mercredi, 18 juin 2008
J. Parvulsco parle à "Synthesis"
Entretien avec Jean Parvulesco pour Synthesis, journal du “Cercle de la Rose Noire” (Angleterre)
Propos recueillis par Troy Southgate
Voudriez-vous bien parler à nos lecteurs de votre vie en Roumanie et leur expliquer pourquoi vous avez été contraint de quitter votre patrie?
A 70 ans passés, j'ai vécu au moins trois ou quatre vies entières, à la fois différentes et séparées, et que ne relient ensemble qu'une sorte d'auto-transmigration obscure, très obscure. Je n'ai plus aucun souvenir vivant de la Roumanie, c'est pour moi des temps infiniment lointains, comme s'il s'agissait de je ne sais quel XVIIIe siècle à la cour des Habsbourg, dans Vienne sous la neige. L'effort de la marche arrière m'est trop pénible, trop difficile, je n'y pense plus jamais. Mes plus proches souvenirs actuels, mais qui, eux aussi, se font déjà brumeux, sont ceux des temps de l'OAS dans Madrid ensoleillé par les certitudes agissantes du régime politico-militaire franquiste au sommet de son pouvoir. Avant, c'est brusquement la nuit noire, la vie de quelqu'un d'autre que moi, une sorte de théâtre d'ombres aux représentations illégales, effacées, oniriques. Vous m'en voyez donc bien désolé: ma réponse à la première de vos questions s'avère être en fait une non-réponse; poussée dans ses derniers retranchements, ma propre existence apparaît comme une non-réponse, ou plutôt comme une réponse dissimulée, comme une réponse codée. De par la situation qui est à présent la mienne, je suis tenu de me regarder moi-même comme à travers la grille secrète d'un codage en profondeur, agent confidentiel jusque par rapport à moi-même. Ce sont les temps qui l'exigent, ces temps de la subversion totale qui sont nôtres.
Vous avez connu Julius Evola personnellement. Que pensez-vous de son œuvre? Et que pensez-vous de l'homme Julius Evola?
Je m'étais en effet senti fort proche de Julius Evola. Et cela pour une raison fort précise: tout comme Miguel Serrano, Julius Evola ne s'était pas vu arrêter dans son devenir intérieur par la sombre défaite européenne de 1945. Tous les grands créateurs de culture européens —Ezra Pound, Knut Hamsun, Pierre Drieu la Rochelle, Louis-Ferdinand Céline, Raymond Abellio, Mircea Eliade, et tant d'autres— s'étaient retrouvés, à la fin de la dernière guerre mondiale, comme dépossédés d'eux-mêmes, mortellement blessés par l'effondrement apocalyptique de l'histoire européenne qu'il leur avait ainsi fallu connaître, et dont ils avaient intérieurement eu à éprouver le désastre irréversible. Ainsi que je viens de le dire, je n'ai connu, depuis, que seuls deux grands penseurs européens qui n'aient pas accepté cet effondrement et qui, au contraire, n'avaient fait que continuer, avec le même acharnement héroïque, le même combat en continuation, le même combat ininterrompu: Julius Evola et Miguel Serrano.
Julius Evola: un être à contre-courant
Il y aurait bien sûr une infinité de choses importantes à dire sur Julius Evola. Je me contenterai de vous faire part, ici, de son extraordinaire charisme aristocratique, patricien, de la dépersonnalisation initiatique parfaitement atteinte et maîtrisée de son propre être, qui n'était déjà plus rien d'autre qu'un concept d'action engagé dans le devenir providentiel de la "grande histoire" en marche, dont tous les efforts combattants tentaient, pourtant, d'en renverser le courant. Car Julius Evola était, en effet, un être à contre-courant, une négation ontologiquement active de l' actuel cours crépusculaire d'une histoire du monde devenue, finalement, en elle-même, une instance de la grande conspiration subversive du non-être au pouvoir. Je prétendrai donc qu'une certaine lumière émanait, supérieure, mais en même temps dissimulée de sa personne, et que le simple fait de fréquenter Julius Evola, de se trouver même indirectement sous son influence active, impliquait déjà un avancement spirituel significatif, majeur, voire secrètement transfigurant. Il était là, mais caché derrière sa propre présence refermée sur elle-même, hors d'atteinte.
Et je pense qu'il me sera également permis d'affirmer que la vision doctrinale personnelle et ultime, secrète, de Julius Evola, sa vision de ce monde et de l'action en ce monde, se trouvait polarisée sur les destinées suprahistoriques occultes de Rome, qu'il considérait, et cela jusque dans sa continuité historique actuelle —j'entends jusque dans son actuelle identité catholique— comme le véritable centre spirituel impérial, polaire —dans le visible et dans l'invisible— de l'actuel grand cycle historique finissant. Julius Evola ne s'était en effet jamais considéré lui-même que sous l'identité d'"agent secret", dans le siècle, de la Roma Aeterna.
Je pourrais aussi livrer bien de révélations décisives —voire étourdissantes, en fin de compte— à partir de mes propres souvenirs des longs entretiens confidentiels que j'avais eu avec Julius Evola, à Rome, chez lui, Corso Vittorio Emmanuele, l'été et l'automne de 1968. Mais je m'interdis de le faire dans la mesure où je n'ignore pas qu'un profond secret opératoire en recouvre encore le contenu, qu'il serait infiniment dangereux —et à présent bien plus que pour le passé— de porter abruptement à la lumière du jour. Car l'heure n'en est pas encore tout à fait venue pour cela.
La "centrale polaire" du Corso Vittorio Emmanuele
Je peux néanmoins vous signaler que dans mon roman Le gué des Louves, Paris 1995, pages 20-31, je m'étais quand même permis de faire certains aveux d'une extrême importance, d'une haute gravité spirituelle et philosophique —je devrais sans doute dire "philosophale", comme la "pierre philosophale"— sur certains événements de mon séjour romain auprès de Julius Evola, en 1968, et sur mes fréquentations confidentielles d'une "centrale polaire" occulte, ouverte toute la nuit, Corso Vittorio Emmanuele, presque en bas de chez Julius Evola, le Daponte Blu.
Les réverbérations encore souterrainement agissantes de la doctrine traditionnelle de Julius Evola, ainsi que son enseignement politico-révolutionnaire à contre-courant, tracent derrière lui un profond sillon ardent, un sillon d'incandescence vive auquel devraient s'abreuver ceux des nôtres qui portent cachée en eux une prédestination spéciale, qui ont accédé à la différence. Car Julius Evola avait lui-même en quelque sorte dépassé la condition humaine, il avait fait émerger en lui le surhomme qui reste à venir. Loin d'être un homme du passé, Julius Evola était un homme de l'avenir d'au-delà du plus lointain avenir. L'homme de la surhumanité solaire du Regnus Novissimum qu'avait entrevu Virgile.
L'un de vos premiers romans était La Miséricordieuse Couronne du Tantra. Pouvez-vous nous expliquer comment vous voyez le concept de Tantra?
La Miséricordieuse Couronne du Tantra n'était pas un roman, mais un recueil de poèmes initiatiquement opératoires. Le tantrisme —ce que l'on devrait appeler l'Aedificium Tantricum— est un ensemble doctrinal comptant une série d'étagements intérieurs de plus en plus occultes, de plus en plus prohibés, visant à porter l'être humain à sa libération —ou à sa délivrance— ultime par les moyens d'une certaine expérience personnelle intime du "mystère de l'amour", du mystère de l'Incendium Amoris.
Si la substance vivante du cosmos dans sa totalité ultime n'est constituée que du feu, que de l'embrasement amoureux se retournant indéfiniment sur lui-même et surcentré, polarisé sur la relation nuptiale abyssale régnant à l'intérieur de l'espace propre, de l'espace unitaire du Couple Divin, l'accélération intensificatrice, superactivante d'une certaine expérience amoureuse de limite, portée à ses états paroxystiques tout derniers, fait —peut faire— qu'une identification à la fois symbolique en même temps qu'ontologique avec le Couple Divin apparaisse —à la limite— possible, qui dépersonnalise, éveille et livre les pouvoirs suprahumains de celui-ci aux amants tantriquement engagés corps et âmes dans les voies dévastatrices de l'Incendium Amoris.
Or ce sont précisément les traces encore brûlantes d'une expérience de pénétration clandestine du mystère de l'Incendium Amoris que La Miséricordieuse Couronne du Tantra est appelé à livrer, à travers son témoignage chiffré. Car c'est bien de cela qu'il s'agit: La Miséricordieuse Couronne du Tantra, mon premier livre, portait déjà en lui, comme une annonciation chiffrée, les germes suractivés de ce qui, par la suite, allait devenir l'ensemble de mon œuvre et, dans ce sens-là, était un livre essentiellement prophétique —ou auto-prophétique— tout comme l'avait été, pour l'ensemble de l'œuvre de Raymond Abellio, son premier essai, Pour un nouveau prophétisme. Il y avait eu comme cela des mystérieuses structures d'accointance entre l'œuvre de Raymond Abellio et la mienne, dont les significations ultimes resteraient encore éventuellement à élucider.
Parlez-nous donc de votre ami Raymond Abellio, sur qui vous avez écrit une biographie, intitulée Le soleil rouge de Raymond Abellio…
Dans Le soleil rouge de Raymond Abellio, j'avais essayé de rassembler les conclusions essentielles d'une approche en raccourci de l'ensemble de son œuvre et de sa propre vie, car l'œuvre de Raymond Abellio et sa vie ne font qu'un: il avait voulu vivre sa vie comme une œuvre, et son œuvre comme sa vraie vie.
En prise directe sur la "grande histoire" en marche
Cependant, au contraire d'un Julius Evola, d'un Miguel Serrano, Raymond Abellio avait eu à subir, lui, de plein fouet la catastrophe de la destitution politico-historique de l'Europe vouée, en 1945, ainsi que le Général de Gaulle l'avait alors compris sur le moment même, à la double domination antagoniste des Etats-Unis et de l'URSS. Destitution dont, consciemment ou inconsciemment, Raymond Abellio avait porté en lui, jusqu'à la fin de sa vie, l'inguérissable brûlure dévorante, la stupéfaction secrète, irrémédiable. Et cela d'autant plus qu'il avait eu à connaître, pendant les années mêmes de la guerre l'expérience exaltante de l'action politico-révolutionnaire en prise directe sur la "grande histoire" en marche.
En effet, en tant que secrétaire général du "Mouvement Social Révolutionnaire" (MSR), Raymond Abellio se trouvait personnellement à l'origine de la première tentative de mise en chantier —en pleine guerre— du grand projet continental européen de l'axe politico-stratégique Paris-Berlin-Moscou, qui, à l'heure actuelle, plus de cinquante ans après, redevient de la plus extrême actualité en tant que première étape du prochain avènement de l'"Empire Eurasiatique de la Fin" dont on sait que, suivant le "grand dessein" européen en cours, il va devoir procéder à l'intégration finale de l'Europe de l'Ouest et de l'Est, de la Russie et de la Grande Sibérie, du Tibet, de l'Inde et du Japon. Une même histoire profonde, un même destin supratemporel, une même civilisation et un même ethos nordique, un même sang et un même souffle de vie originelle, antérieure, archaïque en train de revenir à son centre polaire de départ.
Lui-même détaché, après 1945, de la marche de l'histoire mondiale, l'œuvre philosophique et littéraire de Raymond Abellio tend précisément au dépassement de l'histoire en cours, qu'elle transcende par une prise de conscience supérieure de soi-même, extatique, la "conscience de la conscience" dira-t-il. Prise de conscience libératrice et qui, de par cela même, livrera en retour les clefs opératives d'une puissance absolue exercée sur la marche de l'histoire, la puissance opérative de la "conscience occidentale de la fin parvenue à l'occident de la conscience" devenant ainsi l'arme métastratégique suprême, l'arme de la "domination finale du monde". Ainsi l'"homme nouveau" de la révolution européenne grand-continentale, de la nouvelle Totale Weltrevolution actuellement en cours d'affirmation clandestine, sera-t-il l'homme du "soi libéré", instruit par Raymond Abellio, car c'est l'homme libéré de l'histoire qui fera l'"histoire d'après la fin de l'histoire". La conscience ainsi exhaussée au-dessus d'elle-même, dédoublée, parviendra donc à intervenir directement dans l'histoire.
Ainsi, de toutes les façons, Raymond Abellio sera-t-il donc présent au rendez-vous, sur la "ligne de passage" du grand cycle finissant et du grand cycle du renouveau.
Je voudrais que vous nous parliez de votre roman, L'étoile de l'Empire invisible, et du combat apocalyptique qui a lieu entre les forces du "Verseau" et celles de l'"Atlantis Magna"…
Je peux dire qu'à la parution de mon roman L'étoile de l'Empire Invisible, j'avais eu beaucoup de chance. Normalement, j'aurais dû avoir les pires ennuis, je pense même que j'avais bien risqué d'y laisser ma peau, et déjà à ce moment-là je le sentais. Etais-je confidentiellement protégé, je n'en sais toujours rien. Mais il faudrait le croire. En effet, ce qui dans L'étoile de l'Empire Invisible se dissimulait sous la double dénomination chiffrée de la conspiration du "Verseau" et de la contre-conspiration de l'"Atlantis Magna" n'était en réalité que la confrontatio, faisant s'opposer alors, au plus haut niveau suprahistorique, pour la domination finale de la plus Grande Europe et des espaces d'influence de celle-ci, la conspiration mondialiste de la "Superpuissance Planétaire des Etats-Unis" et la contre-conspiration du Pôle Carolingien franco-allemand s'appuyant secrètement sur l'URSS. Les fort dangereuses révélations, à peine codées, qui s'y trouvaient faites à ce sujet dans L'étoile de l'Empire Invisible eussent largement pu justifier le coup en retour de représailles extrêmes contre l'auteur de ce roman, révélations dont celui-ci portait l'entière responsabilité.
Seul un petit nombre connaissait le dernier mot
J'avais estimé, quant à moi, qu'à travers un roman de l'importance de L'étoile de l'Empire Invisible, une prise de conscience en profondeur devait marquer, pour les plus avancés des nôtres, le tournant historique —et suprahistorique— suprêmement décisif de la conjoncture du moment, où la confrontation de deux mondes irréductiblement antagonistes s'apprêtait à trouver sa conclusion, qui s'avérera comme totalement imprévue. Car c'est bien ce qui en vint alors à se faire, avec l'auto-dissolution politique de l'URSS, événement infiniment mystérieux, où des puissances abyssales étaient occultement intervenues dans le jeu, d'une manière tout à fait providentielle, et dont seul un petit nombre connaissait le dernier mot.
Aussi l'ossature fondationnelle de L'étoile de l'Empire Invisible —la dialectique de sa démarche intérieure— correspond-elle entièrement à la réalité effective des situations qui s'y trouvent décrites, à la réalité des personnages en action, des tensions, des conflits et des passions, des secrets à l'œuvre et des dessous conspirationnels et amoureux, de la réalité précise des lieux et jusqu'à l'identité même —jusqu'aux noms propres, parfois— de certains personnages que j'ai tenu à utiliser sans ne rien y changer. Une mince part de fiction y fera fonction de liant, ou servira à des dissimulations nécessaires. Cette exhibition de la réalité des choses dans le corps littéraire d'un roman représentera, au moment de la parution de ce livre, un pari des plus risqués, une assez dangereuse option de provocation à froid, dont on ne comprenait pas la raison. Mais trente ans sont passés depuis que ces événements étaient censés avoir eu lieu: bien de choses se sont effacées depuis, les tensions à ce moment-là paroxystiques ne signifient à présent plus rien, ou presque plus rien. Le temps a totalement dévore la chair vivante des choses, desséché les souffles.
Imposer à la réalité un statut de rêve
Aujourd'hui, la réalité de toutes ces choses là a fini par devenir une fiction, tout comme, au moment de la parution de ce livre, c'est la fiction qui était en train de devenir réalité. Or c'est précisément ce double échange entre réalité et fiction, entre fiction et réalité que j'avais voulu organiser: m'introduire moi-même dans la réalité à travers le roman. Ayant imposé à la réalité un statut de rêve, j'avais fait que le rêve lui-même devienne réalité.
Et je viens ainsi de répondre à votre sixième question:
«Serait-il correct de dire que ce roman contient un élément de réalité?» Votre septième question est la suivante:Pensez-vous que ce livre puisse être comparé à d'autres romans conspirationnels comme celui de Robert Shea et de Robert Anton Wilson, Illuminatus Trilogy, ou celui d'Umberto Eco, Le pendule de Foucault?
Non, je suis infiniment désolé, mais je ne connais pas le livre de Robert Shea et Robert Anton Wilson, Illuminatus Trilogy.
Quant à Umberto Eco, je le tiens, tout comme son compère Paulo Coelho, pour des faiseurs subalternes, dont les littératures ne concernent que les minables petites convulsions pseudo-initiatiques du New Age: leurs tirages pharamineux ne font que dénoncer le degré de dégénérescence mentale qui est aujourd'hui celui des masses occidentales hébétées, menées, à demi-consentantes aux abattoirs clandestins de l'histoire dont on nous impose les dominations, et qui n'est pas notre histoire.
Quelles sont les visions que vous développez sur a) le marxisme et b) le fascisme?
L'humanité est divisée, d'après ce que je crois savoir suivant des sources certaines archaïques, légitimes, secrètes, en deux grandes parties: celle d'origine "animale" qui "descend des grands singes", correspondant plus ou moins aux doctrines soutenues par l'évolutionnisme darwinien, et la partie d'origine "divine", en provenance du "foyer ardent de l'Incendium Amoris", de la "planète Venus", constituée d'hommes éveillés, destinés à rejoindre, "à la fin de ces temps", la patrie de leurs origines sidérales, "métagalactiques".
Happée vers le bas, vers les régions ontologiques du non-être, par le matérialisme révolutionnaire marxiste, la part "animale", "bestiale", de l'humanité avait sombré dans le délire sanglant de la "révolution mondiale du communisme" animée par l'URSS et exacerbée par le marxisme-léninisme et par le stalinisme. Alors que la partie "divine", "métagalactique" de l'humanité s'est trouvée spirituellement exhaussée par ce qui, dans la première moitié du XX° siècle, avait donné naissance à la grande aventure révolutionnaire suprahistorique européenne connue sous la dénomination générique de "fascisme", qui, vers sa fin, avait subi des déviations aliénantes et que l'antihistoire des autres s'est chargée d'anéantir.
Raymond Abellio fait dire à un de ses personnages de son roman Les yeux d'Ezéchiel sont ouverts: "Aujourd'hui je le sais. Aucun homme ayant un peu le goût de l'absolu ne peut plus s'accrocher à rien. La démocratie est un dévergondage sentimental, le fascisme un dévergondage passionnel, le communisme un dévergondage intellectuel. Aucun camp ne peut plus gagner. Il n'y a plus de victoire possible".
Il nous faudra donc qu'à partir de la ligne actuelle du néant, nous recommencions, à nouveau, tout, que nous remettions tout en branle par le miracle suprahistorique d'une nouvelle immaculée conception révolutionnaire. C'est la tâche secrète de nous autres.
Que pensez-vous de l'«eurasisme»? Est-ce une alternative viable et acceptable au "Nouvel Ordre Mondial”?
La vision de l'unité géopolitique et de destin grand-continental eurasiatique représente le stade décisif, fondamental, de la conscience historique impériale et révolutionnaire des nôtres, l'accomplissement final de l'histoire et de la civilisation européennes dans leur marche ininterrompue vers l'intégration de ses nations constitutives au sein de notre prochain "Empire Eurasiatique de la Fin".
Les actuelles doctrines impériales de l'intégration européenne grand-continentale de la fin trouvent leurs origines à la fois dans la géopolitique combattante de Karl Haushofer, dont le concept de Kontinentalblock reste tout à fait pertinent, et dans les continuations présentes de celle-ci à travers les doctrines confidentielles du "grand gaullisme", ainsi qu'à travers les positions révolutionnaires de certains jeunes penseurs russes de la nouvelle génération poutinienne, dont le plus représentatif me paraît être très certainement Alexandre Douguine.
Un grand dessein final qui nous mobilise totalement
C'est sur le concept géopolitique, sur la vision suprahistorique fondamentale de l'"Empire Eurasiatique de la Fin" que va donc devoir se constituer le grand mouvement révolutionnaire européen continental appelé à livrer les dernières batailles décisives du camp retranché de l'être contre l'encerclement subversif de la conspiration mondialiste actuelle du non-être. Et ce sera aussi la tâche révolutionnaire propre de notre génération prédestinée que de pouvoir mener à son terme prévu ce "grand dessein final" qui nous habite secrètement, qui nous mobilise, à nouveau, totalement. Comme avant.
Finalement, comme quelqu'un qui a vécu une longue vie féconde, quel conseil pourriez-vous offrir aux générations qui montent, aux jeunes gens qui viennent, pour qu'ils rejettent les pièges du libéralisme et de la société de masse?
Le conseil que vous voudriez que je puisse donner aux jeunes générations qui montent, ce serait alors le suivant: si au tréfonds de votre sang, vous sentez l'appel irrésistible des hauteurs enneigées de l'être, l'appel des "chemins galactiques de la Frontière Nord", n'hésitez pas un seul instant à y répondre, et que toute votre vie ne soit qu'un long engagement éveillé envers vos propres origines occultes, envers la part qui en vous n'est pas de ce monde.
Quant aux engagements politiques présents ou immédiatement à venir qui se doivent d'être nôtres, tout, à mon avis, doit se trouver désormais polarisé, mobilisé inconditionnellement sur le concept géopolitique et suprahistorique révolutionnaire de l'unité impériale européenne grand-continentale, concept révolutionnaire auquel l'émergence à terme d'une nouvelle superpuissance planétaire russe, la "Russie Nouvelle" de Vladimir Poutine —car les profondes ouvertures spirituelles, ainsi que les positions européennes grand-continentales de Vladimir Poutine sont à présent connues— vient d'assurer une base politique absolument décisive, notre "dernière chance".
Pour la civilisation européenne, pour l'être et la conscience européennes du monde, la formidable montée en puissance actuelle de la conspiration mondialiste menée par la "superpuissance Planétaire des Etats-Unis" constitue, et désormais à très brève échéance, un vrai danger de mort, une menace terrifiante, inqualifiable. Les groupements géopolitiques national-révolutionnaires agissant partout dans le monde, à demi clandestinement, doivent donc intensifier au maximum leur travail idéologique et d'unité, leur travail de terrain: c'est exclusivement sur l'action souterraine des nôtres que reposent les dernières chances de survie qui nous restent face au gigantesque bloc mondialiste que tient par en dessous l'ennemi ontologique de tout ce que nous sommes nous autres, les "derniers combattants de l'être" face à l'assaut final des puissances négatives du non-être et du chaos, face à l'Empire du Néant, face au mystérieux Imperium Iniquitatis qui s'annonce à l'horizon assombri de notre plus proche avenir. L'heure de l'Imperium Iniquitatis semble en effet être venue.
Le régisseur dans l'ombre du grand dessein en action de la subversion mondialiste actuellement en marche, se trouve à présent sur le point d'achever la mise en place de son dispositif planétaire d'ensemble: les mâchoires d'acier de l'inéluctable se referment sur nous, si nous n'agissons pas tout de suite, bientôt il n'y aura plus rien à faire. Les dernières élections aux Etats-Unis en fournissent la preuve, tout est prêt pour que la trappe se referme. Nous autres, qui depuis toujours jouons la parti de l'invisible, nous n'attendons plus notre salut que de l'invisible. Attention.
Jean PARVULESCO, Paris, le 19 novembre 2000, in nomine Domini.
00:15 Publié dans Jean Parvulesco | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : entretiens, littérature, philosophie, tradition, france, lettres | | del.icio.us | | Digg | Facebook
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