comme indépendant, il dépend fortement du gouvernement américain, selon une enquête conjointe menée par des journalistes de Mediapart (France), Drop Site News (États-Unis), Il Fatto Quotidiano (Italie), Reporters United (Grèce) et le diffuseur public allemand NDR. Cette enquête révèle que l’OCCRP a été fondé grâce au soutien financier du Bureau américain des affaires internationales de stupéfiants et de répression criminelle. Aujourd’hui encore, Washington fournit environ la moitié de son budget.

Bien que l’OCCRP admette sur son site Web recevoir des fonds du département d’État américain, principalement via USAID, il dissimule l’ampleur de ce financement et les conditions qui y sont liées. Cette source de financement n’est jamais mentionnée dans les articles produits par l’OCCRP.

Depuis sa création, l’OCCRP a reçu au moins 47 millions de dollars du gouvernement américain, selon des audits financiers publics qu’il est tenu de transmettre aux autorités américaines. À cela s’ajoutent 1,1 million d’euros de l’Union européenne, 7 millions du Royaume-Uni, 4 millions de la Suède et un total de 2 millions provenant du Danemark, de la Suisse, de la Slovaquie et de la France.

En réaction, l’OCCRP affirme que ses plus gros bailleurs de fonds n’exercent aucune influence sur son travail journalistique. « Dès le début, nous avons mis en place des mesures pour empêcher les subventions publiques d’influencer nos reportages. Nous sommes convaincus qu’aucun gouvernement ni donateur n’a exercé un contrôle éditorial sur les enquêtes de l’OCCRP », a déclaré l’organisation.

Cependant, les médias ayant collaboré à l’enquête sur l’OCCRP affirment que cette influence existe bel et bien. Ainsi, le gouvernement américain dicte les priorités de recherche de l’OCCRP, en allouant des fonds spécifiquement pour enquêter sur la Russie, le Venezuela ou d’autres pays en conflit avec Washington. De plus, les États-Unis imposent comme condition de financement un droit de veto sur la nomination ou la reconduction des « membres clés du personnel » tels que Sullivan. L’OCCRP ne mène pas non plus d’enquêtes sur des affaires douteuses aux États-Unis ou dans d’autres pays d’où provient son financement.

En outre, l’OCCRP doit se conformer à la loi américaine Foreign Assistance Act, qui stipule que les financements doivent être alignés sur la politique étrangère et les intérêts économiques des États-Unis. Les dossiers disponibles sur le site de l’OCCRP reflètent ces priorités: les enquêtes se concentrent sur la Russie (deux dossiers), l’Ukraine, la Géorgie et le Kirghizistan.

«Notre politique est de ne pas enquêter sur un pays avec leur propre argent», a admis Sullivan dans une interview avec NDR. « Je pense que le gouvernement américain ne le permettrait pas. Mais même dans des pays où ces règles ne s’appliquent pas, nous évitons cela pour éviter les conflits d’intérêts. » Malgré cet aveu, l’OCCRP a menacé de poursuites judiciaires les médias ayant participé à l’enquête sur l’organisation. Les médias néerlandais n’ont pas réagi à ces révélations.