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jeudi, 28 février 2008

L'apothéose de Céline

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Marc LAUDELOUT:

 

L’apothéose de Céline

 

Un double DVD, un livre sur l’exil danois et la réédition de la correspondance à Marie Canavaggia. Ces trois parutions ont suscité une presse abondante qui contraste singulièrement avec la façon dont Céline était traité par la critique dans les dernières années de sa vie. Petit aperçu.

 

Le Nouvel Observateur, organe de la gauche bien-pensante, n’est pas le moins dithyrambique : « Cinquante ans bientôt que l’écrivain est mort. Son  œuvre n’a jamais été aussi  vivante. (…) Comment ne pas être attiré par un bonhomme pareil, n’avoir pas envie d’aller y jeter un œil, dans ses livres qui suscitent pareils intérêts ? » ¹  Le quotidien Libération est également séduit : « On ne lit pas les lettres de Céline pour les croire ou s’en indigner. On les écoute. Ce sont d’abord des expériences musicales, de petites notes rapides, joyeuses et surprenantes qui font descendre et monter les tristes portées de la condition humaine. Les romans sont des concertos, des symphonies ; les lettres, c’est sa musique de chambre » ². Philippe Sollers, qui a le mérite de l’antériorité, n’est pas en reste : « Les lettres de Céline sont des chefs-d’œuvre, sa correspondance complète devrait être réunie un jour, magnifique volume électrique, au niveau (et ce n’est pas peu dire) de Voltaire et de Flaubert. » ³ Hélas, l’édition d’une correspondance générale semble relever de l’utopie. Car c’est bien une anthologie de cet océan que proposera cette année le cinquième et dernier volume de La Pléiade consacré à Céline.

 

Le double DVD « Céline vivant », centré sur ses dernières années, offre une image saisissante de l’écrivain qui n’a pas fini de retenir l’attention. « On reste hypnotisé par les monologues hallucinés de l’ermite de Meudon. (…) Ce clochard génial, dont toute la vie aura consisté à “ mettre par écrit l’émotion du langage parlé ” ensorcelle la caméra ». 4 C’est, en effet, peu dire que Céline captive les spectateurs : « Parmi les grands moments des “pièces” offertes par celui que l’un des témoins surnomme le “comédien du martyre”, il y a cette façon de revendiquer un raffinement inné et de déplorer l’accablante “lourdeur de l’homme”, son plaidoyer  pour les auteurs qui inventent un style et mettent leur “peau sur la table”, ses diatribes et invectives contre la vulgarité, les plagiaires ». 5  Un constat s’impose :  «  On rit,  car il  est  drôle et méchant. Céline maîtrise  donc ses  interviews  comme il maîtrise  ses livres, son style ». 6  Mieux : « À l’oral et dans ses écrits, Louis-Ferdinand Céline possède un style qui fait assurément de l’effet à ses interlocuteurs et lecteurs. Parler, écrire, ressentir… et danser sur un volcan ! Tel fut le destin tragique d’un homme libre dont la vie et l’écriture sont inséparables, et qui confesse ne pas croire en Dieu, mais « ne demanderait pas mieux d’y croire ». Sous le masque du tragique, apparaît alors le visage d’un grand créateur et dispensateur de vie » 7 Une belle conclusion assurément pour celui qui se disait du « parti de la vie ».

 

M. L.

 

1. Delfeil de Ton, « Voyage au bout de la télé. Céline, bête d’écran », Le Nouvel Observateur, 22 novembre 2007.

2. Philippe Lançon, « Céline et la “vache matière” », Libération, 29 novembre 2007.

3. Philippe Sollers, « Céline », Le Journal du Dimanche, 28 octobre 2007.

4. Jérôme Dupuis, « D’une caméra l’autre », L’Express, 2 novembre 2007.

5. Jean-Luc Douin, « Céline, par lui-même et ses proches », Le Monde, 29 novembre 2007.

6. Camille Aranyossy, « Céline vivant », Le littéraire.com, 12 novembre 2007

7. Arnaud Guyot-Jeannin, « Quand Céline crevait l’écran », Le Choc du mois, novembre 2007.

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