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dimanche, 13 avril 2008

La culture du refus de l'ennemi

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Trouvé sur: http://www.polemia.com/contenu.php?cat_id=43&iddoc=1641

« La culture du refus de l’ennemi / Modérantisme et religion au seuil du XXIe siècle »
Sous la direction de Bernard Dumont, Gilles Dumont et Christophe Réveillard

Un ouvrage important est paru à la fin de l’année 2007.
Important par son thème et son contenu, à savoir l’étude du paradoxe qui voit la démocratie actuelle s’incarner dans l’invocation toujours plus rituelle du consensus tout en continuant à se fabriquer des « ennemis », de l’intérieur le plus souvent (« extrémistes », pollueurs, fumeurs, chasseurs, chauffards et autres déviants). Le reflet, sinon l’origine de ce paradoxe est analysé au prisme du « modérantisme », ce courant politique si particulier qui semble innerver l’ensemble des systèmes de représentation démocratiques malgré la vacuité électorale de la seule « démocratie chrétienne ».

Important également parce que cette étude riche, à la fois sérieuse et courageuse, est publiée avec les concours des Universités de Paris IV-Sorbonne et de Limoges, et inscrit donc le débat dans un cadre des plus institutionnels.

L’ouvrage se voulant un stimulant à l’acceptation d’une vision schmittienne de la vie, au-delà même de la sphère politique, un chroniqueur de Polémia s’en est saisi pour ouvrir… la polémique. Les internautes sont incités à réagir ! La Fondation sera toujours ouverte à la libre et fructueuse confrontation des idées.

« On peut préférer la servitude à la liberté mais il est ontologiquement impossible qu’un ennemi se manifeste. […] La modération est une vertu que les Grecs mettaient au sommet de la prudence politique. Elle exprime la recherche de la juste mesure et relève à ce titre de l’exercice de la prudence. Elle n’a pas de rapport avec ce qu’on appelle le juste milieu, encore moins avec une option systématique pour le compromis. Tandis que la “modération” des “Modérés” est tout autre : soit elle coïncide avec l’abstention de tout engagement résolu, par peur d’être entraîné trop loin, soit elle accepte le fait accompli mais dans l’espoir d’en calmer le cours ou de sauver quelques privilèges. » Dès sa très lumineuse et pénétrante présentation, Jean-Paul Bled fixe le cap et donne le ton de cet ouvrage hors norme et pose la seule question qui vaille : « L’attitude modérée dans le paysage contemporain de l’Europe du XXIe siècle est-elle une politique ou l’absence du politique ? ». Les lecteurs de Carl Schmitt et de Julien Freud ont bien évidemment la réponse. Mais cette très utile étude s’adresse aux autres, à tous les autres, et notamment aux catholiques qui pensent encore que ce qui les caractérise est, en soi, une résistance, alors que c’est l’Eglise, bien avant Vatican II, qui a permis et accéléré la castration de nos sociétés.

Retour aux sources

Inutile de puiser jusque dans les édits de Milan (313, sous l’empereur Constantin, puis 391 avec Théodose), qui annoncent celui de Constantinople (392) par lequel les cultes païens sont définitivement interdits au profit de la nouvelle religion galiléenne, hissée au rang de religion d’Etat : l’histoire médiévale et moderne nous enseigne que, des siècles durant, aimer son ennemi n’empêchait pas de le connaître, donc de le désigner et de le combattre. La profonde utilité de cette étude cautionnée par les Universités de Limoges et de Paris-IV (Sorbonne et CNRS réunis) est de s’attacher à l’un des nombreux tournants, mais aussi à l’un des courants philosophiques et politiques les plus méconnus de l’histoire contemporaine, qui font aujourd’hui le charme émollient de nos institutions et systèmes de représentations.

Si la généalogie des causes renvoie aux « iréniques » du XVIe siècle français, le « Modérantisme » est le fruit direct de la politique de Ralliement décrétée par Léon XIII en 1892, qui entendait mettre un terme aux rapports conflictuels issus du choc déchristianisateur de la Révolution. Dès lors, malgré de nombreux soubresauts (Affaire Dreyfus 1896-1899, Affaire des Fiches 1902-1904, loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905…), l’acceptation des institutions de la République ouvrait la voie, au-delà de la compromission évidente des catholiques, à la sécularisation du christianisme et au dévoiement du Politique qui en résulte. Les politiques menées n’ont en effet que très peu souffert de ce mouvement d’acceptation ; en revanche, l’essence du politique, passés les traumatismes de la nouvelle « Guerre de Trente Ans » européenne (1914-1945), s’en est trouvé intrinsèquement bouleversé. Avec l’aide, il est vrai, et justement rappelée par Jean-Paul Bled, des principes anglo-saxons inspirant la Société des nations (illustrés par les accords de Munich en 1938) puis l’ONU et la construction européenne : le conflit n’est plus une épreuve salutaire, ni même un mal nécessaire, c’est tout simplement un mal absolu, une tâche à effacer, un péché à absoudre.

Courant modérantiste et « ordre politique »

Au-delà de la question catholique qui fournit l’ossature de cet ouvrage, au prisme de l’étude du courant modérantiste, c’est bien évidemment l’essence des régimes libéraux qui est mise en question et leur « capacité institutionnelle quasi illimitée d’absorption » (Gilles Dumont) : absorption de ses opposants, bien sûr, au premier rang desquels les partis communistes, utilisés (comme le FN d’ailleurs) comme un moyen d’intégrer les différents groupes se trouvant aux frontières extrêmes de l’ordre démocratique ; mais également, moins cyniquement mais plus efficacement encore, neutralisation de toute pensée alternative par l’impossibilité ontologique de se projeter dans un autre possible, jusque dans la sphère privée. Ce qui, lorsque l’injonction devient la norme, est le propre des régimes totalitaires.

Pour Gilles Dumont, « le modérantisme, plus qu’une compromission à proprement parler, est donc le fait de se rendre disponible à la transaction et parfois même de la devancer ». Et le professeur de droit public de disséquer les trois méthodes ou « types de comportement » qui le définissent : le « collaborationnisme » (par conviction – cf. le progressisme catholique – ou par vain souci d’efficacité – l’entrisme basé par nature sur un rapport de forces défavorables ayant bien évidemment toujours échoué) ; l’ « optimisme invétéré » (la dérive consolatrice rejoignant le déni de réalité) ; l’ « intransigeantisme », ou « intégralisme », comme figure paradoxale du modérantisme (conduisant à une forme de quiétisme, ou de « communautarisme » individuel : « La capacité des “structures de péché” est dans ce cas identifiée et rejetée mais elle conduit à un retrait dans son jardin intérieur ; on a fait ce qu’on a pu contre elles et, pour le reste, Dieu y pourvoira »).

La « culture du refus de l’ennemi » est bien celle de la négation du politique. Chaque jour, chaque fait – même et surtout dans le cadre convenu de la « démocratie de marché » – le démontre. Mais les postures autres ne sont pas faciles à définir, et encore moins à tenir. C’est sans doute le mérite essentiel de cet ouvrage de nous le rappeler. Au-delà des exemples de Péguy et Abel Bonnard, il est bon que les « chrétiens », y compris par la critique de leur appareil théologique, participent de la remise en cause des « valeurs » totémiques de sociétés qu’ils ont grandement contribué à fabriquer. « Heureux les invités au repas du Seigneur » (Luc 14,15-24) !

Henri Herriot
© Polémia
08/03/08

« La Culture du refus de l’ennemi / Modérantisme et religion au seuil du XXIe siècle », sous la direction de Bernard Dumont, Gilles Dumont et Christophe Réveillard, Presses Universitaires de Limoges (Pulim) 2007, Collection Bibliothèque européenne des idées, 150 p., 20 €.

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E. Hermy: Recessie en Russische optie

Economische recessie en de Russische optie.

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In mijn betoog wil ik de correlatie aantonen tussen de neergang van een militaire en economische reus met name de Verenigde Staten, en de dreigende economische recessie die Europa zal treffen. Met dit referaat wil ik ook aantonen dat oorlogen en terreur niet noodzakelijk gewapende uiteenzettingen zijn maar dat de confrontatie zich meestal aandient via economische terreur en een economische oorlog.

De wereldmarkten en dus de economische macht zijn zich aan het verplaatsen. Als er economische machtsveranderingen zijn dan volgen ook de militaire machtsverhoudingen. Het één is gewoon het natuurlijke gevolg van het andere. De productie en afzetmarkten zijn na de verschillende delocalisatiegolven die teweeg werden gebracht door de globalisatie van het kapitalisme verschoven van Europa en de VS naar landen zoals Rusland, Brazilië, Zuid-Afrika, India en vooral naar China.

China heeft nu een groei van 8% op jaarbasis en is de belangrijkste groeimarkt van de wereld. Ter vergelijking: de VS hebben een voorspelde groei voor dit jaar van 0,1% tot 0,4% en Rusland zit China op de hielen met 6%. China heeft de VS ingehaald wat betreft het binnenhalen van buitenlandse investeringen. De volgende golf van globalisatie zal hoogwaardige producten van deze landen naar Amerika en Europa brengen omdat de groeilanden verplicht zijn om een grotere meerwaarde per product te realiseren om de eigen binnenlandse markten verder te kunnen laten groeien. Onze Europese economieën zullen nog onder zwaardere druk komen te staan dan nu al het geval is. Ook zal er een verdere delocalisering van arbeidsplaatsen plaatsvinden.

In India en China komen elk jaar meer dan 7 miljoen hooggeschoolde studenten op de arbeidsmarkt. Daarvan zijn ruim 600 000 architecten. In de VS zijn er dat 70 000 en in Europa zelf iets minder. Een gigantisch groeipotentieel en een gigantisch arsenaal aan intellectuele input. Het is nu niet meer nodig om deze mensen naar hier te halen om ons te beconcurreren want via de IT-revolutie kunnen zij onze middenkaders (en dus onze middenklasse) vanuit hun thuislanden uit de arbeidsmarkt duwen. Over de gehele wereld hebben de banken al 30% van hun banen uitbesteed aan die groeilanden. De verzekeringssector 20%. De boekhouding van 35% van de bedrijven word nu al gedaan in landen als India. Dit is nog maar een begin, de echte ‘boom’ moet nog komen zeggen alle analisten.

Alleen al in de VS zouden er zo 10 miljoen banen uitbesteed worden. Dat zou de werkeloosheid in de VS van 5% naar 11% omhoogstuwen. Voor Amerikanen is een overschrijding van de 5%-grens wat betreft werkeloosheid een ware nachtmerrie. Alles daarboven doet hen denken aan de grote depressie van de jaren ’20 tot aan het uitbreken van Wereldoorlog II in de vorige eeuw. Door de schaarste aan banen en de dreigende buitenlandse concurrentie zullen de lonen dalen. De mensen die nog een baan hebben zullen vrede moeten nemen met drastisch verlaagde inkomens. Men moet niet denken dat het alleen maar de laaggeschoolde banen zijn die daaronder zullen leiden. Computerprogrammeurs die in de VS een 100 000 Euro verdienden zijn buiten de deur gezet en vervangen door een bijna gratis model uit India, want die kost gemiddeld maar 20% van zijn Amerikaanse evenknie. Zo heeft het bedrijf 5 Indische programmeurs voor de prijs van een Amerikaan. Er zal een verschuiving zijn van de broodverdieners naar de rijstverdieners. En het brood zal schaarser worden …

Omdat we in Europa nog steeds totaal verbonden zijn met Amerika en met de dollar als betaalmiddel zullen die crisis en deze praktijken zich ook in Europa en in ons land manifesteren. Er staan al 10 000 Filippijnse IT-specialisten klaar om naar Europa te komen werken, waarvan er 1 000 voor de Belgische markt zijn bestemd.

Tegelijkertijd is er door de hypotheekcrisis in de VS een enorme financiële crash. Die hypotheekcrisis is het eindresultaat van het geven van leningen aan mensen die deze leningen nooit hadden mogen krijgen, omdat ze gewoon insolvabel waren. Er is een enorm wantrouwen gegroeid tussen de banken, en zo is de flux van cash aan reële marktrente gestremd geraakt (men is bang om aan elkaar te lenen). De nationale banken drukken echter massa’s geld bij en gooien dat op de markt en dit tegen lage rente. Een paar dagen geleden heeft de Federal Reserve, dat is de Amerikaanse Nationale Bank 200 miljard dollar in het systeem gepompt. Dit is al een eerste oorzaak van de geldontwaarding. Tegelijkertijd is er een enorme opstoot van de prijzen van energie en voedingsproducten die wordt voortgestuwd door de stijgende vraag vanuit de nieuwe groeimarkten en vooral dan door China. Deze factor die we allemaal kennen als inflatie tast de reële koopkracht aan van de mensen. Een combinatie van massaal goedkoop geld en van een groeiende vraag naar grondstoffen leidt tot deze inflatiespiraal. Om de inflatie te kunnen stoppen moet het geld duurder worden. Maar dan remt men de groei af en krijgt men een stagflatie. Dit is een nachtmerriescenario voor alle mensen en zeker voor de elite. Daarom moeten er nieuwe wegen worden gezocht om onze economie te reorganiseren

Op binnenlands en Europees vlak moeten er structurele economische en politieke veranderingen worden doorgevoerd. Op langere termijn moeten we zelf de Beurs en geldmarkt in vraag durven te stellen. Er moet een nationale revolutie in gang worden gezet die aan de dreigende economische achteruitgang van ons land en ons continent een halt wordt toegeroepen. Zeker in ons land en sommige andere Europese landen is de toestand dramatisch gezien het probleem van de vergrijzing. Maar ook de steeds meer falende scholingsgraad moet omhoog. Er moet een ander soort economie worden opgebouwd, waar innovatie en hoogtechnologische meerwaarde kunnen worden gerealiseerd. We moeten af van de productie van halffabricaten en lageloonbanen. We moeten een solidaristische volksgebonden economie naar voor schuiven. De interne klassenstrijd moet vervangen worden door de solidaire volksverbondenheid die het mogelijk moet maken om van onze Vlaamse economie een echte speerpunteconomie te maken. Een maatschappij waar tijdelijke opofferingen gecompenseerd worden door meer inspraak en macht in de bedrijven en in de economie. De economie en de politiek mogen niet in handen blijven van de huidige machtskaste. Ze moet worden overgedragen aan de nieuwe meritocratie die verantwoordelijkheid orde en tucht zal combineren met stijgende welvaart en welzijn. Daarom moeten op binnenlands vlak radicale economische en sociale hervormingen worden doorgevoerd.

Maar ook op geopolitiek vlak moeten er veranderingen komen. Er moeten nieuwe bondgenoten worden gezocht. Die kunnen garant staan voor grondstoffenmarkten en afzetmarkten. Als je weet dat dit land nu al meer dan 13% van alle buiten-Europese handel realiseert via Rusland, dan is het duidelijk dat zelf de machtselite al op twee paarden is gaan het wedden. Terwijl de Europese dictatuur zijn steun betuigt aan Amerika en zweert dat ze dat bondgenootschap eeuwig trouw zal blijven, investeren de Europese bedrijven en banken massaal in Rusland. 70% van alle buitenlandse investeringen in Rusland komen nu al vanuit de Europese Unie. Dat is ook niet verwonderlijk. Rusland heeft de volgende drie jaar een groeiverwachting van 6%. Na 2009 zal Rusland op het niveau van 1989 staan. Dat is het ogenblik waarop de muur en het communisme in elkaar zijn gedonderd. Analisten voorspellen dat er na 2009 pas echt een groei-explosie zal plaatsvinden.

Ondanks het feit dat men in Europa en de VS het huidige regime in Rusland corruptie en slecht democratisch beheer aanwrijft is het toch maar een feit dat dit Rusland al zijn oliewinsten terug in de economie stopt. Miljarden dollars worden zo in de economie gepompt. Dat heeft geleid tot de opkomst van een Russische middenklasse. Deze beschikt over genoeg inkomen om verbruikgoederen te kopen en zo de algemene economie verder groeikansen te geven. Hier ligt uiteindelijk de opportuniteit voor Europa en zeker ook voor ons land. Wij moeten nog meer gaan participeren in de voormalige Oostbloklanden en vooral in Rusland. Het is voor ons van levensbelang dat we een uitvoermarkt voor onze producten veilig stellen. Maar ook, wat nog van groter belang zal zijn in de toekomst, is dat we gas en olie zullen kunnen invoeren en zo onze economische groei zullen kunnen garanderen. Onze corrupte elite wil echter van twee walletjes eten. Ze wil wel meeprofiteren van een economische groeimarkt zoals Rusland maar ze is tegelijkertijd doodsbang om de Amerikaanse alliantie te verbreken. Nochtans is die alliantie, zoals ik reeds eerder aantoonde, een verkeerde optie. Het is de alliantie van de verliezers en van de achteruitgang. Het is een verbond dat ons zal meesleuren in de ondergang van een voormalige grootmacht. Onze elite is schatplichtig aan de Amerikaanse elite. Ze is verslaaft geraakt aan de ‘American Dream’. Zelf als die droom langzaam een nachtmerrie aan het worden is, dan nog blijven onze elites star vasthouden aan die alliantie.

Onze elites willen geen verandering. Ze zijn doodsbang voor verandering. Ze denken dat ze onder de paraplu van de VS nog altijd aanspraak kunnen maken op grote economische macht en invloed. Maar het monster van de globalisering keert zich uiteindelijk tegen diegenen die dat monster hebben gecreëerd. De globalisering heeft nieuwe superstaten laten ontstaan en die zullen met de oude afrekenen. De huidige Europese machtselite doet er verkeerd aan om Oost-Europa te willen Balkaniseren. Ook het sturen van troepen om Amerikaanse belangen te gaan verdedigen is misdadig. Men probeert Rusland te isoleren en te omsingelen, kijk naar Afghanistan en kijk wat er gebeurt in de vroeger Sovjetrepublieken. Kijk naar de installatie van nieuwe raketsystemen in Europese landen. Zelfs het stichten van moslimenclaves worden als buffer tegen de Russische groei en economische machtsuitbreiding gebruikt. Etnische tegenstellingen worden aangewakkerd. Die tegenstellingen zullen in ons gezicht ontploffen, want ook wij zijn reeds etnisch geïnfiltreerd.

Wij, in Europa, moeten ons beschermen tegen de pletwals die de huidige militaire en economische macht Amerika zal doen botsen met de nieuwe opkomende macht China. Darfour, maar ook veel andere Afrikaanse landen worden nu al ingepalmd door China omwille van de grondstoffen. Dat is een voorbode van veel zwaardere conflicten om grondstoffen en afzetmarkten. Wij hebben nieuwe vrienden nodig, die Europa tegen China kunnen beschermen. Want de terreur tegen Europa en Rusland zal vroeg of laat uitmonden in een open oorlog. Dan zal niet alleen onze koopkracht en onze welvaart aangetast worden. Dan zullen de levens van u en uw kinderen in de weegschaal worden gelegd.

Voor het N-SA is het duidelijk. Wij moeten in de Europese ruimte komen tot een hergroepering van krachten. Als we dat willen realiseren is de As Europa-Rusland de meest zinnige optie. Daarom onze strijd. Een strijd tegen oorlog en terreur. Tegen economisch imperialisme. Deze strijd kan alleen maar slagen als we een vrije en solidaristische volksstaat uitbouwen!

Algemeen Coördinator Eddy Hermy.Toespraak namens de N-SA op het Dineerdebat van Euro-Rus.

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samedi, 12 avril 2008

L'itinéraire personnel d'Urbain Decat

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Un itinéraire personnel du socialisme flamand au Vlaams Blok

Entretien avec Urbain Decat, cofondateur des "Rode Leeuwen"

 

«Le parti socialiste flamand a trahi le combat populaire pour l'émancipation. A l'heure de la globalisation néo-libérale, le Vlaams Blok reprend le flambeau», nous déclare Urbain Decat, conseiller communal VB à Schaerbeek

 

Monsieur Decat, votre itinéraire est tout à fait in­ha­bi­tuel. Vous étiez au départ un militant socialiste con­vain­cu, vous avez milité pendant toute votre vie pour le triomphe de la plus grande idée de la philosophie des Lumières, l'émancipation, la sortie de l'homme hors de sa minorité (Kant); vous avez été professeur de "morale laïque" dans une grande école secondaire de la région bru­xelloise, vous avez présidé à l'Université à la forma­tion permanente de vos jeunes collègues et vous vous re­trouvez aujourd'hui dans les rangs du Vlaams Blok, un parti que vos anciens camarades et collègues considè­rent comme l'antithèse exacte de vos anciens engage­ments. Pouvez-vous nous expliquer cette anomalie  —vo­tre anomalie—  dans le paysage politique flamand?

 

Personnellement, je suis issu d'une vieille famille libérale (an­ti-cléricale) mais flamingante, soucieuse de l'émancipa­tion du peuple flamand face à la double emprise de la fran­cophonie et du cléricalisme. Mon arrière-grand-père fut ain­si l'un des fondateurs du Willemsfonds, la grande fonda­tion culturelle libérale flamande, dans les années 1870, au moment où le Kulturkampf de Bismarck luttait contre l'em­prise cléricale en Allemagne. Mais le Kulturkampf laïque et germanique n'a pas réussi en Flandre: le cléricalisme catho­lique romain le plus obtus a mis la main sur le mouvement fla­mand, ruinant à l'avance toute tentative d'émancipation à l'allemande. Ma famille a pris ses distances avec le fla­min­gantisme institutionnel. Elle a conservé son idéal indé­pendantiste flamand, mais elle refusait le joug clérical, ne vou­lait pas de la tutelle cléricale sur le mouvement fla­mand et, a fortiori, sur une Flandre qui serait devenue in­dé­pendante. Le clivage cléricalisme/anti-cléricalisme a été dé­terminant dans toute l'histoire de la Belgique indépen­dante, jusque dans les années 60. Mais l'emprise de l'Eglise sur le mouvement flamand a contraint les anti-cléricaux à changer de priorité, à abandonner la lutte pour l'émanci­pation flamande.

 

Dans ma jeunesse, vers 16 ou 17 ans, j'ai atterri dans le mou­­vement socialiste, tout en gardant les positions flamin­gantes, héritées de mon contexte familial. Oui je suis fier d'être Flamand, mais pas à la mode de ce nationalisme pé­tri de cléricalisme, de pensées pieuses. Ce nationalisme-là idéalise les "belles âmes", les "bons paroissiens", les "ver­tueux sans tripes ni bite". Je constate que cette imagerie d'E­pinal a réussi à fabriquer un bon petit peuple de couil­lons (l'expression existe: een arm klootjesvolk). De cela, je ne tire aucune fierté: je ne veux pas appartenir à un peu­ple qui ressemble à des chromos à la Saint-Sulpice. Je veux des durs à cuire, des gars au verbe haut et peu châtié, des cogneurs, des tombeurs de filles, des têtes de lard. Car ils sont toujours l'incarnation de la liberté d'action et de senti­ments. Mais ce type d'homme n'apparaîtra que dans une Flan­dre véritablement émancipée et indépendante. L'indé­pen­dance met les peuples devant leurs responsabilités. Leur donne un but, une fierté. Les Flamands feront comme les Français ou les Allemands (bien que la fierté nationale, là-bas à l'Est, en a pris un coup dans le processus de "réé­du­cation" mis en œuvre par les Américains après 1945).

 

Passivité flamande dans la question autrichienne

 

Prenons un exemple actuel: Louis Michel, Ministre des Af­fai­res Etrangères du Royaume de Belgique, parvient à con­tour­ner la majorité flamande dans la question autrichien­ne. On sait que seulement 10% des Flamands sont en faveur des mesures de rétorsion préconisées par Michel contre l'Au­triche, parce que le peuple autrichien n'a pas voté com­me cela lui aurait plu! Même en Wallonie, région plus ma­tra­quée par les folies austrophobes fabriquées à Paris, seu­le une minorité de 30% donne raison sur ce plan à Michel. A Bruxelles, ville plus cosmopolite, 34% sont en faveur du boy­cott. L'affaire autrichienne, qui a excité les esprits en ce printemps 2000,  démontre que les Flamands, et leur per­­son­nel politique, sont passifs, se laissent embobiner dans une politique française, imposée par les relais franco­phones du Quai d'Orsay, de l'Alliance française ou d'autres “services spéciaux” de la République une-et-indivisible  en Wallonie. Les Flamands n'ont pas eu le courage civique et na­tional de dénoncer ce jeu malsain de la France chez nous et à Vienne, alors qu'ils sont majoritaires et qu'une simple fermeté aurait pu provoquer la démission de Michel et con­fondre les manigances de Chirac et de Jospin au niveau eu­ro­péen. Ceci dit, malgré le fait que je déplore amèrement la faiblesse politique de mon peuple, je reste flamingant au sens historique du terme. 

 

Revenons à votre engagement socialiste, quand vous étiez adolescent…

 

UD: Quand j'avais 16 ou 17 ans, je me suis effectivement en­gagé dans les rangs du parti socialiste belge, qui était en­core un parti unitaire, regroupant les fédérations fla­mandes et wallonnes. En 1963, l'année où l'on a déterminé définitivement le tracé de la frontière linguistique en Bel­gique, les choses ont bougé, notamment par une marche fla­mande sur Bruxelles (plus de 100.000 participants) et des incidents assez violents dans les six villages des Fourons. J'ha­bitais Landen, une petite ville flamande, qui faisait par­tie de la province de Liège, trilingue à l'époque, mais très majoritairement wallonne (les districts de Landen et des Fourons étaient flamands, ainsi que la vallée du Geer, perdue pour la Flandre aujourd'hui; les cantons d'Eupen et de Saint-Vith étaient et sont toujours germanophones). Avec le tracé de la frontière linguistique, à Landen, nous sou­haitions nous détacher de cette province très majoritai­rement wallonne et faire partie du Brabant (bilingue à l'é­poque, avant qu'elle n'ait été récemment scindée en deux provinces, l'une flamande, l'autre wallonne). Une minorité francophone à Landen (5%) souhaitait que notre ville restât liégeoise. Avec mes amis socialistes, mais aussi avec les mi­litants politiques flamands de toutes obédiences, nous nous sommes battus pour que Landen passe au Brabant. Ce ne fut pas un long combat: rapidement, on nous a donné rai­son et nous avons quitté le giron de la province de Liège, heu­reuse de se débarrasser d'une minorité néerlandophone qui aurait compliqué son administration.

 

En 1964, je suis venu habiter à Bruxelles et j'ai rejoint, dans la capitale, les sections du BSP/PSB (Belgische So­cia­listische Partij/Parti Socialiste Belge), dont les structures, à l'époque, étaient unitaires. A Bruxelles, les Flamands comp­taient pour du beurre, ils faisaient fonction de cin­quiè­me roue à la charrette. Jamais on ne leur donnait une pla­ce éligible. Lors des réunions, quand un militant ouvrier s'exprimait en néerlandais parce qu'il ne maîtrisait pas as­sez le français, les francophones l'insultaient, lui lançaient des "Ta gueule!". Tout cela m'a rapidement échauffé les o­reilles. Pas question pour moi de me faire traiter de tous les noms ni de subir cette hystérie. J'ai donc milité au sein du parti socialiste pour briser cet unitarisme qui était un mar­ché de dupes, pour nous Flamands. Nous avons donc fon­dé à la fin des années soixante et au début des années sep­tante les "Rode Leeuwen" (= les Lions Rouges), une struc­ture autonome des socialistes flamands, prélude à la scission du parti en deux entités indépendantes l'une de l'autre: le PS wallon et francophone, et le SP flamand. Plus exactement en trois entités, avec le SP germanophone à Eupen et à Saint-Vith. En 1970, j'ai démissionné. L'aventure de la fondation des "Rode Leeuwen" était terminée, pour laisser la place au personnel politique belge habituel: les pense-petits, les arrivistes, les carriéristes à la petite se­maine, les politicards véreux, les obséquieux qui quéman­dent un logement social, une allocation, un petit boulot, etc. Ce zoo ne me convient pas. Je suis dès lors resté un "sans-parti" jusqu'en 1995, quand j'ai adhéré au Vlaams Blok, parti qui suscitait ma sympathie depuis quelques an­nées déjà, parce qu'il était le seul à proposer une rupture radicale dans le ronron politicien belge. Pendant ces vingt-cinq années, j'ai été professeur de morale laïque dans une grande école secondaire de la région bruxelloise et j'ai di­rigé les stages de formation pour mes jeunes collègues à la VUB (Vrije Universiteit Brussel).

 

Vous avez étudié la philosophie. Quels professeurs ont été vos maîtres, quels filons de la philosophie peuvent expliquer votre engagement et surtout votre passage du SP au VB?

 

UD: Quand j'entre à la VUB à dix-huit ans, l'esprit y était beau­coup plus ouvert qu'aujourd'hui. J'assiste actuellement à un effondrement dramatique du niveau philosophique et du niveau politique. A l'époque, le principe du libre examen signifiait encore quelque chose. On permettait aux étu­diants d'exercer leur sens critique. A fond. Avec la perti­nen­ce et l'insolence voulues. Les principes du libre-exami­nis­me ne s'étaient pas encore mués en des dogmes aussi fa­des qu'intangibles. Les prêtres de ce laïcisme étaient des phi­losophes critiques et pas encore une sinistre prêtraille ner­veuse et hystérique. Le ver est entré dans le fruit avec ce culte, venu de Paris, pour les Droits de l'Homme, qui n'a plus rien à voir avec l'émancipation de l'homme "hors de la minorité qu'il s'était lui-même imposée" (Kant), mais con­stitue bel et bien l'émergence d'un nouveau catéchisme fi­gé, d'un éventail de dogmes rigides, que l'on ne peut ni cri­ti­quer ni adapter aux réalités du temps et de l'espace. Dans ce glissement progressif vers le dogmatisme, sous couleur d'une interprétation fallacieuse des droits de l'homme, j'ai vu l'émergence d'un nouveau cléricalisme, justement la men­talité que ma famille combattait depuis des géné­ra­tions.

 

Vertuisme politique, néo-cléricalisme, "political correctness", inquisition et ukases saugrenus 

 

Pire pour un garçon issu du laïcisme et de la libre pensée com­me moi: le vertuïsme politique, nouveau cléricalisme, la political correctness à la belge, est portée aujourd'hui par un dominicain acharné et obstiné, le R.P. Johan Leman, éminence grise et grand manitou de ce machin qui s'im­misce en tout dans le Royaume de Belgique aujourd'hui, le "Centre d'égalité des chances et de lutte contre le ra­cis­me". Les travers les plus saugrenus de l'idéologie des Lu­miè­res (mal comprise et mal digérée) sont imposés à coups d'ukases tout aussi saugrenus par un dominicain, qui, logi­que­ment, en tant qu'homme d'Eglise, devrait les com­bat­tre: telle est la contradiction majeure, et risible, du "dé­bat" en Belgique aujourd'hui. Mais peut-on parler de "dé­bat"? Non, évidemment. Nous avons affaire à un monologue collectif, à un ânonnement généralisé des mêmes poncifs é­culés. Comme vous pouvez le constater, je reste fidèle à l'i­dée cardinale de l'idéologie des Lumières: l'émancipation, la sortie volontaire de l'homme hors de sa minorité, la di­gni­té de l'homme libre, non prisonnier de dogmes mu­ti­lants. Or, nous voyons depuis plusieurs décennies que l'i­déologie des Lumières, idéologie de gauche, a sombré dans un gauchisme de plus en plus mièvre, jusqu'à se trans­for­mer en cette bouillie insipide qui inonde toute discussion au­jourd'hui, crée un marais où toute idéologie émergeante, constructive et contestatrice, risque l'enlisement. Cette bouil­lie insipide, qui se présente comme “inoffensive” et “dé­mocratique”, érige toutefois des “garde-fou” dogma­ti­ques pour ne pas être remise en question par des esprits au­dacieux, soucieux tout à la fois de ne pas poser de dog­mes intangibles et d'agir efficacement (constructivement) dans la société et au niveau du politique. Qui enfreint les “dogmes garde-fou” est condamné à l'opprobre médiatique, au cordon sanitaire, voire à la correctionnelle: c'est le re­tour de l'inquisition, la mort des libertés civiles et de la li­ber­té d'expression. Bref le retour à tout ce qu'un libre pen­seur cohérent comme moi abomine et exècre.

 

Des corrections au départ de Nietzsche

 

Pour éviter cet enlisement dramatique, il aurait fallu, de temps à autre, opérer des corrections au départ de corpus classés arbitrairement à droite, notamment en tenant compte des enseignements et des critiques de Nietzsche, et de toutes les écoles qu'il a fécondées. Malheureusement, se référer à Nietzsche et à ces écoles, c'est commettre aux yeux des pères-la-morale et des vertuïstes actuels, le pé­ché de "dextrisme". Les insolents sont considérés comme é­tant "de droite", ou comme des "fascistes". Que les inqui­si­teurs persécutent, que l'on étouffe sous le silence, à qui l'on barre toute carrière académique. Tout adepte cohérent de l'idéologie des Lumières ne peut que se révolter devant une telle situation! Donc, je me révolte. Et je crie ma ré­volte.

 

Dans les années 60, décennies où vous avez achevé vos études, le marxisme, le freudo-marxisme, les idées de Marcuse et de l'école de Francfort, l'existentialisme de Sartre étaient les mouvements d'opinion dominants. Vous vous en êtes réclamé, comme tous vos contem­po­rains, comme tous les étudiants de votre génération. Quel regard rétrospectif jetez-vous sur ce passé que l'on peut carrément qualifier de "soixante-huitard"?

 

UD:  Dans les années 60, il y avait des exégètes pertinents de la pensée de Marx, que je respecte et que je relis, mais c'é­tait surtout un Vulgärmarxismus, un marxisme vulgaire, qui dominait à l'Université. On a vu cela dans tous les pays d'Europe et aux Etats-Unis. Je ne dis pas que le marxisme y était mal enseigné, mais la masse des étudiants n'en rete­nait qu'une vulgate maladroite, appelée à terme à devenir un pot-pourri de dogmes stériles. Cette vulgate était insup­por­table, d'autant plus qu'elle était portée par ceux qui n'a­vaient jamais lu Marx! Le noyau intéressant du marxisme, que je me suis efforcé de retenir, était une petite fleur fra­gile: les manipulateurs de la vulgate l'ont fait crever. Ensui­te, le marxisme vulgaire de l'Université était mâtiné de théo­ries françaises, étrangères au contexte germanique de Marx. Notamment l'interprétation existentialiste du marxis­me proposée par Sartre.

 

Léopold Flam: une double lecture de Marx et de Nietzsche

 

J'ai suivi les cours du Professeur Léopold Flam, avant de de­ve­nir son assistant. Flam était issu de la communauté israé­lite de Belgique. Il avait fait de la résistance et les Alle­mands l'avaient interné à Buchenwald. Flam enseignait la pensée de Marx, sans être un dogmatique. Car, justement, il corrigeait les dérives gauchistes et néo-cléricales de la vul­gate marxiste par un recours à Nietzsche. Il fut le pre­mier à écrire dans une revue consacrée à la pédagogie de la philosophie que Nietzsche était par excellence le philo­so­phe de la jeunesse et que sa manière de voir le monde de­vait absolument être enseignée aux adolescents dans les écoles secondaires. Flam s'intéressait aussi à Heidegger et à sa philosophie de l'enracinement dans le sol (notamment le sol de la Forêt Noire, de la Souabe alémanique). Heidegger souligne la nécessité d'un ancrage, pour éviter les vatici­na­tions hors contexte, désarticulées, fumeuses, qui, à terme, servent d'instruments manipulateurs aux escrocs qui endor­ment les peuples pour mieux les enchaîner. Une combinai­son adroite de Marx, Nietzsche et Heidegger serait la re­cette idéale pour briser le dogmatisme actuel, qui aurait hé­rissé Flam, pour casser les reins à cette monstruosité qu'est la political correctness.

 

L'œuvre littéraire de Henri Bosco

 

Flam se référait à un autre auteur, un Français, un Proven­çal, Henri Bosco, pour étayer son discours sur le nécessaire ancrage anthropologique de l'homme dans un lieu, concret et clairement circonscrit dans l'espace. Bosco appartient à la catégorie des "écrivains du terroir", comme Giono, autre illustre Provençal, Maurice Genevoix et, plus récemment, Henri Vincenot. Flam a sans doute découvert cet auteur, cette fascination pour la Provence, via le lien qui unissait aussi Heidegger à ce Midi du Soleil. Je rappelle qu'il y a sé­journé avec René Char, découvrant aux abords des collines du Lubéron, un paysage "où l'origine n'était pas entière­ment voilée". Camus aussi, à la fin de sa vie, a été séduit par ce paysage, où son corps repose désormais, dans le pe­tit cimetière de Lourmarin. Henri Bosco, le Provençal pré­féré de Léopold Flam, était certes un écrivain du terroir, chan­tre de la Provence éternelle, de sa nature, de sa fau­ne, de sa flore, de ses habitants qui suivent des rythmes de vie simple et inchangés depuis des siècles. Mais derrière ce décor qu'on pourrait croire idyllique, serein, sans boulever­se­ments, la violence est toujours présente, prête, le cas échéant, à faire irruption à la surface. La violence n'est pas bannie de l'horizon du poète Bosco. Avec l'inspiration que lui a donnée Gérard de Nerval, les mystères, le suprasen­si­ble, les éléments magiques, les numines propres aux élé­ments de la nature peuplent ses romans et leur donnent une touche païenne, qui n'est pas sans rappeler l'œuvre de l'An­glais David Herbert Lawrence. Comme Camus, Flam glis­sait sans doute vers une acception plus enracinée de la gau­che intellectuelle, glissement diamétralement différent de celui, actuel, qui va vers la political correctness, en dé­pit de l'engouement pseudo-écologique d'une frange non né­gligeable de l'électorat.

 

"Urwüchsigkeit" et "Weltgefühl"  

 

Flam haïssait les "libres-penseurs" professionnels, les Frei­denker à faux nez, les bigots et les rombières du bataclan laïciste. Il détestait de tout son cœur ceux qui débitaient des dogmes. Qui érigeaient un nouveau cléricalisme. Flam n'ap­préciait que ceux qui allaient à la substance de la pen­sée, à l'Urwüchsigkeit, à la Vie des vitalistes, au Weltge­fühl. Il aimait les esprits ouverts, peu importent leurs en­ga­ge­ments ou leurs opinions périphériques.

 

Plus exactement, qu'est-ce que le marxisme pour vous?

 

UD: Le marxisme des années 60 était pour Flam, pour ses étu­diants et pour moi-même, une concession à la mode du temps, au Zeitgeist. Personnellement, je considère que le socialisme annoncé par Marx est le socialisme de la fin de l'aliénation (Entfremdung). Le socialisme n'est pas, en pre­mière instance, l'avènement de la "justice sociale" (car com­ment peut-on la quantifier?). Ni surtout ce moralisme qu'on essaie de nous vendre comme la quintessence des gau­ches aujourd'hui. Le socialisme, c'est donc la fin de l'a­lié­nation, pour tous les hommes en général, pour les tra­vail­leurs en particulier, victimes du manchestérisme et de l'exo­de rural au XIXième siècle. Pour Marx, le travailleur doit être le maître de son travail, et du produit de son tra­vail. Conserver un lien direct, immédiat, vital avec son activité professionnelle et avec le produit que celle-ci gé­nè­re. Tels sont ses leitmotive fondamentaux. A la suite de Léo­pold Flam, mon professeur, et de George Steiner, philo­sophe juif-allemand émigré en Angleterre à l'époque du na­tio­nal-socialisme, je constate une analogie entre ce désir de Marx et la pensée ancrée-enracinée de Heidegger. Celui-ci parlait d'un sentiment fondamental de l'homme, sans le­quel il est jeté dans la tourmente de l'existence: le "sich-zu-Hause-Fühlen", le "se-sentir-chez-soi", le "se-sentir-en-sa-maison". Le travailleur doit se sentir chez soi dans son usine, dans sa rue, dans sa ville, dans son pays, il doit être ancré, demeurer sûr de cet ancrage et ne plus être le jouet de forces supra-locales qui le manipulent comme un pion sur un échiquier ou qui spéculent sur son interchangeabilité permanente. Mon engagement au Vlaams Blok découle de là: je n'ai plus retrouvé dans la "libre-pensée" officielle (et dévoyée) le souci incontournable du "sich-zu-Hause-Füh­len", élément essentiel de toute anthropologie cohérente et viable. Beaucoup de mes camarades politiques du Vlaams Blok considèreront sans doute les propos que je tiens ici comme le reflet et l'expression d'une hérésie ou d'une aberration, mais j'affirme clairement que je vois dans le combat de mon nouveau parti une sorte de combat pro­to-marxiste. Le Manifeste du parti communiste de Marx (1844) contient pourtant des affirmations que n'importe quel homme de droite accepterait avec enthousiasme.

 

Le "Manifeste du parti communiste" de Marx: une lecture impérative pour tout homme "de droite"

 

Je cite de mémoire cet extrait du Manifeste de Marx: "Par­tout où elle [= la bourgeoisie] a conquis le pouvoir, elle a détruit les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens variés qui unissent l'homme féodal à ses su­périeurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du “paiement au comp­tant”. Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité peti­te-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a supprimé la dignité de l'individu devenu simple valeur d'é­change; aux innombrables libertés dûment garanties et si chèrement conquises, elle a substitué l' unique et impito­ya­ble liberté de commerce. En un mot, à l'exploitation que mas­quaient les illusions religieuses et politiques, elle a sub­stitué une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activi­tés considérées jusqu'alors, avec un saint respect, comme vé­nérables. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, l'hom­me de science, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité tou­chan­te qui recouvrait les rapports familiaux et les a réduits à de simples rapports d'argent". Je vous le demande: quel hom­me de la droite véritable, de la droite des racines (j'y re­viens!) ne souscrirait-il pas à ces phrases de Marx et d'En­gels?

 

Aujourd'hui, cette synthèse marxo-heideggerienne, cette dou­ble revendication sociale et philosophique du droit "à être chez soi" ("Thuis zijn", thème central de la campagne du Vlaams Blok pour les élections communales du 8 octobre 2000) est notamment portée par le philosophe slovène Sla­voj Zizek, peu connu dans l'espace linguistique fran­cophone mais largement apprécié dans le monde anglophone, en Al­lemagne et aux Pays-Bas. Zizek va dans le même sens: il est hostile à la globalisation, parce qu'elle porte l'aliénation à son pinacle. Sa critique est nourrie de Marx et de Hei­deg­ger. Lui aussi dénonce l'idéologie “po­litiquement correcte”, avec son homme “multiculturel”, qui n'est, dit-il, qu'une ab­­straction totalement désincarnée. Donc une escroquerie. Donc un instrument de manipu­lation.  

 

Donc, pour vous, le malheur premier de l'homme, c'est l'a­liénation. Tout humaniste engagé en politique doit dès lors lutter contre les facteurs et les effets de l'alié­nation, aider ses contemporains plus faibles et plus dé­sorientés à s'en dégager…

UD: Oui. Aujourd'hui, l'aliénation a conduit à l'atomisation de nos sociétés, surtout dans les grandes villes. Bruxelles n'é­chappe évidemment pas à la règle. Les gens vivent barri­cadés chez eux, parce qu'ils n'ont plus envie de sortir  —la rue ne correspondant plus à leurs désirs de convivialité ou d'esthétique collectives—   ou parce qu'ils s'abreuvent de fic­tions cinématographiques, d'expériences de "seconde main", par films interposés. Dans un tel contexte, l'agora antique, le forum des citoyens libres, libres parce qu'ils pre­naient la parole en public, s'adressaient à leurs homolo­gues, n'est plus qu'un souvenir: c'est le comble de l'aliéna­tion. C'est aussi le message que nous a laissé Hannah Arendt. Ma position, de philosophe et d'homme engagé dans le seul parti révolutionnaire du pays (révolutionnaire jus­tement parce qu'il fait enrager tous les conformistes), c'est de m'insurger contre l'aliénation et ses formes multiples, de mettre toutes mes énergies à lutter contre les affres de l'aliénation. Je suis ainsi scrupuleusement la leçon de Marx, en tournant le dos à tout marxisme vulgaire, à tout "mar­xisme de parti" (partijmarxisme). Ce marxisme de parti est une escroquerie. Mon marxisme reste purement philoso­phique, il transcende largement les querelles politiques ou les querelles entre écoles. Avec Henri Lefèbvre, autre in­tellectuel en vue du PCF dans les années 50 et 60, je me dres­se contre le déracinement des hommes. Vous me dites qu'avec votre ami Guillaume Faye, ténor de la "Nouvelle Droi­te" dans les années 80, vous avez eu le privilège de dî­ner deux fois à la “Closerie des Lilas" à Paris avec Lefèbvre: je suis heureux de l'apprendre, cela confirme mes intui­tions. Depuis longtemps déjà, des passerelles auraient pu être jetées. Je suis fier d'être ainsi, à quelques années de dis­tance, sur la même longueur d'onde que Lefèbvre, ce grand maître de ma période universitaire.

 

Marx aurait donc été aussi "politiquement incorrect" que vous, s'il avait vécu aujourd'hui?

 

UD: Evidemment. Sa critique du consumérisme comme for­me la plus extrême de l'aliénation, où tous les hommes deviennent les esclaves de la marchandise, l'aurait mis radicalement en porte-à-faux par rapport à cet agence­ment complexe et aliénant de publicité et de mass-media que nous connaissons depuis quelques décennies. On ne parle jamais, chez les bigots laïcistes qui se piquent de marxisme, du "racisme" de Marx. Bon nombre de ses propos l'auraient conduit aujourd'hui devant un de ces tribunaux inquisitoriaux, issus de la Loi Moureaux, une loi qui doit son nom à cet ex-ministre de la Justice qui se prétend juste­ment son plus féal disciple au sein du PS francophone. En­core une belle contradiction dans notre "beau monde" politique! Philippe Moureaux exhorte ses ouailles socialistes à lire et à relire Marx, il n'a que cette exhortation à la bou­che… Mais, s'il veut être fidèle, par ailleurs, à l'esprit de sa fameuse loi contre le racisme, il devrait fournir à ses yes-men des versions dûment expurgées de Marx, sinon ils ris­que­raient d'enfreindre la loi qui porte son nom! Karl Marx était très fier, par exemple, d'appartenir à la culture alle­man­de, à l'appareil complexe de cette culture, mixte d'idéa­lisme, de kantisme, d'hegelianisme, de dialectique, de romantisme, etc. Je n'ai pas dit que Marx était fier d'ap­par­tenir aux aspects cucu de la culture allemande de son temps, au bric-à-brac Biedermeier, comme on disait à l'épo­que. Cette sous-culture, je le concède, il la vomissait. Ma position est analogue dans la Flandre d'aujourd'hui: qu'on ne me parle pas de cette fausse Flandre fabriquée par les cléricaux, où tous les Flamands seraient de pieux be­nêts bien chastes (vroom en kuis), humbles et souffrants sous les quolibets de leurs maîtres, décrits comme des per­vers impies. Mes modèles sont les Flamands combattants, entêtés, paillards, libertins, grands buveurs devant l'éter­nel, aventuriers et entreprenants.

 

Vous nous avez parlé de Léopold Flam. D'autres pro­fesseurs ont-ils influencé votre cheminement?

 

UD: Oui, sans doute avant tout Hubert Dethier. Ce phi­lo­sophe laïque s'inscrivait à ses débuts dans le filon de l'anti-humanisme français des années 60, qui entendait prendre le relais de Marx, quand il raillait, à la suite de Hegel, le culte des “belles âmes”. Dans le carnaval de la laïcité en Belgique, les dévots laïcards ont construit une vision tota­lement abstraite de l'homme, que critiquait Dethier, à la suite d'Althusser notamment. Mais Dethier est tombé dans le piège de la "nouvelle philosophie" des B. H. Lévy, des Glucksmann et consorts. Sa critique anti-humaniste a fait place à un mysticisme de Prisunic, où gargouillent tous les ingrédients de la vulgate dominante d'aujourd'hui. Je le dé­plo­re. Mais tant pis pour Dethier. Son anti-humanisme d'hier m'a aidé à me méfier des belles idées généreuses, qui ne camouflent généralement que du vide intellectuel ou des escroqueries véreuses. Hegel nous avait déjà averti, dans la dernière décennie du XVIIIième siècle, contre le cul­te des “belles âmes” (schöne Seelen). Ce culte est à la ba­se de toutes les abstractions morales ou éthiques qui veu­lent oblitérer la richesse infinie de l'homme vrai, de chair et de sang. Marx en riait. Je suis fidèle à son rire. Le formalisme philosophique de la VUB, mon université, a dé­bouché sur une triste philosophie de salon, un académisme infécond. Les pseudo-philosophes contemporains qui en sont issus et qui font des ravages dans les lycées et athé­nées se posent comme des "savants". Ils ne font que de la pa­raphrase, de la napraterij. Devant ce pandémonium, je me suis enfui à toutes jambes et j'ai abandonné mon poste de directeur de stages pour les professeurs de morale laï­que des athénées de la Région de Bruxelles.

 

Marxisme vulgaire et messianisme chez les trotskistes 

 

Parmi mes collègues, beaucoup venaient du trotskisme, ai­re idéologique où les militants, souvent, se sentent investis d'une mission, font montre d'une propension accentuée pour le messianisme. Ces personnages estimaient que leur mission était d'apporter aux masses, donc aux potaches, ce marxisme vulgaire (et non marxien!)  —justement celui qui épouvantait Flam—  afin qu'il devienne l'idéologie unique de la société, permettant ainsi de réaliser la parousie sur la terre. Mais, à l'analyse, leur internationalisme et leur pseu­do-solidarité sociale n'ont rien à voir avec Marx, avec son décryptage lucide des mécanismes du monde bourgeois. Le prêchi-prêcha internationaliste, on connaît. Tout le monde entonne la rengaine, y compris l'Eglise. C'est ainsi que la libre-pensée, sous la triple influence du marxisme vulgaire, du messianisme de nos trotskistes simplets et de la "nou­velle philosophie" des Lévy et consorts, est devenue un nou­veau cléricalisme. Il n'y a plus de différence fondamen­tale entre ce que nous racontent les curés et ce que nous se­rinent les libres penseurs. Tout est mêlé, mélangé dans une panade sans saveur.

 

Qu'entendez-vous, au fond, par “cléricalisme”? Chez vous, ce terme semble recouvrir davantage qu'une sim­ple critique de l'Eglise et de ses mécanismes de pouvoir et d'influence sur les esprits…

 

UD: Pour moi, la libre pensée, c'est tout à la fois le refus du paternalisme (d'être objet d'un paternalisme), de la tutelle (d'être mis sous tutelle), de la manipulation. C'est refuser que la population tout entière, ou une partie de la popu­la­tion, soit soumise à l'emprise d'une forme ou d'une autre de pa­ternalisme, de sollicitude artificielle, entraînant une dis­cri­mination, négative ou positive. Quand, en théorie, l'en­sem­ble de la population citoyenne (et par conséquent auto­ch­tone) a été émancipée des tutelles qui pesaient jadis sur elle, il a fallu inventer de nouvelles catégories d'“exclus”, à la fois afin d'avoir un prétexte pour relancer la dynamique de l'émancipation et de se donner un nouvel objet de pitié, d'apitoiement et de sollicitude, tous ingrédients dont les paternalistes désœuvrés ont un besoin pathologique. Cette nouvelle catégorie, ce sont les immigrés (et accessoirement les jeunes, les drogués, etc.). Les bourgeois à mauvaise cons­cience, les professionnels du paternalisme à tous crins et du charity business style dames patronnesses, ont trouvé dans ces strates plus récentes de nos populations urbaines de nouveaux objets de (fausse) sollicitude, qu'il faut choyer et paterner/materner, le cas échéant, en leur accordant des faveurs matérielles de toutes sortes, financées évidem­ment par le contribuable (cette fois sans discrimination).

 

Se venger des citoyens socialistes autochtones

 

On peut même avancer sans trop craindre de se tromper, que cette bourgeoisie, paternaliste en surface, égoïste dans le fond, qui a dû accorder des droits sociaux à nos pro­pres strates populaires et ouvrières, sous la pression des grèves et des mouvements syndicaux, cherche à se venger, consciemment ou inconsciemment, de notre peuple en ma­nipulant contre lui les catégories sociales issues de l'immi­gration (Il reste effectivement à faire la psychanalyse de cet engouement pro-immigrés, où les immigrés ont d'abord joué à leur insu le rôle de "jaunes", pour casser ou contour­ner les acquis sociaux des autochtones). Manipulation qui s'effectue par l'instrument de la "discrimination positive" (qui n'en reste pas moins une discrimination), par le chan­ta­ge moral, par l'exploitation du mal-vivre qu'engendrent la cohabitation de populations qui se connaissent mal et une intégration forcée qui ne se réalisera sans doute que lors­que les poules auront des dents, bien plantées dans de nou­velles maxillaires charnues, don providentiel de l'évolution (merci Darwin!).

 

Comment seront les dix prochaines années en Flandre à votre avis?

 

UD: Dans les dix prochaines années, l'emprise du néo-li­bé­ra­lisme se fera toujours plus pesante. Tout est déjà mar­ché. Et demain, ce sera encore pire. Notre société va bas­culer dans le consumérisme le plus forcené, entraînant l'ato­misation, l'aliénation absolue. Nous, militants identi­taires flamands, devront construire la réaction populaire contre ce désastre. Nous ne sommes pas la droite de l'ar­gent (du capitalisme), mais la droite des racines (celles que Camus et Flam ont découvertes dans la Provence du Lubé­ron, d'Henri Bosco et, pourquoi pas?, de Jean Giono). La droi­te des racines sera celle qui mènera en première ligne le combat contre l'aliénation. Elle devra clairement décla­rer la guerre au néo-libéralisme, idéologie de la globalisa­tion, donc de l'aliénation suprême. Certes, je suis conscient qu'en Flandre, aujourd'hui, le néo-libéralisme peut encore séduire: en apparence, il a réduit le taux de chômage; mais cette petite victoire, sans nul doute toute provisoire, n'ex­clut pas les très prochaines retombées tragiques de la glo­ba­lisation, dont l'immigration débridée et ses effets pervers ne sont qu'un aspect. Abattre les règles du protectionnisme me semble une aberration politique, car, quand les bar­rières régulatrices n'existent plus, nous tombons très vite dans la crise, au moindre choc conjoncturel.

 

Le libéralisme ne permet pas de réconcilier autochtones et immigrés

 

Le néo-libéralisme promet l'euphorie et la réconciliation en­tre les peuples; en bout de course, ce sera le contraire, l'affrontement, avec tout son cortège de tragédies. L'immi­gration, produit de la mondialisation en cours depuis plu­sieurs décennies, ne réconcilie pas les ouvriers autochtones et allochtones. Au contraire. On peut le déplorer, mais c'est ainsi: deux hommes issus de civilisations différentes se­ront les meilleurs amis du monde, si chacun possède un ter­ritoire, qu'il agence comme il l'entend, sur lequel il cons­truit la société de ses vœux, de ses aspirations pro­fondes ou perpétue celle de ses pères. Sur un même terri­toi­re, ces deux amis potentiels risquent de s'opposer, car leurs désirs se télescoperont et s'excluront mutuellement. Dans leurs usines, les ouvriers de chez nous parlent de leurs conquêtes féminines et de leurs libations. Difficile, dans ces deux domaines élémentaires, d'être sur la même lon­gueur d'onde avec un camarade issu d'une culture islami­que, où l'on ne parle pas des femmes de la même façon et où l'alcool est prohibé. Dans un tel contexte de mécom­pré­hension mutuelle, les hiatus se multiplient. Les uns et les au­tres se replient sur eux-mêmes. Le “sich-zu-Hause-Füh­len” disparaît du lieu de travail. Un puissant sentiment d'a­lié­nation naît. Et pas seulement à l'usine, sur le lieu du tra­vail. Aussi dans la rue. Psychologiquement, cette situation est très dure pour un large pourcentage de la population. Le sentiment d'insécurité en découle. Même les adversaires les plus acharnés de mon nouveau parti en conviendront, mais dissimuleront leur constat derrière un rideau d'hypo­cri­sies verbeuses, tenteront de maquiller la triste réalité que doivent vivre tant de nos contemporains.

 

Votre conclusion?

 

UD:  En dépit de tout, la lutte première à mener est la lut­te contre l'aliénation. Ce fut mon combat hier. C'est mon com­bat aujourd'hui. Ce sera mon combat demain.

 

(propos recueillis par Robert Steuckers).          

 

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vendredi, 11 avril 2008

R. Steuckers: intervention au colloque d'Eurorus

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Intervention de Robert Steuckers lors du colloque « Euro-Rus » de Termonde, 15 mars 2008

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers amis et camarades,

Rassurez-vous, je ne serai pas long et je ne répéterai pas, en d’autres termes, les arguments et les faits qui ont été évoqués par mes prédécesseurs à cette tribune. En guise de préambule, je répondrai toutefois à la question récurrente qui nous est si souvent posée, lorsque nous évoquons la possibilité et la nécessité d’un tandem euro-russe sur l’échiquier international. Cette question récurrente est la suivante : Comment cela se fait-il que vous adoptiez cette position favorable à la Russie, alors que, naguère, cette option a généralement été celle des gauches, tandis que vous passez pour les héritiers de la « révolution conservatrice » ? Cette question, que je n’hésite pas à qualifier d’inepte, reflète la confusion incapacitante qui a été sciemment mise dans la tête des Européens de l’Ouest pendant les quatre décennies de la Guerre Froide. Avant cette parenthèse et avant celle du pouvoir bolchevique à partir de 1917, la Russie était considérée comme le bastion de la ‘réaction’ contre les idées de la révolution française en Europe, c’est-à-dire contre les effets dissolvants de l’idéologie libérale, y compris dans sa version anglo-saxonne, smithienne et manchesterienne. Arthur Moeller van den Bruck, figure de proue de la révolution conservatrice allemande après le Traité de Versailles de 1919, traducteur de Dostoïevski et partisan d’une alliance germano-russe suite aux accords de Rapallo entre Rathenau et Tchitchérine (1922), avait écrit que le bolchevisme, en dépit de ses aspects déplaisants, incarnait la même attitude anti-libérale que la Russie tsariste et traditionnelle, mais sous d’autres oripeaux. Ces oripeaux ont été réduits en lambeaux au fil de sept décennies de communisme, jetés aux orties sans état d’âme, si bien que la Russie est redevenue aujourd’hui un bastion de résistance contre l’idéologie libérale de l’américanosphère.

Pour venir au vif du sujet de cet après-midi, abordons maintenant la question du Sud-Est européen. Jean Parvulesco, au beau milieu de la crise balkanique de 1999, me disait que les régions sud-orientales de l’Asie et de l’Europe étaient vitales pour le développement de ces deux continents. L’Indochine, où les principaux fleuves venus du cœur de l’Asie himalayenne viennent se jeter dans l’Océan Pacifique, et les Balkans, entre le cours inférieur du Danube et l’Egée, sont des territoires tremplins, permettant à la principale puissance centre-européenne, comme hier l’Empire d’Alexandre, l’Empire romain, l’Autriche puis l’Allemagne, de se projeter, militairement ou pacifiquement, vers le Proche-Orient, le Golfe Persique, l’Egypte (et le Nil), la Mer Rouge et l’Océan Indien. Pour Parvulesco, il n’y a pas de développement naturel et harmonieux de l’Europe sans une maîtrise pleine et complète de l’espace balkanique, comme il ne pourrait y avoir d’indépendance asiatique réelle sans une maîtrise pleine et complète des cours inférieurs des fleuves qui jaillissent du flanc oriental de l’Himalaya, pour se jeter dans le Pacifique face à l’archipel indonésien, riche en caoutchouc et en pétrole et anti-chambre de l’Australie. Dans son langage vert et rabelaisien, Parvulesco disait textuellement : « S’ils tiennent le sud-est, ils nous tiennent par les couilles ! ». L’histoire nous l’enseigne : il n’y a pas d’Europe puissante possible si des « raumfremde Mächte », des puissances étrangères à notre espace, occupent ou contrôlent, directement ou indirectement, l’ensemble balkanique.

L’Empire ottoman a tenu l’Europe en échec aussi longtemps qu’il a tenu les Balkans. Mais l’occupation ottomane a eu au moins un mérite : celui de donner un sens et un objectif à l’Europe combattante. De Jean Sans Peur, Duc de Bourgogne et Comte de Flandre, aux nationalistes balkaniques des guerres de 1912 et 1913, en passant par le Prince Eugène de Savoie-Carignan, l’Europe, à l’exception de la France, a ressenti comme un devoir de croisade et de reconquista la nécessité de bouter l’Ottoman hors de la péninsule balkanique.

L’Empire ottoman considérait la maîtrise des Balkans comme une étape en vue de conquérir l’Europe entière, à commencer par la « Pomme d’Or », Vienne, que ses armées assiègeront deux fois, en 1529 et en 1683. En vain. Le sursaut, in extremis, a été chaque fois admirable et nous ne sommes pas devenus turcs. L’objectif ottoman était de remonter le Danube, de Belgrade à Budapest et de Budapest à Vienne, puis, sans doute, de Vienne à Linz et au cœur de la Bavière pour faire tomber l’ensemble de l’Europe dans son escarcelle. Aujourd’hui les Etats-Unis installent leur principale base militaire sur le site même de la victoire ottomane de 1389, soit au Kosovo, à partir duquel les Turcs avaient commencé leur conquête de l’Europe.

Les Balkans sont donc un tremplin géostratégique de première importance depuis le Macédonien Alexandre le Grand, depuis les Romains dans leur marche vers l’Anatolie, corps territorial constitutif majeur de l’actuelle Turquie. Dans la perspective actuelle, qui est toujours celle du géopolitologue britannique Halford John Mackinder, théorisée en 1904, la maîtrise des Balkans permet la maîtrise de l’Anatolie, qui permet à son tour de maîtriser le Croissant Fertile et, partant, le Golfe Persique et la Mer Rouge et d’obtenir ainsi une fenêtre de premier ordre sur l’Océan Indien. La maîtrise des Balkans équivaut de ce fait à joindre solidement la « Terre du Milieu » à l’ « Océan du Milieu ». Cette volonté, qui est aussi celle de joindre l’Europe romano-germanique, la Russie néo-byzantine, la Perse et l’Inde, dans un sorte de « chaîne d’Empires » sur le « rimland » méridional de l’Eurasie, a été l’objectif de toutes les « grandes politiques » de l’histoire européenne : de César, qui le théorise avant de succomber sous les coups des Sénateurs romains aux Ides de Mars de 44 av. J. C., de Trajan qui le concrétise près de deux siècles après, de Julien dit l’Apostat qui ira mourir au combat en Mésopotamie, aux Croisades d’Urbain II et Godefroy de Bouillon à l’idée secrète de l’Ordre de la Toison d’Or créé par Philippe le Bon.

A la fin du 19ième siècle, les Européens, dont les Serbes, triomphent enfin de la présence ottomane en Europe orientale. Malheureusement, bien vite, les vainqueurs se déchireront entre eux, créant des animosités inter-européennes qui n’ont cessé de perdurer et qu’exploiteront habilement tous ceux qui voudront contrôler les Balkans, après 1914. Quant aux Turcs, ils essaieront toujours de revenir dans les Balkans, par le biais de l’OTAN, en soutenant les minorités musulmanes de Bulgarie, de Bosnie, d’Albanie et du Kosovo, en créant, comme on l’apprend, des réseaux de lycées turcs en Bosnie. C’était le rêve de Türgüt Özal, qui voulait faire émerger un pôle panturc de l’Adriatique à la Muraille de Chine. C’est le rêve d’Erdogan qui cherche à réaliser les mêmes objectifs mais cette fois par le biais d’un panislamisme dominé par la Turquie. Son discours récent, en février 2008, à Cologne, est très révélateur des intentions d’Ankara. Ne confondons toutefois pas le kémalisme et le pantouranisme. Le Général Mustafa Kemal, que les Turcs surnommeront affectueusement « Atatürk », le « Père de tous les Turcs », se voulait, au départ, sincèrement Européen, dans la mesure où il voulait imposer un mythe hittite à la Turquie défaite et dépecée, qu’il souhaitait par ailleurs désislamiser et désarabiser. Ce mythe hittite faisait explicitement référence à un peuple indo-européen, ayant vécu à la charnière de la proto-histoire et de l’histoire, venu d’Europe, via les Balkans, pour faire face à un environnement non européen en Anatolie et pour pousser sa puissance en direction du ‘dos’ du Croissant Fertile, aux confins septentrionaux de l’actuelle Syrie. De ce mythe, il reste, à Ankara, un impressionnant « Musée hittite », fondé par Atatürk lui-même. Outre ce musée, le mythe hittite de Mustafa Kemal n’a laissé aucune trace dans les projets politiques et géopolitiques de la Turquie contemporaine.

Le pantouranisme exalte une autre orientation géostratégique, si bien qu’on ne peut du tout le confondre avec le kémalisme. Dans le mythe pantouranien, l’Etat turc n’est pas posé comme l’héritier des Hittites qui avancent de l’Egée vers le Croissant Fertile mais l’héritier des hordes seldjoukides venues du fin fond de l’Asie pour s’élancer vers l’Egée, l’Adriatique et le Danube. Le pantouranisme prend forme, au niveau intellectuel, dès le début du 20ième siècle mais atteint son apogée pendant la seconde guerre mondiale, en 1942, quand une large fraction de l’élite politique et militaire turque croit à une victoire prochaine de l’Allemagne hitlérienne en Russie, victoire qui apportera, croit-elle, l’indépendance aux peuples turcophones de l’Asie centrale soviétique. Parmi les jeunes officiers séduits à l’époque par ce pantouranisme ou panturquisme, nous trouvons le futur leader MHP, le Colonel Türkes, dit le « Bazboug », le chef. Les pantouraniens, qui plaçaient leurs espoirs en une victoire allemande, seront jugés en 1945, quand la Turquie, qui avait senti le vent tourner, s’alignait sur les Etats-Unis. Jugement purement formel : quelques semaines après leurs lourdes condamnations, les panturquistes rentrèrent au foyer.

Les mythes hittite et pantouranien ne sont pas des vues de l’esprit, des coquetteries intellectuelles sans grande consistance. Elles reflètent des intentions politiques et stratégiques essentielles, suivies d’effets toujours bien concrets. Ainsi, dans ses multiples ouvrages, essais et articles, Zbigniew Brzezinski, grand stratégiste américain contemporain, auteur du livre programmatique « Le Grand Echiquier », cherche à mâtiner l’idéal pantouranien et un idéal « mongoliste », où il maintient en quelque sorte deux fers au feu : il utilisera le pantouranisme pour séduire les Turcs et détacher le cœur central de l’Asie de l’hégémonie russe, de le balkaniser et de le satelliser pour séparer la Russie de l’Iran et de l’Inde, où pour créer une unité éphémère, ‘gengiskhanide’, toujours remise en question de par sa mobilité incessante et de par les querelles d’héritage, une unité fragile, plutôt une instabilité chronique, qui aurait eu pour fonction de neutraliser les anciens empires de la région, à commencer par le persan ; mais dans cet espace, ce ne sera ni un étatisme ottoman ni un étatisme kémaliste qui devra avoir, in fine, le dessus, mais un « mongolisme », non pas tant animé par la sagesse de Gengis Khan, mais à la façon très négative de Tamerlan, fossoyeur de la Perse si fascinante des 12ième, 13ième et 14ième siècles. L’Asie centrale, faute d’être pleinement satellisable par les Etats-Unis, devra devenir un espace de chaos, un espace « tamerlanisé » ad infinitum, déstructuré faute d’être structuré par une idée impériale solide, visant la durée, la pérennité, à la romaine ou à la persane, à la Witte ou à la Stolypine. C’est une façon de réactualiser les stratégies d’un Richelieu et d’un Vauban, qui avaient cherché tous deux à ‘démembrer’ les frontières de leurs adversaires impériaux ou espagnols ou à plonger ‘les Allemagnes’ dans le chaos, entre une France stabilisée d’une main de fer par le nouvel absolutisme, après la Fronde et la répression des révoltes populaires, et son allié ottoman, bien campé sur le cours du Danube. Dans la perspective actuelle, il s’agit de plonger dans le chaos un vaste espace, correspondant peu ou prou au territoires dominés jadis par Gengis Khan, entre une Union Européenne stable mais ouverte et pénétrée sur le plan commercial et une Chine mise dans l’impossibilité de se trouver des alliés sur la masse continentale eurasienne et prête, dès lors, à accepter à terme une ouverture au commerce américain (projet bien concocté depuis 1848, quand la guerre du Mexique laissait prévoir le statut bi-océanique des Etats-Unis, pierre angulaire de leur puissance planétaire).

A cette imitation, mutatis mutandis, de la stratégie ‘démembrante’ de Richelieu par Brzezinski en Asie centrale correspond la stratégie américaine équivalente dans les Balkans, à l’époque du tandem Clinton/Albright, qui ont créé de toutes pièces les questions bosniaque et kosovare ; cette dernière rebondit aujourd’hui avec la proclamation unilatérale d’indépendance de Thaçi à Pristina. Le Kosovo est la région qui se trouve exactement au milieu de l’ouest de la péninsule balkanique, à l’ouest du massif des Monts Rhodope ; plus exactement de l’ensemble formé par l’Albanie, la Serbie et le Monténégro ; qui tient cette région, comme les Ottomans l’ont tenue, tient l’ensemble de la péninsule et contrôle les routes qui mènent à Belgrade et au Danube, via les vallées de l’Ibar (à Mitrovica) et de la Morava, plus à l’est. Exactement comme la puissance qui tient sous sa coupe la Bosnie tient, à terme, la côte adriatique, qu’elle surplombe, menace l’Italie et domine le cours de la Save qui mène aux frontières de l’Autriche et de la Vénétie. La stratégie américaine a donc réussi à créer, en pariant sur le fondamentalisme musulman et sur certains réseaux mafieux albanais, deux entités politiques hostiles à  -et en marge de-  leur environnement slave, grec et chrétien-orthodoxe, deux entités à la dévotion des Etats-Unis, de la Turquie et de leurs financiers saoudiens. L’atout stratégique qu’aurait pu constituer des Balkans unis est ainsi perdu pour l’Europe, avec, rappelons-le, la bénédiction d’une intelligentsia médiacratique (et médiocratique…) parisienne, qui, à l’époque de la crise bosniaque, professait un multiculturalisme irréaliste en faveur d’une Bosnie pluri-confessionnelle, posé comme le futur modèle incontournable de l’Europe entière ; en débitant ces discours, cette brochette d’intellos creux camouflait le fait, pourtant patent pour qui sait déchiffrer la ‘novlangue’ des fabriques d’opinion, qu’elle prenait ses ordres, en réalité, de Washington, pour briser, par matraquage médiatique, la solidarité spontanée pour la Serbie qui aurait animée la France.

Dans le Kosovo, la firme Halliburton, où Dick Cheney a de solides intérêts, a construit la plus grande base américaine d’Europe, ce qui confirme bien la volonté américaine de s’y maintenir pendant longtemps. L’objectif est de contrôler les oléoducs et gazoducs qui transitent ou transiteront dans la région ou à proximité, en provenance des rives de la Mer Noire et en direction de l’Adriatique, donc de l’Italie, Etat fondateur de la CEE, pour que gaz et pétrole soient distribués partout dans l’UE. La coopération euro-russe en matière énergétique serait ainsi soumise à une épée de Damoclès permanente. Le Kosovo se trouve légèrement en surplomb par rapport à la vallée de la Morava, entre la ville serbe de Nis et la capitale macédonienne Skopje, à mi-chemin entre Belgrade sur le Danube et Thessalonique sur l’Egée. Les vallées de la Morava (de Skopje à Belgrade) et de l’Axios (de Skopje à Thessalonique) forment donc la voie terrestre la plus courte entre le Danube et l’Egée, donc entre la Méditerranée orientale et l’Europe centrale. Cette zone est donc de la plus haute importance stratégique : une puissance planétaire se doit dès lors de la contrôler pour tenir ses éventuels concurrents en échec. L’enjeu consiste donc à contrôler les oléoducs et les gazoducs et cette ligne Belgrade-Thessalonique, comme le firent les Ottomans dans les siècles passés. Ce n’est pas un hasard s’ils ont évacué cette ligne au tout dernier moment : en 1912 quand ils avaient affaire et aux peuples balkaniques et à l’Italie. Le double contrôle de la ligne des oléoducs et gazoducs et de la ligne Belgrade-Thessalonique : tels sont donc les buts réels. Et c’est justement dans les Balkans, donc en Europe et contre l’Europe, que les Etats-Unis enregistrent aujourd’hui le meilleur succès dans leurs stratégies, avec des alliés musulmans, alors que l’islam combattant est présenté partout ailleurs comme l’ennemi de l’Occident américanisé. Les naïfs, y compris dans certains mouvements identitaires, croient benoîtement, que le Kosovo musulman ne peut en aucun cas être téléguidé par les services américains puisqu’il est tout simplement musulman, donc posé erronément comme allié aux auteurs réels ou présumés des attentats du 11 septembre 2001 à New York. C’est cette fable que croient et ânonnent les canules atlantistes, grand Béotiens en matière d’histoire, laquelle est effacée de leurs têtes, et en géographie, car apparemment aucun d’entre eux n’est capable de déchiffrer une simple carte physique d’école primaire, contrairement à leurs maîtres américains.

Ailleurs, les Etats-Unis ne rencontrent pas le même franc succès. Dans cette Asie centrale que Brzezinski voulait satelliser et ‘tamerlaniser’, Russes et Chinois, qui ont clairement perçu le danger, ont mis sur pied le « Groupe de Shanghai », alternative heureuse au chaos artificiel qu’avaient espéré et programmé les experts du Pentagone. Le « Groupe de Shanghai » est aujourd’hui la principale entrave à l’expansion planétaire des projets de Washington. Il rend caduque la volonté de Brzezinski de plonger cet espace, occupé par les ex-républiques soviétiques à majorité musulmane, dans un chaos à la Tamerlan.

Dans le Caucase, la tentative de former une série de sécessions en chaîne n’a pas entièrement réussi, comme dans les Balkans, même si le problème tchétchène est loin d’être résolu, reste un abcès purulent collé au flanc caucasien de l’espace géopolitique russe. Si le Kosovo se trouve au milieu d’une péninsule située entre l’Adriatique et la Mer Noire, la Tchétchénie se trouve, elle, au milieu d’un large isthme, forcément à double littoral, entre la Mer Noire et la Caspienne, où doivent logiquement passer les oléoducs et gazoducs amenant le brut des gisements de Bakou en Azerbaïdjan et des nouveaux champs de pétrole et de gaz du pourtour de la Caspienne. Le sécessionnisme tchétchène, lit-on dans la presse, a été animé, dès son éclosion, par des nationalistes locaux mais aussi par un djihadiste venu de Jordanie. Pourquoi de Jordanie ? Parce que dans ce pays arabe vit depuis un exode de Tchétchènes, fuyant l’avance des armées russes au 19ième siècle, une forte minorité de ceux-ci, dite « circassienne », ayant conquis bon nombre de postes importants dans l’armée et l’administration du royaume hachémite, ancien satellite britannique. Ce djihadiste arabisé n’a fait qu’un retour au pays de ses aïeux, pour aller y pratiquer les habituelles « guerres de base intensité » ou « stratégies lawrenciennes »   -notamment celle qui a donné naissance au Royaume de Transjordanie-   dans les zones pétrolifères que souhaitent contrôler les « Sept Sœurs », soit les grands consortiums britanniques ou américains des hydocarbures (sur l’apport démographique tchétchène, lire : Yo’av Karny, « De Kaukasus », Uitgeverij Atlas, Amsterdam/Antwerpen, 2003-2005).

En conclusion, les entités étatiques « indépendantes », que veulent imposer à la communauté internationale les puissances thalassocratiques, financières et pétrolières anglo-saxonnes, en pariant sur tribus dissidentes, mafias locales, sécessionnistes douteux, zélotes religieux, etc., ne sont pas acceptables dans la situation actuelle, surtout qu’elles concourent à installer des abcès de fixation musulmans, des enclaves islamisées, au cœur de territoires européens, avec, qui pis est, une dimension mafieuse et narco-trafiquante, pourtant dûment dénoncée par bon nombre d’institutions internationales. Ces enclaves musulmanes ne peuvent qu’aviver ou conforter le « choc des civilisations », annoncé dès 1993 par Samuel Huntington. Comme le soulignait récemment le Dr. Koenraad Elst dans les colonnes de « ‘t Pallieterke », le Kosovo n’est jamais qu’un instrument des Américains, qui, in fine, contrôlent tout le processus indépendantiste, et des Wahhabites saoudiens, qui visent une reconquista de toutes les terres qui furent, à un moment ou un autre de l’histoire, islamisées. Ni l’une ni l’autre de ces options ne vont dans le sens des intérêts de l’Europe.

La première étape d’une révolution métapolitique, qui ouvrirait les yeux des Européens afin qu’ils se rendent compte des manipulations médiatiques orchestrées depuis quantité d’officines d’Outre Atlantique (le « soft power »), serait de se doter d’une élite capable de lire des cartes et d’utiliser des atlas historiques (comme ceux de l’Ecossais Colin McEvedy). Cette lecture de carte, permettant de saisir d’un simple coup d’œil, les dynamiques de l’histoire, toujours récurrentes, a été l’un des objectifs de « Synergies Européennes ». J’invite tout un chacun à poursuivre ce travail, pour donner vigueur à toutes nos initiatives européistes et identitaires.

Robert Steuckers.  

 

00:23 Publié dans Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : géopolitique, histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Pourquoi les civilisations s'auto-détruisent-elles?

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Pourquoi les civilisations s'autodétruisent-elles?

(WHY CIVILIZATIONS SELF-DESTRUCT)

 

Analyse d'un livre écrit par Elmer Pendell,  édité aux Etats-U­nis en 1977.  Pour informations s’a­dres­ser à : Howard Al­len Enterprises, Inc., Box 76, Cape Canaveral FL 32920. Etats-Unis.

 

La partie du livre qui nous intéresse ici, est celle qui couvre strictement la thèse développée par l’auteur :  POURQUOI LES CIVILISATIONS S’AUTO-DÉTRUISENT. L’avant-dernier cha­­­pi­tre du livre traite des mesures préconisées pour cor­riger ce  phénomène d’auto-destruction aux Etats-Unis.  Com­me ce chapitre ne fait pas partie de l’argumentation sou­tenant la thèse, son contenu n’a pas été considéré ici.

 

L’auteur est présenté en ces termes : «Elmer Pendell, est un des experts en populations de premier plan; détenteur de la ‘’Purple Heart’’ et de la ‘’Distinguished Service Cross’’, il est diplômé B.S. de l’Université de l’Oregon, M.A. de l’Université de Chicago, L.L.B. de l’Université Geor­ge Washington, et Ph.D. à Cornell.

 

Le Dr. Pendell a enseigné aux Universités du Nevada, de l’Ar­kansas et de l’Oregon, ainsi qu’à l’Université de l’État de Jacksonville et à Cornell.  Durant toute sa vie, son inté­rêt s’est porté sur les taux de propagation humaine et de son influence sur l’environnement.  En qualité de co-auteur de Society Under Analysis, Population Roads to Peace or War  et,  Human Breeding and Survival, et auteur de Popu­lation on the Loose, The Next Civilization ainsi que Sex VERSUS Civilization, il a œuvré longtemps et brillamment pour trouver des solutions, aussi bien à court terme qu’à long terme, aux problèmes de population.

 

Dans ce dernier livre  —certainement le plus significatif—  le Dr. Pendell a consacré beaucoup d’efforts au problème dé­mographique crucial de notre temps: le déclin accéléré de nos institutions et de notre mode de vie, causé par le taux élevé de reproduction, de ceux qui devraient se re­pro­duire le moins.  Sa contribution sans doute la plus impor­tan­te à l’esprit moderne —une contribution qui ressort fortement dans ce volume— est le lien qu’il établit entre les pulsions sociales innées des individus, et la tolérance uni­verselle, étendue aux taux différentiels de naissances socialement intolérables».

 

* * *

 

Voici donc dans les grandes lignes, la thèse développée dans ce livre.  (Le texte ci-dessous pourrait être mis pres­que entièrement entre guillemets, car il reflète fidèle­ment le contenu de l’ouvrage.  Pour des raisons pratiques, cela n’a toutefois été fait que pour des citations spécifi­ques, et traduites de l’anglais.)

 

Ce qui est fascinant dans la marche des civilisations, c’est leur nature rythmique et cyclique.  Elles naissent, se dé­velop­pent, atteignent de hauts niveaux d’accomplissements et puis disparaissent. Le plus souvent sans grands sou­bre­sauts, mais comme atteints d’une grande torpeur.  Lord By­ron disait dans Childe Harold’s Pilgrimage : D’abord la Li­ber­té et puis la Gloire. Viennent ensuite la Richesse, le Vi­ce, la Corruption, et à la fin la Barbarie.

 

Des auteurs et historiens réputés ont donné des expli­ca­tions multiples, souvent complexes et hypothétiques sur la dis­parition des civilisations.  Les causes invoquées sont tou­jours d’ordre environnemental. C’est l’originalité de Pen­dell, d’avoir investigué le facteur hérédité.  Mais il reprend d’abord, l’opinion de quelques auteurs, historiens, ou cher­cheurs.

 

Voltaire: Lorsque les peuples s’amollissent ils invitent à leur conquête.

 

Louis Wallis:  (An Examination of Society)  La concen­tra­tion de la propriété foncière affecte défavorablement le sens moral.

 

Eric Fisher:  (The Passing of European Age)  Les vieilles cul­tu­res ne peuvent s’adapter aux nouvelles conditions.

 

Tom B. Jones : (Ancient Civilizations)  Comme en architec­ture ou tout autre domaine, l’achèvement d’un modèle con­duit à une seule orientation possible: vers le bas.

 

Et aussi :  Les matériaux bruts sont d’abord exportés, puis uti­lisés à l’intérieur, ensuite importés jusqu’à ce qu’on n’aie plus les moyens de se les procurer.

 

W.C. Lowdermilk : (Conquest of the Land Through Seven Thousand Years)  Lorsque l’agriculture échoue, la civilisa­tion échoue.

 

Brooks Adams : (The Law of Civilization and Decay)  La con­centration du pouvoir et de la prise de décisions blesse mortellement l’organisation sociale.

 

Willis J. Ballinger : (By Vote of the People)  Il partage l’o­pi­nion de B. Adams.

 

Oswald Spengler : (The decline of the West)  Les civilisa­tions sont comparées à un organisme qui évolue selon les quatre saisons.  Au printemps éclôt l’agriculture, lors­qu’arrive l’automne, les énergies sont largement consa­crées à la production industrielle, et à la construction d’im­men­ses vides culturels dénommés Villes Universelles.  En­sui­te vient l’hiver, et c’est la fin.

 

Carle Zimmerman : (Family and Civilization)  Lorsque les liens familiaux se relâchent, la civilisation tombe en déca­dence.

 

J.D. Unwin :  (Anthropologue social britannique) (Sex and Culture)  Pour une civilisation, des mœurs permissives se tra­duisent par une perte d'énergie et ses réalisations dimi­nuent.

 

Pendell traduit cela en ces termes: «Dans le contexte ac­tuel, cela veux dire que nos pulsions innées pour la recher­che de nourriture, sexe, attention, etc., peuvent être quel­que peu apaisées par un intérêt pour des réalisations so­ciales.  Cependant, lorsque ces ‘pulsions innées’ sont im­mé­diatement satisfaites, il ne reste plus d’envie, de dy­namisme pour les relations sociales».

 

Pour Unwin, lorsqu’une nation réussit, elle devient de plus en plus sexuellement permissive, avec pour résultat, la per­te de sa cohésion, de son élan et de sa détermination.  Il nous prévient aussi : «Aucune société et aucun groupe à l’in­térieur d’une société n’a jamais toléré la monogamie pen­dant longtemps.  Chaque société qui l’a adoptée, a soit aban­donné la monogamie, ou bien a constamment révisé sa méthode de régulation des relations entre les sexes; et au cours de cette révision —parfois semble-t-il sans intention consciente— l’opportunité sexuelle a été étendue».

 

Harold H. Smith dans une chronique du Saturday Review (8 janv. 1955), estime que la complexité et les connaissances croissantes ont un effet de ‘Tour de Babel’.  L’opinion de Smith est que : «Entre une multiplication des inventions et une structure qui se ‘pyramidalise’, l’individu est confronté à un étalage de problèmes de plus en plus complexes.  Sous les torrents d’informations qui lui tombent dessus, l’é­va­lua­tion de la signification de chaque élément devient de plus en plus superficielle.  Il en résulte que la personne ty­pi­que comprend de moins en moins les faits réels, tandis que l’idée qu’elle se fait du monde extérieur devient im­pressionniste et souvent chaotique».

 

Pour Nathaniel Weyl et Stephan Possony (The Geography of Intellect), la surpopulation a causé la disparition de certai­nes civilisations, particulièrement celles dépendant de l’ir­ri­gation. Le danger de surpopulation dans une région don­née avait également été reconnu par Guy Irving Burch et l’auteur dans Population Roads to Peace or War. W.B. Pit­kins dit qu’une vaste population freine les réalisations in­dividuelles.

 

Hérédité, génétique et chute des civilisations

 

Ce qui est curieux constate Pendell, c’est que nulle part n’est mentionné le facteur "hérédité", c’est que personne a­vant lui n’ait fait référence à la part jouée par la géné­tique humaine dans la chute des civilisations. Pendell ne pré­tend ni ne suggère, que la détérioration de l’hérédité constitue la seule et unique cause de la destruction des ci­vi­lisations.  Plusieurs causes —et celles citées ci-dessus en font partie— doivent être considérées. Parfois même, l’hé­ré­dité est tout à fait étrangère au désastre.  Il n’en demeu­re pas moins que, pour Pendell,  «chaque civilisation possè­de normalement un mécanisme intérieur d’auto-destruction qui assure que la moitié la moins capable de chaque géné­ration devient génitrice de plus de la moitié de la généra­tion suivante».  Et c’est à cela, c’est-à-dire à la submersion des classes les plus évoluées par une masse de gens intel­lectuellement moins avancés, qu’il faut attribuer la mort des civilisations, nonobstant l’existence ou non de nom­breux autres facteurs. Ce point de vue constitue l’idée cen­trale de ce livre.

 

A partir des premières civilisations connues, soit, la sumé­rien­ne, les phases successives de celle d’Égypte, de la Val­lée de l’Indus ainsi que celles de Babylone, d’Assyrie et de Perse, celles de la Chine, des Olmèques, des Mayas, Aztè­ques, Incas, jusqu’à celles de Grèce, de Rome, ou de l’Em­pire Britannique, ce que toutes ces civilisations ont en com­mun, dit-il c’est que: «les personnes de haute intel­ligence ont des intérêts tellement variés et intenses, absor­bant tellement de leur énergie, que cela limite le nombre de leurs enfants, et donc, réduit l’intelligence disponible pour le maintien de la civilisation.  Conséquemment, tandis que le segment le moins favorisé de la population prolifère, chaque civilisation dissipe le génie de ses organisateurs».

 

A propos de Rome par exemple, l’auteur cite Charles De­wing, expert en démographie qui écrivit: «Il y a quelque cho­se de régulier dans ces anciennes civilisations, le timing est remarquablement similaire... La cité en expansion atti­rait l’attention d’autres peuples qui n’avaient pas construit de cité; elle était perçue comme une montagne dans le dé­sert.  Plusieurs de ces peuples migraient vers la cité.  Étant donné que cette immigration persistait, bien sûr, les ta­lents qui établissaient la cité allaient bientôt être dilués et en­suite subordonnés... La civilisation de la cité devait bais­ser.  La chute allait donc être due à quelque chose de très ap­parenté à ce peu aimable mot: ‘dégénérescence’».

 

Sur l’effondrement de l’Empire Britannique, l’analyse du Dr. Robert Gayre, éditeur de Mankind Quarterly dans Rise and Fall of Nations : Genetic Impoverishment  est due à l’ef­fet que: «Pendant des siècles, le service d’outre-mer avait été dysgénique, puisque ses effets adverses avaient frappé de façon disproportionnée l’élite des nations for­mant le Royaume-Uni.  Ceci était particulièrement le cas à par­tir du dix-neuvième siècle... Au cours des multiples cam­pagnes menées, non seulement une génération était-elle virtuellement exterminée, mais cela s’est fait d’une fa­çon sélective, touchant le commandement dans toutes les classes».

 

Pour montrer l’importance de l’hérédité dans la désin­té­gra­tion  —mais aussi dans la naissance— des civilisations, le Dr. Pendell a cette belle image: «Quiconque essaie de com­prendre la naissance ou la chute des civilisations sans por­ter attention à l’évolution biologique, s’engage dans un la­by­­rinthe sans ‘indications ni épée’» (without a clue or a sword).

 

Réagir à l'intolérance des behavioristes

 

Pendell parle de l’existence d’un mécanisme génétique, d’a­bord créateur, et qui devient ensuite destructeur des ci­vi­li­sations.  Ce mécanisme, il le démonte pièce par pièce, et tous ses rouages sont scrutés un à un à la lumière des exi­gences de l’évolution du vivant. Cependant, il  reconnaît aussi que, si dans ce livre, l’emphase est mise sur l’hé­rédité, «il faut comprendre cela comme une réaction cons­tructive et nécessaire à l’intolérance des behavioristes qui ont presque réussi a rendre illégale l’étude scientifique de l’hérédité».

 

L’état d’une civilisation —disons sa mise au monde, sa crois­sance et aussi son déclin— dépend en grande partie de l’esprit des individus pense Pendell qui dit aussi: «la struc­ture de notre esprit est tout autant un produit de l’évolu­tion que nos os, glandes et muscles. L’esprit et le corps ont évolué ensemble et ils travaillent ensemble». Une gran­de par­tie du livre est justement consacrée au proces­sus évo­lutif, c’est-à-dire à savoir comment l’homme est devenu ce qu’il est, et plus particulièrement au point de vue de sa struc­ture mentale.

 

Ego et "appétit social"

 

C’est ainsi que nous apprenons comment il se fait que l’es­prit humain est divisé entre les motivations glorifiant l’ego d’une part, et les dispositions sociales que Pendell appelle aussi ‘l’appétit social’, d’autre part.  Chacune de ces moti­va­tions a été nécessaire pour la survie de notre espèce.  El­les sont d’ailleurs déjà présentes parmi de nombreuses es­pè­ces animales.

 

Concernant l’ego, Pendell développe très largement le con­cept de la conscience de soi, "siège de notre auto-importance.". Le niveau de conscience dépend de l’intel­ligence. La conscience consiste dit–il, à «organiser, orga­ni­ser, organiser».  Elle est héréditaire et une partie de sa tâ­che est accomplie par le subconscient.  La conscience et l’in­stinct semblent avoir été reliés dès les débuts de l’évo­lution  organique.  La perception de l’inconfort et de la dou­leur auraient déclenché ce que nous appelons aujour­d’hui l’instinct. Sans instinct, aucun organisme n’aurait sur­vécu. L’orientation auto-centrée engendre les quatre désirs suivants: désir de sécurité, désir de reconnaissance (con­sidération de la part des pairs), désir d’efficacité (besoin d’obtenir des résultats), et désir de domination. A propos de ce der­nier désir, Vance Packard (The Status Seekers) dit: «La stra­tification existe partout dans notre société».  Ce qui, re­connaît Pendell, n’est pas du tout conforme à la doc­trine éga­litaire américaine.

 

Enfin, on peut constater, «qu’en plus de veiller à nos be­soins égocentriques et corporels les plus immédiats, la cons­cience se limite pour certains à ce que toute leur at­ten­tion soit monopolisée strictement sur le déroulement de leur vie, tandis que pour la plupart, elle est de donner plus de sens à leur vie.’’

 

Les dispositions sociales elles, sont nées du besoin de com­pagnonnage et sont, elles aussi, héréditaires.  Les chances de survie individuelle sont fortement accrues par l’unité du groupe, surtout lorsque les conditions de vie sont difficiles, tandis que les sentiments altruistes aident à la survie du groupe.  Des standards de vie en groupe se sont développés durant 200 millions d’années, et des sentences de mort fu­rent appliquées par le groupe contre les individus qui dé­viaient trop du modèle admis par le groupe.  Ces dispo­si­tions sont profondément imprimées dans notre code gé­né­tique; elles étaient là depuis des millions d’années, et seuls ceux imprégnés de cet ‘appétit social’, devenu une part in­tégrale de la condition humaine, ont survécu.

 

La vie tribale avait été le berceau de l’appétit social.  Celui-ci, se limitait toutefois au groupe; une amitié éten­due à toute l’humanité n’aurait eu aucune valeur de survie pour des êtres qui évoluaient par groupes.  Comme l’intelli­gence allait croissant —de plus en plus de problèmes se trou­vant résolus— les hommes comprirent les avantages qu’il y avait à utiliser chacun aux tâches qui lui conve­naient le mieux, d’où la division du travail et autres prati­ques qui sont à la base d’une civilisation.  Dans une grande partie du monde, la civilisation mit ainsi un terme à la vie tri­bale.

 

La loi de la dynamique des populations

 

Le constat de Pendell, c’est que les peuplades tribales qui ont créé leur civilisation, ont su tirer profit de la cruelle et longue sélection naturelle. C’est au moment de la naissan­ce d’une civilisation, que l’efficacité générale est à son ma­xi­mum. Une fois la civilisation bien en place, le proces­sus évolutif faiblit, et il le fait dans la mesure où la civi­li­sation s’impose.  De la lecture du passé, Pendell tire que la détérioration accompagne la prolifération, c’est dit-il la ‘loi de la dynamique des populations’

 

Cette loi repose sur des constatations ayant trait au pro­ces­sus évolutif biologique d’une part, et aux instincts sociaux d’autre part.

 

Le point de vue biologique d’abord :

 

1. L’évolution tend à éliminer dans une proportion quelque peu plus grande, les individus inefficaces par rapport aux in­dividus efficaces.

2. Une augmentation considérable de la population humai­ne dans une région, annonce une application plus limitée du processus de séparation.  Cela est dû par exemple, à une amélioration de l’habitat ou de l’habillement, ou à de meilleures méthodes d’entreposage.

3. Lorsqu’un groupe prolifère, les survivants comprennent des individus situés plus bas dans l’échelle de l’efficacité.

4. Lorsque la croissance d’un groupe s’accélère soudaine­ment, cela se traduit par moins de mortalités par mille nais­sances que d’habitude, et donc, par moins de rejets (weeding out) que d’habitude.

5. Puisque les naissances sont normalement plus nom­breu­ses parmi la moitié la moins efficace de n’importe quel grou­pe spécifique, il y a une plus grande proportion de sur­vivants parmi la moitié la moins efficace lorsque le groupe augmente en nombre.

 

Selon les travaux de Robert Klark Graham (The Future of Man) cette loi de la dynamique des populations, était déjà à l’œuvre dans les temps préhistoriques.  Graham suggère que le point tournant dans l’évolution de l’espèce humaine se situe à l’époque des peuples Cro-Magnon. «Ce point tour­nant fondamental, c’est le moment où la sélection na­tu­relle fût affaiblie au point où les influences détério­rantes commencèrent à prédominer sur les influences amélioran­tes».  Il faut noter que contrairement au discours usuel, Gra­ham parle ici de l’espèce et non de l’individu.

 

La dynamique des populations vue sous l’angle cette fois des instincts sociaux se résume dit Pendell comme suit :

1. L’appétit social encourage la coopération.

2. La coopération peut être suffisamment élaborée et in­ten­se pour former une civilisation.

3. La division du travail cache l’importance ou l’inutilité d’in­dividus dans leurs rôles variés.

4. Certains individus ne possèdent pas la capacité de par­ti­ciper utilement au processus de production.

5. L’incapacité peut être physique et/ou mentale.

6. L’appétit social des capables permet aux incapables de bé­néficier du "produit national brut".

7. Lorsque la civilisation est jeune, le fardeau du partage n’est pas lourd

8. Ceux qui ont relativement peu d’intérêts et relativement peu de sentiments de responsabilité auront vraisemblable­ment un contrôle plus limité de leurs instincts, et auront donc une progéniture plus nombreuse.

9. Dans une civilisation en déclin, un taux de mortalité plus élevé des personnes capables constitue un type de désordre fonctionnel.

10. La prépondérance des moins compétents sur les plus com­pétents produira éventuellement des interférences avec les procédures et les processus fondamentaux de la ci­vi­lisation, jusqu’au point où celle-ci cessera de fonction­ner.

 

Un parallèle avec la seconde loi de la thermodynamique

 

Pendell observe —comme d’autres l’ont souvent fait dans l’étude des questions humaines— un intéressant parallèle entre la loi de la dynamique des populations et la seconde loi de la thermodynamique.  Cette dernière peut être énon­cée simplement en ces termes :

 

«Tout système isolé, et libre de le faire, passera toujours d’un état plus organisé à un état moins organisé, jusqu’à ce qu’il atteigne éventuellement et demeure dans l’état de dé­sordre maximum possible, qui est l’état d’équilibre ther­mique».

 

Or, la civilisation exprimée en termes de la deuxième loi de la thermodynamique est un système isolé dit Pendell.  Lors­que le processus évolutif échoue à maintenir le nécessaire niveau d’intelligence, le système passe d’un état de plus grande organisation à un état de moindre organisation, car les individus les moins intelligents forment une plus grande proportion de la population.

 

Appliquant cette thèse à la réalité historique, Pendell dé­crit brièvement plusieurs cultures en commençant par celle de Neandertal, puis celle de Cro-Magnon, qui toutes deux ont démontré des hauts niveaux d’intelligence a leur dé­but.  La prolifération de ces peuples fut accompagnée de leur détérioration.  A propos de ces peuples anciens, Ro­bert Klark Graham explique :  «Nous savons que la grosseur du cerveau et l’intelligence tendaient à augmenter sous l’ef­fet des conditions sévères de sélection naturelle impo­sées par la cueillette et la chasse.  Nous savons que cette aug­mentation cessa apparemment avec l’apparition de l’a­gri­culture mixte.  Il n’est pas difficile de voir pourquoi cela s’est passé ainsi, puisque la production de la nourriture per­mettait à des millions ayant de plus faibles cerveaux de survivre alors qu’ils ne se seraient pas qualifiés pour la sur­vie sous la sélection plus rigoureuse durant la phase chasse­resse».

 

Pendell considère que l’histoire des villes anciennes de Jar­mo dans le Nord de l’Irak, ou de Çatal Hüyük en Anatolie, re­présente en miniature la croissance et la chute d’une ci­vi­lisation. Une des plus anciennes civilisations connues fleu­ri voici plus de 8000 ans, dans cette ville très cultivée et très développée de Çatal.  Sa durée s’étendit sur 32 géné­rations, dont les dix dernières témoignent d’un manque de créativité, jusqu’à ce qu’elle disparaisse.  Çatal peut être con­sidérée dit-il, comme une application très ancienne du prin­cipe d’auto-destruction.  Un archéologue a dressé à lui seul, 66 villes et villages similaires à Çatal, en Anatolie seu­lement.  «Le fait que des douzaines voire des centaines —en tous cas beaucoup— de civilisations ont pris le même che­min de l’oubli devrait éveiller quelque suspicion sur le mo­dèle qu’elles ont suivi. La suspicion que, nous aussi, qui suivons la même route, puissions faire quelque chose d’er­ro­né, avec des conséquences mortelles».

 

Sommes-nous devenus les serviteurs des "faux-bourdons"?

 

Suit une description avec de nombreuses références, sur la si­tuation de l’éducation aux Etats-Unis.  La conclusion peut se résumer à l’opinion émise par le Dr. Max Rafferty, Doyen de l’École de l’Éducation de l’Université Troy State et ex Principal du Département de l’Éducation de Californie: «les examens standardisés présentés aux élèves des écoles pri­maires portent à soutenir la thèse selon laquelle les diffé­ren­tielles de naissance causent une détérioration du Q.I. na­tional».

 

Comme on pouvait s’y attendre, dit Pendell, toutes les théo­­ries avancées pour trouver les causes de ce déclin ont été relatives à l’environnement, mais dit-il, «ces capacités d’ap­prentissage en baisse pourraient faire partie d’une his­toire plus grande et plus tragique, dans laquelle la biologie joue un rôle dominant».  Il termine cette analyse de l’édu­ca­tion dans son pays par ces mots: «Il n’y a pas de forme plus mortelle d’auto-destruction que de forcer les éléments va­lables d’une civilisation à devenir les serviteurs des ‘faux-bourdons’ (drones)».

 

Le monde, dit plus loin le Dr.Pendell «a connu bien plus de civilisations que celles dévoilées par Arnold Toynbee dans A Study of History.  Si nous combinions nos nouvelles connais­sances au sujet du nombre de civilisations qui ont été ex­ter­minées, avec nos nouvelles connaissances au sujet de la mé­canique de détérioration génétique, peut-être pourrons-nous imaginer des mesures qui feront que notre propre civi­lisation ne suive le chemin pris par toutes celles passées».

 

* * *

Chapitres du livre :

1 L’individu sur la scène centrale.

2 Le legs de l’instinct.

3 L’appétit social.

4 La parole :  l’outil de la sociabilité.

5 Contraintes sur l’appétit social.

6 La mort – servante de la vie.

7 L’évolution à l’époque glaciaire.

8 L’appétit social versus l’évolution.

9 La chute des civilisations.

10 Le facteur héréditaire.

11 Le gaspillage du génie.

12 Le principe de l’auto-destruction à l’œuvre aux Etats-Unis.

13 Un cric pour la reproduction.

14 L’auteur rencontre ses commentateurs critiques.

 

(résumé de Vincent Andriessen).

 

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jeudi, 10 avril 2008

Quête spirituelle: au coeur du labyrinthe

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Christophe Levalois: «Au cœur du labyrinthe». Méditations sur la Quête spirituelle

 

Fort élégant et sobre, dans le sens traditionnel de ces ter­mes, tant par la présentation que par le choix de la typo­gra­phie, c'est un substantiel volume de poèmes que nous offre Christophe Levalois, qui a déjà publié plusieurs remarqua­bles études, traduites en plusieurs langues, sur différents as­pects des doctrines traditionnelles.

 

Retenons principalement: un petit ouvrage d'une rayonnante clarté sur le symbolisme du Pôle (Nord) (l), et l'origine my­thique d'une terre correspondante, dans les expressions du divin d'Orient ou d'Occident. Plusieurs études sur la royauté (2) dans son acception la plus élevée, une participation passionnante à une Enquête sur la Tradition aujourd'hui (3), un ouvrage capital par sa densité et sa concision sur la crise du monde moderne (4) à l'aune des principes des diverses formes du Sacré, et un volume sur les mythes et traditions du loup (5) où la rigueur de l'exposition des données histo­ri­ques ne le cède en rien à celui de la connaissance des cou­tumes, des légendes et des symboles de cet animal noble, so­lidaire et courageux qui, nous dit l'auteur, «servit de modè­le aux redoutables confréries guerrières indo-européennes».

 

Notre époque a bien du mal à apprécier la poésie, sans doute parce qu'elle a autant de difficulté à appréhender de façon orthodoxe l'intériorité des doctrines traditionnelles. Préférant leur substituer soit de laborieux exercices de lan­ga­ge, soit les fadaises du New Age . Rien de cela ici, et nous n'irons pas par quatre chemins pour dire ce que nous a­vons ressenti à la lecture méditative de ces pages magni­fi­ques où se mêle avec bonheur la moelle de l'authenticité du message au miel harmonieux du style et du choix des mots. Cette quête, telle un rayon solaire immanent à la Vérité, re­joint le centre du flamboiement et étincelle par les arabes­ques qu'elle tisse sur l'être et l'univers.

 

Questionnement du Sphinx

 

Précipitez-vous auprès de l'éditeur, car comme bien des re­cueils de poésie le tirage est limité, et nous ne saurions trop insister sur la belle et nue qualité de ces textes, qui vous feront entrer dans le prochain millénaire, un peu plus serein et avec, chevillé au cœur, la sensation d'avoir franchi com­me un pont sur l'invisible. Quatre parties, qui sont comme les balises du travail alchimique, respectivement intitulées, «I, Retournement, II, Mort et rectification, III, Cheminement, et IV, La lumière du cœur », l'ensemble couronné par une ou­verture ou un «portique», —à l'image du célèbre questionne­ment du Sphinx—, et des citations des plus beaux écrits de mystiques, pour entrer en douceur dans la quête spirituelle et au cœur de «ce» labyrinthe.

 

Comme l'avait écrit Frithjof Schuon dans un hommage au Shaykh Ahmad al-Alawî décédé: «Il arrive parfois, à notre é­poque où le doute et l'esprit utilitaire s'étendent en une cou­che uniforme toujours plus envahissante, que nous ayons des contacts avec des mondes dont la vie coule encore, sem­blables aux lourds fleuves d'Asie, selon des rythmes sé­culaires» (6). Le poème «L'Anneau d'or » par exemple, nous mets en relation immédiate avec ces mondes dont Schuon nous parle, tout en secouant l'acédie, le relâchement qui sans cesse nous guette, cf., «Naître une deuxième fois», «Re­composer dans l'harmonie», et appeler à notre vigilance autant qu'à notre sens du discernement entre l'Absolu de Dieu et la relativité de notre humaine condition. Or le rythme «sé­culaire» ou pérenne, est le lieu possible où se déploie la parole, levain de la langue parce que nativité du Réel inté­gral. Il y a ici une alternance des modes qui métamorphose le «métal» du mental dans l'or de la quête où se transfigure l'être profond.

 

Devenir un souffle

 

Pour franchir la porte —entre toute au cœur du labyrinthe— qua­trième et qui clôt (momentanément) le livre, une citation en provenance du Mahâbhârata: «Là nul n'était supérieur aux autres, tous avaient même luminosité (...)». Comment ac­quérir cette luminosité? Dans «Ici et là» l'auteur nous murmure qu'il faut: «Avoir des certitudes qui meurent, Et se renouvellent à chaque instant. Se débarrasser de l'être, Il finit par encombrer. Devenir un souffle».

 

Il n'est pas assuré, avec le nivellement du mode de vie mo­derne, que tous comprennent la signification d'une pareille sentence, comme nous l'enjoint le Mahâbhârata, et selon l'ex­pression miroitée et métaphorique de Christophe Leva­lois. Peut-être pourrait-on se risquer au commentaire sui­vant: c'est par leur participation originelle à la dimension pro­prement miraculeuse de l'existence que «les créatures, quel­les qu'elles soient, sont rigoureusement égales. L'existence, ou encore, comme dit Frithjof Schuon, la non-inexistance, con­stitue une différentielle radicale d'avec le néant. De ce point de vue, il n'y a pas de plus ou de moins» (7). Néan­moins, il est de la nature de l'homme de transcender l'œuvre au noir dont il est composé, et c'est ce que confirme le poè­me «Du visible à l'invisible », qui nous propose «d'Etre un pont», afin que «Rayonne un anneau d'or, (...) soigneuse­ment déposé, (...) [que] l'on ne regarde pas avec l'œil du premier corps» («L'Anneau d'Or»), [mais] «Par les ailes de l'es­prit, Où il n'y a finalement plus rien» («Du cœur de l'être»), et où l'on peut, «Rassembler le tout, Et le laisser. Pour un presque rien, Qui est plus que tout» («Rassembler ce qui est épars»).

 

Bien des sons et des accents de ces poèmes, gorgé de ma­gie polaire, de la tendresse simple et altière des sous-bois, nous ont rappelé le grand écrivain norvégien Tarjei Vesaas et son Palais de glace (8).

 

Ce petit volume étincelant, s'achève (ou s'ouvre à nouveau?) sur ce splendide extrait d'une des Odes mystiques de cet É­veillé qu'était Djalâl-od-Dîn Rûmî: «Quand tu auras trans­cendé la condition de l'homme, tu deviendras, sans nul dou­te, un ange. Alors, tu en auras fini avec la terre; ta demeure sera le ciel. Dépasse même la condition angélique; pénètre dans cet océan, afin que ta goutte d'eau puisse devenir une mer».

 

Supplément au n°4, de la revue Tradition, ce volume est à com­mander auprès du Cercle «SOL INVICTUS», c/o, M. Arnaud Guyot-Jeannin, 1 rue du Bois-de-Boulogne, F-92.200 Neuilly-sur-Seine, France. Prix: FF 60.- frais d'envoi en plus.

 

© Olivier DARD, Genève, décembre 1999.

 

(1)  Voir La Terre de lumière, le Nord et l'origine, Bordeaux, Éditions PCL, 1985.

(2) Entre autre, Symbolisme de la décapitation du roi, Éditions Guy Trédaniel, Paris, 1992; Principes immémoriaux de la royauté, Éditions Le Léopard d'Or, Paris, 1989.

(3) Publiée sous la direction d'Arnaud Guyot-Jeannin, Enquête sur La Tradition aujourd'hui, Éditions Guy Trédaniel, Paris, 1996.

(4) Les temps de confusion: essai sur la fin du monde moderne, Éditions Guy Trédaniel, Paris, 1991. Par ses citations extraites des meilleu­res sources, ce livre met utilement et avec une bienheureuse effica­cité les «pendules à l'heure», dans la perspective ouverte par Re­né Guénon, Julius Evola ou Ananda K. Coomaraswamy, en ce qui con­cerne toutes sortes de divagations et d'erreurs dans lesquelles sont tombées les sociétés occidentales depuis l'avènement de «l'Age som­bre» encore appelé Kali-Yuga par les Hindous.

(5) Le loup, mythes et traditions, Éditions Le Courrier du Livre, Paris, 1997.

(6) ...Rahimahu Allah («Qu'Allah lui soit miséricordieux!») in: revue Les Cahiers du Sud, août-septembre 1935.

(7) Jean Borella, «Logique du Non-Dualisme», page 20, in: Connais­sance des religions, Vol. III/n°4, mars 1988.

(8) Traduit du norvégien par Élisabeth Eydoux, introduction et chro­no­logie par Régis Boyer, Editions Garnier-Flammarion, n°423, Paris, 1985.  

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De Machiavel à Clausewitz

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L'art de la guerre de Machiavel à Clausewitz

 

Les Presses Universitaires de Namur ont publié un beau li­vre de Bruno Colson sur L'art de la guerre de Machiavel à Clau­sewitz. René Noël écrit dans sa préface: «Somptueuse est la galerie des traités, mémoires militaires, ouvrages de doc­trine de cette époque que les collections de la Biblio­thèque universitaire Moretus Plantin offrent à visiter. Ma­chia­vel l'ouvre avec éclat par le nombre et la qualité des édi­tions anciennes qui le représentent. Sa pensée tranche: la guerre compte dans les actes de gouvernement. Lui-mê­me n'en a pas fait profession, mais les quinze années qu'il a pas­­sées au service de la république de Florence l'ont con­vain­cu de sa nécessité pour qui commande un Etat. Sa lu­ci­di­té d'acier a fait le reste. Un prince  —terme générique et ap­proximatif—  veut durer? Il a besoin de clairvoyance et de for­ce: "Etre renard pour connaître les pièges et lion pour ef­frayer les loups". Parmi les moyens à sa disposition, la guerre, à condition de la réussir et, pour cela, de la con­duire "en bonne discipline". Ce qui exige un talent de chef et des qualifications acquises par l'expérience comme dans les hauts métiers  —les artes—  de Florence. La pratique ne suf­fit pas. Doit s'y ajouter l'étude des principes et de l'or­ga­ni­sation militaires: un "exercice de l'esprit" que seule as­su­re la lecture des anciens. A l'autre bout de la galerie, un Prus­sien du début du XIXe siècle, Clausewitz, déplace le point de vue. Ses références vont aux stratèges modernes et ses exemples proviennent surtout de l'histoire récente. Si la guerre doit rester "une continuation de la politique", elle se mène avec d'autres moyens, depuis que la Révo­lu­tion et Napoléon ont armé le peuple et l'ont jeté au combat en mobilisant des passions. Mais comment les "mouvements de pensée" qui devraient régir les conflits pourront-ils fonc­tionner désormais?» (P. MONTHÉLIE).

 

Bruno COLSON, L'art de la guerre de Machiavel à Clau­se­witz, Presses Universitaires de Namur (Rempart de la Vier­ge 8, B-5000 Namur), 1999, 280 pages abondamment illus­trées.

 

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mercredi, 09 avril 2008

A.Mohler, disciple de Sorel

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Dr. Karlheinz WEISSMANN:

Armin Mohler : disciple de Sorel et théoricien de la vie concrète

 

Le “mythe” ou la “peinture d'une bataille”, naît spontanément et exerce un effet mobilisateur sur les masses, leur insuffle une “foi” et les rend capables d'actes héroïques, fonde une nouvelle éthique: telles sont les pierres angulaires de la pensée de Georges Sorel (1847-1922). Ce théoricien po­liti­que, par ses articles et ses livres, publiés avant la première guerre mondiale, a exercé une influence dérangeante tant sur les socialistes que sur les nationalistes. Toutefois, son in­térêt pour le mythe et sa foi en une morale ascétique ont toujours été  —et restent encore malgré le temps qui pas­se— des pierres d'achoppement pour la gauche, dont il se revendiquait. On peut encore lire cette réticence dans les ou­vrages publiés sur Sorel à la fin des années 60. Tandis que certains courants de la nouvelle gauche se sont revendiqués expressément de Sorel et considéraient que son apologie de l'action directe et ses conceptions anarchisantes réclamant l'avènement de petites communautés de “producteurs libres” étaient des anticipations de leurs propres visions, la majorité des groupes de gauche ne voyait en Sorel qu'une tête folle se réclamant de Marx à mauvais escient et apportant à la gau­che dans son ensemble plus de déboires que de bien­faits. Jean-Paul Sartre, évidemment, se comptait ainsi parmi les adversaires de Sorel, leur apportant la caution de sa no­to­riété et donnant ipso facto du poids à leurs arguments.

 

Lorsque Armin Mohler, entièrement en dehors des débats agitant les gauches, a affiché son grand intérêt  pour l'œuvre de Sorel, ce n'est pas parce qu'il voyait en lui le “prophète des poseurs de bombes” (Ernst Wilhelm Eschmann), ni par­ce qu'il croyait, comme Sorel l'espérait dans le contexte de son époque, que le prolétariat détenait une force de régéné­ration ni parce qu'il estimait que cette vision messianique du prolétariat avait encore une quelconque activité. Pour Moh­ler, Sorel était un exemple à méditer dans la lutte contre les effets et les vecteurs de la décadence. Mohler voulait utiliser le “pessimisme puissant” de Sorel contre un “pessimisme fai­ble”, répandu dans les rangs de la bourgeoisie.

 

Très tôt, Mohler a critiqué la “conception jardinière du con­ser­vatisme”. En relisant Sorel, il a compris qu'il est parfai­te­ment  absurde de vouloir tout “conserver”, alors que les si­tua­tions ont partout changé. La droite intellectuelle ne doit pas se contenter de prêcher simplement le bon sens contre les excès d'une certaine gauche, ni de prêcher les Lumières aux partisans de l'idéologie des Lumières; non, elle doit se mon­trer capable de forger elle-même sa propre idéologie, de comprendre les procès de décadence qui se déploient en son propre sein, et de s'en débarrasser, avant d'ouvrir véri­ta­blement la voie à une traduction concrète de ses propres po­sitions.

 

Une aversion commune contre les excès de l'éthique de la conviction

 

Quand Mohler croque son premier portrait de Sorel dans les colonnes de la revue Criticón en 1973, il écrit sans ambi­guïtés que les conservateurs allemands devraient prendre ce Français hors du commun comme modèle pour organiser la résistance contre la “désorganisation par l'idéalisme”. Moh­ler partageait l'aversion de Sorel contre les excès de l'é­thique de la conviction. On a vu celle-ci exercer ses ravages dans la France des années 1890 à 1910, avec le triomphe des Dreyfusards et l'incompréhension des Radicaux pour les véritables fondements de la Cité et du Bien Commun; on l'a vue aussi à la fin des années 60 dans la République Fé­dé­ra­le, lors de la grande fièvre “émancipatrice”, assortie de la vo­lon­té de jeter bas tout continuum historique en criminalisant systématiquement le passé allemand, toutes tares qui ont également touché le “centre” de l'échiquier politique.

 

Outre ces nécessités du moment, Mohler avait d'autres rai­sons, plus essentielles, pour redécouvrir Sorel. L'anti-libéra­lis­me et le décisionnisme de Sorel avaient impressionné Mohler, plus encore que l'absence de clarté qu'on reproche à la pensée sorélienne. Mohler pensait au contraire que cet­te absence de clarté était le reflet exact des choses elles-mê­mes, ce qui n'est jamais le cas, finalement, quand on use d'une langue trop descriptive et trop analysante. Surtout “quand il s'agit de saisir des éléments ou des évènements très divergents les uns des autres ou de capter des courants contraires, souterrains et porteurs”. Sorel a formulé pour la première fois une idée qui ne se laisse que très difficilement conceptualiser: les pulsions de l'homme, surtout les plus no­bles, ne s'expliquent que difficilement, car les solutions con­ceptuelles toutes faites et toutes proprettes, que l'on propose généralement, faillissent dans leur application; les modèles explicatifs du monde, qui ont la prétention d'être absolument complets, ne poussent pas les hommes en avant, mais, au contraire, ont un effet paralysant.

 

Ernst Jünger, disciple allemand de Georges Sorel

 

Mohler s'est également senti attiré par le style de la pensée de Sorel, par la puissance associative de ses explications. Il était aussi convaincu que ce style était inséparable de la “chose” mentionnée. Il a tenté de définir cette pensée soré­lien­ne avec plus de précision à l'aide de concepts comme la “construction organique” ou le “réalisme héroïque”. Ces deux nouveaux concepts révèlent l'influence d'Ernst Jünger que Mohler compte parmi les “disciples allemands” de Sorel. Chez Sorel, Mohler a retrouvé ce qu'il avait antérieurement découvert chez le Jünger des manifestes nationalistes et de la première version du Cœur aventureux: la détermination à surmonter les pertes endurées et, en même temps, à oser quelque chose de nouveau, à faire confiance à la force de la décision créatrice et de la volonté de donner forme à l'in­for­mel, contrairement aux utopies des gauches. Dans un tel é­tat d'esprit, en dépit de l'enthousiasme débordant des ac­teurs, ceux-ci restent conscients des conditions spatio-tem­po­relles concrètes et opposent à l'informel ce que leur créa­tivité a formé.

 

L'“affect nominaliste”

 

Ce qui agissait en filigrane, tant chez Sorel que chez Jünger, Mohler l'a appelé l'“affect nominaliste”, c'est-à-dire l'hostilité à toutes les “généralités”, à tout cet universalisme de quatre sous, qui veut toujours être récompensé pour ses bonnes in­tentions, l'hostilité à toutes les rhétoriques ampoulées et am­phi­gouriques, qui n'ont plus rien à voir avec la réalité concrè­te. C'est donc l'“affect nominaliste” qui a éveillé l'intérêt de Mohler pour Sorel. Jamais plus Mohler n'a cessé de se pré­oc­cuper des théories et des idées de Sorel.

 

En 1975, Mohler fait paraître un petit ouvrage bref, considéré comme une “bio-bibliographie” de Sorel, mais contenant aus­si un court essai sur le théoricien socialiste français. Moh­ler a utilisé l'édition d'un fin volume dans une collection pri­vée de la Fondation Siemens, consacré à Sorel et dû à la plu­me de Julien Freund, pour faire paraître ces trente pages (im­primées de manière si serrée qu'elles sont difficiles à lire!), présentant pour la première fois au public allemand une liste quasi complète des écrits de Sorel et de la litté­ra­ture secondaire qui lui est consacrée. A cette liste s'ajoutait une esquisse de sa vie et de sa pensée.

 

Dans ce texte, Mohler  a d'abord voulu présenter un synop­sis des phases successives de l'évolution intellectuelle et po­litique de Sorel, pour pouvoir bien mettre en exergue la po­sition idéologique excentrée de cet auteur. Ce texte avait été conçu à l'origine pour devenir une monographie de Sorel, où Moh­ler aurait mis en forme l'énorme documentation qu'il avait rassemblée et travaillée. Malheureusement, il n'a ja­mais pu terminer ce travail. Finalement, Mohler s'est décidé à couler le résultat de ses investigations dans un essai as­sez complet, qui est paru en trois parties dans les colonnes de Criticón en 1997. Les résultats de l'analyse mohlérienne peuvent se résumer en cinq points.

 

Une nouvelle culture qui n'est ni de droite ni de gauche

 

◊ Quand on parle de Sorel comme d'un des pères fonda­teurs de la Révolution conservatrice, on reconnaît son rôle de premier plan dans la genèse de ce mouvement intellec­tuel, qui, comme son nom l'indique clairement, n'est “ni de droi­te ni de gauche”, mais tente de forger une “nouvelle cul­ture”, qui prendra la place des idéologèmes usés et galvau­dés du 19ième siècle. Par ses origines, ce mouvement révolu­tionnaire-conservateur est essentiellement intellectuel: il ne peut pas être compris comme rejetant simplement le libéra­lis­me et l'idéologie des Lumières.

 

◊ En principe, on considère que les fascismes romans ou le national-socialisme allemand  ont tenté de réaliser ce con­cept, mais ces idéologies sont des hérésies, qui omettent de prendre en considération l'un des aspects les plus fonda­men­taux de la “Révolution conservatrice”:  la réticence à l'en­droit des idées qui évoquent la bonté naturelle de l'hom­me ou croient en la “faisabilité” du monde. Cette réticence de la RC est un héritage provenant du vieux fond de la droite clas­sique.

 

◊ La fonction de Sorel était en première instance une fonc­tion catalytique, mais, dans sa pensée, on retrouve tout ce qui a été travaillé ultérieurement dans les diverses familles de pensée de la RC: le mépris pour la “petite science” et la valorisation extrême des pulsions irrationnelles de l'homme, le scepticisme à l'égard de toute abstraction et l'enthou­sias­me pour la concrétude, la conscience qu'il n'existe rien d'i­dyl­lique, le goût de la décision, la conception que toute vie pai­sible ne vaut rien et le besoin de “monumentalité”.

 

Il n'y a pas de “sens” qui existe par lui-même

 

◊ Dans ce même ordre d'idées, nous trouvons aussi cette con­viction  que l'existence est dépourvue de sens (sinnlos) ou, mieux: la conviction qu'il est impossible de reconnaître avec certitude le sens de l'existence. De cette conviction dé­cou­le l'idée qu'on ne fait jamais que “trouver” le sens de l'existence en le forgeant graduellement soi-même, sous la pression des circonstances et des aléas de la vie ou de l'histoire, et qu'on ne le “découvre” pas comme s'il était tou­jours déjà là, caché derrière l'écran des phénomènes ou des épiphénomènes. Dès lors, le sens n'existe pas par lui-même, car seules quelques rares et fortes personnalités sont capa­bles de le fonder, et seulement à de rares époques charniè­res de l'histoire. Le “mythe”, lui, constitue toujours le noyau central d'une culture et la compénètre entièrement.

 

◊ Tout dépend finalement de la conception que Sorel se fait de la décadence  —et tous les courants de la droite, aussi différents soient-ils les uns des autres, en ont unanimement conscience—  conception qui diffère des modèles habituels, qui sont l'idée d'entropie ou celle de la cyclicité du temps, la doctrine classique de la succession constitutionnelle ou l'af­firmation du déclin organique de toute culture. Dans Les illu­sions du progrès, Sorel affirme: “C'est de la charlatanerie ou de la naïveté de parler d'un déterminisme historique”. La décadence équivaut toujours à la déperdition de la struc­tu­ration intérieure, à l'abandon de toute volonté de régénéra­tion. Sans aucun doute, la présentation de Sorel, que nous a donnée Mohler, a été rendue plus mordante par son esprit cri­tique.

 

Une théorie de la vie concrète immédiate

 

Pourtant, des pans entiers de la pensée sorélienne n'ont ja­mais intéressé Mohler. Notamment les lacunes de la pensée so­rélienne, pourtant patents, surtout quand il s'est agi de définir les processus qui auraient dû animer la nouvelle so­cié­té prolétarienne portée par le “mythe”. Mohler a égale­ment omis d'investiguer la plurivocité de bon nombre de con­cepts utilisés par Sorel. Mais Mohler a découvert chez Sorel des idées qui l'avaient lui-même préoccupé: on ne peut donc pas nier le parallèle entre les deux auteurs. Les affinités in­tel­lectuelles existent  entre les deux hommes, car Mohler com­me Sorel, ont cherché “une théorie de la vie concrète im­médiate” (pour reprendre les mots de Carl Schmitt).

 

Dr. Karlheinz WEISSMANN.

(article tiré de Junge Freiheit, n°15/2000; http://www.jungefreiheit.de ;  Le Dr. Weissmann est historien et directeur des études dans un ly­cée. Le texte ci-dessus est une version abrégée d'une étude qu'il fera pa­raître ce prochain automne dans le volume d'Armin Mohler, Georges Sorel. Perspektiven, Ed. Antaios, Frankfurt a. M.).

 

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USA et Afro-Maghrébins de France

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NOVOPRESS - C’est un fait nouveau, mais d’autant plus inquiétant pour les européens de souche : les Etats-Unis cherchent à former et à tisser des liens avec les “futurs leaders noirs et arabes “en Europe et particulièrement en France. Cette information a été rapportée par le journal Suisse “L’Hebdo” et mis en ligne sur le site très politiquement correct Bondy Blog.

Le gouvernement des Etats-Unis cherche à tisser depuis quelques années des “liens étroits avec les minorités musulmanes en Europe”. (…) Chaque ambassade américaine sur le Vieux Continent compte au moins un collaborateur dévolu à cette mission.“La France, avec un pourcentage de sa population estimée à 10 % de confession qui se déclare musulmane (voire 30 % chez les moins de 15 ans), retient l’attention du département d’Etat de Condoleezza Rice. Le responsable du programme créé en 2005, Dan Fried, directeur des Affaires européennes au Département d’Etat, a profité de la visite de Nicolas Sarközy aux USA en novembre dernier, pour rencontrer une délégation essentiellement composée de maghrébins et de noirs de France à l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Parmi les présents, Ali Laïdi, spécialiste du renseignement économique et du terrorisme islamique à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), Saïd Branine, responsable du site Internet musulman oumma.com, Hervé Mbouguen, également animateur d’un site Web, grioo.com, dédié aux Noirs, Fayçal Douhane, du conseil national du Parti socialiste, en charge des questions de diversité et un membre du BondyBlog.

Le but est clair, comme le confie James L. Bullock, ministre conseiller aux Affaires publiques de l’ambassade américaine, “c’est notre intérêt que ça se passe bien ici. Nous voulons aider les Français à trouver une voie paisible pour leurs minorités “. L’ambassade américaine à Paris n’a pas attendu les émeutes de 2005 pour approcher les minorités françaises. Selon le journal suisse l’Hebod,” il y a trois ans et demi, le cap a été mis sur la banlieue, avec l’envie de « comprendre »“. Comme le confirme Laura Berg, attachée culturelle de l’ambassade des Etats-Unis, au journaliste de l’Hebdo, l’ambassade des USA dispose d’un budget annuel pour aider des projets culturels ou sociaux menés dans les banlieues françaises avec la bienveillance du gouvernement français. L’ambassade a ainsi apporté un soutien financier au Festival Blues sur Seine de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. Laura Berg préfère taire les noms des associations aidées par les Etats-Unis, certaines œuvrant au dialogue judéo-musulman.

L’Amérique ne se contente pas d’aller dans les banlieues françaises. Elle invite aussi des acteurs de la diversité à se rendre chez elle. En trois ans, une cinquantaine d’entre eux, conviés par le Département d’Etat, ont eu droit à cette forme de reconnaissance. Cette année, Fayçal Douhane, Amirouche Laïdi, le président du Club Averroes qui milite pour la diversité dans les médias, et Stéphane Pocrain, ex-porte-parole des Verts, s’y sont rendus. Ali Laïdi, frère d’Amirouche, en revient. En avril 2008, Mohamed Hamidi, du Bondy Blog, et Karim Zéribi, homme politique et responsable associatif de Marseille, y effectueront un voyage de trois semaines. De même que Patrick Lozès, le président du CRAN (Conseil représentatif des associations noires), un groupe de pression mis en relation avec son grand frère américain, le NAACP, grâce aux bons soins de l’ambassade US à Paris.

Cette ouverture vers les futurs leaders africains de la France, du fait de la substitution de population que connait l’Hexagone, est un condensé de la politique américaine : objectifs économiques, protection de ses intérêts et messianisme religieux. Comme le confiera Laura Berg, attachée culturelle de l’ambassade des Etats-Unis, au journaliste suisse de l’Hebdo : “Nous les juifs, dit-elle en parlant aussi de Dan Fried, avons le devoir, durant notre passage sur terre, de rendre le monde meilleur. Il est absurde de penser que les juifs, qui sont eux-mêmes une minorité, veulent écraser les autres minorités. Je suis mariée à un Tunisien musulman. Je crois qu’il y a de l’altruisme dans le gouvernement américain. Mais cela ne veut pas dire que nous prenions toujours les bonnes décisions. En France, nous voulons promouvoir une vision positive de la diversité.”

[cc] Novopress.info, 2006, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine [http://lyon.novopress.info/]

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mardi, 08 avril 2008

Andreas Mölzer: Keine Gegenseitigkeit !

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Andreas MÖLZER:
Keine Gegenseitigkeit

Hier werden Minaretten gebaut, dort Christen verfolgt

Während die hierzulande lebenden Moslems immer lauter den Bau von Minaretten fordern, werden Christen in der islamischen Welt oftmals als Menschen zweiter Klasse behandelt, wie das Beispiel der Türkei zeigt. So ist den Christen, insbesondere den Katholiken, die Abhaltung von Gottesdiensten nur in Privathäusern oder ehemaligen Industrieanlagen möglich, und immer wieder kommt zu Angriffen auf Geistliche. Doch die Europäische Union, die dieses außereuropäische Land offenbar um jeden Preis aufnehmen will, schweigt zu dieser krassen Mißachtung grundlegender Menschenrechte.

Wenn Ankara in der Frage der freien Religionsausübung ein positives Zeichen will, dann ist Ministerpräsident Erdogan gut beraten, der Bitte des Kölner Kardinals Meisner nachzukommen und den Bau einer Kirche in Tarsus, der Geburtsstadt des Apostels Paulus, zu unterstützen. Daß die Türkei die Errichtung von Kirchen – die nicht notwendigerweise einen Turm haben, aber doch nach außen hin als christliche Gotteshäuser erkennbar sein müssen – zuläßt, ist das mindeste, was von diesem Land zu verlangen ist. Schließlich war die heutige Türkei als Teil des Byzantinischen Reiches rund 1500 Jahre lang christlich gewesen und erst die osmanischen Eroberungen verbreiteten den Islam in Kleinasien.

Ein besonderes Problem bei der Errichtung religiöser Bauten ist die fehlende Gegenseitigkeit in Europa und der islamischen Welt. Während dem politisch korrekten Polit-Establishment die Errichtung von Moscheen mit Minaretten nicht schnell genug gehen kann – schließlich müsse die religiöse und kulturelle Vielfalt ja „im öffentlichen Raum sichtbar werden“ – verhält es sich in den islamisch dominierten Ländern genau umgekehrt. Hier wird der Bau von Kirchen strikt unterbunden, und jene Christen, die sich offen zu ihrer Religion bekennen, sind in vielen Fällen ihres Lebens nicht mehr sicher.

Wenn nun Kardinal Schönborn fragt, wo beim Bau von Minaretten das Problem sei, dann ist ihm als Katholik zu antworten: Das Problem ist die falsch verstandene Toleranz mancher Kirchenfürsten gegenüber dem Islam. Im Gegensatz zu Schönborns Aussagen sind die klaren und mutigen Worte des Vorarlberger Bischofs Elmar Fischer begrüßenswert. Wenn dieser Kirchenmann Moscheen mit Minaretten als Provokation und als krasse Gefährdung des sozialen Friedens bezeichnet, dann ist das ein Zeichen von Weitblick, allzumal die Moslems in Österreich bekanntlich keine autochthone Minderheit sind.

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Maroc: paradis artificiel?

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Christian MAROT:

Le Maroc : un paradis artificiel ?

 

Le Maroc dispose de deux “ vaches à lait ”, la drogue et les émigrés, lesquels rapatrient au pays une partie des devises gagnées en Europe. Ce sont ses deux principales ressources.

 

Chiffres… hallucinants

 

En ce qui concerne la drogue, les chiffres sont, sans mauvais jeu de mots, hallucinants ! Qu’on en juge : Le Maroc est le premier exportateur mondial de haschisch, le premier fournisseur de cannabis du marché européen. Les surfaces consacrées à la production de cannabis ont été multipliées par 6 en dix ans. Le kilo de haschisch acquis 200 $ au producteur est revendu sur le marché européen 13 000 $, si ce n’est davantage. Sachant qu’un hectare produit 60 kg de haschisch, et que dans le Rif, et principalement dans la vallée de Ketama, au moins 80 000 ha sont dévolus à la culture du cannabis, il  est facile de calculer que le rapport total est de l’ordre, au moins, de 62 milliards de dollars ! En fait, c’est très probablement davantage. Plus d’un million de Marocains, au pays ou en Europe, vivent grâce à la drogue ; au pays, ce sont plus de 200 000 personnes qui se partagent près d’un milliard de dollars, ce qui leur procure en moyenne à chacun un revenu annuel de l’ordre de 5 000 $, alors qu’en 1997, le PNB par habitant n’était, en moyenne, que de 1241 $ ! Et il n’est question ici que du seul cannabis. Nous verrons plus loin que le Maroc ne dédaigne pas d’autres substances, comme l’héroïne et la cocaïne. On peut dire que le Maroc est la plaque tournante des trafics de drogues à destination de l’Europe. Près des deux tiers du cannabis, et, globalement, 50%, de la drogue, consommés en Europe ont été produits ou ont transité par le Maroc. Ces chiffres découlent de ceux fournis par les Douanes, en fonction de l’origine des cargaisons de drogue saisies par leurs services.

 

On pourrait imaginer, compte tenu des problèmes de santé publique causés par la drogue, que les pays européens, réagissent vigoureusement, et exercent sur le Maroc de fortes pressions. En fait, en la matière, la politique européenne à l’égard du Maroc se limite à des aides financières pour promouvoir les cultures de substitution, qui, bien que très importantes en absolu, sont en fait dérisoires par rapport à l’amplitude du marché. 

 

L’Europe contre la drogue ?

 

Je place ici un point d’interrogation car on peut se poser certaines questions quant à la volonté des pays européens de vraiment lutter contre la drogue. Il n’est question que de dépénaliser, de libéraliser, de tolérer. Seule de tous les pays européens, la France semble se montrer plus ferme, mais nous verrons plus loin que les motifs de cette attitude sont moins honnêtes qu’il n’y paraît ! Aux Pays-Bas, le commerce et la consommation de haschisch sont légalement encadrés, sans que cela n’ait d’effets particulièrement positifs sur le trafic et le cortège de délinquances diverses qu’il entraîne, d’une part, ni sur la toxicomanie, avec les conséquences individuelles et sociales néfastes d’une telle pratique, d’autre part. En Belgique, les directives gouvernementales sont assez floues pour que la possession et la consommation de cannabis demeurent, en pratique, à l’abri de toute répression  Cette démission généralisée de nos gouvernements n’est pas acceptable.

 

En effet, bien qu’il ne soit pas dans le sujet de cet article de détailler tous les inconvénients de la consommation fréquente et, a fortiori, habituelle, de cannabis sous ses différentes formes, il nous semble quand même utile der rappeler les effets dévastateurs des drogues, y compris de celles abusivement dites “ douces ” comme celles provenant du cannabis. On sait en effet que la consommation de ce produit provoque des troubles sexuels, nuit à la fécondité, entraîne la naissance d’enfants d’un poids inférieur à la normale chez les femmes qui s’y adonnent ; par ailleurs, le cannabis fumé est 70 fois plus cancérigène que le tabac, et, globalement, le premier est 40 fois plus nuisible que le second ! Surtout, sa consommation conduit à des détériorations psychologiques (perte de mémoire, difficultés d’attention, apathie, démotivation, etc.) pouvant aller jusqu’à de graves problèmes relationnels et même à la schizophrénie. Lorsqu’en 1986, la navette Columbia explosa, entraînant la mort des six membres de son équipage, l’on s’aperçut que l’accident était dû à un enchaînement d’erreurs humaines dont les responsables étaient une équipe de techniciens, fumeurs habituels de marijuana. D’ailleurs, lors d’expériences effectuées sur des simulateurs de vol, on d’est rendu compte que les sujets ayant préalablement consommé du haschisch commettaient de graves erreurs de pilotage. Enfin, si, fort heureusement, tous les adeptes du cannabis ne finissent pas victimes d’autres drogues dites “ dures ” encore plus dangereuses, il est incontestable que tous les “ accros ” de ces substances fort nuisibles ont commencé par le “ joint ”. 

 

Pour des raisons diverses, de politique internationale, voire électoralistes, dans lesquelles la santé publique apparaît davantage comme prétexte que comme souci premier, les pays européens ont cependant décider de lutter contre la drogue à la source, c’est-à-dire dans les pays producteurs. La culture de plantes dont on peut extraire de la drogue étant une activité très rémunératrice, ils ont mis au point des programmes d’aides financières censées permettre la mise en œuvre de cultures de substitution sans que les agriculteurs ne soient trop lésés.

 

C’est ainsi que le 8 septembre 1993, la Communauté Européenne a lancé un plan pour l’éradication des cultures de cannabis au Maroc, en application des décisions prises lors de différents sommets, à Rome en 1990, à Lisbonne, en juin 1992, et, six mois plus tard, à Edimbourg. A ce titre, des sommes considérables ont été allouées pour la mise en place de cultures de substitution, soit, par exemple, de 1993 à 1995, 2,5 milliards de dollars. Or, le 30 octobre 1998 force était de constater que, malgré les sommes englouties, le plan avait subi un échec cuisant ; presque aucune culture alternative n’avait été entreprise. Mieux (ou pis !) les surfaces consacrées à la culture du cannabis n’avaient cessé d’augmenter. De 1986 à 2001, au Maroc, ces superficies sont passées de 11 500 hectares à plus de 80 000 et font vivre désormais plus de 200 000 personnes. Et encore ! D’après la Guardia Civil espagnole et la Fiscalia Italiana, ces chiffres pourraient être multipliés par cinq !

 

Cela n’a pas empêché les Européens de continuer de payer ! 580 millions d’euros en 2002, et il est encore prévu une rallonge de 70 millions d’euros pour atteindre 2004 !

 

Notons que les Européens sont seuls dans ce combat. En effet, l’administration Clinton avait refusé de faire figurer le Maroc sur la liste noire américaine, et il ne semble pas que sur ce point, l’administration Bush ait envie de changer de politique. Le Maroc, en effet, n’exporte pas de drogue vers les Etats-Unis, et ne gêne donc pas ce pays ; bien au contraire, en déversant sur l’Europe 80% de sa production, il contribue à affaiblir ce continent en corrompant sa jeunesse et en minant sa santé publique !

 

Je parlais tout à l’heure de la France. Ce pays a des liens économiques très étroits avec le Maroc, et l’on comprend que les gouvernements français, de droite comme de gauche, courtisent ce pays et son roi. Ainsi, la première visite à l’étranger effectuée par Jacques Chirac, fraîchement élu à la présidence de la République française, en 1995, fut pour le Maroc et son roi, Hassan II, lequel, entre parenthèses, fêta l’événement en faisant cadeau à son hôte d’une ferme située dans le Ouled Dzaïm, la région où Giscard d’Estaing, qui a de gros intérêts au Maroc, notamment dans les mines de phosphates, possède un grand domaine, mitoyen de celui du roi… Chirac promit à Hassan de lui faire obtenir une subvention supplémentaire de la part de la Communauté Européenne de 2 milliards de dollars pour, une fois encore, promouvoir les cultures de substitution… De retour à Paris, Chirac s’est lancé dans une diatribe extrêmement violente à l’encontre du “ laxisme ” su gouvernement néerlandais en matière de drogue, et, notamment, du cannabis. De mauvaises langues ont émis l’hypothèse que cette virulente sortie n’avait d’autre but que de complaire au roi, les cultures privées de cannabis qui se multipliaient aux Pays-Bas du fait de la tolérance des Autorités produisant localement un haschisch qui venait concurrencer celui venant du Maroc sur le marché ouest-européen ; il convenait donc d’essayer d’y mettre sinon un terme, du moins un frein...

 

Le problème du Maroc

 

En fait, le gouvernement marocain se heurte à un important problème politique. On sait que le Rif est une région traditionnellement insoumise, que les populations y sont rebelles, qu’elles supportent fort mal un pouvoir central “ arabe ” et féodal, alors qu’elles sont profondément enracinées dans leur culture berbère, démocratique et égalitaire, pour laquelle, d’ailleurs, elles revendiquent une plus grande place. Le pouvoir central, qui n’a jamais réussi à éliminer toute contestation de la région, craint, s’il prenait des mesures trop coercitives et trop radicales, de jeter une allumette dans le baril de poudre qu’est le Rif.

 

Quant aux aides financières européennes, pour importantes qu’elles soient en absolu, elles ne représentent pas plus de 1% des sommes rapportées par la drogue. Cette goutte d’eau dans l’océan nous coûte cher et ne peut qu’être inopérante, compte tenu de son montant ridicule en valeur relative. D’ailleurs, il a été prétendu qu’elles n’allaient pas aux paysans du Rif, mais tombaient directement dans l’escarcelle royale.

 

De l’autre côté, le Maroc est soumis, du moins apparemment, à la pression internationale, et plus particulièrement à celle des gouvernements européens. A la rigueur, les Autorités marocaines pourraient s’en moquer. Elles savent qu’elles ne courent aucun danger de ce côté-là. Néanmoins, elles ont conscience que la mauvaise réputation de leur pays en la matière nuit à son image dans l’opinion publique hors de ses frontières, ce qui, outre l’atteinte à l’orgueil national qui en résulte, peut avoir des répercussions économiques néfastes (risque de “ boycott ” touristique et économique de la part de certains Européens). D’où des discours tonitruants contre la drogue…suivis d’aucun effet ! Ainsi, après qu’en 1991, le roi Hassan II a “ déclaré la guerre à la drogue ”, la production, loin de diminuer, s’est mise à augmenter !

 

Comment sauver internationalement la face sans contrarier les populations du Rif ? Les Marocains ont eu une idée simple, mais, à leurs yeux, géniale : il suffit de faire concorder les appétits hégémoniques du Maroc et un fort discours anti-drogue ; ainsi, on flatte l’orgueil national en revendiquant certains territoires, possessions espagnoles, on occupe même l’une d’entre elles militairement (îlot de Persil), et on justifie cette action en prétendant vouloir ainsi mieux contrôler le détroit de Gibraltar pour être en mesure, étant sur place, de lutter plus efficacement, et contre l’émigration clandestine, et contre le trafic de drogue…tout en maintenant le statu quo dans le Rif ! On peut difficilement faire mieux en matière de cynisme !

 

N’oublions pas enfin qu’en France, et surtout en Belgique, pays où l’immigration marocaine est la plus importante, la “ vente au détail ” est assurée par une armée de dealers, originaires pour la plupart du Rif… Et ainsi, la boucle est bouclée…

 

En 1964, un accord a été passé entre les gouvernements marocains et belges au sujet de la main d’œuvre immigrée. Le roi du Maroc y a vu une formidable occasion de faire d’une pierre deux coups. D’abord, il pouvait se débarrasser à bon compte d’opposants potentiels et de sujets remuants, en expédiant prioritairement en Belgique des personnes originaires de certaines régions politiquement peu sûres, et, notamment du Rif. Ensuite – mais l’avantage n’est peut-être apparu que plus tard – il pouvait disposer sur place d’un contingent de revendeurs qui, compte tenu de leurs origines, pouvaient assurer un service, en quelque sorte, directement du producteur eu consommateur !

 

En fait, l’accord de 1964, qui prévoyait de nombreuses et rigoureuses restrictions (un immigré devait avoir un contrat de travail, il devait quitter le sol belge dès l’expiration de ce contrat, il ne pouvait, de plus, ne trouver à s’employer que dans certains domaines (mines, métallurgie, par exemple) et n’y exercer que certaines activités bien précises, etc.) fut très vite, dans les faits, vidé de sa substance. L’instauration du regroupement familial lui donna le coup de grâce. Actuellement, le plus souvent naturalisés belges, ces Marocains (ils conservent cependant leur nationalité d’origine) sont intouchables, et peuvent continuer d’œuvrer en toute impunité au service de leur roi… et alimenter leur pays d’origine en précieuses devises. Nous avons écrit au début de cet article que le Maroc avait deux “ vaches à lait ”, la drogue et l’émigration ; en fait, c’est inexact, le Maroc ne dispose que d’une seule “ vache à lait ”, la drogue, florissante, grâce à l’émigration. On peut penser en effet que la part la plus importantes des devises parvenant au Maroc ne sort pas de la poche des émigrés honnêtes, souvent chômeurs ou n’exerçant que des emplois subalternes, et de surcroît chargés de famille, dont le pouvoir d’épargne est forcément limité, mais provient plus certainement des colossaux bénéfices des trafics illicites, de celui de la drogue, principalement.

 

Les implications à haut niveau

 

L’Observatoire géopolitique des drogues (OGD) a établi, pour le compte des instances européennes, un rapport particulièrement explosif, dans lequel des noms étaient cités... que les bureaucrates européens, effrayés, ont aussitôt demandé de censurer !

 

Aux termes de ce rapport, des personnages très importants seraient impliqués dans ces trafics, jusque dans l’entourage du roi lui-même. Et le roi ? Il est propriétaire de très vastes étendues dans le Rif. C’est l’un des hommes les plus riches du monde. Gageons que dans ce pays, rien ne peut se faire sans, au moins, l’assentiment du roi, et que celui-ci n’a aucune raison de le donner sans contreparties sonnantes et trébuchantes… Nous disons “ le roi ” ; en, ce qui concerne Hassan II, les choses étaient claires ; pour ce qui est de Mohamed VI, nous avouons ne disposer d’aucun renseignements précis, mais nous avons tout lieu de croire que, dans ce domaine, rien n’a profondément changé.

 

Pour bien comprendre la situation, il faut connaître le système ancestral d’administration et de gouvernement toujours en vigueur au Maroc, le makhzen. Le sens premier de ce mot est “ grenier ”, “ magasin ”, “ entrepôt ”. C’est d’ailleurs de lui que vient le mot français “ magasin ”. Par extension, il a pris le sens de “ gouvernement ”. En effet, le rôle des administrateurs était avant tout de faire la collecte des impôts, souvent payés en nature, donc entreposés dans un “ makhzen ”. Le système conjugue monarchie absolue, d’une certaine manière de droit divin, et féodalité administrative. Les fonctionnaires sont liés au Palais. Ce sont les “ esclaves ” du roi. Par contre, les fonctionnaires ont tous pouvoirs sur leurs administrés, et surtout, leurs contribuables, au nom du roi, qui les nomme selon son bon plaisir, bien que, le plus souvent, le monarque se contente d’entériner le choix déjà fait, sauf à écarter une personnalité qui ne lui conviendrait pas, car les fonctionnaires se cooptent. Le système est donc clos, hermétique. Ainsi s’est constitué une féodalité très solidaire, au service du pouvoir central absolu. Toutefois, le pouvoir makhzénien a toujours connu des difficultés pour s’étendre à tout le pays. Au bilad al makhzen s’opposait le bilad al siba, c’est-à-dire le pays insoumis, voire rebelle, ou, en termes plus clairs, le pays berbère, et, notamment le Rif. Du fait que désormais leur prospérité dépend des possibilités d’écouler leur marchandise, les Rifains sont donc bien obligés de se soumettre au makhzen ; seuls, ils ne le pourraient pas. Comment, en effet, sans ces complicités au plus haut niveau, les filières d’exportation existantes, extrêmement sophistiquées, auraient-elles pu être mises en place et fonctionner ? C’est tout bénéfice politique pour le pouvoir central, qui, de plus, achète sa tranquillité au prix du cannabis !

 

La “ diversification ”

 

Depuis quelques temps, une culture, sinon de diversification, du moins de complément, est apparue au Maroc, celle du pavot.

En raison de son infrastructure et de sa proximité de l’Europe, le Maroc n’avait déjà pas attendu pour s’ouvrir aux maffias de l’héroïne et de la cocaïne, avec la bénédiction royale et l’aide su SAC français, organisme para-policier créé à l’origine pour lutter contre l’OAS, et dans lequel se côtoyaient flics et truands, ayant de plus participé à l’enlèvement et à l’assassinat de l’opposant marocain Ben Barka en 1965. On comprend que cet organisme ait pu faire sans difficulté du Maroc sa base arrière. L’un des plus hauts responsables du SAC s’appelait Charles Pasqua, futur ministre de l’Intérieur français. Lors du démantèlement de la French Connection, en 1971, le nom de Pasqua et celui de son (toujours) bras droit, Marchiani, avaient déjà été cités. Les choses seront encore plus claires lorsque l’affaire Bouquenat-Hémard éclatera.

 

L’affaire Bouquenat-Hémard

 

Ali Auguste Bouquenat, un juif franco-marocain, madame Hémard et sa fille, sont les trois seuls Français a avoir jamais obtenu le droit d’asile aux Etats-Unis, après avoir vu leur demande appuyée par le Département d’Etat, tant l’affaire semblait “ sensible ”. Madame Hémard était l’épouse de l’ancien propriétaire de Pernod, devenu un gros actionnaire de Ricard après la fusion de son entreprise avec celui-ci. Or, Pernod-Ricard servait de couverture pour des trafics de drogue au départ du Maroc. C’est ce que révèle madame Hémard dans sa demande d’asile aux Etats-Unis. Elle ajoute que, dès 1962, la famille de son mari avait contribué à la mise en place de laboratoires de transformation de la cocaïne au Maroc, et les choses n’avaient par la suite fait que croître et embellir. Or, jusqu’à son élection au Sénat en 1970, Pasqua, qui a fait toute sa carrière “ civile ” chez Ricard, s’occupait des exportations de cette marque au Maroc. Madame Hémard avait commis l’erreur de dénoncer ces faits et Bouquenat de se faire l’écho des propos de celle-ci, au moment, particulièrement mal choisi où le ministre français de l’Intérieur s’appelait Pasqua… Les menaces qu’ils reçurent leur semblèrent assez crédibles pour qu’ils craignissent pour leur vie et se réfugiassent aux Etats-Unis, avec la suite que l’on sait..

 

Conclusion

 

Le Maroc est donc bien la plaque tournante de la drogue qui infeste l’Europe, avec la complicité de la famille royale marocaine, de certains hommes politiques marocains et européens, ainsi que de l’armée de dealers, souvent originaires du Rif, qui quadrillent nos villes.

 

Christian MAROT.

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lundi, 07 avril 2008

Les critiques de Bassam Tibi

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L'Europe sans identité

La critique de la société multiculturelle par le politologue germano-syrien Bassam Tibi

 

Nous avions déjà eu l'occasion de souligner l'excellence des écrits du Prof. Bassam Tibi, sur les affres de la société muticulturelle. A l'occasion de la parution d'une traduction néerlandaise de l'un de ses derniers livres, consacré à la crise de la société multiculturelle, nous soumettons au jugement critique de nos lecteurs cette recension du journaliste flamand Ludo Leen, qui situe parfaitement la personnalité de Bassam Tibi et la thématique de ses ouvrages.

 

«Dans une société multiculturelle, il n'existe plus de valeurs liantes, propres d'une culture-modèle; il n'y a plus que des hommes qui vivent les uns à côté des autres, dans des groupes réduits à eux-mêmes, dans des espaces ré­duits, ce qui revient, en fait, à juxtaposer les ghettos ethniques. Une telle Europe ne serait dès lors plus qu'une simple zone habitée, neutralisée sur le plan axiologique, sans identité propre» (Bassam Tibi).

 

Douter des dogmes imposés par l'église de la multiculturalité n'est pas une démarche de l'esprit exempte de tout danger. Aux Pays-Bas, on a diabolisé Pim Fortuyn pour cela, avant de s'en débarrasser de manière profes­sion­nelle. Quant au Vlaams Blok, pour le même motif, on le traîne devant les tribunaux pour délit d'opinion. Tou­te résistance à l'idéologie multiculturaliste est considérée comme "anti-démocratique" ou comme "raciste", et automatiquement mis en équation avec un appel à l'épuration ethnique ou avec un plaidoyer en faveur d'une Flan­dre monoculturelle, répondant aux canons de la pure "aryanité", peuplée uniquement de grands Germains blonds aux yeux clairs… Cette escroquerie intellectuelle, cette malveillance caricaturale, ont rendu impossible jus­qu'ici tout débat rationnel sur la société multiculturelle. Or c'est justement un débat social ouvert que les tenants du beau monde onirique de la multiculture ne tiennent pas à amorcer.

 

L'intégration est un échec…

 

Jusqu'ici, Bassam Tibi a été un illustre inconnu sous nos cieux, alors qu'en Allemagne il s'est taillé une solide ré­pu­tation grâce à ses articles provocateurs et bien ciselés sur l'islam et l'intégration. Bassam Tibi est un client par­ticulièrement difficile à cerner pour les faiseurs d'opinion, adeptes de la "political correctness", surtout par­ce qu'il sait de quoi il parle. Son argumentation ne peut être balayée comme de "simples propos racistes de bis­trot". Le Prof. Tibi est musulman, il est originaire de Syrie et naturalisé allemand. Ses racines se situent à Da­mas. Dans son livre intitulé "Europa zonder identiteit - De crisis van de multiculturele samenleving" (= "L'Europe sans identité - La crise de la société multiculturelle"), ce politologue germano-syrien donne un formidable coup de pied dans la fourmilière. L'intégration est un échec, dit Tibi. Immédiatement après la seconde guerre mon­diale, seulement un million de musulmans vivaient en Europe. En 1998, il y en avait plus de 15 millions. Ce grou­pe au sein de la population globale va doubler voire tripler au cours de la première décennie du nouveau mil­lénaire: nous ferons face à une poudrière, ajoute-t-il. L'Europe évitera-t-elle un scénario cauchemardesque à la bosniaque? Cela dépend de notre capacité à intégrer les musulmans ou non. Quoi qu'il en soit, les prono­stics n'augurent rien de bon. «La société multiculturelle est loin d'être idyllique et les illusions multicul­tu­ralistes s'évanouissent comme des bulles de savon, dès qu'un problème réel se pose».

 

Du relativisme culturel

 

Bassam Tibi critique sévèrement le "relativisme culturel" qui domine la scène intellectuelle aujourd'hui en Eu­ro­pe, car elle repose sur un aveuglement: celui de croire à l'égalité des hommes et des cultures. L'Europe con­tem­poraine fait comme si ses valeurs démocratiques ne se trouvaient pas loin au-dessus des idées "pré-mo­dernes" des cultures autoritaires. «En se niant elle-même l'Europe en arrive à se haïr elle-même; ce qui doit sus­citer de la pitié, mais qui conduit aussi les autres à la considérer avec mépris et à se détourner d'elle», écrit Ti­bi, qui considère que les tenants de la multiculturalité constituent une "dangereuse combinaison de stupidité et d'ignorance délibérée" et font montre d'un haut degré d'intolérance! Tibi ne cesse, tout au long de ses ou­vra­ges, de critiquer très sévèrement l'idée de tolérance occidentale, qui est une tolérance mal comprise, et qui con­­duit à accepter le voile islamique; celui-ci n'est rien d'autre que le symbole publicitaire d'un islam en mar­che en nos murs; pire, l'Europe accepte que des fondamentalistes algériens, qui ont assassiné des milliers de fem­mes et d'enfants, reçoivent purement et simplement l'asile politique en Occident, où ils peuvent continuer tran­quillement à faire du prosélytisme. Tibi crache tout son mépris à l'endroit de la dictature intellectuelle qu'exerce en Europe la "political correctness", avec "son utilisation inflationniste de concepts dénaturés, hissés au rang de slogans creux, tels 'l'extrême-droite', le 'racisme' et la 'xénophobie' ". Il s'insurge enfin contre les in­ter­dits qu'érigent les intellectuels de gauche, qui font l'opinion. Ce sont eux qui sont les inventeurs du multi­culturalisme.

 

Une idéologie de gauche…

 

Bassam Tibi exprime clairement son rejet des marxistes actuels, avec lesquels il se trouvait sur les barricades en mai 68: «Ces idéologues des années 60, qui rêvent tout haut, qui demeurent étrangers au monde, ont tro­qué leurs slogans utopiques, répétés à satiété, qui nous parlaient d'une société sans classe contre une vision mul­ticulturelle de la société. C'est comme cela qu'ils règlent leurs comptes avec les valeurs occidentales. Leur ré­volution, qu'ils ont tant attendue, et qui devait se diriger contre un système haï, est restée lettre morte, tant ici que dans le tiers monde. Aujourd'hui, nous, les étrangers et les immigrés, devrions devenir leurs com­pli­ces, pour que soient enfin réalisés leurs rêves éthérés et pour que le système, qu'ils abominent, soit ébranlé jus­qu'en ses tréfonds». On comprendra que Bassam Tibi n'est guère apprécié aujourd'hui par ses anciens com­pagnons de combat…

 

Une culture directrice

 

Bassam Tibi présente à l'Europe un miroir et ce qu'il lui fait voir ainsi ne correspond pas à l'image idyllique que véhiculent les médias. Tibi plaide en faveur d'un "euro-islam", qui accepte et respecte l'identité européenne et par­tage les valeurs et les normes occidentales. Il estime que la culture européenne, dans ce processus, doit de­meu­rer la culture directrice, la culture-guide, la culture sur laquelle on s'orientera. Tibi plaide pour un dialo­gue sans tabous. Mais pour en arriver là, il faut du courage politique et il faut "abandonner la censure qu'exer­cent la political correctness et le moralisme trivial et vulgaire, qui en découle, afin de pouvoir résoudre les vé­ri­tables problèmes. Cela signifie surtout qu'il faut appeler un chat un chat". Et Tibi s'y emploie avec une verve in­contestable. Selon lui: «L'intégration n'est possible que si nous enterrons définitivement l'idéologie mul­ti­cul­tu­­raliste». Cette philippique contre le faux idéal d'une société multiculturelle et ce vibrant plaidoyer pour l'i­den­tité européenne nous viennent d'un "allochtone": ce qui en dit long, nous force à agiter nos méninges mais in­dique aussi, espérons-le, que le vent est vraiment en train de tourner… Les droites nationales et populistes trou­veront à coup sûr dans l'œuvre de Bassam Tibi une mine d'arguments; l'auteur est indubitablement un allié féal de ces droites populistes dans leur combat pour la spécificité européenne, pour ses valeurs et ses normes. Nous demandons à tous nos lecteurs de lire attentivement l'œuvre de ce courageux politologue allemand de sou­che syrienne!

 

Ludo LEEN.

(ex : Vlaams Blok Magazine, n°11/novembre 2002; références du livre de Bassam Tibi traduit en néerlandais: TIBI, Bassam, Europa zonder identiteit. De crisis van de multiculturele samenleving, Deltas, 2002, 287 pages, ISBN 90-243753-8X).

 

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F. Ranson: communication / Congres Euro-Rus (15 maart 2008)

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Communicatie van Frederic Ranson op het Congres van Euro-Rus (15 maart 2008)

Geachte aanwezigen,

Als wij hier vanmiddag bijeenzijn, dan is dat omdat wij het belang beseffen van Europees-Russische broederschap. Want alleen broederschap – en precies die broederschap – is in staat om toekomstige broederoorlogen voorkomen en de noodlottige gevolgen van de voorbije oorlogen uitwissen. We zijn hier echter niet bijeen om “Europa's nederlaag” (of nederlagen) te herdenken, te betreuren of te beklagen, want meer dan zestig jaar Amerikaanse bezetting van Europa mag geen reden zijn om de wonden te likken of de slagen te tellen.

Het onderwerp van deze uiteenzetting luidt dus: het eurazisme. Dat is – kort en bondig gezegd – het wezen van élke Russische geopolitiek. Rusland is door zijn geografische werkelijkheid immers een Euraziatisch land. Elk politiek regime – tsaristisch, communistisch, democratisch  – is vanuit een zeker pragmatisme en realisme gedwongen met die werkelijkheid rekening te houden. Er zijn verschillende interpretaties van het eurazisme, maar in het licht van deze uiteenzetting zijn vooral het ideologische eurazisme van Alexander Doegin en het pragmatische eurazisme van Vladimir Poetin van belang. Het eurazisme is oorspronkelijk ontstaan in de jaren ’20 in kringen van Russische bannelingen. In de loop van de jaren ’30 is de ideologie echter van het politieke toneel verdwenen voor een lange tijd. Sinds de jaren ’90 is ze in een geactualiseerde vorm terug van weggeweest.

Het ideologische eurazisme is interessant voor ons, omdat het beweert een “wetenschappelijk patriottisme” te zijn. Het bouwt vooral voort op inzichten uit de Duitse en de Angelsaksische geopolitiek, want een eigen Russische geopolitiek heeft nooit echt bestaan. Geopolitiek werd in de USSR afgedaan als een “valse, imperialistische pseudo-wetenschap”. Het eurazisme vult de inzichten uit de Realistische geopolitiek aan met die uit de Traditionalistische cultuurkritiek. De dynamiek van landmachten en zeemachten wordt hierbij in een radicale zin toegepast op beschavingen. Alexander Doegin schrijft zelfs: “Alleen beschavingen van het land kunnen stabiele waardestelsels voortbrengen”. Het eurazisme ziet beschavingen als de uitkomst van een wisselwerking tussen bevolking en ruimte. De frontlijn van de “beschavingenoorlog” loopt volgens het eurazisme tussen oosterse en westerse beschavingen. Het Oosten heeft Rusland als kernland en geldt als de bakermat van de Traditie. Het Westen heeft de Verenigde Staten als kernland en geldt als de bakermat van de Moderniteit. Pal op de frontlijn ligt dus Europa. René Guénon schrijft echter: “Het is essentieel te benadrukken dat de tegenstelling van het Oosten en het Westen geen enkele bestaansreden had, toen er ook in het Westen nog traditionele beschavingen waren. Ze heeft slechts zin als het in het bijzonder gaat om het moderne Westen, want die tegenstelling is veel meer die van twee geesten dan die van twee meer of minder scherp gedefinieerde geografische entiteiten”. Het eurazisme ziet de moderne geopolitiek tot slot als de voortzetting van de traditionele “sacrale geografie”. Die laatste is de geïnduceerde kosmisch-religieuze symboliek volgens welke traditionele volkeren hun geografische ruimte zouden inrichten. De grondgedachte is dus dat ruimte – net zoals tijd – een kwalitatief en geen louter kwantitatief karakter heeft. Die gedachte vormt precies het uitgangspunt van de moderne geopolitiek.

De concrete invulling van Eurazië of Groot Europa gaat van een Euraziatische optie (Europa en Rusland, inclusief het GOS) tot een Eurosiberische optie (Europa en Rusland, exclusief het GOS). De eerste benadrukt vooral de factor ruimte (geopolitiek) en de tweede vooral de factor bevolking (biopolitiek). Pleiten voor een “Eurosiberië” (Guillaume Faye) en vooral voor een “Europa van Gibraltar tot aan de Oeral” (Charles de Gaulle) is eigenlijk pleiten voor een geopolitiek verminkt Rusland. Jean Thiriart schrijft: “Een Europa ‘tot aan de Oeral’ zou het verlies betekenen van de Russische gebieden gelegen ten oosten van de Oeral en de aanwezigheid van een supermacht, China, op een voetstap van Moskou! Als men stelt dat de roeping van Rusland Europees is, kan men geen voor de helft geamputeerd Rusland aanvaarden”. Het zou ook een ongelooflijke dwaasheid zijn om op grond van oude nationalistische vetes Turks-islamitische en Slavische-orthodoxe volkeren tegen elkaar op te zetten in Centraal Azië. Temeer daar het neoconservatieve Project for the New American Century (PNAC) pleit voor de vorming van pro-Amerikaanse en (pro-Israëlische) bruggenhoofden, zowel in het Midden-Oosten als in Centraal Azië. Die bruggenhoofden dienen volgens het PNAC – letterlijk – om alle “mogelijke rivalen of levensvatbare alternatieven voor Amerika’s visie op de vrijemarkteconomie” uit te schakelen.

Onder Vladimir Poetins bewind is het pragmatische eurazisme geleidelijk de staatsdoctrine geworden. Doegin schrijft: “Dikwijls lijkt onze maatschappij van buiten gezien hecht, hoewel de elites eigenlijk wanordelijk en afzonderlijk handelen. In de Verenigde Staten lijkt de maatschappij echter van buiten gebarsten, maar de elites handelen saamhorig en zorgvuldig. In het algemeen bezit de ware Amerikaanse elite – de WASP of zelfs de nieuwe types van de Afro-Amerikaanse elite (Condoleezza Rice) – talrijke kenmerken van een taai totalitarisme”.  Europa mist – in tegenstelling tot Poetins Rusland – nog steeds “imperiale wil”, zoals Marcello de Angelis schrijft. Die laatste stelt terecht dat het Europese lichaam wordt gestuurd door Amerikaanse hersenen. Na de Koude Oorlog bedacht oud-minister James Baker dan ook de Amerikaanse strategie dat de transatlantische betrekkingen gelijke tred moesten houden met de Europese eenmaking. Kortom, het Europese lichaam heeft veel weg van een kadaver of een zombie. Julius Evola schrijft: “Zolang er een schim blijft en zolang in het bloed nog een echo weerklinkt van de handeling van het hogere element, blijft het gebouw overeind. Het lichaam lijkt nog een ziel te hebben. Het kadaver – volgens de beeldspraak van Gobineau – loopt nog en kan nog neerslaan wie het op zijn weg ontmoet. Als het laatste spoor van hogere kracht en geestesras in de afstammelingen uitgeput is, is er niets meer. Geen enkele bedding kanaliseert de stroom, die zich in alle richtingen verspreidt”. De beeldspraak met betrekking tot Europa was te mooi om u te onthouden.

De oorlogen in de onderbuik van Eurazië (Balkan, Kaukasus, Mesopotamië) dienen – zoals onder meer het PNAC beweert – de mogelijke totstandkoming van een Groot-Europese of Euraziatische geopolitieke identiteit te verhinderen. Zij dienen natuurlijk de Amerikaanse en Israëlische “nationale” belangen, maar belangrijker nog: ook die van de Nieuwe Wereldorde (NWO). Dat wil zeggen: de wereldorde die de stichters van de Verenigde Naties (en voordien: de Volkenbond) voor ogen hadden, maar die door het intermezzo van de Koude Oorlog (en voordien: de Tweede Wereldoorlog) nooit kon worden verwezenlijkt. Sinds de val van de USSR is dat wel mogelijk. De uitkomst van de Koude Oorlog – einde van de bipolaire wereldorde en strijd om een unipolaire of een multipolaire wereldorde – toont aan dat het messianisme, het internationalisme en het imperialisme dat van het kapitalistische Westen uitgaat véél gevaarlijker is dan dat van het communistische Oosten ooit is geweest. Het is niet voor niets dat heel wat Joods-Amerikaanse trotskisten zich in de jaren ’70 bekeerden tot het neoconservatisme. Ze zagen dat het communisme als “emanciperende kracht” was ingehaald door het amerikanisme en verweten de USSR haar steun aan de Arabische nationalistische regimes. De échte vlag van de “permanente revolutie” is de Amerikaanse Stars en Stripes gekoppeld aan de Israëlische Davidsster. Elke keer als die revolutie een land verovert, voegt ze een ster aan haar vlag toe. Voorlopig staat de teller op vijftig. De neocons worden dikwijls “gelaarsde Wilsonianen” genoemd, omdat ze de NWO unilateraal of unipolair interpreteren. Ze vinden dus dat de actieradius van het “democratische” Amerika en het “democratische” Israël onbeperkt moet zijn om de NWO te kunnen handhaven.

De voorstelling van het “rode gevaar” (het communisme) blijkt achteraf gezien schromelijk overdreven. Even overdreven is nu de voorstelling van het “groene gevaar” (het islamisme). Beide waanvoorstellingen dienen alleen om de transatlantische betrekkingen te verstevigen. De VSA hebben geen vijanden meer. Doegin schrijft: “De ‘vijand’ is fictief. Het ware doel is een manipuleerbare structuur te scheppen”. Het spel van de huidige unipolaire (nieuwe) wereldorde – de VSA als (militaire) supermacht – is niet met de ene tegen de andere, maar het is de manipuleerbare structuur zelf. Het is die structuur die het heartland en de rimlands van Eurazië tegen elkaar uitspeelt, zoals onder meer tot uiting komt in de bevroren conflicten en de gekleurde revoluties. De VSA scheppen stelselmatig denkbeeldige vijanden, dringen die door een angst- en veiligheidspsychose aan de wereld op en lokken oorlogen uit. Ze hebben wat dat betreft een historische palmares om u tegen te zeggen. Die manipuleerbare structuur doet enigszins denken aan films als The Matrix, V for Vendetta en Wag the Dog. De enige mogelijke vijanden van de VSA zijn politieke regimes die groot en sterk genoeg zijn om hun wereldorde in vraag te stellen. Wat als Rusland, het heartland van Eurazië, groot en sterk genoeg zou zijn om dat te doen?

We zijn bijna gekomen tot de harde kern van de Amerikaanse wereldorde en het Amerikaanse “nationale” belang. Dat wil zeggen: de optelsom van de verschillende financieel-economische belangen. De VSA willen koste wat het kost de heerschappij van het “Dollar Wall Street Regime” (DWSR) handhaven. Met de dollar als belangrijkste internationale reservemunt kunnen de VSA ongestraft reusachtige tekorten (schulden) opstapelen en de rest van de wereld ervoor laten betalen. De rest van de wereld leggen ze een strenge financiële discipline op door middel van het Internationale Muntfonds en de Wereldbank. Rik Coolsaet schrijft: “De NAVO-aanval op Servië en de invasie van Irak hadden vele doelstellingen, maar één van de belangrijkste volgens [Peter] Gowan was het zaaien van strategische verdeeldheid in Europa en het zoeken naar nieuwe Europese bondgenoten, zoals Polen, Roemenië en Bulgarije om een eventuele Europees-Russische as geopolitiek af te snijden. De Verenigde Staten zijn voorlopig geslaagd in hun opzet Europa en Oost-Azië ondergeschikt te maken aan hun imperium”.

Een kleine uitweiding over het reilen en zeilen van de financieel-economische wereldorde is dus op zijn plaats. Zij is eigenlijk niets anders is dan een 300 jaar oud Ponzi-schema. Dat is te vergelijken met een piramidespel waarbij vroegere inleggers worden betaald met het geld van latere inleggers, tot er geen geld van nieuwe inleggers meer kan worden gevonden en de laatste inlegger het gelag betaalt. Er moet dus voortdurend nieuw geld in de economie worden gepompt en dat geld wordt gecreëerd door leningen van commerciële banken. Die leningen voorzien wel in het kapitaal, maar niet in de interesten die noodzakelijk zijn om hen te betalen. Aangezien centrale en commerciële banken de enige bron van nieuw geld zijn, moeten ze voortdurend nieuwe leners vinden. Nieuwe bronnen van schuld – economische zeepbellen – moeten worden aangewakkerd om nieuwe investeerders te lokken. De leenvoorwaarden worden daarom stelselmatig verlaagd. De zeepbellen spatten – zoals elk Ponzi-schema – uiteen, van zodra er een gebrek is aan investeerders. Het bankwezen is dus één grote fraude. Het kan immers dankzij “fractionele reserves” aan de lopende band onbestaand krediet verlenen. Zeepbellen of conjunctuurschommelingen worden ons echter voorgesteld alsof ze als weersschommelingen zouden zijn, terwijl ze het gevolg zijn van het lenen met fractionele reserve. De groei van de reële economie en de (onevenredige) toename van de geldhoeveelheid (inflatie) zijn noodzakelijk om de interesten te betalen en dus een schuldeneconomie overeind te houden. De laatste zeepbel die is uiteengespat, is natuurlijk de Amerikaanse vastgoedmarkt. Met de gekende gevolgen van dien (dreigende recessie en stagflatie). Veel imperialismetheoretici zien in het financiële kapitalisme de oorzaak van het geopolitieke imperialisme.

Gabriele Adinolfi schrijft: “Eens de rekeningen met onszelf vereffend zijn – in ons geweten – moeten we de tweede vijand identificeren, de vijand van allen: de internationale van de misdadigers, de multinationale maffia die de overwinning heeft behaald tijdens de Tweede Wereldoorlog en over de planeet regeert door de rationalisering van de drugstrafiek en de stelselmatige plundering van de grondstoffen, terwijl ze hongersnood, volkenmoord, wanhoop, migraties en onrecht exporteert op alle niveaus. Die maffia is sterk door drie onscheidbare elementen: de Amerikaanse militaire supermacht, de hypnotische campagnes van de planetaire medianetwerken, de lafheid van de politieke en intellectuele klassen. Die laatste hebben nooit een innerlijke revolutie uitgevoerd en zijn dus noch fier noch vrij”. De wereldeconomie staat of valt met internationale geldstromen. Adinolfi voegt aan de witte geldstromen van het bankwezen nog eens de zwarte geldstromen van de georganiseerde misdaad toe. Beide zijn de levensaders van de financieel-economische wereldorde. Zij voeden het financiële kapitalisme en het dollar-imperialisme, de instrumenten waarmee Europa en de Derde Wereld worden gewurgd. Om periodieke recessies van de Amerikaanse economie – de melkkoe van bankiers en speculanten – te voorkomen, voeren de VSA periodiek oorlog. Het financiële kapitaal vindt hierbij dikwijls een bondgenoot in het militair-industriële kapitaal. Kortom, woekeraars en wapenhandelaars slaan de handen in elkaar. Als we het “populaire” antikapitalisme en dito anti-imperialisme van hun holle frasen willen ontdoen, dan moeten we eerst en vooral weten welk kapitalisme en welk imperialisme we bestrijden. Anders spuien we dezelfde onzin als de zelfverklaarde No-Globals of New-Globals, die het Amerikaanse imperialisme in Europa een “bevrijding” en in Irak een “bezetting” noemen…

Het is de hoogste tijd dat we als Europese nationalisten de daad bij het woord te voegen. Ruim zestig jaar Amerikaans imperialisme in Europa met militaire bezetting, culturele vervreemding, financiële uitbuiting en morele verwildering van ons continent tot gevolg: het is genoeg geweest! We moeten het verzet organiseren – sociaal, nationaal, continentaal – en mogen geen kostbare tijd meer verliezen in achterhoedegevechten. Adinolfi schrijft: “Hoe dus die revolutionaire elite vormen? In feite vóór alles door op haar in te werken. Dat alles niet met zelfbevrediging tot doel, maar gericht op een antropologische mutatie. Die laatste laat toe om de achterhoede te verlaten […] om over te gaan tot de voorhoede van een revolutionair proces, zoals de macht Europa of de macht Eurazië. Een dergelijke macht zal niet kunnen worden uitgedacht – en nog minder verwezenlijkt – zonder de deelname van mensen en elites van diverse herkomst, zoals het geval is in elke revolutie. Want de breuklijn tussen links en rechts is vals. Zij bestaat slechts in de stilstand, de stagnatie”. Doegin ziet dan weer de “absolute revolutionair” – die links en rechts overstijgt – als “ascetisch, Spartaans, bijna bovenmenselijk. Dat ideaal van de beroepsmatige revolutionair – volledig gewijd aan zijn zaak – zal later worden hernomen door Sorel, Niekisch, Che Guevara en Thiriart”.  

Tot besluit: de vrijheid van de Europese volkeren hangt af van die van de gehele Europese ruimte, zoals de vrijheid van de delen steeds afhangt van die van het geheel. Het zijn de kuiperijen van de VSA die de Europese volkeren en de Europese ruimte verdeeld houden en waarop veel nationalisten geen antwoord hebben. Ze verliezen zich liever in oude vetes met broedervolkeren en zijn zelden in staat om hun “tweedimensionale” wereldbeeld – de manipuleerbare structuur – te verlaten. Ze leven in Flatland en hebben geen besef van een Europese (derde) dimensie, laat staan van een Euraziatische. Het is dus onze taak om daartegenover een “driedimensionaal” wereldbeeld te plaatsen met een verticale as, die de achterhaalde tegenstellingen moet overstijgen. Groot Europa (Eurazië) moet een “imperiale wil” ontwikkelen om de uitdagingen van het derde millennium aan te kunnen. We moeten – zoals Francesco Mancinelli zegt – het volgende drieluik bewerkstelligen: “1) het Euraziatische vaderland en de idee van een Derde Rome; 2) de filosofische en culturele strijd tegen het globalistische monotheïsme en tegen de globalisering; 3) de ontvoogding en vervolgens de bevrijding vanonder het juk van het westerse Anglo-protestants-Amerikaans-kapitalistische blok”. Het leidmotief dat onze beschaving uit het slop kan halen, is de revolutie van het Eeuwige Rome en het Eeuwige Rijk. Van het Vestaalse vuur kunnen we nu nog een zwak schijnsel zien in Moskou. Maar dat zal moeten volstaan om weldra Parijs, Berlijn en alle andere Europese hoofdsteden aan te steken! Ik dank u voor uw aandacht. Carthago delenda est!

 

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