Au lendemain des deux journées du 27 et du 28 octobre, on ne peut pas se contenter d'être seulement atterrés. La manière dont est imposé le reconfinement, le chef de l'État n'ayant fait recevoir les dirigeants politiques que par son valet de chambre, un personnage de moins en moins crédible à dire vrai, incapable de dire sur quel projet il faudrait se prononcer, les a tous scandalisés.
Une fois encore votre chroniqueur tient à bien préciser son ignorance de la dimension médicale des problèmes. Et il ne donc peut se fier, dans ce domaine, qu'aux prescriptions officielles.
Certaines sont sans doute indispensables : ne les contestons pas en tant que telles.
Interrogeons-nous sur la manière.
Ce qui nous consterne en effet n'appartient pas au domaine des décisions, mais des indécisions… des changements de pied… des incertitudes permanentes.
Du point de vue économique rien n'est pire que l'incertitude, pour toute la partie de la société qui n'est assurée d'aucun revenu fixe.
"Étudier dans le doute, réaliser dans la foi" : cette belle et salubre devise du président Salazar reste entièrement ignorée des gens qui nous gouvernent.
Il fallait écouter les professions. Elles avaient des solutions, différenciées selon les métiers.
On ne l'a pas fait.
Le 26 octobre le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, pas vraiment un bolchevik, avait clairement mis en garde : "si on reconfine totalement comme on l'a fait en mars, ce n'est pas moins 10 % de récession qu'on risque, c'est un écroulement de l'économie". Et ce point de vue reflète celui des grosses entreprises, les seules que l'on prend en considération.
Les petites entreprises, mais aussi les intérimaires, les précaires, les étudiants de conditions modestes qui travaillent pour payer leurs études, tous les non-salariés seront voués à la ruine.
Ne nous y trompons pas : en direction de ces interlocuteurs, les promesses de mars n'ont pas été tenues. Celles de cet automne le seront encore moins : les finances publiques ne suivront pas.
Un vieux cheval sait assez vite juger son cavalier : le peuple français
Les responsables des divers partis, avaient été conviés à entendre de la bouche du Premier ministre que celui-ci ne savait même pas de quelle nature seraient les décisions qui seraient prises, non par le Gouvernement mais par un soi-disant conseil de défense [sanitaire].
Ceci viole ouvertement la Constitution qui dispose, en son article 20 : "Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Il dispose de l'administration et de la force armée. Il est responsable devant le Parlement dans les conditions et suivant les procédures prévues aux articles 49 et 50."
Visiblement en accord avec les autres formations politiques, Christian Jacob, par exemple, prononce sobrement, comme bien souvent, les mots justes. Lui-même homme du pays réel, agriculteur de la Brie, élu de Seine-et-Marne, il observe : "des mesures prises sous la contrainte, en prenant en compte très partiellement une partie des conséquences désastreuses sur le plan économique du confinement du printemps. Sur le plan de la santé il a tenté de justifier l'injustifiable car rien n'a été fait pendant huit mois… Voter jeudi ? Cet exercice ne rime à rien. On va voter sur quoi ? Le parlement est fait pour légiférer, pas pour émettre un avis sur la prestation télévisée d'un président de la république"
Que pourront valoir en effet les débats suivis de votes prévus ce 29 octobre, après coup, à l'Assemblée nationale et au Sénat ?
Le grand Bossuet, qui semble une sorte de porte-parole de la monarchie absolue rappelait en son temps : "Le plus grand dérèglement de l'esprit c'est de croire que les choses sont par ce qu'on veut qu'elles soient. Il est quelquefois fatigant d'être contredit, mais il est dangereux de ne l'être pas. La plus funeste adulation pour un roi serait la médiocrité des hommes avec lesquels il vivrait habituellement en contact, médiocrité qui, lui donnant à lui-même le sentiment d'une supériorité factice, l'habituerait à ne compter que sur son propre jugement."
Rappelé à Dieu en 1704, celui qu'on appelait l'aigle de Meaux, n'a cependant pas connu les terribles dernières années du gouvernement du Grand Roi, celles de son ministre Michel Chamillart, dirigeant à la fois la fois les Finances et la Guerre, confronté à la crise financière de 1709 et à la guerre de Succession d'Espagne. Compagnon de billard du vieux monarque, il ne sut prendre que des mesures monétaires désastreuses. Inspirées certes par une grande honnêteté, elles ruinèrent le pays. Et en 1715, ce fut une immense impopularité qui sanctionna la fin ce règne, si glorieux 30 ans plus tôt.
Deux siècles plus tôt, Machiavel l'avait souligné : "un prince se juge surtout par les hommes qui l'entourent".
Que penserait, aujourd'hui, le secrétaire florentin, de l'homme de l'Élysée ?
JG Malliarakis
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