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mardi, 16 octobre 2007

Sur G. Grass et l'affaire G. Grass

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Sur Günther Grass et l' "Affaire Günther Grass"

16 octobre 1927: Naissance à Danzig de l’écrivain allemand Günther Grass. Il devra sa célébrité à un roman, qui inspirera un film, à connotations anti-nazies, le « Crabe tambour ». Grass deviendra une sorte de conscience morale (autoproclamée) dans l’Allemagne d’après 1945.

L’écrivain sera sans cesse sur la brèche pour dénoncer des résurgences réelles ou imaginaires du mouvement bien défunt d’Adolphe Hitler. Il s’est taillé ainsi une réputation solide de moraliste insoupçonnable. Coup de théâtre à la fin de l’été 2006 : ce moraliste, si prompt à dénoncer la moindre parcelle ou particule de proto- ou de paléo-nazisme en puissance ou en acte, a été engagé dans une unité de Waffen SS, dans les derniers mois de la seconde guerre mondiale. Le scandale, soixante ans après les faits, a été planétaire.

L’historien Joachim Fest, qui avait servi de conseiller scientifique pour le film « La Chute », racontant les derniers jours du nazisme dans le bunker de Berlin en avril 1945, avait clairement manifesté son agacement face à cette nouvelle fabrication « ritournellique » de scandales à la sauce nazie. Notamment dans un article du Spiegel, quelques jours avant de décéder, Fest avait expliqué que les jeunes s’engageaient dans les rangs de la Waffen SS, sans réfléchir outre mesure, et que cet engagement, autre ritournelle de l’époque, n’impliquait nullement une adhésion idéologique au nazisme. A notre sens sa réponse était moins satisfaisante que celle que fit naguère, il y a une dizaine d’années, l’écrivain et germaniste Dieter Wellershoff en rédigeant et publiant ses mémoires.

Celui-ci explique le dilemme qui se posait aux jeunes de plus de 17 ans qui terminaient leurs études secondaires dans les « Gymnasia » allemands. Ou bien ils rejoignaient les rangs de la Wehrmacht, démonétisée depuis le putsch de juillet 1944, et subissaient seulement deux mois d’entraînement avant d’être envoyés au front. Ou bien ils rejoignaient les rangs de la Waffen SS, survalorisée après le putsch des officiers traditionalistes et aristocrates, et subissaient six mois d’entraînement, véritable assurance-vie à la fin du conflit. Dans le cas du jeune Wellershoff, dont la famille, comme celle de Fest, était conservatrice et anti-nazie, le subterfuge à la Waffen SS a été de servir dans la division « Hermann Goering » de la Luftwaffe, qui garantissait également six mois d’instruction et un service en Hollande, protégée par les canaux et les fleuves après le désastre allié d’Arnhem en automne 1944.

L’objectif de Himmler et de Goering, qui ne croyaient plus à la victoire finale du Reich, était de sauver un maximum de jeunes vies pour reconstruire l’Allemagne après le conflit. Servir dans la Waffen SS, après juillet 1944, n’était donc nullement la preuve d’un engagement fanatique au service du régime national socialiste, mais une manière d’échapper à l’ordalie du peuple allemand.

01:20 Publié dans Biographie, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

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