vendredi, 11 avril 2008
Pourquoi les civilisations s'auto-détruisent-elles?
Pourquoi les civilisations s'autodétruisent-elles?
(WHY CIVILIZATIONS SELF-DESTRUCT)
Analyse d'un livre écrit par Elmer Pendell, édité aux Etats-Unis en 1977. Pour informations s’adresser à : Howard Allen Enterprises, Inc., Box 76, Cape Canaveral FL 32920. Etats-Unis.
La partie du livre qui nous intéresse ici, est celle qui couvre strictement la thèse développée par l’auteur : POURQUOI LES CIVILISATIONS S’AUTO-DÉTRUISENT. L’avant-dernier chapitre du livre traite des mesures préconisées pour corriger ce phénomène d’auto-destruction aux Etats-Unis. Comme ce chapitre ne fait pas partie de l’argumentation soutenant la thèse, son contenu n’a pas été considéré ici.
L’auteur est présenté en ces termes : «Elmer Pendell, est un des experts en populations de premier plan; détenteur de la ‘’Purple Heart’’ et de la ‘’Distinguished Service Cross’’, il est diplômé B.S. de l’Université de l’Oregon, M.A. de l’Université de Chicago, L.L.B. de l’Université George Washington, et Ph.D. à Cornell.
Le Dr. Pendell a enseigné aux Universités du Nevada, de l’Arkansas et de l’Oregon, ainsi qu’à l’Université de l’État de Jacksonville et à Cornell. Durant toute sa vie, son intérêt s’est porté sur les taux de propagation humaine et de son influence sur l’environnement. En qualité de co-auteur de Society Under Analysis, Population Roads to Peace or War et, Human Breeding and Survival, et auteur de Population on the Loose, The Next Civilization ainsi que Sex VERSUS Civilization, il a œuvré longtemps et brillamment pour trouver des solutions, aussi bien à court terme qu’à long terme, aux problèmes de population.
Dans ce dernier livre —certainement le plus significatif— le Dr. Pendell a consacré beaucoup d’efforts au problème démographique crucial de notre temps: le déclin accéléré de nos institutions et de notre mode de vie, causé par le taux élevé de reproduction, de ceux qui devraient se reproduire le moins. Sa contribution sans doute la plus importante à l’esprit moderne —une contribution qui ressort fortement dans ce volume— est le lien qu’il établit entre les pulsions sociales innées des individus, et la tolérance universelle, étendue aux taux différentiels de naissances socialement intolérables».
* * *
Voici donc dans les grandes lignes, la thèse développée dans ce livre. (Le texte ci-dessous pourrait être mis presque entièrement entre guillemets, car il reflète fidèlement le contenu de l’ouvrage. Pour des raisons pratiques, cela n’a toutefois été fait que pour des citations spécifiques, et traduites de l’anglais.)
Ce qui est fascinant dans la marche des civilisations, c’est leur nature rythmique et cyclique. Elles naissent, se développent, atteignent de hauts niveaux d’accomplissements et puis disparaissent. Le plus souvent sans grands soubresauts, mais comme atteints d’une grande torpeur. Lord Byron disait dans Childe Harold’s Pilgrimage : D’abord la Liberté et puis la Gloire. Viennent ensuite la Richesse, le Vice, la Corruption, et à la fin la Barbarie.
Des auteurs et historiens réputés ont donné des explications multiples, souvent complexes et hypothétiques sur la disparition des civilisations. Les causes invoquées sont toujours d’ordre environnemental. C’est l’originalité de Pendell, d’avoir investigué le facteur hérédité. Mais il reprend d’abord, l’opinion de quelques auteurs, historiens, ou chercheurs.
Voltaire: Lorsque les peuples s’amollissent ils invitent à leur conquête.
Louis Wallis: (An Examination of Society) La concentration de la propriété foncière affecte défavorablement le sens moral.
Eric Fisher: (The Passing of European Age) Les vieilles cultures ne peuvent s’adapter aux nouvelles conditions.
Tom B. Jones : (Ancient Civilizations) Comme en architecture ou tout autre domaine, l’achèvement d’un modèle conduit à une seule orientation possible: vers le bas.
Et aussi : Les matériaux bruts sont d’abord exportés, puis utilisés à l’intérieur, ensuite importés jusqu’à ce qu’on n’aie plus les moyens de se les procurer.
W.C. Lowdermilk : (Conquest of the Land Through Seven Thousand Years) Lorsque l’agriculture échoue, la civilisation échoue.
Brooks Adams : (The Law of Civilization and Decay) La concentration du pouvoir et de la prise de décisions blesse mortellement l’organisation sociale.
Willis J. Ballinger : (By Vote of the People) Il partage l’opinion de B. Adams.
Oswald Spengler : (The decline of the West) Les civilisations sont comparées à un organisme qui évolue selon les quatre saisons. Au printemps éclôt l’agriculture, lorsqu’arrive l’automne, les énergies sont largement consacrées à la production industrielle, et à la construction d’immenses vides culturels dénommés Villes Universelles. Ensuite vient l’hiver, et c’est la fin.
Carle Zimmerman : (Family and Civilization) Lorsque les liens familiaux se relâchent, la civilisation tombe en décadence.
J.D. Unwin : (Anthropologue social britannique) (Sex and Culture) Pour une civilisation, des mœurs permissives se traduisent par une perte d'énergie et ses réalisations diminuent.
Pendell traduit cela en ces termes: «Dans le contexte actuel, cela veux dire que nos pulsions innées pour la recherche de nourriture, sexe, attention, etc., peuvent être quelque peu apaisées par un intérêt pour des réalisations sociales. Cependant, lorsque ces ‘pulsions innées’ sont immédiatement satisfaites, il ne reste plus d’envie, de dynamisme pour les relations sociales».
Pour Unwin, lorsqu’une nation réussit, elle devient de plus en plus sexuellement permissive, avec pour résultat, la perte de sa cohésion, de son élan et de sa détermination. Il nous prévient aussi : «Aucune société et aucun groupe à l’intérieur d’une société n’a jamais toléré la monogamie pendant longtemps. Chaque société qui l’a adoptée, a soit abandonné la monogamie, ou bien a constamment révisé sa méthode de régulation des relations entre les sexes; et au cours de cette révision —parfois semble-t-il sans intention consciente— l’opportunité sexuelle a été étendue».
Harold H. Smith dans une chronique du Saturday Review (8 janv. 1955), estime que la complexité et les connaissances croissantes ont un effet de ‘Tour de Babel’. L’opinion de Smith est que : «Entre une multiplication des inventions et une structure qui se ‘pyramidalise’, l’individu est confronté à un étalage de problèmes de plus en plus complexes. Sous les torrents d’informations qui lui tombent dessus, l’évaluation de la signification de chaque élément devient de plus en plus superficielle. Il en résulte que la personne typique comprend de moins en moins les faits réels, tandis que l’idée qu’elle se fait du monde extérieur devient impressionniste et souvent chaotique».
Pour Nathaniel Weyl et Stephan Possony (The Geography of Intellect), la surpopulation a causé la disparition de certaines civilisations, particulièrement celles dépendant de l’irrigation. Le danger de surpopulation dans une région donnée avait également été reconnu par Guy Irving Burch et l’auteur dans Population Roads to Peace or War. W.B. Pitkins dit qu’une vaste population freine les réalisations individuelles.
Hérédité, génétique et chute des civilisations
Ce qui est curieux constate Pendell, c’est que nulle part n’est mentionné le facteur "hérédité", c’est que personne avant lui n’ait fait référence à la part jouée par la génétique humaine dans la chute des civilisations. Pendell ne prétend ni ne suggère, que la détérioration de l’hérédité constitue la seule et unique cause de la destruction des civilisations. Plusieurs causes —et celles citées ci-dessus en font partie— doivent être considérées. Parfois même, l’hérédité est tout à fait étrangère au désastre. Il n’en demeure pas moins que, pour Pendell, «chaque civilisation possède normalement un mécanisme intérieur d’auto-destruction qui assure que la moitié la moins capable de chaque génération devient génitrice de plus de la moitié de la génération suivante». Et c’est à cela, c’est-à-dire à la submersion des classes les plus évoluées par une masse de gens intellectuellement moins avancés, qu’il faut attribuer la mort des civilisations, nonobstant l’existence ou non de nombreux autres facteurs. Ce point de vue constitue l’idée centrale de ce livre.
A partir des premières civilisations connues, soit, la sumérienne, les phases successives de celle d’Égypte, de la Vallée de l’Indus ainsi que celles de Babylone, d’Assyrie et de Perse, celles de la Chine, des Olmèques, des Mayas, Aztèques, Incas, jusqu’à celles de Grèce, de Rome, ou de l’Empire Britannique, ce que toutes ces civilisations ont en commun, dit-il c’est que: «les personnes de haute intelligence ont des intérêts tellement variés et intenses, absorbant tellement de leur énergie, que cela limite le nombre de leurs enfants, et donc, réduit l’intelligence disponible pour le maintien de la civilisation. Conséquemment, tandis que le segment le moins favorisé de la population prolifère, chaque civilisation dissipe le génie de ses organisateurs».
A propos de Rome par exemple, l’auteur cite Charles Dewing, expert en démographie qui écrivit: «Il y a quelque chose de régulier dans ces anciennes civilisations, le timing est remarquablement similaire... La cité en expansion attirait l’attention d’autres peuples qui n’avaient pas construit de cité; elle était perçue comme une montagne dans le désert. Plusieurs de ces peuples migraient vers la cité. Étant donné que cette immigration persistait, bien sûr, les talents qui établissaient la cité allaient bientôt être dilués et ensuite subordonnés... La civilisation de la cité devait baisser. La chute allait donc être due à quelque chose de très apparenté à ce peu aimable mot: ‘dégénérescence’».
Sur l’effondrement de l’Empire Britannique, l’analyse du Dr. Robert Gayre, éditeur de Mankind Quarterly dans Rise and Fall of Nations : Genetic Impoverishment est due à l’effet que: «Pendant des siècles, le service d’outre-mer avait été dysgénique, puisque ses effets adverses avaient frappé de façon disproportionnée l’élite des nations formant le Royaume-Uni. Ceci était particulièrement le cas à partir du dix-neuvième siècle... Au cours des multiples campagnes menées, non seulement une génération était-elle virtuellement exterminée, mais cela s’est fait d’une façon sélective, touchant le commandement dans toutes les classes».
Pour montrer l’importance de l’hérédité dans la désintégration —mais aussi dans la naissance— des civilisations, le Dr. Pendell a cette belle image: «Quiconque essaie de comprendre la naissance ou la chute des civilisations sans porter attention à l’évolution biologique, s’engage dans un labyrinthe sans ‘indications ni épée’» (without a clue or a sword).
Réagir à l'intolérance des behavioristes
Pendell parle de l’existence d’un mécanisme génétique, d’abord créateur, et qui devient ensuite destructeur des civilisations. Ce mécanisme, il le démonte pièce par pièce, et tous ses rouages sont scrutés un à un à la lumière des exigences de l’évolution du vivant. Cependant, il reconnaît aussi que, si dans ce livre, l’emphase est mise sur l’hérédité, «il faut comprendre cela comme une réaction constructive et nécessaire à l’intolérance des behavioristes qui ont presque réussi a rendre illégale l’étude scientifique de l’hérédité».
L’état d’une civilisation —disons sa mise au monde, sa croissance et aussi son déclin— dépend en grande partie de l’esprit des individus pense Pendell qui dit aussi: «la structure de notre esprit est tout autant un produit de l’évolution que nos os, glandes et muscles. L’esprit et le corps ont évolué ensemble et ils travaillent ensemble». Une grande partie du livre est justement consacrée au processus évolutif, c’est-à-dire à savoir comment l’homme est devenu ce qu’il est, et plus particulièrement au point de vue de sa structure mentale.
Ego et "appétit social"
C’est ainsi que nous apprenons comment il se fait que l’esprit humain est divisé entre les motivations glorifiant l’ego d’une part, et les dispositions sociales que Pendell appelle aussi ‘l’appétit social’, d’autre part. Chacune de ces motivations a été nécessaire pour la survie de notre espèce. Elles sont d’ailleurs déjà présentes parmi de nombreuses espèces animales.
Concernant l’ego, Pendell développe très largement le concept de la conscience de soi, "siège de notre auto-importance.". Le niveau de conscience dépend de l’intelligence. La conscience consiste dit–il, à «organiser, organiser, organiser». Elle est héréditaire et une partie de sa tâche est accomplie par le subconscient. La conscience et l’instinct semblent avoir été reliés dès les débuts de l’évolution organique. La perception de l’inconfort et de la douleur auraient déclenché ce que nous appelons aujourd’hui l’instinct. Sans instinct, aucun organisme n’aurait survécu. L’orientation auto-centrée engendre les quatre désirs suivants: désir de sécurité, désir de reconnaissance (considération de la part des pairs), désir d’efficacité (besoin d’obtenir des résultats), et désir de domination. A propos de ce dernier désir, Vance Packard (The Status Seekers) dit: «La stratification existe partout dans notre société». Ce qui, reconnaît Pendell, n’est pas du tout conforme à la doctrine égalitaire américaine.
Enfin, on peut constater, «qu’en plus de veiller à nos besoins égocentriques et corporels les plus immédiats, la conscience se limite pour certains à ce que toute leur attention soit monopolisée strictement sur le déroulement de leur vie, tandis que pour la plupart, elle est de donner plus de sens à leur vie.’’
Les dispositions sociales elles, sont nées du besoin de compagnonnage et sont, elles aussi, héréditaires. Les chances de survie individuelle sont fortement accrues par l’unité du groupe, surtout lorsque les conditions de vie sont difficiles, tandis que les sentiments altruistes aident à la survie du groupe. Des standards de vie en groupe se sont développés durant 200 millions d’années, et des sentences de mort furent appliquées par le groupe contre les individus qui déviaient trop du modèle admis par le groupe. Ces dispositions sont profondément imprimées dans notre code génétique; elles étaient là depuis des millions d’années, et seuls ceux imprégnés de cet ‘appétit social’, devenu une part intégrale de la condition humaine, ont survécu.
La vie tribale avait été le berceau de l’appétit social. Celui-ci, se limitait toutefois au groupe; une amitié étendue à toute l’humanité n’aurait eu aucune valeur de survie pour des êtres qui évoluaient par groupes. Comme l’intelligence allait croissant —de plus en plus de problèmes se trouvant résolus— les hommes comprirent les avantages qu’il y avait à utiliser chacun aux tâches qui lui convenaient le mieux, d’où la division du travail et autres pratiques qui sont à la base d’une civilisation. Dans une grande partie du monde, la civilisation mit ainsi un terme à la vie tribale.
La loi de la dynamique des populations
Le constat de Pendell, c’est que les peuplades tribales qui ont créé leur civilisation, ont su tirer profit de la cruelle et longue sélection naturelle. C’est au moment de la naissance d’une civilisation, que l’efficacité générale est à son maximum. Une fois la civilisation bien en place, le processus évolutif faiblit, et il le fait dans la mesure où la civilisation s’impose. De la lecture du passé, Pendell tire que la détérioration accompagne la prolifération, c’est dit-il la ‘loi de la dynamique des populations’
Cette loi repose sur des constatations ayant trait au processus évolutif biologique d’une part, et aux instincts sociaux d’autre part.
Le point de vue biologique d’abord :
1. L’évolution tend à éliminer dans une proportion quelque peu plus grande, les individus inefficaces par rapport aux individus efficaces.
2. Une augmentation considérable de la population humaine dans une région, annonce une application plus limitée du processus de séparation. Cela est dû par exemple, à une amélioration de l’habitat ou de l’habillement, ou à de meilleures méthodes d’entreposage.
3. Lorsqu’un groupe prolifère, les survivants comprennent des individus situés plus bas dans l’échelle de l’efficacité.
4. Lorsque la croissance d’un groupe s’accélère soudainement, cela se traduit par moins de mortalités par mille naissances que d’habitude, et donc, par moins de rejets (weeding out) que d’habitude.
5. Puisque les naissances sont normalement plus nombreuses parmi la moitié la moins efficace de n’importe quel groupe spécifique, il y a une plus grande proportion de survivants parmi la moitié la moins efficace lorsque le groupe augmente en nombre.
Selon les travaux de Robert Klark Graham (The Future of Man) cette loi de la dynamique des populations, était déjà à l’œuvre dans les temps préhistoriques. Graham suggère que le point tournant dans l’évolution de l’espèce humaine se situe à l’époque des peuples Cro-Magnon. «Ce point tournant fondamental, c’est le moment où la sélection naturelle fût affaiblie au point où les influences détériorantes commencèrent à prédominer sur les influences améliorantes». Il faut noter que contrairement au discours usuel, Graham parle ici de l’espèce et non de l’individu.
La dynamique des populations vue sous l’angle cette fois des instincts sociaux se résume dit Pendell comme suit :
1. L’appétit social encourage la coopération.
2. La coopération peut être suffisamment élaborée et intense pour former une civilisation.
3. La division du travail cache l’importance ou l’inutilité d’individus dans leurs rôles variés.
4. Certains individus ne possèdent pas la capacité de participer utilement au processus de production.
5. L’incapacité peut être physique et/ou mentale.
6. L’appétit social des capables permet aux incapables de bénéficier du "produit national brut".
7. Lorsque la civilisation est jeune, le fardeau du partage n’est pas lourd
8. Ceux qui ont relativement peu d’intérêts et relativement peu de sentiments de responsabilité auront vraisemblablement un contrôle plus limité de leurs instincts, et auront donc une progéniture plus nombreuse.
9. Dans une civilisation en déclin, un taux de mortalité plus élevé des personnes capables constitue un type de désordre fonctionnel.
10. La prépondérance des moins compétents sur les plus compétents produira éventuellement des interférences avec les procédures et les processus fondamentaux de la civilisation, jusqu’au point où celle-ci cessera de fonctionner.
Un parallèle avec la seconde loi de la thermodynamique
Pendell observe —comme d’autres l’ont souvent fait dans l’étude des questions humaines— un intéressant parallèle entre la loi de la dynamique des populations et la seconde loi de la thermodynamique. Cette dernière peut être énoncée simplement en ces termes :
«Tout système isolé, et libre de le faire, passera toujours d’un état plus organisé à un état moins organisé, jusqu’à ce qu’il atteigne éventuellement et demeure dans l’état de désordre maximum possible, qui est l’état d’équilibre thermique».
Or, la civilisation exprimée en termes de la deuxième loi de la thermodynamique est un système isolé dit Pendell. Lorsque le processus évolutif échoue à maintenir le nécessaire niveau d’intelligence, le système passe d’un état de plus grande organisation à un état de moindre organisation, car les individus les moins intelligents forment une plus grande proportion de la population.
Appliquant cette thèse à la réalité historique, Pendell décrit brièvement plusieurs cultures en commençant par celle de Neandertal, puis celle de Cro-Magnon, qui toutes deux ont démontré des hauts niveaux d’intelligence a leur début. La prolifération de ces peuples fut accompagnée de leur détérioration. A propos de ces peuples anciens, Robert Klark Graham explique : «Nous savons que la grosseur du cerveau et l’intelligence tendaient à augmenter sous l’effet des conditions sévères de sélection naturelle imposées par la cueillette et la chasse. Nous savons que cette augmentation cessa apparemment avec l’apparition de l’agriculture mixte. Il n’est pas difficile de voir pourquoi cela s’est passé ainsi, puisque la production de la nourriture permettait à des millions ayant de plus faibles cerveaux de survivre alors qu’ils ne se seraient pas qualifiés pour la survie sous la sélection plus rigoureuse durant la phase chasseresse».
Pendell considère que l’histoire des villes anciennes de Jarmo dans le Nord de l’Irak, ou de Çatal Hüyük en Anatolie, représente en miniature la croissance et la chute d’une civilisation. Une des plus anciennes civilisations connues fleuri voici plus de 8000 ans, dans cette ville très cultivée et très développée de Çatal. Sa durée s’étendit sur 32 générations, dont les dix dernières témoignent d’un manque de créativité, jusqu’à ce qu’elle disparaisse. Çatal peut être considérée dit-il, comme une application très ancienne du principe d’auto-destruction. Un archéologue a dressé à lui seul, 66 villes et villages similaires à Çatal, en Anatolie seulement. «Le fait que des douzaines voire des centaines —en tous cas beaucoup— de civilisations ont pris le même chemin de l’oubli devrait éveiller quelque suspicion sur le modèle qu’elles ont suivi. La suspicion que, nous aussi, qui suivons la même route, puissions faire quelque chose d’erroné, avec des conséquences mortelles».
Sommes-nous devenus les serviteurs des "faux-bourdons"?
Suit une description avec de nombreuses références, sur la situation de l’éducation aux Etats-Unis. La conclusion peut se résumer à l’opinion émise par le Dr. Max Rafferty, Doyen de l’École de l’Éducation de l’Université Troy State et ex Principal du Département de l’Éducation de Californie: «les examens standardisés présentés aux élèves des écoles primaires portent à soutenir la thèse selon laquelle les différentielles de naissance causent une détérioration du Q.I. national».
Comme on pouvait s’y attendre, dit Pendell, toutes les théories avancées pour trouver les causes de ce déclin ont été relatives à l’environnement, mais dit-il, «ces capacités d’apprentissage en baisse pourraient faire partie d’une histoire plus grande et plus tragique, dans laquelle la biologie joue un rôle dominant». Il termine cette analyse de l’éducation dans son pays par ces mots: «Il n’y a pas de forme plus mortelle d’auto-destruction que de forcer les éléments valables d’une civilisation à devenir les serviteurs des ‘faux-bourdons’ (drones)».
Le monde, dit plus loin le Dr.Pendell «a connu bien plus de civilisations que celles dévoilées par Arnold Toynbee dans A Study of History. Si nous combinions nos nouvelles connaissances au sujet du nombre de civilisations qui ont été exterminées, avec nos nouvelles connaissances au sujet de la mécanique de détérioration génétique, peut-être pourrons-nous imaginer des mesures qui feront que notre propre civilisation ne suive le chemin pris par toutes celles passées».
* * *
Chapitres du livre :
1 L’individu sur la scène centrale.
2 Le legs de l’instinct.
3 L’appétit social.
4 La parole : l’outil de la sociabilité.
5 Contraintes sur l’appétit social.
6 La mort – servante de la vie.
7 L’évolution à l’époque glaciaire.
8 L’appétit social versus l’évolution.
9 La chute des civilisations.
10 Le facteur héréditaire.
11 Le gaspillage du génie.
12 Le principe de l’auto-destruction à l’œuvre aux Etats-Unis.
13 Un cric pour la reproduction.
14 L’auteur rencontre ses commentateurs critiques.
(résumé de Vincent Andriessen).
00:04 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théorie politique | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Très intéressant !
Écrit par : Thuléen | samedi, 12 avril 2008
Effectivement, mais bon nombre d'auteurs néo-spenglériens des Etats-Unis ne sont ni traduits ni connus. Il y a là un continent à découvrir.
Écrit par : Benoit Ducarme | lundi, 14 avril 2008
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